Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-07-10
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 juillet 1910 10 juillet 1910
Description : 1910/07/10 (Numéro 9630). 1910/07/10 (Numéro 9630).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2008
Vingt-Septième Année. N* 9630
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RELIANT PAR SES PREMIÈRES CAPITALES DU GLOBE
.1 Dimanche 10 Juillet 1910 W
Les Pieuvres
Parmi les animaux marins les plus
intéressants que le prince de Monaco a
rapportés de ses croisières et de ses
pèches, dansées grandes profondeurs de
la mer, se trouve une magnifique série
de céphalopodes.
Ce nom ne dit certainement rien aux
personnes non initiées aux mystères d«
la zoologie, et pourtant tout le monde
connaît, pour l'avoir maintes fois l'en.
contrée au bord de la mer, le plus com-
mun des céphalopodes, la vulgaire pieu-
vre, l'affreuse pieuvre qui traîne ses
.bras gluants sur le sable des plages.,
Sa mauvaise réputation lui vient sur-
tout de la description célèbre qu'en a
donnée Victor, Hugo dans les Travail-
2eûrs de ta mer, description .superbe,
mais bien amusante à lire pour un na-
turaliste, car tout y est faux, invraisem-
blablement et' drôlement faux
La pieuvre ne mérite .pas cet affront;'
c'est une merveilleuse bête quand on
l'étudié bien vivantes acclimatée dans
un aquarium -elle .a une physionomie
expressive, des yeux mobiles aux pru-
nelles dorées, semblables à ceux du
chat.; elle s'habitue vite à prendre 'sa
nourriture de la main de son maître
c'est, en un mot, un être tout aussi bien
organisé que n'importe quel animal dit
supérieur soircerveçui, ses yeux sont
aussi parfaits que ceux des vertébrés.
Cette- modeste -pieuvre, si commune,
est le représentant sur nos côtes d'une
foule d'autres membres de la même
famille, répandus dans toutes.les mers
du globe, à toutes les profondeurs. On
en trouve qui rampent parmi les gla-
çons des merspolaires, d'autres qui cir-
culent parmi les coraux irisés des mers
tropicales. Il y en a qui vivent toujours
flottants à la surface ou entre deux eaux
ou qui s'aventurent à plusieurs milliers
de mètres dans les abîmes des océans,
pu ils sont pourchassés par les grands
t cétacés, les cachalots par exemple, qui
Ben font de véritables hécatombes.
Et chose étrange, parmi ces mollus-
ques; il en est qui ne dépassent jamais
quelques millimètres, tandis que d'au-
très atteignent plusieurs mètres de long.
On en connaît qui dépassent dix-sept
mètres. Aussi, quelle-variété de forme
et d'aspect dans la famille, quelles cu-
rieuses adaptations aux modes d'exis-
tence les plus divers Les uns.sont des
êtres rampants, aux formes lourdes et
trapues les autres nagent avec une
légèreté inouïe, rfendant l'eau comme
dés flèches dont ils ont la forme. D'au-
tres, transparents comme du. cristal, se
laissent, paresseusement véhiculer par
les courants, se nourrissant des petites
proies que capturent les lignes toujours
tendues qu'ils traînent derrière eux.
Une des plus singulières particula-
rités-de ces bêtes, leurtacullé de
changer instantanément de couleur,.
Elles" ont dans la peau d'innombrables
petits organes noirs, bruns, rouges, ro-
sés, jaunes, bleus, qu'elles peuvent
ouvrir ou fermer à volonté comme nous
faisons d'un parapluie. Si ranimai
ouvre tous ses petits organes noirs, en
laissant les autres fermés, sa couleur
générale deviendra subitement très fon-
cée, presque noire. S'il ouvre les roses
*"et ferme tout le reste, il sera entière-
ment rose de même pour les jaunes
ou les bruns.^Mais si dans une partie
de son corps il ouvre les jaunes, ailleurs
les noirs, plus loin les, bruns, il appa-
raîtra comme une sorte d'arlequin, vêtu
de morceaux de diverses couleurs. Il-
produit à volonté ces différëntes dispo-
sitioqs lorsqu'il veut :se dissimuler.
Si on l'irrite on la voit se hérisser, de-
venir rouge et menaçante. Vient-on à
lui montrer quelque proie qui la tente
aussitôt ses couleurs varient, sa 'Peau
frémit, les teintes s'y succèdent comme
des ondulations colorées elle allonge
prudemment ses bras garnis de ventou-
ses pour la saisir' après ravoir palpée.
D'autres céphalopodes, mieux armés
pour la chasse, les sèches par exemple,
dont tout le monde connaît l'os blanc,
peuvent décocher deux de leurs bras
sur la prove qu'elles poursuivent elles
rattrapent ainsi au vol, pourrait-on,dire,
avec une rapidité inouïe, et la ramènent
à leur bouche où deux puissantes mâ-
choires. semblables à un bec de perro-
quet, ont bientôt fait de la dépecer: °
Tous ces animaux peuvent lancer
dans l'eau un liquide noir comme de
et leur permet d'échapper à l'ennemi qui
les poursuit. >
Tous ces céphalopodes sont des car-
nassiers qui, souvent sont armés d'en-
gins de chasse et de pêche aussi redou-
tables que merveilleusement combinés.
En plus du bec coupant de leur bouche,
ils peuvent avoir le long des bras des
crochets aigus, semblables à des hame-
çons, ou bien des^ventoûses garnies d'un
cercle coupant dentelé en scie qui fonc-
tionne comme un' emporte-pièce. Ce
sont surtout ceux qui vivent à. des cen-
taines ou des milliers de métrés de pro-
fondeur qui sont ainsi armés certains
d'entre eux endossent de plus une cui-
rasse d'écailles, véritable cotte de
mailles, abritant leurs organes délicats.
(Test encore parmi les représentantes
de cette famille habitant les, abîmes
océaniques que l'on rencontre des por-
teurs de fanaux d'éclaIrage: Le prince
de Monaco en a recueilli .de merveil-
]eux exemplaires. Leur peau est toute
parsemée de petits organes lumineux
lançant des feux scintillants multicolo-
res, que l'animal peut allumer ou étein-
dre à volonté, véritables fanaux qui
éclairent la mer, à une grande distance
autour d'eux, de lueurs bleues et vertes;
c'est un admirable spectacle auq'iel
nous avons assisté au cours d'une des
récentes croisières du prince au large
des îles Açores.
Autre fait très curieux certains de
ces céphalopodes possèdent des organes
construits de telle façon qu'ils ne lais-
sent passer que des rayons calorifiques;
ce sont, en quelque sorte, des yeux
pour la température, des yeux thermo-
scopiques qui leur permettent de perce-
voir les modifications les plus faibles de
la température de la mer.
L. Joubin,
LE DRAPEAU,
des
Le programme de la revue du ils juil-
let vient d'être définitivement arrêté.
11. comporté, cette année, un acte de
justice le président de la République
remettra la croix de la Légion" d'hon-
neur aux drapeaux du i'T régiment d'in-
fanterie et du i" régiment d'artillerie
coloniales.
Comment .se fait-il, alors que plu-
sieurs régiments français ont la ham-
pe de leur drapeau cravatée de rouge,
qu'aucun des 28 régiments de marsouins,
irait .jamais reçu la Légion d'honneur ?
