Titre : Les Annales politiques et littéraires : revue populaire paraissant le dimanche / dir. Adolphe Brisson
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-03-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34429261z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 42932 Nombre total de vues : 42932
Description : 01 mars 1896 01 mars 1896
Description : 1896/03/01 (A14,T26,N662). 1896/03/01 (A14,T26,N662).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k57095874
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2009-34518
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
134 LES ANNALES POLITIQUES ET LITTERAIRES
d'un coup de maillet. Le boeuf roule à terre
avec majesté. )
Avis aux hommes politiques qui sont trop
fiers de leur popularité ! C' est le sort qui les
attend.
« On annonce, écrivait, il y a deux jours,
un courriériste théâtral, qu'un auteur améri-
cain vient de faire un vaudeville dans lequel
on serait incapable de trouver une seule fois
la lettre I.
» Ce jeu de patience est imité de Rondelet,
l'auteur de la pièce sans A... »
Notre confrère aurait pu ajouter que Ron-
delet, à cet égard, n'avait rien inventé. Il y a
beau temps que les tours de force de cet aca-
bit ont été imaginés.
On connaît les fantaisies de Banville et de
ses disciples accouplant, par exemple, faux
romantique avec forum antique. On eut des
distiques de cette force :
Un maître, en l'Univers cité,
Flambeau de l'Université...
Ces rimeurs impeccables — et impayables
— s'intitulaient « rothschildiens » pour mieux
faire apprécier la richesse de leur consonne
d'appui. Hélas ! ils furent vite distancés par
les « totalistes ».
Ceux-ci — leur nom l'indique — rimèrent
entre eux tous les pieds de chaque vers du
distique. Voici un quatrain dans la manière
totaliste ; il s'agit d'un valet qui fait la fête
dans les meubles de son maître absent :
Dans ces « bois » beaux, laqués,
Rideaux et dais moroses,
Danse et bois, beau laquais !
Ris d'oser des mots roses !
Comme rime, on avouera qu'il est difficile
d'aller au delà. Mais la rime et la raison sont
deux.
Tout autre est, pour en revenir à notre
point de départ, la prouesse lipogramma-
tique pure et simple, qui consiste à ex-
clure une lettre ou à la faire entrer de force
dans le vers.
Essayez un peu de lire à haute voix celle
qui suit. Elle est defruit des méditations en
mer d'un jeune poète belge qui, revenant de
Madagascar, employa les loisirs de la traver-
sée à rimer une suite à l'Atala de Chateau-
briand. L'intention est d'imiter le malgache,
riche en A. Pour la commodité de l'impres-
sion, nous la transcrivons en prose, mais la
rime marque suffisamment le veis :
A la chaste Atala, Chactas parla malgache :
« Vas à Madagascar ! clama Chactas l'Apache.
Pars! vas à Tamatave, à sa marâtre arrache
Sarah, qu'à sa casbah l'Arabe Abdallah cache. »
A Tamatave alla pas à pas la Malgache, la ga-
gna par la plage, à la casbah marcha, à Fat-
mah (la marâtre) à la hâte arracha Sarah, la
Sakalave; à Rabat la cacha.
Par là passa l'Arabe Abdallah, gras pacha.
Abdallah arracha Sarah à la Malgache. Atala
s'alarma, clama : « Ah! ma Sarah! A la pâle
Atala, laa! Abdallah t'arrache ! Ah ! Chactas!
Ah! Sarah! Barbare Abdallah! lâche! » Abdal-
lah la calma, parla l'arabe : « Ah! sache qu'à
ma smalah j'attache Atala la malgache, par ma
blague à tabac, par Allah, par ma vache!»
Fatal charme, à l'Arabe Atala s'attacha...
Passons la fureur de Chactas en apprenant
ce rapt et ses imprécations. Toujours est-il
que Chactas
... chargea sa caravane, arma sa garde apa-
che, gagna Madagascar, à Tamatave alla, rava-
gea la casbah par la flamme, à la hache la sapa
par la base, à bas la fracassa. Patatras! la
rasa, l'arda, la saccagea...
