Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1909-02-16
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328123058
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 février 1909 16 février 1909
Description : 1909/02/16 (Numéro 9121). 1909/02/16 (Numéro 9121).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/05/2008
4 La
LE MATIN
16 2 03
Contes des mille et un matins
Petit-Rouge
ours la soirée 'nous
avions discuté pour
savoir si la'vie d'a-
ventures aux colonies
exaltait un Français,
le mettait au-dessus
de lui-même ou bien,
plus simplement, le
f a i s a i rétrograder
jusqu'à l'animalité
des sauvages qu'il
Il nous revenait à la mémoire des his-
toires rouges d'administrateurs qui, pour
se distraire, avaient fait sauter à la dyna-
mite comme de vulgaires cailloux, leurs
nègres.
Je cognai sur la table avec mon poing
et je m'écriai
Vous voyez bien qu'en Afrique, un
homme civilisé redevient un impulsif et un
apache.
Avez-vous visité le Congo et le Sou-
dan, me demanda alors un garçon barbu
et chevelu, à physionomie de pope russe ?
J'avouai n'avoir jamais quitté la France.-
Pourquoi voulez-vous donc juger des
gens que vous n'avez pas vus à l'œuvre,re-
prit-il doucement ?
Les connaissez-vous mieux que moi,
ces coloniaux que vous voulez défendre, ré-
pliquai-je ?,
Peut-être I. Comme on a oublié de
nous présenter l'un à l'autre, laissez-moi
me nommer Norbert Randan.
Comment, vous seriez l'explorateur de
la Mauritanie, m'écriai-je ? Et j'examinai
avec curiosité Randan.
Le dos un peu voûté, les épaules larges,
tes yeux au guet sous les lorgnons,, il éma-
nait de cet explorateur une puissance tran-
quille. Il était assis. Je le vis serrer ses
poings et frapper ses genoux, tandis qu'il
parlait, comme pour faire entrer en nous la
conviction.
C'est" trop vite fait d'assurer que les
Français deviennent des fauves lorsqu'ils
sont lâchés dans la brousse. Croyez-le,
messieurs, les colonies peuvent changer les
caractères de nos concitoyens mais pas
toujours dans le sens de l'ignominie et de
la cruauté. Pour preuve, laissez-moi vous
conter cette histoire de route.
.Depuis trois mois, avec une escorte de
tirailleurs bambaras, un sergent d'infante-
rie coloniale et un marsouin qui nous ser-
vait à la fois d'ordonnance et de cuisinier,
nous traversions la haute Mauritanie. Ce
soldat, Alain Mahir, un Breton enluminé
comme une faïence de Quimper, avait la
stupidité et la démarche d'un canard. Ce
Mahir, rengagé afin de faire sa carrière,
paraissait si pauvre d'esprit que son capi-
taine désespérait de pouvoir lui donner ja-
mais le galon d'argent. Le tir de cet homme
était juste mais il n'avait jamais pu ap-
prendre l'exercice. Dégoûté d'un individu
si balourd, son chef l'enrôlait dans toutes
les expéditions de l'intérieur comme valet
ou maître-coq des officiers. Après mille
lieues d'équipée, cet Armoricain s'en reve-
nait 'a Dakar aussi coloré du nez et des
joues qu'à son départ. Jamais une bête
humaine n'avait fonctionné aussi magnifi-
quement Insensible au chaud, au froid,aux
rayons solaires, je me demandais parfois
si mon ordonnance percevait seulement les
sensations de la soif et de la faim.
Quelquefois; son sergent, afin de plaisan-
ter, lui donnait un coup de poing dans le
dos, en s'écriant
Mahir, tu es donc en acajou ou en
alfa, mon bonhomme ?
Le marsouin ne détournait pas même la
tête et nous l'entendions glousser comme
une poule. Riait-il ? Se plaignait-il ? Nous
n'en savions rien. Au total, ce pauvre dia-
ble, inutile dans son Finistère à ses pa-
rents, cultivateurs qui l'avaient obligé à
s'engager, risquait de traîner toujours ses
guêtres comme soldat de deuxième classe.
Qu'ajouter à ce portrait ?. un fait. Les
tirailleurs nègres se moquaient de ce gar.
çon au nez et aux joues carminées et l'a-
vaient surnommé Petit-Rouge.
D'ailleurs, Mahir, en Breton de race, sa-
vait entretenir sa couleur avec de l'alcooL
.Nous étions entrés dans la région des
Zenagas, un pays hérissé de jujubiers épi-
neux et crevé de loin en loin par une mare
où. croupissaient des caïmans qui parais-
saient de longs ustensiles de cuisse en cui-
vre vert-de-grisé.
Nous devions-ouvrir les yeux. Il nous
fallait redouter les Maures Goudis, des fa-
natiques capables de se faire tuer jusqu'au
dernier en l'honneur de Mahomet.
Un samedi, c'était le quatre-vingt-dou-
zième jour après notre départ, j'avais di-
visé ma troupe en trois bandes. Je mar-
chais en avant avec mon sergent, Alain
Mahir et quarante tirailleurs. A deux ki-
lomètres, la caravane de mulets porteurs
nous suivait et, enfin, une cinquantaine de
bambaras avec leurs sous-officiers kabyles
formaient mon arrière-garde.
Nous venions d'entrer dans une plaine
fauve, pelée comme^ une vieille peau de
lion.A l'horizon, du sable d'or montait com-
me une poudre ardente vers le ciel où le
soleil immense se diluait. Le casque sur le
nez et les yeux rapetissés, incapables d'é-
chapper aux réverbérations de ce paysage
de fournaise, nous geignions. Il nous sem-
blait marcher sur des braises et, en effet,
des brindilles et des pierres chauffées lui-
saient comme des charbons.
Seul, Mahir, un lebel sur chaque épaule,
car il avait voulu se charger du fusil de
son sergent, semblait suivre chez lui une
procession.
Tout à coup, il s'arrête. Il tourne vers
nous son visage colpré comme une sou-
pière rustique, et sans parler il tend ses
armes vers le sud.
Eh bien y a quoi, Petit-Rouge, de-
mandaient nos tirailleurs noirs ?
Je prends ma lorgnette, je regarde et je
dis au sergent
Bigre Ce n'est pas le vent qui en-
lève cette poussière d'or vers le firmament.
J'aperçois des cavaliers maures. Nous al-
lons être attaquées.
.Nos braves soldats, hurlèrent de plai-
sir. Enfin on allait donc rompre la mono-
tonie de cette marche décevante. Mahir,
ses fusils en, croix derrière la tête, impas-
sible, attendait un ordre.
Sapristi jura le sergent, nous som-
mes coupés de nos communications. Je n'a-
perçois plus notre caravane.
Mulets, chevaux, y a fatigués y a
reposé eux, expliquèrent les Bambaras.
En attendant, nous allons avoir à nous
défendre quarante contre cinq cents, repris-
je en continuant d'observer à la lorgnette
l'approche des Maures.
C'est la bonne proportion, s'écria
mon sous-officier.
Pourtant il pâlit lorsqu'il commença à
se rendre compte de notre situation déses-
pérée.
Les clameurs rauques des sectaires Qou-
dis retentissaient dans l'immensité, vibran-
tes comme le croassement de milliers de
corbeaux. Nous étiops la curée attendue.
Lancés sur leurs chevaux à longues criniè-
res peintes au henné et qui ondoyaient com-
me des flammes, nos ennemis aux burnous
incandescents dans la lumière criaient le
nom d'Allâh, maître de l'heure. J'avais fait
rétrograder ma troupe. jusqu'à un rocher
où s'agitait un palmier qur semblait faire
des signes à mon arrière-garde.
La mitrailleuse en avant, ordonnai-je.
Quant à nous, étendons-nous derrière ces
pierres. Ces sauvages nous tireront trop
tôt sur le corps, mais nous ne les manque-
rons pas la riposte. Voyons, mes camara-
des, qui veut manœuvrer la mitrailleuse ?
Je ne commande personne.
.Les tirailleurs nègres se taisaient. Le
sergent allégua sa nervosité. Il fallait un
homme flegmatique et brave.
Mahir leva son index comme un gamin
demande en classe une permission à son
maître et, sur mon signe d'acquiescement,,
s'achemina vers la mitrailleuse placée à dix
mètres devant le rocher.
Ce garçon allait recevoir la fusillade des
Maures, sans abri. Je le vis creuser le
sable avec ses godillots et ses mains, s'as-
seoir dans le trou ainsi formé, sortir de
sa veste de toile une pipe, la bourrer avec
son pouce, l'allumer en aspirant l'air avec
ses lèvres allongées en museau.
Or, pendant ce temps, les hurlements
frénétiques des Maures et les premières dé-
tonations de leurs carabines assourdissaient
l'air.
Autour de Mahir, c'était la brousse in-
cendiée au-dessus de lui un zénith en
fusion devant lui, cette horde lumineuse
qui s'avançait'au galop en braillant à la
mort et à Dieu le plus grand
Le$, balles crépitaient sur le bouclier de
la mitrailleuse et faisaient un vacarme de
vaisselle entrechoquée.
Le Breton fumait sa pipe, la tête penchée
vers la mire.
Toutes les trois secondes une boaffée. de
fumée bleue s'élevait au-dessus de son
casque.
Lorsque les cavaliers Goudis arrivèrent à
cent mètres de nous ce fut une averse
de plomb sur la mitrailleuse. Nous frémis-.
sions. Mahir tué, c'était notre massacre à
tous.
Je vis alors ce soldat empoigner sa ma-
nivelle et commencer tourner. A cha-
que tour il aspirait sa' pipe et à la rota-
tion suivante il lâchait une volute de ta-
bac Une, deux Une, deux Ce Breton
semblait être une machine à vapeur et il
faisait fonctionner mécaniquement son ou-
til. L'élan irrésistible des Maures les porta
à cinquante mètres. A cette distance le
Breton changea sa visée et fit décrire un
mouvement circulaire à ses bouches à feu
en continuant d'aspirer en cadence sa pipe
et de manœuvrer sa manivelle. Les cava-
liers Goudis tombaient comme des quilles.
Une salve de mes Bambaras acheva de les
décourager. Les survivants reprirent leur
course hurlante vers la brousse.
Je courus vers Mahir. Le sang ruisselait
sur lui. Il avait été égratigné dix-sept fois
et semblait un bonhomme de pourpre.
Petit-Rouge Petit-Rouge clamaient
mes nègres.
Moi je voulus l'embrasser en lui criant
mon admiration. Il me repoussa humble-
ment.
Excusez-moi, me dit-il, quand on sait
tourner un moulin à café, ça n'est pas dif-*
ficile. r
Comment aurait-on pu donner le galon de
sergent à un tel homme ? Petit-Rouge res-
tera le cuisinier des expéditions dans la
brousse.
Charles Géniaux.
TflÉflTHES &
INDISCRÉTIONS COMMUNIQUÉS
Aujourd'hui.
A la Comédie-Française. à une heure très
exactement, répétition générale de la Furie.
Au Lyrique Municipal, à 3 h. 1/2, miss
Isadora Duncan et son école d'enfants.
A l'Athénée. à i h. 1/2, matinée littéraire,
les Bergères de Trianon, causerie de M. Fran-
çois de Nion. Auditions de Mmes Marthé Bran-
dès, Piérat, Lucy Vauthrin, Andrée Méry, J.
