Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-09-07
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 07 septembre 1911 07 septembre 1911
Description : 1911/09/07 (Numéro 10054). 1911/09/07 (Numéro 10054).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2008
̃̃an « m
La LE MÂTlïï S
CONTES DES MILLE ET. UN MATINS
Hier M demain
E avait un visage aussi
petit qu'une immense
rose, et la vie semblait
faite exprès pour çlle,
comme un jardin. Non
seulement die était ex-
tjitise, mais tout sou-
riait au-dessus d'elle
son papa était heureux
et sa maman exactement aussi ircuiou^
Une foale de domestiques, ou de pa-
rents, ou d'amis accouraient de tous côtés
pour recevoir ses ordres comme des ca-
deaux. Jusqu'aux étrangers et aux vieilles
personnes qui appréciaient la petite gloire
de lui obéir. Il n'y avait pas, dans les his-
toires de fées, et même dans l'histoire de
France, une reine qui, à son âge, eut plus
de pouvoir. Et pourtant la fillette ne s'ha-
bituait pas sourire sa précieuse figure
toute neuve savait mieux s'assombrir que
s'éclairer. Pourquoi ? Nul n'aurait pu l'ex-
pliquer, elle moins qu'un autre.
A mesure qu'elle grandit, à mesure que
ses pieds, presque aussi mignons que tou-
jours, marchaient dans uue. destinée sans
heurt, au sein de tendresses et de dévoue-
ments avides, son intelligence s'affina. sa
'• sensibilité s'étendit. Mais son deuil impré-
cis ne la. quitta point. Ellc se mit il démê-
ler pourquoi, jadis, elle s'appliquait d'ins-
tinct être malheureuse. Elle le' fut plus
sagement et mieux.
Les autres ne devinaient pas le cœur
blessé qu'elle cachait. Ses parents se con-
tentaient de la protéger par leur solide
amour unique et de se tenir mieux l'un l'au-
tre toutes les fois qu'ils lui donnaient la
main.
Vers sa douzième année, elle fut sensi-
ble a ce que faisaient les saisons. Le parc
vert, le parc mordoré, le parc violet sont
des décors vides mais d'invisibles drames
s'y passent qui prouvent tous que le temps
s'en va.
En avril, lorsqu'on voit, à travers les
carreaux* les herbes arborer leurs' fleurs
comme des chapeaux, n'est-ce pas qu'on
songe aux défuntes fleurs du givre et qu'on
dit « Le pauvre hiver » et n'est-ce pas
que c'est mal de n'avoir pas pitié lorsque
le bel été détruit le joli printemps?
Un soir, penchant son front et posant
ses fines petites mains cinq pétales sur sa
jupe courte comme un abat-jour, elle se prit
=a soupirer
Quand j'étais petite.
Tout le monde rit, très haut, très bru-
talement.
Personne ne la comprenait, bien qu'elle
fût sûre d'avoir raison. Elle garda-au fond
'd'elle, comme des secrets, ses impressions
si abandonnées, ses idées qui n'avaient
qu'elle.
Elle alla d'année en année, thésaurisant
tous les sujets de tristesse, grands et
,,menus. Maintenant, a la multitude de ses
Ç serviteurs s'ajoutaient soudain, et là,
des passants troublés. Quand elle s'avan-
£î<34iaitJ les jeunes hommes s'estimaient heu-
reux de la regarder, et chacun faisait tout
bas la prière d'être regardé.
> Elle laissa l'un d'eux la choisir. Et voilà
que tout d'un co^p elle fut éblouie comme
lui. Elle avait ')eau se débattre et se raison-
ner, elle était heureuse. Elle était en proie
a la splendeur de la vie. Elle était glorieuse
malgré elle d'être vaincue par l'amour.
Elle se fiança. Son cœur se calma. Elle
se détournait déjà un peu le soir du
bonheur présent pour réfléchir du côté du
passé.
Elle disait « Comme on change
Puis elle répéta w Comme j'ai changé
Quand son fiancé lui disait qu'elle embel-
;;• lissait, elle entendait surtout qu'il la trou-
vait autre.
Mariée, elle décida que la vie grave com-
mençait pour elle. C'était bon autrefois
d'être insouciante! De même que toute
fraîche éclose, elle avait dit naguère
x Quand j'étais petite 1 elle se hasarda
à dire. « Quand j'étais leune
Ayant trouvé dans un tiroir un portrait
d'elle datant de quelques années, elle s'a-
perçut que, comme les poupées, les por-
traits sont des morts. Elle contempla avec
envie celle qu'elle avait été autrefois, dans
les époques h demi féeriques, où la vie
aaait encore du mystère à lui réserver, de
l'inconnu lui promettre.
Quand on lui rappela qu'elle avait dit, à
dix-huit ans « Maintenant, c'est fini pour
moi », elle répondit en secouant son visa-
ge magnifique et impitoyable
1 Il, y a sept ans de cela. J'avais tort
alors. Maintenant, c'est vrai.
A trente-cinq ans, elle vit sur sa tempe
'ce qu'elle cherchait depuis longtemps un
cheveu argenté, si mince, si perdu et même
si doré par tous les autres..1 Elle dit
J'ai des cheveux blancs, je suis
.vieille.
Elle vieillit. Tous ses deuils anticipés, ses
regrets précoces, ses remords exagérés fi-
=,par avoir raison. Ses tempes se
nacrèrent, ses joues lisses se compliquè-
rent, la profondeur de ses grands yeux si
aus s'atténua. Elle n'eut presque plus
d'importance pour les autres ceux qui la
servaient autrefois avaient disparu un à
un et son règne radieux était enterré. Les
autres, les survivants, les étrangers, la re-
gardaient en passant sans changer de pen-
Alors elle parut s'éveiller. Elle s'anima
S'éclaira^ comme ceux qui se délivrent d'un
rêve. Après le mariage de sa fille, quand
ellé demeura vraiment seule, quelque vieille
voix amie lui dit «% II faut vous rési-
gner. Elle cria Non et fut étonnée
qu'on pût se résigner.
Elle vécut éperdument. Elle mit des
écharpes nuageuses pour cacher son cou
meurtri, de petits chapeaux pour montrer!
ses cHeveux trop blonds. A la vue d'un an-
cien portrait d'elle, elle rit et s'écria
comme la mode change
Tout le monde voyait ses dents neuves,
tellement elle souriait. Elle courait de sa-
lon en salon, d'invitation en invitation,
pendant tout le temps qu'elle ne consa-
crait pas à sa toilette.
Un jour de fête, dans un parc, un petit
collégien rôda autour d'elle elle l'appela.
Il courut se jeter contre elle, le nez baissé
et haletant, comme s'il avouait une faute à
sa mère, lui dit qu'il la trouvait très belle.
Mais je suis presque vieille sauffla-
t-elle en tremblant.
Oh madame
L'écolier adorateur leva vers elle ses
yeux très purs et très tendres. Vieille Il
ne le croyait pas plus qu'elle.
Henri Barbusse.
THÉÂTRES & CONCERTS
INDISCRÉTIONS COMMUNIQUES
CE SOIR..
Ambigu. A 8 h. 1/2, reprise du Train de
8 h. 47, épisode de la vie militaire en trois ac-
tes et six tableauxr tiré du roman de M. G.
Courteline, par M. Léo Marchés, joué par MM.
Lorraip, Monteux, Chabert, Etiévant, Har
ment, Blanchard, Basseuil, Gouget, Buire, Vil-
Ié, Adam, Dherbilly, Dufresne, Charnay, Ja
cob, Masson, Lévy, Totah, Brunet, Delangle
Mmes Lucy Blémont, Lowe, Launier, Florent,
Anifa.
Première (à ce théâtre) du Système du doc
leur Goudron, pièce en un acte, de M. André
de Lorde, jouée .par MM. Gouget. Etiévant.
Villé, Basseuil, Adam, Blanchard, Dufresne.
Lévy, Delangle Mmes Lucy Blémont, Lau
nier. Ordre du spectacle te Système du doc-
leur Goudron, te Train de 8 h. &7.
OPERA-COMIQUE. C'est Mlle Geneviève
Vis qui chantera Carmen demain vendredi
Elle aura pour partenaires MM. Geyre, Bou
logne, et Mlle Nelly Martyl qui fera sa ren
trée dans le rôle de Micaëla.
Dimanche soir, on donnera Werther, avec
Mlles Suzanne Thévenet (débuts), Nelly Mar-(
tyl, MM. Sens, Gilles et Guillamat.
ODEON. M. Antoine a réglé dans la jour-
née d'hier les prochains débuts des lauréats
des derniers concours du Conservatoire. enga-
gés à l'Odéan.
Dès les premiers jours de la réouverture,
qui aura lieu date la dernière semaine de
septembre, M. Decaye sera présenté dans le
rôle de Maître Jacques, de t'Auare M. Grouil-
let, dans tes Précieuses ridicules. Mlle Méthi
vier et M. Baumé joueront Vivette est Frédéri,
de l'Arlésienne, remise complètement en
scène.
Les différents programmes de la saison se-
ront rendus publics vers la fin de la semaine,
et le bureau des abonnements fonctionne dès
aujourd'hui, de onze heures du matin à six
heures du soir.
LYRIQUE-MUNICIPAL. Nous avons an
noncé que la réouverture aurait lieu le same
di 30 septembre, avec Hérodiade, de M. Mas-
senet, qui n'a pas été donnée à Paris depuis
huit ans. En voici la nouvelle distribution
Mmes Zina Brozia, Salomé Fiérens, Héro
diade MM Affre, Jean Boulogne, Hérode
Kardec, Phanuel Audoin, Vitetlius Alberti.
le grand-prêtre. Dans le divertissement Mlles
Lucy Relly et Charbonnel.
CHATELET. Aujourd'hui, à 2 heures, ma-
tinée avec le Tour du monde.
Mme Carlotta Cavini, la nouvelle danseuse
étoile du Châtelet, qu'une entorse avait em-
péchée de débuter dans la reprise du Tour
du tnondei a pris, hier, possession de son em-
ploi. Pendant son absence, elle avait été rem-
placée par Mlle Vilaine.
LES PLEIN AIR. A Champigny-Ia-Ba-
taille, aujourd'hui, à 3 heures, matinée gra-
tuite pour les enfants des écoles communales
de Paris et des départements de la Seine et
de Seineet-Oiçe. (Les personnes accompa-
gnant les enfants payeront leur place). Au
programme te Chemineau. de MM. Jean Ri-
chepin et Xavier Leroux.
A Marnes-la-Coquette, la matinée de di-
manche prochain sera donnée par la société
de secours mutuels « la Cigale mutualiste »,
qui jouera te Juge est sans pitié, de M. Blé-
mont le Coeur a ses raisons, de MM. de Fiers
et Caülavet le quatrième acte de Manon
t'Auberge sur la route, pièce en vers de M
Charles Guéret (première .représentation), et
l'Eventail brisé, de M. Maurian de Laroche et
de Mme Lome Desprès (première représenta-
tion).
La représentation de l'Ecole des femmes
qui devait avoir lieu aujourd'hui, à 3 heures'
est reportée « par suite de l'indisposition de
M. Jollet », au jeudi 14 septembre.
CRYSTAL-PALACE
9, rue de la Fidélité (Métro Gare de l'Est)
Un nouveau baptisé aux sons d'un orches-
tre entraînânt, sous' la baguette de Lambert
Simon, et d'une fantaisie à spectacle, de V.
Tarault, des attractions paraissant pour la
première fois à Paris, des vedettes parisien-
nes aimées du public, voilà ce que l'on voit
sur la scène du Crystal, encadrée dans une
salle merveilleuse, garnie de fauteuils con-
fortables. Tout le monde s'y porte, car c'est
une bonne soirée passer, à des prix aborda-
bles. Impossible de s'y ennuyer on y voit
les plus jolis « girls n de Londres, les plus
jolies gorges de Paris, les meilleurs comi-
ques de nos music-halls en un mot, une
troupe d'élite. Il n'en faut pas plus pour
conquérir Paris, et c'est^fait. Tout le monde
va au Crystal, on y téléphone à tout moment
car le programme y est parfait.
jeudis matinéa la revue Au petit bonheur. de MM
Henry Moreau et Ardot-Laroche, avec la même in-
terprétation que le soir, c'est-à-dire le désopilant
Pranem, Delmarès, Girier, Y. Yma, Bach.
EmoEADO. Réouverture, Irrévocablement ven-
dredi 15 septembre.
