Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-48987
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Tu aut m, Domine, miserere mei et ressuscita me, et retribuam eis. (PB. 40).
Dessous le ciel sinistre où passent par bouffées Des souffles de mourants et des parfums de deuil, Montent lugubrement des plaintes étouffées, Sourde clameur qui semble échappée au cercueil!
La foule est toute triste et les visages blêmes Devant les tombeaux froids, où, pour les trépassés, Novembre a fait fleurir les tristes chrysanthèmes Et frissonner les buis par ses soupirs glacés.
Car c'est le jour des morts : c'est la fête bénie, Les squelettes pourris ont des tressaillements Alors qu'aux sons du glas, tout râlant d'agonie, Glissent dans les cyprès des airs d'enterrements.
En foulant sous leurs pas l'herbe du cimetière Les visiteurs en noirs, —les mourants de demain, — Ont rencontré la fosse où pas une prière N'a voulu s'arrêter un instant en chemin...
Alors ils ont passé... Puis ils ont vu la tombe Où vient gémir l'hiver, où vient pleurer le vent, Où les petits oiseaux vont seuls quand le jour tombe : Mais où ne vient jamais s'incliner un vivant...
Ils ont encor passé... Les tombes sans couronne, Les fosses sans prière et les morts sans amis, Resteront isolés dans ce jour gris d'automne, Le glas bercera seul tous ces corps endormis!...
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