Comment se fait-il que les soldats qui, il
'y a quarante ans, se faisaient tuer à Ba-
zëilles pour n'avoir pas. à' se rendre
qui. depuis quarante ans, partout dans
le monde,: se sont battus pour la Fran-
ce qui ont pacifié le' Tonkin qui ont
capturé Samory qui ont conquis Mada-
gascar,; qui ont parcouru le Soudan
qui ont inscrit dans l'Histoire cette mer-
veilleuse randonnée qui s'appelle l'ex-
pédition Marchand qui ont été de tou-
conquêtes africaines, de toutes les lutte
asiatiques comment se fait-il que ce
soit seulement aujourd'hui que leur dra-
peau soit décore ? Cela, c'est un de ces
mystères insondables comme on en voit
trop en France g
Nous ne chercherons pas à l'éclaircir.
« Mieux vaut tard que jamais », dit le
proverbe. L'infanterie coloniale pouvait
croire que ses drapeaux, qui ont été par-
tout la lutte, ne seraient -jamais à
l'honneur. Ils y seront enfin jeudi pro-
chain.
Et peut-être, après tout, était:il logi-
que que dans une arme où officiers et
soldats' attendent si longtemps le mor-
1"eau de ruban ronge symbole de ce
sang qu'ils versent généreusement et
sans compter pour la France dans tou-
tes les parties du' monde le drapeau
l'attendit lui aussi-
L'acclamation qui montera jeudi vers
l'étendard dés marsouins leur prouvera,
en, tout cas, que dans le cœur de la
foule, il y a longtemps qu'ils sont les
premiers même s'ils sont les derniers
à recevoir un témoignage officiel de la
reconnaissance nationale.
ULTIMATUM
la Crète
On sait qu'un groupe de députés du Par-
lement erélois s'étaient opposés à ce que
leurs collègues musulmans siégeassent à la
Chambre si ces derniers refusaient, comme
ils l'ont- fait jusqu'ici, de prêter serment
au roi Georges de Grèce. Etant donné que
les puissances se sont engagées à faire
respecter la suzeraineté de la Turquie sur
l'île de Crète, l'attitude dé'ce groupe de
députés crétois constituait un véritable défi
aux grandes puissances. Après des négo-
ciations très longues, elles ont décidé d'em-
ployer la force pour .faire respecter leur
volonté.
Les consuls généraux de France, d'An-
gleterre, d'Italie et de Russie à la Canée
ont remis au président du ,comité exécutif
crétois la- déclaration suivante.
Si l'Assemblée crétoise n'admet pas à
siéger sans sorrnejit tes députés musul-
'mans, et si d'autre part les fonctionnaires
appartenant, cette confession étaient cm-
pêchés d'exercer-- librement lueurs [onctions
ou privés de leur traitement en raison de
ce même serment, des forces des quatre
puissances seront débarquées dans les
principaux ports de la Crête, cl les doua-
nes saisies. C'es mesures seront exécutées
si avant lundi prochain midi une déci-
sion conjornte n'a pas été prise à ce sujet.
Vers-huit heures -du soir, aucune réponse
n'était encore parvenue à Paris mais
dans lesTniîieux autorisés on semble croit'e
que les Crétois se rendront aux désirs des
grandes puissances.
L'AFFAIRE EOCHETTI
Une instruction ouverte sur les joueurs
de la dernière heure.
On se souvent qu'au début de l'instruc-
tion ouverte contre NI. Rochette, NI. le juge
d'instruction Berr' donna à M. Dufour,. ex-
pert comptable, la mission de procéder
une enquête chez différents banquiers, afin
de rechercher quels étaient les personnages
qui avaient, -joué 'A' découvert, de la façon la
plus opportune, sur les valeurs du groupe
Rochette, quelques heures avant l'arresta-
tion du financier. M. Dufour ayant rencon-
tré des difficultés insurmontables, ne put
mener à bien sa, mission. A ce sujet, une po-
lémique de presse s'est engagée. On a pré-
tendu que l'enquête de l'expert avait été vo-
lontairement « étouffée n ponr éviter le scan-
dale que n'aurait pas manqué de soulever là
publication des no.ms révélés. Et l'on en
citait quelques-uns.
Désireux de faire sur ce point toute la lu-
mière et de ne permettre aucune équivo-
que de subsister, le gouvernement a décidé
de prescrire au parquet de la Seine l'ouver-
ture d'une instruction sur l'affaire des
joueurs à découvert. Cette' instruction est
actuellement ouverte:
Les
A Bercy, Ja Seine coule à pleins bords
En haut, la arUle de Pentrepôt est battue par les eaux. En bas, sur le quai de la oare. une
cabane, où est enfermée une locomobile, émerge seule.
Malgré le caractère fantasque dont la
Seine fait montre depuis quelques, mois, il
semble que cette fois elle tienne if* honneur
de sanctionner les prévisions du service
.hydrométrique.
En effet, l'examen des cotes relevées hier
sur différents points du bassin confirme
pleinement l'exactitude des calculs des in-
génieurs.
La,crue de la Haute-Seine s'est momen-
tanément ralentie. Bray cotait hier 2 m. 56
contre 2 m. 52 avant-hier mais ce n'est
là qu'un arrêt passager, et la cote de
2 m. 90 est considérée comme probable
d'ici à trois ou quatre jours.
L'Yonne, dont le mouvement fut d'ail-
leurs peu accentué, semble avoir atteint
hier après-midi son maximum à Sens, où
elle atteignit 1 ni. 83.
La Marne monte toujours dans son
cours supérieur. Elle cotait hier 3 m. 47 à
Damery.où l'on prévoit 4 mètres d'ici à qua-
rante-huit heures. Par contre, à Chalifert,.
on a constaté la cote de ,2 m. 40, en baisse
toute momentanée, puisque la cote de 3 mè-
tres 30. est annoncée.
A Paris, on cotait hier
Pont d'Austerlitz ..3 3 m. 20
Pont de la Tournells 3 m. 07
Pont Royal 4 m. 25
Pour se rendre compte de l'importance
du mouvement ascensionnel, il suffit de re-
marquer que le niveau moyen est respec-
tivement ces échelles de 1 mètre, 0 m. 90
Les mouvements de la batellerie en sont
considérablement gênés. Les Bateaux pa-
risiens ont dû suspendre complètement
leur service de la rive.gauche celui de la
rive droite ne peut fonctionner qu'avec les
plus grandes difficultés, et l'arrêt total
est imminent. Plusieurs escales furent dès
hier supprimées. Au pont Royal, le quai
étant battu par les vagues, les voyageurs
étaient. contraints de marcher sur ane
mince bordure de trottoir que l'écume ve-
nait fouetter, et ce sport fit à la sortie des
ateliers la joie des intrépides midinettes.
Le long des entrepôts de Bercy, les berges
sont envahies. Sur la rive opposée, les tra-
vaux de construction du quai sont à nou-
veau interrompus.
Ce travail devait être achevé dans un
délai de huit mois, nous disait hier un con-
tremaître. Il est commencé depuis un an, et
il est à craindre que nous ne puissions plus
y travailler 'de toute l'année. Songez que
depuis 300 jours nous avons eu fort exacte-
ment 217 jours de chômage!
Sur la ligne souterraine du chemin de fer
d'Orléans, des infiltrations se produisent un
peu partout. A la gare Saint-Michel, le flot
affleure le plancher provisoire, qui fut cons-
truit lors des récentes inondations, et près
du pont des Saints-Pères, une forte pompe
s'épuise à rejeter dans la beine. l'eau qui
s'infiltre en gare d'Orsay..