Et cela continue ainsi pendant des vers et
des vers... S'extasie qui voudra devant ce
charabia. Nous avons le mauvais goût de lui
préférer une strophe de Lamartine ou de
Musset.
L'éminent géologue Daubrée vient de nous
révéler que les montagnes ne dédaignent pas
de se déplacer de temps à autre. Il paraîtrait,
si l'on en croit ce distingué savant, qu'en
1854, à la suite d'un été pluvieux, le mont
Rossberg, en Suisse, se mit tout d'un coup à
glisser et abusa de son poids pour ensevelir
deux ou trois villages.
Nous avons actuellement, en France, une
montagne qui marche. C'est « le Gouffre »,
énorme masse de rochers située dans le Gard,
près d'Alais. Depuis huit jours, cette monta-
gne s'est avancée de plus de cinquante centi-
mètres, ce qui ne serait pas grand'chose pour
un bicycliste, mais ce qui, pour une monta-
gne, constitue un record du plus grand inté-
rêt.
Cet événement est d'autant plus inquiétant
que « le Gouffre » domine la ville de la Grand'-
Combe, dont la population minière, évaluée
à plus de six mille habitants, est dans des
transes légitimes.
M. Daubrée n'est pas autrement rassurant
dans ses explications. « Ce n'est point la pre-
mière fois, dit-il, que cette montagne se met
en marche et jette ainsi l'alarme parmi les ha-
bitants de la vallée de la Grand'Combe. Il y
a quelques années, on avait pu s'apercevoir
d'un léger glissement. Nos ingénieurs se mi-
rent immédiatement à l'oeuvre et l'on établit
un mur de soutènement que l'on pouvait con-
sidérer comme suffisant pour résister à la
poussée... »
Il paraît que le mur de soutènement bâti
par nos ingénieurs n'était pas suffisant encore.
Espérons qu'il ne se produira pas, pour les
travaux du « Gouffre », ce qui s'est produit
pour le réservoir de Bouzey, où nos ingénieurs
démontrèrent que le mur ne devait pas céder,
et que, scientifiquement, aucune catastrophe
ne pouvait se produire, ce qui n'empêcha pas
trois ou quatre cents malheureux de trouver
la mort dans cette catastrophe antiscientifi-
que. Car il y a beaucoup de choses antiscien-
tifiques en ce moment-ci, mais qui n'en sont
pas moins pénibles. Par exemple, il est tombé
près de Madrid un énorme bolide que la
science ne prévoyait pas et qui a causé des
désastres.
La question est de savoir si nos ingénieurs
ont le pouvoir d'arrêter des montagnes bien
décidées à marcher.
— Quoi qu'il se passe là-bas, disait hier à
Alfred Capus M. Rodolphe Salis, l'illustre di-
recteur du Chat noir, je montrerai à l'univers
que la butte Montmartre est capable de faire tout
ce que fait une simple montagne du Midi. Sur
un signe de moi, la butte Montmartre, dont je
suis le gardien, comme vous savez, se mettra
en marche et ira où je lui dirai d'aller. Vou-
lez-vous voir?
Nous n'insistâmes pas, afin d'éviter des ca-
tastrophes irréparables peut-être, mais nous
verrions un jour Rodolphe Salis partir en
tournée suivi de la butte Montmartre et aller
jouer en province la spirituelle revue du char-
mant poète Goudezki ainsi que les troublantes
chansons de Montoya et les délicieuses fan-
taisies de Zamacoïs, que nous n'en serions
nullement surpris.
M. Stéphane Mallarmé ne se plaindra pas.
Son texte pique l'émulation des commenta-
teurs. J'ai reçu une vingtaine de traductions
du sonnet que j'ai publié dans le dernier nu-
méro. Et comme je ne saurais les donner
toutes, sans lasser la patience du lecteur, je
me borne à imprimer la première qui me soit
parvenue...
