Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1913-02-17
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 février 1913 17 février 1913
Description : 1913/02/17 (Numéro 10583). 1913/02/17 (Numéro 10583).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/05/2008
'41
LE MATIN
17 2 «- « A
CONTES DES MILLE ET UN MATINS
L'ATELIER
«– Alors, c'est décidé, Dominique, vous
.,Vous mariez
Il le faut bien, mon amie.
Je ne vous le reproche pas. Je n'ai
rien à vous reprocher. C'est par vous que
j'ai eu tout -le bonheur de ma vie. Je vous
ai rencontré et j'ai obtenu ce que toutes les
femmes désirent j'ai été comprise, adorée,
choyée, j'ai eu un ami en même temps
qu'un amant. B est nécessaire maintenant
que vous fassiez votre vie. Quand vous se-
rez vieux, vous aurez ainsi un foyer. J'en ai
bien un, moi, malgré le peu de plaisir que
j'y ai trouvé. Je ne serai pas topte seule, un
jour. Vous avez raison de vous marier, Do-
mini,que, vous avez trente-trois ans et j'en ai
trente-six.
Elle se pencha lentement vers Dominique
et, de ses belles mains, flatta son visage.
Tu es encore beau, lui dit-elle tout
bas. Tu as une longue jeunesse devant toi.
Sois heureux
Tu me regretteras, Jeanne
Toute ma vie. Tu m'as donné ce qui
est trremplaçable le meilleur de toi. II
faut que je te dise merci; et encore merci,
dn fond du coeur
La nuit entrait peu à peu dans l'atelier
où se tenaient Mme Sydose et Dominique de
Trévoux. Le divan couvert de tapis turcs,
les murs tendus de voiles de Gène.s, les
bustes, les menues tables garnies d'objets
curieux ou comiques, et jusqu'au vaste
confessionnal installé dans un coin, et que
surmontait bizarrement un bouddha doré
tout disparaissait graduellement dans l'om-
bre grise.
Lès deux amants allèrent vers la fenê-
tre, qui ouvrait sur un port. Une brume
tissée de feu flottait sous le ciel doré. On
voyait en face un vaste portique de couleur
.orange, et des palais, des escaliers, le clocher
d'une église, presque impondérables dans un
brouillard de nacre rose. Le soir était pé-
nétrant et fluide, si beau que l'on se di-
sait, le coeur étreint par une angoisse plei-
-ne' de joie C'est le premier soir que je,
vois. Voici la première nuit du monde, et
je vais être heureux pendant l'éternité.
Oui, c'était un soir de poésie et d'illusion,
ét, comme une baguette magique, le der-
nier rayon de soleil transformait tout ce
qu'il touchait.
Tu seras heureux, répéta Mme Syrdo-
se, et tu mérites de l'être. 0
Et, devant le couchant, ils s'embrassè-
rent.
Qne vas-tu faire de cet atelier! de-
manda-t-elle.
Je suis bien obligé de rabandonner et
de disperser tout ce qu'il contient Si ja-
0 mais ma femme apprenait.
Quoi ? fit Mme Syrdose, blessée, tu
disséminerais tous nos souvenirs Ecou-
te, Dominique, je suis libre, moi, de faire
ce que je veux. Jamais- mon mari ne se
soucie de mes affaires. Je vais prendre cet
atelier à mon nom, et j'y viendrai souvent
à cette heure-ci J'y serai-.tellement plus
chez moi que dans ma demeure
Ainsi tirent-ils. Et le mois suivant, Do-
minique de Trévoux allait à son destin, qui
était d'épouser Mlle Clémence Brogier.
Et les années passèrent, amenant leurs
changements habituels, et des secousses
terribles bouleversèrent l'Europe, des co-
mètes parcoururent le ciel; il y eut des
-guerres et des épidémies, et la vie continua
à fleurir comme un rosier dans les ruines.
Un soir, Dominique de Trévoux, errant,
mélancolique, le long des quais du port, vit
que les fenêtres de son ancien atelier étaient
éclairées. Il songea à Mme Syrdose et il
gravit, dans le noir, un escalier humide et
froid. Quand il fut arrivé au dernier éta-
ge, il frotta une allumette pour reconnaître
la porte à laquelle il allait frapper. Et lors-
qu'elle fut ouverte il vit Mme Syrdose. Elle
avait vieilli et pâli, et ses cheveux étaient
blancs mais Trévoux, avec son dos voûté,
son air morne et las, paraissait plus vieux
encore.
Vous voyez, dît-elle simplement, je
.vous attendais.
Il entra. Rien n'avait changé dans raté-
lier il retrouva le divan turc et les voiles
de Gênes,et le confessionnal surmonté d'un
bouddha et, sur une table, un bouquet de
chrysanthèmes rouillés pareil à celui qui
la fleurissait le soir de la dernière entre-
vue. Et cette permanence dans le souvenir
émut tellement Dominique qu'il se mit à
pleurer.
Vous savez ma vie demanda-t-fl.
Mme Syrdose hocha silencieusement la
tête.
Vons savez que ma femme est partie
_avec mon meilleur ami et que je suis seul
et ridicule
Vous n'êtes pas ridicule, Dominique, et
vous souffrez. Je pensais bien que vous fini-
-riez par revenir ici. J'y pense presque toutes
les fins d'après-midi depuis dix ans.
Et votre fille ?
Elle est mariée et vit à Hanoi. Mon
mari est toujours au cercle, et c'est heureux,
car il est plus ennuyeux que jamais.
C'était encore un beau soir. Le portique
était toujours là, avec ses pâles statues, et
les palais, et les escaliers, et le clocher de
l'église. L'eau du port remuait, à peine, une
grande voile blanche arrivait de la haute
mer, des lanternes de voitures couraient le
long des quais, un doux murmure fait de
travaux qui s'apaisent montait dans la fin
du jour, mais c'était un soir, malgré tout,
inquiet et triste, et l'on songeait « Le monde
est bien vieux, la vie difficile. Je me conten-
terai, Seigneur, des miettes du bonheur »
Vous aimiez votre femme, Dominique?
demanda Mme Syrdose, en venant s'asseoir
sur le divan, à côté de son vieil ami
Comme je vous ai aimée, Jeanne C'est
tout dice Pourquoi m'a-t-elle quitté ? Pour-
quoi m'a-t-elle trompé Je croyais l'avoir
rendue heureuse, et puis un jour vient, un
jour de désastre, où l'on trouve une petite
lettre moqueuse et une maison déserte. Oui,
pourquoi m'a-t-elle quitté ? Vous m'aviez
tant aimé, Jeanne, que je croyais que toutes
les femmes m'aimeraient et que toutes
seraient fidèles et tendres comme vous. Et
je n'ai rien su, je n'ai rien compris de mon
malheur jusqu'au jour' où Clémence m'a
abandonné. Maintenant, ma vie est détruite,
mon foyer dispersé, je n'ai plus rien au
monde et je pleure sur des ruines.
Et il laissa tomber sa tête dans ses mains,
et il se mit à sangloter, avec de grands san-
glots déchirants qui lui secouraient les
épaules.
Oh l'injuste ami, le cruel ami ré-
pondit Mme Syrdose. Vous n'avez pas tout
perdu, Dominique, puisque je suis encore là,
que je ne-vous ai point oublié et que ma ten-
dresse est toute prête à bercer votre douleur,
et ma présence, à rendre moins nue votre
solitude. Moi, je n'ai rien essayé, rien tenté
depuis votre mariage. Mon heure était 8nie.
J'ai vécu avec mes souvenirs. La vie vous
a brisé, Dominique, et l'expérience il vous
reste le songe de l'amour. Vous viendrez ici
comme autrefois, chaque soir, et vous m'y
trouverez, et nous causerons ensemble ainsi
qu'un frère et une soeur. Notre jeunesse est
close. Nous parlerons du passé.
II pleurait toujours, à genoux devant elle,
la tête posée dans les mains de Mme ̃Syr-
dose, qui demeuraient belles, pures, longues
et de l'aspect même de la cire ou de la rosé
d'hiver.
Est-ce que mon existence est finie 8,ce
point, Jeanne Si peu de jours, et déjà me
faut.-il renoncer à vivre ¥
Il le faut.
-s– J'ai le cœur jeune et j'aime toujours
Clémence. Me faut-il accepter de ne jamais
la'revoir ?
Il le faut
Faut-il que je m'accoutume à ne rien
attendre, à rêver, àjpae souvenit 1
Il le faut.
Jeanne, Jeanne, c'est trop dur Mais
que gagnerai-je à renoncer ainsi à tont î
Mme Syrdose regarda le cadre de la fe-
nêtre, et les derniers nuages clairs qui cé-
daient devant la nuit, et à l'horizon, un voile
de nacre qui perdait peu à peu son éclat.
Dominique, répondit-elle doucement,
vous y gagnerez, comme moi, de vieillir avec
sérénité I
Edmond Jaloux
Une idée de lemme par joar
mscittTiOK cotmumçvtt
CRÉATION e.-H. SAnXMOB
Au moment où nous abandonnons nos lourds
manteaux et nos chapeaux de velours, nous
aimons* comme coiffures de transition, pour
accompagner nos tailleurs, les formes entière-
ment faites de plumes,dont le charme égale la
légèreté. Voici, par exemple; photographiée
sur Mlle"]ane Pierly, une ravissante toque en
argus naturel, ronde et toute' mignonne, au-
tour de laquelle s'enroulent, gracieusement,
deux.grands couteaux d'argus. Ces couteaux
semblent retenus par des cabochons et des bar,
rettes de coq de roche, dont le ton vif tranche
agréablement sur V ensemble.
jAvoras
Aujourd'hui commence
chez P.-R. Saillard, 16, Fg-Saint-Denis, la veat-
te de tous lés modèles en magasin (chapeaux de
demi-saison, plumes, fantaisies) avec une réduc-
tion de 40 Le 3 mars prochain, la maison
Saillard sera transférée 7, boul. des Capucines.
Théâtres et Concerts
LES CONCERTS
Schumann avec Faust, Wagner avec Par-
sifal, Siegfried et le Crépuscule des dieux
occupaient à eux seuls, hier, les program-
mes de MM. Messager et Pierné. Je ne suis
cône allé ni au Conservatoire, ni au Châ- )
telet. C'est à la salle. Gaveau que j'ai passé
ma journée. M. Chevillard y donnait la
première audition d'une fantaisie pour or-
chestre sur deux Noëls populaires wallons,
de M. Joseph Jongen.
