Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-01-10
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 janvier 1906 10 janvier 1906
Description : 1906/01/10 (Numéro 7990). 1906/01/10 (Numéro 7990).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
Vingt-Troisième Année; N° 7990
SIX CINQ CENTIMES
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LÀ NUIT
_SEUL JOURNAL F fi AN ÇA I S RE C E VA N t PAR F ILS SPECIAUX t £ S D E R N 1È R E S S NOUVELLES DU MONDE ENTIER
POURQUOI L'ARMÉE FRANÇAISE
K'A-T-ELLE F^S'DE GARDE?
C'est le devoir de tous les bons citoyens
le collaborer à cette œuvrq, qui est leur
oatrimoine commun, et qui s'appelle la
Défense nationale. Cependant.d'aucuns
ont plutôt une tendance, dans la muraille
érigée à grand'peine depuis trente ans,
trfaire des trous au lieu d'y apporter des
pierres d'aucuns signalent, volontiers
le mal sans chercher à y apporter un re-
mède efficace et pratique beaucoup sou-
lèvent les problèmes les plus graves et
n'y indiquent aucune solution.
C'est précisément un de ces remèdes,
C'est une de ces solutions que nous vou-
drions exposer aujourd'hui à cette place.
Est-il besoin de dire que les étoites mys-
térieuses qui figurent au bas de' ces li-
gnes n'ont d'autre but que de conserve
l'anonymat à un des chefs militaires de
t notre armée ? Est-il besoin-, de dujeque
la paternité du projet que nous allons
exposer a obtenu l'adhésion de quelques-
unes des personnalités les plus juste-
ment respectées de notre haut état-major
gknéral ?
xxx
Il s'agit, en substance, de créer au
plus tôt, de reconstituer pour la France
«ne Garde. La-Garde, ce corps d'élite la
Garde, telle qu'elle existait autrefois chez
nous, telle qu'elle existe encore dans
presque toutes les armées européennes,
a été supprimée en France. Nous possé-
dons, à vrai dire, la Garde républicaine
mais son rôle est tout pacifique et ses
instincts n'ont rien de belliqueux.
Pour remplir le rôle dévolu à la Garde,
Il ne saurait être question de distraire
de notre armée l'un des vingt corps qui,
zu jour de la mobilisation, se masse-
raient pour former le bloc compact de
là défense nationale. Mais, en dehors de
ces troupes, qui représentent en quelque
sorte la France armée, nous possédons
un corps qui a son organisation particu-
lière, sa propre autonomie c'est le corps
d'armée des troupes coloniales.
L'armée coloniale constitue, en effet,
la seule armée de métier que nous pos-
sédions,. Recrutée à l'aide d'engagements
volontaires, elle est certaine des senti-'
ments de ses soldats. Eprouvée par les
expéditions lointaines, elle connaît la va-
leur de ses hommes.
Voilà donc une des forces les plus re-
doutables de la nation, un de ses élé-
ments de défense les plus puissants,
ayant fait sa profession de la carrière
des armés, apprenant mieux qu'aucun
autre, en temps de paix, le métier de la
guerre, qui serait voué à l'impuissance
le jour où le pays tout entier se lèverait
contre l'envahisseur. Sommes-nous donc
si riches d'argent et de soldats que nous
ayons le droit de négliger cet élément,
de refuser cette force ?
x*x
Pour utiliser pratiquement l'armée co-
loniale dans la métropole, pour lui per-
mettre de remplir efficacement le rôle de
l'ancienne Garde, il faut lui donner une
organisation plus perfectionnée, un re-
crutement meilleur, une instruction plus
complète.
'L'organisation doit être celle même de
t'un de nos corps d'armée.
Le recrutement serait amélioré par le
fait même que les troupes coloniales,
constituant un corps d'élite, joueraient
un rôle plus important dans la défense
nationale.
Il ne faut pas se dissimuler, en effet,
et c'est le plus grand reproche qui leur
ait été fait, que les troupes coloniales ont
un recrutement détestable. Les chefs
des corps métropolitains refusent natu-
rellement beaucoup plus volontiers les
demandes de permutation de leurs su-
jets d'élite que celles des mauvaises tê-
tes dont ils ne sont pas fâchées de se dé-
barrasser, et l'armée coloniale est trop
souvent obligée d'accepter les borgnes
pour écarter les aveugles. L'autorité su-
périeure, craignant de laisser écrémer,
en quelque sorte, les régiments métropo-
litains, tolère cet état de choses et c'est
ainsi qu'un ancien ministre de la guerre,
paternel et rédempteur, conseillait d'ac-
cepter dans les corps coloniaux les hom-
mes de troupe n'ayant pas trop de con-
damnations. C'est ainsi que l'armée colo-
niale- fait à ses dépens l'expérience d'une
loi de pardon.
Mais, le jour oir ces corps coloniaux
l fermeront les organes vivants de la dé-
fense nationale, le jour où la Garde colo-
niale sera la Garde de la République,
qui donc osera lui adresser des sujets
indignes ? Quel ministre autorisera lets
chefs de cette troupe d'élite à accepter
d'autres hommes que ceux présentant
les meilleures garanties de discipline et
d'aptitudes militaires ?
x
Enfin, en ce qui concerne l'instruc-
tion, le corps d'armée colonial, disposant
ainsi des meilleurs éléments, ayant ses
services et ses effectifs complétées par
une organisation plus rationnelle, pour-
ra s'entraîner à la guerre dans de bonnes
conditions, que jusqu'ici il n'a pu réunir.
JI importerait, bien entendu, pour ren-
dre cette instruction possible, de concen-
trer les tronçons actuellement épars de
l'armée coloniale en un point où ils trou-
veraient des casernements pouvant les
loger, dos terrains leur permettant de
manœuvrer et des voies ferrées assurant
leur transport rapide à la frontière, au
moment de la mobilisation.
Il semble que Paris réunisse cette tri-
ple condition. Et ici nous touchons
l'une des solutions les plus intéressan-
tes qui aient été données à la question
troublante des effectifs de nos troupes de
couverture, question que discutait ici
M. de Lanessan.
Et, tout d'abord, il convient de mettre
en relief l'importance que pourront avoir
dans une. guerre franco-allemande les
premiers engagements sérieux, impor-
tance toute morale, d'ailleurs, mais par
cela même plus particulièremenl, digne
d'attention. Une défaite au début de la
campagne, c'est le spectre des années
malheureuses qui se dresse devant nos
soldats, la Champagne envahie, Paris as-
siégé c'est le prestige de toute l'armée
française atteint par l'échec de ce qu'elle
a de plus cher, de plus glorieux ces ad-
mirables corps de l'Est, qui constituent
la meilleure de nos forteresses. Une vic-
toire au commencement des hostilités, ce
sont, au contraire, les forces morales de
la France décuplées, ce sont les tradi-
tions offensives de nos troupes qui re-
prennent leur vrai sens c'est aussi l'é-
tonnement, la démoralisation du soldat
allemand, auquel on a promis la facile
victoire, auquel on a dit depuis trente-
cinq ans que l'armée de la République
n'est pas mieux préparée à la guerre que
celle de l'Empire.
Comment obtiendrons-nous cette in-
dispensable supériorité numérique du
début ? Notre frontière de l'Est est sur-
chargée de troupes. L$ar. densité est
telle qu'en certains points la population
militaire est plus forte que la population
civile. Au surplus, nous ne pourrions, de
ce côté, augmenter d'un homme nos ef-
fectifs sans qu'aussitôt l'Allemagne ac-
croisse parallèlement ses défenses. Il
est, en effet, une vérité géographique
contre laquelle aucun raisonnement ne
saurait prévaloir la frontière allemande
est mieux que la nôtre jalonnée de vil-
les vastes et nombreuses.
Mais ne peut-on trouver, en arrière de
notre première ligne de défense, des
nœuds de voie ferrée où se concentre-
raient des troupes homogènes, bien'en-
traanées; qui, en quelques jours, pour-
raient être dirigées sur la frontière ?