Rosny, Giberte et de Bemy.
Ce soir.
Au théâtre Réjane. à 8 h. 3/4, première de
Trains de luxe, comédie en quatre actes, de
M. Abel Hermant.
Au Palais-Royal, à 8 h. 1/2, répétition gé-
nérale de Monsieur Zéro, vaudeville en trois
actes, de MM. Paul Gavau1t' et Mouësy-Eon.
Au théâtre des Arts, à 8 h. 3/4, répétition
générale de La Uarquésita,
A l'Opéra..
C'est demain mercredi qu'aura lieu la re-
prise d'Armide, Le rôle d'Armide sera chanté
par Mlle Agnès Borgo celui de la Naïade par
premier prix du Conservatoire de l'anné2 der-
nière, Mlle Le Senne. MM. Muratore, Dsngès,
Dubois et Duclos chanteron2 les principaux
rôles d'hommes, et cette excellente interpréta-
tion sesa complétée par Mmes Laute-Brun,
Carlyle, Campredon et Courbières, MM. Tria-
dou, Gonguet, Chappelon et Rolland. La part
de là danse est, comme on sait importante
dans Armide tout le ballet y prendra part
Mlle Zambelli reprendra le rôle du Plaisir
Qu'elle créa. Mie Aïda Boni dansera pour 1a
première fois celui de la Bargàra
A propos de Chantecler
D'une lettre que nous adressent MM. Hertz
et Jean Coquelin, directeur de la Porte-Saint-
Martin, nous extrayons le passage suivant
« Vos confrères annoncent que M. Victor
Ulmann prendrait sous peu la direction de la
Porte-Saint-Martin, et que Mme Sarah Ber-
nhardt viendrait y créer Chantecler. Dans l'in
terview de la grande artiste, que vous avez
publiée dimanche, Mme Sarah Bernhardt a
fait elle-même la réponse qu'il convenait de
faire au sujet de l'interprétation du rôle d'Ed-
mond Rostand.
Mais, en ce qui concerne les bruits de ces-
sion de notre théâtre à M. Ulmann, voulez
vous, je vous prie, dire à vos lecteurs que nous
sommes titulaires du bail de la Porte-Saint
Martin jusqu'en 1925, et que nous ne songeons
nullement à céder ce bail que ce sera sous
notre direction que le chef-d'œuvre de Ros-
tand sera créé; et que, pour tout mener à bien,
les soins de notre cher poète associés à notre
zèle suffiront, sans avoir besoin de recourir
d',autres interventions, quelque artistiques
qu'elles puissent être.
D'autre part, on, annonce que c'est M. Le
Bargy qui, définitivement, créerait Chantecler.
Il donnerait sa démisston de sociétaire de la
Conédie-Française et deviendrait ensuite l'in-
terprète attitré de tous les ouvrages de M. Ed-
mond Rostand. Les appointements poux Chan-
tecler seraient déjà fixés. M. Le Bargy touche-
ra 150,000 francs fixe par an.
Mais M. Le Bargy est actuellement absent
de Parts. Attendons son retour pour savoir ce'
qu'il y a de vrai. dans cette nouvelle.
A l'Odéon, jeudi «prochain, en matinée, à 2
heures (pour la deuxième série des matinées-
conférences du jeudi) Andromaque (essai de
mise en scène, décoration et costumes du, dix-
septième siècle) conférence par M. Abel Bon-
nard.
A la Renaissance.
Le prochain spectacle sera composé du Juif
potonais, d'Erckmann-Chatrian, avec M. Lu-
cien Guitry dans le rôle de Mathis, et d'une co-
médie nouvelle en deux actes, de MM. Georges
Courteline et Pierre Wolff, dont les principaux
rôles seront créés par MM. Lucien Guitry, Ga-
lipaux, Mmes Marguerite Caron et Jeanne Des-
clos.
Ce soir, à Barrasford's Alhambra, débuts du pro-
gramme de la deuxième quinzaine de février avec
exactement dix nouveaux numéros, parmi lesquels
Chas. F. Aldrich, la troupe Perezof, composée de
sept jongleurs, le chanteur F. Dutor.
Brune comme nne nuit sans'inné,
L'œil ardent et le geste prompt,
Miss M. Davenay (Marion !)
Sait charmer chacun et chacune.
A la L'xc qui cnanw, loa, rue Momma.ri.vi;.
Nonveao-Otrgue Le PLus beau Hussard de France.
Mlle Daisy-Mentho charme chaque soir le public
de l'Eldorado avec Endors mon coeur, de G. Le-
maire, la belle création de Mme de Ulo à la Seala.
On a beaucoup parlé ces jours-ci de l'entente
franco-allemande. Ce qu'on aurait pu ajouter,
c'est que 1,'entente européenne est faite depuis
longtemps, à Paris même, au Palais de glace des
Champs-Elysées. C'est, en effet, dans ce merveil-
leux établissement, que tous les étrangers se hâtent
de venir et se mettre d'accord en contemplant les
jolies patineuses.
A la Gatlé-Roehechouart, les «doublures se
plaignent. Tous les artistes, grands et petits, de-
Miss Lawler, Delysia, Esmée, Myriame; MM. Zaï-
que, Serjius, Carjot, Mansuelle et même Albens
(qui, quoique très enroué, réussit presque à re-
trouver son entrain et son succès des premiers
jours) continuent à se faire applaudir tous les soirs.
Au moment où va s'ouvrir le concours hippique,
Il est intéressant de rappeler que les plus prodi-
gieux exercices d'équitation que l'on puisse .voir
sont ceux qui sont exécutés chaque jour au cinéma-
tographe des grands magasins fiufayel, par les élè-
ves d'une écote de cavalerie italienne. Cette scène
merveilleuse est accompagnée 'd'autres vues docu-
mentaires, comiques, féeriques, avec musique «!-
cialement adaptée, soli et choeurs.
Dimanche on a refusé des milliers de personnes
au Hagenbeck Sùàw. La magnifique salle du Cirque
d3 Paris, avenue de La Motte-Picquet était littéra-
lement bondée d'une foule enthousiaste qui depuis
le commencement jusqu'à la fin du spectacle a fait
rouler un véritable tonnerre d'applaudissements.
Chez Hàgenbeck, aucun numéro n'est banal, tout y
est neuf et d'un intérêt intense; aussi conseillons-
nous à nos lecteurs de prendre leurs billets d'avance.
;A TMVMS PAMS
La plainte i de M. Réal del Sarte. *r- M.
Schrameck, directeur des services péniten-
tiaires au ministère de l'intérieur, s'est ren-
du hier au Dépôt afin d'y continuer l'en-
quête qu'il avait ouverte la veille sur les
mauvais traitements dont M. Maxime Réal
del Sarte aurait été la victime.
M. Maxime Réal del Sarte se plaignait en
outre du gardien qui vint lui apprendre le
décès- de son père. Comme M. del Sarte s'a-
bandonnait à son chagrin, le gardien aurait-
dit aux co-détenus du jeune homme
«Maintenant vous pouvez vous « payer
sa tête C'est bien son tour n
D'après nos renseignements, l'enquête au-
rait dêmontrèTinexactitude des faits, signalés
par M. del Sarte.Il n'aurait pas été,comme il
l'a prétendu, mêlé aux apaches et aux filles.
Le grand nombre des «prévenus ne permit
pas de lui donner une cellule isolée mais
celle où il fut momentanément enfermé
était occupée seulement par deux pers.on-'
nes.
D'autre part, le gardien, accusé d'avoir
insulté à la douleur de M. del Sarte, est très
bien noté et père de sept enfants.'
Les apaches du canal Saint-Martin.
Deux sinistres individus étaient fort occu-
pés, la nuit dernière, à bord d'une péniche
amarrée canal Saint-Martin à l'entrée de la
voûte qui s'ouvre à l'intersection du faubourg
du Temple et du boulevard Richard-Lenoir.
tes deux personnages ,munis d'outils perfo-
rants ,tentaient de couler la lourde embar-
cation. Pour quel motif ? On l'ignore.
Fort heureusement deux agents du onziè-
me arrondissement aperçurent les deux apa-
ches et interrompirent soudainement leur
criminelle besogne. Rapides comme des liè-
vres, les malandrins détalèrent; ils pénétrè-
rent sous ta voûte du canal et suivirent en
galopant la bordure aux dalles sonores.
Derrière eux, les agents intrépides cou-
raient avec des oliquétis de sabre, des me.
naces furieuses et d'assourdissantes da-
meurs. Les apaches se heurtèrent aux grilles
fermées donnant place de la Bastille. Ils
étaient pris. Ecumant de rage, ils firent face
aux gardiens de la paix et brandirent leurs
revolvers. Quatre détonations retentirent
sous la voûte ténébreuse;«les ba1les n'attei-
gnirent point les agents.
Ge fut alors une scène renouvelée des Mi-
sérables; ne pouvant ébranler les bar-
reaux de l'implacable grille, tel Jean Valjean
traqué par Javert dans les noires catacom-
bes, les deux bandits se jetèrent résolument
à l'eau et gagnèrent l'autre rive.
Les agents, après, une hésitation fort com-
préhensible, au risque d'être frappés de con-
gestion, piquèrent à leur tour un plongeon
héroïque. Cet efforts suprême fut vain; les
bandits avaient pu s'insinuer dans un étroit
escalier donnant place de la Bastille. Ils ga-
gnèrent au pas accéléré te faubourg Saint-
Antoine où les gardiens de la paix les per-
dirent de vue.
M. Carpin, commissaire de police, les fait
activement rechercher^
PETITS FAITS-DIVERS
Série d'accidents Avenue Henri-Martin,
le cheval d'une voiture de laitier, apeuré par
le tramway avenue Henri-Martin-gare de
Lyon, prend soudain le mors aux dents et dé-
tale à toute allure, renversant sur son passage
la charette que traînait M. Edmond Loriot.
Place du Trocztdéro, l'agent Couriège parvint à
maîtriser l'animal, non sans avoir été griève-
ment contusionné. M. Edmond Gautory,
électricien, 4, rue Clignancourt, a été renversé
et fortement blessé, rue Rochechouart, par
un char à bancs. Place Saint-Georges, un
petit chasseur de café, Maurice Bu verger, fut
tamponne par un autobus. A Bretonneau.
Rue Gay-Lussac, M. Vexdoski roule sous les
mues d'un tramway. Etat grave. A la Pitié.
Discussion violente, rue Caulaincourt, en-
tre Eugène Tissier, cocher, et Paul Steffen,
monteur en bronze. Tissier, frappé d'un coup
de oo_uteau-entre;le6)épauLes,iitiEe.-sui son.ad»-
versaire deux balles, dont l'une va blesser à
la tête M. Albert Pairon, cartonnier.
Des inspecteurs de la Sûreté ont arrêté,
au domicile de l'un d'eux, 34, rue des Trois-
Frères, trois individus Vincent Rivaud, Geor-
ges Bonvallet et Charles Wingerter, auteurs
de nombreux et lucratifs cambriolages.
Un commencement d'incendie s'est décla-
ré hie.r à midi, dans une des chambres de l'hô-
tel qu'habite, au numéro 25 de la rue de Ber-
lin, Mlle Berthe Lefèvre, rentière. Il a pu être
éteint après une demi-heure d'efforts, Mlle Le-
fèvre on s'en souvient fut en relations
avec Mme Steinheil.