Cette œuvre possède toutes les qualités
de facture que j'avais déjà signalées quand
un autre morceau du même musicien excel-
lent fut joué, il y a quelques semaines. Cha-
cun des thènies servant à sa construction
est très clairement exposé et très fermement
développé. Par d'ingénieuses transforma-!
tiens rythmiques, ces thèmes acquièrent
une grande variété de sentiment. Ils sont
tour à toir graves, puérils, robustes, dan-
sants, héroiques. Peut-ètre souhaiterait-on
que le compositeur eût témoigné dans leur
arrangement d'un peu plus dc.légèreté et de
caprice.
Après les avoir applaudis, le public a ao-
clamé M. Emil Sauer, interprète impecca-
ble et nullement romantique du concerto de
Chopin, où le poète passionné des noctur-
hes, des ballades, des polonaises se montra
si inégal, et il a fêté une fois encore l'ex-
quise, joyeuse et tendre Dotly; de M. Ga-
Alfred Beokeau
FURSY A FEMDÎA
Vendredi prochain 21 février, à 4 h. th, le
prince de l'esprit, le roi de la chanson rosse,
Fursy il suffirait de le nommer. fera une
conférence des plus piquantes, des plus ori-.
ginales sur les Soirées mondaines. Joli pré-
texte à des anecdotes savoureuses, à de curieux
souvenirs, à des couplets inédits 1 Fursy a
saisi avec empressement cette occasion d'exer-
cer sa verve. Une troupe d'artistes de la Scala
et de la Boîte à Fursy, en dehors de la toute
charmante divette bien connue, Jane Pierly,
entourera le patron
Ainsi donc vendredi prochain les abonnés
de Femina seront heureux de fêter, dans des
chansons et des danses inédites, le talent et la
bonne grâce de Mlles Renée Baltha, Alice de
Tendeur, Lucy Pezet, la petite Germaine, ainsi
que les bons chansonniers Lucien Boyer, Paul
Marinier, etc.
Voilà donc en perspective une heure de
gaieté franche, mais de bonne compagnie, que
donneront Fursy et ses camarades. Le pro-
gramme, entièrement nouveau, réserve de
joyeuses surprises.
AUJOURD'HUI
COMEDlE-MARIGHrr (matinées-thés). A
5 heures, thé tango sous la direction du
professeur Robert. (Entrée et tbé fiomoria
4 francs).
UNIVERSrrB DES ANNALES. A 2 heures,
« la Mer », par M Jean Richepin. A 5 heu-
res, « Nostradamus », par M. Emile Berr.
CE SOIR
OPERA. A 8 heures, reprise d'Armide,
avec MM. Altchevsky, Danses. Dubois, Tria-
don, Duclos, Mmes Mérentié. B. Mendès, Dau-
nias, Laute-Brun. Téclar. Dubois-Lauser. Cour-
bières.
Mlle Zambelli fera sa rentrée dans un des
deux divertissements Mlle Alda Boni dansera
Fautre.
PALAlS-BOtAL. La Présidente, le succès.
triomphal du Palais-Royal, vient d'atteindre la
centième représentation. Comme au premier
jour, c'est le même enthousiasme, la même af-
fluence de spectateurs, la même vague de
gaieté qui passe sur la salle. Pour s'en éton-
ner. il faudrait ne pas connaître la maîtrise
dans le comique des spirituels auteurs MM j
Hennequin et Véber, il faudrait ignorer le ta-
lent prodigieux et si divers des remarquables
artistes que M. Quinson a su réunir autour de
lui Armande Cassive. Germain, Lamy, Le
Gallo et Lévêque en tête d'une troupe «n tout
point parfaite.
C0MED1E-MARIGNT. La recette des
Eclaireuses, de M. Maurice Donnay, jouées à
bureaux fermés, a donné 8.632 francs. Joli chif-
fre
THEATRE DES ARTS. Suivant la cet[-
tnme, ce théâtre donnera demain mardi, à
2 heures, une matinée de son triomphal suc-
cès, le Rêve. de M Pbilippe Ganbert, l'Amou-
reuse leçon, de M. Alfred Brun eau, le Couron-
nem.ent de Poppée, de Monteverde (M Vincent
<î'Indy), Dollv, de M. G. Fauré. A ce spectacle,
jeudi dernier, l'on joua à bureaux fermés. tout
ayant été enlevé à la location.
̃ TR1ANON-LYRIQUE. Manette, ropérette
inédite en 3 actes, de MM. Fernand Beissier
et Louis Le Bel, mnsique de M. André Fijean
sera donnée irrévocablement en répétition gé-
nérale jeudi prochain, à 1 h. 1/2, avec Mmes
Jane de Poumeyrac, Jane Ferny. Alice Per-
roni, Payen, Yoriska, Tollet, Gnjllen, Lau-
rière MM. Jonvin, José Théry, Brimais, Tar-
quinrd'Or, naillard, Bourgueil, Mourier, Lau
rière. Isouard Première. vendredi soir 21 fé-
vrier. Première matinée, dimanche 23.
NOOVEAUTES PARISIENNES. Tous les
soirs, à 8 h 1/2. succès colossal de Martyre!
comédie dramatique en 5 actes. Dina&nche et
fêtes, à 2 h. V2 matinée.
TRENTE ANS DE THEATRE. Samedi 22
février, à 8 h. t/S, salle Huyghens, rue Huy-
ghens, et le lundi 24, salle Japy, boulevard
Voltaire, représentations en l'honneur de Vic-.j
tor Hugo. Au programme M Monnet-Sully
dira les Pauvres genx Rny Bios (1" et 5' ac-
tes). (MM. Paul Mounet, Numa, Alexandre,
Mme Larah.Ie Roi s'amuse (fragments) (M.
Silvain et Mlle Maille): Poésies de Victor
Hugo dites par Mmes S. Weber, Renée du
Minil, Delvair. Silvain. Madeleine Ronh, MM.
Duflos et Leitner. Les deux soirées se termi-
neront par le Conronnement de Victor
Hugo » et comprendront également des mélo-
dies et des chansons de Victor Hugo par
Mmes Le Senne. Calvet, Andrée Barlette; MM.
Dubois, Dutreix, Triadou, de l'Opéra, et Mme
Anna Thibaud.
DE MONTE-CARLO
Après avoir si facilement et si brillamment
triomphé dans les rôles de Gilda et de Juliette,
Mlle Lipkowska a retrouvé le même succès
dans le personnage de Mimi, de la Vie de
bohème. Par ses moyens physiques. Mlle
Lipkowska est l'interprète idéale de ces divers
rôles de jeune héroïne amoureuse elle l'est
bien mieux encore par ses dons merveilleux
de cantatrice et par son art où s'unissent har-
monieusement le style et l'expression drama-
Auprès d'elle, M. Smirnoff fut un remarqua-
ble Rodolfo le rôle convient à merveille à
l'excellent ténor. Le rôle de Marcello trouve
en M. Allard, comme chanteur et comme co-
médien, un interprète de premier ordre. M.
Chaliapine est un admirable Colline, plein de
fantaisie, de vérité et d'émotion. M. Chalmin
anime avec une aisance et une verve parfai-
tes le rôle de Schaunard. Citons encore Nille
Merly, une gracieuse et brillante Musette, et
MM. Ch. Delmas Armand et Borie.
Sons la direction de M. Alexandre Pomé,
l'orchestre a exécuté avec une rare souplesse
la célèbre partition de M. Puccini.
A LA PIE QUI CHANTE
(Charles Fallot, directeur)
Dépêchez-vous d'aller applau-
dir la merveilleuse fantaisiste
Nina Myral et l'original humoriste Kar-Yon
qui doivent quitter lu Pie à la fin du mois, ap-
pelés par des engagements antérieurs. La Pie
vert.e est la, plus, gaie des revues, chaque
scène est un succès le Scandale de la Pie 1
c'est vingt minutes de fou rire. Au program-
me des charmantes divettes, L. Dereymon,
R. Eymard, Dalba; les auteurs gais A. Marti-
ni, G. Secrétan, J. Jame, etc., puis J. Battaille,
Chazy. Retenez vas places. (TéL: 225-67.)
Concerts Touche. Ce soir, symphonie de
Franck. Jeudi prochain, premier concert du Cycle
Beethoven. Location, 25. boulevard de Strasbourg.
La Revue des Folies-Bergère, avec toutes ses
attractions, ses clowns Antonett et Grock et Yvette.
Chez Mayol. Demain mardi,
l'occasion de la transmission des
pouvoirs présidentiels, à 2 heures,
matinée a prix réduits (prix du
jeudi). A cette matinée Mayof lan-
cera une nouveauté les Pozngs car.
rés, dédiée au nouveau président
et la revue qui obtient un succès
triomphal sera donnée avec la
même interprétation que le soir.
Le soir, à 10 h. h Mayol, et à
^f •-»• 2) •̃ ̃ fc. • ui_a
"a-Ta~an- Ce soir, 108* représentation de
la meilleure revue de l'année. Demain mardi, à
l'occasion de la transmission des pouvoirs, mati-
née de gala à 2 h. 5.
Galté-Rochechouart. Les débats
de miss Sealby et de Puclos dans la
délicieuse revue Madame est Serbie 1
ont été pour les incomparables artistes
l'occasion d'un triomphe inouï ova-
tions, clameurs délirantes les ont sa-
lues après chacun de leurs numéros
qui laissent, il est vrai, loin derrière
eux tant ce qu'on a applaudi jusqu'à ce jour. Miss
Sealby-Duclos sont des virtuoses inégaléa et l'en-
thoustasme qu'ils suscitent est parfaitement justice.
