Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-05-14
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 mai 1914 14 mai 1914
Description : 1914/05/14 (Numéro 11034). 1914/05/14 (Numéro 11034).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/06/2008
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S LE MATIN =
CONTES DES MILLE ET UN MATINS
de Colette
LES COULEUVRES
Ce: sont :deux pauvres sauvagesses, arra-
chées, il y a quatre jours, à leur rive d'é-
tang,, à lueurs joncs frais, au tertre chaud,
craquelé., sous le soleil dont elles imitent
les couleurs fauves et grises. Elles ont
fait un voyage maudit, avec deux cents de
leurs pareilles, étouffées dans une caisse,
mêlées, bruissantes, et le marchand qui
me choisit celles-ci brassait ce vivant éche-
veau, ces cordages vernissés, démêlait d'un
doigt actif les lacets minces, les fouets ro-
bustes, .lés ventres clairs et les dos jas-
pés.
Ça, c'est un mâle. Et ça çest une
grosse femelle. Elles s'ennuieront moins,
si vous, les prenez toutes les deux.
Je rie saurais dire si c'est d'ennui qu'elles
s'étirent, contre les vitres de leur cage. Les
premières, heures, je faillis les lâcher dans
le jardin, tant elles battaient de peur les
ttarois de leur prison. L'une frappait sans
relâche, Ué son dur polit nez, le même
joint, de vitras l'autre s'élevait d'un jet
jusqu'au toit grillagé, retombait molle
domine'un verge d'étain en train de fon-
dre, et recommençait.. Leur offrir, à tou-
tes deux, la liberté, le jardin, le gazon, les
trous du mur. Mais les chattes veillaient,
gaies et' féroces, prêtes à griffer les écailles
vulnérables, à crever les vifs yeux 'd'or.
J'ai ,gardé les couleuvres, et je plains. en
elles, encore une fois, la sagesse misérable
des hôtes- sauvages, qui se résignent à la
captivité, mais sans jamais perdre l'espoir
de redevenir libres., La secrète horreur,
l'horreur occidentale du reptile ressuscite
en moi, si je me penche longtemps sur el-
les, et je sais que le spectacle de leur
danse obstinée, le mot sans fin qu'elles
écrivent contre la vitre, le mouvement mys-
térieux d'un corps qui progresse sans mem-
bres, qui se résorbe, se projette hors de
soi, ce spectacle dispense la stupeur.
Mais le mauvais charme s'évanouit dès
que je touche et saisis les couleuvres. Sè-
froides, suaves, elles désobéissent à
la main et on a plaisir à jouer avec leur
force. Le mâle, le plus mince, darde de
fous côtés sa tête agile, petite coiffe
jaune et noire, la flamme subtile de sa
langue. Il se tord, noue au bras son long
corps au ventre niellé de bleu, d'argent,
de blanc verdi, se déroule, palpe avec pré-
caution, du menton et de la gorge, la tié-
deur de la main, s'y arrête indécis, et je,
.sens dans ma paume palpiter son froid
petit cœur.
ucuia iauire mam, je retiens la forte fe-
melle autour de laquelle se rejoignent à
;.>ciae mes doigts. Elle est irritée, fouette.
de la queae et d# la tête, siffle comme uu
et je ne sais comment apaiser cette
colère inoffensive d'une bête qu'on a oublié
d'armer. Un rayon piquant de so'eil tom-
be sur mes genoux, juste à point pour que
j'y couche, malgré elles, les couleuvres.
Un long instant de lutte, de silence, de
chaleur l'immobilité, puis la détente
1« vivant ressort révolté- qui, tout à coup,
wde plaisir, espoir d'avoir, mieux que
Elles sont là, sur mes genoux, immobi-
les, et aux aguets. L'une se retient de la
queue au bras du fauteuil, laisse pendre
sa tête le long de ma jupe,' et tâte l'air et
l'étoffe des bouts de sa vibrante langue.
L'autre, roulée en corde molle, souffre à
présent que ma main la soulève, la guide
comme le cordonnet d'une passementerie
) nais elle tressaille et se bande, au moin-
dre, mouvement de la chienne couchée à
quelques pas. N'importe, c'est entre nous
la première trêve, l'heure ambiguë et
calme où nous pouvons, les couleuvres et
moi, escompter celles qui suivront il me
semble déjà qu'elles s'humanisent, et elles
.7-ï-oient que je m'apprivoise.
L'HOMME AUX POISSONS
Le petit homme attendait la fin de la
(rfuie, et moi la fin de la panne, dans te
petite café de X.-sursX. De temps en temps,
:'un de nous deux soulevait le rideau et dé-
couverait un coin de la rue villageoise en
pente, des pavés en tête de chat, bleus de
pluie, un jardinet tendre et vert, fouetté
par l'averse, un ruisseau qui charriait des
lieurs de lilas. Et nous soupirions ensem-
ble. A la fin, il me dit
Riche temps pour une matinée. Las
music-halls de Paris font au moins sept
mille, un dimanche contme ça.
Etonnée, je regardai le petit homme, en
m'avisant qu'il n'avait rien de rural et
qu'une valise 'fatiguée s'étayait au pied de
sa chaise. Il souriait, d'une laide. bouche
étrange, violacée et détendue,. et., toute sa
figure souriante était, ides yeux injectés aux
lèvres tuméfiées, celle d'un homme qui
vient de sangloter violemment. II continua,
heureux. de parler, d'entendre sa voix
graisse, facile, et râpée de, bonisseur:
J'attends mon train de 5- heures et de-
n'est pas que mon bagage craigne l'eau.
Il eut un coup d'oeil sur sa valise, se pen-
oba de l'autre côté sur un colis invisible
qu'il ramassa et posa sur la table un seau
de .verre où tournaient trois poissons rou-
gens.
–•Ça, c'est mes poissons, déclara-t-il.
Napoléon eût dit avec moins d'emphase
et Mes soldats » Et je commençai à -penser
soudain qu'ji n'y a pas de fous inoffensifs..
Le petit homme se tut quelques instants,
comme s'il jouissait de mon malaise, avant
de s'expliquer
Mes poissons, madame Et quand je
dis qu'ils sont à moi, il ne peut.pas y en
avoir de plus à moi. Ils me, connaissent,
par dedans comme par dehors, ils savent
comment je suis fait, pour cette bonne rai-
son que je les avale une moyenne de deux
fois par jour.
Vous les., quoi ?
Je les avale, madame. Oh*! soyez sans
inquiétude, je les rends! Je.' suis artiste,
ajouta-t-il plus bas, sur le ton modeste et
vaincu d'un grand homme qui.,renonce à
l'incognito. J'avale mes trois poissons et je
les rends vivants, après les avoir conservé''
une demi-heure dans mon estomac. Il leur
faut deux litres d'eau, que j'avale en même
temps, pour leur satisfaction. Je pourrais
même les conserver plus longtemps^ mais
le public s'impatienterait, et puis le poisson
rouge n'aime pas l'obscurité. Tel que vous
me voyez, je m'en vais de ville en ville
avec mes poissons, mes mêmes poissons
depuis trois ans, madame.
Autrefois, je faisais des'engagements
dans les music-halls. J'ai passé .à. Lyon, à
Bordeaux, partout Et puis je me suis fa-
tigué de penser que les managers gagnaient
des fortunes sur mon dos pensez, un nu-
méro unique au monde et je; me suis
mis à mon compte.: Je vois du pays, en petit
touriste, sans me presser. Ma valise d'une
main, mes poissons de l'autre. J'arrive
dans une ville, je m'informe du café le
mieux fréquenté. Deux affiches contre les
vitres, un roulement de tambour au (besoin,
et j'opère. J'avale mes deux litres d'eau,
et houp mes trois poissons comme vous
goberiez trois fraises. Pendant une demi-
heure, j'occupe le public avec un peu de
prestidigitation, des petites bêtises, des
tours de cartes, et à l'heure fixée, bloup
voilà mes poissons ressortis comme il?
étaient entrés Après quoi je fais la quête
autour de l'assistance, et je vous garantis
qu'un billet de quinze francs ou même un
louis est vite ramassé. Hein ?. vous en
êtes comme les autres, vous en restez as-
J'avoue que.
Et je regardais tour à tour, sans trouver
de paroles, les trois poissons tournoyants,
la bouche violacée aux lèvres molles, puis
les poissons, puis la 'bouche.
-Et je vais encore vous en dire une
plus forte continua l' « artiste
Mais. je ne voudrais pas vous retar-
der.. votre train.
J'ai le temps, j'ai le temps La gare
est à deux pas, et voilà le soleil. Une plus
forte que tout mon estomac, vous m'en-,
tendez bien, mot* eh bien, il est
après ma mort, par la Faculté de
médecine A preuve.
Il ouvrit son pardessus, atteignit un por-
tefeuille vert, orné d'un trèfle en faux ru-
bis.
Tenez, voilà la carte, regardez les
timbrés, l'en-fête, et tout. Cette carte-là, je
la fais passer dans l'assistance après mon
exercice, moyennant deux sous mais nous js
sommes ici entre voyageurs. Mon cas est
une poche stomacale, reprit le petit hom-
me sur son ton de bonisseur, une poche sto-
macale dont la présence fut révélée par la.
radiographie j'ai trente-deux ans, je jouis
d'une bonne santé, je peux manger toutes
choses réputées lourdes et même du ra-
goût, à cette seule condition de ne faire
qu'un repas par jour.
Ah vous ne faites qu'un.
=- Un seul 1 Darne, chuchota l'artiste en j
inclinant vers moi un insoutenable sourire,
vous concevez, si je ne.
Oui, oui, m'écriai-je, j'ai compris.
N'ajoutez rien, n'ajoutez rien
Il éclata de rire, me salua rondement et
s'en alla, portant d'une main sa valise, de
l'autre le seau d'eau un peu trouble, et je
demeurai seule dans le petit café, devant
un verre de bière où je m'obstinais à voir
tournoyer trois poissons rouges.