Recueillez-vous et lisez...
TRADUCTION FRANÇAISE
DU SONNET DE M. STÉPHANE MALLARMÉ
Dame,
ne laissons pas éclater trop d'ardeur :
cette ardeur qui enflamme la rose lorsque cruel-
lement déchirée et lasse même de sa pure co-
rolle de pourpre, elle la délace pour y entendre
pleurer les gouttes de rosée que le soleil fait
briller comme le diamant.
Oui, pas de crises de pleurs : restons genti-
ment; qu'aucune brise ne passe dans le ciel
orageux, jalouse de nous" apporter de je ne sais
quel pays l'éclat très vrai du sentiment et de le
mettre en lumière (c'est-à-dire : nous n'avons
pas besoin d'autres sentiments que les nôtres :
ils pourraient nous troubler).
Dis, ne te semble-t-il pas que le poids des
années est bien suffisant sans qu'on y ajoute
encore la douleur excessive , les crises de
pleurs ; le poids des années dont la grâce re-
naît spontanément sur ton front.
Pour moi, je suis comme un éventail qui ré-
pand la fraîcheur dans une chambre : il s'étonne
qu'il faille ici si peu d'émoi pour raviver toute
notre amitié ancienne et monotone.
EURÊKA.
Avez-vous compris ?
Le diable, c'est que les autres traductions
que j'ai reçues ne s'accordent pas ensemble
et expriment des idées diverses et dissembla-
blés, ce qui ne laisse pas d'être inquiétant...
Décidément, M. Stéphane Mallarmé est un
homme trop profond.
Les beautés de la statistique...
Vous seriez sans doute fort embarrassés
d'évaluer le nombre des confetti lancés pen-
dant la journée du Mardi gras sur toute la
ligne des boulevards ? Le compte, en effet,
n'est point aisé à donner.
Un rédacteur du Gaulois a compté, de la
rue Drouot à la rue Taitbout, 140 marchands
de confetti. La vente moyenne de chacun a
été de 3oo sacs de 1 kilo, a 1 franc le sac, ce
qui donne 42,000 kilos sur un espace de 250
mètres, — et d'un seul côté du boulevard.
Pour les deux côtés, nous trouvons donc
84,000 kilos.
Prenons la statistique pour une étendue de
cinq kilomètres — y compris les rues adja-
centes des boulevards où la bataille des con-
fetti était très active — et nous trouvons
840,000 kilogrammes.
Plusieurs grands marchands allaient même
jusqu'à un million de kilogrammes.
On acompte 150 confetti pour un gramme.
Une simple multiplication donne donc le
chiffre fantastique :
1,500,000,000,000
soit 1,5oo milliards de confetti!
Et comme chaque sac de 1 kilogr. a une
hauteur moyenne de 0m 20, — la totalité,
évaluée à un million de sacs, aurait donné une
hauteur de 200,000 mètres, ou 666 fois la
tour Eiffel !
Allons ! il y a encore de beaux jours pour
la vieille gaieté française !
Balzac en 1848.
L'auteur de la Comédie humaine s'est amusé,
— qui le croirait ? — au moment des journées
de lévrier, à rédiger « les commandements de
la République »:
Le lundi tes armes prendras,
Et le mardi pareillement ;
Mercredi garde monteras,
Avec giberne et fourniment ;
Le jeudi, tu la descendras,
Avec le même accoutrement ;
Vendredi, tu recommenc'ras,
A patrouiller civiquement ;
Samedi, tu t'éveilleras,
Au son du rappel, vivement ;
Mais le dimanche, tu viendras,
Parader militairement ;
Et c'est ainsi que tu mourras
De faim républicainement !
Ces vers fantaisistes étaient écrits par le
grand romancier le 22 juin 1848. Balzac avait
environ cinquante ans.
Une anecdote à propos des journées de
Février, dont on vient de célébrer l'anniver-
saire...