Nouveau-Cirque. Les Frédiani, les Bindea
̃M VIE mUTAHE
Comment sont maintenant ravitaillées
nos troupes du Tchad
Le Mattn a déjà signalé, U y a quelques mots.
l'essai de ravitaillement de nos postes du Tchad
par ta voie anglaise de la Nigeria. Cet essai avait
bien réussi, mais une baisse exceptionnelle des
eaux du Niger avait, au début, causé un retard de
quarante jours. Le ministère des colonies s'y nrlt
alors autrement
Nos postes militaires dn Tchad viennent de re-
cevoir un ravitaillement de too tonnes qui .était
,parti de Bordeaux le 22 septembre U n'a donc
mis que. Quatre mois oonx arriver; c'est un re-
cord
Il n'a pas, comme le précédent, emprunté la
voie du fleuve Niger arrivé de Bordeaux à Co-
tonou, il a traversé la lagune de Porto-Novo. grâce
à des vapeurs qui maintenant y font le service jus-
qu'à Lagos à Lagns, les caisses ont pris la voie
occidentale des chemins de fer de la Nigeria et
sont ainsi allées jusqu Kano Là, ces caisses (près
de 4.000) ont été chargées sur un millier de cha-
meaux, et ce convoi est allé 'jusqu'à N'Guigml, à
l'extrémité noitl-oufist du tac Tchad, on fi a été
divisé.
L'entente cordiale continue à porter ses fruits
les autorités anglaises ont lihéré ces envois de ton-
tes formalités de douanes jusqu'à Kano.
Et il y a des chances maintenant. pour que ces
procédés de ravitaillement prennent pins d'exten-
sion encore et ne s'appliquent plus seulement au
,Tchad. car Zinder n'est qu'à quelques journées de
Ka no.
Un nouvel envoi de 150 tonnes est en mate par la
même voie.
Le commandement des sections
de télégraphistes aux colonies
Le commandement des détachements de télègra-
phistes coloniaux était jusqu'à présent réservé aux
officiers de l'infanterie coloniale. Or le service
outremer s'est modtfié profondément, du fait en
particulier de l'introduction de la radiotélégraphie
à Madagascar, en Afrique occidentale, au Congo
un développement considérable de cette branche
du service est prochain dans toute rindo-Chine.
ün certain nombre d'officiers de l'artillerie colo-
nialè, préparés d'ailleurs par leurs études antérieu-
res se sont spécialisés dans la radiotélégraphie.
Il vient d'être décidé que le commandement des
sections de télégraphistes aux colonies serait exercé
soit par un officier de l'Infanterie coloniale, soit
par un officier da l'artillerie coloniale.
Nouvelles universitaires
Nominations Mutations
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Sont nommés assesseurs des doyens de facnltés
Université de Besancon MM Fournier (faculté
des sciences); Droz (faculté des lettres).
Université de Debeay (faculté de droit);
Lignier (faculté des sciences): Rainaud (faculté des
Université de Lille MM. Demogue (droit); Char-
meli (médecine et oharmacis); Clairin (sciences).
Piquet (lettres).
Ecole de médecine et de pharmacie de Caen.
M. Gault, docteur ès sciences, est institué suppléant
des chaires de physiqne et de chimie.
A TRAVERS,PARIS
Il se présente mal, on le sort » bien.
En dépit de ses vingt-sept ans et de son im-
posante stature, Louis Berteaud « marque
fort mal. Evidemment, on n'est pas tenu
de se montrer très « fashionable » quand
on. a pour habitude de' coucher sous tes
ponts, mais encore faut-il être vêtu avec dé-
cence quand pour se désaltérer, on s'atta-
ble à la terrasse des brasseries bien fré-
quentées. ̃
Donc Louis Berteaud, qui méconnaît l'im-
portance de ces principes, se présentait d'a-
venture, l'autre soir; dans un grand café
voisin de'la gare de Lyon. A la vue de ce
minable vagabond, le garçon sursauta et
s'en fut prévenir le gérant qui, après en
avoir délibéré avec le directeur, voulut
éconduire le nouveau venu.
Outré de ces procédés, Berteaud se prit à
grommeler d'abord, puis, saisissant la ta-
blette d'un guéridon, de marbre, il la lança à
toute volée dans la devanture d'un commer-
çant voisin, M. Roudier, habitant, 2, rue de
Lyon. Le fracas des vitres brisées fut tel
qu'un agent intervint, et comme, au demeu-
rant, la glace était rompue, la conversation
s'engagea Berteaud ne fit-montre d'aucune
aménité. Il dit même au gardien de la paix
qui le conduisait au poste
-Je préférerai serrer la main de Lacombe
que la tienne, saligaud
Bientôt d'ailleurs,. M. Boutinéaû, commis-
saire de police, envoya au Dépôt l'é&ergù-
mène, déjà condamné une quarantaine de
fois pour des faits analogues.
On le prend, et c'est ce qui le sauve.
Poussé par la misère, Johannès Faure, âgé
de vingt-quatre ans, tentait de pénétrer, la
nuit dernière, vers trois heures, dans 'le
débit de vin, tenu par M. Marcellin, 1, rue
des Deux-Boules.
Il faisait déjà jouer l'espagnolette de la
porte, après avoir coupé une vitre avec un
diamant, quand survint le sons-brigadier
Maillard, du premier arrondissement. Cette
intervention lui sauva la vie.
En effet, M. Marcellin, réveillé par le bmit
que firent, en tombant, quelques éclats de
verre, était descendu dans son débit et, à la
faveur de l'obscurité, s'était glissé derrière
son comptoir. Revolver au pomg, il se tenait
prêt à faire feu, quand le sous-brigadier ap-
parut
Une perquisition opérée an domicile de
Fanre, 23, rue du Faubourg-Montmartre,
amena la découverte de plusieurs objets de
valeur de provenance douteuse.
Le cambrioleur, qui avait sur lui une
douzaine de fausses clés, a été envoyé au
Dépôt par M. Durand, commissaire de po-
lice du quartier Ses Halles.
Un pauvre vieux cocher, avec sa vieille
bête. Le père Mathieu, demeurant rue
de l'Abbé-Grégoire, a soixante-dix ans. Per-
clus de douleurs, il n'en monte pas moins,
chaque jour, sur le siège de son fiacre,
fonette d'une main bénigne sa vieille ju-
ment Manon, et véhicule des Parisiens qui
ne sont-pas pressés. Cahin-caha, la voiture
avance, tandis que la dépassent les autos
bruyantes et rapides. Le père Mathieu n'a
que mépris pour ces machines sans âme. Sa
jument est sa meilleure amie, et il demeure
éperdiunent fidèle à ce que sa jeunesse a·
aimé.
Hier, vers midi, le cocher s'en fut déjeu-
ner dans un restaurant de la rue de Vaugi-
rard, après avoir donné à Manon sa pitance
d'avoine. Quand il sortit, quel ne fut pas son
étonnement Un monsieur, jeune et élégant,
cajolait la jument, en manifestant les signes
de la joie la plus vive.
En quelques mots, il expliqua au père Ma-
thieu les raisons de son attitude.
Voici dix ans, Manon appartenait à un ré-
giment de hussards, où Ini-m^me faisait
son service. Il l'avait eue comme jument
d'armes. En ce temps-là, belle' et fière, elle
défiait ses congénères à la course et fran-
chissait les obstacles les pius hauts. Et puis,
sans doute, elle avait subi le sort commun,
avait été réformée et vendue. Mais elle avait
beau n'être plus qu'une haridelle efflanquée,
il l'avait bien reconnue. Et il proposait au
père Mathieu de lui acheter la bête à n'im-
porte quel prix.
Le cocher ne voulut rien entendre. Il sou-
haite finir ses jours en compagnie de sa
vieille amie.
Le monsieur, touché de cette affection, se
nomma M, Leignan, possesseur d'un châ-
teau en Gascogne.
Je vous y offre l'hospitalité, conclut-il,
à vous et à Manon. Venez tous deux chez
moi vous reposer enfin.
Le père Mathieu accepta avec joie. Le
vieil automédon et la vieille jument vo.nt
donc couler encore. et sans se séparer
quelques années heureuses.
accidents DE LA RUE. Rue du Temple, une
voiture cellulaire, dans laquelle se trouvait
seul un inspecteur de la Sûreté, a été heurtée
par un tramway de l'Est-Parisien. Le cocher,
Charles Lallement, trente-deux ans, a été pro-
jeté sur la chaussée et s'est grièvement blessé
à la tête.
RIXES ET AGRESSIONS. Devant le numéro 46
du boulevard de Belleville, M. Désiré Menet,
dix-sept ans, fumiste, rue Oberkampf, fut
frappé d'un coup de couteau au côté gauche
NOS VOYAGES
accompagnés
ALGÉRIE TUNISIE ITALIE
Voir tes prix et détails en 6* page
par un inconnu en fuite. A Saint-Louis, le
blessé, dont l'état est grave.
VOLS ET ESCROQUERIES. On arrête, au mo-
ment où Us faisaient fonctionner les appareils
automatiques à l'aide de jetons de cuivre, à la
station Richard-Lenoir, les nommés Octave
Faivre, trente-sept ans, demeurant, 33, rue de
Paris, à Saint-Denis, Georges et André Giro-
dowski, dix-huit et vingt-sept ans, habitant en
garni, passage Maurice.
Toujours accompagné d'un interprète, un
couple anglais, croit-on, achète depuis quel-
que temps des bijoux chez des commerçants
du premier arrondissement et paye avec des
banknotes qu'on reconnaît fausses après leur
départ! On recherche l'homme et la femme,
toujours vêtus avec élégance.
CHOSES ET AUTRES. Une pierre d'un poids
de trois kilos environ s'est détachée, hier ma-
tin, d'une sculpture de la façade de l'église
Saint-Nicolas-des-Champs, rue Saint-Martin. Il
n'y a pas eu d'accident de personne.
CONCOURS
DES
aviateurs]
Contrôle
Le pointeur ayant terminé le dé-
d'un sac de 250 so-
lutions a établi la feuille dont nous
avons publié le rrzodéle, où se trou-
ve indiqué le nombre de voix obte-
nues par chaque aviateur. Il remet
le résultat de son travail à un contrô-
leur qui, après l'avoir soigneuse-
ment vérifié, inscrira sur un regis-
tre les chlljres obtenus^
500.000 FR.
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FEUILLETON DU « MATIN
DO 17 FÉVRIER 1913
'73
Pardaillan
et Fausta
GRAND ROMAN INÉDIT
par Michel ZEVACO
XXVI
LES CONSPIRATEURS
Si le roi n'avait pas le temps de protester,
c'est-à-dire s'il était doucement envoyé ad
patres avant d'avoir pu élever la voix, le
futur Charles VI aurait été enlevé au ber-
ceau par, des criminels, qu'on retrouverait
au besoin. Le roi, naturellement, n'aurait
jamais cessé de faire rechercher l'enfant
volé. Et l'émotion, la joie d'avoir enfin mi-
raculeusement retrouvé l'héritier du trône,
auraient été fatales au monarque affaibli
par maladie et les infirmités, ainsi que
chacun le savait.
