Titre : Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-10-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429261z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 42932 Nombre total de vues : 42932
Description : 20 octobre 1907 20 octobre 1907
Description : 1907/10/20 (A25,N1269,T49). 1907/10/20 (A25,N1269,T49).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5721944t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-34518
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
370
LES ANNALES
N° 1269
La Flore fut, elle-même, l'objet de critiques
violentes; on la trouvait trop débordante, trop
en saillie pour le monument auquel elle était
destinée, dont elle est aujourd'hui, cependant,
la gloire, et, sans Napoléon III, on l'en eût
chassée. Et il failait être véritablement aveu-
glé pour n'en pas voir la grâce ineffable,
le charme voluptueux et ce sourire qui est
vraiment celui de la grande immortelle qui
préside au renouveau des êtres et des choses;
il ne fallait pas avoir regardé cette troupe
d'enfants rieurs et dignes vraiment des plus
beaux qu'inventa la statuaire.
Il y a, à l'exposition du Salon d'Automne,
des choses charmantes: la Pêcheuse de Vignots,
l'esquisse de ce Pêcheur Napolitain, qui, re-
fusée par le baron James de Rothschild, rap-
porta trois cent mille francs à l'artiste ;
l'Amour Désarmé, oeuvre délicieuse, digne de
Houdon lui-même, et qui fut inspirée à l'ar-
tiste par une danseuse alors célèbre; Frère
et Soeur, et la Jeune Mère, charmante compo-
sition exécutée en plein siège de Paris; des
esquisses d'une envolée superbe, comme celle
où Carpeaux — qui tenait de Rude le culte de
l'Empire et de la grande épopée et qui, après
avoir été un des favoris de l'impératrice et
le portraitiste du malheureux prince préma-
turément tombé en Afrique, fut un des fidèles
de Chiselhurst — évoque la dernière minute de
Waterloo et l'instant tragique où Napoléon
voulut se jeter sur les carrés anglais et y
trouver la mort.
Dans le plus mince croquis, le grand ar-
tiste affirme sa passion de la nature. Et, comme
l'a si bien écrit M. Edouard Sarradin, le grand
mérite de Carpeaux, comme celui des grands
maîtres, fut de chercher profondément la vie
idéale de l'art dans la nature et la réalité.
A une statuaire prisonnière des formules et
des conventions, il a opposé ses créations
« merveilleusement libres, et qui palpitent, et
qui rayonnent, pétries de sa chair, animées
de son souffle ».
LEON PLEE.
LA « DANSE » DE CARPEAUX
C'est par le groupe de la Danse que Car-
reaux vivra surtout et c'est dans une telle
oeuvre qu'il a donné sa mesure. Ce fameux
groupe a son histoire. Il avait été commandé,
d'abord, au sculpteur Jouffroy. Mais celui-ci,
soit qu'il fût trop occupé à ce moment, soit
qu'il sentît peu son sujet, déclina l'honneur
qu'on lui faisait. On pria alors Carpeaux
d'exécuter ce groupe.
A la réception de la lettre officielle, le
sculpteur se rendit à l'Opéra auprès de Charles
Garnier ot lui proposa de lui faire immédia-
tement une esquisse de l'oeuvre. Garnier sou-
rit, prétexta la surveillance urgente de certains
travaux, recommanda au sculpteur de bien
mûrir son idée, et partit. Deux heures après,
Carpeaux présentait à Garnier l'esquisse com-
plètement terminée du groupe actuel, qui fut
acceptée séance tenante.
« La meilleure partie du génie, disait Goethe,
se compose de souvenirs. »
C'est dans ses souvenirs que Carpeaux avait
pris ce groupe et c'était en regardant, le
soir, danser les paysans de la campagne ro-
maine et les belles filles italiennes qu'il avait
eu l'idée de cette oeuvre vivante, passionnée,
amoureuse et superbe.
Carpeaux avait à représenter la danse, la
danse française, ce je ne sais quoi d'ailé,
de gracieux, de chaste et d'élégant qui, par
exemple, s'incarnait dans Taglioni. Il avait à
la représenter publiquement, dans la rue, sur
la façade d'un monument national, pour l'étran-
ger qui vient admirer ou pour la fillette qui
passe. Il avait, le sculpteur, à animer son
bloc de pierre, à le faire sourire, à le faire
planer. Il a fait mieux, ou pis que cela, il l'a
enflammé, il l'a enfiévré, il l'a embrase comme
un bloc de lave.
Des bacchantes emportées par une danse
folle, la danse de l'ébriété, s'enroulent, si
je puis dire, autour d'un jeune garçon qui
agite un tambourin. Elles vont, se tenant
par la main, se tordant, les cheveux dénoués,
les pieds peu sûrs, dans une ronde furieuse
que conduit cette sorte d'ilote avec des gestes
hardis.
C'est la personnification même de l'art, de
la littérature et du plaisir sous le second
Empire. Carpeaux a fait là un chef-d'oeuvre
immortel et une immortelle satire.