Ba-Ta-Cun. Aujourd'hui, à deux heures, ma-
tinée Aux Bat's d'Âf Colette Willy, Wague,
Boucot. Demain, débuts du célèbre chanteur Dal.
bret.
Matinées d'atiiodkd'hci (concerts, cirques).
Alhambra (attractions). Ambassadeurs Au petit
bonheur, revue. Ba-Ta-Clan Aux Bat's d'Af.
Cirque Médrano attractions. Nouveau-Cirque
attractions.
Dans les départements
TOUJOURS LE FEU
Chaque jour» la chronique du feu s'al-
longe.
Un. fumeur imprudent occasionne, à Re-
don, l'incendie d une maison abritant deux
sections du 65? d'infanterie. Les soldats
échappèrent à grand'peine au sinistre. L'un
d'eux, sautant par une fenêtre du second
étage, se blesse sérieusement. Trois de ses
camarades sont également blessés. Les
sacs et effets militaires sont brûlés.
Le petit village de Kermelin, commune de
Saint-Avé (Morbihan), est presque çomplè-
tement "détruit par les flammes. Les pertes
sont considérables.
Aux environs de Moulins (Allier), le feu,
dl1 à des étincelles échappées d'une locomo-
tive, brûle, pendant trois jours, cinquante
hectares de bois.
Incendie de forêt également, non loin
d'Ambierle (Loire). Le 98° d'infanterie par-
vient à circonscrire le fléau. Plusieurs hec-
tares en cendres.
Dans la région de Sorèze et Durfort
(Tarn), la forêt flambe. Gendarmes, fores-
tiers et cultivateurs redoublent de zèle pour
arrêter les flammes..
Divers incendies de bois à Rigarda,- Ar-
boussols, Los-Masos et Coubère (Pyrénées-
Orientales).
Encore et toujours le feu dans les bois, à
Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne), dans
la forêt de Crécy.
Le moulin Corot, à Semur, n'est plus. Le
feu l'a détruit. On croit qu'il aura été allu.
mé par une étincelle jaillie entre deux meu-
les.
La grande forêt de Mont-Denis, près de
Sàint-Jean-de-Maurienne,paye aussi son tri-
but au sinistre qui s'étend sur plusieurs
hectares.
Un violent incendie a éclaté au Mas-d'Es-
paut, près de Saint-Mamert (Gard). Le feu
gagna les bois de Saint-Mamert,. Montpezat,
Combas, Crespian. Le feu n'a pu encore être
circonscrit. On attend l'arrivée des troupes.
Nouveaux incendies dans l'arrondisse-
ment de Saint-Pons. à Cambon. où 10 hec-
tares de bois ont été détruits, et dans un
domaine des Portes. Le sommet de la mon-
tagne est entièrement environné de flam-
mes.
A Roquevaire (Bouches-du-Rhone), l'in-
cendie consume une partie de la forêt com-
munale et les bois de M. Poutet.
A Beynost (Ain),' trois maisons ont été la
proie du feu. Cent mille francs de dégâts.
LA campagne~duTlavoisier x
Lorient, 6 septembre. Du correspon-
dant particulier du « Matin » (par télépho-
ne). Le croiseur Lavoisier est arrivé à
Lorient, ayant terminé sa campagne de
surveillance des pêches d'Islande. Les ma-
rins sont descendus ce soir à terre. Ils ont
remporté un excellent souvenir de leur cam-
pagne. L'accueil fait au pavillon français
fut particulièrement chaleureux en Irlande,
en Ecosse et en Norvège, où le bâtiment
eut l'occasion de stationner au cours de sa
croisière.
Le Lavoisier se trouvant en juillet, com-
me l'année dernière, à Bergen, y rencontra
le yacht impérial allemand Hohenzollern,
ayant à bord Guillaume II.
L'équipage fut appelé sur le pont pour
pousser les hourras réglementaires, aux-
quels répondit l'équipage allemand.
Il faut signaler que, contrairement aux
années précédentes, Guillaume II s'est
abstenu de monter à bord du Lavoisier.
UN FOU S'EVADE D'UN ASILE
ET TUE SON FRERE
Nice, 6 septembre. Un nommé Pierre
Muraire, âgé de vingt et un ans, interné
dernièrement à l'asile des aliénés de Nice,
ayant trompé la vigilance des gardiens, par-
vint à s'évader durant la, nuit.
A pied, il fit le trajet de 20 kilomètres qui
sépare Nice de Roquefort, résidence de sa
famille. Très posément, il se présenta chez
ses parents, et rien en lui ne pouvait faire
soupçonner un acte de folie, lorsque sou-
dain, Pierre Muraire s'armant d'un couteau
frappa son frère Gaston, Agé de vingt-huit
ans. Celui-ci, atteint au cœur, tomba fou-
droyé.
Le meurtrier aussitôt mattrisé a été remis
à la gendarmerie. (Fournier.)
LE CRIME D'UNE BRUTE
LE Pcy, G septembre. Dépéche particuliè-
re du « Matin ». A Recoules, près de Vorey,
Antoine Poncet, vingt-neuf ans, et Pierre Rey-
mond, trente-deux ans, travaillaient à la ma-
chine à battre, lorsque Reymond, pour plai-
santer, jeta dans la machine le chapeau de
son camarade.
La journée terminée, Poncet regagna son
domicile, où il prit son fusil. Revenant en
suite il se plaça en embuscade sur le chemin
que devait suivre Reymond, et devant'a fem-
me et les cinq enfants du malheureux, ve-
nus à sa rencontre, lui tira, à bout portant,
une charge de chevrotines puis à coups de
crosse,' il réduisit la tête de sa victime en
bouillie. Le meurtrier a été arrêté. D'impor-
tantes mesures d'ordre ont été prises pour le
protéger contre lsi population, qui voulait le
lyncher.
LA FOULE VEUT LYNCHER
UN ASSASSIN PRÉSUMÉ
Nancy, 6 septembre. M, Boulay, juge d'ins-
truction à Vittel, a fait arrêter un nommé
Charles Leliè'vre, manœuvre, âgé de soixante-
dix ans, ineulpé. d'avoir assassine, à Norroy-
sur-Vair: Mme veuve Guel.
La foule a voulu lyncher Leliêvre au mo-
ment où il a été emmené par les gendatmes
ceux-ci ont eu toutes les peines du monde à
le protéger. L'un d'eux a été blessé.
ibi (Fournier.)
UN VOLEUR FUSILLE
SES POURSUIVANTS
Evhebx, 6' septembre. Pendant que deux
maçons, les nommés Bostel, vingt ans, et
Buisson, vingt-quatre ans, dînaient dans un
café, au Chesne la bicyclette du premier lui
fut volée dans la cour. Les deux jeunes gens
donnèrent la chasse au voleur, chacun dans
une direction différente.
Buisson étant près de le rejoindre, le vo-
leur mit pied à terre, et à la clarté, de la lune,
lui tira un coup de fusil qui le blessa au vi-
sage, au bras gauche et à la poitrine.
S'étant remis en selle, le meurtrier rencon-
ira à son tour Bostel. Abandonnant la bicy-
slette, il se mit à fuir à travers champs, pour-
suivi par le jeune homme. Puis, s'arrêtant
brusquement, il le mit en joue et fit feu. Bos-
tel reçut toute la charge dans le ventre et, au
bras droit.
Il a dû être tradsporté à l'hôpital de Con-
ches son état est très grave.
Le meurtrier, qui est en fuite, est active-
ment recherché. {Havds.)
BAIGNADES MORTELLES
Montpellier, 6 septembre. Du correspon-
dant particulier du « Matin (par téléphone).
Trois journaliers agricoles, Antonio Ber-
nard, dix-sept ans; Gioganni Morel, vingt-qua-
tre ans, et Antonio Tholozan, tous trois Ita-
liens, s'étaient rendus à Marsillargue pour
vendanger. Ce soir, en revenant sur les bords
du Vidourle, ils voulurent prendre un bain,
bien que ne sachant nager ni l'un ni l'autre.
Le premier qui se mit à l'eau ne tarda pas à
couler à fond et ses camarades, qui voulu-
rent se porter à son secours, disparurent à
leur tour. Leurs cadavres ont été retirés après
une heure de recherches. v
UN SABOTAGE
BORDEAUX, 6 septembre. Du correspondant
particulier du « Matin » (par téléphone).
Ce matin, le rapide de Paris-Bordeaux n* 22
a subi un arrêt à 1,500 mètres de la gare de
LiBourne, par suite d'un acte de sabotage.
Une aiguille de transmission avait été ligotéE
à l'aide de grosses ficelles. L'aiguilleur fit des
efforts répétés pour la faire fonctionner
mais n'y parvenant pas, il en rechercha la
cause. C'est alors qu'il constata l'acte de sa-
botage. Le parquet de Libourne a été saisi et
a ouvert une enquête.
^TRIBUNAUX
Les 'affaires Hervé
Ainsi, qu'il l'avait annoncé dans sa lettre
à M le président Couinaud, M. Gustave
Hervé, pas plus du reste que MM. Raoul
Auroy et Louis Lay, ne s'est présenté, hier,
à la cour d'assises de la Seine.
Quelques minutes avant l'appel des affai-
res Hervé, un garde de Paris, sur l'ordre
de M. Couinaud, s'est rendu à la Concier-
gerie. Là, le rédacteur en chef de la
Guerre socialet'a. déclaré au gardien chef,
lui demandant s'il voulait se rendre à la
cour d'assises, « qu'il s'y refusait absolu-
ment n.
Le procès-verbal de ce refus fut aussitôt
dressé par le gardien chef et transmis au
président des assises.
La première des affaires Hervé, celle con-
cernant l'apologie, dans un article intitulé
« Vers la conquête de la rue de faits qua-
lifiés crimes, a été immédiatement appelée,
et en quelques minutes jugée par défaut.
M. Gustave Hervé a été condamné à deux
ans de prison et à 3.000 francs d'amende
(le maximum était de cinq ans de prison et
3.000 francs d'amende). Quant aà gérant' de
la Guerre sociale, M. Raoul Auroy, huit
mois de son et 2.000 francs d'amende lui
ont été infligés.
Puis, pour la seconde affaire (injures en-
vers l'armée commises dans un article de
la Guerre sociale portant le titre de AttilS
au Maroc la cour a, toujours par défaùt,
condamné M. Gustave Hervé à trois mois
de prison et 500 francs d'amende, M. Raoul
Auroy à trois mois de prison et 500 francs
d'amende, et M. Lay, dessinateur, à deux
mois de prison et 100 francs d'amende.
Me Boucheron est allé immédiatement fai-
re connaltre à M. Gustave Hervé le « mon-
tant » de ses deux condamnations.
Diffamation et injures envers l'armée
Le 6 juin dernier, la cour d'assises de la
Seine condamnait, par défaut, pour diffa-
mation et injures envers l'armée, M. Raoul
Auroy, gérant de la Guerre sociale, à six
mois d'emprisonnement et à 3.000 francs
d'amende.
Sur opposition, l'affaire revenait contra-
dictoirement, hier, devant les jurés pari-
siens.
Après lecture par M, le président Couï-
naud de l'article incriminé, M. Raoul Auroy,
qui exerce le métier de maçon en même
temps qu'il est gérant de la Guerre sociale,
fait cette déclaration
C'est avec une certaine jubilation que j'ai
lu cet article. J'en accepte pleipement toute
la responsabilité. Mais je dois dire que si
j'en avais été l'auteur, j'aurais ajouté un post
scriptum, où j'aurais dit que je souhaitais
à nos braves soldats de crever en débarquant
au Maroc ».
Aucun témoin n'est entendu.
M. l'avocat général Paul Matter soutient
la prévention. Puis M° Georges Boucheron
présenté la défense de M. Raoul Auroy,
auquel le jury accorde' des circonstances at-
ténuantes, et qui est condamné à quatre
mois dé prison et à 1.000 francs d'amendé.
Chez l'agent de change •
Par défaut, M. Alfred Sameau, ancien
clerc de notaire, était, le 18 mars dernier,
condamné, pour escroquerie, à deux années
d'ejnprisonnement.
M. Sameau faisait, hier, opposition à ce
jugement devant la neuvième chambre cor-
rectionnelle, présidée par M. Lesage. Il a
été, après réquisitoire de M. le substitut
Genty et plaidoirie de M0 Emile Doublet,
condamné à quinze mois de prison et à
50 francs d'amende.