Toutefois la circulation des trains reste
partout régulière, et si la crue ne dépasse
pas les prévisions indiquées, on espère
,que rien de fâch§uxjie; sjLProdulra..
CONQ UÊ TE
"Louie"
Un opulent courtier en vins du départe-
ment de l'Hérault nouait. l'an dernier, dei
relations avec une demi-moi1daine' • d»'
Béziers, portant le nom de guerre de Louise
Granville, et qui, plus familièrement, se pré-
nommait « Loute n.
Le -négociant,- qui a dépassé la cinquan-
taine proposa bientôt it la demi-rnondaine,
âgée de trente et un ans, de l'épouser. Celle-
ci accepta cette honnête propesition.
Les deux amants firent bientôt leur voyage
de fiançailles à Nice. Puis ils vinrent à Pa-
ris.
Un jour qu'ils s'étaient rendus en automo-
bile à Saint-Cloud, pour y déjeuner, Mlle
Le courtier en vins rechercha de tcus cô-
tés son amie. Ce fut en vain. Il regagna l'hô-
tel où, en compagnie de sa future, il était
descendu, et laissa h l'adresse de celle-ci un
billet, d'une écriture fiévreuse, ainsi conçu
Pourquoi chère laissé ainsi à Saint-Clond?
C'est mal, très mS.1.' Je suis rentré A l'hôtel
t'attendre. "Ne to voyant pas arriver, la con-
faire J'ai laissé ton billet de retour au patron
do l'hôtel, qui te remettra aussi cette lettre.
.Je serai à Béziers pour trois ou quatre jours.
-le t'attends. V;te.
Fncore à toi.
Fn quittant Paris, le négociant emporia
avec lui les malles contenant les vêtements
de sa fiancée perdue.
La fiancée s'obstinant ne pas réintégrer
le domicile le rourtier en
vins adressa à Louise en personne
cette longue mais fumeuse Iettr2
Toulouse, dimanche, 11 heures du soir.
1" mai 10.
Ma chère Louto.
Venu à Toulouse aujourd'hui pour une
grosse aftaire, et ayant, quelques heures de
libres avant le départ du train qui va me ra-
mener a Béziers. je ne puis résister l'envie,
au besoin de t'écrira, de te causer. §»*.
Il y a aujourd'hui 'douze jours que tu m'as
abandonné. Je n'essayerai pas de te dire la.'
souffrance que j'endure depuis. Surtout de-
puis que Marcelle m'a écrit que tu étais mala-
de Pourquoi ne pas me le faire savoir ?
T'ai-jP refusé quelque chose ? Il faut croire
que les ctpurs sont faits, à Paris, autrement
que chez moi. Le grand Pascal a dit « II y
a dans le cœur de la femme des raisons que
le cœur ignore » Je dois l'admettre pour toi.
Mais pourquoi es-tu si cruelte Que peux-tu
m; reprocher ? 7 N'ai-je pas été bon, aimable
pour toi N'ai-je pas souscrit à tes caprices,
à tes fantaisies 7 Dès le début de nos rap-
ports, que t'ai-je dit ? Que mes malheurs pas-
sés me rendaient neurasthénique, que j'avais
besoin d'une affection, d'une amitié solide,
que si tu pouvais cela, pour moi, tu devien-
drais la femme la plus heureuse, la plus en-
viée. Je ne te dis plus que je, t'aime, tu le sais
mieux que moi, Mais n'oublie pas que tu n'as
plus vingt printemps, que le temps fuit comme
l'ombre, que la jeunesse s'est envolée et qu'on
vieillit plus vite qu'on ne le croit soi-même.
C'est un ami, un vrai, pour certain, le plus-
sincère que tu aies rencontré dans ta vie, qui
t'écrit cela. Souviens-t'en 1.
P.-S. Otto (le chien) se languit, lé pau-
vre. Il flaire tes affaires, te cherche partout.
cruelle 1
Le ronian du courtier en vins et de Louise
Granville échouait hier en police correction
nelle, devant la dixième chambre, présidée
par M. Fournel. 4
A Saint-Cloud, disait en substance la plai-
gnante, j'ai fui le prévenu parce qu'il m'a-
vait battue. Je ne voulais plus le revoir parce
que j'avais appris qu'il avait épousé succes-
sivement trois de ses maîtresses qu'il avait
rendu très malheureuses.
Quant au courtier en vins, il a protesté
de l'excellence de ses anciens sentiments en-
vers Louise Granville, contre laquelle ce-
pendant, pour répondre en quelque sorte au
procédé de son amie, il a cru devoir déposer
une plainte la jeune femme lui ayant dé-
robé, dit-il, 800 francs et ne lui âyant«|>as
restitué des bijoux qu'il ,lui avait prêtés.
M6 Gauniche a plaidé, avec beaucoup d'hu-
mour, pour Mlle Louise Granville. Il a ra-
conté que dans son extraordinaire désir de
complaire à sa maîtresse, le courtier en vins
était allé jusqu'à permettre à celle-ci, pour
qu'elle ne le quittât point, de prendre pour
ami un jeune garçon épicier, âgée de vingt et
un ans..
Me Paul Viven a présenté ensuite, avec
son talent coutumier, la défense du courtier
en vins qui, en emportant les malles de sa
maîtresse, avait non une intention fraudu-
leuse, mais bien plutôt une intention amou-
reuse.
Le tribunal s'est refusé à statuer immé-
diatement. Il a renvoyé' l'aTfaire à quinzaine.
D'ici là sera, sans aucun doute, intervenue
une réconciliation, précédant une union lé-
gitime.
PROPOS D'UN PARISIEN
J'ai publié récemment une lettre dans la-
quelle le « Vieil ermite n rendait la télégra-
phie sans fil responsable des pluies conti-
nuelles que nous subissons.
Depuis, cette idée a fait son chemin.
Nombre de nos confrères sont allés grave-
ment interviewer MM. Branly, d'Arsonval,
Flammarion, etc., lesquels ont répondu
Cette explication nous étonne. Mais
enfin tout est possible
De mon côté, j'ai reçu des douzaines de
lettres. Il en est de très scientifiques qui
démontrent, les unes, que la T. S. F. est
coupable, les autres que la T. S. F. est
innocente- Il en est aussi qui ne démontrent
..rien du tout, sinon que la vieille gaieté fran-
çaise n'est pas morte, malgré ce vilain
temps.
Un « Jeune ermite » m'écrit
« Je me demande si l'énorme développe-
ment de l'aérostation et de l'aviation ne
contribue pas, tout autant que les ondes
hertziennes, à déranger l'atmosphère. Son-
gez à l'énorme quantité d'hydrogène qui
s'échappa des trois malheureux Zeppelin
Qu'est devenu tout cet hydrogène ? N'a-t-il
pas rencontré d'oxygène pour se combiner
âvec lui et former de l'eau ?
Ici, nous tombons dans la pure fantaisie.
Mais je ne serais pas éloigné de croire que
si le jeune ermite se moque de nous,, le
vieux n'est peut-être pas l'humoriste qu'on
croit.
Comment, direz-vous, ce sont ces im-
perceptibles vibrations électriques qui fe-
raient'la fortune des marchands de para-
pluies ?
