Titre : Arts & idées : revue mensuelle / rédacteurs en chef : Lucien Combelle & Alain Bernard
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Éditeur : Librairie José CortiLibrairie José Corti (Paris)
Date d'édition : 1936-11-01
Contributeur : Combelle, Lucien (1913-1995). Directeur de publication
Contributeur : Bernard, Alain. Directeur de publication
Contributeur : Livet, Henri-Philippe (1905-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maugé, A.-L.. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327030179
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 763 Nombre total de vues : 763
Description : 01 novembre 1936 01 novembre 1936
Description : 1936/11/01 (A1,N5)-1936/11/30. 1936/11/01 (A1,N5)-1936/11/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k56918853
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-27802
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
MAL.OGUES
SUR NOTRE EPOQUE
i
CRITIQUE LITTÉRAIRE
M. DESCHAMPS. — Avez-vous lu, cher Monsieur, un récent ar-
ticle dans lequel M. Mauriac était qualifié de lamentable cré-
tin. Et avez-vous cherché à connaître le motif de cette in-
sultante colère ?... Je vois à votre tête que vous attendez la
suite ! M. Mauriac est un crétin -parce qu'il a protesté con-
tre certains excès des révolutionnaires espagnols et...
M. DUPRÉ. — Que diable ! Avait-il besoin de protester, M. Mau-
riac ? Les affaires espagnoles ne le regardaient pas !
M. DESCHAMPS. — En quoi on pourrait vous objecter que les in-
terlocuteurs de M. Mauriac n'ont pas attendu son exemple
25our se jeter dans la bagarre. Mais là n'est pas la question
et malgré votre mauvaise humeur évidente, je vais vous don-
ner mon avis. Notre République des lettres est infernale et
on y respire une atmosphère de cabaret de port. On crache
et on bave. M. Mauriac signe un manifeste dans lequel il expri-
me un avis qui n'est pas partagé, M. Mauriac est un crétin !
Oh ! je veux être impartial et souligner en passant qu'un
ami de M. Maurras a trouvé bon d'écrire ce vilain mot de
pourceau pour désigner M. Gide. Tout cela est triste, cher ami!
M. DUPRÉ. — Comme vous dramatisez ! Les querelles politiques
ont toujours provoqué des heurts entre écrivains et nos con-
temporains ne font qu'imiter M. de Voltaire, Hugo ou Zola.
Il est quelquefois urgent de descendre dans le Forum et
de s'intéresser à la chose publique.
M. DESCHAMPS. — En s'injuriant mutuellement? M. Dupré,
vous allez me faire douter de votre raison. Vous qui êtes
si sensible au protocole des dédicaces, que n'aspirez-vous
pas à cette cordialité qui fut le propre des gens de lettres.
M. DUPRÉ. — Vous oubliez que l'heure est grave et que le
temps n'est plus à la courtoisie. Prolétariat, fascisme, lutte
de classes, vcius ne sentez donc pas que la révolution est
proche. Et une révolution ne se fait pas à coups de cha-
peaux.
M. DESCHAMPS. — Vous avouerez que ce n'est pas notre rôle
de faire des révolutions. Pourtant grand seigneur, ce pau-
vre La Rochefoucauld était ridicule à la tête des Fron-
deurs. La politique est une science pour les uns, une nourri-
ture pour les autres. Et je reviens à ma première idée, l'in-
sulte ne fut jamais un argument. L'insulte est la preuve for-
melle qu'une cause est indéfendable.
M. DUPRÉ. — Le coupable est celui qui a commencé ce vi-
lain jeu !
M. DESCHAMPS. — Non, Monsieur ! Celui qui a commencé eût
. vite mis fin à ses fantaisies s'il s'était heurté sans cesse à.
la plus parfaite courtoisie.
H —
SUR NOTRE EPOQUE
i
CRITIQUE LITTÉRAIRE
M. DESCHAMPS. — Avez-vous lu, cher Monsieur, un récent ar-
ticle dans lequel M. Mauriac était qualifié de lamentable cré-
tin. Et avez-vous cherché à connaître le motif de cette in-
sultante colère ?... Je vois à votre tête que vous attendez la
suite ! M. Mauriac est un crétin -parce qu'il a protesté con-
tre certains excès des révolutionnaires espagnols et...
M. DUPRÉ. — Que diable ! Avait-il besoin de protester, M. Mau-
riac ? Les affaires espagnoles ne le regardaient pas !
M. DESCHAMPS. — En quoi on pourrait vous objecter que les in-
terlocuteurs de M. Mauriac n'ont pas attendu son exemple
25our se jeter dans la bagarre. Mais là n'est pas la question
et malgré votre mauvaise humeur évidente, je vais vous don-
ner mon avis. Notre République des lettres est infernale et
on y respire une atmosphère de cabaret de port. On crache
et on bave. M. Mauriac signe un manifeste dans lequel il expri-
me un avis qui n'est pas partagé, M. Mauriac est un crétin !
Oh ! je veux être impartial et souligner en passant qu'un
ami de M. Maurras a trouvé bon d'écrire ce vilain mot de
pourceau pour désigner M. Gide. Tout cela est triste, cher ami!
M. DUPRÉ. — Comme vous dramatisez ! Les querelles politiques
ont toujours provoqué des heurts entre écrivains et nos con-
temporains ne font qu'imiter M. de Voltaire, Hugo ou Zola.
Il est quelquefois urgent de descendre dans le Forum et
de s'intéresser à la chose publique.
M. DESCHAMPS. — En s'injuriant mutuellement? M. Dupré,
vous allez me faire douter de votre raison. Vous qui êtes
si sensible au protocole des dédicaces, que n'aspirez-vous
pas à cette cordialité qui fut le propre des gens de lettres.
M. DUPRÉ. — Vous oubliez que l'heure est grave et que le
temps n'est plus à la courtoisie. Prolétariat, fascisme, lutte
de classes, vcius ne sentez donc pas que la révolution est
proche. Et une révolution ne se fait pas à coups de cha-
peaux.
M. DESCHAMPS. — Vous avouerez que ce n'est pas notre rôle
de faire des révolutions. Pourtant grand seigneur, ce pau-
vre La Rochefoucauld était ridicule à la tête des Fron-
deurs. La politique est une science pour les uns, une nourri-
ture pour les autres. Et je reviens à ma première idée, l'in-
sulte ne fut jamais un argument. L'insulte est la preuve for-
melle qu'une cause est indéfendable.
M. DUPRÉ. — Le coupable est celui qui a commencé ce vi-
lain jeu !
M. DESCHAMPS. — Non, Monsieur ! Celui qui a commencé eût
. vite mis fin à ses fantaisies s'il s'était heurté sans cesse à.
la plus parfaite courtoisie.
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