Nouvelles judiciaires
Le cavalier Schmitt et le repris de justice
Le Hénaffe fêtaient ensemble le 14 juillet,
quand Schmitt aperçut sa maîtresse au bras
d'un « civil M. Bellus.
Bientôt Schmitt et Le Hénaffe demandaient
des explications à M. Bellus.
Avant que celui-ci eût pu répondre, les deux
amis tombaient sur lui à coups de pied, à
coups de poing et à coups de plat dé sabre.
Puis, quand il fut à terre, ils le dévalisèrent
consciencieusement.
L'affaire s'est dénouée hier à là onzième
chambre correctionnelle où, après plaidoiries
de M" Emile Michon et Pierre Jacomet, le
tribunal, présidé par M. Duchauffour, a con-
damné le récidiviste Le Hénaffe à treize mois
de prison et le cavalier Schmitt à six mois
do la même peine.
M ME SPORTIVE
INFORMATIONS ET COMMUNIQUÉS
AERONAUTIQUE. La Coupe de distance.
Les aviateurs ne chOment pas, quoiqu'ils aient
chelin.
Aujourd'hui Tabuteau doit aligner des kilomè-
tres sur le parcours Lhumery-Gidy et retour. Puis
demain, Pascal et Hélen, avant de partir aux ma-
nœuvres, feront une nouvelle tentative sur la même
distance. Le même jour, Prévost doit concourir eur
le parcours Reims-Somme-Vesle et retour
Pourpe arrtrre au but Lille, 6 septembre.
L'avi4teur Pourpé qui était parti hier soir de
Saint-Omer, et qui, après être passé au-dessus de
Lille, s'était égaré et avait dû atterrir à Chereng,
sur la route de Lille à Tournai, où il a passé la
nuit, est reparti de Chereng ce matin, à 9 h. 55
et est arrivé à Roubàlx à 10 Il.7. (Hovoj.)
Le grand ptix des ballons. L'Aéro Club fera
disputer, le n septembre, son grand prix annuel
entra.douze aéronautes.
Depuis la fondation, les vainqueurs de cette
épreuve ont été Jacques Faure (1.314 Ml.), Ernest
Barbotte (396 kil.), Delobel (292 Ml.), et Georges
Blanchet (550, C3fi et 700 kil.).
Pour renvoi de messages. Le capitaine Etévé
a fait hier, à Bue, en compagnie d'un observateur
des essais d'envoi de message au moyen d'un dis-
positif permettant aux soldats qui se trouvent à
terre de voir et de trouver facilement le message
fixé lui-même à l'extrémité d'un long serpentin.
Voyage dans l'ouest. L'aviateur Gastinger, par-
ti hier des Sables-d'Olonne, et après avoir fait es-
cale à Niort, est arrivé à Nantes. Il compte repartir
ce matin pour Rennes
FOOTBALL ASSOCIATION. La »oi»on com-
mence. Au Touquet, dimanche dernier, l'équipe
des Old Carthusians a battu une équipe mixte du
Racing Club de France par 5 buts contre S.
LAWN-TENNIS. Le tournoi du Touquet .a
commencé, aiaut-hier. Le meilleur joueur, parmi
I^s deux cents concurrents des différentes épreu-
ves simples, doubles et mixtes, semble être Gor-
don Lowe, l'ex-joueur de l'université de Cam-
bridge.
LUTTE. Aux Etats-Unis. Dans nu match
en deux manches, qui eut lieu à Chicago, Gotch
triompha aisément de Hackenschmldt une pre-
mière fois, en 14 m. 18 s. la seconde en 6 m. 32 s
La lutte étant plus que libre, c'est-à-dire, pour
employer le terme anglais, qu'elle avait lieu sous
l'absence de règlements du « catch as catch
can », la brutalité et la sauvagerie furent mises
en honneur et en évidence, sinon avec profit,
puisque le vainqueur touchera 105.000 francs, et
son adversaire, moins heureux, 67.500 francs.
Il y a bien des gens qui, pour pareilles som-
mes, se laisseraient retourner le poignet, se fe-
raient labourer la figure par des ongles, et même
se laisseraient mettre de petits bouts de bois
dans les oreilles, autre genre de torture.'
A CHANTILLY
RESULTATS
Prtx de Mortefontaine, mixte. 5,000 francs, 2,000
mètres. Donaldlna, 58J (Stern), à M. X. Balll;
2. Dona Sol, 53iNon placé Syphax II, 531 (Sentier).
Une encolure, deux longueurs, 2'11".
Prix d'Hallate, 5,000 francs, 1,000 mètres. 1.
Bugier, 59 (Garner), à M. H.-B. Duryea; 2 De Vlrls
56 (J. Rein); 3. Ramsès, 56 (N. Turner); 4. Corton II,
56 (Stern).
Non placés Valmy V, sa (G, Bartholomew);
Moxa, 56 (Sharpe); Despote II, B6 (Bellhouse); Dou-
vres, 56 (Jennings); Cavallo II, 53i (J. Bara).
Une demi-longueur, une longueur et demie, 1'2".
Prix de .Sylvie, 5,D00 francs. 1.000 mètres. 1.
La Concorde. 56 (Ch. Childs). au comte P. de Saint-
Phalle 2. Mona Lisa. 534 (Sweeney); 3. Science, 59
(Hobbs); 4. Harriet, 56 (Bellhouse).
Non placés Magic Lantern, 59 (Stern); Oudjda, 59
(G. Bartholomew); Faverolle, 59 (J. Relff); Lady
Vlllers. 59 (Garner); Margoton, 53} (J. Bara); Vas-
thi II, 56 (Sharpe); Eleusis H. 56 (Barat); La Bres-
che, 56 'N. Turner); Lutteuse, 56 (Jennings); Rava-
geuse, 53j (T. Robinson).
Une demi-longueur, une longueur. une longueur
et demie, 1'2".
Prtx de Bois-Doussel, 10,000 francs, 2,400 mètres.
1. Renard Bleu, 52 (G. Bartholomew), à M. G.
Rivière, 2. Carlopolis, 55 (Ch. Childs); 3. Reinhart,
52 (C'Neill); 4. Moulins la Marche, 57 (J. Reiff).
Non placés t Unterwalden, 55 (Hobbs); Hilda II,
48 (P. Williams) Magali, 501 (Sharpe): Ravigote,
47t (Rovella).
Une longueur, trois longueurs, cinq longueurs.
2'33'\
Prix de VUlters, 10,000 francs. 1,400 mètres. 1.
Neuter, 59 (Stern), à M. E. Deutseh; 2. Udor. 57}
(Garner); 3. Fils de Famille, 56 (Jennings); 4. Iowa,
'56 (O'Neill).
Non placés Rond d'Orléans, 59 (N. Turner) Dan-
dy III. 56 (J. Rein); Sahara, 56 (Ch. Childs); Cro-
marty, 54i (Sumter); La Gaule; 52 (Roupnel); Clo8,
54} (Barat).
Trois longueurs, une longueur, une encolure,
l'29" 4/5.
Prix de la Table, 6.000 francs. 3,000 mètres.
l. Coppéita, Sol (G. Bartholomew), au baron M. de
Nexon; 2. Clérambault. 61 (Bellhouse); 3. Soleil, 61
(Garner).
Non placé Lancelot II, 56 (J. Relff).
Quatre longueurs, encolure, 3'29".
RESULTATS DU PARI MUTOEL
CHEVAUX [10 ff | 5 tf CHEVAUX 10 (r. 5 b
nonaldina PU 8 50 Ren. Bleu P 14 » 9 50
Dona Sol P 35 50] 1650 Carlopolis ..P 11 50 650
Reinhart ..P] 11 50 6 »
De Vlrls ..P 15 50 8 » Neuter .P 24 » 1150
F.de Famll" P 44 50 11 50
Mona Lisa·Pl 4450 25 50 Coppélla ..P 13 50 9 51)
̃Science Lisa 23 » 10 » Chéramb.P 18 50 5 50
Aujourd'hui:
A SAINT-CLOUD (trot)
Appréciations
Prtx Zéthus, trot monté, 2,000 ff., 2,800 mè-
tres. ISARD, Ingénu.
Prix des Pommiers, trot monté, 4.000 fr.,
2,800 mètres. ISABELLE, écurie Olrj/.
Prix de Neuilly, trot attelé, 3,000 fr., 2,800
mètres. ISIS, Industrie.
Prix Edmond Henry, trot monté, 10,000 tri,
2,800 mètres.- Indienne, Iroquoise.
Prix de Château-Gantier, trot attelé, 2,000 fr.,
2,500 mètres. GARRtCK. Gdchis.
Prix de la Pelouse, trot monté, 3,000 fr., 2,900
mètres. Hamlet, Hélios.
Prix des Fusains, trot attelé, 2;000 fr., 3,000
mètres. GITXNO, Gyp.
Un raid en Bretagne
Brest, 6 septembre. Du correspondnnt parti-
cutier dtt « Matin » (par téléphone), Une course
de chevaux xttelés a commence aujourd'hui dans
le Finistère et se poursuivra jusqu'au 10 septem-
bre. Les concurrents devront parcourir 412 kilo-
mètres en cinq é:: pes Brest-Morlaix, 61 kil.; Mdr-
laix-Quimper, 104 kil.; Quimper-Douarnènez, 71 Ki-
lom. Douarnenez-Brest, 0: kil. Brest-Landlvl-
siau-Brest, 84 kil.
La température exceptionnelle que nous subis-
sons rend ce raid particulièrement sévère.
Parmi les chevaux engagés se trouve Chicaneur
au sous-lieutenant de réserve Escudier, qui prit
part récemment au raid organisé par le Madin;
et se classa dans un très bon rang. Plusieurs che-
vaux des environs de Bordeaux Sont égalemerat
engagés.
L'ECHAUFFOUREE DE LA BASSE-INDRE
Nantes, 6 septembre. Un peloton du 2*
dragons est arrivé à la Basse-Indre. Les 'gré-
vistes sont calmes. On ne prévoit pas de nou-
veaux troubles.
Le parquet de Nantes s'est transporté à la
Basse-Indre. Il a entendu différents témoins
de la bagarre, dont un gendarme blessé. (F.)
A TRAVERS PARIS
Le pacifiste est belliqueux. Ayant e*
sayé d'apaiser, par de trop copieuses liba-
tiens, la soif ardente qui les dévorait, Eu-
gène Quatrecôle, vingt ans, garçon boulan-
ger, demeurant, ,60, rue de Cléry, et Pierre
Malaxai; vingt ans, garçon de café, domi-
cilié, 92, rue Lemercier, titubaient fortement
en regagnant leurs logis la nuit dernière.
La conversation avait firii par rouler sur
le conflit franco-allemand. Quatrecôte éruc-
tait des aphorisn!ea pacifistes d'une voix pâ-
teuse tandis que Malaval se montrait réso-
lument belliqueux. Si belliqueux même que
Quatrecôte devint subitement furieux.
Alors, s'exclama-t-il, c'est décidé, tu
yeux déclarer la guerre ? i
Oui s'entêta Malaval, qui poussa sou-
dain un hurlement de douleur.
Quatrecôte, le boulanger pacifiste, avait,
tiré son couteau et en avait transpercé le
bras de l'impénitent guerrier. Sur quoi, la
conscience tranquille, Quatrecôte rentra
chez lui et s'endormit paisiblement.
Cependant des agents accourus relevaient
Malaval, qui après pansement fut conduit
à son domicile. Puis, on se mit en quête de
Quatrecôte.
Mais, de plus en plus pacifique, le garçon
boulanger, réveillé, se barricada chez lui.
Ce n'est qu'après un siège de plusieurs heu-
res qu'il consentit à capituler..
n rêvait on te frappe, puis on'ie vole.
Vers 2 heures du matin, l'autre nuit, M
Wilk, peintre en bâtiments, rentrait paisi·
blement chez lui, 9, rue Dupetit-Thouars.
L'air était frais, le ciel calme et très étoi-
lé. Le peintre, le-front haut, contemplait à
loisir l'horizon constellé.
Arrivé, en effet, à l'angle dés rues de Tu-
renne et Béranger, M. Wilk fut subitement
tiré de son réve un poing robuste s'abat-
tant sur sa nuque, le jeta à terre. Puis, à
tour de bras, deux bandits le frappèrent,
et quand le flâneur fut inanimé, ils s'empa-
rèrent de son pprte-monnaie..