Gravé accident hier après-midi. 1$7, rue
de Grenelle, dans les travaux de construction
du ministère du travail. Un éboulemant se pro-
duit soudain dans une tranchée ensevelissant
sous une masse de gravois un ouvrier, Louis
Mathieu, 12, rue Brancion. Ses camarades,
bientôt aidés des pompiers, purent le dégager,
mais il dut être transporté gravement blessé h
l'hôpital Laëunec.
Hier, dans la matinée, un pan de mur se
détacha, 79, rue du Bac, et s'écroula avec fra-
cas sur la chaussée, sans heureusement bles-
ser personne.
Rondes et battues de la nuit dernière,
189 arrestations pour délits de toutes natures.
Sur mandat de M. Joliot, juge d'instruc-
tion. M. Vallet, chef de la brigade mobile, a
procédé hier, au cimetière de Bagneux, à
l'exhumation du cadavre de Mlle Emilie Gou-
get, vingt-quatre ans, décédée mystérieuse-
ment le 19 janvier dernier, à son domicile, rue
.Rqyer-Collapd.
-Passant quai de Jemmapes, sur les berges
du canal Saint-Martin, Mme Antoinette Bellot
tomba accidentellement à l'eau. Un marinier,
qui se porta à son secours, après plusieurs
plongées, ne put repêcher qu'un cadavre.
Au carrefour des rues de l'Escaut et Cu-
rial, M. Joseph Betz, ouvrier miroitier, domici-
lié 36, rue Auvray, a été frappé de deux coups
de couteau aux épaules par un apache-in-
connu. Le biessé°a été transporté à l'hôpital
Saint-Louis.
Un fort des Halles, M. Jules Chaudelet,
domicilié, 147, rue de Crimée, glissa, rue d'Al-
une charge de 6,000 kilos de farine les roues
passèrent sur ses jambes. Fait extraordinaire
Iles membres du malheureux atrocement
broyés, constatèrent avec stupeur qu'il n'avait
qu'une jambe 'fracturée; l'autre était simple-
ment .contusionnée. "'̃•
̃ Un Dropriétatre, M. 7ean F. demeurant
40, boulevard Voltaire, se tira une balle de re-
volver dans la bouche. La neurasthénie provo-
qua cet acte de désespoir.
~Lfl ό JQMTfllHE
Comités et commissions.
Le médecin inspecteur Ch&vasse, directeur de
l'école du service de santé militaire à Lyon, est
nommé, tout en conservant ses fonctions actuel
les, membres du comité technique de santÉ.
Génie.
Les officiers du génie désignés ci-après ont été
mis à la disposition du ministre des colonies, pour
servir à la section indigène du génie du Sénégal,
Le cap. Aury, Rochefort; le lieut. Fradin de
Bellabre, 1" rég., 20' bat. Toul.
Ces officiers s embarqueront le M lévrier, a Bor-
deaux, où 11s devront être rendus le 25. Ils seront
classés au 5' rég. et mis hors cadres, à compter du
jour de leur embarquement.
Les concours des élèves officiers.
Les compositions écrites du concours de 1909
pour l'admission dans les écoles d'élèves-officiers,
seront exécutées en France, en Algérie et Tunisie
et dans les grandes colonies, aux dates et dans les
conditions ci-dessous
Le 4 mai, matin composition française; soir
composition de dessin et de géométrie descriptive
(pour les candidats à la division du eénle et de
l'école de Versailles exclusivement); le 5 mai,
matin composition de mathématiques, soir com,
position de physique et chimie; le 6 mai, matin
compositions sur les diverses langues vivantes.
(Les candidats qui présentent deux langues vivan-
tes exécuteront leurs deux compositions successi-
vement et sans désemparer.)
Les candidats déclarés admissibles à une école
on division d'école après les épreuves écrites de
l'un des deux derniers concours, en 1907 et en
1908, conservent le bénéfice de cette admissibilité
pour le concours de 1909.
Prendront donc part aux épreuves écrites en 1909;
tous les candidats qui n'ont pas été déclarés admis-
sibles en 1907 et en 1908; d'autre part, les candi-
dats concourant pour une école ou division d'école
autre ,que celle pour laquelle ils auraient été dé-
clarés admissibles aux concours d'entrée de 1907
ou en 1908.
Enfin, les connaissances en langues vivantes étant
désormais constatées par une épreuve écrite, tous
les candidats, sans exception, qui auront demandé
à être examinés sur une ou deux langues vivan-
tes exécuteront la ou les compositions prévues par
l'article 6 de l'instruction du 17 août 1907.
ACADÉMIE DES SCIENCES
Nôtre voisine la pwnète Mars est l'objet d'inces-
santes observations et d'assidues recherc&e* < la
part des astronomes du monde entier.
La question de savoir si Mars possède une atmos-
phère et de La vapeur d'eau, si elle est habitable,
le problème encore irrésolu dea canaux et des ca-
lottes polaires, toutes les observations qui ont été
faites d ce sujet par de nombreux savants depuis
plus de quarante ans, ont été recueillies par M. Ca-
mille Flammarion dans un fort intéressant tra-
vail qui a été présenté hter à l'Académie par M.
Deslandres. Les études faites sur la planète entre
1892 et 1901 sont particulièrement remarquables,
M. Deslandres a rendu un juste hommage nrc2 tra-
vaux de M. Flammarion, un des Français, dit-il,
qui a te plus tait pour la diffusion et la vulgarisa-
tion de l'astronomie.
La nouvelle méthode d 'électro-diagnostic ima-
ginée par le, docteur Guyenot d'Aix-les-Bains, et
présentée par le professeur d'Arsonval, est une
application des courants d'induction par décharge
instantanée d'un condensateur, décrits pour la
première fois en 1878 par NI. d'Arsonval.
Cette méthode permet d'une part de suivre par
une mesure pratiquement exacte et rigoureuse, les
progrès d'un traitement dans les paralysies motrices
et d'autre part, de dépister à coup sûr la simula-
tion ou l'exagération des symptômes des mêmes
maladies. Dans les cas d'accidents de travail cette
méthode d'électrodlagnostlc pourra rendre de
grands services.
En fin de séance, l'Académie a procédé à l'élec-
tion d'un membre titulaire dans la section de
chimie en remplacement de M. Ditte, décédé. Au
premier tour, M. Jungfleisch professeur au collège
de France a été procamé élu avec 38 suffrages sur
47 votants. L'Académie a désigné également au
choix du ministre de l'instruction publique deux
candidats pour la chaire de physique générale et
expérimentale du Collège de France, vacante par
suite du décès de M. Mascard. Ont été présentés en
première ligne, M. Langevin; en deuxième ligne,
M. Weiss.
¡:ACADÉMIE. DES BEAUX-ARTS
L'Académie a décidé que le jugement des con-
cours Roux (peinture, Sculpture, architecture, gra-
vure et enluminure) qui devait avoir lieu le mer-
credi 17 février sera reporté au samedi 20 février
et que l'exposition publique des oeuvres admises au
concours définitif aura lieu le lendemain 21 février,
de midi à quatre heures, à l'Ecole des beaux-arts.
COMMUNIQUÉS DE LA
VIE MONDAINE
On annonce la mort de M. Costa de
Beauregard, de .l'Académie française, dé-
cédé subitement hier matin au retour d'un
voyage.
On annonce la mort de M. Jules Lowen-
gard, antiquaire, décédé en son domicile,
56, avenue du Bois-de-Boulogne.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui mar-
di. On se réunira à la maison mortuaire, à
deux heures très précises. L'inhumation se
fera au cimetière Montparnasse. 11 ne sera
pas envoyé de lettres de faire part. Prière
de considérer le présent avis comme en te-
nant lieu et de n'envoyer ni fleurs ni
couronnes.
On annonce de Nice la mort de Mme
veuve Ismalun, née Mirra Pinto. Cette mort
met en deuil les familles Pinto, Ismalun, Si-
mondetti, Maurice Alfassa. Le corps sera
ramené à Paris. L'incinération aura lieu de-
main, à onze heures, au Père-Lachaise. Il
ne sera pas envoyé de lettres d'invitation.
Le présent avis en tiendra lieu.
BULLETIN DU TRAVAIL
Aujourd'hui, a u BOURSE DU TRAVAIL. Matin.
Salles des commissions, 3* étage boulangers; 6' éta-
ge grève des briqueteurs; Bondy maroquiniers.
Avres-midi. Grande salle grève des cochers-
chauffeurs; salle des commissions, 5' étage grève
des briqueteurs, So.tr, Salle Bondy marbriers;
salle des conférences comptables; salle du bas
(cBtA droit) carreleurs en bâtiments; salles des
commissions, 1°' étage Jardiniers; 2' étage plom-
ÎUers 8" étage peintres; 4' étage professionnels de
l'assistance publique; 5' étage layettiers-embal-
leurs; Bondy graveurs mortuaires.
ANNEXE A. Après-midi. Grande salle grève des
typographes; salle 12 égoutiers (cours). Soir.
Salle 12 P. T. T. (cours).
INFORMATIONS DIVERSES.
Le syndicat des employés de l'épicerie tient es
soir, 35, rue du Midi, une réunion corporative. A
l'ordre du jour suppression de la nourriture et
du couchage.
LA VIE EST CHÈRE-!
Beaucoup de personnes se préoccupen\,
d'augmenter leurs revenus par la spécula-
tion, ce qui est toujours dangereux. Il existe
pourtant un moyen d'obtenir sûrement et
sans aucun risque ce résultât c'est la
Rente Viagère mais il ne faut s'adresser
qu'à une. Compagnie d'Assurances sur la
vie offrant toutes les garanties possibles.
Au premier rang, se place la Compagnie
d'Assurances Générales sur la Vie (entre-
prise privée assujettie au contrôle de l'E-- ̃̃
tat), 87, rue de Richelieu, à Paris, qui, fan-
gnies similaires. (Fonds de garantie 855
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FEUILLETON DU 1( MATIN
DU 16 FÉVRIER 1909.
L'AMIE FATALE
ROMAN INÉDIT
PAR
THÉODORE CAHU
PREMIERE PARTIE
LA MARQUISE
IE POIVROT
Il'était une heure de l'après-midi, lorsqu'il
se réveilla.
Après avoir fait sa toilette, i:l déjeuna
chez lui, sortit à pied, et se rendit aux
Champs-Elysées sans autre but que celui
d'entrevoir un instant Nathalie, si elle allait
au Bois avec Mlle Gertrude Valbonne, ou
avec la marquise de Méreuil,
Mais il n'aperçut que la marquise seule
dans son landau.
Un peu désapointe, il alla au cercle, lut
les journaux et revint rue Castiglione à sept
heures et demie du soir.
Benjamin l'attendait. Il avait remplacé sa
livrée par un paletot de coupe élégante et
un chapeau de soie qui lui donnaient la plus
respectable apparence bourgeoise.
Vous êtes prêt, Benjamin ? demanda
Bochemaure.
Oui, monsieur le comte.
Allez chercher un fiacre et attendez-
moi en bas.
Benjamin sortit. Le comte passa dans sa
chambre à coucher et changea rapidement
de costume.
Traduction et reproduction absolument interdites
• dout tous pays.
