Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-48987
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
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— Mais je ne l'âime point — exeiama-t-elle avec une vive énergie "— mais je serai malheureuse toute ma vie. Mon père, mon bon père, soyez compatissant à ma peine, laissez-moi près de vous, toujours...
Il eut un sourire narquois.
—■ Oui-dà, près de moi... Je suffis donc seul à votre bonheur, ma fille ?... Me voir chaque jour est votre unique voeu ?...
Il se retourna soudain vers la porte faisant communiquer l'arrière- boutique avec un grand magasin rempli d'étoffes et de draperies de toutes sortes, et quittant son ton ironique pour prendre un accent indigné, il apostropha durement une vieille femme dont la figure ridée et inquiète apparaissait dans l'entrebâillement de cette porte.
— Vincente, curieuse sorcière, vas-tu déguerpir de là?... Que t'importe ce qui se passe dans cette chambre ?
— Pourquoi faites-vous pleurer ma petite Ursule, maître Jacques Cauzal? — gronda la vieille en se montrant entièrement, et en tendant vers lui avec menace son poing de squelette — si elle avait encore sa mère, la pauvre innocente, vous n'oseriez pas la malmener ainsi.
— Si elle avait sa mère, elle ne serait pas rebelle à mes volontés — fit le drapier furieux — car sa mère lui aurait appris de bonne heure à m'être soumise... Si elle avait sa mère, elle accepterait avec joie l'époux que je lui ai choisi, car sa mère n'aurait pas été assez folle pour lui mettre dans la tête l'idée extravagante d'épouser un va-nu-pieds, un misérable sans feu ni lieu.
— Jésus, mon Sauveur ! — exclama Vincente — est-il bien possible de parler ainsi de ce brave Denis, le plus travailleur, le plus honnête et le plus beau garçon de toute la province ! Ainsi vous vous imaginez, Maître, que c'est moi qui ai persuadé à Ursule?... Avec cela qu'elle n'a pas des yeux, et que l'amour ne
. vient pas tout seul ?
— Tu me lasses à la fin, avec ton Denis — cria Jacques Cauzal exaspéré.— Suis-je maître ici, oui ou non ?... Tiens, voilà cinq écus, c'est plus que je ne lui dois ; tu vas les lui donner et lui dire que je n'ai plus besoin de ses services, que je trouverai bien un autre
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