Colette
(Traduction réservée.)
l'homme bien habillé
HABILLE BIEN
17, Boulevard Montmarfre, 17
THÉÂTRES & CONCERTS
A l'Opéra-Comique,
savetier du Caire,
conte gaiement ses merveilleuses aventures
Voici un ouvrage délicat, spirituel et joli,
qui, sans se départir jamais d'une haute
tenue d'art, n'a d'autre ambition que dE
nous plaire, de nous charmer, de nous di-
vertir, et qui y réussit par sa vivacité, sa
grâce et sa distinction. A l'heure de tumul-
tueuse violence lyrique et symphonique où
nous sommes, il constitue vraiment une re-
marqqable exception. Qu'il soit donc le bien-
venu
Au Caire,. Marouf, très pauvre homme, est
savetier. Pour fuir Fattounîa, son acariâtre
épouse, il s'embarque à Damiette et vogue
vers des pays lointains. Mais une tempête
se déclare, interrompt cette équipée, le jette
sur un rivage. Ali, compagnon d'enfance,
l'accueille, le présente à ses amis comme un
grand marchand étranger que son immense
et somptueuse caravane va rejoindre là. Le
sultan veut le marier à la princesse Saa-
meheddine, sa fille, qui, immédiatement,
s'enfuit avec lui. Laboureur, maintenant,
Marouf trouve, caché sous la tertre, un tré-
sor que les génies changent aussitôt en la
fabuleuse caravane. Et quand le sultan ac-
court, afin de punir les coupables, l'amas de
richesses calme sa colère. II n'a plus cra'à
chanter la gloire d'Allait.
L'amusant livret que -NI. Lucien .Népoty a
tiré de la si curieuse et .si, savoureuse tra-
duction des Mille et une tiuits du docteur
Mardrus convient parfaitement à la musi-
que. Il a fourni au talent de M. Henri Ra-
baud l'occasion de se manifester pleinement
et victorieusement. Ce talemt, de source tou-
te classique, possède une netteté, un équili-
bre, une fermeté dont la Fille de Roland
nous donna le premier exemple. A ce que
l'on en connaissait déjà s'ajoutent une légè-
reté, un éclat, une allégresse qui le moder-
nisent sensiblement, mais ne lui ôtent rien
de sa mesure, de sa logique anciennes. La
partition. de Marouf, malgré l'orientalisme
marqué de ses mélodies aux onduleuses vo-
calises, de ses. brillantes couleurs instru-
mentales, garde une facture essentiellement
française. Sans être le moins du monde -im-
personnelle ou retardataire, elle continué la
tradition de notre race. Elle n'enrorunte au-
cun procédé harmonique ou polyphonique à
Wagner ni aux Russes. Elle s'apparente
plutôt, par ce qu'elle a de pittoresque et
d'expressif à la fois, aux Indes galantes, de
Rameau. C'est ce caractère national qui, il
mon avis, la rend très significative et c'est
sur quoi j'ai voulu insister. Elle remporte
d'ailleurs un beau et juste succès.
M. Jean Périer fait du rôle principal une
étonnante création. Il le joue, le nuance en
grand et admirable comédien. Mlle Davelli.
fine et souple artiste, compose exquisement
celui de la princesse. Mlle Tiphaine figure
souhait Fattouma la calamiteuse. M.
Veille, tantôt rude, tantôt tendre, est un
imposant sultan M. Delvoye, un joyeux
vizir. MM. Vigneau, Mesmaecker, Azéma,
Cazeneuve, Audoin, Payan complètent l'ex-
cellente distribution. Dans les sonorités sub-
files d'un délicieux ballet, Mite Sonia Pavi-
loti et M. Quinault bondissent au mieux.
Les décors et les costumes .ont une sédui-
sante variété de ton qui accroit l'attrait in-
cessant de la mise en scène. M. Ruhlmann
ne laisse dans l'ombre aucun détail de l'or-
chestration .poétique, chaude, étincelante à
laquelle est allée une bonne part des apr
AUTfiH) BïUJNEAU.
Aujourd'hui j
Opéra. {Ballets russes). ̃ A' 9 heurtes, pre-
mière:de la Ligeiide -de Joseph, musique de jd. j
Richard Strauss, et des Papillons, musiquè de
Schumann..
Apollo. A 8 h. 3/4, répétition générale de
Cartouche.
Renaissance. -A! heures, Aphrodite [Cota
Laparoeri-e et'la danseuse Isis dans le cruci-
fiement).
^Théâtre Impérial (5. rue du Colisée). Mati-
née\et soiréé avec G. Webb, L. Darlys, De-
dans les Nuits de Paris Kikizettc Mme Can-
daule Trois contre un.
Grand-Guignol. le Siège de Berlin, j
Université des Annales. A 2 heures, le
Chant descriptif dans la musique moderne »,
conférence par M. Reynaldo Hahn. Exemple^
chantés par le conférencier. A 5 heurtes, « le
Vrai et le faux chic D, conférence par M. Sem.
Projections.
Informations diverses
Chez les auteurs. La commission de la So-
ciété des auteurs et compositeurs dramatiques
a procédé hier à la formation de son bureau.
M. Robert de Flers ayant, nous l'avons dit, dé-
cliné toute candidature pour la présidence
pendant ce nouvel exercice, la commission a
nommé M. Hennequin président et MM. Emile
Fabre, Romain Coolus et Leroux, vice-prési-
dents. Le bureau est ainsi complété MM.
Trarieux et Robert Charvay, trésoriers ;-MM.
Henry Kistemaeckers et Hirchmann, secré-
taiTes M. André Rivoire. archiviste.
Athénée: Je ne trompe pas mon 'mari.' de
MM. G. Feydeau et R. Peter. Succès de rire.
Théâtre Réjane. C'est demain vendredi i
soir que sera donnée Ia première du film »
de V Expédition Scott.
Théâtre Michel, Les trois dernières repré-
sentations du Talion, la très'belle et très cu-
rieuse pièce de M. Henri de Rothschild,feront,
salle comble si on en juge par l'affluence des
spectateurs des jours précédents. Samedi soir,
dernière irrévocable du Talion.
Folies-Dramatiques. Dernières de la Revue
réaliste! Ceile Qui assassina! 23 courant.
Pour la CHEVELURE
RIEN NE VAUT LA
Les Ballets russes
̃A propos de la création de la Légende
de Joseph, le grand compositeur Richard
Strauss écrit ce qui suit
.Je. dois diriger ce soir, à Paris, ma
Légende de 'Joseph. C'est la première fois
qu'une de mes œuvres est créée Paris,
où l'on me témoigne depuis longtemps beau-
cqup de sympathie et qui a lait un magnifi-
que accueil à ma Salomé.
1 Mais ce n'est pas la première fois que je
dirige ma musique à Paris j'ai eu ce plai-
sir, il y a quelques années déjà, aux concerte
Colonne et aux concerts Chevillard c'est di-
'• ré que j'ai eu l'occasion..d'observer de près
les grands orchestres parisiens et d'en cons-
fater la haute valeur. D'ailleurs, j'ai toujours
apprécié la musique française et me suis
sans cesse efforcé de la propager en Allema-
gne. J'estime qu'elle contraste très heureu-
sement avec la nôtre et que les particulari-
tés diverses et opposées de ces deux grandes
écoles s'harmonisent admirablement.
J'ai dirigé la première exécution, à Ber-
lin, du Sarnson et Dalila, de
j'ai monté, il y a quinze ans, la Briséis, de
Chabrier les noms de Vincent d'Indy, De-
bussy, Charpenlier, Dukas ont souvent fiw-
ré sur .mes programmes, et le monde musi-
cal, connaît ma fervente passion pour Ber-
lioz, trop peu joué en France, hélas
La 'Légende de Joseph est le premier bal-
l'et que j'ai composé il j a quinze ans,
j'avais, en admirant des peintures de Wat-
teau, de Fragonard et de Boucher, projeté
un ballet anacréontique dans le style de ces
maîtres charmants, mais j'y renonçai en-
suite. Or, il y a environ un. an, le comte
Kesslet me dit « Vous n'avez pas vu les
ballets russes ? C'est une manifestation
grandiose, une entreprise artistique d'im-
portance considérable c'est le bouleverse-
ment.de toutes nos idées, esthétiques, plas-
tiques, picturales et même musicales. Il est
indispensable que vous participiez à ce mou-
vement. »-Il fut si chaleureux qu'il me com-
muniqua sa flamme et, après une entrevue
avec le directeur des Ballets russes. M. Ser-
ge Diàghilew, je me mis au travail sur un
scénario dû à la collaboration du comte
Kessler et du poète Hugo de Hoffmansfhal.
'Ce n'est que six mois après avoir commen-
cé mon ouvrage qu'il me fut donné d'assis-
ter à un spectacle des Ballets russes.
Pourquoi, me demandai-je, ce mot de bal-
lets inscrit au fronton de leur théâtre ? Ce
que je voyais dépassait tout ce que j'avais
pu imaginer j'eus la révélation soudaine
d'un art nouveau, nouveau dans l'ensemble.
nouveau dans les détails, d'un art que je ne
soupçonnais pas.
Michel Fokine, qui a réglé la Légende de
Joseph, est l'âme même des ballets russes
1 c'est un homme prodigieux metteur en scé-
ne, chorégraphe, danseur, musicien, pein-
tre, sculpteur et poète, il est tout cela suc-
cessivement et la fois, imposant son vou-
loir et sa fantaisie géniale aux plus beaux
êtres humains que j'aie vus, véritables sta-
tues vivantes et pensantes.
M. J.-M. Sert, le fastueux décorateur et le
grand peinture Bakst ont une part énorme
dans la réalisation de l'œuvre. Mme Marie
Kousnezoff prêtera l'attrait de aa. beauté et
de son jeu si vivant au r6le terrible et ma-
gnifique de l'épouse dé Putiphar, et M. Léo-
hide Miassine, par sa mimique admirable
où rien n'est profane, où tout est élevé et
pur, réalisera impeccablement le Joseph de
Le public parisien assistera donc ce soir
une grande et.noble réalisation scénique,
une de. celles auxquelles le poète, écrivain
ou musicien, est heureux et fier d'avoir don-
Richard STRAUSS.
Une fête originale
La 50e' de Pétard, la pièce retentissante de
M. Henri Lavedan, vient d'être fêtée, et cette
fête ne fut pas banale.
Aux, soixante-dix artistes attablés sur la
scène, durant que Lucien Guitry prononce
l'admirable discours qui lui vaut chaque soir
une ovation, on a servi le champagne. A ces
artistes s'étaient jointes nombre de personna- j
lités très parisiennes, très amusées de leurs
rôles de figurants, et Pétand a été furieuse-
ment acclamé, à la fois sur la scène et dams
la salle.
Une large part de ces acclamations s'adres- »
sait à la charmante Jeanne Desclos, à Louis
Gauthier, à Mauloy et à Mlle Beylat, la nou-
velle étoile, dont les débuts dans Pétard ont
fait un pétard » énoarae.
Où ira î'JîrUsienne ?
Les héritiers de Daudet ont décidé de retirer
l'Arlésienne de l'Odéon, voulant donner le
privilège de cette belle œuvre à l'établisse-
ment de Paris faisant les plus fortes recettes.