Après le départ du roi, les Tuileries furent
d'un coup de maillet. Le boeuf roule à terre
avec majesté. )
Avis aux hommes politiques qui sont trop
fiers de leur popularité ! C' est le sort qui les
attend.
« On annonce, écrivait, il y a deux jours,
un courriériste théâtral, qu'un auteur améri-
cain vient de faire un vaudeville dans lequel
on serait incapable de trouver une seule fois
la lettre I.
» Ce jeu de patience est imité de Rondelet,
l'auteur de la pièce sans A... »
Notre confrère aurait pu ajouter que Ron-
delet, à cet égard, n'avait rien inventé. Il y a
beau temps que les tours de force de cet aca-
bit ont été imaginés.
On connaît les fantaisies de Banville et de
ses disciples accouplant, par exemple, faux
romantique avec forum antique. On eut des
distiques de cette force :
Un maître, en l'Univers cité,
Flambeau de l'Université...
Ces rimeurs impeccables — et impayables
— s'intitulaient « rothschildiens » pour mieux
faire apprécier la richesse de leur consonne
d'appui. Hélas ! ils furent vite distancés par
les « totalistes ».
Ceux-ci — leur nom l'indique — rimèrent
entre eux tous les pieds de chaque vers du
distique. Voici un quatrain dans la manière
totaliste ; il s'agit d'un valet qui fait la fête
dans les meubles de son maître absent :
Dans ces « bois » beaux, laqués,
Rideaux et dais moroses,
Danse et bois, beau laquais !
Ris d'oser des mots roses !
Comme rime, on avouera qu'il est difficile
d'aller au delà. Mais la rime et la raison sont
deux.
Tout autre est, pour en revenir à notre
point de départ, la prouesse lipogramma-
tique pure et simple, qui consiste à ex-
clure une lettre ou à la faire entrer de force
dans le vers.
Essayez un peu de lire à haute voix celle
qui suit. Elle est defruit des méditations en
mer d'un jeune poète belge qui, revenant de
Madagascar, employa les loisirs de la traver-
sée à rimer une suite à l'Atala de Chateau-
briand. L'intention est d'imiter le malgache,
riche en A. Pour la commodité de l'impres-
sion, nous la transcrivons en prose, mais la
rime marque suffisamment le veis :
A la chaste Atala, Chactas parla malgache :
« Vas à Madagascar ! clama Chactas l'Apache.
Pars! vas à Tamatave, à sa marâtre arrache
Sarah, qu'à sa casbah l'Arabe Abdallah cache. »
A Tamatave alla pas à pas la Malgache, la ga-
gna par la plage, à la casbah marcha, à Fat-
mah (la marâtre) à la hâte arracha Sarah, la
Sakalave; à Rabat la cacha.
Par là passa l'Arabe Abdallah, gras pacha.
Abdallah arracha Sarah à la Malgache. Atala
s'alarma, clama : « Ah! ma Sarah! A la pâle
Atala, laa! Abdallah t'arrache ! Ah ! Chactas!
Ah! Sarah! Barbare Abdallah! lâche! » Abdal-
lah la calma, parla l'arabe : « Ah! sache qu'à
ma smalah j'attache Atala la malgache, par ma
blague à tabac, par Allah, par ma vache!»
Fatal charme, à l'Arabe Atala s'attacha...
Passons la fureur de Chactas en apprenant
ce rapt et ses imprécations. Toujours est-il
que Chactas
... chargea sa caravane, arma sa garde apa-
che, gagna Madagascar, à Tamatave alla, rava-
gea la casbah par la flamme, à la hache la sapa
par la base, à bas la fracassa. Patatras! la
rasa, l'arda, la saccagea...
Et cela continue ainsi pendant des vers et
des vers... S'extasie qui voudra devant ce
charabia. Nous avons le mauvais goût de lui
préférer une strophe de Lamartine ou de
Musset.