Ces différents points étant réglés
Messieurs, dit Fausta, préparer l'ac-
cès du trône à celui que nous appellerons
Carlos, en mémoire de son grand-père, l'il-
lustre empereur, c'est bien Encore faut-il
qu'on ne l'assassine pas avant. Il nous faut
parer à cette redoutable éventualité. le vous
ni dit, je -crois, que l'assassinat serait per-
pétré. au cours de la corrida qui .aura lieu
Tous droits do reproduction, de traduction et
ti'aâaptlon réservés pour tous pays.
Copyright by Michel Zewaco tBiî.
demain lundi, car nous voici maintenant à
dimanche. Tout a été lentement et savam-
ment combiné en vue de ce meurtre. Le roi
n'est venu à Séville que pour cela II fon-
dra donc vous trouver tous la corrida,
prêts à faire un rempart de vos personnes à
celui que je vous désignerai et que vous con-
naissez et aimez tous, sans connaître sa vé-
ritable personnalité. Il faudra, sans hésiter,
risquer vos existences pour sauver la sienne.
Amenez avec vous vos hommes les plus sûrs
et les plus déterminés. C'est à une véritable
bataille que je vous convie, et il est néces-
saire que le prince ait autour de sa -personne
une garde d'élite uniquement occupée de veil-
ler sur lui. En outre, il est indispensable
d'avoir sur la place San-Francisco, dans les
rues adjacentes, dans les tribunes réservées
au populaire et dans l'arène méme, le plus
grand nombre de combattants possible. Les
ordres définitifs vous seront donnés eue ce
que je n'hésiterai pas à appeler le champ de
bataille. De leur exécution rapide él intelli-
gente dépendra le salut du prince, et par-
tant l'avenir de notre entreprise.
Ces dispositions causèrent une profonde
surprise aux conjurés. II leur parut évident
qu'il n'était pas question d'une échauffou-
rée insignifiante, d'une bagarre sans impor-
tance, mais bien d'une belle et bonne batail-
le comme elle l'avait dit.
La perspective était moins attrayante.
Mais quoi ? Obtient-on rien sans risques et
périls
Puis, pour tout dire, si ces hommes
étaient, pour la plupart des ambitieux sans
grands scrupules. ils étaient tous des hom-
mes d'action, d'une bravoure incontestable.
Le premier moment de stupeur passé, leurs
instincts guerriers se réveillèrent. Les épées
foiirreii'îx ct comme s'il eût fallu charger
à l'instant rutiiic. Vingt voix irdentes crié.
Bataille! Bataille 1
Fausta comprit que si elle les laissait fai-
re, dans leur ardeur guerrière ils oublie-
raient totalement qu'ils avaient un but bien
déterminé à attelndre. Elle réfréna leur
ardeur d'une voix rude
II ne s'agit pas, dit-elle, d'échanger
stupidement des coups. 11 s'agit de sauver
le prince. Il ne s'agit que de cela pour le
moment, entendez-vous ?
Et avec un accent solennel
Jurez de mourir jusqu'au dernier, s'il
le faut, mais de le sauver, coûte que coûte.
Jurez
lis comprirent qu'ils s'étaient emballés
et, d'une seule voix
Nous jurons crièrent-ils en brandis-
sant leurs épées..
Rien! dit gravement Fausta. A lundi
donc, à. la corrida royale.
Elle sentait qu'il n'y avait pas à douter
de leur, sincérité et de leur loyauté. Ils mar-
cheraient tous bravement à la mort s'il le
fallait. Mais Fausta ne négligeait aucune
précaution. De plus elle savait que, si grand
que soit un dévouement, un peu d'or répan-
du à propos n'est pas fait pour le diminuer:
au contraire.
D'un air détaché elle porta le coup qui
devait lui rallier les hésitants, s'il y en avait
parmi eux, et redoubler le zèle et l'ardeur
de ceux qui lui étaient acquis.
Dans une entreprise comme celle-ci, dit-
elle, l'or est un adjuvant indispensable¡Par-
mi les hommes qui vous obéissent il doit
s'en trouver à coup sûr un certain nombre
qui sentiront redoubler leur audace et leur
courage lorsque quelques doublons seront
venus garnir leurs escarcelles. Répandez
l'or à pleines mains. Ne craignez pas de
vous.montrer trop généreux. On vous l'a dit
tout à l'heure, nous sommes fabuleusement
riches. Que chacun de vous fasse connaître
à NI. le duc de Castrana la somme dont il a
besoin. Elle lui sera portée à son domicile
demain. La distribution aue vous allez faire
se rapporte exclusivement au combat de de-
main. Par la suite il sera bon de procéder
à d'autres largesses. Les sommes nécessai-
res vous seront remises au fur et à mesure
des besoins. Et maintenant allez, messieurs,
et que Dieu vous garde.
Fausta omettait volontairement de leur
parler d'eux-mêmes. Elle savait bien qu'ils
ne s'oublieraient pas, eux, le proverbe qui
dit que charité bien ordonnée commence
par soi-même, ayant été vrai de tous les
temps. En agissant ainsi elle évitait de frois-
ser des susceptibilités faciles à effaroucher.
Mais elle put lire sur tous les visages deve-
nus radieux combien son geste généreux
était apprécié à sa valeur.
Ayant dit, elle les congédia d'un geste de
reine et fit un signe imperceptible au duc
de Castrana, lequel alla incontinent se pla-
cer près de l'ouverture par laquelle ils
étaient oien obligés de sortir tous, puisqu'il
n'y en avait pas d'autre du moins pas
d'autre apparente.
Au geste de congé de celle qui, après s'être
révélée souveraine par l'autorité, se montrait
doublement souveraine par la générosité
plus que royale, les conjurés répondirent
par des acclamations et chacun fit ses pré-
para tifs. de départ en répétant
A la corrida, demain.
Le départ se fit lentement, un à un, car
il ne fallait'pas éveiller l'attention en se
montrant par groupes dans les rues de la
ville, non encore éveillée.
Le duc de Castrafia recueillait et notait sur
des tablettes le chiffre que lui donnait cha-
cun avant de s'éloigner. Il échangeait quel-
ques mots brefs avec celui-ci, faisait une re-
coniniandation à celui-là, serrait la main de
cet autre et chacun se retirait ravi de son
urbanité car personne ne doutait que, sous
le nouveau régime, il ne deviendrait un puis-
sant personnage et chacun aussi s'efforçait
de se concilier ses bonnes grâces.
Pendant ce temps Fausta, demeurée seule
sur l'estrade, n'avait pas bougé de son fau-
teuil et semblait surveiller de loin la sortie
de ces hommes qu'clles avait su faire siens
grâce à son habileté .et à sa générosité 1
Pardaillan ne la quittait pas des yeux, et
sans doute avait-il appris à lire sur cette
physionomie indéchiffrable, ou peut-être
était-il 'servi par- une intuition mystérieuse,
car il murmura
La comédie n'est pas finie, ou je me
trompe fort. Ceci me fait l'effet d'un temps
de repos et je serais fort étonné qu'il n'y eût
pas une deuxième séance. Attendons encore.
Ayant ainsi décidé il mit à profit .1e temps,
assez long, du départ des conjurés et se re-
tourna vers le Chico.
Le nain avait attendu très patiemment,
sans bouger de sa place. Ce qui se passait
derrière ce mur le laissait parfaitement in-
différent et même il se demandait quel inté-
rêt pouvait trouver. son compagnon à écou.
ter ces sornettes de conspirateurs. Quant à
lui, Chico, s'il était à la place du seigneur
français, il savait bien qu'il serait déjà
loin de ces lieux où on avait voulu le faire
pétrir d'une mort lente et atroce. Mais l'as-
rendant que Pardaillan avait pris sur lui
était déjà tel qu'il' se serait bien gardé de se
permettre la plus petite observation. Si le
seigneur français restait, c'est qu'il le ju-
geait utile et il n'avait qu'à attendre qu'il
lui plût de s'en aller.
C'est ce qu'il avait fait et tandis que Par-
daillan écoutait et regardait, lui s'était re-
plongé dans ses rêves d'amour. Si bien que
le chevalier dut le secouer, croyant qu'il
s'était bonnement endormi.
Donc, en attendant que le dernier conju-
ré se fût éloigné, Pardaillan se mit à cau-
ser avec le Chico, non sans animation. Et
sans doute s'était-il avisé de demander
quelque chose d'extraordinaire, car le nain,
après avoir montré un ébahissement pro-
me quelqu'un qui s'efforce d'empêcher de
commettre une sottise.
Sans doute Parddillan réussit-il à le con-
vaincre, et obtint-il de lui ce qu'il- désirait,
car lorsqu'il' se remit à regarder par l'exca-
vation, il paraissait satisfait et son œil pé-
tillait de malice.
Fausta maintenant était seule. Le dernier
conjuré s'était retiré et cependant elle res-
tait, calme et majestueuse, dans son fau-
teuil, semblant attendre on ne savait quoi
ou qui.
Tout à coup, sans que Pardaillan pût dire
par où elle, était venue, une ombre surgit
de derrière l'estrade et vint silencieusement
se placer devant Fausta.
Puis une deuxième, une troisième, jus-
qu'à six ombres surgirent de même et vin-
rent se ranger, debout, devant Fausta.
Pardaillan, parmi ceux-là, reconnut le
duc de Castrana. et aussi le familier qu'il
avait jeté hors du patio Cristobal Centu-
rion, dont il savait le nom maintenant.
Le sourire de Pardaillan s'accentua
Par Dieu murmura-t-il, je savais
bien que tout n'était pas fini.
Messieurs, commença Fausta de sa
voix grave, j'ai demandé à M. le duc de
Castrafia de me désigner quatre des plus
énergiques et des plus décidés d'entre vous
tous. Il vous connaît tous. S'il vous a choi-
sis, c'est qu'il vous a jugés dignes de
l'honneur qui vous est réservé. Je n'ai donc
qu'à ratifier son choix.
Les quatre désignés s'inclinèrent proton*-
dément et attendirent. V
Fausta reprit en désignant Centurion
Celui-ci a été choisi directement par
moi parce que je le connais. Il est à moi
corps et âme.