Pourquoi le concert Mayol ne serait-il pas
choisi pour jouer en galas spéciaux cet im-
mortel chef-d'œuvre? Les bulletins officiels de
l'Assistance publique constatent que depuis
la première de la revue Venez 3\cntir! les
recettes ont atteint des chiffres invraisem-
blables.- Hier encore, plus de cinq cents per-
sonnes _ont été refusées faute de places. Tout
Paris va au concert admirer les « quatre
Circassiennes », les cent plus jolies artistes
de Paris, et les comiques les plus réputés. Au-
jourd'hui jeudi, à 2 h. 1/2, matinée avec la
même distribution* que le soir.
Aujourd'hui
Chez Touche.- 3 h. Musique de chambre. 0 Il.,
la Walkyrïe (1" acte intégral), 25, bd Strasbourg.
Ba-Ta-Clan. Matinée à 2 h. de l'extraordi-
naire revue de MM. Celval et Gharley Y a
de jolies femmes le grand succès de la saison
iQid. (Tél. Roauette 10-12}.
Gaumont-Palace-Hîppodrome. A
14 h. 30, matinée de gala. Spectacle de
famille Faniomas le faux magistrat,
grand drame d'aventures tiré des ro-
mans de MM. Pierre Souvestre et Mar-
cel Allain le Chrysanthème rouge,
comeate coloriée. Les l'honoscenes Gaumont.
Merveilleuses vues en couleurs naturelles par le
« Chronochrome Ganmont Attractions sensa-
tionnelles.
Loc. de 10 h. à 12 h., et de 15 h. à 17 h.
Téléphone Marcadet 16-73.
Au Colisée. En matinée et en soirée, les
2 dernières de faniomas le faux magistrat. Qn'on
se hâte Loc. sans aug. Tel Wagram 9Q-46.
Au Magic-Cinéma-Palace. 2 Il. 30 le Faux
Magistrat (Fantomas inédit), Visions de Rome,
Pathé-journal, etc.
Ambassadeurs.- Demain, il. o Il. réouverture
avec Jane Pierly, Dranem et Léoni.
5 dernières représentations de
l'Orgie à Babylone
Moulin-Ronge
(Dimïhclie prochain, dernière matinée
dernière soirée).
Bal Tabarin. Samedi, prochain le célèbre
danseur Frank Veedy et l'exquise miss Déridder
créeront le rouli-rouli. A minuit et demi, la
fastueuse et triomphale fête grecque.
La Pie qui Chante.
Fursy à la. Pie
̃̃̃ Fuisy 'chatte.
Farsy chansonnier rosse
Fursy tous les soirs
Succès! Succès!
Infanterie coloniale
Le Arnaud, du 24» rég.. est désigné pour
servir aux troupes d'occupation du Maroc occiden-
tal, par permutation avec le capit. Barreau, du 24o
rbg., qui est maintenu audit régiment.
Etat-major général
Le général, de brigade Fayoile, disponible, est
placé dans la 2» section (réserv-e), du cadre de-
l'état-major général dû l'armée.
Prochaines décorations
aa titre faits de guerre »
Les militaires «vmptani des faits de guem à
leur actif soit au Maroc soit aux colonies et pro-
posés à ce titre soit pour la croix ou l'avancement
dans lx Légion d'honnenr, soit pour la médaille mi-
litaire, n'auront pas à attendre les nominations du
14 juillet et vont bénéficier d'une promotion extra-
oMinaije.
La Croix-Rouge au Sénégal
Pour la première fois la Croix-Rouge va faire
son apparition en Atriqrue occidentale..Six dames
infirmières vont êtee affectées aux hôpitaux du
Sénégal.
Les sénégalais d'Algérie et du Maroc
ne souffriront plus du froid à Marseille
Du fait de la suppression d'un courrier, un cor-
tain nombre de sénégalais, comportant des conva-
lescents, des femmes, des enfants, envoyés du Ma-
toa au Sénégal ,via Maxseillo en février dernier,
étaient demeurés en panne dans ce dernier port,
précisé.ment au moment des froids. Il y avait là
dans l'organisotion une lacune dont s'est ému le mi-
nistre de la guerre. M.Noulens vient de faire oonnaî-
tre aux autorités militaires intéressées qu'il a con-
elu une charte-partie avec une compagnie de na-
vigation (Compagnie' Paquet) pour le rapatriement
direct à Dakar des tirailleurs sénérala's employés
en Algérie et au Maroc, et de leurs familles.
Les Anciens du 6e cuirassiers j
La réunion mensuelle des Anciens du 68 cuiras-
siers aura lieu, aujourd'hui jeudi, au siège social,
41. Faubourg-Montmartre, à neuf heures du soir.
La soirée se terminera nar une partie artistique.
MARINE
Destinations
Le médecin de 1" cl- Caudiotti, de Toulon, est
désigné pour embarquer sur le Condé; le médecin
do lre cL Lancelin, de Brest, est autorisé à servir
temporairement à Lorient.
IACAUSE DE LEURS I HFVEUX- GRIS 20.000 PERSONNES
Oiïï PERDU LEUR SITUATION EN UN AN
Et cependant les cheveux gris ou flétris peu-
vent être facilement rendus à leur
j couleur naturelle
C'est un fait lamentable que des hommes
.et des femmes aux cheveux gris se trouvent
dans l'impossibilité presque absolue de se
procurer un emploi, quelles que puissent
être leurs qualifications. Ici même, en Fran-
ce, des milliers d'hommes et de femmes per-
dent chaque année leur sït-uation..umquement
cause de leurs cheveux gris. Cependant, de
nos jours, les personnels grisonnantes n'ont
aucune excuse à alléguer. Des résultats mer-
veilleux ont été obtenus en rendant aux chef-
veux gris leur couleur naturelle, qu'elle ait
été blonde, châtain ou noire, par l'emploi de
Kalamax pur, préparation qui est d'autre
part extrêmement précieuse pour arrêter
les pellicules, la chute des cheveux et pour
en stimuler une nouvelle pousse. Quand on
le frotte sur la peau, le Kalamax n'y laisse
plis plus de trace que de l'eau, et pourtant
son-action sur les cheveux est véritable-
ment merveilleuse. Il est inoffensif, peu' coû-
teux, et on peut se le procurer chez tous les
bons pharmacien. Evitez l'emploi de tein-
tures dangereuses particulièrement celles
à base de plomb car non seulement elles
abîment les racines des. cheveux, mais elles
en causent la chute et conduisent à la cal-
vitie. L'effet artificiel et comme «peint»
qu'elles donnent aux cheveux est facilement
reconnu et ne peut qu'occasionner des ré-
flexions défavorables. Le Kalamax rend aux
cheveux gris leur couleur originelle exacte
dans l'espace de une ou deux semaines, et
nous pouvons consciencieusement le recom-
mander aux lecteurs.
RHUM WEGHITA >'=,
UN MOTEUR EXPLOSE
Rue de Vaugirard, un camion autamcxbitej
roulait, hier après-midi.
Tout à coup, un fracas épouvantable rc-
tentit. Le moteur du véhicule venait de faim
explosion. Le volant, le capot et d1fférentes
pièces du moteur, réduits en. miettes, vin-
rent briser les glaces de la devanture d'un'
magasin de chaussures, l'angle de.là'rn^
delà Convention.
Personne, heureusement, ne fut griève*
ment blessé. Seul, un bambin de huit ans,
Louis Renoux, fut légèrement atteint; au^
jambes par des éclats de verre. Après, pajw
sèment dans une pharmacie, le petit Louia
regagna, en compagnie de sa mère, le danii-<
cile paternel, rue de Lourmel.
| Les musiciens quittent la G. G> T*
Cette tois la décision est définitive.
Le Syndicat des artistes musiciens quitte
la C.G.T.
A vrai dire, les liens qui l'y rattachaient
avaient toujours été des plus fragiles et de-
puis de longs mois la scission était devenue
inévitable à la suite d'un conflit financier et
de divergences de tendances.
Un referendum avait été organisé
1.070 voix contre 257 se prononcèrent en fa-
veur de la rupture.
BIEN RAISONNÉ
Je crois ce qui m'est prouvé, dit le pu-
blic. Les attestations signées par les per-
sonnes guéries par les Pilules Pmlc mû prou-
vent que ces Pilules Pink guérissent. Si ce-
attestations, qui ont été contrôlées souvent
par les reporters des plus grands journaux,
n'étaient pas d'une rigoureuse authenticité,
les journaux ne les publieraient pas, ou
bien 'il y aurait des protestations. » Les
attestations délivrées aux Pilules Pink sont
publiées quotidiennement par les journaux
depuis plus de vingt ans:
Voici une attestation de plus. Elle émane
de M. Pélissier, propriétaire du café Char-
les-VII, à Espaly (Haute-Loire)
« Ma fille, écrit-il, était anémique. Elle,
avait perdu ses bomies couleurs, son ap-
petit était devenu capricieux, son humeur
morose. L'enfant dépérissait et tous les re-
mèdes qu'elle avait pris étaient restés sans
effet. J'ai voulu, alors, qu'elle prenne les
Pilules Pink et rna. fille s'en est bien trouvée.
Après un traitement de quelques semaines,
ma fille était tout a fait rétablie. »
On trouve les Pilules Pink partout.
et CHANTIERS. C«Comment neutraliser l'acide
si dangereux de l'estomac
A part les médecins, peu de gens se ren-
dent compte de l'importance qu'il y a à
empêcher la fermentation acide des ali-
ments dans l'estomac. Il est impossible que
la digestion se fasse d'une façon normale
si la muqueuse délicate de l'estomac est
enflammée ou distendue sous l'action d'une
sécrétion acide trop abondante ou d'une ac-
cumulation de gaz résultant de la fermen-
tation des aliments. Pour s'assurer une di-
gestion parfaite, il faut arrêter ou. prévenir
la fermentation et neutraliser l'acide. Les
médecins généralement recommandent poux;
cela de se procurer chez le pharmacien une
petite quantité de magnésie bismurée, et
d'en prendre immédiatement après les repas
la valeur d'une demi à une cuillerée à café
délayée dans un peu d'eau chaude ou froide.
Ils recommandent la magnésie bisnxurèfii
parce qu'elle est- agréable à prendre, nu
cause aucun malaise, arrête instantanément.
la fermentation et neutralise l'acide ainsi
la nourriture acide est rendue fraîche et ai-
sèment digestible.
.L'emiîioi.- régulier :de,,Ja' maguésir bisîîrUïc
rée il vous faut bien de la magnésie-
réellement bismurée, car les autres n'ont
que peu de valeur t– est une garantie ab-
solue de digestion normale, car elle combat
victorieusement l'accumulation d'acide et
empêche même sa formation, qui, seule, est
cause de tous les maux.
/«OU 1 g E$ï et l'on se porte bien.
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un Grain de Vais
au repas du soir régii~
larise les fonctions
digestives.