Si l'on suppose maintenant un ou
deux corps d'armée de troupes colonia-
'les rassemblées à Paris et dans les ou-
vrages qui l'environnent, où ils trouve-
raient le terrain le plus favorable à leur
instruction, on peut se demander si cette
masse d'hommes, fiers de leurs tradi-
tions, déjà pour la plupart aguerris au
feu, jetée à la frontière au début des hos-
tilités, ne suffirait pas à faire pencher la
balance en notre/faveur. En tout cas, il
semble bien certain qu'un insuccès de
troupes coloniales ne saurait avoir sur
désastreuse que provoquerait un échec
subi par les fantassins du 6" ou du 20e
corps.*
La création à Paris d'une garde formée
des seules troupes coloniales rencontre-
ra certainement une violente opposition,
parce qu'elle éveille certaines susceptibi-
lités et qu'elle lèse certains intérêts.
Mais ces intérêts, qui sont ceux, tout in-
dividuels, des trois divisions d'infante-
rie qui, pour\le plus grand bien de leur
instruction, seraient rendues à leurs
corps d'armée, ne sauraient être mis en
parallèle avec les intérêts supérieurs de
la défense nationaze et ces susceptibili-
tés, qui sont celles des gens timorés,
craignant que cette garde nouvelle puis-
se dans l'avenir devenir une arme dan-
gereuse pour la 'réaction, sont chi-
mériques, les cadres des troupes colonia-
les ayant manifestement le recrutement
le plus démocratique de toute l'armée
française.
On pourrait ajouter que l'armée colo-
niale, par ses départs périodiques, par
sa nature même, est essentiellement mo-
bile, et renouvelable, et que, par suite, on
n'a pas à craindre de sa part qu'un séjour
proloilgé dans une même ville l'attache
par des liens trop nombreux et trop
étroits-à son unique garnison, comme on
a pu le constater jadis pour la Garde im-
périate.
En résumé, nous possédons en France,
à l'heure actuelle, un corps d'armée com-
posé d'éléments précieux, mais qui, en
temps de guerre, serait pratiquement
inutilisable. Il semble qu'il convienne de
le conjpléter, de l'organiser, pour qu'au
jour d; l'agression il puisse contribuer,
commh. tout autre, à la défense du terri-
toire. Aujourd'hui, où l'on nous tient
sous là menace d'une épée qu'on aiguise
et d'une poudre qui sèche, il faut, si cela
devenait nécessaire, que toutes les for-
ces de la nation, sans exception, puissent
se dresser pour prouver à l'Europe que
la Franche est de taille à défendre envers
et contfe tous l'indépendance de sa poli-
tique, aussi bien que l'intégrité de son
territoire.
D^ MIDI A MINUIT
Les faits d'hier- Esa France et à l'étranger.
Le conseil des ministres s'est occupé des
affaires extérieure en cours est des diverses
questions soulevées par la reprise des tra-
vaux parlementaires.
La Ch'atnbre a réélu M. Paul Doumer, pré-
sident, pir voix contre 269 à M. iSar-
Tïen, Tooà les membres sortants du bureau
ont été rcjélns..
Le Sénit a entendu le discours dé son
doyen d'Ape et a décide de commencer, dès
aujourd'hui, ;a validation des élections de
dimanche 'dernier.
Clôture de la Bourse, ferme 3 98 75
Extérieure* 91 55, Russe Consolidé 83 Turc
91 70, Rio'jl,678, Rand Mines 186.
Le ministre' de la marine a adressé au
préfet maritime de Cherbourg ses insirue-
tiens pourra cérémonie, qui doit avoir lieu
dans ce port, de la translation des cendres
de M. Préftntaine. ministre de la marine et
des pêcheries du Canada.
A la suit» de concessions réciproques, un
accord est intervenu outre la Compagnie
houillère des mines de Rochebelle et le syn-
dicat des ouvriers mineurs. Les grévistes
ont repris le travail;
Le congrès des voyageurs de, commerce,
réuni à Toulouse, a tenu sa troisième séàn-
ce. M. Barberet, directeur de la mutualité
au ministère de l'intérieur, a fait une con-
férence.
Le gouvernement du royaume de Prusse
a présenté à la Chambre des députés le bud-
bet pour 1906. Les recettes, équilibrant les
dépenses, s'élèvent à 2 milliards mil-
lions. Le Reichstag a discuté le projet de
réforme financière de l'empire et les projets
de nouveaux impôts.
Les révolutionnaires sont toujours maîtres
des campagnes dans les provinces balti-
ques. L'état de siège a été proclamé Ros-
tolf-sur-le-Don.
Une explosion ayant éclaté il bord d'un
navire chargé d'huile minérale a provoqué
un grave incendie dans le port de Bruges.
L'ambassadeur de France a ou une entre-
vue avec M. Mort, premier ministre d'Es-
pagne, au sujet de la conférence d'Algési-
ras.
Le marquis de Tovar, ambassadeur d'Es-
pagne près le Vatican, est arrivé Madrid,
porteur de la dispense papale autorisant le
mariage de l'infante Marie-Thérèse avec
son cousin.
Le service sanitaire de Melilla a refusé la
libre pratique au vapeur français Zénith,
se rendant à la factorerie de Mar-Chica. Le
gouverneur civil de Cadix est arrivé il
Ceuta, avec mission d'organiser sur le litto-
ral marocain de la Méditerranée une société
de pêcheries qui aurait Ceuta et les autres
possessions espagnoles pour attaches.
Le chef des Indiens Peaux-Rouges de San-
Bla.s a écrit au président de la République
de Panama pour.lui annoncer que sa tribu
se séparait du nouvel Etat. pour se joindre
à la Colombie, le gouvernement de Panama
n'ayant pas tenu ses promesses à l'égard des
Indiens.
PROPOS D'UN PARISIEN
Quels braves gens ces électeurs sénato-
riaux Combien aimables et gentils. Pour ne
pas faire de jaloux, ils ont donné la victoire
tous les parlis.
Si vous avez lu les journaux de couleurs
diverses au lendemain-dû vole, et depuis,
vous avez dû faire' cette consiatalion. Cha-
cun se proclame' heureux et satisfait. Pas de
vaincus, rien que des vainqueurs.
On ne sait pas trop comment l'affaire peut
s'arranger. Chaque parti proclame due le
pays (c'était prévu !) a approuvé sa politique
et condamné celle de ses adversaires.
i De sorte que la joie est générale. Vive la
joie
On peut d'ailleurs expliquer cet heureux
résultat par ce fait- très- simple il n'y a rien
de changé, ou si p'en de chose; que ce n'est
pas la peine d'en parler.
En tout cas, la loi de séparation, qui de-
vait, nous disait-on, jeter les citoyens les
uns contre les autres, troubler le pays, pro-
voquer une agi lai ion profonde, n'a eu au-
curie 'influence sur te vote. Les électeurs
n'ont même pas eu l'air de se douter de son
existence.
Cette première expérience fait prévoir
qu'il en sera de même lorsqu'auront lieu les
élections générales. La séparation, décidé-
ment, laisse le grand public fort indifférent
Ainsi se trouve justifiée cette appréciation
d'un ecclésiastique qui disait « Ce que la loi
a surtout de déplorable, c'est qu'elle va mon-
trer combien peu nous comptons en France. »
Il semble, jusqu'à présent du moins, que
ce prêtre ne se trompait pas. H. HARDUIN.
LA BRIQUE
Comment le R. P. Scheil, candidat à la chaire
d'assyriologie, au Collège de France,
fransforma un- général babylonien
en un roi cite par la Genèse.
Hammorabi, roi de Babylone, n'avait
point de papier à lettre. Il écrivait sur des
briques. C'était la mode en son pays. Trois
lignes de l'écriture d'un homme suffisent,
dit-on, pour faire jeter cet homme au ca-
chot. Trois lignes d'Hammorabi eussent
suffi pour l'assommer.
Or, en une année dont le millésime est
perdu, Hammorabi reçut la nouvelle que
Sin-Idinnam, roi de Larsa, avait vaincu des
ennemis que l'on aime à croire redoutables
et nombreux. Il en ressentit une joie extrê-
me. Mais, comme c'était un souverain plus
généreux que Louis-Philippe, il voulut don-
ner à sa satisfaction une forme matérielle.