Petites causes, grands effets. Il suffit
d'une poignée de neige qui se détache d'un
sommet pour qu'une avalanche formidable
se forme et ravage le flanc de la montagne.
Et d'ailleurs, si cette explication de nos
étés mouillés ne vous paraît pas sérieuse,
rappelez-vous la pensée de Diderot J'ai-
me mieux qu'on dise des sottises sur les
matières importantes que -de s'en taire.
Cela devient sujet de discussions et de dis-
putes, et le vrai se découvre. » CLÉMENT
yAUTEU
TOUJOURS PLUS LOIN
TOUJOURS PLUS VITE
Eclatant triomphe du monaplan à'Çeims
RECORD RECORD RECORD
de I4J de de
durée distance: vitesse:
4 h. 37min. 45 sec. S 340 kilomètres S Î05 kiiom. à l'heure
Phot. » Matin »
CE QU'ON VOIT DU HAUT D'UN AEROPLANE
Le phonographe du Matin A au cours d'une pro-
menade aérienne avec l'aviateur Legagneux, a pu
prendre les intéressantes vues que voici en haut,
le village de Bétheny; au-dessous, la pare de
REims, 9 juillet. De notre envoyé spé-
cial (par téléphone). I,e spectacle affolant
de la ronde fantastique des aéroplanes glis-
sant dans le ciel a pris aujourd'hui un inté-
rêt plus considérable que précédemment Il
y avait en compétition le grand prix des
constructeurs doté par la Champagne d'une
somrne de 50,000 francs. C'en était aujour-
d'hui le dernier jour, mais ce prix aurait pu
par le seul fait, assez fastidieux, de la tota-
lisation, rendre terne une pareille journée.
Deux exploitas remarquables vinrent heureu-
sement 1 agrémenter.
Morane, sur un monoplan Blériot de douze
mètres carrés, muni d'un moteur de cent
chevaux, dépassa les 100 kilomètres à l'heu-
re,, et Labouchère, sur son monoplan Antoi-
nette dont le moteur toucna à* là perfection,
s'adjugea le record de la distance et de la
durée par 340 kilomètres en 4 h. 37' 45" 3/5.
On ne peut se douter du prodigieux spec-
tacle d'un aéroplane filant à 100 kilomètres à
l'heure; on dirait une flèche lancée- dans
l'espace par un arc formidable. A une vi-
tesse rationnelle on peut fixer des yeux un
appareil qui vole; la flèche de Morane, d'une
mobilité extrême, obligeait le déplacement
continuel de la visée, on eût dit que les au-
tres appareils qu'elle dépassait restaient at-
tachés dans le ciel elle les laissait sur
place.
Phot. « Matin
record mail de vitesse (5. kilam. à l'allure moyenrfe
de, 105 kilorn. à l'heure).
LABOUCHERE
4 h. 37 min.)
Au premier tour de ciyq kilomètres, Mo-
rane, prudent, prit des virages assez larges
et mit 2'5(! le couvrir. Au deuxième, tour,
il serra mieux les pylônes et ne ;-mtt que
2' 51;réalisant une vitesse .exacte, de
105 Itil. 2G:> à l'heure, et pour les 10 kilomè-
tres, la moyenne de 103 kil. 500.
Cela ne va pas encore assez vite, nous
a dit M. Moi-nue, a Ja descente. Je n'ai pas
fait donner au moteur sa pleine puissance.
Demain je compte atteindre les 120 kilo-
mètres à l'heure.
Cette performance a été accomplie au mo-
jaient où Labouchère, étant parti pour laj
totalisation des distances, avait déjà tourna
pendant plus de deux heures sans arrêt.Sane
qu'il ait fait part de son intention, jugeant
qu'il était capable d'être champion, le jeune
Labouchère, animé du désir de se révéler
pilote remarquable d'endurance et d'énergie,
confirmant les excellentes qualités dont il
avait fait preuve toute l'année au camp de
Chélons et comme homme de l'air et comme
professeur, s"élança à l'assaut des recordes.
Il y réussit.
En 2 'heures 3' 29", il avait parcouru 150
kilomètres, et en 2 h. 44" M" 4/5, les 200 kilo-
mètres. Il 'filait avec une rectitude parfaite.
On ne douta plus que le record établi avant-
hier par Olieslaegers par 255 kilomètres,n'al-
lait être battu. Quand on eut constaté un vol
de 200 kilomètres, en 3 heures 24' 45" 4/5, la
boule blanche d'un record battu fut hissée
au sémaphore., à -côté' du signal de Labou-
,chère, qui continuant dans un style remar-
quable,. couvrit les 300 kilomètres en
4 heures 5' 14" 2/5. Huit fois encore il passa
devant les tribunes, acclamé par la foule qui
se pressait au pesage, et il s'arrêta volon-
tairement après 340 kilomètres, en 4 heu-
res 37' 45" 3/5.
Il avait battu a la fois le record de la
distance et de la durée, celui-ci ayant été
jusqu'à aujourd'hui en possession de Henri
Farman par 4 heures 17 minutes, établi, le
3 novembre dernier au camp de Chàlons.
Cette distance imposante comptait pour
le prix des constructeurs, dont, avons-nous
dit; c'étaSt le derpier' jour. Le classement
de ce prix était établi sur la totalisation
des distances des trois premiers aviateurs
de .chaque maison.
Dans la matinée, on avait déclassé le bi-
plan Farman n' 58 pour substitution ̃ d'ap-,
pareil. Antoinette gagnait par cela
même une avance de 270 kilomètres.
A un moment, les trois: monôplans' « An-
toinette si étaient arrêtés, et même, en re-
venant au sol, une aile de l'appareil de
Thomas avait touché le sol et s'était brisée.
On fit chez Blériot de rapides calculs.
On s'aperçut à tort d'ailleurs que le
retard n'était pas considérable, et vivement
Olieslaegers, \iamet, Çtittaneo et Aubrun
se mirent en piste. L'équipe, pleine d'ar-
deur, s'acharna à la totalisation, ce qui
permit il Olieslaegers de s'adjuger en pas-
sant trois nouveaux records celui des 50
kilomètres, celui de l'heure par 82 kil. 125,
et celui des 100 kilomètres en 1 h. "8'l".Mais
« Blériot n, parti trop tard, ne put rejoin-
dre « Antoinette qui ..s'adjugea le Grand
Prix de Champagne et la somme de 50,000
francs par une distance totale de 2.591 ki-
lomètres, en avance de plus de 300 kilomè-
tres sur « Blériot ».
Celui-ci se rattrapa sur le prix des passa-
gers. Avec Mamet, qui enleva deux person-
nes, son frère et le mécanicien Le Martin,
il s'adjugea cette épreuve, ainsi que le record
du vol à~ trois passagers avec Aubrun, qui
emmena M. Reymond, sénateur de, la Loire,
if conquit le record de distance et de durée
à deux passagers par un vol de plus de deux
heures, laissant seulement à Ladougne le re-
cord des dix kilomètre.?.
La journée close, les petits vols avec pas-
sagers commencèrent Legagneux enleva
M. Painlevé, député de Paris, à qui il fit
faire le voyage de Reims et retour. Sommer
enleva plusieurs passagers. Chavez, pour
la première fois, monta sur un monoplan et
fit de remarquables débuts. '̃
Nous,eûmes aussi le spectacle de l'arrisiêe
d'un voyage aérien le lieutenant Camer-
man étant venu de* Mourmelon en aéro-
plane.