WPA STEURISA TEUR |
MALLIÊ
ISS, Sua du Faubourg Poissonnière. PARIS
M dans !es bonnes maisons d'artides de ménage §1
FEUILLETON DU « MATIN »,
DU 14 MAI 1914
Rouletabille à la guerre
GRAND ROMAN INEDIT
LIVRE DEUXIEME
LE CHATEAU NOIR
VI
TRAVERS L'ENFER
Tonnerre Moi j'en ai, mais je ne
Jeux pas faire un mouvement. je ne peux
pas me. retourner. Comment monter, main-
tenant ? Comment descendre ? C'est épou-
vantaWe Mais qu'est-ce qu'il y a en bas ?
(¿n'est-ce qu'il y a ?. Qu'est-ce qu'il y a ?.
Veux-tu me lâcher Veux-tu me là-
•]j«- hurlait. La Candeur. C'est Priski
fui va me faire tomber Là. tu n'es pas
inieùx comme ça Tiens-toi donc tran-
Et, en même temps, on entendait le râle
r'xtraordinaire de Priski et aussi un effroya-
ble gémissement Duchtoum Duchtoum
C'est l'homme qui totnbe fit Athana-
sov. L'homme dit qu'il tombe
Eh bien qu'il tombe Mais qu'est-ce
que tu as, toi, La Candeur ? demandait Rou-
letabille, très effrayé par son ami.
C'est Priski. Priski qui a glissé et
if a Jailli me faire tomber avec lui, l'animal.
.le ne sais pas ce qu'il y a Si encore on
Totts droits tl'aâaptatton rôserrée pour tons pays.
CosYtighi by Gaston i»9ex tsii.
y voyait clair Ou si on entendait ce qu'il
dit. Qu'est-ce *que tu veux ?
Enfin, le râle singulier de Priski cessa et
on entendit qu'il essayait de prononcer des
paroles. paroles qu'il n'arrivait pas à for-
muler à cause de sa terreur.
Enfin cela sortit.
teau. ur couteau
Et il répéta furieusement « un couteau
un couteau L.. pendant que l'autre voix
d'épouvanté grondait effroyablement, sour-
dement, désespérément Duchlourn Ducip-
toum (je tombe je tombe !)
Passe donc ton couteau à Priski, gron-
da Rouletabille, et que ça finisse
Tu es bon, toi Sï tu crois que c'est
commpde Il a failli me faire tomber, ton
Priski de malheur, et maintenant le voilà
penché sur le croc, je ne 'sais pas ce qu'il
y a L.. Tiens le voilà, mon couteau Où
est ta main, Priski ?.. Où est ta main' ?.
Me répondras-tu ?. Mais où est ta main,
bon sang de bon sang Ah moi, je ne
peux pas me pencher davantage L.
Un couteau un couteau
Duchtoum Ductttoum
Eh bien tu le tiens, mon couteau
Ça y est, oui T'es accroché quelque part ?
Où que c'est que t'es accroché ?. C'est-il
bientôt fini c'te comédie-là ?. Si je n'avais
pas eu la corde d'Athanasov pour me rete-
nir, je serais propre, moi, mamtenant, con-
tinuait de monologuer La Candeur.
Ahahah .Ahahah I Ah
Quelle est cette nouvelle horreur de
cri ?.
L'oubliette n'est -.plus qu'une atroce cla-
meur « ahahahohah
Mais qu'est-ce que tu fais, Priski
Diras-tu ce que tu fais, bon sang ?
Et comme l'atroce clameur un instant
s'était tue, on entendit la voix sifflante de
Priski qui disdit
t- Cesi l'homme quai tombe qui ne vmâ
passage. m'a presque assommé sur mon
croc et contre le mur.
Ahàhahahah "'̃̃̃"̃̃̃
Oh mais, c'est abominable, des cris
pareils
C'est lui qui crie.
On l'entend bien Qu'est-ce qu'il a ?
II a qu'il ne veut pas me lâcher la
main. Il est pendu à ma main 'Alors je
lui scie la sienne.
Ahahah 2 ahah ahah L..
l'homme eut cessé de crier, ce qui demanda
un certain temps car il ne lâcha,la main du
majordome que lorsque celui-ci eut sufflsatii)-
ment travaillé avec le couteau de La Can-
Heureusement, tout a une fin, même la ré-
sistance désespérée de celui qui ne veut pas
mourir au fond d'une oubliette.
Priski retrouva son équilibre sur son croc
de fer La Carideur rentra en possession de
son couteau, l'essuya soigneusement et pas-
sa sa boite d'allumettes à Athanasov qui. n'a-
vait jamais rien de ce qu'il lui fallait.
Athanasov alluma sa lanterne et éclaira',
Rouletabille qui commença de gravir l'esca- j
lier.
Les autres le regardaient avec une anxié-
té croissante mais, lui,, ne regardait per-
sonne.
Il avait grand soin de détourner ses yeux
du vide et fixait la pierre autour de lui, au-
dessus de lui, mais le vide était là, quand
même, le vide le tirait par le bas de son pan-
talon, il le prenait au col de son vêtement.
Le vide voulait lui faire tourner la tête.
Du haut en bas de son individu, il agrip-
pait RouletaJaille, it l'étreignait à l'étouffer i
II lni parlait aussi il .lui disait à l'oreille
« Viens 'Viens avec moi, tu sais bien que
tu ne peux pas te passer de moi, que tu ne
peux pas Me pas penser à moi que je suis si
près. si près.
Rouletabille accéléra sa marche au risques
de trébucher. Il sentait son ennemi devenir
plus fort, plus tenace, plus irrésistible Al-
lait-ii le jeter lui aussi sur les crochets dé
fer.? en faire un de la grappe infernale '?
Le sang aux tempes, les artères bourdon-
nantes, il courut, il s'élança, il jeta ses
mains à une échelle qui était dans la pierre,
au haut de l'escalier, presque contre la pla-
que d'orifice
Il était temps
Il poussa un long soupir auqu.el répondît
un autre soupir en bas, celui de La Can-
deur qui, les yeux fixés sur son copain là-
haut, es,avait .oublié son propre'équilibre
et qui, se maintenant à peine_d"une jambe à
son croc de fer, suivait, penché, tous les
mouvements de Rouletabille, les-bras éten-
dus comme pour le recevoir, s'il était arrivé
un .malheur L.
Désormais, Rouletabille était fort II dit
aux autres, de là-haut
Je ne vous souhaite pas de passer par
où je viens de passer, à moins d'être cou-
vreur Et encore Vous. monterez avec
la' corde
En effet, il attacha la corde à l'échelon et
ia, jeur jeta.
Puis, se tenant d'une main à cet échelon,
il repoussa au-dessus de sa tête. la plaque
qui fermait l'oubliette. il essaya de la sou-
lever. mais elle était vraiment lourde et
tioulétabille était épuisé.
Alors, La Candeur laissant là M. Priski,
qui se mit à gémir, et brûlant la politesse
Athanasov, La Candeur grimpa comme
un orang-outang à cette corde que venait
je jeter son camarade, posa un pied sur
ane marche de l'escalier derrière Rouleta-
bille et, avançant un poing formidable en-
dessus de sa tète, souleva la plaque comme
une galette.
Vas-y maintenant, petit père. As pas
peur L.. C'est bon pour moi de trembleur,
mais écoute d'abord si t'entends rien L-. et
zyeute partout
Le reporter était du reste assez prudent
pour se passer des conseils de La Candeur.
Il ne quitta son poste d'observation que
lorsqu'il fut certain de ne risquer aucune
surprise.
La Candeur lui dïsait
Prends ton temps petit père. Je ne
suis pas fatigué, tu sais 1
Rouletabille se glissa enfm sous la plaque
et sortit de l'oubliette. Quelques secondes
plus tard, il jetait à voix basse aux autres
Sortez
Et tous sortirent sains et' saufs de cet
affreux boyau, de mort où ils venaient de
passer des minutes qu'ils n'oublieraient de
sitôt.
Vil
Y SUR LES TOITS
La Candeur respirait trop bruyamment au
gré de Rouletabille et fut prié de comman-
der aux mouvements de son thorax Atha-
nasov roulait les cordes en silence, songeant
apparemment qu'ils n'étaient encore qu'au
commencement de leur besogne M. Priski
les regardait tous trois avec admiration
Je ne sais pas ce qu'il adviendra de tout
ceci, confessa-t-il, mais comme on. dit en
Transylvanie, vous êtes de vrais petits la-
pins blancs » 1. Rien ne vous arrête et tout
vous réussit, et vous avez des yeux rouges
pour voir la nuit. Au fond, qu'est la vie ?
Souffrance, doute, angoisse, désespoir Qui
de nous sait d'où il vient, où il va ?.
Tais-toi, Priski de mon cœur tais-toi
ordonna Rouletabille. 0
Je ne sais pas où nous allons, com-
ment nous reviendrons, mais je souhaite
Sac ce ne soit plus par ce chemin-là pro.
posa La Candeur en fermant hermétique
ment l'orifice de l'oubliette.
Messieurs, ù genoux, à genoux.» l'a.
perçois une sentinelle là-bas sur la plate-
forme.
C'est la plate-forme de veille, monsieur.
expliqua Priski les autres postes de garde.
en bas ne nous gênent pas, mais si nous
voulons revenir au donjon par les courti-
nes et les toits, nous sommes obligés dn
passer devant cette sentinelle qui est bien
gênante, car elle ne manquera point de don-
ner l'alarme.
Je crois, en effet, dit Rouletabille, après
avoir considéré du lieu assez élevé où il se
trouvait la distribution générale du cha-
teau, je crois bien que nous serons obligés
de nous en débarrasser.
Cela fera du bruit, monsieur, dit Prisbi,
Non, monsieur..
Rouletabille avait fait le tour de la plate-
forme où il se trouvait, plate:-forme qui.
communiquait avec le quartier des esela~.
ves par trois corridors obscures fermes du,
grilles.
A voix basse, Priski donnait les indica-
tions qu'on lui demandait par ici les fent-
rnes, par là les hommes. Le troisième petite
couloir, là au fond, correspondait avec les
« conscrits M comme on dit en français, c'est-
à-dire ceux dont on voulait faire des sol-
dats. C'étaient des adolescents famélimies
raflés dans les plaines d'Anatolie et que
l'on soumettait, avant de les faire entrer dans
le rang, à une rude éducation.
Enfin, risquons-nous d'être- surpris
.Monsieur, on n'y vient de temps' en
temps que pour l'oubliette. c'est vous dirE'
que, puisqu'elle vient de fonctionner, vous
pouvez être à peu près tranquille.