Salut de Centurion ressemblant à une géa
(A suivre^
LE MATIN
17 2 «- « A
CONTES DES MILLE ET UN MATINS
L'ATELIER
«– Alors, c'est décidé, Dominique, vous
.,Vous mariez
Il le faut bien, mon amie.
Je ne vous le reproche pas. Je n'ai
rien à vous reprocher. C'est par vous que
j'ai eu tout -le bonheur de ma vie. Je vous
ai rencontré et j'ai obtenu ce que toutes les
femmes désirent j'ai été comprise, adorée,
choyée, j'ai eu un ami en même temps
qu'un amant. B est nécessaire maintenant
que vous fassiez votre vie. Quand vous se-
rez vieux, vous aurez ainsi un foyer. J'en ai
bien un, moi, malgré le peu de plaisir que
j'y ai trouvé. Je ne serai pas topte seule, un
jour. Vous avez raison de vous marier, Do-
mini,que, vous avez trente-trois ans et j'en ai
trente-six.
Elle se pencha lentement vers Dominique
et, de ses belles mains, flatta son visage.
Tu es encore beau, lui dit-elle tout
bas. Tu as une longue jeunesse devant toi.
Sois heureux
Tu me regretteras, Jeanne
Toute ma vie. Tu m'as donné ce qui
est trremplaçable le meilleur de toi. II
faut que je te dise merci; et encore merci,
dn fond du coeur
La nuit entrait peu à peu dans l'atelier
où se tenaient Mme Sydose et Dominique de
Trévoux. Le divan couvert de tapis turcs,
les murs tendus de voiles de Gène.s, les
bustes, les menues tables garnies d'objets
curieux ou comiques, et jusqu'au vaste
confessionnal installé dans un coin, et que
surmontait bizarrement un bouddha doré
tout disparaissait graduellement dans l'om-
bre grise.
Lès deux amants allèrent vers la fenê-
tre, qui ouvrait sur un port. Une brume
tissée de feu flottait sous le ciel doré. On
voyait en face un vaste portique de couleur
.orange, et des palais, des escaliers, le clocher
d'une église, presque impondérables dans un
brouillard de nacre rose. Le soir était pé-
nétrant et fluide, si beau que l'on se di-
sait, le coeur étreint par une angoisse plei-
-ne' de joie C'est le premier soir que je,
vois. Voici la première nuit du monde, et
je vais être heureux pendant l'éternité.
Oui, c'était un soir de poésie et d'illusion,
ét, comme une baguette magique, le der-
nier rayon de soleil transformait tout ce
qu'il touchait.
Tu seras heureux, répéta Mme Syrdo-
se, et tu mérites de l'être. 0
Et, devant le couchant, ils s'embrassè-
rent.
Qne vas-tu faire de cet atelier! de-
manda-t-elle.
Je suis bien obligé de rabandonner et
de disperser tout ce qu'il contient Si ja-
0 mais ma femme apprenait.
Quoi ? fit Mme Syrdose, blessée, tu
disséminerais tous nos souvenirs Ecou-
te, Dominique, je suis libre, moi, de faire
ce que je veux. Jamais- mon mari ne se
soucie de mes affaires. Je vais prendre cet
atelier à mon nom, et j'y viendrai souvent
à cette heure-ci J'y serai-.tellement plus
chez moi que dans ma demeure
Ainsi tirent-ils. Et le mois suivant, Do-
minique de Trévoux allait à son destin, qui
était d'épouser Mlle Clémence Brogier.
Et les années passèrent, amenant leurs
changements habituels, et des secousses
terribles bouleversèrent l'Europe, des co-
mètes parcoururent le ciel; il y eut des
-guerres et des épidémies, et la vie continua
à fleurir comme un rosier dans les ruines.
Un soir, Dominique de Trévoux, errant,
mélancolique, le long des quais du port, vit
que les fenêtres de son ancien atelier étaient
éclairées. Il songea à Mme Syrdose et il
gravit, dans le noir, un escalier humide et
froid. Quand il fut arrivé au dernier éta-
ge, il frotta une allumette pour reconnaître
la porte à laquelle il allait frapper. Et lors-
qu'elle fut ouverte il vit Mme Syrdose. Elle
avait vieilli et pâli, et ses cheveux étaient
blancs mais Trévoux, avec son dos voûté,
son air morne et las, paraissait plus vieux
encore.
Vous voyez, dît-elle simplement, je
.vous attendais.
Il entra. Rien n'avait changé dans raté-
lier il retrouva le divan turc et les voiles
de Gênes,et le confessionnal surmonté d'un
bouddha et, sur une table, un bouquet de
chrysanthèmes rouillés pareil à celui qui
la fleurissait le soir de la dernière entre-
vue. Et cette permanence dans le souvenir
émut tellement Dominique qu'il se mit à
pleurer.
Vous savez ma vie demanda-t-fl.
Mme Syrdose hocha silencieusement la
tête.
Vons savez que ma femme est partie
_avec mon meilleur ami et que je suis seul
et ridicule
Vous n'êtes pas ridicule, Dominique, et
vous souffrez. Je pensais bien que vous fini-
-riez par revenir ici. J'y pense presque toutes
les fins d'après-midi depuis dix ans.
Et votre fille ?
Elle est mariée et vit à Hanoi. Mon
mari est toujours au cercle, et c'est heureux,
car il est plus ennuyeux que jamais.
C'était encore un beau soir. Le portique
était toujours là, avec ses pâles statues, et
les palais, et les escaliers, et le clocher de
l'église. L'eau du port remuait, à peine, une
grande voile blanche arrivait de la haute
mer, des lanternes de voitures couraient le
long des quais, un doux murmure fait de
travaux qui s'apaisent montait dans la fin
du jour, mais c'était un soir, malgré tout,
inquiet et triste, et l'on songeait « Le monde
est bien vieux, la vie difficile. Je me conten-
terai, Seigneur, des miettes du bonheur »
Vous aimiez votre femme, Dominique?
demanda Mme Syrdose, en venant s'asseoir
sur le divan, à côté de son vieil ami
Comme je vous ai aimée, Jeanne C'est
tout dice Pourquoi m'a-t-elle quitté ? Pour-
quoi m'a-t-elle trompé Je croyais l'avoir
rendue heureuse, et puis un jour vient, un
jour de désastre, où l'on trouve une petite
lettre moqueuse et une maison déserte. Oui,
pourquoi m'a-t-elle quitté ? Vous m'aviez
tant aimé, Jeanne, que je croyais que toutes
les femmes m'aimeraient et que toutes
seraient fidèles et tendres comme vous. Et
je n'ai rien su, je n'ai rien compris de mon
malheur jusqu'au jour' où Clémence m'a
abandonné. Maintenant, ma vie est détruite,
mon foyer dispersé, je n'ai plus rien au
monde et je pleure sur des ruines.
Et il laissa tomber sa tête dans ses mains,
et il se mit à sangloter, avec de grands san-
glots déchirants qui lui secouraient les
épaules.
Oh l'injuste ami, le cruel ami ré-
pondit Mme Syrdose. Vous n'avez pas tout
perdu, Dominique, puisque je suis encore là,
que je ne-vous ai point oublié et que ma ten-
dresse est toute prête à bercer votre douleur,
et ma présence, à rendre moins nue votre
solitude. Moi, je n'ai rien essayé, rien tenté
depuis votre mariage. Mon heure était 8nie.
J'ai vécu avec mes souvenirs. La vie vous
a brisé, Dominique, et l'expérience il vous
reste le songe de l'amour. Vous viendrez ici
comme autrefois, chaque soir, et vous m'y
trouverez, et nous causerons ensemble ainsi
qu'un frère et une soeur. Notre jeunesse est
close. Nous parlerons du passé.
II pleurait toujours, à genoux devant elle,
la tête posée dans les mains de Mme ̃Syr-
dose, qui demeuraient belles, pures, longues
et de l'aspect même de la cire ou de la rosé
d'hiver.
Est-ce que mon existence est finie 8,ce
point, Jeanne Si peu de jours, et déjà me
faut.-il renoncer à vivre ¥
Il le faut.
-s– J'ai le cœur jeune et j'aime toujours
Clémence. Me faut-il accepter de ne jamais
la'revoir ?
Il le faut
Faut-il que je m'accoutume à ne rien
attendre, à rêver, àjpae souvenit 1
Il le faut.
Jeanne, Jeanne, c'est trop dur Mais
que gagnerai-je à renoncer ainsi à tont î
Mme Syrdose regarda le cadre de la fe-
nêtre, et les derniers nuages clairs qui cé-
daient devant la nuit, et à l'horizon, un voile
de nacre qui perdait peu à peu son éclat.
Dominique, répondit-elle doucement,
vous y gagnerez, comme moi, de vieillir avec
sérénité I
Edmond Jaloux
Une idée de lemme par joar
mscittTiOK cotmumçvtt
CRÉATION e.-H. SAnXMOB
Au moment où nous abandonnons nos lourds
manteaux et nos chapeaux de velours, nous
aimons* comme coiffures de transition, pour
accompagner nos tailleurs, les formes entière-
ment faites de plumes,dont le charme égale la
légèreté. Voici, par exemple; photographiée
sur Mlle"]ane Pierly, une ravissante toque en
argus naturel, ronde et toute' mignonne, au-
tour de laquelle s'enroulent, gracieusement,
deux.grands couteaux d'argus. Ces couteaux
semblent retenus par des cabochons et des bar,
rettes de coq de roche, dont le ton vif tranche
agréablement sur V ensemble.
jAvoras
Aujourd'hui commence
chez P.-R. Saillard, 16, Fg-Saint-Denis, la veat-
te de tous lés modèles en magasin (chapeaux de
demi-saison, plumes, fantaisies) avec une réduc-
tion de 40 Le 3 mars prochain, la maison
Saillard sera transférée 7, boul. des Capucines.
Théâtres et Concerts
LES CONCERTS
Schumann avec Faust, Wagner avec Par-
sifal, Siegfried et le Crépuscule des dieux
occupaient à eux seuls, hier, les program-
mes de MM. Messager et Pierné. Je ne suis
cône allé ni au Conservatoire, ni au Châ- )
telet. C'est à la salle. Gaveau que j'ai passé
ma journée. M. Chevillard y donnait la
première audition d'une fantaisie pour or-
chestre sur deux Noëls populaires wallons,
de M. Joseph Jongen.