Il remit les vêtements qu'il portait la
veille, lorsque Mathilde Noblot était venue
le retrouver place de la Bastille. Seulement,
par-dessus sa chemise, il passa une tunique
sans manches, en mailles d'acier serrées,
qu'un gilet, boutonnant très haut, cacha
complètement.
Puis il prit dans le meuble, où il l'avait
enfermée la calotte métallique qu'on lui
avait apportée la veille, s'en coiffa, et la
recouvrit d'une perruque et d'un chapeau
mou à larges bords.
Ma foi ça se supporte encore plus fa-
cilëment que je ne l'aurais cru, murmurâ-
t-il d'un ton satisfait. Me voilà solidement
casqué et cuirassé. prêt à combattre pour
ma dame Une dame adorable, enivrante
d'ailleurs Maintenant que les mesures
défensives sont prises, passons aux autres.
Il ne faut pas les oublier.
Dans le tiroir d'un secrétaire, il prit une
soixantaine de pièces de 5 francs en argent,
qu'il répartit par égales parts dans les po-
ches de son pantalon.
Il s'assura qu'un revolver de petit cali-
bre, dont il s'arma, était chargé et en bon
état.
Au revolver, il joignit un poignard à lame
large et qu'il plaça dans la poche de
côté de son veston, sans le retirer de sa
Ainsi armé et équipé, il sortit et monta
avec Benjamin dans un fiacre, qui le con-
duEsit boulevard des Invalides.
Le cocher avait reçu l'ordre de marcher
au pas. Aussi Benjamin, qui regardait par
la portière de gauche, put parfaitement
voir Signoret, qui se promenait, le cigare
aux lèvres, sur le trottoir.
Voilà l'homme, monsieur le comte,
dit-il
Tout va bien, répondit le comte, après
avoir regardé Signoret. Vous descendrez
rue de Sèvres et vous reviendrez sur vos
pas pour surveiller le personnage..
Où allons-nous ù présent, bourgeois ?
demanda le cocher, lorsque Benjamin fut
descendu.
A Cluny, et rondement. Il y aura un
bon pourboire. «
Le fiacre roula bon train. Le comte se fit
arrêter devant le jardin de Cluny et conti-
nua son 'chemin à pied jusqu'au théâtre.
Son pas se ralentissait à mesure qu'il ap
prochait, et une modification singulière se
faisait dans son allure.
Ses jambes semblaient fléchir sous le
poids de son corps sa démarche devenait
incertaine.
Il décrivait sur le trottoir des zigzags de
plus en plus accentués,et lorsqu'il se trouva
en face de Mathilde Noblot, très exacte au
rendez-vous, eUe apprécia d'un coup d'œil
son état, et le caractérisa, avec sa liberté
de langage accoutumée.
Dis-donc ? fit-eue, moitié rieuse, moi-
tié grondante, parait que c'était jour d'ab-
sinthe aujourd'hui T'es rien éméché
Non C'est que je tousse
En parlant ainsi, elle cherchai!; prendre
son bras mais il la repoussa brutalement.
Eméché Eméché L. Eh bien Si ça
me plaît, à moi Qu'est-ce qui a quelque
chose à redire ?
Sais-tu que tu n'es pas gentil avec moi,
quand tu as ton plumet ? fit Mathilde, sur-
prise de cette brusquerie, à laquelle il tne
l'avait pas accoutumée
Et comme au lieu de s'arrêter, il conti-
nuait son chemin en titubant
Eh bien 1 reprit-elle, où vas-tu ? Nous
n'entrons pas au théâtre ?
Non répondit-il. J'aime mieux me ba-
lader
• Comme tu voudras 1 pourvu que nous
soyons ensemble, c'est tout ce qu'il faut au
bonheur dé mon cœur
II accueil1it ce tendre épanchement par un
éclat de rire' sarcastique, et sans répondre,
il continua à marcher.
Mathilde le suivait, stupéfaite.
Voyons, mon chéri, dit-elle, lorsqu'ils
furent arrivés sur la place Maubert. c'est
pas la peine d'user nos guibolles comme ça.
On pourrait prendre un sapin,si tu as envie
de te balader, dis ?
Je te dis zut Voilà ce que je, te dis,
et pas autre éhose riposta-t-il avec Hau-
teur. Et je suis venu tout exorès pour te le
dire, parce qu'à la fin des fins, avec ton
Signoret..
Ah fit-elle, énervée et exaspérée.*
C'est juste il y avait longtemps qu'on n'en
.avait parlé! Fallait que ça vint
C'est venu et ça ne reviendra plus, re-
prit Rochemaure,qu,i s'était arrêté.Et tu iras
lui porter mes compliments, à Signoret
Et tu lui diras que s'il se fait de la bile,
quand tu n'es pas là, ça ne sera plus parce
que tu l'auras lâché pour venir me trouver,
attendu que j'en ai plein le dos de toi, que
si j'ai été bête, je ne veux plus l'être, et que
je te dis zut aujourd'hui, pour ce soir,
pour demain et pour les autres jours.
Et comme elle le regardait, absolument
abasourdie, avec cette incrédulité de la
femme, qui se refuse à admettre qu'on
puisse se soustraire à son empire
Eh bien, quoi fit-il, gouailleur. Je n'ai
pas changé de physique, depuis hier. Mais
ça ne fait rien. Regarde-moi bien, tout de
même, si tu veux te rappeler ma binette,
parce que pour ce qui est de la revoir, eh
bén veux-tu que je te dise ?. Eh ban! pour
ça, tu peux te fouiller
Elle essaya de prendre de nouveau son
bras mais il la repoussa avec la même
brutalité. ̃%
Mon petit, dit-elle alors, prenant réso-
lument son parti de la mésaventure, tout
ça t'st très gentil. Je ne fais plus ton ca-
price. Ça me saigne le soeur mais les opi-
nions sont libres, comme dit Signoret, qui
est autrement chic que toi. Seulement, tu
m'as dérangée de mes affaires tu m'as fait
venir ici.Tu es trop comme il faut pour vou-
loir.que ça soit pour rien. Le dérangement
ça se paye. Et quand on a fait des 5rnmee-
ses, ça ne suffit pas de se piquer le nez pour
n'avoir plus à les tenir. Tu ne veux plus que
nous fassions la fête ensemble ce soir. C'est
très bien. Mais pour me dédommager, tu
vas me donner de quoi m'acheter un cha-
peau, dont j'ai précisément besoin, et après
ça, nous nous quitterons poliment et,genti-
ment, comme des gens comme il faut et
bien élevés doivent le faire, quand ils se lâ-
chent d'un. cran.
Ça va 1 fit-il en riant d'un rire d'ivro-
gne. Tiens, voici dix sous Un paillasson
ne t'en coûtera que 7 ou 8. Mais pas besoin
de me rendre la monhaie. Ce sera pour lp
garçon. pour Signoret
Mathilde lui jeta la pièce de cinquante
centimes à la figure, et se dressant sur la
pointe des pieds, furieuse, les poings cris-
pés
Dis donc, fit-elle, tu sals que.jça va se
gâter, si tu t'amuses à trop rire f
Eh bien oui ça m'amuse, de rire 1 Et
je rirai. je rirai tant que je voudrais
Je rirai à te faire marronnes !Et je te ferai
marronner encore plus Tiens Ecoute
cette musique Et dis-moi si les orgues de
barbarie en jouent comme ça ?
Plongeant ses deux mains dans ses po-
ches, il fit tinter les pièces de 5 francs dont
il s'était chargé
Tu entends ? reprit-il. Tu entends ?
C'est le quibus que nous devions fricoter
ensemble, ça t'es égale de savoir s'il n'y a
pas plus que les 170 francs que je t'avais dit
s'il n'y en a pas 300, 400, 500 peut-être
après lesquels il y en aurait encore 1. Ca-
ne te régarde pas L.. Ça n'est pas ton af-
faire
Ce qui est mon affaire, fit-elle en le
saisissant brusquement par le bras, c'est
que je vois ce qui s'est passé Avec tes
airs innocentes tu m'as mis dedans Tu as
fait le coup des diamants 1. Eh bién I tu
sais ?. Je veux ma part, et si tu ne me la
donne pas tout de suite, je fais du chahut
On nous coffré, et une fois au poste, tu sais
ce que je raconte ?
Eh bien»! allons-y au poste, s'écria-t-il,
Allons-y tout de suite Ah j'ai fait le coup
des diamants Ah tu me traites de violeur
Il faut que ça se paye Allons au poste, et
nous verrons si les diamants ne sont pas à
cette heure chez la dame de Vincennes.
et si ce n'est pas une gratification, les 500
Il cherchait à l'entraîner mais eUe se
débattait si vivement qu'elle finit par lui
faire lâcher prise.
C'est bon dit-elle larmoyante. Je ne
t'avais traité de voleur que par chagrin de
voir aue tu n'avais plus de sentiments pour
moi ça pourrait arriver que j'en fasse une
maladie mais à un sans coeur comme toi,
c'est une chose qui t'est bien égale. Vas-t'en
Dès l'instant aue tu en aimes une autre, cas
je comprends bien que c'est ça
Une autre s écria-Hl d'une voix de
plus en plus avinée. Une autre femme l:r
Merci 1 II n'en faut plus Les autres femmes
ne valent pas plus cher que toi 1. Des per-
ditions J'en ai assez mangé de cet argent
avec les femmes 1 Maintenant je n'en mail.,
gerai plus qu'avec moi tout seul 1. Je na
veux plus voir personne maintenant 1.
Tout le monde me dégoûte Je ne veux plua
voir personne do 1a société
Ça ne sera pas une perte pour la so-
ciété dit Mathilde ironique.
Et pour moi donc Puisque je te dis
qde tout me dégoûte. les femmes, les hom-
mes, les villes, les rues, les maisons L. Je
ne veux plus rien voir de tout ça Je veux
me faire sauvage C'est mon droit, si ça,
me plaît Je veux vivre comme les sauva-
ges Et pour commencer, je ne rentre pas
ce soir chez moi. ni chez personne I. J'ai
trop mal aux cheveux Les sauvages n'y
ont jamais mal eux Pourguoi ?. Parce
qu'ils couchent en plein air TEh bien moi
.aussi, je coucherai en plein air Je sais un
endroit Quai Saint-Bernard Il y a un
banc. près de la grille du Jardin des Plan-
tes C est là qu'on doit être bien. Oui
Mais maintenant que je te l'ai dit, tu es si
contrariante que tu serais capable de venir
m'empêcher de dormir Ecoute Tài
chapeau. pas le paillasson. un vrai cha-
peau. Eh bien jo vais te le payer. à con-
dition que tu me promettes de me ficher la
paix. de me laisser dormir tranquille. sur
mon banc. quai Saint-Bernard. près
la grille Veux- tu ? Dis ? fit-il en tirant de
sa poche une douzaine d'écus.
Je ferai tout ce que tu voudras, mort
chéri, répondit Mathilde d'une, voix indul-
gente, car je sais bien que, malgré tout cq
que tu as dit, tu es un homme très convena-
ble et très poli, et que j'espère bien que
quand ton coup de sirop sera passé.
lA suivre.)