S LE MATIN =
CONTES DES MILLE ET UN MATINS
de Colette
LES COULEUVRES
Ce: sont :deux pauvres sauvagesses, arra-
chées, il y a quatre jours, à leur rive d'é-
tang,, à lueurs joncs frais, au tertre chaud,
craquelé., sous le soleil dont elles imitent
les couleurs fauves et grises. Elles ont
fait un voyage maudit, avec deux cents de
leurs pareilles, étouffées dans une caisse,
mêlées, bruissantes, et le marchand qui
me choisit celles-ci brassait ce vivant éche-
veau, ces cordages vernissés, démêlait d'un
doigt actif les lacets minces, les fouets ro-
bustes, .lés ventres clairs et les dos jas-
pés.
Ça, c'est un mâle. Et ça çest une
grosse femelle. Elles s'ennuieront moins,
si vous, les prenez toutes les deux.
Je rie saurais dire si c'est d'ennui qu'elles
s'étirent, contre les vitres de leur cage. Les
premières, heures, je faillis les lâcher dans
le jardin, tant elles battaient de peur les
ttarois de leur prison. L'une frappait sans
relâche, Ué son dur polit nez, le même
joint, de vitras l'autre s'élevait d'un jet
jusqu'au toit grillagé, retombait molle
domine'un verge d'étain en train de fon-
dre, et recommençait.. Leur offrir, à tou-
tes deux, la liberté, le jardin, le gazon, les
trous du mur. Mais les chattes veillaient,
gaies et' féroces, prêtes à griffer les écailles
vulnérables, à crever les vifs yeux 'd'or.
J'ai ,gardé les couleuvres, et je plains. en
elles, encore une fois, la sagesse misérable
des hôtes- sauvages, qui se résignent à la
captivité, mais sans jamais perdre l'espoir
de redevenir libres., La secrète horreur,
l'horreur occidentale du reptile ressuscite
en moi, si je me penche longtemps sur el-
les, et je sais que le spectacle de leur
danse obstinée, le mot sans fin qu'elles
écrivent contre la vitre, le mouvement mys-
térieux d'un corps qui progresse sans mem-
bres, qui se résorbe, se projette hors de
soi, ce spectacle dispense la stupeur.
Mais le mauvais charme s'évanouit dès
que je touche et saisis les couleuvres. Sè-
froides, suaves, elles désobéissent à
la main et on a plaisir à jouer avec leur
force. Le mâle, le plus mince, darde de
fous côtés sa tête agile, petite coiffe
jaune et noire, la flamme subtile de sa
langue. Il se tord, noue au bras son long
corps au ventre niellé de bleu, d'argent,
de blanc verdi, se déroule, palpe avec pré-
caution, du menton et de la gorge, la tié-
deur de la main, s'y arrête indécis, et je,
.sens dans ma paume palpiter son froid
petit cœur.
ucuia iauire mam, je retiens la forte fe-
melle autour de laquelle se rejoignent à
;.>ciae mes doigts. Elle est irritée, fouette.
de la queae et d# la tête, siffle comme uu
et je ne sais comment apaiser cette
colère inoffensive d'une bête qu'on a oublié
d'armer. Un rayon piquant de so'eil tom-
be sur mes genoux, juste à point pour que
j'y couche, malgré elles, les couleuvres.
Un long instant de lutte, de silence, de
chaleur l'immobilité, puis la détente
1« vivant ressort révolté- qui, tout à coup,
wde plaisir, espoir d'avoir, mieux que
Elles sont là, sur mes genoux, immobi-
les, et aux aguets. L'une se retient de la
queue au bras du fauteuil, laisse pendre
sa tête le long de ma jupe,' et tâte l'air et
l'étoffe des bouts de sa vibrante langue.
L'autre, roulée en corde molle, souffre à
présent que ma main la soulève, la guide
comme le cordonnet d'une passementerie
) nais elle tressaille et se bande, au moin-
dre, mouvement de la chienne couchée à
quelques pas. N'importe, c'est entre nous
la première trêve, l'heure ambiguë et
calme où nous pouvons, les couleuvres et
moi, escompter celles qui suivront il me
semble déjà qu'elles s'humanisent, et elles
.7-ï-oient que je m'apprivoise.
L'HOMME AUX POISSONS
Le petit homme attendait la fin de la
(rfuie, et moi la fin de la panne, dans te
petite café de X.-sursX. De temps en temps,
:'un de nous deux soulevait le rideau et dé-
couverait un coin de la rue villageoise en
pente, des pavés en tête de chat, bleus de
pluie, un jardinet tendre et vert, fouetté
par l'averse, un ruisseau qui charriait des
lieurs de lilas. Et nous soupirions ensem-
ble. A la fin, il me dit
Riche temps pour une matinée. Las
music-halls de Paris font au moins sept
mille, un dimanche contme ça.
Etonnée, je regardai le petit homme, en
m'avisant qu'il n'avait rien de rural et
qu'une valise 'fatiguée s'étayait au pied de
sa chaise. Il souriait, d'une laide. bouche
étrange, violacée et détendue,. et., toute sa
figure souriante était, ides yeux injectés aux
lèvres tuméfiées, celle d'un homme qui
vient de sangloter violemment. II continua,
heureux. de parler, d'entendre sa voix
graisse, facile, et râpée de, bonisseur:
J'attends mon train de 5- heures et de-
n'est pas que mon bagage craigne l'eau.
Il eut un coup d'oeil sur sa valise, se pen-
oba de l'autre côté sur un colis invisible
qu'il ramassa et posa sur la table un seau
de .verre où tournaient trois poissons rou-
gens.
–•Ça, c'est mes poissons, déclara-t-il.
Napoléon eût dit avec moins d'emphase
et Mes soldats » Et je commençai à -penser
soudain qu'ji n'y a pas de fous inoffensifs..
Le petit homme se tut quelques instants,
comme s'il jouissait de mon malaise, avant
de s'expliquer
Mes poissons, madame Et quand je
dis qu'ils sont à moi, il ne peut.pas y en
avoir de plus à moi. Ils me, connaissent,
par dedans comme par dehors, ils savent
comment je suis fait, pour cette bonne rai-
son que je les avale une moyenne de deux
fois par jour.
Vous les., quoi ?
Je les avale, madame. Oh*! soyez sans
inquiétude, je les rends! Je.' suis artiste,
ajouta-t-il plus bas, sur le ton modeste et
vaincu d'un grand homme qui.,renonce à
l'incognito. J'avale mes trois poissons et je
les rends vivants, après les avoir conservé''
une demi-heure dans mon estomac. Il leur
faut deux litres d'eau, que j'avale en même
temps, pour leur satisfaction. Je pourrais
même les conserver plus longtemps^ mais
le public s'impatienterait, et puis le poisson
rouge n'aime pas l'obscurité. Tel que vous
me voyez, je m'en vais de ville en ville
avec mes poissons, mes mêmes poissons
depuis trois ans, madame.
Autrefois, je faisais des'engagements
dans les music-halls. J'ai passé .à. Lyon, à
Bordeaux, partout Et puis je me suis fa-
tigué de penser que les managers gagnaient
des fortunes sur mon dos pensez, un nu-
méro unique au monde et je; me suis
mis à mon compte.: Je vois du pays, en petit
touriste, sans me presser. Ma valise d'une
main, mes poissons de l'autre. J'arrive
dans une ville, je m'informe du café le
mieux fréquenté. Deux affiches contre les
vitres, un roulement de tambour au (besoin,
et j'opère. J'avale mes deux litres d'eau,
et houp mes trois poissons comme vous
goberiez trois fraises. Pendant une demi-
heure, j'occupe le public avec un peu de
prestidigitation, des petites bêtises, des
tours de cartes, et à l'heure fixée, bloup
voilà mes poissons ressortis comme il?
étaient entrés Après quoi je fais la quête
autour de l'assistance, et je vous garantis
qu'un billet de quinze francs ou même un
louis est vite ramassé. Hein ?. vous en
êtes comme les autres, vous en restez as-
J'avoue que.
Et je regardais tour à tour, sans trouver
de paroles, les trois poissons tournoyants,
la bouche violacée aux lèvres molles, puis
les poissons, puis la 'bouche.
-Et je vais encore vous en dire une
plus forte continua l' « artiste
Mais. je ne voudrais pas vous retar-
der.. votre train.
J'ai le temps, j'ai le temps La gare
est à deux pas, et voilà le soleil. Une plus
forte que tout mon estomac, vous m'en-,
tendez bien, mot* eh bien, il est
après ma mort, par la Faculté de
médecine A preuve.
Il ouvrit son pardessus, atteignit un por-
tefeuille vert, orné d'un trèfle en faux ru-
bis.
Tenez, voilà la carte, regardez les
timbrés, l'en-fête, et tout. Cette carte-là, je
la fais passer dans l'assistance après mon
exercice, moyennant deux sous mais nous js
sommes ici entre voyageurs. Mon cas est
une poche stomacale, reprit le petit hom-
me sur son ton de bonisseur, une poche sto-
macale dont la présence fut révélée par la.
radiographie j'ai trente-deux ans, je jouis
d'une bonne santé, je peux manger toutes
choses réputées lourdes et même du ra-
goût, à cette seule condition de ne faire
qu'un repas par jour.
Ah vous ne faites qu'un.
=- Un seul 1 Darne, chuchota l'artiste en j
inclinant vers moi un insoutenable sourire,
vous concevez, si je ne.
Oui, oui, m'écriai-je, j'ai compris.
N'ajoutez rien, n'ajoutez rien
Il éclata de rire, me salua rondement et
s'en alla, portant d'une main sa valise, de
l'autre le seau d'eau un peu trouble, et je
demeurai seule dans le petit café, devant
un verre de bière où je m'obstinais à voir
tournoyer trois poissons rouges.
Colette
(Traduction réservée.)
l'homme bien habillé
HABILLE BIEN
17, Boulevard Montmarfre, 17
THÉÂTRES & CONCERTS
A l'Opéra-Comique,
savetier du Caire,
conte gaiement ses merveilleuses aventures
Voici un ouvrage délicat, spirituel et joli,
qui, sans se départir jamais d'une haute
tenue d'art, n'a d'autre ambition que dE
nous plaire, de nous charmer, de nous di-
vertir, et qui y réussit par sa vivacité, sa
grâce et sa distinction. A l'heure de tumul-
tueuse violence lyrique et symphonique où
nous sommes, il constitue vraiment une re-
marqqable exception. Qu'il soit donc le bien-
venu
Au Caire,. Marouf, très pauvre homme, est
savetier. Pour fuir Fattounîa, son acariâtre
épouse, il s'embarque à Damiette et vogue
vers des pays lointains. Mais une tempête
se déclare, interrompt cette équipée, le jette
sur un rivage. Ali, compagnon d'enfance,
l'accueille, le présente à ses amis comme un
grand marchand étranger que son immense
et somptueuse caravane va rejoindre là. Le
sultan veut le marier à la princesse Saa-
meheddine, sa fille, qui, immédiatement,
s'enfuit avec lui. Laboureur, maintenant,
Marouf trouve, caché sous la tertre, un tré-
sor que les génies changent aussitôt en la
fabuleuse caravane. Et quand le sultan ac-
court, afin de punir les coupables, l'amas de
richesses calme sa colère. II n'a plus cra'à
chanter la gloire d'Allait.
