O souvenirs ! pensées d'infini, rêves qu'ont fait naître les blan- cheurs des Alpes et les glaciers aux reflets bleus, silhouettes aux lignes étincelantes, profils lactés sur des massifs profonds, croupes éblouissantes montant en blancs échelons vous perdre dans les nuées! je vous invoque et vous appelle. Et'toi, Soleil! peintre éternel et sublime qui de tes rayons d'or illumines la terre, toi qui déchires les manteaux floconneux et dans les vertes vallées étales toutes les sèves et toutes les jeunesses, qui mêles aux pourpres des toits les tristes cimes des pins, prête-moi pour un jour ta palette à jamais ruisselante et laisse moi glaner les épis de tes gerbes dans les champs azurés.
La fin d'Avril mettait aux branches des arbres ses frondaisons nou- velles. Du fond de la Normandie où le printemps s'éveillait à peine, jusqu'aux vallons plus chauds de la Saône et du Rhône, nous avions parcouru toute la gamme du vert, bourgeons pâles des châtaigniers éclatant sous leurs vernis gommeux, brindilles des hêtres sortant frileusement de leurs tuniques ouatées, feuilles naissantes des chênes et verdures plus sombres.
Dans la trépidation du rapide nous avions vu passer quelques sites charmants: Montbard, Malain, Plombières, Dijon, Mâcon, toute la Bourgogne encore dépouillée, étalant au loin la terre jaune et nue de ses champs coupés par de longues lignes de peupliers.
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