LE MATIN
16 2 03
Contes des mille et un matins
Petit-Rouge
ours la soirée 'nous
avions discuté pour
savoir si la'vie d'a-
ventures aux colonies
exaltait un Français,
le mettait au-dessus
de lui-même ou bien,
plus simplement, le
f a i s a i rétrograder
jusqu'à l'animalité
des sauvages qu'il
Il nous revenait à la mémoire des his-
toires rouges d'administrateurs qui, pour
se distraire, avaient fait sauter à la dyna-
mite comme de vulgaires cailloux, leurs
nègres.
Je cognai sur la table avec mon poing
et je m'écriai
Vous voyez bien qu'en Afrique, un
homme civilisé redevient un impulsif et un
apache.
Avez-vous visité le Congo et le Sou-
dan, me demanda alors un garçon barbu
et chevelu, à physionomie de pope russe ?
J'avouai n'avoir jamais quitté la France.-
Pourquoi voulez-vous donc juger des
gens que vous n'avez pas vus à l'œuvre,re-
prit-il doucement ?
Les connaissez-vous mieux que moi,
ces coloniaux que vous voulez défendre, ré-
pliquai-je ?,
Peut-être I. Comme on a oublié de
nous présenter l'un à l'autre, laissez-moi
me nommer Norbert Randan.
Comment, vous seriez l'explorateur de
la Mauritanie, m'écriai-je ? Et j'examinai
avec curiosité Randan.
Le dos un peu voûté, les épaules larges,
tes yeux au guet sous les lorgnons,, il éma-
nait de cet explorateur une puissance tran-
quille. Il était assis. Je le vis serrer ses
poings et frapper ses genoux, tandis qu'il
parlait, comme pour faire entrer en nous la
conviction.
C'est" trop vite fait d'assurer que les
Français deviennent des fauves lorsqu'ils
sont lâchés dans la brousse. Croyez-le,
messieurs, les colonies peuvent changer les
caractères de nos concitoyens mais pas
toujours dans le sens de l'ignominie et de
la cruauté. Pour preuve, laissez-moi vous
conter cette histoire de route.
.Depuis trois mois, avec une escorte de
tirailleurs bambaras, un sergent d'infante-
rie coloniale et un marsouin qui nous ser-
vait à la fois d'ordonnance et de cuisinier,
nous traversions la haute Mauritanie. Ce
soldat, Alain Mahir, un Breton enluminé
comme une faïence de Quimper, avait la
stupidité et la démarche d'un canard. Ce
Mahir, rengagé afin de faire sa carrière,
paraissait si pauvre d'esprit que son capi-
taine désespérait de pouvoir lui donner ja-
mais le galon d'argent. Le tir de cet homme
était juste mais il n'avait jamais pu ap-
prendre l'exercice. Dégoûté d'un individu
si balourd, son chef l'enrôlait dans toutes
les expéditions de l'intérieur comme valet
ou maître-coq des officiers. Après mille
lieues d'équipée, cet Armoricain s'en reve-
nait 'a Dakar aussi coloré du nez et des
joues qu'à son départ. Jamais une bête
humaine n'avait fonctionné aussi magnifi-
quement Insensible au chaud, au froid,aux
rayons solaires, je me demandais parfois
si mon ordonnance percevait seulement les
sensations de la soif et de la faim.
Quelquefois; son sergent, afin de plaisan-
ter, lui donnait un coup de poing dans le
dos, en s'écriant
Mahir, tu es donc en acajou ou en
alfa, mon bonhomme ?
Le marsouin ne détournait pas même la
tête et nous l'entendions glousser comme
une poule. Riait-il ? Se plaignait-il ? Nous
n'en savions rien. Au total, ce pauvre dia-
ble, inutile dans son Finistère à ses pa-
rents, cultivateurs qui l'avaient obligé à
s'engager, risquait de traîner toujours ses
guêtres comme soldat de deuxième classe.
Qu'ajouter à ce portrait ?. un fait. Les
tirailleurs nègres se moquaient de ce gar.
çon au nez et aux joues carminées et l'a-
vaient surnommé Petit-Rouge.
D'ailleurs, Mahir, en Breton de race, sa-
vait entretenir sa couleur avec de l'alcooL
.Nous étions entrés dans la région des
Zenagas, un pays hérissé de jujubiers épi-
neux et crevé de loin en loin par une mare
où. croupissaient des caïmans qui parais-
saient de longs ustensiles de cuisse en cui-
vre vert-de-grisé.
Nous devions-ouvrir les yeux. Il nous
fallait redouter les Maures Goudis, des fa-
natiques capables de se faire tuer jusqu'au
dernier en l'honneur de Mahomet.
Un samedi, c'était le quatre-vingt-dou-
zième jour après notre départ, j'avais di-
visé ma troupe en trois bandes. Je mar-
chais en avant avec mon sergent, Alain
Mahir et quarante tirailleurs. A deux ki-
lomètres, la caravane de mulets porteurs
nous suivait et, enfin, une cinquantaine de
bambaras avec leurs sous-officiers kabyles
formaient mon arrière-garde.
Nous venions d'entrer dans une plaine
fauve, pelée comme^ une vieille peau de
lion.A l'horizon, du sable d'or montait com-
me une poudre ardente vers le ciel où le
soleil immense se diluait. Le casque sur le
nez et les yeux rapetissés, incapables d'é-
chapper aux réverbérations de ce paysage
de fournaise, nous geignions. Il nous sem-
blait marcher sur des braises et, en effet,
des brindilles et des pierres chauffées lui-
saient comme des charbons.
Seul, Mahir, un lebel sur chaque épaule,
car il avait voulu se charger du fusil de
son sergent, semblait suivre chez lui une
procession.
Tout à coup, il s'arrête. Il tourne vers
nous son visage colpré comme une sou-
pière rustique, et sans parler il tend ses
armes vers le sud.
Eh bien y a quoi, Petit-Rouge, de-
mandaient nos tirailleurs noirs ?
Je prends ma lorgnette, je regarde et je
dis au sergent
Bigre Ce n'est pas le vent qui en-
lève cette poussière d'or vers le firmament.
J'aperçois des cavaliers maures. Nous al-
lons être attaquées.
.Nos braves soldats, hurlèrent de plai-
sir. Enfin on allait donc rompre la mono-
tonie de cette marche décevante. Mahir,
ses fusils en, croix derrière la tête, impas-
sible, attendait un ordre.
Sapristi jura le sergent, nous som-
mes coupés de nos communications. Je n'a-
perçois plus notre caravane.
Mulets, chevaux, y a fatigués y a
reposé eux, expliquèrent les Bambaras.
En attendant, nous allons avoir à nous
défendre quarante contre cinq cents, repris-
je en continuant d'observer à la lorgnette
l'approche des Maures.
C'est la bonne proportion, s'écria
mon sous-officier.
Pourtant il pâlit lorsqu'il commença à
se rendre compte de notre situation déses-
pérée.
Les clameurs rauques des sectaires Qou-
dis retentissaient dans l'immensité, vibran-
tes comme le croassement de milliers de
corbeaux. Nous étiops la curée attendue.
Lancés sur leurs chevaux à longues criniè-
res peintes au henné et qui ondoyaient com-
me des flammes, nos ennemis aux burnous
incandescents dans la lumière criaient le
nom d'Allâh, maître de l'heure. J'avais fait
rétrograder ma troupe. jusqu'à un rocher
où s'agitait un palmier qur semblait faire
des signes à mon arrière-garde.
La mitrailleuse en avant, ordonnai-je.
Quant à nous, étendons-nous derrière ces
pierres. Ces sauvages nous tireront trop
tôt sur le corps, mais nous ne les manque-
rons pas la riposte. Voyons, mes camara-
des, qui veut manœuvrer la mitrailleuse ?
Je ne commande personne.
.Les tirailleurs nègres se taisaient. Le
sergent allégua sa nervosité. Il fallait un
homme flegmatique et brave.
Mahir leva son index comme un gamin
demande en classe une permission à son
maître et, sur mon signe d'acquiescement,,
s'achemina vers la mitrailleuse placée à dix
mètres devant le rocher.
Ce garçon allait recevoir la fusillade des
Maures, sans abri. Je le vis creuser le
sable avec ses godillots et ses mains, s'as-
seoir dans le trou ainsi formé, sortir de
sa veste de toile une pipe, la bourrer avec
son pouce, l'allumer en aspirant l'air avec
ses lèvres allongées en museau.
Or, pendant ce temps, les hurlements
frénétiques des Maures et les premières dé-
tonations de leurs carabines assourdissaient
l'air.
Autour de Mahir, c'était la brousse in-
cendiée au-dessus de lui un zénith en
fusion devant lui, cette horde lumineuse
qui s'avançait'au galop en braillant à la
mort et à Dieu le plus grand
Le$, balles crépitaient sur le bouclier de
la mitrailleuse et faisaient un vacarme de
vaisselle entrechoquée.
Le Breton fumait sa pipe, la tête penchée
vers la mire.
Toutes les trois secondes une boaffée. de
fumée bleue s'élevait au-dessus de son
casque.
Lorsque les cavaliers Goudis arrivèrent à
cent mètres de nous ce fut une averse
de plomb sur la mitrailleuse. Nous frémis-.
sions. Mahir tué, c'était notre massacre à
tous.
Je vis alors ce soldat empoigner sa ma-
nivelle et commencer tourner. A cha-
que tour il aspirait sa' pipe et à la rota-
tion suivante il lâchait une volute de ta-
bac Une, deux Une, deux Ce Breton
semblait être une machine à vapeur et il
faisait fonctionner mécaniquement son ou-
til. L'élan irrésistible des Maures les porta
à cinquante mètres. A cette distance le
Breton changea sa visée et fit décrire un
mouvement circulaire à ses bouches à feu
en continuant d'aspirer en cadence sa pipe
et de manœuvrer sa manivelle. Les cava-
liers Goudis tombaient comme des quilles.
Une salve de mes Bambaras acheva de les
décourager. Les survivants reprirent leur
course hurlante vers la brousse.
Je courus vers Mahir. Le sang ruisselait
sur lui. Il avait été égratigné dix-sept fois
et semblait un bonhomme de pourpre.
Petit-Rouge Petit-Rouge clamaient
mes nègres.
Moi je voulus l'embrasser en lui criant
mon admiration. Il me repoussa humble-
ment.
Excusez-moi, me dit-il, quand on sait
tourner un moulin à café, ça n'est pas dif-*
ficile. r
Comment aurait-on pu donner le galon de
sergent à un tel homme ? Petit-Rouge res-
tera le cuisinier des expéditions dans la
brousse.
Charles Géniaux.
TflÉflTHES &
INDISCRÉTIONS COMMUNIQUÉS
Aujourd'hui.
A la Comédie-Française. à une heure très
exactement, répétition générale de la Furie.
Au Lyrique Municipal, à 3 h. 1/2, miss
Isadora Duncan et son école d'enfants.
A l'Athénée. à i h. 1/2, matinée littéraire,
les Bergères de Trianon, causerie de M. Fran-
çois de Nion. Auditions de Mmes Marthé Bran-
dès, Piérat, Lucy Vauthrin, Andrée Méry, J.
Rosny, Giberte et de Bemy.
Ce soir.
Au théâtre Réjane. à 8 h. 3/4, première de
Trains de luxe, comédie en quatre actes, de
M. Abel Hermant.
Au Palais-Royal, à 8 h. 1/2, répétition gé-
nérale de Monsieur Zéro, vaudeville en trois
actes, de MM. Paul Gavau1t' et Mouësy-Eon.