Deux agents cyclistes accoururent. Les
voleurs furent appréhendés et conduits
au poste. C'étaient deux tourneurs Eugène
Heune, vingt-cinq ans, demeurant '4, cité
Bertrand, et René Sachah vingt-quatre ans,
demeurant 8, rue Vicq-d'Azir.
Bon gré, mal gré, entre les gardiens, les
deux tourneurs, n tournés n, durent faire
remise de leur butin ils avaient volé treize
sous
Le chiffre 13 est souvent fatal 1
PETITS FAITS-DIVERS
AL'" « AVENIR DU Prolétariat A la
suite d'une plainte déposée par le ministère
du travail, M. Pamart, juge d'instruction,
avait été chargé, il y a quelque temps, d'une
information contre M. Boire, directeur de :1
1' « Avenir du Prolétariat », 8, rue Pernelle,
pour infra'ction à l'article 19 de la loi du
17 mars 1905 et à l'article 19 de la loi du 19 dé-
cembre 1907 sur les sociétés de capitalisation.
L'instruction a établi que M. Boire avait en-
couru 56.100 contraventions en n'effectuant ï.
pas certaines formalités pour les opérations
relatives à la société qu'il gère et dans la-
quelle intervient la vie humaine. L'informa-
tion ouverte à la suite de la plainte du mi-
nistère du travail est sur le point d'être clo- |
se et M. Pamart compte pouvoir rendre pro-
chainement son ordonnance.
Coups DE FEU SUR UN TRAMWAY. -'Avant-hier
soir, à onze heures, au moment où un tram-
way de la ligne « Chàtelet-Ivry » traversait la j:
place Maubert, un coup de feu éclata. Une vi- y
tre vola en éclats, sans que, par bonheur, le
projectile atteignit personne. Aussitôt, des
agents se lancèrent à la poursuite de deux
individus qui fuyaient et les arrêtent. Ce sont:
Raoul Thommery, vingt-quatre ans, et Jules
Raux, vingt-sept ans. Tous deux nient avoir
tiré le coup de revolver. Ils ont été cepen-
dant maintenus à la disposition de M. Philip-
pon, commissaire de police.
DISPARITION. Mme Vassy, artiste lyrique
poste restante, à Vanves nous prie de si-
gnaler la disparition de son fils, Eugène, âgé Y
de dix-sept ans, dont elle a perdu toute traca
depuis samedi dernier. Taille 1 m. 55 vê-
tements pantalon de flanelle crème, à raies
bleues verticales, chemise à raies bleues, es-
padrilles, chapeau en toile grise à raies ni
veston ni gilet.
UNE NOUVELLE DÉCOUVERTE
CONTRE LES MALADIES DE LA PEAU
Les maladies de la peau ne proviennent s
pas. seulement d'un vice du sang, comme
quantité de gens le croient un bon traite-
ment externe est sûrement le moyen le plus
rapide pour les guérir. Convaincu de ce fait,
un éminent chimiste a constaté que l'extrait
de la plante Junip. Oxycedr. calmait et
guérissait admirablement les peaux irritées, j
enflammées ou malades. Cet extrait végé-
tal, traité d'une façon spéciale et combiné
avec d'autres ingrédients curatifs, porte le
nom de Cadum. Cette nouvelle découverte
médicale a déjà, guéri des milliers de cas
d'eczéma et autres désolantes maladies de
la peau qui avaient résisté à tous les autres
traitements. Cadum, dès sa première appii-
cation, non seulement arrête les temblct;
démangeaisons de l'eczéma, mais il en corn-
mence aussi la guérison. On peut l'em-
ployer avec la plus grande confiance, aussi
bien pour les adultes que pour les enfants,
contre toutes les maladies de la peau, d'ail-
leurs tous ceux qu'il a débarrassés radicale-
ment d'une de ces affections aussi désolan-
tes qu'enlaidissantes, le considèrent comme
le plus grand des bienfaits. Donc, que ceux
qui souffrent d'une maladie quelconque de
la peau reprennent du courage et de l'es-
poir, car Caduin diffère complètement de i
tout autre remède et tient ses promesses.
Cadum guérit sûrement et promptement les
boutons, plaies, ulcères, éruptions, cuissons,
irritations, écorchures, pustules, tâches, ru-
gosités, hémorroïdes, etc.
AMBITION EXAGÉRÉE
Le Germain voudrait l'élégance
Que donne à nos enfants de France
L'illustre savon du Congo.
Dame, il est las d'être un lourdaud,
Ariette L., à Victor Vanter.
FEUILLETON DU CI MATIN »
DU 7 SEPTEMBRE 1911
ROCAMBOLE
Aventures inédites
CADET FRIPOUILLE
PONSON DU TERRAIL
LIVRE H
L'or qui fuit
(suite)
Autour d'eux, les débris des escouades
que les officiers avaient pu ramener s'é-
taient rangés. et le carré qui protégeait
l'état-major se disposait également à la
bataille; à l'anéantissement.
C'était l'élite de ces hommes d'élite. Les
zouaves avec admiration regardaient ces
soldats impassibles, graves. qui savaient
qu'ils allaient mourir.
Ils s'arrêtèrent de combattre et se tinrent
distance. formant autour de ce carré un
cercle rouge de lions. prêts à bondir, i
Le capitaine qui commandait, le détache-
ment, ému. comprenant la grandeur et
l'inutilité du sacrifice, s'avança de quelques
pas en avant de ses chacals.
Il agita son mouchoir.
Messieurs, dit-il aux officiers russes,
le sort des armes vous est contraire aujour-
d'hui. Vous avez fait votre devoir.
L'honneur de la Sainte^et vaillante Russie
est sauf. Nous ne voyons plus en face de
nous que des frères d'armes malheureux
dont la bravoure nous enthousiasme. Je
vous en suppliei épargnez ce qui reste en-
core d'hommes validés autour de vous. Je
ne vous demande pas de vous rendre. ni
de livrer votre épée. mais seulement de
me tendre la main et de me suivre au camp
français, où tous les honneurs qui vous
sont dus vous seront rendus.
L'officier supérieur, le chef, salua le ca-
pitaine.
Je vous remercie, capitaine, répondit
il; de l'honneur que vous faites à la vail-
lance malheureuse des soldats du tsar.
Mais regardez où nous sommes sur des
tombes. Là, nous trouverons de la place.
Général, c'est de la folié vous êtes
perdus.
Pardon, capitaine, si vous étiez avec
vos chacals à ma place, et qu'on vous fasse
la même question. que répondriez-vous,
que diriez-vous ?
Je dirais. répondit le capitaine avec
embarras. je dirais. je ne dirais rien.
Vous pousseriez un cri Vive la
France » et vous accepteriez quand
même le combat. mille fois plus beau puis-
qu'il est sans espoir.
C'est vrai. mon général.
Alors, commè vous je crie « Vive la
Russie et comme vous. et vos hom
mes. mes hommes et moi nous allons mou-
rir-pour la patrie
Le capitaine des zouaves ému, se raidit
il salua longuement le général russe, le fa-
nion russe, les soldats de la garde.
Puis se tournant vers ses hommes, il
commanda
Portez armes Présentez armes
Tambour 1. Clairons i. sonnez au champ
Les zouaves, blessés, dépenaillés, couverts
de sang, noirs de poudre, s'alignèrent com-
me ils purent parmi les tombes. le fanion
des zouaves s'avança avec sa garde d'hon-
neur et troué. ayant lui aussi ses étoiles.
les trous dans son étamine. il s'inclina de-
vant lé fanion russe, déchiré aussi par les
balles.
Les zouaves ainsi rendirent aux Russes
les honneurs militaires.
Ce fut solennel, admirable, poignant.
plus grand peut-être que la bataille.
Merci dit seulement le comte Artoff,
rendant le salut.
Le soleil qui se couchait jeta sur ta scène
comme un voile rouge. brodé d'or. un
étendard de gloire que tout à l'heure la
nuit allait remplacer par un long drap
noir. sous lequel la mort semble plus dou-
loureuse.
Alors le. capitaine demanda au comte
Artoff
Etes-vous prêt ?
Le comte Artoff enleva sa casquette.
Vive la Russie cria-t-iL.. Vive le
tsar 1
Vive. la France hurlèrent lès zoua-
ves. Vive l'empereur
Le capitaine commanda
Clairons, sonnez la charge. Le 2e
zouaves. les chacals en avant 1.
Dominant 16 bruit des coups de fusil.
des coups dé pistolet. des cris des bies-
sés. des râles des mourants. s'éleva dés
rangs russes un chant grave, majestueux
funèbre. Les Russes chantaient leur hym-
ne national.
Lès zouaves hurlaient le cri africain. le
cri des chacals.
Et là bataille héroïque, folle, recommença,
.épouvantable, splendide.
Maintenant le rôle de la charité était
venu.
Sur le clocher dé la chapelle le fanion des
zouaves claquait au vent de la nuit. la
victoire des zouaves était complète. mais
chèrement achetée
Autour des Russes abattus, les zouaves
formaient 4 terre un cadre rouge de gloire.
Les infirmiers, les médecins parcouraient
le champ de bataille, s'éclairant de fanaux.
Les tueurs jaunâtres, qui remplaçaient
dans la nuit les éclairs des canons, au so-
leil, et qui allaient vacillant, tressautant,
disparaissant pour reparaître falotds. sem-
blables aux feux follets, étaient ce qui venait
après le rayonnement de ta gloire.
Une lueui' jaunâtre, un fanal fumeux à la
recherche de ceux qui, jeunes, tout à l'heure,
vibrants, furieux, avaient donné leur force,
leur sang pour la patne.
Parmi lés infirmiers, les médecins, lès
homimes de corvée, les zouaves allant cher-
cher lès camarades, se trouvaient quelques
femmes, les cantinières. Elles apportaient
aux blessés le réconfort admirable d'une
voix de femme. la suprême caresse de la
main de femme qui ferme plus doucement
les yeux des mourants.
Elles versaient dans les gorges enfiévrées
un peu d'eau, donnaient le verre d'eau-de-
vie qui permet le suprême effort, ou fait
supporter l'opération immédiate.
Parmi elles. et la plus zélée, la plus
adroite, la plus vaillante, il y avait là canti-
nière adjointe du régiment d'artillerie. de
la 3' batterie. Madeleine.
Elle savait, elle, adoucir la souffrance.
elle savait encourager, réconforter et elle
trouvait les mots qui font paraître moins
longue l'heure quand on attend le chirur-
gien dont le bistouri va trancher le membre
brisé.
Elle savait appliquer la charpie Manche
sur la poitrine rougie. mettre un bandage
autour du front tailladé.
Madeleine appelaient les hommes, à
moi Madeleine
Et Baccarat, populaire parmi les chacals,
vénérée parmi ces diables, Baccarat se mul-
tipliait. elle était partout où un patient se
trouvait. où un rate annonçait un mou-
rant. où un cri de torture révélait d'épou-
vantables blessures.
A moi, Madeleine appelaient ces hom-
mes que le mal accablait, comme les enfants
douloureusement éperdus appellent leur
maman.
Et Madeleine, de sa voix caressante, ré-
pondait aux appels.
Je viens, mon garçon. voilà. une se-
ronde, que j'èn finisse avec ton camara-
de. et c'est à ton tour_
Les infirmiers avaient fort à faire.
Les Russes faisaient de même, parcou
raient le champ. de bataille.
Des deux côtés on emportait avec les mô-
mes soins zouaves blessés ou soldats de la
garde. La confraternité d'armes était ad-
mirable. mais on ne pouvait aller aussi i
vite qu'on l'eût voulu.
Le champ de bataille était en somme très
vaste. On devait naturellement s'occuper
des premiers tombés au début de l'engage.
ment. Il ne serait possible d'arriver au
centre, à la chapelle, que beaucoup plus
tard.
Cependant parmi les blessés, les morts, f
les mourants, zouaves et officiers russes,
soldats de la garde, des ombres passaient
Sur l'entassement des cadavres. un fa-
nal glissait sa lueur fauve.
Des hommes remuaient les corps des mal-
D'où étaient-ils venus. par où étaient-ils
sortis ?
C'étaient un médecin de l'armée russe,
son aide et un pope.
Ils soulevaient les corps. les reposaient
un peu plus loin. cherchaient ailleurs.
Ils revenaient sans cesse au pied de la &
chapelle où flottait le fanion dés zouaves.
Le voilà dit tout à coup le médecin
qui, lui, portait le fanal.
coururent à son appel.