(En Dernière Heure, les résultats techni.
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RELIANT PAR SES PREMIÈRES CAPITALES DU GLOBE
.1 Dimanche 10 Juillet 1910 W
Les Pieuvres
Parmi les animaux marins les plus
intéressants que le prince de Monaco a
rapportés de ses croisières et de ses
pèches, dansées grandes profondeurs de
la mer, se trouve une magnifique série
de céphalopodes.
Ce nom ne dit certainement rien aux
personnes non initiées aux mystères d«
la zoologie, et pourtant tout le monde
connaît, pour l'avoir maintes fois l'en.
contrée au bord de la mer, le plus com-
mun des céphalopodes, la vulgaire pieu-
vre, l'affreuse pieuvre qui traîne ses
.bras gluants sur le sable des plages.,
Sa mauvaise réputation lui vient sur-
tout de la description célèbre qu'en a
donnée Victor, Hugo dans les Travail-
2eûrs de ta mer, description .superbe,
mais bien amusante à lire pour un na-
turaliste, car tout y est faux, invraisem-
blablement et' drôlement faux
La pieuvre ne mérite .pas cet affront;'
c'est une merveilleuse bête quand on
l'étudié bien vivantes acclimatée dans
un aquarium -elle .a une physionomie
expressive, des yeux mobiles aux pru-
nelles dorées, semblables à ceux du
chat.; elle s'habitue vite à prendre 'sa
nourriture de la main de son maître
c'est, en un mot, un être tout aussi bien
organisé que n'importe quel animal dit
supérieur soircerveçui, ses yeux sont
aussi parfaits que ceux des vertébrés.
Cette- modeste -pieuvre, si commune,
est le représentant sur nos côtes d'une
foule d'autres membres de la même
famille, répandus dans toutes.les mers
du globe, à toutes les profondeurs. On
en trouve qui rampent parmi les gla-
çons des merspolaires, d'autres qui cir-
culent parmi les coraux irisés des mers
tropicales. Il y en a qui vivent toujours
flottants à la surface ou entre deux eaux
ou qui s'aventurent à plusieurs milliers
de mètres dans les abîmes des océans,
pu ils sont pourchassés par les grands
t cétacés, les cachalots par exemple, qui
Ben font de véritables hécatombes.
Et chose étrange, parmi ces mollus-
ques; il en est qui ne dépassent jamais
quelques millimètres, tandis que d'au-
très atteignent plusieurs mètres de long.
On en connaît qui dépassent dix-sept
mètres. Aussi, quelle-variété de forme
et d'aspect dans la famille, quelles cu-
rieuses adaptations aux modes d'exis-
tence les plus divers Les uns.sont des
êtres rampants, aux formes lourdes et
trapues les autres nagent avec une
légèreté inouïe, rfendant l'eau comme
dés flèches dont ils ont la forme. D'au-
tres, transparents comme du. cristal, se
laissent, paresseusement véhiculer par
les courants, se nourrissant des petites
proies que capturent les lignes toujours
tendues qu'ils traînent derrière eux.
Une des plus singulières particula-
rités-de ces bêtes, leurtacullé de
changer instantanément de couleur,.
Elles" ont dans la peau d'innombrables
petits organes noirs, bruns, rouges, ro-
sés, jaunes, bleus, qu'elles peuvent
ouvrir ou fermer à volonté comme nous
faisons d'un parapluie. Si ranimai
ouvre tous ses petits organes noirs, en
laissant les autres fermés, sa couleur
générale deviendra subitement très fon-
cée, presque noire. S'il ouvre les roses
*"et ferme tout le reste, il sera entière-
ment rose de même pour les jaunes
ou les bruns.^Mais si dans une partie
de son corps il ouvre les jaunes, ailleurs
les noirs, plus loin les, bruns, il appa-
raîtra comme une sorte d'arlequin, vêtu
de morceaux de diverses couleurs. Il-
produit à volonté ces différëntes dispo-
sitioqs lorsqu'il veut :se dissimuler.
Si on l'irrite on la voit se hérisser, de-
venir rouge et menaçante. Vient-on à
lui montrer quelque proie qui la tente
aussitôt ses couleurs varient, sa 'Peau
frémit, les teintes s'y succèdent comme
des ondulations colorées elle allonge
prudemment ses bras garnis de ventou-
ses pour la saisir' après ravoir palpée.
D'autres céphalopodes, mieux armés
pour la chasse, les sèches par exemple,
dont tout le monde connaît l'os blanc,
peuvent décocher deux de leurs bras
sur la prove qu'elles poursuivent elles
rattrapent ainsi au vol, pourrait-on,dire,
avec une rapidité inouïe, et la ramènent
à leur bouche où deux puissantes mâ-
choires. semblables à un bec de perro-
quet, ont bientôt fait de la dépecer: °
Tous ces animaux peuvent lancer
dans l'eau un liquide noir comme de
et leur permet d'échapper à l'ennemi qui
les poursuit. >
Tous ces céphalopodes sont des car-
nassiers qui, souvent sont armés d'en-
gins de chasse et de pêche aussi redou-
tables que merveilleusement combinés.
En plus du bec coupant de leur bouche,
ils peuvent avoir le long des bras des
crochets aigus, semblables à des hame-
çons, ou bien des^ventoûses garnies d'un
cercle coupant dentelé en scie qui fonc-
tionne comme un' emporte-pièce. Ce
sont surtout ceux qui vivent à. des cen-
taines ou des milliers de métrés de pro-
fondeur qui sont ainsi armés certains
d'entre eux endossent de plus une cui-
rasse d'écailles, véritable cotte de
mailles, abritant leurs organes délicats.
(Test encore parmi les représentantes
de cette famille habitant les, abîmes
océaniques que l'on rencontre des por-
teurs de fanaux d'éclaIrage: Le prince
de Monaco en a recueilli .de merveil-
]eux exemplaires. Leur peau est toute
parsemée de petits organes lumineux
lançant des feux scintillants multicolo-
res, que l'animal peut allumer ou étein-
dre à volonté, véritables fanaux qui
éclairent la mer, à une grande distance
autour d'eux, de lueurs bleues et vertes;
c'est un admirable spectacle auq'iel
nous avons assisté au cours d'une des
récentes croisières du prince au large
des îles Açores.
Autre fait très curieux certains de
ces céphalopodes possèdent des organes
construits de telle façon qu'ils ne lais-
sent passer que des rayons calorifiques;
ce sont, en quelque sorte, des yeux
pour la température, des yeux thermo-
scopiques qui leur permettent de perce-
voir les modifications les plus faibles de
la température de la mer.
L. Joubin,
LE DRAPEAU,
des
Le programme de la revue du ils juil-
let vient d'être définitivement arrêté.
11. comporté, cette année, un acte de
justice le président de la République
remettra la croix de la Légion" d'hon-
neur aux drapeaux du i'T régiment d'in-
fanterie et du i" régiment d'artillerie
coloniales.
Comment .se fait-il, alors que plu-
sieurs régiments français ont la ham-
pe de leur drapeau cravatée de rouge,
qu'aucun des 28 régiments de marsouins,
irait .jamais reçu la Légion d'honneur ?