Au théâtre des Arts, à 8 h. 3/4, répétition
générale de La Uarquésita,
A l'Opéra..
C'est demain mercredi qu'aura lieu la re-
prise d'Armide, Le rôle d'Armide sera chanté
par Mlle Agnès Borgo celui de la Naïade par
premier prix du Conservatoire de l'anné2 der-
nière, Mlle Le Senne. MM. Muratore, Dsngès,
Dubois et Duclos chanteron2 les principaux
rôles d'hommes, et cette excellente interpréta-
tion sesa complétée par Mmes Laute-Brun,
Carlyle, Campredon et Courbières, MM. Tria-
dou, Gonguet, Chappelon et Rolland. La part
de là danse est, comme on sait importante
dans Armide tout le ballet y prendra part
Mlle Zambelli reprendra le rôle du Plaisir
Qu'elle créa. Mie Aïda Boni dansera pour 1a
première fois celui de la Bargàra
A propos de Chantecler
D'une lettre que nous adressent MM. Hertz
et Jean Coquelin, directeur de la Porte-Saint-
Martin, nous extrayons le passage suivant
« Vos confrères annoncent que M. Victor
Ulmann prendrait sous peu la direction de la
Porte-Saint-Martin, et que Mme Sarah Ber-
nhardt viendrait y créer Chantecler. Dans l'in
terview de la grande artiste, que vous avez
publiée dimanche, Mme Sarah Bernhardt a
fait elle-même la réponse qu'il convenait de
faire au sujet de l'interprétation du rôle d'Ed-
mond Rostand.
Mais, en ce qui concerne les bruits de ces-
sion de notre théâtre à M. Ulmann, voulez
vous, je vous prie, dire à vos lecteurs que nous
sommes titulaires du bail de la Porte-Saint
Martin jusqu'en 1925, et que nous ne songeons
nullement à céder ce bail que ce sera sous
notre direction que le chef-d'œuvre de Ros-
tand sera créé; et que, pour tout mener à bien,
les soins de notre cher poète associés à notre
zèle suffiront, sans avoir besoin de recourir
d',autres interventions, quelque artistiques
qu'elles puissent être.
D'autre part, on, annonce que c'est M. Le
Bargy qui, définitivement, créerait Chantecler.
Il donnerait sa démisston de sociétaire de la
Conédie-Française et deviendrait ensuite l'in-
terprète attitré de tous les ouvrages de M. Ed-
mond Rostand. Les appointements poux Chan-
tecler seraient déjà fixés. M. Le Bargy touche-
ra 150,000 francs fixe par an.
Mais M. Le Bargy est actuellement absent
de Parts. Attendons son retour pour savoir ce'
qu'il y a de vrai. dans cette nouvelle.
A l'Odéon, jeudi «prochain, en matinée, à 2
heures (pour la deuxième série des matinées-
conférences du jeudi) Andromaque (essai de
mise en scène, décoration et costumes du, dix-
septième siècle) conférence par M. Abel Bon-
nard.
A la Renaissance.
Le prochain spectacle sera composé du Juif
potonais, d'Erckmann-Chatrian, avec M. Lu-
cien Guitry dans le rôle de Mathis, et d'une co-
médie nouvelle en deux actes, de MM. Georges
Courteline et Pierre Wolff, dont les principaux
rôles seront créés par MM. Lucien Guitry, Ga-
lipaux, Mmes Marguerite Caron et Jeanne Des-
clos.
Ce soir, à Barrasford's Alhambra, débuts du pro-
gramme de la deuxième quinzaine de février avec
exactement dix nouveaux numéros, parmi lesquels
Chas. F. Aldrich, la troupe Perezof, composée de
sept jongleurs, le chanteur F. Dutor.
Brune comme nne nuit sans'inné,
L'œil ardent et le geste prompt,
Miss M. Davenay (Marion !)
Sait charmer chacun et chacune.
A la L'xc qui cnanw, loa, rue Momma.ri.vi;.
Nonveao-Otrgue Le PLus beau Hussard de France.
Mlle Daisy-Mentho charme chaque soir le public
de l'Eldorado avec Endors mon coeur, de G. Le-
maire, la belle création de Mme de Ulo à la Seala.
On a beaucoup parlé ces jours-ci de l'entente
franco-allemande. Ce qu'on aurait pu ajouter,
c'est que 1,'entente européenne est faite depuis
longtemps, à Paris même, au Palais de glace des
Champs-Elysées. C'est, en effet, dans ce merveil-
leux établissement, que tous les étrangers se hâtent
de venir et se mettre d'accord en contemplant les
jolies patineuses.
A la Gatlé-Roehechouart, les «doublures se
plaignent. Tous les artistes, grands et petits, de-
Miss Lawler, Delysia, Esmée, Myriame; MM. Zaï-
que, Serjius, Carjot, Mansuelle et même Albens
(qui, quoique très enroué, réussit presque à re-
trouver son entrain et son succès des premiers
jours) continuent à se faire applaudir tous les soirs.
Au moment où va s'ouvrir le concours hippique,
Il est intéressant de rappeler que les plus prodi-
gieux exercices d'équitation que l'on puisse .voir
sont ceux qui sont exécutés chaque jour au cinéma-
tographe des grands magasins fiufayel, par les élè-
ves d'une écote de cavalerie italienne. Cette scène
merveilleuse est accompagnée 'd'autres vues docu-
mentaires, comiques, féeriques, avec musique «!-
cialement adaptée, soli et choeurs.
Dimanche on a refusé des milliers de personnes
au Hagenbeck Sùàw. La magnifique salle du Cirque
d3 Paris, avenue de La Motte-Picquet était littéra-
lement bondée d'une foule enthousiaste qui depuis
le commencement jusqu'à la fin du spectacle a fait
rouler un véritable tonnerre d'applaudissements.
Chez Hàgenbeck, aucun numéro n'est banal, tout y
est neuf et d'un intérêt intense; aussi conseillons-
nous à nos lecteurs de prendre leurs billets d'avance.
;A TMVMS PAMS
La plainte i de M. Réal del Sarte. *r- M.
Schrameck, directeur des services péniten-
tiaires au ministère de l'intérieur, s'est ren-
du hier au Dépôt afin d'y continuer l'en-
quête qu'il avait ouverte la veille sur les
mauvais traitements dont M. Maxime Réal
del Sarte aurait été la victime.
M. Maxime Réal del Sarte se plaignait en
outre du gardien qui vint lui apprendre le
décès- de son père. Comme M. del Sarte s'a-
bandonnait à son chagrin, le gardien aurait-
dit aux co-détenus du jeune homme
«Maintenant vous pouvez vous « payer
sa tête C'est bien son tour n
D'après nos renseignements, l'enquête au-
rait dêmontrèTinexactitude des faits, signalés
par M. del Sarte.Il n'aurait pas été,comme il
l'a prétendu, mêlé aux apaches et aux filles.
Le grand nombre des «prévenus ne permit
pas de lui donner une cellule isolée mais
celle où il fut momentanément enfermé
était occupée seulement par deux pers.on-'
nes.
D'autre part, le gardien, accusé d'avoir
insulté à la douleur de M. del Sarte, est très
bien noté et père de sept enfants.'
Les apaches du canal Saint-Martin.
Deux sinistres individus étaient fort occu-
pés, la nuit dernière, à bord d'une péniche
amarrée canal Saint-Martin à l'entrée de la
voûte qui s'ouvre à l'intersection du faubourg
du Temple et du boulevard Richard-Lenoir.
tes deux personnages ,munis d'outils perfo-
rants ,tentaient de couler la lourde embar-
cation. Pour quel motif ? On l'ignore.
Fort heureusement deux agents du onziè-
me arrondissement aperçurent les deux apa-
ches et interrompirent soudainement leur
criminelle besogne. Rapides comme des liè-
vres, les malandrins détalèrent; ils pénétrè-
rent sous ta voûte du canal et suivirent en
galopant la bordure aux dalles sonores.
Derrière eux, les agents intrépides cou-
raient avec des oliquétis de sabre, des me.
naces furieuses et d'assourdissantes da-
meurs. Les apaches se heurtèrent aux grilles
fermées donnant place de la Bastille. Ils
étaient pris. Ecumant de rage, ils firent face
aux gardiens de la paix et brandirent leurs
revolvers. Quatre détonations retentirent
sous la voûte ténébreuse;«les ba1les n'attei-
gnirent point les agents.
Ge fut alors une scène renouvelée des Mi-
sérables; ne pouvant ébranler les bar-
reaux de l'implacable grille, tel Jean Valjean
traqué par Javert dans les noires catacom-
bes, les deux bandits se jetèrent résolument
à l'eau et gagnèrent l'autre rive.
Les agents, après, une hésitation fort com-
préhensible, au risque d'être frappés de con-
gestion, piquèrent à leur tour un plongeon
héroïque. Cet efforts suprême fut vain; les
bandits avaient pu s'insinuer dans un étroit
escalier donnant place de la Bastille. Ils ga-
gnèrent au pas accéléré te faubourg Saint-
Antoine où les gardiens de la paix les per-
dirent de vue.
M. Carpin, commissaire de police, les fait
activement rechercher^
PETITS FAITS-DIVERS
Série d'accidents Avenue Henri-Martin,
le cheval d'une voiture de laitier, apeuré par
le tramway avenue Henri-Martin-gare de
Lyon, prend soudain le mors aux dents et dé-
tale à toute allure, renversant sur son passage
la charette que traînait M. Edmond Loriot.
Place du Trocztdéro, l'agent Couriège parvint à
maîtriser l'animal, non sans avoir été griève-
ment contusionné. M. Edmond Gautory,
électricien, 4, rue Clignancourt, a été renversé
et fortement blessé, rue Rochechouart, par
un char à bancs. Place Saint-Georges, un
petit chasseur de café, Maurice Bu verger, fut
tamponne par un autobus. A Bretonneau.
Rue Gay-Lussac, M. Vexdoski roule sous les
mues d'un tramway. Etat grave. A la Pitié.
Discussion violente, rue Caulaincourt, en-
tre Eugène Tissier, cocher, et Paul Steffen,
monteur en bronze. Tissier, frappé d'un coup
de oo_uteau-entre;le6)épauLes,iitiEe.-sui son.ad»-
versaire deux balles, dont l'une va blesser à
la tête M. Albert Pairon, cartonnier.
Des inspecteurs de la Sûreté ont arrêté,
au domicile de l'un d'eux, 34, rue des Trois-
Frères, trois individus Vincent Rivaud, Geor-
ges Bonvallet et Charles Wingerter, auteurs
de nombreux et lucratifs cambriolages.
Un commencement d'incendie s'est décla-
ré hie.r à midi, dans une des chambres de l'hô-
tel qu'habite, au numéro 25 de la rue de Ber-
lin, Mlle Berthe Lefèvre, rentière. Il a pu être
éteint après une demi-heure d'efforts, Mlle Le-
fèvre on s'en souvient fut en relations
avec Mme Steinheil.
Gravé accident hier après-midi. 1$7, rue
de Grenelle, dans les travaux de construction
du ministère du travail. Un éboulemant se pro-
duit soudain dans une tranchée ensevelissant
sous une masse de gravois un ouvrier, Louis
Mathieu, 12, rue Brancion. Ses camarades,
bientôt aidés des pompiers, purent le dégager,
mais il dut être transporté gravement blessé h
l'hôpital Laëunec.