Ils se penchèrent tous trois sur rn offi-
cier russe que la lueur du fanal éclairait eu
plein. Cest lui 1 dit le pope, c'est bien lui I
La LE MÂTlïï S
CONTES DES MILLE ET. UN MATINS
Hier M demain
E avait un visage aussi
petit qu'une immense
rose, et la vie semblait
faite exprès pour çlle,
comme un jardin. Non
seulement die était ex-
tjitise, mais tout sou-
riait au-dessus d'elle
son papa était heureux
et sa maman exactement aussi ircuiou^
Une foale de domestiques, ou de pa-
rents, ou d'amis accouraient de tous côtés
pour recevoir ses ordres comme des ca-
deaux. Jusqu'aux étrangers et aux vieilles
personnes qui appréciaient la petite gloire
de lui obéir. Il n'y avait pas, dans les his-
toires de fées, et même dans l'histoire de
France, une reine qui, à son âge, eut plus
de pouvoir. Et pourtant la fillette ne s'ha-
bituait pas sourire sa précieuse figure
toute neuve savait mieux s'assombrir que
s'éclairer. Pourquoi ? Nul n'aurait pu l'ex-
pliquer, elle moins qu'un autre.
A mesure qu'elle grandit, à mesure que
ses pieds, presque aussi mignons que tou-
jours, marchaient dans uue. destinée sans
heurt, au sein de tendresses et de dévoue-
ments avides, son intelligence s'affina. sa
'• sensibilité s'étendit. Mais son deuil impré-
cis ne la. quitta point. Ellc se mit il démê-
ler pourquoi, jadis, elle s'appliquait d'ins-
tinct être malheureuse. Elle le' fut plus
sagement et mieux.
Les autres ne devinaient pas le cœur
blessé qu'elle cachait. Ses parents se con-
tentaient de la protéger par leur solide
amour unique et de se tenir mieux l'un l'au-
tre toutes les fois qu'ils lui donnaient la
main.
Vers sa douzième année, elle fut sensi-
ble a ce que faisaient les saisons. Le parc
vert, le parc mordoré, le parc violet sont
des décors vides mais d'invisibles drames
s'y passent qui prouvent tous que le temps
s'en va.
En avril, lorsqu'on voit, à travers les
carreaux* les herbes arborer leurs' fleurs
comme des chapeaux, n'est-ce pas qu'on
songe aux défuntes fleurs du givre et qu'on
dit « Le pauvre hiver » et n'est-ce pas
que c'est mal de n'avoir pas pitié lorsque
le bel été détruit le joli printemps?
Un soir, penchant son front et posant
ses fines petites mains cinq pétales sur sa
jupe courte comme un abat-jour, elle se prit
=a soupirer
Quand j'étais petite.
Tout le monde rit, très haut, très bru-
talement.
Personne ne la comprenait, bien qu'elle
fût sûre d'avoir raison. Elle garda-au fond
'd'elle, comme des secrets, ses impressions
si abandonnées, ses idées qui n'avaient
qu'elle.
Elle alla d'année en année, thésaurisant
tous les sujets de tristesse, grands et
,,menus. Maintenant, a la multitude de ses
Ç serviteurs s'ajoutaient soudain, et là,
des passants troublés. Quand elle s'avan-
£î<34iaitJ les jeunes hommes s'estimaient heu-
reux de la regarder, et chacun faisait tout
bas la prière d'être regardé.
> Elle laissa l'un d'eux la choisir. Et voilà
que tout d'un co^p elle fut éblouie comme
lui. Elle avait ')eau se débattre et se raison-
ner, elle était heureuse. Elle était en proie
a la splendeur de la vie. Elle était glorieuse
malgré elle d'être vaincue par l'amour.
Elle se fiança. Son cœur se calma. Elle
se détournait déjà un peu le soir du
bonheur présent pour réfléchir du côté du
passé.
Elle disait « Comme on change
Puis elle répéta w Comme j'ai changé
Quand son fiancé lui disait qu'elle embel-
;;• lissait, elle entendait surtout qu'il la trou-
vait autre.
Mariée, elle décida que la vie grave com-
mençait pour elle. C'était bon autrefois
d'être insouciante! De même que toute
fraîche éclose, elle avait dit naguère
x Quand j'étais petite 1 elle se hasarda
à dire. « Quand j'étais leune
Ayant trouvé dans un tiroir un portrait
d'elle datant de quelques années, elle s'a-
perçut que, comme les poupées, les por-
traits sont des morts. Elle contempla avec
envie celle qu'elle avait été autrefois, dans
les époques h demi féeriques, où la vie
aaait encore du mystère à lui réserver, de
l'inconnu lui promettre.
Quand on lui rappela qu'elle avait dit, à
dix-huit ans « Maintenant, c'est fini pour
moi », elle répondit en secouant son visa-
ge magnifique et impitoyable
1 Il, y a sept ans de cela. J'avais tort
alors. Maintenant, c'est vrai.
A trente-cinq ans, elle vit sur sa tempe
'ce qu'elle cherchait depuis longtemps un
cheveu argenté, si mince, si perdu et même
si doré par tous les autres..1 Elle dit
J'ai des cheveux blancs, je suis
.vieille.
Elle vieillit. Tous ses deuils anticipés, ses
regrets précoces, ses remords exagérés fi-
=,par avoir raison. Ses tempes se
nacrèrent, ses joues lisses se compliquè-
rent, la profondeur de ses grands yeux si
aus s'atténua. Elle n'eut presque plus
d'importance pour les autres ceux qui la
servaient autrefois avaient disparu un à
un et son règne radieux était enterré. Les
autres, les survivants, les étrangers, la re-
gardaient en passant sans changer de pen-
Alors elle parut s'éveiller. Elle s'anima
S'éclaira^ comme ceux qui se délivrent d'un
rêve. Après le mariage de sa fille, quand
ellé demeura vraiment seule, quelque vieille
voix amie lui dit «% II faut vous rési-
gner. Elle cria Non et fut étonnée
qu'on pût se résigner.
Elle vécut éperdument. Elle mit des
écharpes nuageuses pour cacher son cou
meurtri, de petits chapeaux pour montrer!
ses cHeveux trop blonds. A la vue d'un an-
cien portrait d'elle, elle rit et s'écria
comme la mode change
Tout le monde voyait ses dents neuves,
tellement elle souriait. Elle courait de sa-
lon en salon, d'invitation en invitation,
pendant tout le temps qu'elle ne consa-
crait pas à sa toilette.
Un jour de fête, dans un parc, un petit
collégien rôda autour d'elle elle l'appela.
Il courut se jeter contre elle, le nez baissé
et haletant, comme s'il avouait une faute à
sa mère, lui dit qu'il la trouvait très belle.
Mais je suis presque vieille sauffla-
t-elle en tremblant.
Oh madame
L'écolier adorateur leva vers elle ses
yeux très purs et très tendres. Vieille Il
ne le croyait pas plus qu'elle.
Henri Barbusse.
THÉÂTRES & CONCERTS
INDISCRÉTIONS COMMUNIQUES
CE SOIR..
Ambigu. A 8 h. 1/2, reprise du Train de
8 h. 47, épisode de la vie militaire en trois ac-
tes et six tableauxr tiré du roman de M. G.
Courteline, par M. Léo Marchés, joué par MM.
Lorraip, Monteux, Chabert, Etiévant, Har
ment, Blanchard, Basseuil, Gouget, Buire, Vil-
Ié, Adam, Dherbilly, Dufresne, Charnay, Ja
cob, Masson, Lévy, Totah, Brunet, Delangle
Mmes Lucy Blémont, Lowe, Launier, Florent,
Anifa.
Première (à ce théâtre) du Système du doc
leur Goudron, pièce en un acte, de M. André
de Lorde, jouée .par MM. Gouget. Etiévant.
Villé, Basseuil, Adam, Blanchard, Dufresne.
Lévy, Delangle Mmes Lucy Blémont, Lau
nier. Ordre du spectacle te Système du doc-
leur Goudron, te Train de 8 h. &7.
OPERA-COMIQUE. C'est Mlle Geneviève
Vis qui chantera Carmen demain vendredi
Elle aura pour partenaires MM. Geyre, Bou
logne, et Mlle Nelly Martyl qui fera sa ren
trée dans le rôle de Micaëla.
Dimanche soir, on donnera Werther, avec
Mlles Suzanne Thévenet (débuts), Nelly Mar-(
tyl, MM. Sens, Gilles et Guillamat.
ODEON. M. Antoine a réglé dans la jour-
née d'hier les prochains débuts des lauréats
des derniers concours du Conservatoire. enga-
gés à l'Odéan.
Dès les premiers jours de la réouverture,
qui aura lieu date la dernière semaine de
septembre, M. Decaye sera présenté dans le
rôle de Maître Jacques, de t'Auare M. Grouil-
let, dans tes Précieuses ridicules. Mlle Méthi
vier et M. Baumé joueront Vivette est Frédéri,
de l'Arlésienne, remise complètement en
scène.
Les différents programmes de la saison se-
ront rendus publics vers la fin de la semaine,
et le bureau des abonnements fonctionne dès
aujourd'hui, de onze heures du matin à six
heures du soir.
LYRIQUE-MUNICIPAL. Nous avons an
noncé que la réouverture aurait lieu le same
di 30 septembre, avec Hérodiade, de M. Mas-
senet, qui n'a pas été donnée à Paris depuis
huit ans. En voici la nouvelle distribution
Mmes Zina Brozia, Salomé Fiérens, Héro
diade MM Affre, Jean Boulogne, Hérode
Kardec, Phanuel Audoin, Vitetlius Alberti.
le grand-prêtre. Dans le divertissement Mlles
Lucy Relly et Charbonnel.
CHATELET. Aujourd'hui, à 2 heures, ma-
tinée avec le Tour du monde.
Mme Carlotta Cavini, la nouvelle danseuse
étoile du Châtelet, qu'une entorse avait em-
péchée de débuter dans la reprise du Tour
du tnondei a pris, hier, possession de son em-
ploi. Pendant son absence, elle avait été rem-
placée par Mlle Vilaine.
LES PLEIN AIR. A Champigny-Ia-Ba-
taille, aujourd'hui, à 3 heures, matinée gra-
tuite pour les enfants des écoles communales
de Paris et des départements de la Seine et
de Seineet-Oiçe. (Les personnes accompa-
gnant les enfants payeront leur place). Au
programme te Chemineau. de MM. Jean Ri-
chepin et Xavier Leroux.
A Marnes-la-Coquette, la matinée de di-
manche prochain sera donnée par la société
de secours mutuels « la Cigale mutualiste »,
qui jouera te Juge est sans pitié, de M. Blé-
mont le Coeur a ses raisons, de MM. de Fiers
et Caülavet le quatrième acte de Manon
t'Auberge sur la route, pièce en vers de M
Charles Guéret (première .représentation), et
l'Eventail brisé, de M. Maurian de Laroche et
de Mme Lome Desprès (première représenta-
tion).
La représentation de l'Ecole des femmes
qui devait avoir lieu aujourd'hui, à 3 heures'
est reportée « par suite de l'indisposition de
M. Jollet », au jeudi 14 septembre.
CRYSTAL-PALACE
9, rue de la Fidélité (Métro Gare de l'Est)
Un nouveau baptisé aux sons d'un orches-
tre entraînânt, sous' la baguette de Lambert
Simon, et d'une fantaisie à spectacle, de V.
Tarault, des attractions paraissant pour la
première fois à Paris, des vedettes parisien-
nes aimées du public, voilà ce que l'on voit
sur la scène du Crystal, encadrée dans une
salle merveilleuse, garnie de fauteuils con-
fortables. Tout le monde s'y porte, car c'est
une bonne soirée passer, à des prix aborda-
bles. Impossible de s'y ennuyer on y voit
les plus jolis « girls n de Londres, les plus
jolies gorges de Paris, les meilleurs comi-
ques de nos music-halls en un mot, une
troupe d'élite. Il n'en faut pas plus pour
conquérir Paris, et c'est^fait. Tout le monde
va au Crystal, on y téléphone à tout moment
car le programme y est parfait.
jeudis matinéa la revue Au petit bonheur. de MM
Henry Moreau et Ardot-Laroche, avec la même in-
terprétation que le soir, c'est-à-dire le désopilant
Pranem, Delmarès, Girier, Y. Yma, Bach.
EmoEADO. Réouverture, Irrévocablement ven-
dredi 15 septembre.