Et il délégua vers Sin-Idinnam un de ses
capitaines nommé Inouhsamar, qui lui re-
mettrait en présent les statues des déesses
du pays d'Emoutbal. Pour aviser de cette
largesse le roi de Larsa, Hammorabi écri-
vit ceci, en caractères cunéiformes, sur une
brique pétrie avec le limon du fleuve sacré
« Les déesses du pays d'Emoutbal, comme
prix de ta vaillance, les troupes comman-
dées par Inouhsamar te les porteront en sû-
reté.
Or, parce que Hammorabi traça ces li-
gnes, de la pointe de son stylet, en un soir
de Contentement, voici bien des siècles, le
R. P: Scheil ne montera certainement point
dans la chaire d'assyriologie, au Collège de
Frarice.
En effet, le R. P. Scheil, ayant voulu tra-
duire la lettre d'Hammorabi, a fait un
contresens. Savez-vous comment ce mau-
vais élève a traduit Inouhsamar ? Il l'a tra-
duit Chedorlaomer Avouez qu'il n'y a au-
cune ressemblance entre Inouhsamar et
Chedorlaomer. Du moins je n'en vois point.
Il est vrai que je ne connais pas les langues
assyriennes.
Ayant lu Chedorlaomer, le n. P. Selieil
se rappela qu'au chapitre XIV de la Ge-
nèse il est question d'un certain Kadorlago-
mor, lequel fut vaincu par Abraharn. Et
toul, aussitôt il déclara que ce malheureux
Hammorabi avait parlie de Kadorlagomor.
Vous me direz que Chedorlaomer et Kador-
lagomor ce n'est pas la même chose. Il pa-
ratt que vous vous trompez. Vous ne con-
naissez pas plus que moi les langues, assy-
Donc, le R. P. Scheil traduisait ainsi la
lettre d'Hammorabi
« Je te donne les déesses du pays d'Emout-
bal, comme prix de ta vaillance, au jour de
la défaite de nr
Et il en tirait les conclusions suivantes
Chedorlaomer est cité dans un docu-
ment certains. Or, Chedorlaomer est la
même personne que Kadortagomor. Donc,
Kadorlagornor a existe. Donc la Bible a
raison.
Le malheur vouiut qu'un autre 'assyriolo-
gue, M. Hing, se fit envoyer une photogra-
phie de la brique. Il poussa des cris éper-
dus. II rendit à Inouhsamar ce qui apparte-
nait à Inouhsamar et replongea Chedorlao-
mer dans son néant. Le R. P. Scliéil fut con-
fondu.
On a accusé ce pauvre religieux de solli-
citer les hriques, si j'ose dire, au profit des
livres saints. Je ne sais si telle était sa
noire intention. J'ai fait beaucoup de contre-
sens dans mes versions de jadis. 11 n'y fal-
lait point chercher d'autre raison que ma
coupable ignorance des langues mortes. Et,
si je ne sollicitais pas les textes, c'est qu'eux-
mêmes ne me sollicitaient nullement.
L'élève Scheil a traduit Inouhsamar par
Chedorlaomer. Donc, l'élève Scheil a mal
fait sa version. Donc, l'élève Scheil sera
mis en retenue, au bas de la chaire d'assy-
riologte.
René Bures.
LE "COUP D'AILE"
ET LA CENSURE
Une lettre de M. Dujardin-Beaumetz, sous-
secrétaire d'Etat aux beaux-arts Ce
qu'a répondu M. Antoine..
La censure est morte avec l'année 1905.
Mais si Anastasie a brisé ses ciseaux et
s'apprête h quitter l'appartement qui si long-
temps lui donna asile rue de Valois, l'admi-
nistration des beaux-arts demeure et con-
serve, pour la diriger, un fonctionnaire plein
de tact, M. Dujardin-Beaumetz.' L'aimable
sous-secrétaire d'Etat, sans prétendre le
moins du monde a jouer le rôle d'un des
censeurs qu'il a contribué supprimer, vient
de la cause des auteurs et des direc-
teurs par une heureuse intervention.
M. Dujardin-Beaumetz, ayant pris con-
naissance du manuscrit du Coup d'aile, .de
M. François de Curel, dont la première a
lieu ce soir au théâtre Antoine, crut devoir
écrire, il y a deux jours, à: M. Antoine,' la
lettre suivante
Palais-Royal, le 8 janvier 1906.
Monsieur le directeur,
J'ai lu, avec tout l'intérêt qui s'attache à
l'œuvre d'un écrivain aussi distingué que M.
de Curel, la pièce Le Covv d'aile. En d'autres
temps, l'inspection des théâtres n'eût pas man-
qué de vous présenter certaines observations,
tant sur la donnée même du drame que sur
divers détails qui en accentuent le côté le plus
pénible. Mais, aujourd'hui, les crédits de la
censure se trouvant supprimés au projets de
budget de sans que le Parlement ait en-
core statué définitivement sur cette suppres-
sion, je n'ai pas cru devoir recourir il la forme
habituelle pour demander à l'auteur les atté-
nuations qui me paraissaient nécessaires. Je
me contenterai de signaler à toute votre, atten-
tion les passages où la question toujours dé-
licate du drapeau est mise en jeu, et, au troi-
sième acte notamment, certaines expressions
particulièrement violentes qui seraient de na-
ture froisser les sentiments du public.
Au moment où nous préparons l'expérience
de la liberté du théâtre, vous comprendrez
l'opportunité des réserves que je crois devoir
formuler.
Recevez, monsieur le directeur, l'assurance
de ma considération la plus distinguée.
Dujardin-Beaumetz.
M.; ̃Antoine a. répondu courrier par" cô\ir-
Monsieur le sous-secrétaire d'Etat.'
En vous accusant réception de votre lettre
de ce soir 8 janvier. je m'empresse de vous
faire connaître que, depuis plusieurs jours
déjà, M. François de Curel, au cours des ré-
pétitions de sa pièce. Le Coup d'Aile, avait
pris.toutes les précautions nécessaires pour ne
choquer aucune susceptibilité, même la plus
exagérée.
Je crois pouvoir, de suite, me porter per-
sonnellement garant, près de vous, qu'aucun
incident n'est à craindre.
Je suis d'ailleurs heureux de constater, une'
fois de plus, votre sollicitude envers le théâ-
tre Antoine, ses auteurs et son directeur.
Je vous prie de croire, monsieur le sous-se-
crétaire d'Etat, nion très entier dévouement.
A. ANTOINE.
Voilà comment a été remplacée dans la
circonstance et pourra être avantageuse-
ment remplacée à l'avenir, la tyrannie
aveugle, injuste et brutale de l'antique cen-
sure.
LA MISSION DE M. KOKOVZOFF
A défaut d'un emprunt de 800 millions, l'an-
cien ministre des finances russes en
négocie un de 300.
rjous avons annoncé, la semaine dernière.
que l'ancien ministre des finances de Russie,
M. Kokovzoff, était venu à Paris pour ten-
ter de placer un nouvel emprunt russe de
800 millions de francs, et qu'il n'a point
réussi dans sa tentative.
Mais la Russie a un pressant besoin d'or
pour stabiliser son rouble qui, de 2 66, est
descendu à 2 62. M. Kokovzoff a repris ses
négociations sur des bases moins larges.
uniquement en vue de courir au plus pressé,
c'est-à-dire d'assurer cette stabilisation.
Des négociations sont en cours avec les
représentants de la haute banque parisienne
pour se procurer à cet effet une somme de
300 millions de francs. Il serait remis aux
banques des bons du trésor portant 5
d'intérêt et 2 l 2 1/2 de commission.
Ces bons seraient gagés sur un chemin de
fer qui n'a point encore reçu d'affectation
spéciale. Ils constitueraient, en somme, une
avance sur un prochain emprunt public, it
émettre quand les conditions financières de
la Russie et du murché permettraient cette
opération.
VERS ALGBS1RAS
M. Révoil et les membres de la mission fran-
çaise ont quitté Paris Les délégués des
autres puissances à Madrid.