Hier, dans la matinée, un pan de mur se
détacha, 79, rue du Bac, et s'écroula avec fra-
cas sur la chaussée, sans heureusement bles-
ser personne.
Rondes et battues de la nuit dernière,
189 arrestations pour délits de toutes natures.
Sur mandat de M. Joliot, juge d'instruc-
tion. M. Vallet, chef de la brigade mobile, a
procédé hier, au cimetière de Bagneux, à
l'exhumation du cadavre de Mlle Emilie Gou-
get, vingt-quatre ans, décédée mystérieuse-
ment le 19 janvier dernier, à son domicile, rue
.Rqyer-Collapd.
-Passant quai de Jemmapes, sur les berges
du canal Saint-Martin, Mme Antoinette Bellot
tomba accidentellement à l'eau. Un marinier,
qui se porta à son secours, après plusieurs
plongées, ne put repêcher qu'un cadavre.
Au carrefour des rues de l'Escaut et Cu-
rial, M. Joseph Betz, ouvrier miroitier, domici-
lié 36, rue Auvray, a été frappé de deux coups
de couteau aux épaules par un apache-in-
connu. Le biessé°a été transporté à l'hôpital
Saint-Louis.
Un fort des Halles, M. Jules Chaudelet,
domicilié, 147, rue de Crimée, glissa, rue d'Al-
une charge de 6,000 kilos de farine les roues
passèrent sur ses jambes. Fait extraordinaire
Iles membres du malheureux atrocement
broyés, constatèrent avec stupeur qu'il n'avait
qu'une jambe 'fracturée; l'autre était simple-
ment .contusionnée. "'̃•
̃ Un Dropriétatre, M. 7ean F. demeurant
40, boulevard Voltaire, se tira une balle de re-
volver dans la bouche. La neurasthénie provo-
qua cet acte de désespoir.
~Lfl ό JQMTfllHE
Comités et commissions.
Le médecin inspecteur Ch&vasse, directeur de
l'école du service de santé militaire à Lyon, est
nommé, tout en conservant ses fonctions actuel
les, membres du comité technique de santÉ.
Génie.
Les officiers du génie désignés ci-après ont été
mis à la disposition du ministre des colonies, pour
servir à la section indigène du génie du Sénégal,
Le cap. Aury, Rochefort; le lieut. Fradin de
Bellabre, 1" rég., 20' bat. Toul.
Ces officiers s embarqueront le M lévrier, a Bor-
deaux, où 11s devront être rendus le 25. Ils seront
classés au 5' rég. et mis hors cadres, à compter du
jour de leur embarquement.
Les concours des élèves officiers.
Les compositions écrites du concours de 1909
pour l'admission dans les écoles d'élèves-officiers,
seront exécutées en France, en Algérie et Tunisie
et dans les grandes colonies, aux dates et dans les
conditions ci-dessous
Le 4 mai, matin composition française; soir
composition de dessin et de géométrie descriptive
(pour les candidats à la division du eénle et de
l'école de Versailles exclusivement); le 5 mai,
matin composition de mathématiques, soir com,
position de physique et chimie; le 6 mai, matin
compositions sur les diverses langues vivantes.
(Les candidats qui présentent deux langues vivan-
tes exécuteront leurs deux compositions successi-
vement et sans désemparer.)
Les candidats déclarés admissibles à une école
on division d'école après les épreuves écrites de
l'un des deux derniers concours, en 1907 et en
1908, conservent le bénéfice de cette admissibilité
pour le concours de 1909.
Prendront donc part aux épreuves écrites en 1909;
tous les candidats qui n'ont pas été déclarés admis-
sibles en 1907 et en 1908; d'autre part, les candi-
dats concourant pour une école ou division d'école
autre ,que celle pour laquelle ils auraient été dé-
clarés admissibles aux concours d'entrée de 1907
ou en 1908.
Enfin, les connaissances en langues vivantes étant
désormais constatées par une épreuve écrite, tous
les candidats, sans exception, qui auront demandé
à être examinés sur une ou deux langues vivan-
tes exécuteront la ou les compositions prévues par
l'article 6 de l'instruction du 17 août 1907.
ACADÉMIE DES SCIENCES
Nôtre voisine la pwnète Mars est l'objet d'inces-
santes observations et d'assidues recherc&e* < la
part des astronomes du monde entier.
La question de savoir si Mars possède une atmos-
phère et de La vapeur d'eau, si elle est habitable,
le problème encore irrésolu dea canaux et des ca-
lottes polaires, toutes les observations qui ont été
faites d ce sujet par de nombreux savants depuis
plus de quarante ans, ont été recueillies par M. Ca-
mille Flammarion dans un fort intéressant tra-
vail qui a été présenté hter à l'Académie par M.
Deslandres. Les études faites sur la planète entre
1892 et 1901 sont particulièrement remarquables,
M. Deslandres a rendu un juste hommage nrc2 tra-
vaux de M. Flammarion, un des Français, dit-il,
qui a te plus tait pour la diffusion et la vulgarisa-
tion de l'astronomie.
La nouvelle méthode d 'électro-diagnostic ima-
ginée par le, docteur Guyenot d'Aix-les-Bains, et
présentée par le professeur d'Arsonval, est une
application des courants d'induction par décharge
instantanée d'un condensateur, décrits pour la
première fois en 1878 par NI. d'Arsonval.
Cette méthode permet d'une part de suivre par
une mesure pratiquement exacte et rigoureuse, les
progrès d'un traitement dans les paralysies motrices
et d'autre part, de dépister à coup sûr la simula-
tion ou l'exagération des symptômes des mêmes
maladies. Dans les cas d'accidents de travail cette
méthode d'électrodlagnostlc pourra rendre de
grands services.
En fin de séance, l'Académie a procédé à l'élec-
tion d'un membre titulaire dans la section de
chimie en remplacement de M. Ditte, décédé. Au
premier tour, M. Jungfleisch professeur au collège
de France a été procamé élu avec 38 suffrages sur
47 votants. L'Académie a désigné également au
choix du ministre de l'instruction publique deux
candidats pour la chaire de physique générale et
expérimentale du Collège de France, vacante par
suite du décès de M. Mascard. Ont été présentés en
première ligne, M. Langevin; en deuxième ligne,
M. Weiss.
¡:ACADÉMIE. DES BEAUX-ARTS
L'Académie a décidé que le jugement des con-
cours Roux (peinture, Sculpture, architecture, gra-
vure et enluminure) qui devait avoir lieu le mer-
credi 17 février sera reporté au samedi 20 février
et que l'exposition publique des oeuvres admises au
concours définitif aura lieu le lendemain 21 février,
de midi à quatre heures, à l'Ecole des beaux-arts.
COMMUNIQUÉS DE LA
VIE MONDAINE
On annonce la mort de M. Costa de
Beauregard, de .l'Académie française, dé-
cédé subitement hier matin au retour d'un
voyage.
On annonce la mort de M. Jules Lowen-
gard, antiquaire, décédé en son domicile,
56, avenue du Bois-de-Boulogne.
Les obsèques auront lieu aujourd'hui mar-
di. On se réunira à la maison mortuaire, à
deux heures très précises. L'inhumation se
fera au cimetière Montparnasse. 11 ne sera
pas envoyé de lettres de faire part. Prière
de considérer le présent avis comme en te-
nant lieu et de n'envoyer ni fleurs ni
couronnes.
On annonce de Nice la mort de Mme
veuve Ismalun, née Mirra Pinto. Cette mort
met en deuil les familles Pinto, Ismalun, Si-
mondetti, Maurice Alfassa. Le corps sera
ramené à Paris. L'incinération aura lieu de-
main, à onze heures, au Père-Lachaise. Il
ne sera pas envoyé de lettres d'invitation.
Le présent avis en tiendra lieu.
BULLETIN DU TRAVAIL
Aujourd'hui, a u BOURSE DU TRAVAIL. Matin.
Salles des commissions, 3* étage boulangers; 6' éta-
ge grève des briqueteurs; Bondy maroquiniers.
Avres-midi. Grande salle grève des cochers-
chauffeurs; salle des commissions, 5' étage grève
des briqueteurs, So.tr, Salle Bondy marbriers;
salle des conférences comptables; salle du bas
(cBtA droit) carreleurs en bâtiments; salles des
commissions, 1°' étage Jardiniers; 2' étage plom-
ÎUers 8" étage peintres; 4' étage professionnels de
l'assistance publique; 5' étage layettiers-embal-
leurs; Bondy graveurs mortuaires.
ANNEXE A. Après-midi. Grande salle grève des
typographes; salle 12 égoutiers (cours). Soir.
Salle 12 P. T. T. (cours).
INFORMATIONS DIVERSES.
Le syndicat des employés de l'épicerie tient es
soir, 35, rue du Midi, une réunion corporative. A
l'ordre du jour suppression de la nourriture et
du couchage.
LA VIE EST CHÈRE-!
Beaucoup de personnes se préoccupen\,
d'augmenter leurs revenus par la spécula-
tion, ce qui est toujours dangereux. Il existe
pourtant un moyen d'obtenir sûrement et
sans aucun risque ce résultât c'est la
Rente Viagère mais il ne faut s'adresser
qu'à une. Compagnie d'Assurances sur la
vie offrant toutes les garanties possibles.
Au premier rang, se place la Compagnie
d'Assurances Générales sur la Vie (entre-
prise privée assujettie au contrôle de l'E-- ̃̃
tat), 87, rue de Richelieu, à Paris, qui, fan-
gnies similaires. (Fonds de garantie 855
millions, entièrement réalisés, dépassant de
250 millions celui de toute autre Compagnie
française.
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tiflque,La Médecine Végétale intéresse aussi
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se guérir radicalement, comme ces milliers
de malades qui se sont guéris définitive-
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DU 16 FÉVRIER 1909.
L'AMIE FATALE
ROMAN INÉDIT
PAR
THÉODORE CAHU
PREMIERE PARTIE
LA MARQUISE
IE POIVROT
Il'était une heure de l'après-midi, lorsqu'il
se réveilla.
Après avoir fait sa toilette, i:l déjeuna
chez lui, sortit à pied, et se rendit aux
Champs-Elysées sans autre but que celui
d'entrevoir un instant Nathalie, si elle allait
au Bois avec Mlle Gertrude Valbonne, ou
avec la marquise de Méreuil,
Mais il n'aperçut que la marquise seule
dans son landau.
Un peu désapointe, il alla au cercle, lut
les journaux et revint rue Castiglione à sept
heures et demie du soir.
Benjamin l'attendait. Il avait remplacé sa
livrée par un paletot de coupe élégante et
un chapeau de soie qui lui donnaient la plus
respectable apparence bourgeoise.
Vous êtes prêt, Benjamin ? demanda
Bochemaure.
Oui, monsieur le comte.
Allez chercher un fiacre et attendez-
moi en bas.
Benjamin sortit. Le comte passa dans sa
chambre à coucher et changea rapidement
de costume.
Traduction et reproduction absolument interdites
• dout tous pays.
Il remit les vêtements qu'il portait la
veille, lorsque Mathilde Noblot était venue
le retrouver place de la Bastille. Seulement,
par-dessus sa chemise, il passa une tunique
sans manches, en mailles d'acier serrées,
qu'un gilet, boutonnant très haut, cacha
complètement.
