Titre : Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-10-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429261z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 42932 Nombre total de vues : 42932
Description : 20 octobre 1907 20 octobre 1907
Description : 1907/10/20 (A25,N1269,T49). 1907/10/20 (A25,N1269,T49).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5721944t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-34518
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
MONTMARTRE PITTORESQUE
LE MAQUIS
Le maquis — dont on annonce la prochaine
disparition — était, autrefois, beaucoup plus
vaste et moins tranquille que celui d'aujour-
d'hui. A côté des guinguettes et des charmilles,
où la jeunesse venait s'ébattre le dimanche,
s'élevaient des cabarets borgnes abritant une
population louche qui, le soir venu, semait la
terreur parmi les habitants de Montmartre.
Mais, depuis longtemps, on n'y voyait plus
que de pauvres gens qui, avec les épaves des
démolitions d'alentour, s'étaient construit des
abris branlants, des cabanes rapiécées avec
de vieux morceaux de toile de goudron, et
dont les portes semblaient cousues avec des
ferrures en boîtes de sardines.
En parcourant cette cité de la dèche et de
la fantaisie, l'on rencontrait, à chaque instant,
d'amusants recoins. Ici, un atelier d'artiste
semblait sortir d'un rocher; là, une roulotte
dont on a fait un appartement complet; plus
loin, une bicoque aux allures de petite maison
de campagne, avec des volets verts, des plan-
tes qui grimpent au treillage et de vraies
allées dans quatre mètres de terrain.
Toute cette population, pourtant si disparate,
vivait là en bonne intelligence.
Que de souvenirs la disparition du vieux
maquis n'évoquera-t-elle pas!
C'est, en effet, sur l'emplacement de ces
bâtisses délabrées, aux jardinets paradoxaux,
que, d'après la légende, Henri IV donnait
moult rendez-vous galants à la belle Gabrielle
d'Estrées. C'est là que Gérard de Nerval
campa, entre 1845 et 1848, avec, pour com-
pagnes de solitude, les chèvres broutant
l'acanthe des rochers sous la surveillance de
petites filles à l'oeil fier, au pied montagnard.
C'est là aussi que, plus tard, toute la bande
joyeuse et artiste d'André Gill, de Forain,
de Nittis, de Gervex, fraternisa plus d'une
nuit autour de punchs gigantesques avec les
premiers Hydropathes excursionnant là-haut
en compagnie d'Emile Goudeau et de Pierrot-
Willette.
Alphonse Daudet y hasardait, de temps à
autre, ses yeux de myope, ses yeux toujours
en chasse d'un document humain; c'est là qu'il
trouva, sans doute, le type de son immortelle
Sapho, un modèle échappé à l'atelier de Fal-
guière et que l'on avait baptisé du pitto-
resque surnom de « Toute la Lyre »...
GEORGES DERVILLE.
»*«
LE VIEUX MONTMARTRE
L'ancien Montmartre, si pittoresque, se re-
trouve surtout dans la rue Saint-Vincent, la
rue des Saules, où se rencontre le cabaret
du Lapin Agile, la rue de la Fontaine-du-But,
rues sordides, bordées de pauvres galetas aux
fenêtres garnies de linges séchant sur des
cordes et qui semblent, à chaque étage, lo-
ger une misère différente; rues étranges, com-
prises généralement entre une masure effritée
et un enclos de planches verdies par les
pluies et couvertes d'inscriptions; ces palis-
sades servent, en effet, d'exutoires aux épan-
chements, aux confidences des « costeaux »
et des « gigolettes » du quartier : c'est ainsi
que, sans l'ombre de retenue, le « Tatoué de
la rue de Norvins » affiche sa flamme pour
« Mireille » ; quant à « Victor le Frisé », il
est adoré par son « Hermine » et s'en vante;
« Beauché, nez cassé des Batignolles », par
contre, nourrit de noirs desseins contre « Hé-
loïse la Rouquine ». Des rendez-vous s'y don-
nent, amoureux ou sinistres, des serments, des
menaces, s'y inscrivent. Les grands de la terre
y sont, parfois, sévèrement jugés. L'épithète
est toujours amère. Cela sent la débauche,
le vice et le crime.
Et, cependant, dans ce « coin de Paris »,
que les « embellissements modernes.» feront
certainement disparaître peu à peu, il se ren-
contre d'admirables paysages, des ruelles
exquises pleines de verdure, d'oiseaux, de
pigeons familiers, de merles siffleurs, et l'on
se croirait très loin, dans quelque paisible
province, si, au bout de toutes ces rues, la
grande masse violacée de Paris n'étalait sous
la lumière du ciel son incomparable et féeri-
que panorama, océan de pierres d'où émergent,
comme des mâts, les campaniles des palais,
les tours, les clochers et les flèches des églises,
où se découpent les dômes, les toits des monu-
ments, les faîtes des maisons, les masses vertes
des jardins. Incomparable, unique vision faite
de souvenirs d'art, de grandeur et de beauté!