L'amusant livret que -NI. Lucien .Népoty a
tiré de la si curieuse et .si, savoureuse tra-
duction des Mille et une tiuits du docteur
Mardrus convient parfaitement à la musi-
que. Il a fourni au talent de M. Henri Ra-
baud l'occasion de se manifester pleinement
et victorieusement. Ce talemt, de source tou-
te classique, possède une netteté, un équili-
bre, une fermeté dont la Fille de Roland
nous donna le premier exemple. A ce que
l'on en connaissait déjà s'ajoutent une légè-
reté, un éclat, une allégresse qui le moder-
nisent sensiblement, mais ne lui ôtent rien
de sa mesure, de sa logique anciennes. La
partition. de Marouf, malgré l'orientalisme
marqué de ses mélodies aux onduleuses vo-
calises, de ses. brillantes couleurs instru-
mentales, garde une facture essentiellement
française. Sans être le moins du monde -im-
personnelle ou retardataire, elle continué la
tradition de notre race. Elle n'enrorunte au-
cun procédé harmonique ou polyphonique à
Wagner ni aux Russes. Elle s'apparente
plutôt, par ce qu'elle a de pittoresque et
d'expressif à la fois, aux Indes galantes, de
Rameau. C'est ce caractère national qui, il
mon avis, la rend très significative et c'est
sur quoi j'ai voulu insister. Elle remporte
d'ailleurs un beau et juste succès.
M. Jean Périer fait du rôle principal une
étonnante création. Il le joue, le nuance en
grand et admirable comédien. Mlle Davelli.
fine et souple artiste, compose exquisement
celui de la princesse. Mlle Tiphaine figure
souhait Fattouma la calamiteuse. M.
Veille, tantôt rude, tantôt tendre, est un
imposant sultan M. Delvoye, un joyeux
vizir. MM. Vigneau, Mesmaecker, Azéma,
Cazeneuve, Audoin, Payan complètent l'ex-
cellente distribution. Dans les sonorités sub-
files d'un délicieux ballet, Mite Sonia Pavi-
loti et M. Quinault bondissent au mieux.
Les décors et les costumes .ont une sédui-
sante variété de ton qui accroit l'attrait in-
cessant de la mise en scène. M. Ruhlmann
ne laisse dans l'ombre aucun détail de l'or-
chestration .poétique, chaude, étincelante à
laquelle est allée une bonne part des apr
AUTfiH) BïUJNEAU.
Aujourd'hui j
Opéra. {Ballets russes). ̃ A' 9 heurtes, pre-
mière:de la Ligeiide -de Joseph, musique de jd. j
Richard Strauss, et des Papillons, musiquè de
Schumann..
Apollo. A 8 h. 3/4, répétition générale de
Cartouche.
Renaissance. -A! heures, Aphrodite [Cota
Laparoeri-e et'la danseuse Isis dans le cruci-
fiement).
^Théâtre Impérial (5. rue du Colisée). Mati-
née\et soiréé avec G. Webb, L. Darlys, De-
dans les Nuits de Paris Kikizettc Mme Can-
daule Trois contre un.
Grand-Guignol. le Siège de Berlin, j
Université des Annales. A 2 heures, le
Chant descriptif dans la musique moderne »,
conférence par M. Reynaldo Hahn. Exemple^
chantés par le conférencier. A 5 heurtes, « le
Vrai et le faux chic D, conférence par M. Sem.
Projections.
Informations diverses
Chez les auteurs. La commission de la So-
ciété des auteurs et compositeurs dramatiques
a procédé hier à la formation de son bureau.
M. Robert de Flers ayant, nous l'avons dit, dé-
cliné toute candidature pour la présidence
pendant ce nouvel exercice, la commission a
nommé M. Hennequin président et MM. Emile
Fabre, Romain Coolus et Leroux, vice-prési-
dents. Le bureau est ainsi complété MM.
Trarieux et Robert Charvay, trésoriers ;-MM.
Henry Kistemaeckers et Hirchmann, secré-
taiTes M. André Rivoire. archiviste.
Athénée: Je ne trompe pas mon 'mari.' de
MM. G. Feydeau et R. Peter. Succès de rire.
Théâtre Réjane. C'est demain vendredi i
soir que sera donnée Ia première du film »
de V Expédition Scott.
Théâtre Michel, Les trois dernières repré-
sentations du Talion, la très'belle et très cu-
rieuse pièce de M. Henri de Rothschild,feront,
salle comble si on en juge par l'affluence des
spectateurs des jours précédents. Samedi soir,
dernière irrévocable du Talion.
Folies-Dramatiques. Dernières de la Revue
réaliste! Ceile Qui assassina! 23 courant.
Pour la CHEVELURE
RIEN NE VAUT LA
Les Ballets russes
̃A propos de la création de la Légende
de Joseph, le grand compositeur Richard
Strauss écrit ce qui suit
.Je. dois diriger ce soir, à Paris, ma
Légende de 'Joseph. C'est la première fois
qu'une de mes œuvres est créée Paris,
où l'on me témoigne depuis longtemps beau-
cqup de sympathie et qui a lait un magnifi-
que accueil à ma Salomé.
1 Mais ce n'est pas la première fois que je
dirige ma musique à Paris j'ai eu ce plai-
sir, il y a quelques années déjà, aux concerte
Colonne et aux concerts Chevillard c'est di-
'• ré que j'ai eu l'occasion..d'observer de près
les grands orchestres parisiens et d'en cons-
fater la haute valeur. D'ailleurs, j'ai toujours
apprécié la musique française et me suis
sans cesse efforcé de la propager en Allema-
gne. J'estime qu'elle contraste très heureu-
sement avec la nôtre et que les particulari-
tés diverses et opposées de ces deux grandes
écoles s'harmonisent admirablement.
J'ai dirigé la première exécution, à Ber-
lin, du Sarnson et Dalila, de
j'ai monté, il y a quinze ans, la Briséis, de
Chabrier les noms de Vincent d'Indy, De-
bussy, Charpenlier, Dukas ont souvent fiw-
ré sur .mes programmes, et le monde musi-
cal, connaît ma fervente passion pour Ber-
lioz, trop peu joué en France, hélas
La 'Légende de Joseph est le premier bal-
l'et que j'ai composé il j a quinze ans,
j'avais, en admirant des peintures de Wat-
teau, de Fragonard et de Boucher, projeté
un ballet anacréontique dans le style de ces
maîtres charmants, mais j'y renonçai en-
suite. Or, il y a environ un. an, le comte
Kesslet me dit « Vous n'avez pas vu les
ballets russes ? C'est une manifestation
grandiose, une entreprise artistique d'im-
portance considérable c'est le bouleverse-
ment.de toutes nos idées, esthétiques, plas-
tiques, picturales et même musicales. Il est
indispensable que vous participiez à ce mou-
vement. »-Il fut si chaleureux qu'il me com-
muniqua sa flamme et, après une entrevue
avec le directeur des Ballets russes. M. Ser-
ge Diàghilew, je me mis au travail sur un
scénario dû à la collaboration du comte
Kessler et du poète Hugo de Hoffmansfhal.
'Ce n'est que six mois après avoir commen-
cé mon ouvrage qu'il me fut donné d'assis-
ter à un spectacle des Ballets russes.
Pourquoi, me demandai-je, ce mot de bal-
lets inscrit au fronton de leur théâtre ? Ce
que je voyais dépassait tout ce que j'avais
pu imaginer j'eus la révélation soudaine
d'un art nouveau, nouveau dans l'ensemble.
nouveau dans les détails, d'un art que je ne
soupçonnais pas.
Michel Fokine, qui a réglé la Légende de
Joseph, est l'âme même des ballets russes
1 c'est un homme prodigieux metteur en scé-
ne, chorégraphe, danseur, musicien, pein-
tre, sculpteur et poète, il est tout cela suc-
cessivement et la fois, imposant son vou-
loir et sa fantaisie géniale aux plus beaux
êtres humains que j'aie vus, véritables sta-
tues vivantes et pensantes.
M. J.-M. Sert, le fastueux décorateur et le
grand peinture Bakst ont une part énorme
dans la réalisation de l'œuvre. Mme Marie
Kousnezoff prêtera l'attrait de aa. beauté et
de son jeu si vivant au r6le terrible et ma-
gnifique de l'épouse dé Putiphar, et M. Léo-
hide Miassine, par sa mimique admirable
où rien n'est profane, où tout est élevé et
pur, réalisera impeccablement le Joseph de
Le public parisien assistera donc ce soir
une grande et.noble réalisation scénique,
une de. celles auxquelles le poète, écrivain
ou musicien, est heureux et fier d'avoir don-
Richard STRAUSS.
Une fête originale
La 50e' de Pétard, la pièce retentissante de
M. Henri Lavedan, vient d'être fêtée, et cette
fête ne fut pas banale.
Aux, soixante-dix artistes attablés sur la
scène, durant que Lucien Guitry prononce
l'admirable discours qui lui vaut chaque soir
une ovation, on a servi le champagne. A ces
artistes s'étaient jointes nombre de personna- j
lités très parisiennes, très amusées de leurs
rôles de figurants, et Pétand a été furieuse-
ment acclamé, à la fois sur la scène et dams
la salle.
Une large part de ces acclamations s'adres- »
sait à la charmante Jeanne Desclos, à Louis
Gauthier, à Mauloy et à Mlle Beylat, la nou-
velle étoile, dont les débuts dans Pétard ont
fait un pétard » énoarae.
Où ira î'JîrUsienne ?
Les héritiers de Daudet ont décidé de retirer
l'Arlésienne de l'Odéon, voulant donner le
privilège de cette belle œuvre à l'établisse-
ment de Paris faisant les plus fortes recettes.
Pourquoi le concert Mayol ne serait-il pas
choisi pour jouer en galas spéciaux cet im-
mortel chef-d'œuvre? Les bulletins officiels de
l'Assistance publique constatent que depuis
la première de la revue Venez 3\cntir! les
recettes ont atteint des chiffres invraisem-
blables.- Hier encore, plus de cinq cents per-
sonnes _ont été refusées faute de places. Tout
Paris va au concert admirer les « quatre
Circassiennes », les cent plus jolies artistes
de Paris, et les comiques les plus réputés. Au-
jourd'hui jeudi, à 2 h. 1/2, matinée avec la
même distribution* que le soir.