Ba-Ta-Cun. Aujourd'hui, à deux heures, ma-
tinée Aux Bat's d'Âf Colette Willy, Wague,
Boucot. Demain, débuts du célèbre chanteur Dal.
bret.
Matinées d'atiiodkd'hci (concerts, cirques).
Alhambra (attractions). Ambassadeurs Au petit
bonheur, revue. Ba-Ta-Clan Aux Bat's d'Af.
Cirque Médrano attractions. Nouveau-Cirque
attractions.
Dans les départements
TOUJOURS LE FEU
Chaque jour» la chronique du feu s'al-
longe.
Un. fumeur imprudent occasionne, à Re-
don, l'incendie d une maison abritant deux
sections du 65? d'infanterie. Les soldats
échappèrent à grand'peine au sinistre. L'un
d'eux, sautant par une fenêtre du second
étage, se blesse sérieusement. Trois de ses
camarades sont également blessés. Les
sacs et effets militaires sont brûlés.
Le petit village de Kermelin, commune de
Saint-Avé (Morbihan), est presque çomplè-
tement "détruit par les flammes. Les pertes
sont considérables.
Aux environs de Moulins (Allier), le feu,
dl1 à des étincelles échappées d'une locomo-
tive, brûle, pendant trois jours, cinquante
hectares de bois.
Incendie de forêt également, non loin
d'Ambierle (Loire). Le 98° d'infanterie par-
vient à circonscrire le fléau. Plusieurs hec-
tares en cendres.
Dans la région de Sorèze et Durfort
(Tarn), la forêt flambe. Gendarmes, fores-
tiers et cultivateurs redoublent de zèle pour
arrêter les flammes..
Divers incendies de bois à Rigarda,- Ar-
boussols, Los-Masos et Coubère (Pyrénées-
Orientales).
Encore et toujours le feu dans les bois, à
Villeneuve-le-Comte (Seine-et-Marne), dans
la forêt de Crécy.
Le moulin Corot, à Semur, n'est plus. Le
feu l'a détruit. On croit qu'il aura été allu.
mé par une étincelle jaillie entre deux meu-
les.
La grande forêt de Mont-Denis, près de
Sàint-Jean-de-Maurienne,paye aussi son tri-
but au sinistre qui s'étend sur plusieurs
hectares.
Un violent incendie a éclaté au Mas-d'Es-
paut, près de Saint-Mamert (Gard). Le feu
gagna les bois de Saint-Mamert,. Montpezat,
Combas, Crespian. Le feu n'a pu encore être
circonscrit. On attend l'arrivée des troupes.
Nouveaux incendies dans l'arrondisse-
ment de Saint-Pons. à Cambon. où 10 hec-
tares de bois ont été détruits, et dans un
domaine des Portes. Le sommet de la mon-
tagne est entièrement environné de flam-
mes.
A Roquevaire (Bouches-du-Rhone), l'in-
cendie consume une partie de la forêt com-
munale et les bois de M. Poutet.
A Beynost (Ain),' trois maisons ont été la
proie du feu. Cent mille francs de dégâts.
LA campagne~duTlavoisier x
Lorient, 6 septembre. Du correspon-
dant particulier du « Matin » (par télépho-
ne). Le croiseur Lavoisier est arrivé à
Lorient, ayant terminé sa campagne de
surveillance des pêches d'Islande. Les ma-
rins sont descendus ce soir à terre. Ils ont
remporté un excellent souvenir de leur cam-
pagne. L'accueil fait au pavillon français
fut particulièrement chaleureux en Irlande,
en Ecosse et en Norvège, où le bâtiment
eut l'occasion de stationner au cours de sa
croisière.
Le Lavoisier se trouvant en juillet, com-
me l'année dernière, à Bergen, y rencontra
le yacht impérial allemand Hohenzollern,
ayant à bord Guillaume II.
L'équipage fut appelé sur le pont pour
pousser les hourras réglementaires, aux-
quels répondit l'équipage allemand.
Il faut signaler que, contrairement aux
années précédentes, Guillaume II s'est
abstenu de monter à bord du Lavoisier.
UN FOU S'EVADE D'UN ASILE
ET TUE SON FRERE
Nice, 6 septembre. Un nommé Pierre
Muraire, âgé de vingt et un ans, interné
dernièrement à l'asile des aliénés de Nice,
ayant trompé la vigilance des gardiens, par-
vint à s'évader durant la, nuit.
A pied, il fit le trajet de 20 kilomètres qui
sépare Nice de Roquefort, résidence de sa
famille. Très posément, il se présenta chez
ses parents, et rien en lui ne pouvait faire
soupçonner un acte de folie, lorsque sou-
dain, Pierre Muraire s'armant d'un couteau
frappa son frère Gaston, Agé de vingt-huit
ans. Celui-ci, atteint au cœur, tomba fou-
droyé.
Le meurtrier aussitôt mattrisé a été remis
à la gendarmerie. (Fournier.)
LE CRIME D'UNE BRUTE
LE Pcy, G septembre. Dépéche particuliè-
re du « Matin ». A Recoules, près de Vorey,
Antoine Poncet, vingt-neuf ans, et Pierre Rey-
mond, trente-deux ans, travaillaient à la ma-
chine à battre, lorsque Reymond, pour plai-
santer, jeta dans la machine le chapeau de
son camarade.
La journée terminée, Poncet regagna son
domicile, où il prit son fusil. Revenant en
suite il se plaça en embuscade sur le chemin
que devait suivre Reymond, et devant'a fem-
me et les cinq enfants du malheureux, ve-
nus à sa rencontre, lui tira, à bout portant,
une charge de chevrotines puis à coups de
crosse,' il réduisit la tête de sa victime en
bouillie. Le meurtrier a été arrêté. D'impor-
tantes mesures d'ordre ont été prises pour le
protéger contre lsi population, qui voulait le
lyncher.
LA FOULE VEUT LYNCHER
UN ASSASSIN PRÉSUMÉ
Nancy, 6 septembre. M, Boulay, juge d'ins-
truction à Vittel, a fait arrêter un nommé
Charles Leliè'vre, manœuvre, âgé de soixante-
dix ans, ineulpé. d'avoir assassine, à Norroy-
sur-Vair: Mme veuve Guel.
La foule a voulu lyncher Leliêvre au mo-
ment où il a été emmené par les gendatmes
ceux-ci ont eu toutes les peines du monde à
le protéger. L'un d'eux a été blessé.
ibi (Fournier.)
UN VOLEUR FUSILLE
SES POURSUIVANTS
Evhebx, 6' septembre. Pendant que deux
maçons, les nommés Bostel, vingt ans, et
Buisson, vingt-quatre ans, dînaient dans un
café, au Chesne la bicyclette du premier lui
fut volée dans la cour. Les deux jeunes gens
donnèrent la chasse au voleur, chacun dans
une direction différente.
Buisson étant près de le rejoindre, le vo-
leur mit pied à terre, et à la clarté, de la lune,
lui tira un coup de fusil qui le blessa au vi-
sage, au bras gauche et à la poitrine.
S'étant remis en selle, le meurtrier rencon-
ira à son tour Bostel. Abandonnant la bicy-
slette, il se mit à fuir à travers champs, pour-
suivi par le jeune homme. Puis, s'arrêtant
brusquement, il le mit en joue et fit feu. Bos-
tel reçut toute la charge dans le ventre et, au
bras droit.
Il a dû être tradsporté à l'hôpital de Con-
ches son état est très grave.
Le meurtrier, qui est en fuite, est active-
ment recherché. {Havds.)
BAIGNADES MORTELLES
Montpellier, 6 septembre. Du correspon-
dant particulier du « Matin (par téléphone).
Trois journaliers agricoles, Antonio Ber-
nard, dix-sept ans; Gioganni Morel, vingt-qua-
tre ans, et Antonio Tholozan, tous trois Ita-
liens, s'étaient rendus à Marsillargue pour
vendanger. Ce soir, en revenant sur les bords
du Vidourle, ils voulurent prendre un bain,
bien que ne sachant nager ni l'un ni l'autre.
Le premier qui se mit à l'eau ne tarda pas à
couler à fond et ses camarades, qui voulu-
rent se porter à son secours, disparurent à
leur tour. Leurs cadavres ont été retirés après
une heure de recherches. v
UN SABOTAGE
BORDEAUX, 6 septembre. Du correspondant
particulier du « Matin » (par téléphone).
Ce matin, le rapide de Paris-Bordeaux n* 22
a subi un arrêt à 1,500 mètres de la gare de
LiBourne, par suite d'un acte de sabotage.
Une aiguille de transmission avait été ligotéE
à l'aide de grosses ficelles. L'aiguilleur fit des
efforts répétés pour la faire fonctionner
mais n'y parvenant pas, il en rechercha la
cause. C'est alors qu'il constata l'acte de sa-
botage. Le parquet de Libourne a été saisi et
a ouvert une enquête.
^TRIBUNAUX
Les 'affaires Hervé
Ainsi, qu'il l'avait annoncé dans sa lettre
à M le président Couinaud, M. Gustave
Hervé, pas plus du reste que MM. Raoul
Auroy et Louis Lay, ne s'est présenté, hier,
à la cour d'assises de la Seine.
Quelques minutes avant l'appel des affai-
res Hervé, un garde de Paris, sur l'ordre
de M. Couinaud, s'est rendu à la Concier-
gerie. Là, le rédacteur en chef de la
Guerre socialet'a. déclaré au gardien chef,
lui demandant s'il voulait se rendre à la
cour d'assises, « qu'il s'y refusait absolu-
ment n.
Le procès-verbal de ce refus fut aussitôt
dressé par le gardien chef et transmis au
président des assises.
La première des affaires Hervé, celle con-
cernant l'apologie, dans un article intitulé
« Vers la conquête de la rue de faits qua-
lifiés crimes, a été immédiatement appelée,
et en quelques minutes jugée par défaut.
M. Gustave Hervé a été condamné à deux
ans de prison et à 3.000 francs d'amende
(le maximum était de cinq ans de prison et
3.000 francs d'amende). Quant aà gérant' de
la Guerre sociale, M. Raoul Auroy, huit
mois de son et 2.000 francs d'amende lui
ont été infligés.
Puis, pour la seconde affaire (injures en-
vers l'armée commises dans un article de
la Guerre sociale portant le titre de AttilS
au Maroc la cour a, toujours par défaùt,
condamné M. Gustave Hervé à trois mois
de prison et 500 francs d'amende, M. Raoul
Auroy à trois mois de prison et 500 francs
d'amende, et M. Lay, dessinateur, à deux
mois de prison et 100 francs d'amende.
Me Boucheron est allé immédiatement fai-
re connaltre à M. Gustave Hervé le « mon-
tant » de ses deux condamnations.
Diffamation et injures envers l'armée
Le 6 juin dernier, la cour d'assises de la
Seine condamnait, par défaut, pour diffa-
mation et injures envers l'armée, M. Raoul
Auroy, gérant de la Guerre sociale, à six
mois d'emprisonnement et à 3.000 francs
d'amende.
Sur opposition, l'affaire revenait contra-
dictoirement, hier, devant les jurés pari-
siens.
Après lecture par M, le président Couï-
naud de l'article incriminé, M. Raoul Auroy,
qui exerce le métier de maçon en même
temps qu'il est gérant de la Guerre sociale,
fait cette déclaration
C'est avec une certaine jubilation que j'ai
lu cet article. J'en accepte pleipement toute
la responsabilité. Mais je dois dire que si
j'en avais été l'auteur, j'aurais ajouté un post
scriptum, où j'aurais dit que je souhaitais
à nos braves soldats de crever en débarquant
au Maroc ».
Aucun témoin n'est entendu.
M. l'avocat général Paul Matter soutient
la prévention. Puis M° Georges Boucheron
présenté la défense de M. Raoul Auroy,
auquel le jury accorde' des circonstances at-
ténuantes, et qui est condamné à quatre
mois dé prison et à 1.000 francs d'amendé.
Chez l'agent de change •
Par défaut, M. Alfred Sameau, ancien
clerc de notaire, était, le 18 mars dernier,
condamné, pour escroquerie, à deux années
d'ejnprisonnement.
M. Sameau faisait, hier, opposition à ce
jugement devant la neuvième chambre cor-
rectionnelle, présidée par M. Lesage. Il a
été, après réquisitoire de M. le substitut
Genty et plaidoirie de M0 Emile Doublet,
condamné à quinze mois de prison et à
50 francs d'amende.