M. Révoil a quille Paris, hier, par le Sud-
Express. Il était accompagné de MM. Ay-
nard et Chcrisey, secrétaires d'ambassade;
du1 commandant Godet, et de M. Jessé Cu-
relly.
lin salon avait été réserve aux membres
de la mission à la gare du quai d'Orsay.
C'est là que M. Jrtévoil a reçu les félicita-
lions et les sounaits d'heureux voyage que
lui ont adresses plusieurs fonctionnaires du
ministère des affaires étrangères et un grand
nombre d'amis, $
La plupart des plénipotentiaires des diffé-
rentes puissances vont se trouver réunis il
Madrid vers la tin de celte semaine. Ils pren-
dront, le 14, le train spécial mis à leur dis-
position par le gouvernement espagnol.
Sir Arthur Nicholson, délégué de la Gran-
de-Bretagne, arrivera des samedi à Algé-
siras, où il a loué dit l'agence Havas, une
villa au prix de 7,500 francs. Cette villa est
voisine de celle qu'occuperont les délégués
marocains et de la villa » Imosi », destinée
il M. Revoit, et qui est'située au bord de la
rade.
Il n'est pas absolument certain que le plé-
nipotentiaire français occupera sa villa. Il
est possible qu'il descende à l'hôtel Reina-
Christina, où se trouveront presque tous les.
délégués dés -diverses "nations.
LA PRÉSIDENCyyj CHAMBRE
'Réélection de Ma Paul } Doumer
L'élection présidentielle a eu lieu au Palais-Bourbon par
appel nominal M. Paul Doumer a obtenu 287 voix
et M. Sarrien 269, soit 18 voix de majorité.
M. Paul DOUMER
^PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS
La session ordinaire de 1906, qui marque
la fin de la législature actuelle, est ouverte
depuis hier..
Cette première séance a suffi à l'élection,
à la réélection plutôt du bureau définitif. Les
président, vice-présidents, questeurs et se-
crétaires ont été tous réélus.
Tout l'intérêt de la séance résidait dans
félection présidéntielle.
La délégation des gauches ayant en effet,
lundi dernier, décidé de porter M. Sarrien,
président de la Gauche radicale, contre M.
Paul Doumer, cette élection avait amené un
nombre considérable de députés de'tous les,
partis. 5G3 députés chiffre à souligner
ont pris part au scrutin, et M. Paul Doumer
l'a emporté sur M. Sarrien, à 18 voix de ma-
jorité 287 voix contre 2G9.
L'année dernière, à, pareille époque, 511 dé-
putés seulement avaient pris part il l'élec-
tion présidentielle, et M. Paul Doumer avait
été élu par 2G5 voix contre 210 à M. Henri
Brisson.
C'est M. Paul Bourgeois, député monar-
chiste de la Vendée, doyen d'âge, qui préside
la séance.
Ses amis politiques, MM. de Baudry d'As-
son, de Lanjuinais, de La Ferronnays, de Ro-
sambo, viennent le féliciter de sa présidence
d'un jour.
M. P.vur. Bourgeois
Député de là Vendée,, un ries doyens de
la Chambre.
Au bureau prennent place les secrétaires
d'âge, MM. Roblin, Pierre Dûpuy, .Slanislas
de Cùstellane, Léret d-'Aubigny," Dutrcil et
Au banc du gouvernement- sont assis MM.
Etienne. Dubief, Trouillof. Ruau, Dujardin-
Beaumelz.̃
Le discours de fifî. Bourgeois.
Dès, l'ouverture de la séamée, le.s députés
sont très nombreux malgré l'affluenée. très
peu d'agitation. Le silenco se fait il l'audition
du discours du doyen d'âge.
M. Paul Bourgeois, président œûrje. Dieu,
protège la France.
M. de Baudry d'Asson. Bravo,! bravo
L'année commence, bien
M. Paul Bourgeois. président d'ûge. Votre
doyen d'âge, vieux croyant vendéen, n'est-il
pas excusable, il son tour, quand il s'agit
des intérêts vitaux de notre pays, de sa sé-
curité, de sés libertés, de son honneur, de
son drapeau, de répéter encore ces paroles de
l'an passe Dieu protège la France- 1
Autour du berceau de voyez-vous
pas bien dès nuages inquiétants ? Batailles
électorales commencées déjà. Elections pré-
sidentielle, sénatoriales élections des dépu-
tés Dieu veuille qu'il nous soit donné, pour
le plus grand bien de la France, de doubler
sans naufrages et sans trop de périls, ces ter-
ribles caps des tempêtes
Jamais peut-être,' en Europe, en France,
nous n'avions vu tant de visites cordiales
échangées entre souverains et chefs de peu-
ples. La France a soutenu dignement son bon
renom de courtoisie et d'hospitalité chevale-
resque. Nous saluons tous, de tout cœur, ces
rapprochements entre peuples, gage d'en-
tente, de paix que nous souhaitons plus que
jamais.
Soyons tous des amis, des champions ré-
solus de la paix, mais n'oublions pas, ne né-
gligeons pas les patriotiques devoirs de la dé-
fense et les enseignements du passé. On a
fait bien des traductions, dans tous les pays,
dans toutes les langues, de la brutale, mais
prudente maxime du vieux Homain Si vis
vaccm para hélium- Vous voulez la paix,
1 soyez prêts il, la. guerre 1
Des idées néfastes, dissolvantes, qu'on vou-
lait ériger en doctrines ont essayé, dans ces
derniers temps, d'amoindrir dans les âmes,
le sentiment, l'amour, le culte du drapeau et
de la patrie.
Ne provoquons personne. Donnons, chez
nous, l'exemple de la concorde, de la liberté,
de la paix aimons, respectons les autres
peuples,- mais, de grâce, restons Français !• v!
Mes chers collègues, rassnroas-nous Dieu
merci, quoi qu'on en dise, le patriotisme, en
1-rance, n'est pas mort Le jour où la fron-
tière serait menacée, envahie, le jour où le
drapeau serait en péril, la voix de la patrie,
la voix du sang aurait vite couvert chez nous
le bruit des querelles intellectuelles et des
discussions parlementaires, et. ce jour-là, l'a-
gresseur nous trouverait encore tous debout,
serrant nos rangs, unis dans un même senti-
ment, suivant le même drapeau, poussant le
même cri Vive la France 1 »
Cette péroraison est saluée d'applaudis-
semenls unanimes.
La Chambre a à élire son bureau définitif.
Suivant la tactique laquelle s'est arrêtée
la veille la délégation des gauches, M. Mau-
jan demande pour l'élection du président le.
scrutin par appel nominal.
Cette proposition ne rencontre aucune op-
position et la Chambre en décide ainsi à
mains levées.
M. Paul Bourgeois tire au sort les noms.
des scrutateurs et la lettre par laquelle va
commencer le vote. C'est la lettre C qui sr
de l'urne.
C'est M. Cachet, député de l'Orne
monte le premier déposer son bulletin
l'urne, que garde M. Dufreil, le plus
élu de l'Assemblée.'
Une innovation souligner chaqu
tre de l'alphabet se succédant est ar
des deux côtés, de la tribune présiden
c'est une coutume empruntée aux sci
de l'Assemblée nationale, pour l'électit
président de la République.
La lutte- est très .chaude. Tous les m
très '.députés, tous les -députés élus sénate
dimanche dernier prennent part au vote.
M. Paul Doumer, puis M. Sarrien rétio*
dent l'appel de leur nom.. C'est M. Ferdi
nand Buisson qui clôt. le contré-appel néces-
saire a tout scrutin de cette importance.
A quatre heures trois quarts, M. Paul
Bourgeois proclame les résultats
Volants 5G3. Bulletins blancs, 4.
MM.. Paul Doumer 287ELU
Sarrien 269 voix
Il y a eu trois voix perdues qui se sont
portées sur MM. Etienne, Gus'ot-Dessaigne
et Brisson. "̃•'
M. le.président. M. Paul Doumer ayant ol>-
tenu la majorité absolue des suffrages expri-
més, :je le proclame président. (Applaudisse-
ments et mouvements divers.)