GEORGES CAIM,
Une Vue générale du Maquis de Montmartre, avant les
Habitants du Maquis.
LE MAQUIS
Le maquis — dont on annonce la prochaine
disparition — était, autrefois, beaucoup plus
vaste et moins tranquille que celui d'aujour-
d'hui. A côté des guinguettes et des charmilles,
où la jeunesse venait s'ébattre le dimanche,
s'élevaient des cabarets borgnes abritant une
population louche qui, le soir venu, semait la
terreur parmi les habitants de Montmartre.
Mais, depuis longtemps, on n'y voyait plus
que de pauvres gens qui, avec les épaves des
démolitions d'alentour, s'étaient construit des
abris branlants, des cabanes rapiécées avec
de vieux morceaux de toile de goudron, et
dont les portes semblaient cousues avec des
ferrures en boîtes de sardines.
En parcourant cette cité de la dèche et de
la fantaisie, l'on rencontrait, à chaque instant,
d'amusants recoins. Ici, un atelier d'artiste
semblait sortir d'un rocher; là, une roulotte
dont on a fait un appartement complet; plus
loin, une bicoque aux allures de petite maison
de campagne, avec des volets verts, des plan-
tes qui grimpent au treillage et de vraies
allées dans quatre mètres de terrain.
Toute cette population, pourtant si disparate,
vivait là en bonne intelligence.
Que de souvenirs la disparition du vieux
maquis n'évoquera-t-elle pas!
C'est, en effet, sur l'emplacement de ces
bâtisses délabrées, aux jardinets paradoxaux,
que, d'après la légende, Henri IV donnait
moult rendez-vous galants à la belle Gabrielle
d'Estrées. C'est là que Gérard de Nerval
campa, entre 1845 et 1848, avec, pour com-
pagnes de solitude, les chèvres broutant
l'acanthe des rochers sous la surveillance de
petites filles à l'oeil fier, au pied montagnard.
C'est là aussi que, plus tard, toute la bande
joyeuse et artiste d'André Gill, de Forain,
de Nittis, de Gervex, fraternisa plus d'une
nuit autour de punchs gigantesques avec les
premiers Hydropathes excursionnant là-haut
en compagnie d'Emile Goudeau et de Pierrot-
Willette.
Alphonse Daudet y hasardait, de temps à
autre, ses yeux de myope, ses yeux toujours
en chasse d'un document humain; c'est là qu'il
trouva, sans doute, le type de son immortelle
Sapho, un modèle échappé à l'atelier de Fal-
guière et que l'on avait baptisé du pitto-
resque surnom de « Toute la Lyre »...
GEORGES DERVILLE.
»*«
LE VIEUX MONTMARTRE
L'ancien Montmartre, si pittoresque, se re-
trouve surtout dans la rue Saint-Vincent, la
rue des Saules, où se rencontre le cabaret
du Lapin Agile, la rue de la Fontaine-du-But,
rues sordides, bordées de pauvres galetas aux
fenêtres garnies de linges séchant sur des
cordes et qui semblent, à chaque étage, lo-
ger une misère différente; rues étranges, com-
prises généralement entre une masure effritée
et un enclos de planches verdies par les
pluies et couvertes d'inscriptions; ces palis-
sades servent, en effet, d'exutoires aux épan-
chements, aux confidences des « costeaux »
et des « gigolettes » du quartier : c'est ainsi
que, sans l'ombre de retenue, le « Tatoué de
la rue de Norvins » affiche sa flamme pour
« Mireille » ; quant à « Victor le Frisé », il
est adoré par son « Hermine » et s'en vante;
« Beauché, nez cassé des Batignolles », par
contre, nourrit de noirs desseins contre « Hé-
loïse la Rouquine ». Des rendez-vous s'y don-
nent, amoureux ou sinistres, des serments, des
menaces, s'y inscrivent. Les grands de la terre
y sont, parfois, sévèrement jugés. L'épithète
est toujours amère. Cela sent la débauche,
le vice et le crime.
Et, cependant, dans ce « coin de Paris »,
que les « embellissements modernes.» feront
certainement disparaître peu à peu, il se ren-
contre d'admirables paysages, des ruelles
exquises pleines de verdure, d'oiseaux, de
pigeons familiers, de merles siffleurs, et l'on
se croirait très loin, dans quelque paisible
province, si, au bout de toutes ces rues, la
grande masse violacée de Paris n'étalait sous
la lumière du ciel son incomparable et féeri-
que panorama, océan de pierres d'où émergent,
comme des mâts, les campaniles des palais,
les tours, les clochers et les flèches des églises,
où se découpent les dômes, les toits des monu-
ments, les faîtes des maisons, les masses vertes
des jardins. Incomparable, unique vision faite
de souvenirs d'art, de grandeur et de beauté!
GEORGES CAIM,
Une Vue générale du Maquis de Montmartre, avant les
Habitants du Maquis.
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