Cette œuvre possède toutes les qualités
de facture que j'avais déjà signalées quand
un autre morceau du même musicien excel-
lent fut joué, il y a quelques semaines. Cha-
cun des thènies servant à sa construction
est très clairement exposé et très fermement
développé. Par d'ingénieuses transforma-!
tiens rythmiques, ces thèmes acquièrent
une grande variété de sentiment. Ils sont
tour à toir graves, puérils, robustes, dan-
sants, héroiques. Peut-ètre souhaiterait-on
que le compositeur eût témoigné dans leur
arrangement d'un peu plus dc.légèreté et de
caprice.
Après les avoir applaudis, le public a ao-
clamé M. Emil Sauer, interprète impecca-
ble et nullement romantique du concerto de
Chopin, où le poète passionné des noctur-
hes, des ballades, des polonaises se montra
si inégal, et il a fêté une fois encore l'ex-
quise, joyeuse et tendre Dotly; de M. Ga-
Alfred Beokeau
FURSY A FEMDÎA
Vendredi prochain 21 février, à 4 h. th, le
prince de l'esprit, le roi de la chanson rosse,
Fursy il suffirait de le nommer. fera une
conférence des plus piquantes, des plus ori-.
ginales sur les Soirées mondaines. Joli pré-
texte à des anecdotes savoureuses, à de curieux
souvenirs, à des couplets inédits 1 Fursy a
saisi avec empressement cette occasion d'exer-
cer sa verve. Une troupe d'artistes de la Scala
et de la Boîte à Fursy, en dehors de la toute
charmante divette bien connue, Jane Pierly,
entourera le patron
Ainsi donc vendredi prochain les abonnés
de Femina seront heureux de fêter, dans des
chansons et des danses inédites, le talent et la
bonne grâce de Mlles Renée Baltha, Alice de
Tendeur, Lucy Pezet, la petite Germaine, ainsi
que les bons chansonniers Lucien Boyer, Paul
Marinier, etc.
Voilà donc en perspective une heure de
gaieté franche, mais de bonne compagnie, que
donneront Fursy et ses camarades. Le pro-
gramme, entièrement nouveau, réserve de
joyeuses surprises.
AUJOURD'HUI
COMEDlE-MARIGHrr (matinées-thés). A
5 heures, thé tango sous la direction du
professeur Robert. (Entrée et tbé fiomoria
4 francs).
UNIVERSrrB DES ANNALES. A 2 heures,
« la Mer », par M Jean Richepin. A 5 heu-
res, « Nostradamus », par M. Emile Berr.
CE SOIR
OPERA. A 8 heures, reprise d'Armide,
avec MM. Altchevsky, Danses. Dubois, Tria-
don, Duclos, Mmes Mérentié. B. Mendès, Dau-
nias, Laute-Brun. Téclar. Dubois-Lauser. Cour-
bières.
Mlle Zambelli fera sa rentrée dans un des
deux divertissements Mlle Alda Boni dansera
Fautre.
PALAlS-BOtAL. La Présidente, le succès.
triomphal du Palais-Royal, vient d'atteindre la
centième représentation. Comme au premier
jour, c'est le même enthousiasme, la même af-
fluence de spectateurs, la même vague de
gaieté qui passe sur la salle. Pour s'en éton-
ner. il faudrait ne pas connaître la maîtrise
dans le comique des spirituels auteurs MM j
Hennequin et Véber, il faudrait ignorer le ta-
lent prodigieux et si divers des remarquables
artistes que M. Quinson a su réunir autour de
lui Armande Cassive. Germain, Lamy, Le
Gallo et Lévêque en tête d'une troupe «n tout
point parfaite.
C0MED1E-MARIGNT. La recette des
Eclaireuses, de M. Maurice Donnay, jouées à
bureaux fermés, a donné 8.632 francs. Joli chif-
fre
THEATRE DES ARTS. Suivant la cet[-
tnme, ce théâtre donnera demain mardi, à
2 heures, une matinée de son triomphal suc-
cès, le Rêve. de M Pbilippe Ganbert, l'Amou-
reuse leçon, de M. Alfred Brun eau, le Couron-
nem.ent de Poppée, de Monteverde (M Vincent
<î'Indy), Dollv, de M. G. Fauré. A ce spectacle,
jeudi dernier, l'on joua à bureaux fermés. tout
ayant été enlevé à la location.
̃ TR1ANON-LYRIQUE. Manette, ropérette
inédite en 3 actes, de MM. Fernand Beissier
et Louis Le Bel, mnsique de M. André Fijean
sera donnée irrévocablement en répétition gé-
nérale jeudi prochain, à 1 h. 1/2, avec Mmes
Jane de Poumeyrac, Jane Ferny. Alice Per-
roni, Payen, Yoriska, Tollet, Gnjllen, Lau-
rière MM. Jonvin, José Théry, Brimais, Tar-
quinrd'Or, naillard, Bourgueil, Mourier, Lau
rière. Isouard Première. vendredi soir 21 fé-
vrier. Première matinée, dimanche 23.
NOOVEAUTES PARISIENNES. Tous les
soirs, à 8 h 1/2. succès colossal de Martyre!
comédie dramatique en 5 actes. Dina&nche et
fêtes, à 2 h. V2 matinée.
TRENTE ANS DE THEATRE. Samedi 22
février, à 8 h. t/S, salle Huyghens, rue Huy-
ghens, et le lundi 24, salle Japy, boulevard
Voltaire, représentations en l'honneur de Vic-.j
tor Hugo. Au programme M Monnet-Sully
dira les Pauvres genx Rny Bios (1" et 5' ac-
tes). (MM. Paul Mounet, Numa, Alexandre,
Mme Larah.Ie Roi s'amuse (fragments) (M.
Silvain et Mlle Maille): Poésies de Victor
Hugo dites par Mmes S. Weber, Renée du
Minil, Delvair. Silvain. Madeleine Ronh, MM.
Duflos et Leitner. Les deux soirées se termi-
neront par le Conronnement de Victor
Hugo » et comprendront également des mélo-
dies et des chansons de Victor Hugo par
Mmes Le Senne. Calvet, Andrée Barlette; MM.
Dubois, Dutreix, Triadou, de l'Opéra, et Mme
Anna Thibaud.
DE MONTE-CARLO
Après avoir si facilement et si brillamment
triomphé dans les rôles de Gilda et de Juliette,
Mlle Lipkowska a retrouvé le même succès
dans le personnage de Mimi, de la Vie de
bohème. Par ses moyens physiques. Mlle
Lipkowska est l'interprète idéale de ces divers
rôles de jeune héroïne amoureuse elle l'est
bien mieux encore par ses dons merveilleux
de cantatrice et par son art où s'unissent har-
monieusement le style et l'expression drama-
Auprès d'elle, M. Smirnoff fut un remarqua-
ble Rodolfo le rôle convient à merveille à
l'excellent ténor. Le rôle de Marcello trouve
en M. Allard, comme chanteur et comme co-
médien, un interprète de premier ordre. M.
Chaliapine est un admirable Colline, plein de
fantaisie, de vérité et d'émotion. M. Chalmin
anime avec une aisance et une verve parfai-
tes le rôle de Schaunard. Citons encore Nille
Merly, une gracieuse et brillante Musette, et
MM. Ch. Delmas Armand et Borie.
Sons la direction de M. Alexandre Pomé,
l'orchestre a exécuté avec une rare souplesse
la célèbre partition de M. Puccini.
A LA PIE QUI CHANTE
(Charles Fallot, directeur)
Dépêchez-vous d'aller applau-
dir la merveilleuse fantaisiste
Nina Myral et l'original humoriste Kar-Yon
qui doivent quitter lu Pie à la fin du mois, ap-
pelés par des engagements antérieurs. La Pie
vert.e est la, plus, gaie des revues, chaque
scène est un succès le Scandale de la Pie 1
c'est vingt minutes de fou rire. Au program-
me des charmantes divettes, L. Dereymon,
R. Eymard, Dalba; les auteurs gais A. Marti-
ni, G. Secrétan, J. Jame, etc., puis J. Battaille,
Chazy. Retenez vas places. (TéL: 225-67.)
Concerts Touche. Ce soir, symphonie de
Franck. Jeudi prochain, premier concert du Cycle
Beethoven. Location, 25. boulevard de Strasbourg.
La Revue des Folies-Bergère, avec toutes ses
attractions, ses clowns Antonett et Grock et Yvette.
Chez Mayol. Demain mardi,
l'occasion de la transmission des
pouvoirs présidentiels, à 2 heures,
matinée a prix réduits (prix du
jeudi). A cette matinée Mayof lan-
cera une nouveauté les Pozngs car.
rés, dédiée au nouveau président
et la revue qui obtient un succès
triomphal sera donnée avec la
même interprétation que le soir.
Le soir, à 10 h. h Mayol, et à
^f •-»• 2) •̃ ̃ fc. • ui_a
"a-Ta~an- Ce soir, 108* représentation de
la meilleure revue de l'année. Demain mardi, à
l'occasion de la transmission des pouvoirs, mati-
née de gala à 2 h. 5.
Galté-Rochechouart. Les débats
de miss Sealby et de Puclos dans la
délicieuse revue Madame est Serbie 1
ont été pour les incomparables artistes
l'occasion d'un triomphe inouï ova-
tions, clameurs délirantes les ont sa-
lues après chacun de leurs numéros
qui laissent, il est vrai, loin derrière
eux tant ce qu'on a applaudi jusqu'à ce jour. Miss
Sealby-Duclos sont des virtuoses inégaléa et l'en-
thoustasme qu'ils suscitent est parfaitement justice.
Nouveau-Cirque. Les Frédiani, les Bindea
̃M VIE mUTAHE
Comment sont maintenant ravitaillées
nos troupes du Tchad
Le Mattn a déjà signalé, U y a quelques mots.
l'essai de ravitaillement de nos postes du Tchad
par ta voie anglaise de la Nigeria. Cet essai avait
bien réussi, mais une baisse exceptionnelle des
eaux du Niger avait, au début, causé un retard de
quarante jours. Le ministère des colonies s'y nrlt
alors autrement
Nos postes militaires dn Tchad viennent de re-
cevoir un ravitaillement de too tonnes qui .était
,parti de Bordeaux le 22 septembre U n'a donc
mis que. Quatre mois oonx arriver; c'est un re-
cord
Il n'a pas, comme le précédent, emprunté la
voie du fleuve Niger arrivé de Bordeaux à Co-
tonou, il a traversé la lagune de Porto-Novo. grâce
à des vapeurs qui maintenant y font le service jus-
qu'à Lagos à Lagns, les caisses ont pris la voie
occidentale des chemins de fer de la Nigeria et
sont ainsi allées jusqu Kano Là, ces caisses (près
de 4.000) ont été chargées sur un millier de cha-
meaux, et ce convoi est allé 'jusqu'à N'Guigml, à
l'extrémité noitl-oufist du tac Tchad, on fi a été
divisé.