SIX CINQ CENTIMES
DERNIERS TÉLÉGRAMMES DE LÀ NUIT
_SEUL JOURNAL F fi AN ÇA I S RE C E VA N t PAR F ILS SPECIAUX t £ S D E R N 1È R E S S NOUVELLES DU MONDE ENTIER
POURQUOI L'ARMÉE FRANÇAISE
K'A-T-ELLE F^S'DE GARDE?
C'est le devoir de tous les bons citoyens
le collaborer à cette œuvrq, qui est leur
oatrimoine commun, et qui s'appelle la
Défense nationale. Cependant.d'aucuns
ont plutôt une tendance, dans la muraille
érigée à grand'peine depuis trente ans,
trfaire des trous au lieu d'y apporter des
pierres d'aucuns signalent, volontiers
le mal sans chercher à y apporter un re-
mède efficace et pratique beaucoup sou-
lèvent les problèmes les plus graves et
n'y indiquent aucune solution.
C'est précisément un de ces remèdes,
C'est une de ces solutions que nous vou-
drions exposer aujourd'hui à cette place.
Est-il besoin de dire que les étoites mys-
térieuses qui figurent au bas de' ces li-
gnes n'ont d'autre but que de conserve
l'anonymat à un des chefs militaires de
t notre armée ? Est-il besoin-, de dujeque
la paternité du projet que nous allons
exposer a obtenu l'adhésion de quelques-
unes des personnalités les plus juste-
ment respectées de notre haut état-major
gknéral ?
xxx
Il s'agit, en substance, de créer au
plus tôt, de reconstituer pour la France
«ne Garde. La-Garde, ce corps d'élite la
Garde, telle qu'elle existait autrefois chez
nous, telle qu'elle existe encore dans
presque toutes les armées européennes,
a été supprimée en France. Nous possé-
dons, à vrai dire, la Garde républicaine
mais son rôle est tout pacifique et ses
instincts n'ont rien de belliqueux.
Pour remplir le rôle dévolu à la Garde,
Il ne saurait être question de distraire
de notre armée l'un des vingt corps qui,
zu jour de la mobilisation, se masse-
raient pour former le bloc compact de
là défense nationale. Mais, en dehors de
ces troupes, qui représentent en quelque
sorte la France armée, nous possédons
un corps qui a son organisation particu-
lière, sa propre autonomie c'est le corps
d'armée des troupes coloniales.
L'armée coloniale constitue, en effet,
la seule armée de métier que nous pos-
sédions,. Recrutée à l'aide d'engagements
volontaires, elle est certaine des senti-'
ments de ses soldats. Eprouvée par les
expéditions lointaines, elle connaît la va-
leur de ses hommes.
Voilà donc une des forces les plus re-
doutables de la nation, un de ses élé-
ments de défense les plus puissants,
ayant fait sa profession de la carrière
des armés, apprenant mieux qu'aucun
autre, en temps de paix, le métier de la
guerre, qui serait voué à l'impuissance
le jour où le pays tout entier se lèverait
contre l'envahisseur. Sommes-nous donc
si riches d'argent et de soldats que nous
ayons le droit de négliger cet élément,
de refuser cette force ?
x*x
Pour utiliser pratiquement l'armée co-
loniale dans la métropole, pour lui per-
mettre de remplir efficacement le rôle de
l'ancienne Garde, il faut lui donner une
organisation plus perfectionnée, un re-
crutement meilleur, une instruction plus
complète.
'L'organisation doit être celle même de
t'un de nos corps d'armée.
Le recrutement serait amélioré par le
fait même que les troupes coloniales,
constituant un corps d'élite, joueraient
un rôle plus important dans la défense
nationale.
Il ne faut pas se dissimuler, en effet,
et c'est le plus grand reproche qui leur
ait été fait, que les troupes coloniales ont
un recrutement détestable. Les chefs
des corps métropolitains refusent natu-
rellement beaucoup plus volontiers les
demandes de permutation de leurs su-
jets d'élite que celles des mauvaises tê-
tes dont ils ne sont pas fâchées de se dé-
barrasser, et l'armée coloniale est trop
souvent obligée d'accepter les borgnes
pour écarter les aveugles. L'autorité su-
périeure, craignant de laisser écrémer,
en quelque sorte, les régiments métropo-
litains, tolère cet état de choses et c'est
ainsi qu'un ancien ministre de la guerre,
paternel et rédempteur, conseillait d'ac-
cepter dans les corps coloniaux les hom-
mes de troupe n'ayant pas trop de con-
damnations. C'est ainsi que l'armée colo-
niale- fait à ses dépens l'expérience d'une
loi de pardon.
Mais, le jour oir ces corps coloniaux
l fermeront les organes vivants de la dé-
fense nationale, le jour où la Garde colo-
niale sera la Garde de la République,
qui donc osera lui adresser des sujets
indignes ? Quel ministre autorisera lets
chefs de cette troupe d'élite à accepter
d'autres hommes que ceux présentant
les meilleures garanties de discipline et
d'aptitudes militaires ?
x
Enfin, en ce qui concerne l'instruc-
tion, le corps d'armée colonial, disposant
ainsi des meilleurs éléments, ayant ses
services et ses effectifs complétées par
une organisation plus rationnelle, pour-
ra s'entraîner à la guerre dans de bonnes
conditions, que jusqu'ici il n'a pu réunir.
JI importerait, bien entendu, pour ren-
dre cette instruction possible, de concen-
trer les tronçons actuellement épars de
l'armée coloniale en un point où ils trou-
veraient des casernements pouvant les
loger, dos terrains leur permettant de
manœuvrer et des voies ferrées assurant
leur transport rapide à la frontière, au
moment de la mobilisation.
Il semble que Paris réunisse cette tri-
ple condition. Et ici nous touchons
l'une des solutions les plus intéressan-
tes qui aient été données à la question
troublante des effectifs de nos troupes de
couverture, question que discutait ici
M. de Lanessan.
Et, tout d'abord, il convient de mettre
en relief l'importance que pourront avoir
dans une. guerre franco-allemande les
premiers engagements sérieux, impor-
tance toute morale, d'ailleurs, mais par
cela même plus particulièremenl, digne
d'attention. Une défaite au début de la
campagne, c'est le spectre des années
malheureuses qui se dresse devant nos
soldats, la Champagne envahie, Paris as-
siégé c'est le prestige de toute l'armée
française atteint par l'échec de ce qu'elle
a de plus cher, de plus glorieux ces ad-
mirables corps de l'Est, qui constituent
la meilleure de nos forteresses. Une vic-
toire au commencement des hostilités, ce
sont, au contraire, les forces morales de
la France décuplées, ce sont les tradi-
tions offensives de nos troupes qui re-
prennent leur vrai sens c'est aussi l'é-
tonnement, la démoralisation du soldat
allemand, auquel on a promis la facile
victoire, auquel on a dit depuis trente-
cinq ans que l'armée de la République
n'est pas mieux préparée à la guerre que
celle de l'Empire.
Comment obtiendrons-nous cette in-
dispensable supériorité numérique du
début ? Notre frontière de l'Est est sur-
chargée de troupes. L$ar. densité est
telle qu'en certains points la population
militaire est plus forte que la population
civile. Au surplus, nous ne pourrions, de
ce côté, augmenter d'un homme nos ef-
fectifs sans qu'aussitôt l'Allemagne ac-
croisse parallèlement ses défenses. Il
est, en effet, une vérité géographique
contre laquelle aucun raisonnement ne
saurait prévaloir la frontière allemande
est mieux que la nôtre jalonnée de vil-
les vastes et nombreuses.
Mais ne peut-on trouver, en arrière de
notre première ligne de défense, des
nœuds de voie ferrée où se concentre-
raient des troupes homogènes, bien'en-
traanées; qui, en quelques jours, pour-
raient être dirigées sur la frontière ?