Puis il prit dans le meuble, où il l'avait
enfermée la calotte métallique qu'on lui
avait apportée la veille, s'en coiffa, et la
recouvrit d'une perruque et d'un chapeau
mou à larges bords.
Ma foi ça se supporte encore plus fa-
cilëment que je ne l'aurais cru, murmurâ-
t-il d'un ton satisfait. Me voilà solidement
casqué et cuirassé. prêt à combattre pour
ma dame Une dame adorable, enivrante
d'ailleurs Maintenant que les mesures
défensives sont prises, passons aux autres.
Il ne faut pas les oublier.
Dans le tiroir d'un secrétaire, il prit une
soixantaine de pièces de 5 francs en argent,
qu'il répartit par égales parts dans les po-
ches de son pantalon.
Il s'assura qu'un revolver de petit cali-
bre, dont il s'arma, était chargé et en bon
état.
Au revolver, il joignit un poignard à lame
large et qu'il plaça dans la poche de
côté de son veston, sans le retirer de sa
Ainsi armé et équipé, il sortit et monta
avec Benjamin dans un fiacre, qui le con-
duEsit boulevard des Invalides.
Le cocher avait reçu l'ordre de marcher
au pas. Aussi Benjamin, qui regardait par
la portière de gauche, put parfaitement
voir Signoret, qui se promenait, le cigare
aux lèvres, sur le trottoir.
Voilà l'homme, monsieur le comte,
dit-il
Tout va bien, répondit le comte, après
avoir regardé Signoret. Vous descendrez
rue de Sèvres et vous reviendrez sur vos
pas pour surveiller le personnage..
Où allons-nous ù présent, bourgeois ?
demanda le cocher, lorsque Benjamin fut
descendu.
A Cluny, et rondement. Il y aura un
bon pourboire. «
Le fiacre roula bon train. Le comte se fit
arrêter devant le jardin de Cluny et conti-
nua son 'chemin à pied jusqu'au théâtre.
Son pas se ralentissait à mesure qu'il ap
prochait, et une modification singulière se
faisait dans son allure.
Ses jambes semblaient fléchir sous le
poids de son corps sa démarche devenait
incertaine.
Il décrivait sur le trottoir des zigzags de
plus en plus accentués,et lorsqu'il se trouva
en face de Mathilde Noblot, très exacte au
rendez-vous, eUe apprécia d'un coup d'œil
son état, et le caractérisa, avec sa liberté
de langage accoutumée.
Dis-donc ? fit-eue, moitié rieuse, moi-
tié grondante, parait que c'était jour d'ab-
sinthe aujourd'hui T'es rien éméché
Non C'est que je tousse
En parlant ainsi, elle cherchai!; prendre
son bras mais il la repoussa brutalement.
Eméché Eméché L. Eh bien Si ça
me plaît, à moi Qu'est-ce qui a quelque
chose à redire ?
Sais-tu que tu n'es pas gentil avec moi,
quand tu as ton plumet ? fit Mathilde, sur-
prise de cette brusquerie, à laquelle il tne
l'avait pas accoutumée
Et comme au lieu de s'arrêter, il conti-
nuait son chemin en titubant
Eh bien 1 reprit-elle, où vas-tu ? Nous
n'entrons pas au théâtre ?
Non répondit-il. J'aime mieux me ba-
lader
• Comme tu voudras 1 pourvu que nous
soyons ensemble, c'est tout ce qu'il faut au
bonheur dé mon cœur
II accueil1it ce tendre épanchement par un
éclat de rire' sarcastique, et sans répondre,
il continua à marcher.
Mathilde le suivait, stupéfaite.
Voyons, mon chéri, dit-elle, lorsqu'ils
furent arrivés sur la place Maubert. c'est
pas la peine d'user nos guibolles comme ça.
On pourrait prendre un sapin,si tu as envie
de te balader, dis ?
Je te dis zut Voilà ce que je, te dis,
et pas autre éhose riposta-t-il avec Hau-
teur. Et je suis venu tout exorès pour te le
dire, parce qu'à la fin des fins, avec ton
Signoret..
Ah fit-elle, énervée et exaspérée.*
C'est juste il y avait longtemps qu'on n'en
.avait parlé! Fallait que ça vint
C'est venu et ça ne reviendra plus, re-
prit Rochemaure,qu,i s'était arrêté.Et tu iras
lui porter mes compliments, à Signoret
Et tu lui diras que s'il se fait de la bile,
quand tu n'es pas là, ça ne sera plus parce
que tu l'auras lâché pour venir me trouver,
attendu que j'en ai plein le dos de toi, que
si j'ai été bête, je ne veux plus l'être, et que
je te dis zut aujourd'hui, pour ce soir,
pour demain et pour les autres jours.
Et comme elle le regardait, absolument
abasourdie, avec cette incrédulité de la
femme, qui se refuse à admettre qu'on
puisse se soustraire à son empire
Eh bien, quoi fit-il, gouailleur. Je n'ai
pas changé de physique, depuis hier. Mais
ça ne fait rien. Regarde-moi bien, tout de
même, si tu veux te rappeler ma binette,
parce que pour ce qui est de la revoir, eh
bén veux-tu que je te dise ?. Eh ban! pour
ça, tu peux te fouiller
Elle essaya de prendre de nouveau son
bras mais il la repoussa avec la même
brutalité. ̃%
Mon petit, dit-elle alors, prenant réso-
lument son parti de la mésaventure, tout
ça t'st très gentil. Je ne fais plus ton ca-
price. Ça me saigne le soeur mais les opi-
nions sont libres, comme dit Signoret, qui
est autrement chic que toi. Seulement, tu
m'as dérangée de mes affaires tu m'as fait
venir ici.Tu es trop comme il faut pour vou-
loir.que ça soit pour rien. Le dérangement
ça se paye. Et quand on a fait des 5rnmee-
ses, ça ne suffit pas de se piquer le nez pour
n'avoir plus à les tenir. Tu ne veux plus que
nous fassions la fête ensemble ce soir. C'est
très bien. Mais pour me dédommager, tu
vas me donner de quoi m'acheter un cha-
peau, dont j'ai précisément besoin, et après
ça, nous nous quitterons poliment et,genti-
ment, comme des gens comme il faut et
bien élevés doivent le faire, quand ils se lâ-
chent d'un. cran.
Ça va 1 fit-il en riant d'un rire d'ivro-
gne. Tiens, voici dix sous Un paillasson
ne t'en coûtera que 7 ou 8. Mais pas besoin
de me rendre la monhaie. Ce sera pour lp
garçon. pour Signoret
Mathilde lui jeta la pièce de cinquante
centimes à la figure, et se dressant sur la
pointe des pieds, furieuse, les poings cris-
pés
Dis donc, fit-elle, tu sals que.jça va se
gâter, si tu t'amuses à trop rire f
Eh bien oui ça m'amuse, de rire 1 Et
je rirai. je rirai tant que je voudrais
Je rirai à te faire marronnes !Et je te ferai
marronner encore plus Tiens Ecoute
cette musique Et dis-moi si les orgues de
barbarie en jouent comme ça ?
Plongeant ses deux mains dans ses po-
ches, il fit tinter les pièces de 5 francs dont
il s'était chargé
Tu entends ? reprit-il. Tu entends ?
C'est le quibus que nous devions fricoter
ensemble, ça t'es égale de savoir s'il n'y a
pas plus que les 170 francs que je t'avais dit
s'il n'y en a pas 300, 400, 500 peut-être
après lesquels il y en aurait encore 1. Ca-
ne te régarde pas L.. Ça n'est pas ton af-
faire
Ce qui est mon affaire, fit-elle en le
saisissant brusquement par le bras, c'est
que je vois ce qui s'est passé Avec tes
airs innocentes tu m'as mis dedans Tu as
fait le coup des diamants 1. Eh bién I tu
sais ?. Je veux ma part, et si tu ne me la
donne pas tout de suite, je fais du chahut
On nous coffré, et une fois au poste, tu sais
ce que je raconte ?
Eh bien»! allons-y au poste, s'écria-t-il,
Allons-y tout de suite Ah j'ai fait le coup
des diamants Ah tu me traites de violeur
Il faut que ça se paye Allons au poste, et
nous verrons si les diamants ne sont pas à
cette heure chez la dame de Vincennes.
et si ce n'est pas une gratification, les 500
Il cherchait à l'entraîner mais eUe se
débattait si vivement qu'elle finit par lui
faire lâcher prise.
C'est bon dit-elle larmoyante. Je ne
t'avais traité de voleur que par chagrin de
voir aue tu n'avais plus de sentiments pour
moi ça pourrait arriver que j'en fasse une
maladie mais à un sans coeur comme toi,
c'est une chose qui t'est bien égale. Vas-t'en
Dès l'instant aue tu en aimes une autre, cas
je comprends bien que c'est ça
Une autre s écria-Hl d'une voix de
plus en plus avinée. Une autre femme l:r
Merci 1 II n'en faut plus Les autres femmes
ne valent pas plus cher que toi 1. Des per-
ditions J'en ai assez mangé de cet argent
avec les femmes 1 Maintenant je n'en mail.,
gerai plus qu'avec moi tout seul 1. Je na
veux plus voir personne maintenant 1.
Tout le monde me dégoûte Je ne veux plua
voir personne do 1a société
Ça ne sera pas une perte pour la so-
ciété dit Mathilde ironique.
Et pour moi donc Puisque je te dis
qde tout me dégoûte. les femmes, les hom-
mes, les villes, les rues, les maisons L. Je
ne veux plus rien voir de tout ça Je veux
me faire sauvage C'est mon droit, si ça,
me plaît Je veux vivre comme les sauva-
ges Et pour commencer, je ne rentre pas
ce soir chez moi. ni chez personne I. J'ai
trop mal aux cheveux Les sauvages n'y
ont jamais mal eux Pourguoi ?. Parce
qu'ils couchent en plein air TEh bien moi
.aussi, je coucherai en plein air Je sais un
endroit Quai Saint-Bernard Il y a un
banc. près de la grille du Jardin des Plan-
tes C est là qu'on doit être bien. Oui
Mais maintenant que je te l'ai dit, tu es si
contrariante que tu serais capable de venir
m'empêcher de dormir Ecoute Tài
chapeau. pas le paillasson. un vrai cha-
peau. Eh bien jo vais te le payer. à con-
dition que tu me promettes de me ficher la
paix. de me laisser dormir tranquille. sur
mon banc. quai Saint-Bernard. près
la grille Veux- tu ? Dis ? fit-il en tirant de
sa poche une douzaine d'écus.
Je ferai tout ce que tu voudras, mort
chéri, répondit Mathilde d'une, voix indul-
gente, car je sais bien que, malgré tout cq
que tu as dit, tu es un homme très convena-
ble et très poli, et que j'espère bien que
quand ton coup de sirop sera passé.
lA suivre.)
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Archives parlementaires de 1787 à 1860 ; 34-51. Assemblée nationale législative. Série 1 / Tome 41 / impr. par ordre du Sénat et de la Chambre des députés ; sous la dir. de M. J. Mavidal,... et de M. E. Laurent,... ; avec la collab. de MM. E. Tonnier et C. Pionnier /ark:/12148/bpt6k49556z.highres
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