Comment se fait-il que les soldats qui, il
'y a quarante ans, se faisaient tuer à Ba-
zëilles pour n'avoir pas. à' se rendre
qui. depuis quarante ans, partout dans
le monde,: se sont battus pour la Fran-
ce qui ont pacifié le' Tonkin qui ont
capturé Samory qui ont conquis Mada-
gascar,; qui ont parcouru le Soudan
qui ont inscrit dans l'Histoire cette mer-
veilleuse randonnée qui s'appelle l'ex-
pédition Marchand qui ont été de tou-
conquêtes africaines, de toutes les lutte
asiatiques comment se fait-il que ce
soit seulement aujourd'hui que leur dra-
peau soit décore ? Cela, c'est un de ces
mystères insondables comme on en voit
trop en France g
Nous ne chercherons pas à l'éclaircir.
« Mieux vaut tard que jamais », dit le
proverbe. L'infanterie coloniale pouvait
croire que ses drapeaux, qui ont été par-
tout la lutte, ne seraient -jamais à
l'honneur. Ils y seront enfin jeudi pro-
chain.
Et peut-être, après tout, était:il logi-
que que dans une arme où officiers et
soldats' attendent si longtemps le mor-
1"eau de ruban ronge symbole de ce
sang qu'ils versent généreusement et
sans compter pour la France dans tou-
tes les parties du' monde le drapeau
l'attendit lui aussi-
L'acclamation qui montera jeudi vers
l'étendard dés marsouins leur prouvera,
en, tout cas, que dans le cœur de la
foule, il y a longtemps qu'ils sont les
premiers même s'ils sont les derniers
à recevoir un témoignage officiel de la
reconnaissance nationale.
ULTIMATUM
la Crète
On sait qu'un groupe de députés du Par-
lement erélois s'étaient opposés à ce que
leurs collègues musulmans siégeassent à la
Chambre si ces derniers refusaient, comme
ils l'ont- fait jusqu'ici, de prêter serment
au roi Georges de Grèce. Etant donné que
les puissances se sont engagées à faire
respecter la suzeraineté de la Turquie sur
l'île de Crète, l'attitude dé'ce groupe de
députés crétois constituait un véritable défi
aux grandes puissances. Après des négo-
ciations très longues, elles ont décidé d'em-
ployer la force pour .faire respecter leur
volonté.
Les consuls généraux de France, d'An-
gleterre, d'Italie et de Russie à la Canée
ont remis au président du ,comité exécutif
crétois la- déclaration suivante.
Si l'Assemblée crétoise n'admet pas à
siéger sans sorrnejit tes députés musul-
'mans, et si d'autre part les fonctionnaires
appartenant, cette confession étaient cm-
pêchés d'exercer-- librement lueurs [onctions
ou privés de leur traitement en raison de
ce même serment, des forces des quatre
puissances seront débarquées dans les
principaux ports de la Crête, cl les doua-
nes saisies. C'es mesures seront exécutées
si avant lundi prochain midi une déci-
sion conjornte n'a pas été prise à ce sujet.
Vers-huit heures -du soir, aucune réponse
n'était encore parvenue à Paris mais
dans lesTniîieux autorisés on semble croit'e
que les Crétois se rendront aux désirs des
grandes puissances.
L'AFFAIRE EOCHETTI
Une instruction ouverte sur les joueurs
de la dernière heure.
On se souvent qu'au début de l'instruc-
tion ouverte contre NI. Rochette, NI. le juge
d'instruction Berr' donna à M. Dufour,. ex-
pert comptable, la mission de procéder
une enquête chez différents banquiers, afin
de rechercher quels étaient les personnages
qui avaient, -joué 'A' découvert, de la façon la
plus opportune, sur les valeurs du groupe
Rochette, quelques heures avant l'arresta-
tion du financier. M. Dufour ayant rencon-
tré des difficultés insurmontables, ne put
mener à bien sa, mission. A ce sujet, une po-
lémique de presse s'est engagée. On a pré-
tendu que l'enquête de l'expert avait été vo-
lontairement « étouffée n ponr éviter le scan-
dale que n'aurait pas manqué de soulever là
publication des no.ms révélés. Et l'on en
citait quelques-uns.
Désireux de faire sur ce point toute la lu-
mière et de ne permettre aucune équivo-
que de subsister, le gouvernement a décidé
de prescrire au parquet de la Seine l'ouver-
ture d'une instruction sur l'affaire des
joueurs à découvert. Cette' instruction est
actuellement ouverte:
Les
A Bercy, Ja Seine coule à pleins bords
En haut, la arUle de Pentrepôt est battue par les eaux. En bas, sur le quai de la oare. une
cabane, où est enfermée une locomobile, émerge seule.
Malgré le caractère fantasque dont la
Seine fait montre depuis quelques, mois, il
semble que cette fois elle tienne if* honneur
de sanctionner les prévisions du service
.hydrométrique.
En effet, l'examen des cotes relevées hier
sur différents points du bassin confirme
pleinement l'exactitude des calculs des in-
génieurs.
La,crue de la Haute-Seine s'est momen-
tanément ralentie. Bray cotait hier 2 m. 56
contre 2 m. 52 avant-hier mais ce n'est
là qu'un arrêt passager, et la cote de
2 m. 90 est considérée comme probable
d'ici à trois ou quatre jours.
L'Yonne, dont le mouvement fut d'ail-
leurs peu accentué, semble avoir atteint
hier après-midi son maximum à Sens, où
elle atteignit 1 ni. 83.
La Marne monte toujours dans son
cours supérieur. Elle cotait hier 3 m. 47 à
Damery.où l'on prévoit 4 mètres d'ici à qua-
rante-huit heures. Par contre, à Chalifert,.
on a constaté la cote de ,2 m. 40, en baisse
toute momentanée, puisque la cote de 3 mè-
tres 30. est annoncée.
A Paris, on cotait hier
Pont d'Austerlitz ..3 3 m. 20
Pont de la Tournells 3 m. 07
Pont Royal 4 m. 25
Pour se rendre compte de l'importance
du mouvement ascensionnel, il suffit de re-
marquer que le niveau moyen est respec-
tivement ces échelles de 1 mètre, 0 m. 90
Les mouvements de la batellerie en sont
considérablement gênés. Les Bateaux pa-
risiens ont dû suspendre complètement
leur service de la rive.gauche celui de la
rive droite ne peut fonctionner qu'avec les
plus grandes difficultés, et l'arrêt total
est imminent. Plusieurs escales furent dès
hier supprimées. Au pont Royal, le quai
étant battu par les vagues, les voyageurs
étaient. contraints de marcher sur ane
mince bordure de trottoir que l'écume ve-
nait fouetter, et ce sport fit à la sortie des
ateliers la joie des intrépides midinettes.
Le long des entrepôts de Bercy, les berges
sont envahies. Sur la rive opposée, les tra-
vaux de construction du quai sont à nou-
veau interrompus.
Ce travail devait être achevé dans un
délai de huit mois, nous disait hier un con-
tremaître. Il est commencé depuis un an, et
il est à craindre que nous ne puissions plus
y travailler 'de toute l'année. Songez que
depuis 300 jours nous avons eu fort exacte-
ment 217 jours de chômage!
Sur la ligne souterraine du chemin de fer
d'Orléans, des infiltrations se produisent un
peu partout. A la gare Saint-Michel, le flot
affleure le plancher provisoire, qui fut cons-
truit lors des récentes inondations, et près
du pont des Saints-Pères, une forte pompe
s'épuise à rejeter dans la beine. l'eau qui
s'infiltre en gare d'Orsay..