Si l'on suppose maintenant un ou
deux corps d'armée de troupes colonia-
'les rassemblées à Paris et dans les ou-
vrages qui l'environnent, où ils trouve-
raient le terrain le plus favorable à leur
instruction, on peut se demander si cette
masse d'hommes, fiers de leurs tradi-
tions, déjà pour la plupart aguerris au
feu, jetée à la frontière au début des hos-
tilités, ne suffirait pas à faire pencher la
balance en notre/faveur. En tout cas, il
semble bien certain qu'un insuccès de
troupes coloniales ne saurait avoir sur
désastreuse que provoquerait un échec
subi par les fantassins du 6" ou du 20e
corps.*
La création à Paris d'une garde formée
des seules troupes coloniales rencontre-
ra certainement une violente opposition,
parce qu'elle éveille certaines susceptibi-
lités et qu'elle lèse certains intérêts.
Mais ces intérêts, qui sont ceux, tout in-
dividuels, des trois divisions d'infante-
rie qui, pour\le plus grand bien de leur
instruction, seraient rendues à leurs
corps d'armée, ne sauraient être mis en
parallèle avec les intérêts supérieurs de
la défense nationaze et ces susceptibili-
tés, qui sont celles des gens timorés,
craignant que cette garde nouvelle puis-
se dans l'avenir devenir une arme dan-
gereuse pour la 'réaction, sont chi-
mériques, les cadres des troupes colonia-
les ayant manifestement le recrutement
le plus démocratique de toute l'armée
française.
On pourrait ajouter que l'armée colo-
niale, par ses départs périodiques, par
sa nature même, est essentiellement mo-
bile, et renouvelable, et que, par suite, on
n'a pas à craindre de sa part qu'un séjour
proloilgé dans une même ville l'attache
par des liens trop nombreux et trop
étroits-à son unique garnison, comme on
a pu le constater jadis pour la Garde im-
périate.
En résumé, nous possédons en France,
à l'heure actuelle, un corps d'armée com-
posé d'éléments précieux, mais qui, en
temps de guerre, serait pratiquement
inutilisable. Il semble qu'il convienne de
le conjpléter, de l'organiser, pour qu'au
jour d; l'agression il puisse contribuer,
commh. tout autre, à la défense du terri-
toire. Aujourd'hui, où l'on nous tient
sous là menace d'une épée qu'on aiguise
et d'une poudre qui sèche, il faut, si cela
devenait nécessaire, que toutes les for-
ces de la nation, sans exception, puissent
se dresser pour prouver à l'Europe que
la Franche est de taille à défendre envers
et contfe tous l'indépendance de sa poli-
tique, aussi bien que l'intégrité de son
territoire.
D^ MIDI A MINUIT
Les faits d'hier- Esa France et à l'étranger.
Le conseil des ministres s'est occupé des
affaires extérieure en cours est des diverses
questions soulevées par la reprise des tra-
vaux parlementaires.
La Ch'atnbre a réélu M. Paul Doumer, pré-
sident, pir voix contre 269 à M. iSar-
Tïen, Tooà les membres sortants du bureau
ont été rcjélns..
Le Sénit a entendu le discours dé son
doyen d'Ape et a décide de commencer, dès
aujourd'hui, ;a validation des élections de
dimanche 'dernier.
Clôture de la Bourse, ferme 3 98 75
Extérieure* 91 55, Russe Consolidé 83 Turc
91 70, Rio'jl,678, Rand Mines 186.
Le ministre' de la marine a adressé au
préfet maritime de Cherbourg ses insirue-
tiens pourra cérémonie, qui doit avoir lieu
dans ce port, de la translation des cendres
de M. Préftntaine. ministre de la marine et
des pêcheries du Canada.
A la suit» de concessions réciproques, un
accord est intervenu outre la Compagnie
houillère des mines de Rochebelle et le syn-
dicat des ouvriers mineurs. Les grévistes
ont repris le travail;
Le congrès des voyageurs de, commerce,
réuni à Toulouse, a tenu sa troisième séàn-
ce. M. Barberet, directeur de la mutualité
au ministère de l'intérieur, a fait une con-
férence.
Le gouvernement du royaume de Prusse
a présenté à la Chambre des députés le bud-
bet pour 1906. Les recettes, équilibrant les
dépenses, s'élèvent à 2 milliards mil-
lions. Le Reichstag a discuté le projet de
réforme financière de l'empire et les projets
de nouveaux impôts.
Les révolutionnaires sont toujours maîtres
des campagnes dans les provinces balti-
ques. L'état de siège a été proclamé Ros-
tolf-sur-le-Don.
Une explosion ayant éclaté il bord d'un
navire chargé d'huile minérale a provoqué
un grave incendie dans le port de Bruges.
L'ambassadeur de France a ou une entre-
vue avec M. Mort, premier ministre d'Es-
pagne, au sujet de la conférence d'Algési-
ras.
Le marquis de Tovar, ambassadeur d'Es-
pagne près le Vatican, est arrivé Madrid,
porteur de la dispense papale autorisant le
mariage de l'infante Marie-Thérèse avec
son cousin.
Le service sanitaire de Melilla a refusé la
libre pratique au vapeur français Zénith,
se rendant à la factorerie de Mar-Chica. Le
gouverneur civil de Cadix est arrivé il
Ceuta, avec mission d'organiser sur le litto-
ral marocain de la Méditerranée une société
de pêcheries qui aurait Ceuta et les autres
possessions espagnoles pour attaches.
Le chef des Indiens Peaux-Rouges de San-
Bla.s a écrit au président de la République
de Panama pour.lui annoncer que sa tribu
se séparait du nouvel Etat. pour se joindre
à la Colombie, le gouvernement de Panama
n'ayant pas tenu ses promesses à l'égard des
Indiens.
PROPOS D'UN PARISIEN
Quels braves gens ces électeurs sénato-
riaux Combien aimables et gentils. Pour ne
pas faire de jaloux, ils ont donné la victoire
tous les parlis.
Si vous avez lu les journaux de couleurs
diverses au lendemain-dû vole, et depuis,
vous avez dû faire' cette consiatalion. Cha-
cun se proclame' heureux et satisfait. Pas de
vaincus, rien que des vainqueurs.
On ne sait pas trop comment l'affaire peut
s'arranger. Chaque parti proclame due le
pays (c'était prévu !) a approuvé sa politique
et condamné celle de ses adversaires.
i De sorte que la joie est générale. Vive la
joie
On peut d'ailleurs expliquer cet heureux
résultat par ce fait- très- simple il n'y a rien
de changé, ou si p'en de chose; que ce n'est
pas la peine d'en parler.
En tout cas, la loi de séparation, qui de-
vait, nous disait-on, jeter les citoyens les
uns contre les autres, troubler le pays, pro-
voquer une agi lai ion profonde, n'a eu au-
curie 'influence sur te vote. Les électeurs
n'ont même pas eu l'air de se douter de son
existence.
Cette première expérience fait prévoir
qu'il en sera de même lorsqu'auront lieu les
élections générales. La séparation, décidé-
ment, laisse le grand public fort indifférent
Ainsi se trouve justifiée cette appréciation
d'un ecclésiastique qui disait « Ce que la loi
a surtout de déplorable, c'est qu'elle va mon-
trer combien peu nous comptons en France. »
Il semble, jusqu'à présent du moins, que
ce prêtre ne se trompait pas. H. HARDUIN.
LA BRIQUE
Comment le R. P. Scheil, candidat à la chaire
d'assyriologie, au Collège de France,
fransforma un- général babylonien
en un roi cite par la Genèse.
Hammorabi, roi de Babylone, n'avait
point de papier à lettre. Il écrivait sur des
briques. C'était la mode en son pays. Trois
lignes de l'écriture d'un homme suffisent,
dit-on, pour faire jeter cet homme au ca-
chot. Trois lignes d'Hammorabi eussent
suffi pour l'assommer.
Or, en une année dont le millésime est
perdu, Hammorabi reçut la nouvelle que
Sin-Idinnam, roi de Larsa, avait vaincu des
ennemis que l'on aime à croire redoutables
et nombreux. Il en ressentit une joie extrê-
me. Mais, comme c'était un souverain plus
généreux que Louis-Philippe, il voulut don-
ner à sa satisfaction une forme matérielle.
