Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-48987
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
SENTINELLES PERDUES
Oh ! dans un bois perdu, chanceler solitaire, Sans témoins, sans amis, sans baiser, sans adieu, N'ayant pour hymnes saints que les bruits de la terre, Mais ayant pour flambeaux les étoiles de Dieu.
Voir comme un brun linceul la dépouille des arbres Vous couvrir tristement pour l'instant solennel ; Sentir dans ses bras forts monter le froid des marbres Et sur son corps raidi tomber les pleurs du Ciel.
Râler, heurtant le sol de sa face meurtrie, N'ayant que ce dernier mais suprême bonheur: « Avoir de tout son sang bien servi la Patrie », Quel sublime trépas! plein d'oubli, de grandeur!
Et combien sont tombés dans la lutte farouche! De ces pauvres soldats, de martyrs inconnus, Qui n'eurent dans leurs coeurs et n'eurent à la bouche Qu'une prière, un cri, pour leurs frères vaincus !
Salut ! soldats de France, aux vaillantes prunelles, Dont le regard fixait en souriant la mort ! Sur l'avenir fatal, vous veillez, sentinelles, Et cela me suffit pour croire vaincre encor !
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