L'entente cordiale continue à porter ses fruits
les autorités anglaises ont lihéré ces envois de ton-
tes formalités de douanes jusqu'à Kano.
Et il y a des chances maintenant. pour que ces
procédés de ravitaillement prennent pins d'exten-
sion encore et ne s'appliquent plus seulement au
,Tchad. car Zinder n'est qu'à quelques journées de
Ka no.
Un nouvel envoi de 150 tonnes est en mate par la
même voie.
Le commandement des sections
de télégraphistes aux colonies
Le commandement des détachements de télègra-
phistes coloniaux était jusqu'à présent réservé aux
officiers de l'infanterie coloniale. Or le service
outremer s'est modtfié profondément, du fait en
particulier de l'introduction de la radiotélégraphie
à Madagascar, en Afrique occidentale, au Congo
un développement considérable de cette branche
du service est prochain dans toute rindo-Chine.
ün certain nombre d'officiers de l'artillerie colo-
nialè, préparés d'ailleurs par leurs études antérieu-
res se sont spécialisés dans la radiotélégraphie.
Il vient d'être décidé que le commandement des
sections de télégraphistes aux colonies serait exercé
soit par un officier de l'Infanterie coloniale, soit
par un officier da l'artillerie coloniale.
Nouvelles universitaires
Nominations Mutations
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
Sont nommés assesseurs des doyens de facnltés
Université de Besancon MM Fournier (faculté
des sciences); Droz (faculté des lettres).
Université de Debeay (faculté de droit);
Lignier (faculté des sciences): Rainaud (faculté des
Université de Lille MM. Demogue (droit); Char-
meli (médecine et oharmacis); Clairin (sciences).
Piquet (lettres).
Ecole de médecine et de pharmacie de Caen.
M. Gault, docteur ès sciences, est institué suppléant
des chaires de physiqne et de chimie.
A TRAVERS,PARIS
Il se présente mal, on le sort » bien.
En dépit de ses vingt-sept ans et de son im-
posante stature, Louis Berteaud « marque
fort mal. Evidemment, on n'est pas tenu
de se montrer très « fashionable » quand
on. a pour habitude de' coucher sous tes
ponts, mais encore faut-il être vêtu avec dé-
cence quand pour se désaltérer, on s'atta-
ble à la terrasse des brasseries bien fré-
quentées. ̃
Donc Louis Berteaud, qui méconnaît l'im-
portance de ces principes, se présentait d'a-
venture, l'autre soir; dans un grand café
voisin de'la gare de Lyon. A la vue de ce
minable vagabond, le garçon sursauta et
s'en fut prévenir le gérant qui, après en
avoir délibéré avec le directeur, voulut
éconduire le nouveau venu.
Outré de ces procédés, Berteaud se prit à
grommeler d'abord, puis, saisissant la ta-
blette d'un guéridon, de marbre, il la lança à
toute volée dans la devanture d'un commer-
çant voisin, M. Roudier, habitant, 2, rue de
Lyon. Le fracas des vitres brisées fut tel
qu'un agent intervint, et comme, au demeu-
rant, la glace était rompue, la conversation
s'engagea Berteaud ne fit-montre d'aucune
aménité. Il dit même au gardien de la paix
qui le conduisait au poste
-Je préférerai serrer la main de Lacombe
que la tienne, saligaud
Bientôt d'ailleurs,. M. Boutinéaû, commis-
saire de police, envoya au Dépôt l'é&ergù-
mène, déjà condamné une quarantaine de
fois pour des faits analogues.
On le prend, et c'est ce qui le sauve.
Poussé par la misère, Johannès Faure, âgé
de vingt-quatre ans, tentait de pénétrer, la
nuit dernière, vers trois heures, dans 'le
débit de vin, tenu par M. Marcellin, 1, rue
des Deux-Boules.
Il faisait déjà jouer l'espagnolette de la
porte, après avoir coupé une vitre avec un
diamant, quand survint le sons-brigadier
Maillard, du premier arrondissement. Cette
intervention lui sauva la vie.
En effet, M. Marcellin, réveillé par le bmit
que firent, en tombant, quelques éclats de
verre, était descendu dans son débit et, à la
faveur de l'obscurité, s'était glissé derrière
son comptoir. Revolver au pomg, il se tenait
prêt à faire feu, quand le sous-brigadier ap-
parut
Une perquisition opérée an domicile de
Fanre, 23, rue du Faubourg-Montmartre,
amena la découverte de plusieurs objets de
valeur de provenance douteuse.
Le cambrioleur, qui avait sur lui une
douzaine de fausses clés, a été envoyé au
Dépôt par M. Durand, commissaire de po-
lice du quartier Ses Halles.
Un pauvre vieux cocher, avec sa vieille
bête. Le père Mathieu, demeurant rue
de l'Abbé-Grégoire, a soixante-dix ans. Per-
clus de douleurs, il n'en monte pas moins,
chaque jour, sur le siège de son fiacre,
fonette d'une main bénigne sa vieille ju-
ment Manon, et véhicule des Parisiens qui
ne sont-pas pressés. Cahin-caha, la voiture
avance, tandis que la dépassent les autos
bruyantes et rapides. Le père Mathieu n'a
que mépris pour ces machines sans âme. Sa
jument est sa meilleure amie, et il demeure
éperdiunent fidèle à ce que sa jeunesse a·
aimé.
Hier, vers midi, le cocher s'en fut déjeu-
ner dans un restaurant de la rue de Vaugi-
rard, après avoir donné à Manon sa pitance
d'avoine. Quand il sortit, quel ne fut pas son
étonnement Un monsieur, jeune et élégant,
cajolait la jument, en manifestant les signes
de la joie la plus vive.
En quelques mots, il expliqua au père Ma-
thieu les raisons de son attitude.
Voici dix ans, Manon appartenait à un ré-
giment de hussards, où Ini-m^me faisait
son service. Il l'avait eue comme jument
d'armes. En ce temps-là, belle' et fière, elle
défiait ses congénères à la course et fran-
chissait les obstacles les pius hauts. Et puis,
sans doute, elle avait subi le sort commun,
avait été réformée et vendue. Mais elle avait
beau n'être plus qu'une haridelle efflanquée,
il l'avait bien reconnue. Et il proposait au
père Mathieu de lui acheter la bête à n'im-
porte quel prix.
Le cocher ne voulut rien entendre. Il sou-
haite finir ses jours en compagnie de sa
vieille amie.
Le monsieur, touché de cette affection, se
nomma M, Leignan, possesseur d'un châ-
teau en Gascogne.
Je vous y offre l'hospitalité, conclut-il,
à vous et à Manon. Venez tous deux chez
moi vous reposer enfin.
Le père Mathieu accepta avec joie. Le
vieil automédon et la vieille jument vo.nt
donc couler encore. et sans se séparer
quelques années heureuses.
accidents DE LA RUE. Rue du Temple, une
voiture cellulaire, dans laquelle se trouvait
seul un inspecteur de la Sûreté, a été heurtée
par un tramway de l'Est-Parisien. Le cocher,
Charles Lallement, trente-deux ans, a été pro-
jeté sur la chaussée et s'est grièvement blessé
à la tête.
RIXES ET AGRESSIONS. Devant le numéro 46
du boulevard de Belleville, M. Désiré Menet,
dix-sept ans, fumiste, rue Oberkampf, fut
frappé d'un coup de couteau au côté gauche
NOS VOYAGES
accompagnés
ALGÉRIE TUNISIE ITALIE
Voir tes prix et détails en 6* page
par un inconnu en fuite. A Saint-Louis, le
blessé, dont l'état est grave.
VOLS ET ESCROQUERIES. On arrête, au mo-
ment où Us faisaient fonctionner les appareils
automatiques à l'aide de jetons de cuivre, à la
station Richard-Lenoir, les nommés Octave
Faivre, trente-sept ans, demeurant, 33, rue de
Paris, à Saint-Denis, Georges et André Giro-
dowski, dix-huit et vingt-sept ans, habitant en
garni, passage Maurice.
Toujours accompagné d'un interprète, un
couple anglais, croit-on, achète depuis quel-
que temps des bijoux chez des commerçants
du premier arrondissement et paye avec des
banknotes qu'on reconnaît fausses après leur
départ! On recherche l'homme et la femme,
toujours vêtus avec élégance.
CHOSES ET AUTRES. Une pierre d'un poids
de trois kilos environ s'est détachée, hier ma-
tin, d'une sculpture de la façade de l'église
Saint-Nicolas-des-Champs, rue Saint-Martin. Il
n'y a pas eu d'accident de personne.
CONCOURS
DES
aviateurs]
Contrôle
Le pointeur ayant terminé le dé-
d'un sac de 250 so-
lutions a établi la feuille dont nous
avons publié le rrzodéle, où se trou-
ve indiqué le nombre de voix obte-
nues par chaque aviateur. Il remet
le résultat de son travail à un contrô-
leur qui, après l'avoir soigneuse-
ment vérifié, inscrira sur un regis-
tre les chlljres obtenus^
500.000 FR.
Made in Germany
Beaucoup de produits a polir sont alle-
mands. La Plaque Electra, au contraire, est
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FEUILLETON DU « MATIN
DO 17 FÉVRIER 1913
'73
Pardaillan
et Fausta
GRAND ROMAN INÉDIT
par Michel ZEVACO
XXVI
LES CONSPIRATEURS
Si le roi n'avait pas le temps de protester,
c'est-à-dire s'il était doucement envoyé ad
patres avant d'avoir pu élever la voix, le
futur Charles VI aurait été enlevé au ber-
ceau par, des criminels, qu'on retrouverait
au besoin. Le roi, naturellement, n'aurait
jamais cessé de faire rechercher l'enfant
volé. Et l'émotion, la joie d'avoir enfin mi-
raculeusement retrouvé l'héritier du trône,
auraient été fatales au monarque affaibli
par maladie et les infirmités, ainsi que
chacun le savait.