Et il délégua vers Sin-Idinnam un de ses
capitaines nommé Inouhsamar, qui lui re-
mettrait en présent les statues des déesses
du pays d'Emoutbal. Pour aviser de cette
largesse le roi de Larsa, Hammorabi écri-
vit ceci, en caractères cunéiformes, sur une
brique pétrie avec le limon du fleuve sacré
« Les déesses du pays d'Emoutbal, comme
prix de ta vaillance, les troupes comman-
dées par Inouhsamar te les porteront en sû-
reté.
Or, parce que Hammorabi traça ces li-
gnes, de la pointe de son stylet, en un soir
de Contentement, voici bien des siècles, le
R. P: Scheil ne montera certainement point
dans la chaire d'assyriologie, au Collège de
Frarice.
En effet, le R. P. Scheil, ayant voulu tra-
duire la lettre d'Hammorabi, a fait un
contresens. Savez-vous comment ce mau-
vais élève a traduit Inouhsamar ? Il l'a tra-
duit Chedorlaomer Avouez qu'il n'y a au-
cune ressemblance entre Inouhsamar et
Chedorlaomer. Du moins je n'en vois point.
Il est vrai que je ne connais pas les langues
assyriennes.
Ayant lu Chedorlaomer, le n. P. Selieil
se rappela qu'au chapitre XIV de la Ge-
nèse il est question d'un certain Kadorlago-
mor, lequel fut vaincu par Abraharn. Et
toul, aussitôt il déclara que ce malheureux
Hammorabi avait parlie de Kadorlagomor.
Vous me direz que Chedorlaomer et Kador-
lagomor ce n'est pas la même chose. Il pa-
ratt que vous vous trompez. Vous ne con-
naissez pas plus que moi les langues, assy-
Donc, le R. P. Scheil traduisait ainsi la
lettre d'Hammorabi
« Je te donne les déesses du pays d'Emout-
bal, comme prix de ta vaillance, au jour de
la défaite de nr
Et il en tirait les conclusions suivantes
Chedorlaomer est cité dans un docu-
ment certains. Or, Chedorlaomer est la
même personne que Kadortagomor. Donc,
Kadorlagornor a existe. Donc la Bible a
raison.
Le malheur vouiut qu'un autre 'assyriolo-
gue, M. Hing, se fit envoyer une photogra-
phie de la brique. Il poussa des cris éper-
dus. II rendit à Inouhsamar ce qui apparte-
nait à Inouhsamar et replongea Chedorlao-
mer dans son néant. Le R. P. Scliéil fut con-
fondu.
On a accusé ce pauvre religieux de solli-
citer les hriques, si j'ose dire, au profit des
livres saints. Je ne sais si telle était sa
noire intention. J'ai fait beaucoup de contre-
sens dans mes versions de jadis. 11 n'y fal-
lait point chercher d'autre raison que ma
coupable ignorance des langues mortes. Et,
si je ne sollicitais pas les textes, c'est qu'eux-
mêmes ne me sollicitaient nullement.
L'élève Scheil a traduit Inouhsamar par
Chedorlaomer. Donc, l'élève Scheil a mal
fait sa version. Donc, l'élève Scheil sera
mis en retenue, au bas de la chaire d'assy-
riologte.
René Bures.
LE "COUP D'AILE"
ET LA CENSURE
Une lettre de M. Dujardin-Beaumetz, sous-
secrétaire d'Etat aux beaux-arts Ce
qu'a répondu M. Antoine..
La censure est morte avec l'année 1905.
Mais si Anastasie a brisé ses ciseaux et
s'apprête h quitter l'appartement qui si long-
temps lui donna asile rue de Valois, l'admi-
nistration des beaux-arts demeure et con-
serve, pour la diriger, un fonctionnaire plein
de tact, M. Dujardin-Beaumetz.' L'aimable
sous-secrétaire d'Etat, sans prétendre le
moins du monde a jouer le rôle d'un des
censeurs qu'il a contribué supprimer, vient
de la cause des auteurs et des direc-
teurs par une heureuse intervention.
M. Dujardin-Beaumetz, ayant pris con-
naissance du manuscrit du Coup d'aile, .de
M. François de Curel, dont la première a
lieu ce soir au théâtre Antoine, crut devoir
écrire, il y a deux jours, à: M. Antoine,' la
lettre suivante
Palais-Royal, le 8 janvier 1906.
Monsieur le directeur,
J'ai lu, avec tout l'intérêt qui s'attache à
l'œuvre d'un écrivain aussi distingué que M.
de Curel, la pièce Le Covv d'aile. En d'autres
temps, l'inspection des théâtres n'eût pas man-
qué de vous présenter certaines observations,
tant sur la donnée même du drame que sur
divers détails qui en accentuent le côté le plus
pénible. Mais, aujourd'hui, les crédits de la
censure se trouvant supprimés au projets de
budget de sans que le Parlement ait en-
core statué définitivement sur cette suppres-
sion, je n'ai pas cru devoir recourir il la forme
habituelle pour demander à l'auteur les atté-
nuations qui me paraissaient nécessaires. Je
me contenterai de signaler à toute votre, atten-
tion les passages où la question toujours dé-
licate du drapeau est mise en jeu, et, au troi-
sième acte notamment, certaines expressions
particulièrement violentes qui seraient de na-
ture froisser les sentiments du public.
Au moment où nous préparons l'expérience
de la liberté du théâtre, vous comprendrez
l'opportunité des réserves que je crois devoir
formuler.
Recevez, monsieur le directeur, l'assurance
de ma considération la plus distinguée.
Dujardin-Beaumetz.
M.; ̃Antoine a. répondu courrier par" cô\ir-
Monsieur le sous-secrétaire d'Etat.'
En vous accusant réception de votre lettre
de ce soir 8 janvier. je m'empresse de vous
faire connaître que, depuis plusieurs jours
déjà, M. François de Curel, au cours des ré-
pétitions de sa pièce. Le Coup d'Aile, avait
pris.toutes les précautions nécessaires pour ne
choquer aucune susceptibilité, même la plus
exagérée.
Je crois pouvoir, de suite, me porter per-
sonnellement garant, près de vous, qu'aucun
incident n'est à craindre.
Je suis d'ailleurs heureux de constater, une'
fois de plus, votre sollicitude envers le théâ-
tre Antoine, ses auteurs et son directeur.
Je vous prie de croire, monsieur le sous-se-
crétaire d'Etat, nion très entier dévouement.
A. ANTOINE.
Voilà comment a été remplacée dans la
circonstance et pourra être avantageuse-
ment remplacée à l'avenir, la tyrannie
aveugle, injuste et brutale de l'antique cen-
sure.
LA MISSION DE M. KOKOVZOFF
A défaut d'un emprunt de 800 millions, l'an-
cien ministre des finances russes en
négocie un de 300.
rjous avons annoncé, la semaine dernière.
que l'ancien ministre des finances de Russie,
M. Kokovzoff, était venu à Paris pour ten-
ter de placer un nouvel emprunt russe de
800 millions de francs, et qu'il n'a point
réussi dans sa tentative.
Mais la Russie a un pressant besoin d'or
pour stabiliser son rouble qui, de 2 66, est
descendu à 2 62. M. Kokovzoff a repris ses
négociations sur des bases moins larges.
uniquement en vue de courir au plus pressé,
c'est-à-dire d'assurer cette stabilisation.
Des négociations sont en cours avec les
représentants de la haute banque parisienne
pour se procurer à cet effet une somme de
300 millions de francs. Il serait remis aux
banques des bons du trésor portant 5
d'intérêt et 2 l 2 1/2 de commission.
Ces bons seraient gagés sur un chemin de
fer qui n'a point encore reçu d'affectation
spéciale. Ils constitueraient, en somme, une
avance sur un prochain emprunt public, it
émettre quand les conditions financières de
la Russie et du murché permettraient cette
opération.
VERS ALGBS1RAS
M. Révoil et les membres de la mission fran-
çaise ont quitté Paris Les délégués des
autres puissances à Madrid.
