Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-48987
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
(LE BAIN MAUDIT)
A mon ami le comte de Lafont,
I
Belle était Sa'ida. Belle comme les astres Que l'on voit resplendir dans les nuits d'Orient. Et quand elle passait, sa couronne de piastres, En encadrant son front, le rendait plus brillant.
Et les Cheiks en voyant sa splendeur immortelle,
Ses yeux ■— beaux diamants noirs, — et ses cheveux de jais,
Soeur des blanches Houris, dans un rêve plongés
Se disaient éblouis : « Saïda, quelle est belle. »
Son frère Ker-Heddein, Caïd riche et puissant Veillait sur sa beauté dans une ardeur jalouse; Et, fumant le haschish, disait en frémissant : « Aucun mortel ne doit la prendre pour épouse. »
Et, la nuit, dans son bordj, rêvant dans sa fureur Orgueilleux contempteur de la loi musulmane, Il disait : «Je ne puis en faire une Sultane « Je brave le Koran, j'épouserai ma soeur... »
En vain tous les Thalebs à la voix entraînante Pour l'en dissuader à son bordj se rendaient. Ker-Heddein résistait; et leurs tête pendaictit Le lendemain matin aux portes de sa tente.
II
Pour qui ces cris bruyants, fantasias joyeuses Réveillant les échos lointains d'Aïn-Régada ? Là-bas, on célébrait des noces monstrueuses, Car, ce soir, Ker-Heddein épousait Sa'ida.
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