JULES CLARETTE,
de l'Académie française.
Fronton du Pavillon de Flore (Louvre).
L'Amour Blessé.
Groupe de la Danse,
LES ANNALES
N° 1269
La Flore fut, elle-même, l'objet de critiques
violentes; on la trouvait trop débordante, trop
en saillie pour le monument auquel elle était
destinée, dont elle est aujourd'hui, cependant,
la gloire, et, sans Napoléon III, on l'en eût
chassée. Et il failait être véritablement aveu-
glé pour n'en pas voir la grâce ineffable,
le charme voluptueux et ce sourire qui est
vraiment celui de la grande immortelle qui
préside au renouveau des êtres et des choses;
il ne fallait pas avoir regardé cette troupe
d'enfants rieurs et dignes vraiment des plus
beaux qu'inventa la statuaire.
Il y a, à l'exposition du Salon d'Automne,
des choses charmantes: la Pêcheuse de Vignots,
l'esquisse de ce Pêcheur Napolitain, qui, re-
fusée par le baron James de Rothschild, rap-
porta trois cent mille francs à l'artiste ;
l'Amour Désarmé, oeuvre délicieuse, digne de
Houdon lui-même, et qui fut inspirée à l'ar-
tiste par une danseuse alors célèbre; Frère
et Soeur, et la Jeune Mère, charmante compo-
sition exécutée en plein siège de Paris; des
esquisses d'une envolée superbe, comme celle
où Carpeaux — qui tenait de Rude le culte de
l'Empire et de la grande épopée et qui, après
avoir été un des favoris de l'impératrice et
le portraitiste du malheureux prince préma-
turément tombé en Afrique, fut un des fidèles
de Chiselhurst — évoque la dernière minute de
Waterloo et l'instant tragique où Napoléon
voulut se jeter sur les carrés anglais et y
trouver la mort.
Dans le plus mince croquis, le grand ar-
tiste affirme sa passion de la nature. Et, comme
l'a si bien écrit M. Edouard Sarradin, le grand
mérite de Carpeaux, comme celui des grands
maîtres, fut de chercher profondément la vie
idéale de l'art dans la nature et la réalité.
A une statuaire prisonnière des formules et
des conventions, il a opposé ses créations
« merveilleusement libres, et qui palpitent, et
qui rayonnent, pétries de sa chair, animées
de son souffle ».
LEON PLEE.
LA « DANSE » DE CARPEAUX
C'est par le groupe de la Danse que Car-
reaux vivra surtout et c'est dans une telle
oeuvre qu'il a donné sa mesure. Ce fameux
groupe a son histoire. Il avait été commandé,
d'abord, au sculpteur Jouffroy. Mais celui-ci,
soit qu'il fût trop occupé à ce moment, soit
qu'il sentît peu son sujet, déclina l'honneur
qu'on lui faisait. On pria alors Carpeaux
d'exécuter ce groupe.
A la réception de la lettre officielle, le
sculpteur se rendit à l'Opéra auprès de Charles
Garnier ot lui proposa de lui faire immédia-
tement une esquisse de l'oeuvre. Garnier sou-
rit, prétexta la surveillance urgente de certains
travaux, recommanda au sculpteur de bien
mûrir son idée, et partit. Deux heures après,
Carpeaux présentait à Garnier l'esquisse com-
plètement terminée du groupe actuel, qui fut
acceptée séance tenante.
« La meilleure partie du génie, disait Goethe,
se compose de souvenirs. »
C'est dans ses souvenirs que Carpeaux avait
pris ce groupe et c'était en regardant, le
soir, danser les paysans de la campagne ro-
maine et les belles filles italiennes qu'il avait
eu l'idée de cette oeuvre vivante, passionnée,
amoureuse et superbe.
Carpeaux avait à représenter la danse, la
danse française, ce je ne sais quoi d'ailé,
de gracieux, de chaste et d'élégant qui, par
exemple, s'incarnait dans Taglioni. Il avait à
la représenter publiquement, dans la rue, sur
la façade d'un monument national, pour l'étran-
ger qui vient admirer ou pour la fillette qui
passe. Il avait, le sculpteur, à animer son
bloc de pierre, à le faire sourire, à le faire
planer. Il a fait mieux, ou pis que cela, il l'a
enflammé, il l'a enfiévré, il l'a embrase comme
un bloc de lave.
Des bacchantes emportées par une danse
folle, la danse de l'ébriété, s'enroulent, si
je puis dire, autour d'un jeune garçon qui
agite un tambourin. Elles vont, se tenant
par la main, se tordant, les cheveux dénoués,
les pieds peu sûrs, dans une ronde furieuse
que conduit cette sorte d'ilote avec des gestes
hardis.
C'est la personnification même de l'art, de
la littérature et du plaisir sous le second
Empire. Carpeaux a fait là un chef-d'oeuvre
immortel et une immortelle satire.
JULES CLARETTE,
de l'Académie française.
Fronton du Pavillon de Flore (Louvre).
L'Amour Blessé.
Groupe de la Danse,
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