Aujourd'hui
Chez Touche.- 3 h. Musique de chambre. 0 Il.,
la Walkyrïe (1" acte intégral), 25, bd Strasbourg.
Ba-Ta-Clan. Matinée à 2 h. de l'extraordi-
naire revue de MM. Celval et Gharley Y a
de jolies femmes le grand succès de la saison
iQid. (Tél. Roauette 10-12}.
Gaumont-Palace-Hîppodrome. A
14 h. 30, matinée de gala. Spectacle de
famille Faniomas le faux magistrat,
grand drame d'aventures tiré des ro-
mans de MM. Pierre Souvestre et Mar-
cel Allain le Chrysanthème rouge,
comeate coloriée. Les l'honoscenes Gaumont.
Merveilleuses vues en couleurs naturelles par le
« Chronochrome Ganmont Attractions sensa-
tionnelles.
Loc. de 10 h. à 12 h., et de 15 h. à 17 h.
Téléphone Marcadet 16-73.
Au Colisée. En matinée et en soirée, les
2 dernières de faniomas le faux magistrat. Qn'on
se hâte Loc. sans aug. Tel Wagram 9Q-46.
Au Magic-Cinéma-Palace. 2 Il. 30 le Faux
Magistrat (Fantomas inédit), Visions de Rome,
Pathé-journal, etc.
Ambassadeurs.- Demain, il. o Il. réouverture
avec Jane Pierly, Dranem et Léoni.
5 dernières représentations de
l'Orgie à Babylone
Moulin-Ronge
(Dimïhclie prochain, dernière matinée
dernière soirée).
Bal Tabarin. Samedi, prochain le célèbre
danseur Frank Veedy et l'exquise miss Déridder
créeront le rouli-rouli. A minuit et demi, la
fastueuse et triomphale fête grecque.
La Pie qui Chante.
Fursy à la. Pie
̃̃̃ Fuisy 'chatte.
Farsy chansonnier rosse
Fursy tous les soirs
Succès! Succès!
Infanterie coloniale
Le Arnaud, du 24» rég.. est désigné pour
servir aux troupes d'occupation du Maroc occiden-
tal, par permutation avec le capit. Barreau, du 24o
rbg., qui est maintenu audit régiment.
Etat-major général
Le général, de brigade Fayoile, disponible, est
placé dans la 2» section (réserv-e), du cadre de-
l'état-major général dû l'armée.
Prochaines décorations
aa titre faits de guerre »
Les militaires «vmptani des faits de guem à
leur actif soit au Maroc soit aux colonies et pro-
posés à ce titre soit pour la croix ou l'avancement
dans lx Légion d'honnenr, soit pour la médaille mi-
litaire, n'auront pas à attendre les nominations du
14 juillet et vont bénéficier d'une promotion extra-
oMinaije.
La Croix-Rouge au Sénégal
Pour la première fois la Croix-Rouge va faire
son apparition en Atriqrue occidentale..Six dames
infirmières vont êtee affectées aux hôpitaux du
Sénégal.
Les sénégalais d'Algérie et du Maroc
ne souffriront plus du froid à Marseille
Du fait de la suppression d'un courrier, un cor-
tain nombre de sénégalais, comportant des conva-
lescents, des femmes, des enfants, envoyés du Ma-
toa au Sénégal ,via Maxseillo en février dernier,
étaient demeurés en panne dans ce dernier port,
précisé.ment au moment des froids. Il y avait là
dans l'organisotion une lacune dont s'est ému le mi-
nistre de la guerre. M.Noulens vient de faire oonnaî-
tre aux autorités militaires intéressées qu'il a con-
elu une charte-partie avec une compagnie de na-
vigation (Compagnie' Paquet) pour le rapatriement
direct à Dakar des tirailleurs sénérala's employés
en Algérie et au Maroc, et de leurs familles.
Les Anciens du 6e cuirassiers j
La réunion mensuelle des Anciens du 68 cuiras-
siers aura lieu, aujourd'hui jeudi, au siège social,
41. Faubourg-Montmartre, à neuf heures du soir.
La soirée se terminera nar une partie artistique.
MARINE
Destinations
Le médecin de 1" cl- Caudiotti, de Toulon, est
désigné pour embarquer sur le Condé; le médecin
do lre cL Lancelin, de Brest, est autorisé à servir
temporairement à Lorient.
IACAUSE DE LEURS I HFVEUX- GRIS 20.000 PERSONNES
Oiïï PERDU LEUR SITUATION EN UN AN
Et cependant les cheveux gris ou flétris peu-
vent être facilement rendus à leur
j couleur naturelle
C'est un fait lamentable que des hommes
.et des femmes aux cheveux gris se trouvent
dans l'impossibilité presque absolue de se
procurer un emploi, quelles que puissent
être leurs qualifications. Ici même, en Fran-
ce, des milliers d'hommes et de femmes per-
dent chaque année leur sït-uation..umquement
cause de leurs cheveux gris. Cependant, de
nos jours, les personnels grisonnantes n'ont
aucune excuse à alléguer. Des résultats mer-
veilleux ont été obtenus en rendant aux chef-
veux gris leur couleur naturelle, qu'elle ait
été blonde, châtain ou noire, par l'emploi de
Kalamax pur, préparation qui est d'autre
part extrêmement précieuse pour arrêter
les pellicules, la chute des cheveux et pour
en stimuler une nouvelle pousse. Quand on
le frotte sur la peau, le Kalamax n'y laisse
plis plus de trace que de l'eau, et pourtant
son-action sur les cheveux est véritable-
ment merveilleuse. Il est inoffensif, peu' coû-
teux, et on peut se le procurer chez tous les
bons pharmacien. Evitez l'emploi de tein-
tures dangereuses particulièrement celles
à base de plomb car non seulement elles
abîment les racines des. cheveux, mais elles
en causent la chute et conduisent à la cal-
vitie. L'effet artificiel et comme «peint»
qu'elles donnent aux cheveux est facilement
reconnu et ne peut qu'occasionner des ré-
flexions défavorables. Le Kalamax rend aux
cheveux gris leur couleur originelle exacte
dans l'espace de une ou deux semaines, et
nous pouvons consciencieusement le recom-
mander aux lecteurs.
RHUM WEGHITA >'=,
UN MOTEUR EXPLOSE
Rue de Vaugirard, un camion autamcxbitej
roulait, hier après-midi.
Tout à coup, un fracas épouvantable rc-
tentit. Le moteur du véhicule venait de faim
explosion. Le volant, le capot et d1fférentes
pièces du moteur, réduits en. miettes, vin-
rent briser les glaces de la devanture d'un'
magasin de chaussures, l'angle de.là'rn^
delà Convention.
Personne, heureusement, ne fut griève*
ment blessé. Seul, un bambin de huit ans,
Louis Renoux, fut légèrement atteint; au^
jambes par des éclats de verre. Après, pajw
sèment dans une pharmacie, le petit Louia
regagna, en compagnie de sa mère, le danii-<
cile paternel, rue de Lourmel.
| Les musiciens quittent la G. G> T*
Cette tois la décision est définitive.
Le Syndicat des artistes musiciens quitte
la C.G.T.
A vrai dire, les liens qui l'y rattachaient
avaient toujours été des plus fragiles et de-
puis de longs mois la scission était devenue
inévitable à la suite d'un conflit financier et
de divergences de tendances.
Un referendum avait été organisé
1.070 voix contre 257 se prononcèrent en fa-
veur de la rupture.
BIEN RAISONNÉ
Je crois ce qui m'est prouvé, dit le pu-
blic. Les attestations signées par les per-
sonnes guéries par les Pilules Pmlc mû prou-
vent que ces Pilules Pink guérissent. Si ce-
attestations, qui ont été contrôlées souvent
par les reporters des plus grands journaux,
n'étaient pas d'une rigoureuse authenticité,
les journaux ne les publieraient pas, ou
bien 'il y aurait des protestations. » Les
attestations délivrées aux Pilules Pink sont
publiées quotidiennement par les journaux
depuis plus de vingt ans:
Voici une attestation de plus. Elle émane
de M. Pélissier, propriétaire du café Char-
les-VII, à Espaly (Haute-Loire)
« Ma fille, écrit-il, était anémique. Elle,
avait perdu ses bomies couleurs, son ap-
petit était devenu capricieux, son humeur
morose. L'enfant dépérissait et tous les re-
mèdes qu'elle avait pris étaient restés sans
effet. J'ai voulu, alors, qu'elle prenne les
Pilules Pink et rna. fille s'en est bien trouvée.
Après un traitement de quelques semaines,
ma fille était tout a fait rétablie. »
On trouve les Pilules Pink partout.
et CHANTIERS. C«
si dangereux de l'estomac
A part les médecins, peu de gens se ren-
dent compte de l'importance qu'il y a à
empêcher la fermentation acide des ali-
ments dans l'estomac. Il est impossible que
la digestion se fasse d'une façon normale
si la muqueuse délicate de l'estomac est
enflammée ou distendue sous l'action d'une
sécrétion acide trop abondante ou d'une ac-
cumulation de gaz résultant de la fermen-
tation des aliments. Pour s'assurer une di-
gestion parfaite, il faut arrêter ou. prévenir
la fermentation et neutraliser l'acide. Les
médecins généralement recommandent poux;
cela de se procurer chez le pharmacien une
petite quantité de magnésie bismurée, et
d'en prendre immédiatement après les repas
la valeur d'une demi à une cuillerée à café
délayée dans un peu d'eau chaude ou froide.
Ils recommandent la magnésie bisnxurèfii
parce qu'elle est- agréable à prendre, nu
cause aucun malaise, arrête instantanément.
la fermentation et neutralise l'acide ainsi
la nourriture acide est rendue fraîche et ai-
sèment digestible.
.L'emiîioi.- régulier :de,,Ja' maguésir bisîîrUïc
rée il vous faut bien de la magnésie-
réellement bismurée, car les autres n'ont
que peu de valeur t– est une garantie ab-
solue de digestion normale, car elle combat
victorieusement l'accumulation d'acide et
empêche même sa formation, qui, seule, est
cause de tous les maux.
/«OU 1 g E$ï et l'on se porte bien.
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LE JAPON ILLUSTRÉ
La Librairie Larousse commencera s-aime-
di prochain la publication par fascicules d'un
splendide ouvrage, Le. Japon. Illustré, qui
continuera, la série des admirables ;volujrn
la France, la Suisse, l'Italie, etc.