M. Révoil a quille Paris, hier, par le Sud-
Express. Il était accompagné de MM. Ay-
nard et Chcrisey, secrétaires d'ambassade;
du1 commandant Godet, et de M. Jessé Cu-
relly.
lin salon avait été réserve aux membres
de la mission à la gare du quai d'Orsay.
C'est là que M. Jrtévoil a reçu les félicita-
lions et les sounaits d'heureux voyage que
lui ont adresses plusieurs fonctionnaires du
ministère des affaires étrangères et un grand
nombre d'amis, $
La plupart des plénipotentiaires des diffé-
rentes puissances vont se trouver réunis il
Madrid vers la tin de celte semaine. Ils pren-
dront, le 14, le train spécial mis à leur dis-
position par le gouvernement espagnol.
Sir Arthur Nicholson, délégué de la Gran-
de-Bretagne, arrivera des samedi à Algé-
siras, où il a loué dit l'agence Havas, une
villa au prix de 7,500 francs. Cette villa est
voisine de celle qu'occuperont les délégués
marocains et de la villa » Imosi », destinée
il M. Revoit, et qui est'située au bord de la
rade.
Il n'est pas absolument certain que le plé-
nipotentiaire français occupera sa villa. Il
est possible qu'il descende à l'hôtel Reina-
Christina, où se trouveront presque tous les.
délégués dés -diverses "nations.
LA PRÉSIDENCyyj CHAMBRE
'Réélection de Ma Paul } Doumer
L'élection présidentielle a eu lieu au Palais-Bourbon par
appel nominal M. Paul Doumer a obtenu 287 voix
et M. Sarrien 269, soit 18 voix de majorité.
M. Paul DOUMER
^PRÉSIDENT DE LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS
La session ordinaire de 1906, qui marque
la fin de la législature actuelle, est ouverte
depuis hier..
Cette première séance a suffi à l'élection,
à la réélection plutôt du bureau définitif. Les
président, vice-présidents, questeurs et se-
crétaires ont été tous réélus.
Tout l'intérêt de la séance résidait dans
félection présidéntielle.
La délégation des gauches ayant en effet,
lundi dernier, décidé de porter M. Sarrien,
président de la Gauche radicale, contre M.
Paul Doumer, cette élection avait amené un
nombre considérable de députés de'tous les,
partis. 5G3 députés chiffre à souligner
ont pris part au scrutin, et M. Paul Doumer
l'a emporté sur M. Sarrien, à 18 voix de ma-
jorité 287 voix contre 2G9.
L'année dernière, à, pareille époque, 511 dé-
putés seulement avaient pris part il l'élec-
tion présidentielle, et M. Paul Doumer avait
été élu par 2G5 voix contre 210 à M. Henri
Brisson.
C'est M. Paul Bourgeois, député monar-
chiste de la Vendée, doyen d'âge, qui préside
la séance.
Ses amis politiques, MM. de Baudry d'As-
son, de Lanjuinais, de La Ferronnays, de Ro-
sambo, viennent le féliciter de sa présidence
d'un jour.
M. P.vur. Bourgeois
Député de là Vendée,, un ries doyens de
la Chambre.
Au bureau prennent place les secrétaires
d'âge, MM. Roblin, Pierre Dûpuy, .Slanislas
de Cùstellane, Léret d-'Aubigny," Dutrcil et
Au banc du gouvernement- sont assis MM.
Etienne. Dubief, Trouillof. Ruau, Dujardin-
Beaumelz.̃
Le discours de fifî. Bourgeois.
Dès, l'ouverture de la séamée, le.s députés
sont très nombreux malgré l'affluenée. très
peu d'agitation. Le silenco se fait il l'audition
du discours du doyen d'âge.
M. Paul Bourgeois, président œûrje. Dieu,
protège la France.
M. de Baudry d'Asson. Bravo,! bravo
L'année commence, bien
M. Paul Bourgeois. président d'ûge. Votre
doyen d'âge, vieux croyant vendéen, n'est-il
pas excusable, il son tour, quand il s'agit
des intérêts vitaux de notre pays, de sa sé-
curité, de sés libertés, de son honneur, de
son drapeau, de répéter encore ces paroles de
l'an passe Dieu protège la France- 1
Autour du berceau de voyez-vous
pas bien dès nuages inquiétants ? Batailles
électorales commencées déjà. Elections pré-
sidentielle, sénatoriales élections des dépu-
tés Dieu veuille qu'il nous soit donné, pour
le plus grand bien de la France, de doubler
sans naufrages et sans trop de périls, ces ter-
ribles caps des tempêtes
Jamais peut-être,' en Europe, en France,
nous n'avions vu tant de visites cordiales
échangées entre souverains et chefs de peu-
ples. La France a soutenu dignement son bon
renom de courtoisie et d'hospitalité chevale-
resque. Nous saluons tous, de tout cœur, ces
rapprochements entre peuples, gage d'en-
tente, de paix que nous souhaitons plus que
jamais.
Soyons tous des amis, des champions ré-
solus de la paix, mais n'oublions pas, ne né-
gligeons pas les patriotiques devoirs de la dé-
fense et les enseignements du passé. On a
fait bien des traductions, dans tous les pays,
dans toutes les langues, de la brutale, mais
prudente maxime du vieux Homain Si vis
vaccm para hélium- Vous voulez la paix,
1 soyez prêts il, la. guerre 1
Des idées néfastes, dissolvantes, qu'on vou-
lait ériger en doctrines ont essayé, dans ces
derniers temps, d'amoindrir dans les âmes,
le sentiment, l'amour, le culte du drapeau et
de la patrie.
Ne provoquons personne. Donnons, chez
nous, l'exemple de la concorde, de la liberté,
de la paix aimons, respectons les autres
peuples,- mais, de grâce, restons Français !• v!
Mes chers collègues, rassnroas-nous Dieu
merci, quoi qu'on en dise, le patriotisme, en
1-rance, n'est pas mort Le jour où la fron-
tière serait menacée, envahie, le jour où le
drapeau serait en péril, la voix de la patrie,
la voix du sang aurait vite couvert chez nous
le bruit des querelles intellectuelles et des
discussions parlementaires, et. ce jour-là, l'a-
gresseur nous trouverait encore tous debout,
serrant nos rangs, unis dans un même senti-
ment, suivant le même drapeau, poussant le
même cri Vive la France 1 »
Cette péroraison est saluée d'applaudis-
semenls unanimes.
La Chambre a à élire son bureau définitif.
Suivant la tactique laquelle s'est arrêtée
la veille la délégation des gauches, M. Mau-
jan demande pour l'élection du président le.
scrutin par appel nominal.
Cette proposition ne rencontre aucune op-
position et la Chambre en décide ainsi à
mains levées.
M. Paul Bourgeois tire au sort les noms.
des scrutateurs et la lettre par laquelle va
commencer le vote. C'est la lettre C qui sr
de l'urne.
C'est M. Cachet, député de l'Orne
monte le premier déposer son bulletin
l'urne, que garde M. Dufreil, le plus
élu de l'Assemblée.'
Une innovation souligner chaqu
tre de l'alphabet se succédant est ar
des deux côtés, de la tribune présiden
c'est une coutume empruntée aux sci
de l'Assemblée nationale, pour l'électit
président de la République.
La lutte- est très .chaude. Tous les m
très '.députés, tous les -députés élus sénate
dimanche dernier prennent part au vote.
M. Paul Doumer, puis M. Sarrien rétio*
dent l'appel de leur nom.. C'est M. Ferdi
nand Buisson qui clôt. le contré-appel néces-
saire a tout scrutin de cette importance.
A quatre heures trois quarts, M. Paul
Bourgeois proclame les résultats
Volants 5G3. Bulletins blancs, 4.
MM.. Paul Doumer 287ELU
Sarrien 269 voix
Il y a eu trois voix perdues qui se sont
portées sur MM. Etienne, Gus'ot-Dessaigne
et Brisson. "̃•'
M. le.président. M. Paul Doumer ayant ol>-
tenu la majorité absolue des suffrages expri-
més, :je le proclame président. (Applaudisse-
ments et mouvements divers.)
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