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REVUE DES LIVRES
cité. Ils abusent de la psychologie. Le
romancier, d'ailleurs sacrifie le récit à
l'analyse et la description. Avouerai-je
que, malgré sa richesse spirituelle et
son art, cô roman, sans,jamais cesser
de m'intéresser, m'a demandé un cons-
tant effort ? D'autres en jugeront autre-
ment dont l'appréciation. vaut là
mienne. Mais si la lecture me deman-
dait effort, la technique du romancier
en.... était moins cause qU'uhe gêne
d'ordre intérieur . devant des âmes
doïït la: marche vers Dieu était,retar-
dée par Une, complaisance pour leur
..moi... ., .;...: .
, Jean RIMAUD.
Alfred ANDERSCH. -->— Les cerises
de la liberté. Rbmân traduit
de l'allemand par Jean Rousset.
Ed. du Seuil, 1954. In-12,
,Ï44 pages, $30 francs.
Malgré le titre, il né: s'agit pas d'un
roman, mais d'une autobiographie à
peine romancée. L'auteur raconte sa
.jeunesse en Bavière,' son bref séjour
■ en camp de concentration, puis, un
matin de juin 1944, son évasion de
l'armée allemande en pleine retraite
sur le front d'Italie. Le livre fourmille
de réflexions politiques et philosophi-
ques autour du thème de là liberté :
ces perpétuelles digressions alourdis-
sent un récit qui manque décidément
de qualités artistiques. Les cerises de
la liberté sont tout au plus un docu-
ment intéressant (parce qu'exception-
nel) sur la jeunesse allemande.
: R. Bosc.'
Maurice GENEVOIX, de l'Académie
franîçaisé. — Fatou Cissé.
Roman. Flammarion, 1954.
236 pages. 425 francs.
L'ami de la forêt et de la nature
nous conte l'histoire d'une femme et
d'une mère noire. Sa vie n'aura été
qu'attente : attente du bon vouloir
de ses maîtres blancs, attente de son
fi}s, happé par la civilisation désagré-
geante dont les miragesj^ne paient
pas. Une femme et une mère comme
nous les connaissons* Le. cadre a été
minutieusement étudié sur place, mais
l'intention est de. rapprocher ; cettç
humanité de là nôtre* Le style est
d'Une sobriété empreinte de, poésie,
la noblesse du ton ne se dément jamais.
. Un . beau roman dans lequel tous
"apprendront ; à mieux , aimer la per-
sonne, hûihainë,, quelle que Soit la
couleur de sa peau. . ; ,
André RÉTIF.
Ahmed SEFRÏOUI, — Le chapelet
d'ambre, avec 14 illustrations de
l'auteur. René Julliard. 225
pages. 300 francs.
La boîte à merveilles. Roman. Col-
lection « Méditéfrahèë ». Le
Seuil. 1954.188 pages. 390 francs.
Au rendez-vous littéraire de l'an
dernier, seul, , parmi, lés trois pays
d'Afrique du: Nord, manquait le
Maroc (cf. Etudes,, juillet-août 1953).
Le voici prestigipusement représenté 1
par un de ses fils. Comme autant de
grains du chapelet d'ambre, douze
contes ruisselant de lumière et de
poésie, qui ont valu au conteur le
Prix littéraire du Président de l'Union
française. La langue, linéaire et Colorée,
a une pureté classique; sans évacuer
les dons de mystère et de poésie. Nous
pénétrons plus avant encore dans
l'univers ' du petit Marocain, par le
roman autobiographique, qui nous
déploie les trésors de la boîte à mer-
veilles, symbole d'une enfance heu-
reuse, à jamais vivante dans le sou-
venir. L'école, ses terreurs- et ses
fêtes; les humbles événements de
l'impasse et des cours, qui prennent
des dimensions gigantesques. Les lar-
mes des femmes, les cris, les disputes,
le bruit. Toutes les choses parlent et
chantent, à commencer par les bibelots
de la boîte à merveilles. Tout cela
baigné de tendresse, humaine, enrobé
de sentiment religieux et d'invocations
à, Allah. « Le Créateur nous a mis sur
terre pour souffrir et pour adorer. »
Cette terre secouée de révolte et
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