Ces différents points étant réglés
Messieurs, dit Fausta, préparer l'ac-
cès du trône à celui que nous appellerons
Carlos, en mémoire de son grand-père, l'il-
lustre empereur, c'est bien Encore faut-il
qu'on ne l'assassine pas avant. Il nous faut
parer à cette redoutable éventualité. le vous
ni dit, je -crois, que l'assassinat serait per-
pétré. au cours de la corrida qui .aura lieu
Tous droits do reproduction, de traduction et
ti'aâaptlon réservés pour tous pays.
Copyright by Michel Zewaco tBiî.
demain lundi, car nous voici maintenant à
dimanche. Tout a été lentement et savam-
ment combiné en vue de ce meurtre. Le roi
n'est venu à Séville que pour cela II fon-
dra donc vous trouver tous la corrida,
prêts à faire un rempart de vos personnes à
celui que je vous désignerai et que vous con-
naissez et aimez tous, sans connaître sa vé-
ritable personnalité. Il faudra, sans hésiter,
risquer vos existences pour sauver la sienne.
Amenez avec vous vos hommes les plus sûrs
et les plus déterminés. C'est à une véritable
bataille que je vous convie, et il est néces-
saire que le prince ait autour de sa -personne
une garde d'élite uniquement occupée de veil-
ler sur lui. En outre, il est indispensable
d'avoir sur la place San-Francisco, dans les
rues adjacentes, dans les tribunes réservées
au populaire et dans l'arène méme, le plus
grand nombre de combattants possible. Les
ordres définitifs vous seront donnés eue ce
que je n'hésiterai pas à appeler le champ de
bataille. De leur exécution rapide él intelli-
gente dépendra le salut du prince, et par-
tant l'avenir de notre entreprise.
Ces dispositions causèrent une profonde
surprise aux conjurés. II leur parut évident
qu'il n'était pas question d'une échauffou-
rée insignifiante, d'une bagarre sans impor-
tance, mais bien d'une belle et bonne batail-
le comme elle l'avait dit.
La perspective était moins attrayante.
Mais quoi ? Obtient-on rien sans risques et
périls
Puis, pour tout dire, si ces hommes
étaient, pour la plupart des ambitieux sans
grands scrupules. ils étaient tous des hom-
mes d'action, d'une bravoure incontestable.
Le premier moment de stupeur passé, leurs
instincts guerriers se réveillèrent. Les épées
foiirreii'îx ct comme s'il eût fallu charger
à l'instant rutiiic. Vingt voix irdentes crié.
Bataille! Bataille 1
Fausta comprit que si elle les laissait fai-
re, dans leur ardeur guerrière ils oublie-
raient totalement qu'ils avaient un but bien
déterminé à attelndre. Elle réfréna leur
ardeur d'une voix rude
II ne s'agit pas, dit-elle, d'échanger
stupidement des coups. 11 s'agit de sauver
le prince. Il ne s'agit que de cela pour le
moment, entendez-vous ?
Et avec un accent solennel
Jurez de mourir jusqu'au dernier, s'il
le faut, mais de le sauver, coûte que coûte.
Jurez
lis comprirent qu'ils s'étaient emballés
et, d'une seule voix
Nous jurons crièrent-ils en brandis-
sant leurs épées..
Rien! dit gravement Fausta. A lundi
donc, à. la corrida royale.
Elle sentait qu'il n'y avait pas à douter
de leur, sincérité et de leur loyauté. Ils mar-
cheraient tous bravement à la mort s'il le
fallait. Mais Fausta ne négligeait aucune
précaution. De plus elle savait que, si grand
que soit un dévouement, un peu d'or répan-
du à propos n'est pas fait pour le diminuer:
au contraire.
D'un air détaché elle porta le coup qui
devait lui rallier les hésitants, s'il y en avait
parmi eux, et redoubler le zèle et l'ardeur
de ceux qui lui étaient acquis.
Dans une entreprise comme celle-ci, dit-
elle, l'or est un adjuvant indispensable¡Par-
mi les hommes qui vous obéissent il doit
s'en trouver à coup sûr un certain nombre
qui sentiront redoubler leur audace et leur
courage lorsque quelques doublons seront
venus garnir leurs escarcelles. Répandez
l'or à pleines mains. Ne craignez pas de
vous.montrer trop généreux. On vous l'a dit
tout à l'heure, nous sommes fabuleusement
riches. Que chacun de vous fasse connaître
à NI. le duc de Castrana la somme dont il a
besoin. Elle lui sera portée à son domicile
demain. La distribution aue vous allez faire
se rapporte exclusivement au combat de de-
main. Par la suite il sera bon de procéder
à d'autres largesses. Les sommes nécessai-
res vous seront remises au fur et à mesure
des besoins. Et maintenant allez, messieurs,
et que Dieu vous garde.
Fausta omettait volontairement de leur
parler d'eux-mêmes. Elle savait bien qu'ils
ne s'oublieraient pas, eux, le proverbe qui
dit que charité bien ordonnée commence
par soi-même, ayant été vrai de tous les
temps. En agissant ainsi elle évitait de frois-
ser des susceptibilités faciles à effaroucher.
Mais elle put lire sur tous les visages deve-
nus radieux combien son geste généreux
était apprécié à sa valeur.
Ayant dit, elle les congédia d'un geste de
reine et fit un signe imperceptible au duc
de Castrana, lequel alla incontinent se pla-
cer près de l'ouverture par laquelle ils
étaient oien obligés de sortir tous, puisqu'il
n'y en avait pas d'autre du moins pas
d'autre apparente.
Au geste de congé de celle qui, après s'être
révélée souveraine par l'autorité, se montrait
doublement souveraine par la générosité
plus que royale, les conjurés répondirent
par des acclamations et chacun fit ses pré-
para tifs. de départ en répétant
A la corrida, demain.
Le départ se fit lentement, un à un, car
il ne fallait'pas éveiller l'attention en se
montrant par groupes dans les rues de la
ville, non encore éveillée.
Le duc de Castrafia recueillait et notait sur
des tablettes le chiffre que lui donnait cha-
cun avant de s'éloigner. Il échangeait quel-
ques mots brefs avec celui-ci, faisait une re-
coniniandation à celui-là, serrait la main de
cet autre et chacun se retirait ravi de son
urbanité car personne ne doutait que, sous
le nouveau régime, il ne deviendrait un puis-
sant personnage et chacun aussi s'efforçait
de se concilier ses bonnes grâces.
Pendant ce temps Fausta, demeurée seule
sur l'estrade, n'avait pas bougé de son fau-
teuil et semblait surveiller de loin la sortie
de ces hommes qu'clles avait su faire siens
grâce à son habileté .et à sa générosité 1
Pardaillan ne la quittait pas des yeux, et
sans doute avait-il appris à lire sur cette
physionomie indéchiffrable, ou peut-être
était-il 'servi par- une intuition mystérieuse,
car il murmura
La comédie n'est pas finie, ou je me
trompe fort. Ceci me fait l'effet d'un temps
de repos et je serais fort étonné qu'il n'y eût
pas une deuxième séance. Attendons encore.
Ayant ainsi décidé il mit à profit .1e temps,
assez long, du départ des conjurés et se re-
tourna vers le Chico.
Le nain avait attendu très patiemment,
sans bouger de sa place. Ce qui se passait
derrière ce mur le laissait parfaitement in-
différent et même il se demandait quel inté-
rêt pouvait trouver. son compagnon à écou.
ter ces sornettes de conspirateurs. Quant à
lui, Chico, s'il était à la place du seigneur
français, il savait bien qu'il serait déjà
loin de ces lieux où on avait voulu le faire
pétrir d'une mort lente et atroce. Mais l'as-
rendant que Pardaillan avait pris sur lui
était déjà tel qu'il' se serait bien gardé de se
permettre la plus petite observation. Si le
seigneur français restait, c'est qu'il le ju-
geait utile et il n'avait qu'à attendre qu'il
lui plût de s'en aller.
C'est ce qu'il avait fait et tandis que Par-
daillan écoutait et regardait, lui s'était re-
plongé dans ses rêves d'amour. Si bien que
le chevalier dut le secouer, croyant qu'il
s'était bonnement endormi.
Donc, en attendant que le dernier conju-
ré se fût éloigné, Pardaillan se mit à cau-
ser avec le Chico, non sans animation. Et
sans doute s'était-il avisé de demander
quelque chose d'extraordinaire, car le nain,
après avoir montré un ébahissement pro-
me quelqu'un qui s'efforce d'empêcher de
commettre une sottise.
Sans doute Parddillan réussit-il à le con-
vaincre, et obtint-il de lui ce qu'il- désirait,
car lorsqu'il' se remit à regarder par l'exca-
vation, il paraissait satisfait et son œil pé-
tillait de malice.
Fausta maintenant était seule. Le dernier
conjuré s'était retiré et cependant elle res-
tait, calme et majestueuse, dans son fau-
teuil, semblant attendre on ne savait quoi
ou qui.
Tout à coup, sans que Pardaillan pût dire
par où elle, était venue, une ombre surgit
de derrière l'estrade et vint silencieusement
se placer devant Fausta.
Puis une deuxième, une troisième, jus-
qu'à six ombres surgirent de même et vin-
rent se ranger, debout, devant Fausta.
Pardaillan, parmi ceux-là, reconnut le
duc de Castrana. et aussi le familier qu'il
avait jeté hors du patio Cristobal Centu-
rion, dont il savait le nom maintenant.
Le sourire de Pardaillan s'accentua
Par Dieu murmura-t-il, je savais
bien que tout n'était pas fini.
Messieurs, commença Fausta de sa
voix grave, j'ai demandé à M. le duc de
Castrafia de me désigner quatre des plus
énergiques et des plus décidés d'entre vous
tous. Il vous connaît tous. S'il vous a choi-
sis, c'est qu'il vous a jugés dignes de
l'honneur qui vous est réservé. Je n'ai donc
qu'à ratifier son choix.
Les quatre désignés s'inclinèrent proton*-
dément et attendirent. V
Fausta reprit en désignant Centurion
Celui-ci a été choisi directement par
moi parce que je le connais. Il est à moi
corps et âme.
Salut de Centurion ressemblant à une géa
(A suivre^
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