L'éminent géologue Daubrée vient de nous
révéler que les montagnes ne dédaignent pas
de se déplacer de temps à autre. Il paraîtrait,
si l'on en croit ce distingué savant, qu'en
1854, à la suite d'un été pluvieux, le mont
Rossberg, en Suisse, se mit tout d'un coup à
glisser et abusa de son poids pour ensevelir
deux ou trois villages.
Nous avons actuellement, en France, une
montagne qui marche. C'est « le Gouffre »,
énorme masse de rochers située dans le Gard,
près d'Alais. Depuis huit jours, cette monta-
gne s'est avancée de plus de cinquante centi-
mètres, ce qui ne serait pas grand'chose pour
un bicycliste, mais ce qui, pour une monta-
gne, constitue un record du plus grand inté-
rêt.
Cet événement est d'autant plus inquiétant
que « le Gouffre » domine la ville de la Grand'-
Combe, dont la population minière, évaluée
à plus de six mille habitants, est dans des
transes légitimes.
M. Daubrée n'est pas autrement rassurant
dans ses explications. « Ce n'est point la pre-
mière fois, dit-il, que cette montagne se met
en marche et jette ainsi l'alarme parmi les ha-
bitants de la vallée de la Grand'Combe. Il y
a quelques années, on avait pu s'apercevoir
d'un léger glissement. Nos ingénieurs se mi-
rent immédiatement à l'oeuvre et l'on établit
un mur de soutènement que l'on pouvait con-
sidérer comme suffisant pour résister à la
poussée... »
Il paraît que le mur de soutènement bâti
par nos ingénieurs n'était pas suffisant encore.
Espérons qu'il ne se produira pas, pour les
travaux du « Gouffre », ce qui s'est produit
pour le réservoir de Bouzey, où nos ingénieurs
démontrèrent que le mur ne devait pas céder,
et que, scientifiquement, aucune catastrophe
ne pouvait se produire, ce qui n'empêcha pas
trois ou quatre cents malheureux de trouver
la mort dans cette catastrophe antiscientifi-
que. Car il y a beaucoup de choses antiscien-
tifiques en ce moment-ci, mais qui n'en sont
pas moins pénibles. Par exemple, il est tombé
près de Madrid un énorme bolide que la
science ne prévoyait pas et qui a causé des
désastres.
La question est de savoir si nos ingénieurs
ont le pouvoir d'arrêter des montagnes bien
décidées à marcher.
— Quoi qu'il se passe là-bas, disait hier à
Alfred Capus M. Rodolphe Salis, l'illustre di-
recteur du Chat noir, je montrerai à l'univers
que la butte Montmartre est capable de faire tout
ce que fait une simple montagne du Midi. Sur
un signe de moi, la butte Montmartre, dont je
suis le gardien, comme vous savez, se mettra
en marche et ira où je lui dirai d'aller. Vou-
lez-vous voir?
Nous n'insistâmes pas, afin d'éviter des ca-
tastrophes irréparables peut-être, mais nous
verrions un jour Rodolphe Salis partir en
tournée suivi de la butte Montmartre et aller
jouer en province la spirituelle revue du char-
mant poète Goudezki ainsi que les troublantes
chansons de Montoya et les délicieuses fan-
taisies de Zamacoïs, que nous n'en serions
nullement surpris.
M. Stéphane Mallarmé ne se plaindra pas.
Son texte pique l'émulation des commenta-
teurs. J'ai reçu une vingtaine de traductions
du sonnet que j'ai publié dans le dernier nu-
méro. Et comme je ne saurais les donner
toutes, sans lasser la patience du lecteur, je
me borne à imprimer la première qui me soit
parvenue...
Recueillez-vous et lisez...
TRADUCTION FRANÇAISE
DU SONNET DE M. STÉPHANE MALLARMÉ
Dame,
ne laissons pas éclater trop d'ardeur :
cette ardeur qui enflamme la rose lorsque cruel-
lement déchirée et lasse même de sa pure co-
rolle de pourpre, elle la délace pour y entendre
pleurer les gouttes de rosée que le soleil fait
briller comme le diamant.