Toutefois la circulation des trains reste
partout régulière, et si la crue ne dépasse
pas les prévisions indiquées, on espère
,que rien de fâch§uxjie; sjLProdulra..
CONQ UÊ TE
"Louie"
Un opulent courtier en vins du départe-
ment de l'Hérault nouait. l'an dernier, dei
relations avec une demi-moi1daine' • d»'
Béziers, portant le nom de guerre de Louise
Granville, et qui, plus familièrement, se pré-
nommait « Loute n.
Le -négociant,- qui a dépassé la cinquan-
taine proposa bientôt it la demi-rnondaine,
âgée de trente et un ans, de l'épouser. Celle-
ci accepta cette honnête propesition.
Les deux amants firent bientôt leur voyage
de fiançailles à Nice. Puis ils vinrent à Pa-
ris.
Un jour qu'ils s'étaient rendus en automo-
bile à Saint-Cloud, pour y déjeuner, Mlle
Le courtier en vins rechercha de tcus cô-
tés son amie. Ce fut en vain. Il regagna l'hô-
tel où, en compagnie de sa future, il était
descendu, et laissa h l'adresse de celle-ci un
billet, d'une écriture fiévreuse, ainsi conçu
Pourquoi chère laissé ainsi à Saint-Clond?
C'est mal, très mS.1.' Je suis rentré A l'hôtel
t'attendre. "Ne to voyant pas arriver, la con-
faire J'ai laissé ton billet de retour au patron
do l'hôtel, qui te remettra aussi cette lettre.
.Je serai à Béziers pour trois ou quatre jours.
-le t'attends. V;te.
Fncore à toi.
Fn quittant Paris, le négociant emporia
avec lui les malles contenant les vêtements
de sa fiancée perdue.
La fiancée s'obstinant ne pas réintégrer
le domicile le rourtier en
vins adressa à Louise en personne
cette longue mais fumeuse Iettr2
Toulouse, dimanche, 11 heures du soir.
1" mai 10.
Ma chère Louto.
Venu à Toulouse aujourd'hui pour une
grosse aftaire, et ayant, quelques heures de
libres avant le départ du train qui va me ra-
mener a Béziers. je ne puis résister l'envie,
au besoin de t'écrira, de te causer. §»*.
Il y a aujourd'hui 'douze jours que tu m'as
abandonné. Je n'essayerai pas de te dire la.'
souffrance que j'endure depuis. Surtout de-
puis que Marcelle m'a écrit que tu étais mala-
de Pourquoi ne pas me le faire savoir ?
T'ai-jP refusé quelque chose ? Il faut croire
que les ctpurs sont faits, à Paris, autrement
que chez moi. Le grand Pascal a dit « II y
a dans le cœur de la femme des raisons que
le cœur ignore » Je dois l'admettre pour toi.
Mais pourquoi es-tu si cruelte Que peux-tu
m; reprocher ? 7 N'ai-je pas été bon, aimable
pour toi N'ai-je pas souscrit à tes caprices,
à tes fantaisies 7 Dès le début de nos rap-
ports, que t'ai-je dit ? Que mes malheurs pas-
sés me rendaient neurasthénique, que j'avais
besoin d'une affection, d'une amitié solide,
que si tu pouvais cela, pour moi, tu devien-
drais la femme la plus heureuse, la plus en-
viée. Je ne te dis plus que je, t'aime, tu le sais
mieux que moi, Mais n'oublie pas que tu n'as
plus vingt printemps, que le temps fuit comme
l'ombre, que la jeunesse s'est envolée et qu'on
vieillit plus vite qu'on ne le croit soi-même.
C'est un ami, un vrai, pour certain, le plus-
sincère que tu aies rencontré dans ta vie, qui
t'écrit cela. Souviens-t'en 1.
P.-S. Otto (le chien) se languit, lé pau-
vre. Il flaire tes affaires, te cherche partout.
cruelle 1
Le ronian du courtier en vins et de Louise
Granville échouait hier en police correction
nelle, devant la dixième chambre, présidée
par M. Fournel. 4
A Saint-Cloud, disait en substance la plai-
gnante, j'ai fui le prévenu parce qu'il m'a-
vait battue. Je ne voulais plus le revoir parce
que j'avais appris qu'il avait épousé succes-
sivement trois de ses maîtresses qu'il avait
rendu très malheureuses.
Quant au courtier en vins, il a protesté
de l'excellence de ses anciens sentiments en-
vers Louise Granville, contre laquelle ce-
pendant, pour répondre en quelque sorte au
procédé de son amie, il a cru devoir déposer
une plainte la jeune femme lui ayant dé-
robé, dit-il, 800 francs et ne lui âyant«|>as
restitué des bijoux qu'il ,lui avait prêtés.
M6 Gauniche a plaidé, avec beaucoup d'hu-
mour, pour Mlle Louise Granville. Il a ra-
conté que dans son extraordinaire désir de
complaire à sa maîtresse, le courtier en vins
était allé jusqu'à permettre à celle-ci, pour
qu'elle ne le quittât point, de prendre pour
ami un jeune garçon épicier, âgée de vingt et
un ans..
Me Paul Viven a présenté ensuite, avec
son talent coutumier, la défense du courtier
en vins qui, en emportant les malles de sa
maîtresse, avait non une intention fraudu-
leuse, mais bien plutôt une intention amou-
reuse.
Le tribunal s'est refusé à statuer immé-
diatement. Il a renvoyé' l'aTfaire à quinzaine.
D'ici là sera, sans aucun doute, intervenue
une réconciliation, précédant une union lé-
gitime.
PROPOS D'UN PARISIEN
J'ai publié récemment une lettre dans la-
quelle le « Vieil ermite n rendait la télégra-
phie sans fil responsable des pluies conti-
nuelles que nous subissons.
Depuis, cette idée a fait son chemin.
Nombre de nos confrères sont allés grave-
ment interviewer MM. Branly, d'Arsonval,
Flammarion, etc., lesquels ont répondu
Cette explication nous étonne. Mais
enfin tout est possible
De mon côté, j'ai reçu des douzaines de
lettres. Il en est de très scientifiques qui
démontrent, les unes, que la T. S. F. est
coupable, les autres que la T. S. F. est
innocente- Il en est aussi qui ne démontrent
..rien du tout, sinon que la vieille gaieté fran-
çaise n'est pas morte, malgré ce vilain
temps.
Un « Jeune ermite » m'écrit
« Je me demande si l'énorme développe-
ment de l'aérostation et de l'aviation ne
contribue pas, tout autant que les ondes
hertziennes, à déranger l'atmosphère. Son-
gez à l'énorme quantité d'hydrogène qui
s'échappa des trois malheureux Zeppelin
Qu'est devenu tout cet hydrogène ? N'a-t-il
pas rencontré d'oxygène pour se combiner
âvec lui et former de l'eau ?
Ici, nous tombons dans la pure fantaisie.
Mais je ne serais pas éloigné de croire que
si le jeune ermite se moque de nous,, le
vieux n'est peut-être pas l'humoriste qu'on
croit.
Comment, direz-vous, ce sont ces im-
perceptibles vibrations électriques qui fe-
raient'la fortune des marchands de para-
pluies ?
Petites causes, grands effets. Il suffit
d'une poignée de neige qui se détache d'un
sommet pour qu'une avalanche formidable
se forme et ravage le flanc de la montagne.