Nouvelles judiciaires
Le cavalier Schmitt et le repris de justice
Le Hénaffe fêtaient ensemble le 14 juillet,
quand Schmitt aperçut sa maîtresse au bras
d'un « civil M. Bellus.
Bientôt Schmitt et Le Hénaffe demandaient
des explications à M. Bellus.
Avant que celui-ci eût pu répondre, les deux
amis tombaient sur lui à coups de pied, à
coups de poing et à coups de plat dé sabre.
Puis, quand il fut à terre, ils le dévalisèrent
consciencieusement.
L'affaire s'est dénouée hier à là onzième
chambre correctionnelle où, après plaidoiries
de M" Emile Michon et Pierre Jacomet, le
tribunal, présidé par M. Duchauffour, a con-
damné le récidiviste Le Hénaffe à treize mois
de prison et le cavalier Schmitt à six mois
do la même peine.
M ME SPORTIVE
INFORMATIONS ET COMMUNIQUÉS
AERONAUTIQUE. La Coupe de distance.
Les aviateurs ne chOment pas, quoiqu'ils aient
chelin.
Aujourd'hui Tabuteau doit aligner des kilomè-
tres sur le parcours Lhumery-Gidy et retour. Puis
demain, Pascal et Hélen, avant de partir aux ma-
nœuvres, feront une nouvelle tentative sur la même
distance. Le même jour, Prévost doit concourir eur
le parcours Reims-Somme-Vesle et retour
Pourpe arrtrre au but Lille, 6 septembre.
L'avi4teur Pourpé qui était parti hier soir de
Saint-Omer, et qui, après être passé au-dessus de
Lille, s'était égaré et avait dû atterrir à Chereng,
sur la route de Lille à Tournai, où il a passé la
nuit, est reparti de Chereng ce matin, à 9 h. 55
et est arrivé à Roubàlx à 10 Il.7. (Hovoj.)
Le grand ptix des ballons. L'Aéro Club fera
disputer, le n septembre, son grand prix annuel
entra.douze aéronautes.
Depuis la fondation, les vainqueurs de cette
épreuve ont été Jacques Faure (1.314 Ml.), Ernest
Barbotte (396 kil.), Delobel (292 Ml.), et Georges
Blanchet (550, C3fi et 700 kil.).
Pour renvoi de messages. Le capitaine Etévé
a fait hier, à Bue, en compagnie d'un observateur
des essais d'envoi de message au moyen d'un dis-
positif permettant aux soldats qui se trouvent à
terre de voir et de trouver facilement le message
fixé lui-même à l'extrémité d'un long serpentin.
Voyage dans l'ouest. L'aviateur Gastinger, par-
ti hier des Sables-d'Olonne, et après avoir fait es-
cale à Niort, est arrivé à Nantes. Il compte repartir
ce matin pour Rennes
FOOTBALL ASSOCIATION. La »oi»on com-
mence. Au Touquet, dimanche dernier, l'équipe
des Old Carthusians a battu une équipe mixte du
Racing Club de France par 5 buts contre S.
LAWN-TENNIS. Le tournoi du Touquet .a
commencé, aiaut-hier. Le meilleur joueur, parmi
I^s deux cents concurrents des différentes épreu-
ves simples, doubles et mixtes, semble être Gor-
don Lowe, l'ex-joueur de l'université de Cam-
bridge.
LUTTE. Aux Etats-Unis. Dans nu match
en deux manches, qui eut lieu à Chicago, Gotch
triompha aisément de Hackenschmldt une pre-
mière fois, en 14 m. 18 s. la seconde en 6 m. 32 s
La lutte étant plus que libre, c'est-à-dire, pour
employer le terme anglais, qu'elle avait lieu sous
l'absence de règlements du « catch as catch
can », la brutalité et la sauvagerie furent mises
en honneur et en évidence, sinon avec profit,
puisque le vainqueur touchera 105.000 francs, et
son adversaire, moins heureux, 67.500 francs.
Il y a bien des gens qui, pour pareilles som-
mes, se laisseraient retourner le poignet, se fe-
raient labourer la figure par des ongles, et même
se laisseraient mettre de petits bouts de bois
dans les oreilles, autre genre de torture.'
A CHANTILLY
RESULTATS
Prtx de Mortefontaine, mixte. 5,000 francs, 2,000
mètres. Donaldlna, 58J (Stern), à M. X. Balll;
2. Dona Sol, 53i
Une encolure, deux longueurs, 2'11".
Prix d'Hallate, 5,000 francs, 1,000 mètres. 1.
Bugier, 59 (Garner), à M. H.-B. Duryea; 2 De Vlrls
56 (J. Rein); 3. Ramsès, 56 (N. Turner); 4. Corton II,
56 (Stern).
Non placés Valmy V, sa (G, Bartholomew);
Moxa, 56 (Sharpe); Despote II, B6 (Bellhouse); Dou-
vres, 56 (Jennings); Cavallo II, 53i (J. Bara).
Une demi-longueur, une longueur et demie, 1'2".
Prix de .Sylvie, 5,D00 francs. 1.000 mètres. 1.
La Concorde. 56 (Ch. Childs). au comte P. de Saint-
Phalle 2. Mona Lisa. 534 (Sweeney); 3. Science, 59
(Hobbs); 4. Harriet, 56 (Bellhouse).
Non placés Magic Lantern, 59 (Stern); Oudjda, 59
(G. Bartholomew); Faverolle, 59 (J. Relff); Lady
Vlllers. 59 (Garner); Margoton, 53} (J. Bara); Vas-
thi II, 56 (Sharpe); Eleusis H. 56 (Barat); La Bres-
che, 56 'N. Turner); Lutteuse, 56 (Jennings); Rava-
geuse, 53j (T. Robinson).
Une demi-longueur, une longueur. une longueur
et demie, 1'2".
Prtx de Bois-Doussel, 10,000 francs, 2,400 mètres.
1. Renard Bleu, 52 (G. Bartholomew), à M. G.
Rivière, 2. Carlopolis, 55 (Ch. Childs); 3. Reinhart,
52 (C'Neill); 4. Moulins la Marche, 57 (J. Reiff).
Non placés t Unterwalden, 55 (Hobbs); Hilda II,
48 (P. Williams) Magali, 501 (Sharpe): Ravigote,
47t (Rovella).
Une longueur, trois longueurs, cinq longueurs.
2'33'\
Prix de VUlters, 10,000 francs. 1,400 mètres. 1.
Neuter, 59 (Stern), à M. E. Deutseh; 2. Udor. 57}
(Garner); 3. Fils de Famille, 56 (Jennings); 4. Iowa,
'56 (O'Neill).
Non placés Rond d'Orléans, 59 (N. Turner) Dan-
dy III. 56 (J. Rein); Sahara, 56 (Ch. Childs); Cro-
marty, 54i (Sumter); La Gaule; 52 (Roupnel); Clo8,
54} (Barat).
Trois longueurs, une longueur, une encolure,
l'29" 4/5.
Prix de la Table, 6.000 francs. 3,000 mètres.
l. Coppéita, Sol (G. Bartholomew), au baron M. de
Nexon; 2. Clérambault. 61 (Bellhouse); 3. Soleil, 61
(Garner).
Non placé Lancelot II, 56 (J. Relff).
Quatre longueurs, encolure, 3'29".
RESULTATS DU PARI MUTOEL
CHEVAUX [10 ff | 5 tf CHEVAUX 10 (r. 5 b
nonaldina PU 8 50 Ren. Bleu P 14 » 9 50
Dona Sol P 35 50] 1650 Carlopolis ..P 11 50 650
Reinhart ..P] 11 50 6 »
De Vlrls ..P 15 50 8 » Neuter .P 24 » 1150
F.de Famll" P 44 50 11 50
Mona Lisa·Pl 4450 25 50 Coppélla ..P 13 50 9 51)
̃Science Lisa 23 » 10 » Chéramb.P 18 50 5 50
Aujourd'hui:
A SAINT-CLOUD (trot)
Appréciations
Prtx Zéthus, trot monté, 2,000 ff., 2,800 mè-
tres. ISARD, Ingénu.
Prix des Pommiers, trot monté, 4.000 fr.,
2,800 mètres. ISABELLE, écurie Olrj/.
Prix de Neuilly, trot attelé, 3,000 fr., 2,800
mètres. ISIS, Industrie.
Prix Edmond Henry, trot monté, 10,000 tri,
2,800 mètres.- Indienne, Iroquoise.
Prix de Château-Gantier, trot attelé, 2,000 fr.,
2,500 mètres. GARRtCK. Gdchis.
Prix de la Pelouse, trot monté, 3,000 fr., 2,900
mètres. Hamlet, Hélios.
Prix des Fusains, trot attelé, 2;000 fr., 3,000
mètres. GITXNO, Gyp.
Un raid en Bretagne
Brest, 6 septembre. Du correspondnnt parti-
cutier dtt « Matin » (par téléphone), Une course
de chevaux xttelés a commence aujourd'hui dans
le Finistère et se poursuivra jusqu'au 10 septem-
bre. Les concurrents devront parcourir 412 kilo-
mètres en cinq é:: pes Brest-Morlaix, 61 kil.; Mdr-
laix-Quimper, 104 kil.; Quimper-Douarnènez, 71 Ki-
lom. Douarnenez-Brest, 0: kil. Brest-Landlvl-
siau-Brest, 84 kil.
La température exceptionnelle que nous subis-
sons rend ce raid particulièrement sévère.
Parmi les chevaux engagés se trouve Chicaneur
au sous-lieutenant de réserve Escudier, qui prit
part récemment au raid organisé par le Madin;
et se classa dans un très bon rang. Plusieurs che-
vaux des environs de Bordeaux Sont égalemerat
engagés.
L'ECHAUFFOUREE DE LA BASSE-INDRE
Nantes, 6 septembre. Un peloton du 2*
dragons est arrivé à la Basse-Indre. Les 'gré-
vistes sont calmes. On ne prévoit pas de nou-
veaux troubles.
Le parquet de Nantes s'est transporté à la
Basse-Indre. Il a entendu différents témoins
de la bagarre, dont un gendarme blessé. (F.)
A TRAVERS PARIS
Le pacifiste est belliqueux. Ayant e*
sayé d'apaiser, par de trop copieuses liba-
tiens, la soif ardente qui les dévorait, Eu-
gène Quatrecôle, vingt ans, garçon boulan-
ger, demeurant, ,60, rue de Cléry, et Pierre
Malaxai; vingt ans, garçon de café, domi-
cilié, 92, rue Lemercier, titubaient fortement
en regagnant leurs logis la nuit dernière.
La conversation avait firii par rouler sur
le conflit franco-allemand. Quatrecôte éruc-
tait des aphorisn!ea pacifistes d'une voix pâ-
teuse tandis que Malaval se montrait réso-
lument belliqueux. Si belliqueux même que
Quatrecôte devint subitement furieux.
Alors, s'exclama-t-il, c'est décidé, tu
yeux déclarer la guerre ? i
Oui s'entêta Malaval, qui poussa sou-
dain un hurlement de douleur.
Quatrecôte, le boulanger pacifiste, avait,
tiré son couteau et en avait transpercé le
bras de l'impénitent guerrier. Sur quoi, la
conscience tranquille, Quatrecôte rentra
chez lui et s'endormit paisiblement.
Cependant des agents accourus relevaient
Malaval, qui après pansement fut conduit
à son domicile. Puis, on se mit en quête de
Quatrecôte.
Mais, de plus en plus pacifique, le garçon
boulanger, réveillé, se barricada chez lui.
Ce n'est qu'après un siège de plusieurs heu-
res qu'il consentit à capituler..
n rêvait on te frappe, puis on'ie vole.
Vers 2 heures du matin, l'autre nuit, M
Wilk, peintre en bâtiments, rentrait paisi·
blement chez lui, 9, rue Dupetit-Thouars.
L'air était frais, le ciel calme et très étoi-
lé. Le peintre, le-front haut, contemplait à
loisir l'horizon constellé.
Arrivé, en effet, à l'angle dés rues de Tu-
renne et Béranger, M. Wilk fut subitement
tiré de son réve un poing robuste s'abat-
tant sur sa nuque, le jeta à terre. Puis, à
tour de bras, deux bandits le frappèrent,
et quand le flâneur fut inanimé, ils s'empa-
rèrent de son pprte-monnaie..
Deux agents cyclistes accoururent. Les
voleurs furent appréhendés et conduits
au poste. C'étaient deux tourneurs Eugène
Heune, vingt-cinq ans, demeurant '4, cité
Bertrand, et René Sachah vingt-quatre ans,
demeurant 8, rue Vicq-d'Azir.
