Titre : Le Mercure musical / [directeur-gérant Louis Laloy]
Auteur : Société internationale de musique. Section de Paris. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : Imp. art. L.-M. Fortin & cieImp. art. L.-M. Fortin & cie (Paris)
Date d'édition : 1905-05-15
Contributeur : Laloy, Louis (1874-1944). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32814380h
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mai 1905 15 mai 1905
Description : 1905/05/15 (A1,N1)-1905/12/15 (A1,N15). 1905/05/15 (A1,N1)-1905/12/15 (A1,N15).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57152392
Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-V-31828
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
REVUE DE LA QUINZAINE
AU CONSERVATOIRE
Le Concours de Rome. — Une revision nécessaire.
Il y avaitune fois, dansle Collège officiel de musique d'une grande capitale,
un vieux professeur de composition. Comment était-il parvenu à cet'em-
ploi ? On ne sait trop, car il ne .s'était fait connaître que par des ouvrages
d'une lamentable puérilité, dont l'un, consacré à une héroïne nationale,
morte jadis sur le bûcher, fut pour sa mémoire un nouveau supplice,
plus raffiné que l'autre : le supplice du ridicule. Ce respectable vieillard
disait un jour à un de ses disciples qui lui soumettait une page d'o'r-
chestre de sa façon : « Mais, mon jeune ami, voici une grosse erreur : vous
voulez un effet de douceur et vous employez les trombones. — Mais, maî-
tre, je les fais jouer pianissimo. — Non, mon ami, pas de trombones, gar-
dez-les pour les grands éclats. » Ainsi parlait le vieux maître, ignorant ce
que savait Monteverdi dès le début du xvn° siècle : que le timbre du trom-
bone dans le pianissimo est plus mystérieux que celui du violon avec
sourdine, et que rien ne peut le remplacer. Et il disait encore : d'arpèges à la flûte, ni à la clarinette, je vous en prie ; vous avez la harpe;
pourquoi ne pas vous en servir ? » Ainsi allait-il, prêchant sa courte science
et son enfantine sagesse. Mais les élèves qui affrontaient l'ennui de .pa-
reils conseils en étaient bien récompensés.
Vers le début du mois de mai igo5 s'ouvrait le concours préliminaire aux
épreuves du prix de Rome. Dix-neuf concurrents se présentaient ; ils ap-
partenaient aux classes de MM. Fauré, Lenepveu et Widor. Le jury se
composait de MM. Th. Dubois, Paladilhe, Massenet, Lenepveu et Rëyer,
titulaires, et de MM. Leroux, Hillemacher et Duvernoy, suppléants. Le
concours a lieu, chacun écrit sa fugue, et se tire de son mieux du choeur
que devaient inspirer les paroles de M. Guinand. Résultat : sont seuls reçus
six élèves de M. Lenepveu, le seul professeur qui fût en même temps
membre du jury.
Parmi les candidats refusés se trouvaient MJ'= Fleury, élève de M. Wi-
dor, et M. Ravel, élève de M. G. Fauré, tous deux seconds prix de Rome
à l'un des précédents concours. Je ne parle pas de leur talent, ni de leurs
oeuvres, pas même du Quatuor à cordes ou des Mélodies de Ravel. Je sais
que le Conservatoire n'entre pas dans ces considérations-là et ne tient
compte que des diplômes. Comment se fait-il que deux seconds prix de
Rome ne soient même plus jugés dignes de concourir ? Et la constitution
élu jury ne le rend-elle pas suspect ? Et le résultat du concours ne con-
firme-t-il pas ces soupçons, avec une sorte de candeur naïve et stup...é-
fiante ? N'est-ce pas le cas, ou jamais, de reviser un jugement où se sourit
à elle-même la plus béate iniquité ? Louis LALOY.
AU CONSERVATOIRE
Le Concours de Rome. — Une revision nécessaire.
Il y avaitune fois, dansle Collège officiel de musique d'une grande capitale,
un vieux professeur de composition. Comment était-il parvenu à cet'em-
ploi ? On ne sait trop, car il ne .s'était fait connaître que par des ouvrages
d'une lamentable puérilité, dont l'un, consacré à une héroïne nationale,
morte jadis sur le bûcher, fut pour sa mémoire un nouveau supplice,
plus raffiné que l'autre : le supplice du ridicule. Ce respectable vieillard
disait un jour à un de ses disciples qui lui soumettait une page d'o'r-
chestre de sa façon : « Mais, mon jeune ami, voici une grosse erreur : vous
voulez un effet de douceur et vous employez les trombones. — Mais, maî-
tre, je les fais jouer pianissimo. — Non, mon ami, pas de trombones, gar-
dez-les pour les grands éclats. » Ainsi parlait le vieux maître, ignorant ce
que savait Monteverdi dès le début du xvn° siècle : que le timbre du trom-
bone dans le pianissimo est plus mystérieux que celui du violon avec
sourdine, et que rien ne peut le remplacer. Et il disait encore :
pourquoi ne pas vous en servir ? » Ainsi allait-il, prêchant sa courte science
et son enfantine sagesse. Mais les élèves qui affrontaient l'ennui de .pa-
reils conseils en étaient bien récompensés.
Vers le début du mois de mai igo5 s'ouvrait le concours préliminaire aux
épreuves du prix de Rome. Dix-neuf concurrents se présentaient ; ils ap-
partenaient aux classes de MM. Fauré, Lenepveu et Widor. Le jury se
composait de MM. Th. Dubois, Paladilhe, Massenet, Lenepveu et Rëyer,
titulaires, et de MM. Leroux, Hillemacher et Duvernoy, suppléants. Le
concours a lieu, chacun écrit sa fugue, et se tire de son mieux du choeur
que devaient inspirer les paroles de M. Guinand. Résultat : sont seuls reçus
six élèves de M. Lenepveu, le seul professeur qui fût en même temps
membre du jury.
Parmi les candidats refusés se trouvaient MJ'= Fleury, élève de M. Wi-
dor, et M. Ravel, élève de M. G. Fauré, tous deux seconds prix de Rome
à l'un des précédents concours. Je ne parle pas de leur talent, ni de leurs
oeuvres, pas même du Quatuor à cordes ou des Mélodies de Ravel. Je sais
que le Conservatoire n'entre pas dans ces considérations-là et ne tient
compte que des diplômes. Comment se fait-il que deux seconds prix de
Rome ne soient même plus jugés dignes de concourir ? Et la constitution
élu jury ne le rend-elle pas suspect ? Et le résultat du concours ne con-
firme-t-il pas ces soupçons, avec une sorte de candeur naïve et stup...é-
fiante ? N'est-ce pas le cas, ou jamais, de reviser un jugement où se sourit
à elle-même la plus béate iniquité ? Louis LALOY.
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