Et d'ailleurs, si cette explication de nos
étés mouillés ne vous paraît pas sérieuse,
rappelez-vous la pensée de Diderot J'ai-
me mieux qu'on dise des sottises sur les
matières importantes que -de s'en taire.
Cela devient sujet de discussions et de dis-
putes, et le vrai se découvre. » CLÉMENT
yAUTEU
TOUJOURS PLUS LOIN
TOUJOURS PLUS VITE
Eclatant triomphe du monaplan à'Çeims
RECORD RECORD RECORD
de I4J de de
durée distance: vitesse:
4 h. 37min. 45 sec. S 340 kilomètres S Î05 kiiom. à l'heure
Phot. » Matin »
CE QU'ON VOIT DU HAUT D'UN AEROPLANE
Le phonographe du Matin A au cours d'une pro-
menade aérienne avec l'aviateur Legagneux, a pu
prendre les intéressantes vues que voici en haut,
le village de Bétheny; au-dessous, la pare de
REims, 9 juillet. De notre envoyé spé-
cial (par téléphone). I,e spectacle affolant
de la ronde fantastique des aéroplanes glis-
sant dans le ciel a pris aujourd'hui un inté-
rêt plus considérable que précédemment Il
y avait en compétition le grand prix des
constructeurs doté par la Champagne d'une
somrne de 50,000 francs. C'en était aujour-
d'hui le dernier jour, mais ce prix aurait pu
par le seul fait, assez fastidieux, de la tota-
lisation, rendre terne une pareille journée.
Deux exploitas remarquables vinrent heureu-
sement 1 agrémenter.
Morane, sur un monoplan Blériot de douze
mètres carrés, muni d'un moteur de cent
chevaux, dépassa les 100 kilomètres à l'heu-
re,, et Labouchère, sur son monoplan Antoi-
nette dont le moteur toucna à* là perfection,
s'adjugea le record de la distance et de la
durée par 340 kilomètres en 4 h. 37' 45" 3/5.
On ne peut se douter du prodigieux spec-
tacle d'un aéroplane filant à 100 kilomètres à
l'heure; on dirait une flèche lancée- dans
l'espace par un arc formidable. A une vi-
tesse rationnelle on peut fixer des yeux un
appareil qui vole; la flèche de Morane, d'une
mobilité extrême, obligeait le déplacement
continuel de la visée, on eût dit que les au-
tres appareils qu'elle dépassait restaient at-
tachés dans le ciel elle les laissait sur
place.
Phot. « Matin
record mail de vitesse (5. kilam. à l'allure moyenrfe
de, 105 kilorn. à l'heure).
LABOUCHERE
4 h. 37 min.)
Au premier tour de ciyq kilomètres, Mo-
rane, prudent, prit des virages assez larges
et mit 2'5(! le couvrir. Au deuxième, tour,
il serra mieux les pylônes et ne ;-mtt que
2' 51;réalisant une vitesse .exacte, de
105 Itil. 2G:> à l'heure, et pour les 10 kilomè-
tres, la moyenne de 103 kil. 500.
Cela ne va pas encore assez vite, nous
a dit M. Moi-nue, a Ja descente. Je n'ai pas
fait donner au moteur sa pleine puissance.
Demain je compte atteindre les 120 kilo-
mètres à l'heure.
Cette performance a été accomplie au mo-
jaient où Labouchère, étant parti pour laj
totalisation des distances, avait déjà tourna
pendant plus de deux heures sans arrêt.Sane
qu'il ait fait part de son intention, jugeant
qu'il était capable d'être champion, le jeune
Labouchère, animé du désir de se révéler
pilote remarquable d'endurance et d'énergie,
confirmant les excellentes qualités dont il
avait fait preuve toute l'année au camp de
Chélons et comme homme de l'air et comme
professeur, s"élança à l'assaut des recordes.
Il y réussit.
En 2 'heures 3' 29", il avait parcouru 150
kilomètres, et en 2 h. 44" M" 4/5, les 200 kilo-
mètres. Il 'filait avec une rectitude parfaite.
On ne douta plus que le record établi avant-
hier par Olieslaegers par 255 kilomètres,n'al-
lait être battu. Quand on eut constaté un vol
de 200 kilomètres, en 3 heures 24' 45" 4/5, la
boule blanche d'un record battu fut hissée
au sémaphore., à -côté' du signal de Labou-
,chère, qui continuant dans un style remar-
quable,. couvrit les 300 kilomètres en
4 heures 5' 14" 2/5. Huit fois encore il passa
devant les tribunes, acclamé par la foule qui
se pressait au pesage, et il s'arrêta volon-
tairement après 340 kilomètres, en 4 heu-
res 37' 45" 3/5.
Il avait battu a la fois le record de la
distance et de la durée, celui-ci ayant été
jusqu'à aujourd'hui en possession de Henri
Farman par 4 heures 17 minutes, établi, le
3 novembre dernier au camp de Chàlons.
Cette distance imposante comptait pour
le prix des constructeurs, dont, avons-nous
dit; c'étaSt le derpier' jour. Le classement
de ce prix était établi sur la totalisation
des distances des trois premiers aviateurs
de .chaque maison.
Dans la matinée, on avait déclassé le bi-
plan Farman n' 58 pour substitution ̃ d'ap-,
pareil. Antoinette gagnait par cela
même une avance de 270 kilomètres.
A un moment, les trois: monôplans' « An-
toinette si étaient arrêtés, et même, en re-
venant au sol, une aile de l'appareil de
Thomas avait touché le sol et s'était brisée.
On fit chez Blériot de rapides calculs.
On s'aperçut à tort d'ailleurs que le
retard n'était pas considérable, et vivement
Olieslaegers, \iamet, Çtittaneo et Aubrun
se mirent en piste. L'équipe, pleine d'ar-
deur, s'acharna à la totalisation, ce qui
permit il Olieslaegers de s'adjuger en pas-
sant trois nouveaux records celui des 50
kilomètres, celui de l'heure par 82 kil. 125,
et celui des 100 kilomètres en 1 h. "8'l".Mais
« Blériot n, parti trop tard, ne put rejoin-
dre « Antoinette qui ..s'adjugea le Grand
Prix de Champagne et la somme de 50,000
francs par une distance totale de 2.591 ki-
lomètres, en avance de plus de 300 kilomè-
tres sur « Blériot ».
Celui-ci se rattrapa sur le prix des passa-
gers. Avec Mamet, qui enleva deux person-
nes, son frère et le mécanicien Le Martin,
il s'adjugea cette épreuve, ainsi que le record
du vol à~ trois passagers avec Aubrun, qui
emmena M. Reymond, sénateur de, la Loire,
if conquit le record de distance et de durée
à deux passagers par un vol de plus de deux
heures, laissant seulement à Ladougne le re-
cord des dix kilomètre.?.
La journée close, les petits vols avec pas-
sagers commencèrent Legagneux enleva
M. Painlevé, député de Paris, à qui il fit
faire le voyage de Reims et retour. Sommer
enleva plusieurs passagers. Chavez, pour
la première fois, monta sur un monoplan et
fit de remarquables débuts. '̃
Nous,eûmes aussi le spectacle de l'arrisiêe
d'un voyage aérien le lieutenant Camer-
man étant venu de* Mourmelon en aéro-
plane.
(En Dernière Heure, les résultats techni.
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