Bon gré, mal gré, entre les gardiens, les
deux tourneurs, n tournés n, durent faire
remise de leur butin ils avaient volé treize
sous
Le chiffre 13 est souvent fatal 1
PETITS FAITS-DIVERS
AL'" « AVENIR DU Prolétariat A la
suite d'une plainte déposée par le ministère
du travail, M. Pamart, juge d'instruction,
avait été chargé, il y a quelque temps, d'une
information contre M. Boire, directeur de :1
1' « Avenir du Prolétariat », 8, rue Pernelle,
pour infra'ction à l'article 19 de la loi du
17 mars 1905 et à l'article 19 de la loi du 19 dé-
cembre 1907 sur les sociétés de capitalisation.
L'instruction a établi que M. Boire avait en-
couru 56.100 contraventions en n'effectuant ï.
pas certaines formalités pour les opérations
relatives à la société qu'il gère et dans la-
quelle intervient la vie humaine. L'informa-
tion ouverte à la suite de la plainte du mi-
nistère du travail est sur le point d'être clo- |
se et M. Pamart compte pouvoir rendre pro-
chainement son ordonnance.
Coups DE FEU SUR UN TRAMWAY. -'Avant-hier
soir, à onze heures, au moment où un tram-
way de la ligne « Chàtelet-Ivry » traversait la j:
place Maubert, un coup de feu éclata. Une vi- y
tre vola en éclats, sans que, par bonheur, le
projectile atteignit personne. Aussitôt, des
agents se lancèrent à la poursuite de deux
individus qui fuyaient et les arrêtent. Ce sont:
Raoul Thommery, vingt-quatre ans, et Jules
Raux, vingt-sept ans. Tous deux nient avoir
tiré le coup de revolver. Ils ont été cepen-
dant maintenus à la disposition de M. Philip-
pon, commissaire de police.
DISPARITION. Mme Vassy, artiste lyrique
poste restante, à Vanves nous prie de si-
gnaler la disparition de son fils, Eugène, âgé Y
de dix-sept ans, dont elle a perdu toute traca
depuis samedi dernier. Taille 1 m. 55 vê-
tements pantalon de flanelle crème, à raies
bleues verticales, chemise à raies bleues, es-
padrilles, chapeau en toile grise à raies ni
veston ni gilet.
UNE NOUVELLE DÉCOUVERTE
CONTRE LES MALADIES DE LA PEAU
Les maladies de la peau ne proviennent s
pas. seulement d'un vice du sang, comme
quantité de gens le croient un bon traite-
ment externe est sûrement le moyen le plus
rapide pour les guérir. Convaincu de ce fait,
un éminent chimiste a constaté que l'extrait
de la plante Junip. Oxycedr. calmait et
guérissait admirablement les peaux irritées, j
enflammées ou malades. Cet extrait végé-
tal, traité d'une façon spéciale et combiné
avec d'autres ingrédients curatifs, porte le
nom de Cadum. Cette nouvelle découverte
médicale a déjà, guéri des milliers de cas
d'eczéma et autres désolantes maladies de
la peau qui avaient résisté à tous les autres
traitements. Cadum, dès sa première appii-
cation, non seulement arrête les temblct;
démangeaisons de l'eczéma, mais il en corn-
mence aussi la guérison. On peut l'em-
ployer avec la plus grande confiance, aussi
bien pour les adultes que pour les enfants,
contre toutes les maladies de la peau, d'ail-
leurs tous ceux qu'il a débarrassés radicale-
ment d'une de ces affections aussi désolan-
tes qu'enlaidissantes, le considèrent comme
le plus grand des bienfaits. Donc, que ceux
qui souffrent d'une maladie quelconque de
la peau reprennent du courage et de l'es-
poir, car Caduin diffère complètement de i
tout autre remède et tient ses promesses.
Cadum guérit sûrement et promptement les
boutons, plaies, ulcères, éruptions, cuissons,
irritations, écorchures, pustules, tâches, ru-
gosités, hémorroïdes, etc.
AMBITION EXAGÉRÉE
Le Germain voudrait l'élégance
Que donne à nos enfants de France
L'illustre savon du Congo.
Dame, il est las d'être un lourdaud,
Ariette L., à Victor Vanter.
FEUILLETON DU CI MATIN »
DU 7 SEPTEMBRE 1911
ROCAMBOLE
Aventures inédites
CADET FRIPOUILLE
PONSON DU TERRAIL
LIVRE H
L'or qui fuit
(suite)
Autour d'eux, les débris des escouades
que les officiers avaient pu ramener s'é-
taient rangés. et le carré qui protégeait
l'état-major se disposait également à la
bataille; à l'anéantissement.
C'était l'élite de ces hommes d'élite. Les
zouaves avec admiration regardaient ces
soldats impassibles, graves. qui savaient
qu'ils allaient mourir.
Ils s'arrêtèrent de combattre et se tinrent
distance. formant autour de ce carré un
cercle rouge de lions. prêts à bondir, i
Le capitaine qui commandait, le détache-
ment, ému. comprenant la grandeur et
l'inutilité du sacrifice, s'avança de quelques
pas en avant de ses chacals.
Il agita son mouchoir.
Messieurs, dit-il aux officiers russes,
le sort des armes vous est contraire aujour-
d'hui. Vous avez fait votre devoir.
L'honneur de la Sainte^et vaillante Russie
est sauf. Nous ne voyons plus en face de
nous que des frères d'armes malheureux
dont la bravoure nous enthousiasme. Je
vous en suppliei épargnez ce qui reste en-
core d'hommes validés autour de vous. Je
ne vous demande pas de vous rendre. ni
de livrer votre épée. mais seulement de
me tendre la main et de me suivre au camp
français, où tous les honneurs qui vous
sont dus vous seront rendus.
L'officier supérieur, le chef, salua le ca-
pitaine.
Je vous remercie, capitaine, répondit
il; de l'honneur que vous faites à la vail-
lance malheureuse des soldats du tsar.
Mais regardez où nous sommes sur des
tombes. Là, nous trouverons de la place.
Général, c'est de la folié vous êtes
perdus.
Pardon, capitaine, si vous étiez avec
vos chacals à ma place, et qu'on vous fasse
la même question. que répondriez-vous,
que diriez-vous ?
Je dirais. répondit le capitaine avec
embarras. je dirais. je ne dirais rien.
Vous pousseriez un cri Vive la
France » et vous accepteriez quand
même le combat. mille fois plus beau puis-
qu'il est sans espoir.
C'est vrai. mon général.
Alors, commè vous je crie « Vive la
Russie et comme vous. et vos hom
mes. mes hommes et moi nous allons mou-
rir-pour la patrie
Le capitaine des zouaves ému, se raidit
il salua longuement le général russe, le fa-
nion russe, les soldats de la garde.
Puis se tournant vers ses hommes, il
commanda
Portez armes Présentez armes
Tambour 1. Clairons i. sonnez au champ
Les zouaves, blessés, dépenaillés, couverts
de sang, noirs de poudre, s'alignèrent com-
me ils purent parmi les tombes. le fanion
des zouaves s'avança avec sa garde d'hon-
neur et troué. ayant lui aussi ses étoiles.
les trous dans son étamine. il s'inclina de-
vant lé fanion russe, déchiré aussi par les
balles.
Les zouaves ainsi rendirent aux Russes
les honneurs militaires.
Ce fut solennel, admirable, poignant.
plus grand peut-être que la bataille.
Merci dit seulement le comte Artoff,
rendant le salut.
Le soleil qui se couchait jeta sur ta scène
comme un voile rouge. brodé d'or. un
étendard de gloire que tout à l'heure la
nuit allait remplacer par un long drap
noir. sous lequel la mort semble plus dou-
loureuse.
Alors le. capitaine demanda au comte
Artoff
Etes-vous prêt ?
Le comte Artoff enleva sa casquette.
Vive la Russie cria-t-iL.. Vive le
tsar 1
Vive. la France hurlèrent lès zoua-
ves. Vive l'empereur
Le capitaine commanda
Clairons, sonnez la charge. Le 2e
zouaves. les chacals en avant 1.
Dominant 16 bruit des coups de fusil.
des coups dé pistolet. des cris des bies-
sés. des râles des mourants. s'éleva dés
rangs russes un chant grave, majestueux
funèbre. Les Russes chantaient leur hym-
ne national.
Lès zouaves hurlaient le cri africain. le
cri des chacals.
Et là bataille héroïque, folle, recommença,
.épouvantable, splendide.
Maintenant le rôle de la charité était
venu.
Sur le clocher dé la chapelle le fanion des
zouaves claquait au vent de la nuit. la
victoire des zouaves était complète. mais
chèrement achetée
Autour des Russes abattus, les zouaves
formaient 4 terre un cadre rouge de gloire.
Les infirmiers, les médecins parcouraient
le champ de bataille, s'éclairant de fanaux.
Les tueurs jaunâtres, qui remplaçaient
dans la nuit les éclairs des canons, au so-
leil, et qui allaient vacillant, tressautant,
disparaissant pour reparaître falotds. sem-
blables aux feux follets, étaient ce qui venait
après le rayonnement de ta gloire.
Une lueui' jaunâtre, un fanal fumeux à la
recherche de ceux qui, jeunes, tout à l'heure,
vibrants, furieux, avaient donné leur force,
leur sang pour la patne.
Parmi lés infirmiers, les médecins, lès
homimes de corvée, les zouaves allant cher-
cher lès camarades, se trouvaient quelques
femmes, les cantinières. Elles apportaient
aux blessés le réconfort admirable d'une
voix de femme. la suprême caresse de la
main de femme qui ferme plus doucement
les yeux des mourants.
Elles versaient dans les gorges enfiévrées
un peu d'eau, donnaient le verre d'eau-de-
vie qui permet le suprême effort, ou fait
supporter l'opération immédiate.
Parmi elles. et la plus zélée, la plus
adroite, la plus vaillante, il y avait là canti-
nière adjointe du régiment d'artillerie. de
la 3' batterie. Madeleine.
Elle savait, elle, adoucir la souffrance.
elle savait encourager, réconforter et elle
trouvait les mots qui font paraître moins
longue l'heure quand on attend le chirur-
gien dont le bistouri va trancher le membre
brisé.
Elle savait appliquer la charpie Manche
sur la poitrine rougie. mettre un bandage
autour du front tailladé.
Madeleine appelaient les hommes, à
moi Madeleine
Et Baccarat, populaire parmi les chacals,
vénérée parmi ces diables, Baccarat se mul-
tipliait. elle était partout où un patient se
trouvait. où un rate annonçait un mou-
rant. où un cri de torture révélait d'épou-
vantables blessures.
A moi, Madeleine appelaient ces hom-
mes que le mal accablait, comme les enfants
douloureusement éperdus appellent leur
maman.
Et Madeleine, de sa voix caressante, ré-
pondait aux appels.
Je viens, mon garçon. voilà. une se-
ronde, que j'èn finisse avec ton camara-
de. et c'est à ton tour_
Les infirmiers avaient fort à faire.
Les Russes faisaient de même, parcou
raient le champ. de bataille.
Des deux côtés on emportait avec les mô-
mes soins zouaves blessés ou soldats de la
garde. La confraternité d'armes était ad-
mirable. mais on ne pouvait aller aussi i
vite qu'on l'eût voulu.
Le champ de bataille était en somme très
vaste. On devait naturellement s'occuper
des premiers tombés au début de l'engage.
ment. Il ne serait possible d'arriver au
centre, à la chapelle, que beaucoup plus
tard.
Cependant parmi les blessés, les morts, f
les mourants, zouaves et officiers russes,
soldats de la garde, des ombres passaient
Sur l'entassement des cadavres. un fa-
nal glissait sa lueur fauve.
Des hommes remuaient les corps des mal-
D'où étaient-ils venus. par où étaient-ils
sortis ?
C'étaient un médecin de l'armée russe,
son aide et un pope.
Ils soulevaient les corps. les reposaient
un peu plus loin. cherchaient ailleurs.
Ils revenaient sans cesse au pied de la &
chapelle où flottait le fanion dés zouaves.
Le voilà dit tout à coup le médecin
qui, lui, portait le fanal.
coururent à son appel.
Ils se penchèrent tous trois sur rn offi-
cier russe que la lueur du fanal éclairait eu
plein. Cest lui 1 dit le pope, c'est bien lui I
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