NEURASTHÉNIQUES
tous les 2 ou 3 jours
un Grain de Vais
au repas du soir régii~
larise les fonctions
digestives.
WPA STEURISA TEUR |
MALLIÊ
ISS, Sua du Faubourg Poissonnière. PARIS
M dans !es bonnes maisons d'artides de ménage §1
FEUILLETON DU « MATIN »,
DU 14 MAI 1914
Rouletabille à la guerre
GRAND ROMAN INEDIT
LIVRE DEUXIEME
LE CHATEAU NOIR
VI
TRAVERS L'ENFER
Tonnerre Moi j'en ai, mais je ne
Jeux pas faire un mouvement. je ne peux
pas me. retourner. Comment monter, main-
tenant ? Comment descendre ? C'est épou-
vantaWe Mais qu'est-ce qu'il y a en bas ?
(¿n'est-ce qu'il y a ?. Qu'est-ce qu'il y a ?.
Veux-tu me lâcher Veux-tu me là-
•]j«- hurlait. La Candeur. C'est Priski
fui va me faire tomber Là. tu n'es pas
inieùx comme ça Tiens-toi donc tran-
Et, en même temps, on entendait le râle
r'xtraordinaire de Priski et aussi un effroya-
ble gémissement Duchtoum Duchtoum
C'est l'homme qui totnbe fit Athana-
sov. L'homme dit qu'il tombe
Eh bien qu'il tombe Mais qu'est-ce
que tu as, toi, La Candeur ? demandait Rou-
letabille, très effrayé par son ami.
C'est Priski. Priski qui a glissé et
if a Jailli me faire tomber avec lui, l'animal.
.le ne sais pas ce qu'il y a Si encore on
Totts droits
CosYtighi by Gaston i»9ex tsii.
y voyait clair Ou si on entendait ce qu'il
dit. Qu'est-ce *que tu veux ?
Enfin, le râle singulier de Priski cessa et
on entendit qu'il essayait de prononcer des
paroles. paroles qu'il n'arrivait pas à for-
muler à cause de sa terreur.
Enfin cela sortit.
teau. ur couteau
Et il répéta furieusement « un couteau
un couteau L.. pendant que l'autre voix
d'épouvanté grondait effroyablement, sour-
dement, désespérément Duchlourn Ducip-
toum (je tombe je tombe !)
Passe donc ton couteau à Priski, gron-
da Rouletabille, et que ça finisse
Tu es bon, toi Sï tu crois que c'est
commpde Il a failli me faire tomber, ton
Priski de malheur, et maintenant le voilà
penché sur le croc, je ne 'sais pas ce qu'il
y a L.. Tiens le voilà, mon couteau Où
est ta main, Priski ?.. Où est ta main' ?.
Me répondras-tu ?. Mais où est ta main,
bon sang de bon sang Ah moi, je ne
peux pas me pencher davantage L.
Un couteau un couteau
Duchtoum Ductttoum
Eh bien tu le tiens, mon couteau
Ça y est, oui T'es accroché quelque part ?
Où que c'est que t'es accroché ?. C'est-il
bientôt fini c'te comédie-là ?. Si je n'avais
pas eu la corde d'Athanasov pour me rete-
nir, je serais propre, moi, mamtenant, con-
tinuait de monologuer La Candeur.
Ahahah .Ahahah I Ah
Quelle est cette nouvelle horreur de
cri ?.
L'oubliette n'est -.plus qu'une atroce cla-
meur « ahahahohah
Mais qu'est-ce que tu fais, Priski
Diras-tu ce que tu fais, bon sang ?
Et comme l'atroce clameur un instant
s'était tue, on entendit la voix sifflante de
Priski qui disdit
t- Cesi l'homme quai tombe qui ne vmâ
passage. m'a presque assommé sur mon
croc et contre le mur.
Ahàhahahah "'̃̃̃"̃̃̃
Oh mais, c'est abominable, des cris
pareils
C'est lui qui crie.
On l'entend bien Qu'est-ce qu'il a ?
II a qu'il ne veut pas me lâcher la
main. Il est pendu à ma main 'Alors je
lui scie la sienne.
Ahahah 2 ahah ahah L..
l'homme eut cessé de crier, ce qui demanda
un certain temps car il ne lâcha,la main du
majordome que lorsque celui-ci eut sufflsatii)-
ment travaillé avec le couteau de La Can-
Heureusement, tout a une fin, même la ré-
sistance désespérée de celui qui ne veut pas
mourir au fond d'une oubliette.
Priski retrouva son équilibre sur son croc
de fer La Carideur rentra en possession de
son couteau, l'essuya soigneusement et pas-
sa sa boite d'allumettes à Athanasov qui. n'a-
vait jamais rien de ce qu'il lui fallait.
Athanasov alluma sa lanterne et éclaira',
Rouletabille qui commença de gravir l'esca- j
lier.
Les autres le regardaient avec une anxié-
té croissante mais, lui,, ne regardait per-
sonne.
Il avait grand soin de détourner ses yeux
du vide et fixait la pierre autour de lui, au-
dessus de lui, mais le vide était là, quand
même, le vide le tirait par le bas de son pan-
talon, il le prenait au col de son vêtement.
Le vide voulait lui faire tourner la tête.
Du haut en bas de son individu, il agrip-
pait RouletaJaille, it l'étreignait à l'étouffer i
II lni parlait aussi il .lui disait à l'oreille
« Viens 'Viens avec moi, tu sais bien que
tu ne peux pas te passer de moi, que tu ne
peux pas Me pas penser à moi que je suis si
près. si près.
Rouletabille accéléra sa marche au risques
de trébucher. Il sentait son ennemi devenir
plus fort, plus tenace, plus irrésistible Al-
lait-ii le jeter lui aussi sur les crochets dé
fer.? en faire un de la grappe infernale '?
Le sang aux tempes, les artères bourdon-
nantes, il courut, il s'élança, il jeta ses
mains à une échelle qui était dans la pierre,
au haut de l'escalier, presque contre la pla-
que d'orifice
Il était temps
Il poussa un long soupir auqu.el répondît
un autre soupir en bas, celui de La Can-
deur qui, les yeux fixés sur son copain là-
haut, es,avait .oublié son propre'équilibre
et qui, se maintenant à peine_d"une jambe à
son croc de fer, suivait, penché, tous les
mouvements de Rouletabille, les-bras éten-
dus comme pour le recevoir, s'il était arrivé
un .malheur L.
Désormais, Rouletabille était fort II dit
aux autres, de là-haut
Je ne vous souhaite pas de passer par
où je viens de passer, à moins d'être cou-
vreur Et encore Vous. monterez avec
la' corde
En effet, il attacha la corde à l'échelon et
ia, jeur jeta.
Puis, se tenant d'une main à cet échelon,
il repoussa au-dessus de sa tête. la plaque
qui fermait l'oubliette. il essaya de la sou-
lever. mais elle était vraiment lourde et
tioulétabille était épuisé.
Alors, La Candeur laissant là M. Priski,
qui se mit à gémir, et brûlant la politesse
Athanasov, La Candeur grimpa comme
un orang-outang à cette corde que venait
je jeter son camarade, posa un pied sur
ane marche de l'escalier derrière Rouleta-
bille et, avançant un poing formidable en-
dessus de sa tète, souleva la plaque comme
une galette.
Vas-y maintenant, petit père. As pas
peur L.. C'est bon pour moi de trembleur,
mais écoute d'abord si t'entends rien L-. et
zyeute partout
Le reporter était du reste assez prudent
pour se passer des conseils de La Candeur.
Il ne quitta son poste d'observation que
lorsqu'il fut certain de ne risquer aucune
surprise.
La Candeur lui dïsait
Prends ton temps petit père. Je ne
suis pas fatigué, tu sais 1
Rouletabille se glissa enfm sous la plaque
et sortit de l'oubliette. Quelques secondes
plus tard, il jetait à voix basse aux autres
Sortez
Et tous sortirent sains et' saufs de cet
affreux boyau, de mort où ils venaient de
passer des minutes qu'ils n'oublieraient de
sitôt.
Vil
Y SUR LES TOITS
La Candeur respirait trop bruyamment au
gré de Rouletabille et fut prié de comman-
der aux mouvements de son thorax Atha-
nasov roulait les cordes en silence, songeant
apparemment qu'ils n'étaient encore qu'au
commencement de leur besogne M. Priski
les regardait tous trois avec admiration
Je ne sais pas ce qu'il adviendra de tout
ceci, confessa-t-il, mais comme on. dit en
Transylvanie, vous êtes de vrais petits la-
pins blancs » 1. Rien ne vous arrête et tout
vous réussit, et vous avez des yeux rouges
pour voir la nuit. Au fond, qu'est la vie ?
Souffrance, doute, angoisse, désespoir Qui
de nous sait d'où il vient, où il va ?.
Tais-toi, Priski de mon cœur tais-toi
ordonna Rouletabille. 0
Je ne sais pas où nous allons, com-
ment nous reviendrons, mais je souhaite
Sac ce ne soit plus par ce chemin-là pro.
posa La Candeur en fermant hermétique
ment l'orifice de l'oubliette.
Messieurs, ù genoux, à genoux.» l'a.
perçois une sentinelle là-bas sur la plate-
forme.
C'est la plate-forme de veille, monsieur.
expliqua Priski les autres postes de garde.
en bas ne nous gênent pas, mais si nous
voulons revenir au donjon par les courti-
nes et les toits, nous sommes obligés dn
passer devant cette sentinelle qui est bien
gênante, car elle ne manquera point de don-
ner l'alarme.
Je crois, en effet, dit Rouletabille, après
avoir considéré du lieu assez élevé où il se
trouvait la distribution générale du cha-
teau, je crois bien que nous serons obligés
de nous en débarrasser.
Cela fera du bruit, monsieur, dit Prisbi,
Non, monsieur..
Rouletabille avait fait le tour de la plate-
forme où il se trouvait, plate:-forme qui.
communiquait avec le quartier des esela~.
ves par trois corridors obscures fermes du,
grilles.
A voix basse, Priski donnait les indica-
tions qu'on lui demandait par ici les fent-
rnes, par là les hommes. Le troisième petite
couloir, là au fond, correspondait avec les
« conscrits M comme on dit en français, c'est-
à-dire ceux dont on voulait faire des sol-
dats. C'étaient des adolescents famélimies
raflés dans les plaines d'Anatolie et que
l'on soumettait, avant de les faire entrer dans
le rang, à une rude éducation.
Enfin, risquons-nous d'être- surpris
.Monsieur, on n'y vient de temps' en
temps que pour l'oubliette. c'est vous dirE'
que, puisqu'elle vient de fonctionner, vous
pouvez être à peu près tranquille.
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