Oui, pas de crises de pleurs : restons genti-
ment; qu'aucune brise ne passe dans le ciel
orageux, jalouse de nous" apporter de je ne sais
quel pays l'éclat très vrai du sentiment et de le
mettre en lumière (c'est-à-dire : nous n'avons
pas besoin d'autres sentiments que les nôtres :
ils pourraient nous troubler).
Dis, ne te semble-t-il pas que le poids des
années est bien suffisant sans qu'on y ajoute
encore la douleur excessive , les crises de
pleurs ; le poids des années dont la grâce re-
naît spontanément sur ton front.
Pour moi, je suis comme un éventail qui ré-
pand la fraîcheur dans une chambre : il s'étonne
qu'il faille ici si peu d'émoi pour raviver toute
notre amitié ancienne et monotone.
EURÊKA.
Avez-vous compris ?
Le diable, c'est que les autres traductions
que j'ai reçues ne s'accordent pas ensemble
et expriment des idées diverses et dissembla-
blés, ce qui ne laisse pas d'être inquiétant...
Décidément, M. Stéphane Mallarmé est un
homme trop profond.
Les beautés de la statistique...
Vous seriez sans doute fort embarrassés
d'évaluer le nombre des confetti lancés pen-
dant la journée du Mardi gras sur toute la
ligne des boulevards ? Le compte, en effet,
n'est point aisé à donner.
Un rédacteur du Gaulois a compté, de la
rue Drouot à la rue Taitbout, 140 marchands
de confetti. La vente moyenne de chacun a
été de 3oo sacs de 1 kilo, a 1 franc le sac, ce
qui donne 42,000 kilos sur un espace de 250
mètres, — et d'un seul côté du boulevard.
Pour les deux côtés, nous trouvons donc
84,000 kilos.
Prenons la statistique pour une étendue de
cinq kilomètres — y compris les rues adja-
centes des boulevards où la bataille des con-
fetti était très active — et nous trouvons
840,000 kilogrammes.
Plusieurs grands marchands allaient même
jusqu'à un million de kilogrammes.
On acompte 150 confetti pour un gramme.
Une simple multiplication donne donc le
chiffre fantastique :
1,500,000,000,000
soit 1,5oo milliards de confetti!
Et comme chaque sac de 1 kilogr. a une
hauteur moyenne de 0m 20, — la totalité,
évaluée à un million de sacs, aurait donné une
hauteur de 200,000 mètres, ou 666 fois la
tour Eiffel !
Allons ! il y a encore de beaux jours pour
la vieille gaieté française !
Balzac en 1848.
L'auteur de la Comédie humaine s'est amusé,
— qui le croirait ? — au moment des journées
de lévrier, à rédiger « les commandements de
la République »:
Le lundi tes armes prendras,
Et le mardi pareillement ;
Mercredi garde monteras,
Avec giberne et fourniment ;
Le jeudi, tu la descendras,
Avec le même accoutrement ;
Vendredi, tu recommenc'ras,
A patrouiller civiquement ;
Samedi, tu t'éveilleras,
Au son du rappel, vivement ;
Mais le dimanche, tu viendras,
Parader militairement ;
Et c'est ainsi que tu mourras
De faim républicainement !
Ces vers fantaisistes étaient écrits par le
grand romancier le 22 juin 1848. Balzac avait
environ cinquante ans.
Une anecdote à propos des journées de
Février, dont on vient de célébrer l'anniver-
saire...
Après le départ du roi, les Tuileries furent
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.98%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.98%.
- Collections numériques similaires Collections de l’École nationale des ponts et chaussées Collections de l’École nationale des ponts et chaussées /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPC000"
-
-
Page
chiffre de pagination vue 6/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k57095874/f6.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k57095874/f6.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k57095874/f6.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k57095874/f6.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k57095874
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k57095874
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k57095874/f6.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest