Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-10-13
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 octobre 1905 13 octobre 1905
Description : 1905/10/13 (Numéro 7901). 1905/10/13 (Numéro 7901).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2008
13 10-05
A TRAVERS PARIS
Antimilitaristes. M. Flory a interrogé
hier trois des signataires de l'affiché de t'A.
l, A. Dubéros, secrétaire de l'Union des
syndicats de la Seine Chauvin et Félicie
Numieska.
Les inculpés étaient assistés de M6 Lévy-
Oulmann. Ils ont déclaré que c'était en
'pleine connaissance de cause qu'ils avaient
signé l' « Appel aux conscrits n, dont ils ap-
'prouvent sans restriction les termes et l'es-
prit.
Les. amours malheureuses d'Azêma.
Dans une grande maison dé l'avenue de
Neuilly, Mlle Azéma Heurtier, arrivée à Pa-
ris, d'Açzin, sa ville natale, depuis tantôt
dix-huit mois, était entrée en qualité de cui-
sinière. Au feu de ses fourneaux, son cœur
n'avait pas tardé à s'enflammer. Et ce fut un
séduisant garçon boucher, Charles Journet,
fournisseur de la maison, qui recueillit le blé-
néfice de ces tendres dispositions,
Suivant l'usage, Charles Journet, dès les
premiers jours, n'avait point manqué de te-
nir à la cuisinière quelques propos aima-
bles. La sensible Azéma accueillit favorable-
ment ses déclarations. Mais elle désirait s'é-
tablir. Elle avait quelque argent de côté, lui
confia-t-elle. Acquérir un petit fonds de com-
merce était l'objet de ses désirs. Et comme
une faible femme ne peut guère mener seule
à bonne fin un semblable entreprise, elle
ajouta en rougissant que s'il voulait deman-
der sa main, elle était toute prête à la lui
accorder.
Charles Journet accepta avec empresse-
ment. Il fut admis à faire officiellement sa
cour, et les deux fiancés s'occupèrent im-
médiatement des détails de leur installation
prochaine. Les bans furent publiés. Azéma
donna congé à ses maîtres.' Elle se fit en-
voyer des meubles d'Anzin, et retint, a son
nom, un petit appartement, rue d'Armaillé.
Cependant la future Mme Journet n'avait
pas hésité à confier à son fiancé une partie
de ses économies, 1,600 francs environ. Car
il y a bien des acquisitions à faire lorsqu'on
entre en ménage. Et quand ses meubles :'ar»
rivèrent en gare, ce fut le garçon bouclier
qui se chargea d'aller les retirer et d'en sur-
Journet sa rendit bien a la, gare du Nord.
Mais, hélas il n'en revint plus. Et avec lui
disparurent l'argent de la cuisinière et ses
meubles, Et voici l'infortunée Azéma sans
plaçe, sans mari, sans ressources, 'locataire
bien malgré elle d'un appartement vide,
avec, pour toute consolation, l'espoir ineer?
tain, que la police arrivera à mettre un jour
la main sur l'infidèle objet de sa flamme.
Le méfiant docteur. Le docteur Wilson,
fl'Auckland (Nouvelle-Zélande), actuellement
de passage à Paris, faisait connaissance il y
a quelque temps, dans un café des boule-
vards, de quatre gentlemen se disant gros
propriétaire terriens dans le comté de Cor-
Sir Horace Groder et les honorables Frank
Moran, Peter Helmich, et Cornélius Petyt,
eurent vite fait, par leurs bonnes manières,
et leur jovialité, de conquérir absolument M.
iWilson. Pendant une grande sempine les
cinq hommes menèrent ensemble joyeuse
Un jour, air Horace Groder dit au méde-
tin
J'ai un frère, plus AgA que moi de, quel-
ques années, qui partit il y a déjà longtemps,
pour la Nouvelle-Zélande. Il ne me donna ja-
mais de ses nouvelles, mais voici deux mois
pn m'a dit qu'il était mort riche et sans hé-
ritiers. Vous êtes sur le point de repartir là-
bas. Quand vous serez de retour chez vous,
soyez donc assez aimable de vous informer
de mon parent.
Mais bien volontiers, répliqua le doc-
teur. ̃ ̃
Comme cela vous occasionnera des
frais, dit encore sir Horace Groder, je m'en-
gage à vous remettre 1,500 livres sterling à
titre de. dédommagement et de reconnais-
M. Wilson admira la générosité de son
noble ami, qui lui remit un écrit en bonne et
due forme, par lequel il promettait de verser
la somme convenue dès qu'il aurait reçu les
renseignements qu'il sollicitait.
Cette importante affaire réglée, déclara
sir Horace Groder, à plus tard les soucis
Jouissons de l'heure présente et amusons-
nous Il nous resté quelques jours à passer
à Paris, faisons bien les choses, et pour ce-
la, je .vous propose de mettre en commun
tout l'argent qui nous reste, moins la somme
nécessaire pour le retour. Moi, je m'inscris
pour 3,000 francs
Et moi pour 2,000, dit le docteur. les,
honorables Cornélius Petyt, Frank Moran,
et Peter Helmick, approuvèrent grandement
le projet de leur ami Groder, et promirent
également de verser à la caisse commune un
total de 3,500 francs
Il fut convenu que le lendemain soir on se
retrouverait dans une brasserie de Mont-
martre. C'est- là que chacun remettrait sa
quote-part à sir Horace Groder, choisi com-
me trésorier.
Après quoi on se sépara
Demeuré seul, le docteur Wilson réfléchit
'il. l'extraordinaire proposition du gentleman-
farmer. Et il se dit que ses compagnons
pourraient bien n'être que des escrocs. Aus-
si, dès le lendemain matin se rendit-il à la
-Sûreté, où il fit part de ses soupçons à M.
Celui-ci lui conseilla d'être exact au ren-
flez-vous.
A six heures, M. Wilson avait rejoint ses
Compagnons.
ii Fair play Il s'écria sir Horace Gro-
ïer, voici ma part, et il mit sur la table trois
billets de banque.
Et voici notre argent, dirent les quatre
autres.
Sir Horace avançait la main pour rafler
les banknotes, quand un consommateur at-
tablé près de lui, lui passa prestement les
menottes, cependant que trois joueurs de
manille pratiquaient la même opération sur
les honorables Cornélius Petyt, Frank Mo- 1
ran et Peter Helmich.
Mis à la disposition de M. le juge d'ins-
truction Barat, les quatre complices ont été
FEUILLETON DU MATIN »
DU 13 OCTOBRE 1905
MORT DU VIVANT
NOUVELLE
Par MARK TWAIN
Traduction Inédite en Prmcd
Je passais le mois de mars 1892 à Men-
ton, sur le littoral de la rivière de Gênes.
.pans cet endroit retiré et dans une solitude
relative, on jouit de tous les avantages qu'à
quelques kilomètres de là offrent Nice et
Monte-Carlo, au milieu de leur foule cosmo-
.polite. On y a le même soleil, le même air
balsamique, la même mer bleue, à l'abri du
coudoiement, du bruit, des embarras de ses
semblables. Menton est une petite ville tran-
quille, simple, reposante, sans prétention.
Les gens riches et fastueux n'y viennent
pas. Ils n'y viennent pas d'ordinaire, veux-je
dire car on y en rencontre parfois quel-
ques-uns et, précisément, j'avais fait la con-
naissance de l'un d'eux. Pour ne pas trahir
son nom, je rappellerai simplement Smith.
Un jour donc, pendant que nous déjeunions
*à l'hôtel des Anglais, il ane dit tout à coup
Vite. Regardez cet homme qui sort
-d'ici. Rappelez-vous bien ses traits.
• Pfrtirniini. Savez-vous oui c'est ?
interrogés hier.assistéfs de M0 Emile Destrez.
Leur système de défense est assez ingé-
nieux,
Nous ne sommés pas des voleurs à
l' américaine », ont-ils dit, mais bien des
rabatteurs à la solde de bookmakers anglais
chez lesquels nous amenons des compa-
triotes. Nous touchons une commission sur
les sommes qu'ils jouent. Nous avons ainsi
voulu Il rabattre le docteur Wilson, mais
nous n'étions pas sûrs qu'il eût de l'argent,
aussi nous avons eu-recours à un strata-
gèmc pour le savoir.
D'autre part, l'avocat a soutenu que l'in-
culpation ne « tenait u point en droit, je de-
lit n'ayant pas reçu de commencement
d'exécution.
Il est, en effet, établi qu'aucun des incul-
pés n'a môme touché du bout des doigts les
billets de banque du docteur, et l'intention
frauduleuse semble bien difficile 4 établir
PETITS FAITS-DIVERS
En présence de M". Emile Destrez, M. le
juge d'instruction Albanel a interrogé hier
Hicky, cet Anglais qui, dernièrement, blessa
d'un coup de revolver la tenancière d'une
maison spéciale de la rue Taitbout. Hicky a,
prétendu qu'il avait tiré sans viser et que
c'est à un ricochet malheureux que la victime
doit d'avoir été atteinte. M. Gastine-Rennette,
expert, a été chargé par le juge d'examiner
le bien-fondé de cette affirmation.
<– Un incendie, qui a pris immédiatement
d'inquiétantes proportions, s'est déclaré, hier
matin, passage Saint-Sébastien, dans les atei
liers de M. Clément, marbrier. Les pompiers
de la. caserne de Château-Landon s'empres-
sèrent de combattre le.feu qui fut, d'ailleurs,
assez promptement éteint. Un accident s'est
toutefois produit. Le sapeur Arpin, serré con-
tre un mur par la roue d'une pompe, fut très
grièvement blessé, et dut être transporté au
Val-de-Grâce.
t- Un employé du gaz, Joseph Pedro, de-
meurant rue de l'Amiral-Roussin, est mort su-
bitement hier pendant son travail. Certaines
circonstances de la mort ayant paru légitime
une enquête que réclama d'ailleurs sa famille,'
M. ÇceuJlJe, commissaire de police, a fait en-
voyer corps à la Morgqe aux uns. d'autop-
sie.
̃*=-& cheval d'une voiture appartenant à
Chaix, ayant fait un brusque écart, boulevard
de CouFcelles, le cocher, Paul eëlestin, fut
projeté contre un candélabre à güz qui fut à
moitié descellé par le e|ioc. Paul Çélestin, le
crâne fendu, à été transporté à l'hôpital I3eau-
̃^ Ç'ftpçor-d avec M. le préfet de police, une
mesure bienveillante a été prise par le syndic
des agents de change à l'égard-de Mmé Adol-
Plie Meliot, directrice d'un journal financier,!
dont nous avons raconté hjer la.mésaventure
à la bourse des valeurs. Dorénavant, pour fa-
ciliter sa mission, la journaliste financière
pourra stationner dans la grande salle de
transaction, dite de la « Corbeille ».
A LA LIGUE DES PATRIOTES
Une réunion des chefs de groupes L'o-
rientation de la ligue dans la politique
extérieure de la France.
Les chefs, de- groupes et commissions de-'
la Ligue des patriotes ont tenu, hier soir,
leur réunion ordinaire dans un établisse-
ment de la rue du Louvre.
M, Marcel Habert, présidait, entouré dq
MM. Galli, Le Menuet, Barillier, Tournade,
¡.'oursin, Poirier de Narçay et Lagache.
Le but de la réunion était de déterminer
d'une façon précise l'orientation de la ligue
dans la politique extérieure de la Franco
Plusieurs discours ont été prononcés, no<
tamment par MM. Galli et Marcel Habert,
qui se sont appliqués à montrer les dangers
du pangermanisme et les raisons d'intérêts
qui doivent pousser la France vers l'Angle-
terre,
La liste des orateurs épuisée, l'ordre du
jour suivant a été adopté, d'enthousiasme, à,
l'unanimité
Les membres des bureaux et commissaires
de la Ligue des patriotes1, réunis salle des Né-
gociants,, après avoir entendu Marcel Habert,
Henri Galli, vice-présidents de la Ligue des
patriotes, ̃ ̃•'• LJ • i v
Approuvent les groupes de la Jeunesse adhé-
rents à la ligue, qui ont organisé avec le plus
grand succès, à l'occasion du départ de la
classe de nombreuses réunions publiques con-
tre 'les ennemis intérieurs de l'armée nationale
et de la patrie
Ils se félicitent avec leur président, Paul
Dwoulède, de voir la même protestation s'éle-
ver dans l'immense majorité de la France,
sans distinction de parti, contre les projets
d'une alliance franco-allemande
Ils rappellent comment Guillaume II, après
avoir traîtreusement poussé la République du
Transvaal à la guerre, l'abandonna et refusa
même de recevoir le président Krüger
Ils constatent qu'une seule nation, conqué-
rante et la plus militaire de toutes, l'Allema·
gne, menace la paix et la liberté de l'Europe
par ses prétentions il, l'hégémonie, et que l'ac-
cord des puissancas, résolues 'à ne pas la subir
et à réduire le kaiser isolé à l'impuissance,
est la meilleure garantio de cette paix
Ils engagent donc les conseillers munici-
paux de Paris appartenant à la Ligue des pa-
triotes à répondre à l'appel du conseil muni-
cipal de Londres et à affirmer ainsi les senti.
ments qui unissent les deux grandes nations,
également jalouses de leur indépendance
L'honneur du pays, l'intérêt du travail et
des travailleurs français commandent au gou-
vernement de la République de s'opposer au:
triomphe de la suprématie en Europe d'un
empire germanique, oppresseur.
Vive la France
Vive r Alsace-Lorraine française 1
Vive la Républiqüe 1
Avant de lever la séance, M. Marcel Ha-
bert évoque le souvenir aimé du chef de la
ligue, qu une noble sentiment de fierté re-
tient encore sur la terre d'exil. C'est vour
lui une occasion nouvelle de rendre hom-
mage au niatioa, pour son attitude à l'égard
do Paul Déroulède.
Si je n'ai pas de termes assez énergi-
ques, pour flétrir la lâcheté par-
lementaire qui fit échouer le projet d'amnis-
Lie, j'ai à coeur de rendre un hommage pu-
blie à celui de nos journaux républicains
lui prit la généreuse initiative de plaider en
faveur du grand, proscrit. Je lui adresse ici,
tant en mon nom personnel qu'en celui de
la ligue, les remerciements chaleureux aux-
quels il a droit.
Ces paroles, prononcées d'une voix vi·
branle, soulevèrent une ovation prolongée.
Oui. Il était ici depuis plusieurs jours
quand vous êtes arrivé. C'est un vieux fa-
bricant de soie de Lyon, retiré et très riche,
li ce qu'on dit. Et je présume qu'il doit être
seul au monde, car il paraît toujours triste
et rêveur et ne parle personne. Il s'appelle
Théophile Magnan.
Je supposais que Smith allait m'expliquer,
maintenant, l'intérêt qu'il semblait prendre
4 ce M. Magnan, mais au lieu de cela,
il tomba dans une profonde rêverie et parut
penddnt quelques minutes m'oublier, moi et
l'univers entier. De temps en temps il pas-
sait la main dans sa chevelure argentée,
comme pour aider il sa pensée et laissait
refroidir son déjeuner. Enfin il me dit
Non, décidément, je l'ai oublié.
Mais quoi Qu'est-ce que c'est que
vous ne pouvez pas vous rappeler ?
C'est un de ces délicieux petits contes
de Hans Andersen. Je ne m'en souviens
plus. C'était quelque chose comme ceci un
entant avait dans une cage un oiseau qu'il
chérissait, mais qu'il négligeait étourdiment.
L'oiseau chantait sans qu'il l'entendit et sans
qu'il s'en aperçût. La faim et la soif finirent'
par venir à bout de la pauvre petite créatu-
re son chant devint faible et plaintif et, fina-
lemë.nt, l'oiseau mourut. L'enfant sentit spn
cœur Dourrelé de remords, versa des tor-
rents de j'ormes et appela ses compagnons.
Ils ensevelirent l'oiseau avec pompe et d'a-
mers regrets, ne sachant pas, les pauvres
petits, qu'il n'y a pas que les enfants qui
laissent mourir de faim les poètes pour leur
faire ensuite de magnifiques funérailles et
leur élever des monuments dont le prix au-
rait suffi pour soutenir leur existence et les:
rendre heureux. A.présent.
Mais ici nous fûmes interrompus. Ce soir-
la même, vers les dix heures, je rencontrai
Smith, et il m'invita A monter au salon pour
fnmer avec lui et boire un grog, C'était un
DEUX URBANISA TÏONS OUVRIÈRES
EXPULSEES DE LA BOUBSE DU TRAVAIL
LA BOURSE DU TRAVAIL A PARIS
Un gros événement a marqué la journée
d'hier, il. la Bourse du travail. La Confédé-
ration générale du travail et la Fédération
des Bourses se sont vu notifier leur exclu.
sion de l'immeuble1 de la Bourse.
Rappelons brièvement les incidente qui
ont précédé cette mesure. Un conflit suscite
par le vote et l'application du nouveau règle-
ment qui régit la Bourse du travail, existait
à l'état latent, depuis le mois de septembre
dernier, entre la Confédération générale du
travail et la préfecture de la Seine, proprié-
taire de la Bourse.
La Confédération générale du travail
comme on le sait se divise en deux sec-
tions la section des Bourses et la: section
des fédérations. La première a comme se.
crétaire M. Yvetot, et la seconde M. Grif-
fuehle. La..Voix -du Peuple, organe de la
Confédération, a pour secrétaire .M. Poucet»
Les actions de ces deux groupements, bien
M. Yvetot
Secrétaire de la Confédération générale du travall
(section des Bourses)
L'un im-
primé une direction générale et uniforme
aux Bourses de France, d'Algérie et des co-
lonies. L'autre établit un lien commun entre
toutes les fédérations de métier ou d'indus-
trie, et par leur entremise, entre les syndi-
cats.
M. Poucet
Secrétaire de la Voix du Yeuple, organe 'de 'la
Confédération générale du travail.
Ces deux organisations, ainsi que la
Voix du Peuple, avaient leurs bureaux à la
Bourse du travail de Paris.
A la suite de la récente campagne antimi-
litariste menée par la Voix du Peuple, le
préfet avait donné mission à la délégation
chargée provisoirement de l'administration
de la Bourse, de demander des explications
aux différents secrétaires de la Confédéra-
tion.
Le Matin a longuement relaté l'entrevue
qu'eurent MM. Pouget, Yvetot et Griffuehle,'
avec les représentants du préfet.
A la. suite de cette entrevue, un rapport
avait été rédigé par la délégation et adressé
à M. de Selves.
lieu bon pour la causerie, dans des sièges
confortables, sous la lueur claire des lam-
pes et devant un feu vif et brillant de bois
d'oliviers. Et ce qui ajoutait encore au bien-
être, c'est qu'on était bercé par le bruit des
vagues de la mer au dehors. Après avoir ab-
sorbé un second grog et nous être laissés
aller à une conversation à bâtons rompus,.
Smith me dit
Maintenant, nous sommes à l'aise, moi
pour vous raconter une curieuse histoire, et
vous pour l'entendre. Ça été pendant long-
temps un secret entre moi et trois autres per-
sonnes, mais à présent je vais briser le ca-
chet qui la scellait. Etes-vous bien pour m'é-
çouter ?
On ne peut mieux. Allez 1
Et voici ce que Smith m'apprit
Il y a de longues années, j'étais un
jeune artiste, un très jeune artiste, et je par-
courais les sites champêtres de la«France,
esquissant et là. J'avais été rejoint par
deux jeunes et charmants Français qui,
comme moi, croquaient le paysage. Tous les
trois nous étions aussi heureux que pauvres
et aussi pauvres qu'heureux retenez ce
dicton. Mes nouveaux camarades s'appe-
laient Claude Frère et Cari Boulanger, chers
garçons les plus heureux esprits qui aient
ri à la pauvreté, et joyeux en tout temps.
Finalement, nous vînmes échouer dans
un village de Bretagne, où un autre artiste,
aussi pauvre que nous-mêmes, nous reçut et
nous empêcha littéralement de mourir de
faim. Il s'appelait François Millet.
Quoi ? Le grand François Millet
Le grand ? Il n'était pas plus grand
alors que nous ne l'étions nous-mêmes. Il
était inconnu jusque dans son propre vil-
lage, et il était si pauvre qu'il ne pouvait
nous donner à manger que des raves, et
auelauefois même il n'y avait pas de raves.
Celui-ci a fait connaître hier sa réponse.
A onze heures du matin, M. Jacquehn, ré-
gisseur de la Bourse, recevait deux arrêtés.
Le premier était ainsi conçu
Le préfet de la Seipe
Vu les attributions d'ordre générai qui lui
sont dévolues par la loi
Vu la loi du 21 mars 1884 sur les syndicats
professionnels
Vu les décrets et règlements qui régissent
la Bourse du travail de Paris
Considérant que la Confédération générale
du travail a installé, ainsi qu'elle le reconnaît
elle-même, dans le bureau qui lui a été con-
cédé à la Bourse du travail, la rédaction et
l'administration du journal La Voix du.
Peuple, et que cette publication est un des
organes de la campagne antimilitariste
Qu'en agissant ainsi, elle s'est servie de ce
bureau pour un usage contraire à celui au-
quel il était destiné, et en violation de l'arti-
cle 3 de la loi du 21 mars 1884 sur les syndi-
cats professionnels et des décrets sur la
Bourse du travail de Paris
Qu'elle a cessé, dès lors, de remplir les con-
ditions exigées pour siéger à la Bourse du
travail
Arrête
ARTICLE PREMIER. La Confédération géné-
rale du travail est exclue de la Bourse du
travail de Paris.
Art. 2. Le directeur des affaires munici-
pales et le régisseur de la Bourse du travail
sont chargés de l'exécution immédiate du
présent arrêté,
Fait à Paris, le 12 octobre 1905.
Le second arrêté, basé sur des attendus
identiques, visait le Manuel du Soldat et la
Fédération des Bourses.
A midi, M. Jacquelin fit appeler M. Grif-
fuehle et lui fit part de l'arrêté préfectoral
concernant la Confédération générale du
travail.
Nous ne refusons 'point de partir, ré-
pondit le secrétaire, mais laissez-nous au
moins le loisir de faire nos paquets.
Combien de temps vous faut-il
Je n'en sais rien encore.
Alors, que dois-je dire au préfet ?
Que nous ne saurions admettre l'exclu-
sion immédiate. Il nous faut le temps maté-
riel de chercher un autre local.
A trois heures, même communication était
faite il M. Yvetot.
A six heures, M. Parizot, inspecteur des
services PjjTj
ris, -et M. • -J-acquelin euvë«t avec 'M," Ghf1-
fuelhe une longue conversation. M. Grif-
fuelhe insista de' nouveau pour obtenir un
délai assez long.
MM. Parizot et Jacquelin partirent pour
demander au préfet des instructions.
Le régisseur de la Bourse, que nous avons
pu joindre dans la soirée, nous a dit de
quelle façon le préfet interprétait son ar-
l'été, et surtout ce qu'il entendait par ces
mots exclusion immédiate n.
A partir du moment où notification a été
faite aux représentants de la Confédération
générale du travail et de la Fédération des
Bourses, a dit M. de Selves au régisseur, les
deux organisations ont cessé d'avoir leur
siège à la Bourse.
Leurs secrétaires ne peuvent donc occuper
les locaux à l'avenir. La correspondance ne
pourra plus être reçue. Aucune salle de réu-
nion ne peut être mise à la disposition des
organisations exclues.
En ce qui concerne l'enlèvement des archi-
ves et de tous objets leur appartenant en pro-
pre, il est bien entendu que toutes facilités
leur sont accordées et que les délais matériels
nécessaires, à cet effet, leur sont dès mainte-
nant consentis. Les intéressés ont été infor-
més de ces dispositions.
Comme je leur demandais quelles étaient
leurs intentions, continue M. Jacquelin, ils
m'ont déclaré qu'ils se proposaient de quitter
l'immeuble au plus tôt, ayant d'ailleurs re-
tenu un local pour s'y installer chez eux.
On ne sait encore dans quel local s'instal-
leront les deux organisations expulsées de
l'immeuble de la rue du Château-d'Eau. Tou-
tefois, la Voix du Peuple, qui parait ce ma-
tin, publie lavis suivant':
Nous avisons les camarades et les organisa-
tions qu'ils peuvent continuer à écrire, 3, rue
du Château-d'Eau. Notre courrier sera refusé
à cette adresse, mais nos précautions sont
prises pour qu'il nous parvienne.
La semaine prochaine, nous donnerons l'a-
dresse définitive de la Confédération géné-
rale du travail et de tous ses services.
L'impression à l'Hôtel de Ville.
La nouvelle de la mesure prise par le
préfet de la Seine contre la Confédération
générale, du travail et la Fédération des
Bourses n'a été connue hier, à l'Hôtel de
Ville, que fort tard dans l'après-midi, et par
Nous devînmes vite amis tous les quatre,
amis passionnés, inséparables. Nous pei-
gnions de notre mieux et tout ce que nous
pouvions, .mais nous en tirions le plus petit
profit. Nous étions heureux ensemble, mais,
hélas que de privations nous subissions
Nous vécûmes ainsi pendant deux ans
mais, enfin, un jour vint où Claude nous dit
Mes amis, nous voici au bout com-
prenez-vous ? absolument au bout. C'est une
levée de boucliers universelle. Il y a une li-
gue formée contre nous. J'ai parcouru tout
le villaée, et c'est comme je vous le dis
personne ne veut plus nous faire crédit d'un
centime jusqu'à ce que nous ayons payé tout
ce que nous devons encore.
Ces mots nous jetèrent un froid. Nous de-
vinmes tout pâles en constatant que la si-
tuation était absolument désespérée. Il se
fit un long silence, après quoi Millet sou-
pira à voix basse
• Je ne vois rien, rien à faire. Suggé-
rez-moi quelque idée, vous autres
Il n'y eut pas de réponse, à moins qu'un
morne silence ne soit une réponse, Cari se
leva, marcha fiévreusement dans la pièce, et
au bout d'un instant
C'est une honte Voyiez ces toiles.
N'y a-t-il pas là des piles d'une peinture
aussi bonne qu'aucun homme en Europe en
puisse faire Oui, je lè dis, quel qu'il soit,
est beaucoup d'étrangers, en passant par ici,
l'ont dit comme moi, ou quelque chose de
semblable.
Mais ils n'ont rien acheté, mu-rmura
Millet.
N'importe, ils l'ont dit, et ils ont eu
raison. Voici ton Angélus, par exemple, dits-
moi.
Peuh! mon pauvre Cari, mon Angélus'.
on m'en a offert cinq francs.
Quand ? Quel est celui-là ? Où est-il ?
un nombre très îeslreiul •nicipauv. Elle n'a, d'ailleurs, surpris per-
sqnne. Depuis l'opposition faite par un
grand nombre de Syndicats il l'application
par le préfet de la Seine du règlement voté
par le conseil municipal et sanctionné par
décret ministériel, on pouvait s'attendre à
ce que le premier -incident grave fût sève.
rement réprimé.
Il faut pien dire, cependant, que, con-
trairemen.t ce qu'on pourrait croire, la ré-
pression ne pouvait alter jusqu'à la ferme-
ture do l'établissement municipal. Envisa-
gée par le conseil des ministres, une me-
sure aussi radicale avait été repoussée.
Celle d'hier n'en apparalt pas moins
comme trop rigoureuse à quelques conseil-
lers municipaux socialistes, et MM. Hep-
penheimer et Deslandres ont écrit au prési-
dent du conseil municipal pour le prier
d'inscrire à l'ordre du jour de la prochaine
session une question au préfet de la Seine
sur l'arrêté. qu'il vient de prendre. Ils ont
en même temps fait part de leur intention
au préfet de la Seine tut-même.
Certes, nous ontidéclarô MM. Heppen-
heimer et Doslandres, nous sommes loin
d'approuver tout ce qui se passe a la Bourse
du travail, et nous ne nous sommes pas
gênés pour le dire la tribune du conseil
municipal. Mais nous considérons que l'ex-
clusion qui frappe la Confédération géné-
rate du travail est d'une gravité exception-
nelle, en ce qu'elle peut faire le plus grand
tort aux intérêts de la classe ouvrière.
Nous reconnaissons bien volontiers qu3
cette confédération contient des éléments
malsains, mais nous reconnaissons aussi
que, dégagée de ceux.ci, elle constitue une
organisation utile et féconde. Et frapper cet
organisme tout entier, sous prétexte que
quelques-uns de ses membres appartiennent
au comité de l'Association internationale an-
timilitariste, est une faute lourde qui peut
porter le plus grave préjudice à la cause des
véritables travailleurs. C'est au nom do
ceux-ci qu3 nous avons l'impérieux devoir-
de protester avec énergie. n
Le prince Mirko
à l'Institut Pasteur
Le prince Mirko de Monténégro, qui est en
ce moment à Paris, n'est pas un prince ordi-
naire. Il n'emploie pas ses moments de loi,
sir courir les réceptions mondaines ou, les
représentations théâtrales. Il a visité un éia,
blissement que ses cousins couronnés visi,
tent rarement au cours de leurs voyages i1
Paris. Il a visité l'Institut Pasteur.
C'est le professeur Mefchnikoff qui s'est
improvisé le guide .du prince, lequel était ac-
campagné de M. Brunet, consul de Monté-
négro. Le savant lui a fait parcourir tous
"i • LE-rmNCE MiRKCHDE MoNTÉNÊSRÛi- «
les services, lui montré tous les malheu-
reux animaux auxquels on inocule mécloam-
ment tant de vilaines maladies qu'ils n'au-
raient jamais attrapées tout seuls. Puis,
comme le prince est, paralt-il, un bactério-
logue distingué, on l'a fait assister iL de nom-
breuses expériences, auxquelles il a semblé
prendre un plaisir extrême.
ECHOS ET NOUVELLES
Le président de la République, accompagné
du colonel Lamy et de M. Paul Loubet, s'est
rendu hier matin à Rambouillet, où, l'après-
midi, il a chassé avec des amis personnels.
Le conseil des ministres se réunira ce
matin, à l'Elysée, sous la présidence de. M.
Loubet.
M. Clëmentel, ministre des colonies, qui
souffre d'une forte grippe, a dû garder la
chambre pendant toute la journée d'hier.
On annonce que M. Chover, sénateur de
l'Oise, est en ce moment très sérieusement
malade son état offre même d'assez vives
craintes aux personnes de son entourage.
La commission d'études des réformes à
apporter à l'administration du Congo a en-
tendu hier MM. Robert de Jouvenel, de la
mission de Brazza Raymond Cobrat, de la
mission Bonnel de Mézières Hoarau-Des-
ruisseaux qui, à la mort de M. de Brazza, a
pris la direction de la mission puis M. Gen-
til, commissaire général du Congo. Elle se
réunira de nouveau aujourd'hui.
Le congrès des comités républicains de'
l'arrondissement de Saint-Malo, réunis à Doi,
vient de désigner candidat aux prochaines
élections sénatoriales M. Brune, ancien dé-
puté de la première circonscription, et aux'
élections législatives M. Robert Surcouf, dé-
puté sortant pour la deuxième circonscription
et M. Guernier, professeur à la faculté de droit
de Lille pour la première circonscription de
l'arrondissement.
Le service de la statistique municipale a
compté, pendant la 40° semaine, 705 décès au
lieu de 728 pendant la semaine précédente et
au lieu de 804, moyenne ordinaire de la saison.
L'état sanitaire est donc très satisfaisant, d'au-
tant plus satisfaisant que la fièvre typhoïde
n'a plus causé qu'un décès au lieu de dix pen- J
dant la semaine précédente et au lieu de la (
moyenne 8.
Pourquoi n'us-tu pas pris ces cinq francs ?
Ne parlez donc pas tous à la fois. Je
croyais qu'il en donnerait plus. J'en étais
sar. Il le regardait, et alors je lui en ai de-
mandé huit francs,
Et, alors ?.
Alors il m'a dit qu'il repasserait.
Tonnerre! qu'as-tu fait là, François
Je sais, je sais. j'ai été un vrai fou.
Mes amis, je croyais faire pour le mieux,
vous me l'accorderez.
Sans doute, sans doute, nous le savons;
tu es un cœur d'or, mais ne recommence
pas une pareille folie.
Moi. Maintenant, je voudrais qu'on
m'offrit un chou de mon tableau. vous ver-
riez
Un chou Ne parle pas de cela, l'eau
m'en. vient à la bouche. parlons de choses
moins pénibles.
Carl prit alors'la parole.
Mes enfants, dit-il, nos toiles man-
quent-elles de mérite ? Répondez.
Non.
Ne montrent-elles pas, même, un haut
mérite ? Dites.
Qui. (•>
Un tel mérite que si on pouvait les si-
gner d'un nom illustre, elles se vendraient
à haut prix. N'est-il pas vrai ?
Certainement, ce n'est pas douteux.
Voyons, je ne badine pas. N'est-ce pas
vrai?
Mais sans doute. Nous ne badinons
pas plus que toi. Mais où veux-tu en venir ?
A ceci, camarades. Il faut qu'un nom
célèbre soit attaché à ces peintures.
Tout le monde se tut subitement. Tous
les visages se tournèrent vers Cari. Quelle
énigme était-ce que celle-ci ? Où était le nom
célèbre à emprunter et comment faire çet
emprunt ?
LES AFFAIRES DU MAROC
La (t Gazette de Cologne n persiste à attrk
huer à M. Delcassé la paternité des ré-
vélations du (t Matin », et réclame
des explications officielles.
COLOGNE, 12 octobre. -'La dépêche qui a
été adressée le 11 de Berlin à la Gazetté de
Cologne, est ainsi conçue
« Les révélations que l'on considèrele monde entier, d'une façon unanime corn-
me émanant de M. Delcassé, ont causé en i
France comme en Angleterre un grand ma-
laise, et notamment en Angleterre, on a fait
plusieurs tentatives pour présenter comme
absolument dénuées de fondement, et par
conséquent, comme dénuées aussi d'impo'r-
tance, les indications relatives à l'offre de
l'appui militaire de l'Angleterre mais il ne
sera certainement pas facile d'annuler l'effet
des révélations de M. Delcassé. On ne peut
savoir qu'en Angleterre et en France s'il y a §̃!
du vrai, et ce qu'il y d. de vrai dans ces ré.
vélations, et ces deux pays sont aussi plus
intéressés que tout autre à ce que cette af-
faire soit élucidée d'une façon incontestable,
mais,,dans tous les cas, on est obligé d'ad-
mettre que M. Delcassé a cru à la promesse
d'un appui militaire de la part de l'Angle-
terre et a établi sa politique d'après cette
conviction. Or, c'est en cela que consiste
la grande portée des renseignements pu-
bliés, et c'est à cause de cela qu'il était im-
possible de présenter tout bonnement les ré-
vélations comme dénuées d'importance. Le
fait que M. Delcassé a cru il. l'aide- de l'An- ~j
gleterre a influencé la. politique française
d'une façon extrêmement dangereuse et
quant à l'effet pratique de cette influence, il
est à peu près indifférent que M. Deloassé
ait réellement pu compter sur l'appui de
l'Angleterre ou qu'il ait été dans l'illusion.
Une politique basée sur une illusion peut
être aussi dangereuse qu'une politique ins.
pirée par un sentiment. passionnel, et préci-
s6ment dans le cas présent, il y adieu de re-
marquer que les nombreuses illusions de
M. Delcassé, si c'étaient réellement là des
illusions, se sont manifestées dans leurs cf-
fets comme une politique de revanche ins-
pirée par des sentiments passionnels aurait
seule pu le faire.
« Les révélations doivent donc être prises
tout à fait au sérieux, et l'on ne peut pas
les traiter comme des fantaisies ridicules.
11 s'en est peu fallu, en effet, que les convic-
tions dont M. Delcassé faisait la base de sa
politique, ne précipitassent l'Europe dans
la plus effroyable guerre que l'on puisse
imaginer.
Il nous est impossible de nous expliquet
comment il se peut que M. Delcassé ait ac*
quis une conviction que la plus grande par-
tie de la presse anglaise déclare aujourd'hui
tout à fait insoutenable, et nous ne pouvons
pas non plus nous faire une idée de la na-
ture des facteurs responsables ou' irrespon-
sables, qui lui ont inspiré cette conviction
Comme nous l'avons déjà dit, c'est seule-
ment en Angleterre et en France que l'on
pourrait trouver une réponse exacte aux
questions que nous posons, et cette réponse
serait certainement plus intéressante que le
procédé que l'on se plaît à employer actuel.
lement et qui consiste nier tout simple»
ment l'authenticité des révélations..» s
ALGER, 12 octobre. Dépêche particulière
du Malin ». Par le vapeur Eugène-Pe-
rare est arrivé cet après-midi, à une heure,
M, E tienne, en compagnie de M. Jonnart,
gouverneur général de l'Algérie. Ils ont dé-
barqué à l'amirauté, où ils ont été reçus par
les autorités. Le ministre a serré la-, main
aux fonctionnaires présents et a manifesté
quelque émotion en retrouvant plusieurs de
ses vieux amis.
Le ministre, M. Jonnart et leur suite ne pa- .4
raissaient pas avoir souffert de la traversée,
qui fut pourtant assez rude au sortir de
Marseille, 'VEujiëne-Pgreïre rencontra, une
mer très grosse, et un fort coup" dé vêrit qui
le poussa jusqu'à Alger.
Après les présentations d'usage, M. Jon-
nàrt félicita M. de Saint-Germain, gouver-
neur intérimaire, pour sa bonne gestion des
affaires pendant son absence. M. Etienne
prit ensuite place dans un landau, en com-
pagnie de M. Jonnart et de M. Warnier, se-
crétaire gé,néral du gouvernement, et se ren.
dit au Palais d'Hiver, où des appartements
avaient été préparés.
A six heures, le ministre reçus la' muni.
cipalité d'Alger,qui l'a entretenu des diverses
affaires intéressant la commune.
M. Gauthier, ministre des travaux pu.
b'.ies, est arrivé à cinq heures quarante-cinq,
en automobile, après un court arrêts a Tizi-
Onzou. Il a été reçu à l'hôtel de ville par
le conseil municipal on l'a ensuite conduit
dans ses appartements, aménagés cane la
mairie même.
A huit heures, les ministres ont dîne chez
le gouverneur, au Palais d'Eté.
Contre l'Hiver.
Si vous voulez prévenir et guérir les rhu-
mes, la grippe, si fréquente par ces temps
humides, il faut remonter et tonifier l'orga-
nisme. Prenez chaque soir, en vous cou-
chant, quelques centilitres de Rhum Saint-
James, dans un verre d'eau bien sucrée, très
chaude. Ce grog est une exquise gourman-
dise, en mt\me temps que le remède le plus
certain mais il est indispensable d'employer
du rhum venant des Plantations St-James.
(Communiqud.)
Liége.
Notre grande marque coloniale, le
Rhum Chauvet, vient d'obtenir un nouveau
et légitime succès en effet, un Grand Prix,
la plus haute récompense, vient encore de
lui être décerné à l'Exposition de Liège.
(Communiqué.l
Constatation.
On ne fait pas d'omelette sans œufs, pas ̃>̃
ie civet sans lièvre, pas de bonne salade,
friture au mayonnaise sans. l'huile d'olive de
'UNION DES propriétaires DE NICE, qui est
m vente, à Paris, 10, avenue de l'Opéi'a.
(Commurtiqué.)
Carl prit un siège et continua de la sorte
Eh bien j'ai une chose parfaitement
sérieuse il vous proposer. Je n en vois pas
d'autres 'pour nous tirer de la misère et je
suis persuadé que c'en est un sûr moyen. Je
base cette appréciation sur de nombreux et
antiques exemples historiques. Mon. projet
nous rendra tous riches.
Riches? Tu as perdu l'esprit ?
Pas le moins du monde.
Riches Tu es fou Qu'entends-tu par
Riches à cent mille franes
-Il est fou. Je déclare qu'il l'est.
Mon pauvre Carl, tu as subi trop de
privations, lui dis-je. Elles t'ont fait perdre
le sens.
Cari, il faut prendre une potion et aller
immédiatement au lit.
Commençons par lui bander la tête, et
ensuite.
Silence, dit Millet avec une apparente
sévérité, laissons-le s'expliquer. Carl, dé.
roule-nous ton projet. Quel est-il ?
Le voici. En manière de préambule,
je vous demanderai d'abord de bien noter
un fait que nous présente l'histoire c'est
que le génie de plus d'un grand artiste n'a
été reconnu qu'après qu'on l'a laissé mou-
rir de faim. On a vu cela si souvent que je
ne crains pas de l'ériger en loi, et cette loi i
c'est que, le mérite d'un artiste inconnu ne
devant briller qu'après sa mort, ce n'est
aussi qu'après sa mort que ses œuvres at.
teindront un haut prix. Voici donc mon pro-
jet nous allons tirer au sort quel est celui
de nous qui doit mourir.
ILa'iinà detn&inà
A TRAVERS PARIS
Antimilitaristes. M. Flory a interrogé
hier trois des signataires de l'affiché de t'A.
l, A. Dubéros, secrétaire de l'Union des
syndicats de la Seine Chauvin et Félicie
Numieska.
Les inculpés étaient assistés de M6 Lévy-
Oulmann. Ils ont déclaré que c'était en
'pleine connaissance de cause qu'ils avaient
signé l' « Appel aux conscrits n, dont ils ap-
'prouvent sans restriction les termes et l'es-
prit.
Les. amours malheureuses d'Azêma.
Dans une grande maison dé l'avenue de
Neuilly, Mlle Azéma Heurtier, arrivée à Pa-
ris, d'Açzin, sa ville natale, depuis tantôt
dix-huit mois, était entrée en qualité de cui-
sinière. Au feu de ses fourneaux, son cœur
n'avait pas tardé à s'enflammer. Et ce fut un
séduisant garçon boucher, Charles Journet,
fournisseur de la maison, qui recueillit le blé-
néfice de ces tendres dispositions,
Suivant l'usage, Charles Journet, dès les
premiers jours, n'avait point manqué de te-
nir à la cuisinière quelques propos aima-
bles. La sensible Azéma accueillit favorable-
ment ses déclarations. Mais elle désirait s'é-
tablir. Elle avait quelque argent de côté, lui
confia-t-elle. Acquérir un petit fonds de com-
merce était l'objet de ses désirs. Et comme
une faible femme ne peut guère mener seule
à bonne fin un semblable entreprise, elle
ajouta en rougissant que s'il voulait deman-
der sa main, elle était toute prête à la lui
accorder.
Charles Journet accepta avec empresse-
ment. Il fut admis à faire officiellement sa
cour, et les deux fiancés s'occupèrent im-
médiatement des détails de leur installation
prochaine. Les bans furent publiés. Azéma
donna congé à ses maîtres.' Elle se fit en-
voyer des meubles d'Anzin, et retint, a son
nom, un petit appartement, rue d'Armaillé.
Cependant la future Mme Journet n'avait
pas hésité à confier à son fiancé une partie
de ses économies, 1,600 francs environ. Car
il y a bien des acquisitions à faire lorsqu'on
entre en ménage. Et quand ses meubles :'ar»
rivèrent en gare, ce fut le garçon bouclier
qui se chargea d'aller les retirer et d'en sur-
Journet sa rendit bien a la, gare du Nord.
Mais, hélas il n'en revint plus. Et avec lui
disparurent l'argent de la cuisinière et ses
meubles, Et voici l'infortunée Azéma sans
plaçe, sans mari, sans ressources, 'locataire
bien malgré elle d'un appartement vide,
avec, pour toute consolation, l'espoir ineer?
tain, que la police arrivera à mettre un jour
la main sur l'infidèle objet de sa flamme.
Le méfiant docteur. Le docteur Wilson,
fl'Auckland (Nouvelle-Zélande), actuellement
de passage à Paris, faisait connaissance il y
a quelque temps, dans un café des boule-
vards, de quatre gentlemen se disant gros
propriétaire terriens dans le comté de Cor-
Sir Horace Groder et les honorables Frank
Moran, Peter Helmich, et Cornélius Petyt,
eurent vite fait, par leurs bonnes manières,
et leur jovialité, de conquérir absolument M.
iWilson. Pendant une grande sempine les
cinq hommes menèrent ensemble joyeuse
Un jour, air Horace Groder dit au méde-
tin
J'ai un frère, plus AgA que moi de, quel-
ques années, qui partit il y a déjà longtemps,
pour la Nouvelle-Zélande. Il ne me donna ja-
mais de ses nouvelles, mais voici deux mois
pn m'a dit qu'il était mort riche et sans hé-
ritiers. Vous êtes sur le point de repartir là-
bas. Quand vous serez de retour chez vous,
soyez donc assez aimable de vous informer
de mon parent.
Mais bien volontiers, répliqua le doc-
teur. ̃ ̃
Comme cela vous occasionnera des
frais, dit encore sir Horace Groder, je m'en-
gage à vous remettre 1,500 livres sterling à
titre de. dédommagement et de reconnais-
M. Wilson admira la générosité de son
noble ami, qui lui remit un écrit en bonne et
due forme, par lequel il promettait de verser
la somme convenue dès qu'il aurait reçu les
renseignements qu'il sollicitait.
Cette importante affaire réglée, déclara
sir Horace Groder, à plus tard les soucis
Jouissons de l'heure présente et amusons-
nous Il nous resté quelques jours à passer
à Paris, faisons bien les choses, et pour ce-
la, je .vous propose de mettre en commun
tout l'argent qui nous reste, moins la somme
nécessaire pour le retour. Moi, je m'inscris
pour 3,000 francs
Et moi pour 2,000, dit le docteur. les,
honorables Cornélius Petyt, Frank Moran,
et Peter Helmick, approuvèrent grandement
le projet de leur ami Groder, et promirent
également de verser à la caisse commune un
total de 3,500 francs
Il fut convenu que le lendemain soir on se
retrouverait dans une brasserie de Mont-
martre. C'est- là que chacun remettrait sa
quote-part à sir Horace Groder, choisi com-
me trésorier.
Après quoi on se sépara
Demeuré seul, le docteur Wilson réfléchit
'il. l'extraordinaire proposition du gentleman-
farmer. Et il se dit que ses compagnons
pourraient bien n'être que des escrocs. Aus-
si, dès le lendemain matin se rendit-il à la
-Sûreté, où il fit part de ses soupçons à M.
Celui-ci lui conseilla d'être exact au ren-
flez-vous.
A six heures, M. Wilson avait rejoint ses
Compagnons.
ii Fair play Il s'écria sir Horace Gro-
ïer, voici ma part, et il mit sur la table trois
billets de banque.
Et voici notre argent, dirent les quatre
autres.
Sir Horace avançait la main pour rafler
les banknotes, quand un consommateur at-
tablé près de lui, lui passa prestement les
menottes, cependant que trois joueurs de
manille pratiquaient la même opération sur
les honorables Cornélius Petyt, Frank Mo- 1
ran et Peter Helmich.
Mis à la disposition de M. le juge d'ins-
truction Barat, les quatre complices ont été
FEUILLETON DU MATIN »
DU 13 OCTOBRE 1905
MORT DU VIVANT
NOUVELLE
Par MARK TWAIN
Traduction Inédite en Prmcd
Je passais le mois de mars 1892 à Men-
ton, sur le littoral de la rivière de Gênes.
.pans cet endroit retiré et dans une solitude
relative, on jouit de tous les avantages qu'à
quelques kilomètres de là offrent Nice et
Monte-Carlo, au milieu de leur foule cosmo-
.polite. On y a le même soleil, le même air
balsamique, la même mer bleue, à l'abri du
coudoiement, du bruit, des embarras de ses
semblables. Menton est une petite ville tran-
quille, simple, reposante, sans prétention.
Les gens riches et fastueux n'y viennent
pas. Ils n'y viennent pas d'ordinaire, veux-je
dire car on y en rencontre parfois quel-
ques-uns et, précisément, j'avais fait la con-
naissance de l'un d'eux. Pour ne pas trahir
son nom, je rappellerai simplement Smith.
Un jour donc, pendant que nous déjeunions
*à l'hôtel des Anglais, il ane dit tout à coup
Vite. Regardez cet homme qui sort
-d'ici. Rappelez-vous bien ses traits.
• Pfrtirniini. Savez-vous oui c'est ?
interrogés hier.assistéfs de M0 Emile Destrez.
Leur système de défense est assez ingé-
nieux,
Nous ne sommés pas des voleurs à
l' américaine », ont-ils dit, mais bien des
rabatteurs à la solde de bookmakers anglais
chez lesquels nous amenons des compa-
triotes. Nous touchons une commission sur
les sommes qu'ils jouent. Nous avons ainsi
voulu Il rabattre le docteur Wilson, mais
nous n'étions pas sûrs qu'il eût de l'argent,
aussi nous avons eu-recours à un strata-
gèmc pour le savoir.
D'autre part, l'avocat a soutenu que l'in-
culpation ne « tenait u point en droit, je de-
lit n'ayant pas reçu de commencement
d'exécution.
Il est, en effet, établi qu'aucun des incul-
pés n'a môme touché du bout des doigts les
billets de banque du docteur, et l'intention
frauduleuse semble bien difficile 4 établir
PETITS FAITS-DIVERS
En présence de M". Emile Destrez, M. le
juge d'instruction Albanel a interrogé hier
Hicky, cet Anglais qui, dernièrement, blessa
d'un coup de revolver la tenancière d'une
maison spéciale de la rue Taitbout. Hicky a,
prétendu qu'il avait tiré sans viser et que
c'est à un ricochet malheureux que la victime
doit d'avoir été atteinte. M. Gastine-Rennette,
expert, a été chargé par le juge d'examiner
le bien-fondé de cette affirmation.
<– Un incendie, qui a pris immédiatement
d'inquiétantes proportions, s'est déclaré, hier
matin, passage Saint-Sébastien, dans les atei
liers de M. Clément, marbrier. Les pompiers
de la. caserne de Château-Landon s'empres-
sèrent de combattre le.feu qui fut, d'ailleurs,
assez promptement éteint. Un accident s'est
toutefois produit. Le sapeur Arpin, serré con-
tre un mur par la roue d'une pompe, fut très
grièvement blessé, et dut être transporté au
Val-de-Grâce.
t- Un employé du gaz, Joseph Pedro, de-
meurant rue de l'Amiral-Roussin, est mort su-
bitement hier pendant son travail. Certaines
circonstances de la mort ayant paru légitime
une enquête que réclama d'ailleurs sa famille,'
M. ÇceuJlJe, commissaire de police, a fait en-
voyer corps à la Morgqe aux uns. d'autop-
sie.
̃*=-& cheval d'une voiture appartenant à
Chaix, ayant fait un brusque écart, boulevard
de CouFcelles, le cocher, Paul eëlestin, fut
projeté contre un candélabre à güz qui fut à
moitié descellé par le e|ioc. Paul Çélestin, le
crâne fendu, à été transporté à l'hôpital I3eau-
̃^ Ç'ftpçor-d avec M. le préfet de police, une
mesure bienveillante a été prise par le syndic
des agents de change à l'égard-de Mmé Adol-
Plie Meliot, directrice d'un journal financier,!
dont nous avons raconté hjer la.mésaventure
à la bourse des valeurs. Dorénavant, pour fa-
ciliter sa mission, la journaliste financière
pourra stationner dans la grande salle de
transaction, dite de la « Corbeille ».
A LA LIGUE DES PATRIOTES
Une réunion des chefs de groupes L'o-
rientation de la ligue dans la politique
extérieure de la France.
Les chefs, de- groupes et commissions de-'
la Ligue des patriotes ont tenu, hier soir,
leur réunion ordinaire dans un établisse-
ment de la rue du Louvre.
M, Marcel Habert, présidait, entouré dq
MM. Galli, Le Menuet, Barillier, Tournade,
¡.'oursin, Poirier de Narçay et Lagache.
Le but de la réunion était de déterminer
d'une façon précise l'orientation de la ligue
dans la politique extérieure de la Franco
Plusieurs discours ont été prononcés, no<
tamment par MM. Galli et Marcel Habert,
qui se sont appliqués à montrer les dangers
du pangermanisme et les raisons d'intérêts
qui doivent pousser la France vers l'Angle-
terre,
La liste des orateurs épuisée, l'ordre du
jour suivant a été adopté, d'enthousiasme, à,
l'unanimité
Les membres des bureaux et commissaires
de la Ligue des patriotes1, réunis salle des Né-
gociants,, après avoir entendu Marcel Habert,
Henri Galli, vice-présidents de la Ligue des
patriotes, ̃ ̃•'• LJ • i v
Approuvent les groupes de la Jeunesse adhé-
rents à la ligue, qui ont organisé avec le plus
grand succès, à l'occasion du départ de la
classe de nombreuses réunions publiques con-
tre 'les ennemis intérieurs de l'armée nationale
et de la patrie
Ils se félicitent avec leur président, Paul
Dwoulède, de voir la même protestation s'éle-
ver dans l'immense majorité de la France,
sans distinction de parti, contre les projets
d'une alliance franco-allemande
Ils rappellent comment Guillaume II, après
avoir traîtreusement poussé la République du
Transvaal à la guerre, l'abandonna et refusa
même de recevoir le président Krüger
Ils constatent qu'une seule nation, conqué-
rante et la plus militaire de toutes, l'Allema·
gne, menace la paix et la liberté de l'Europe
par ses prétentions il, l'hégémonie, et que l'ac-
cord des puissancas, résolues 'à ne pas la subir
et à réduire le kaiser isolé à l'impuissance,
est la meilleure garantio de cette paix
Ils engagent donc les conseillers munici-
paux de Paris appartenant à la Ligue des pa-
triotes à répondre à l'appel du conseil muni-
cipal de Londres et à affirmer ainsi les senti.
ments qui unissent les deux grandes nations,
également jalouses de leur indépendance
L'honneur du pays, l'intérêt du travail et
des travailleurs français commandent au gou-
vernement de la République de s'opposer au:
triomphe de la suprématie en Europe d'un
empire germanique, oppresseur.
Vive la France
Vive r Alsace-Lorraine française 1
Vive la Républiqüe 1
Avant de lever la séance, M. Marcel Ha-
bert évoque le souvenir aimé du chef de la
ligue, qu une noble sentiment de fierté re-
tient encore sur la terre d'exil. C'est vour
lui une occasion nouvelle de rendre hom-
mage au niatioa, pour son attitude à l'égard
do Paul Déroulède.
Si je n'ai pas de termes assez énergi-
ques, pour flétrir la lâcheté par-
lementaire qui fit échouer le projet d'amnis-
Lie, j'ai à coeur de rendre un hommage pu-
blie à celui de nos journaux républicains
lui prit la généreuse initiative de plaider en
faveur du grand, proscrit. Je lui adresse ici,
tant en mon nom personnel qu'en celui de
la ligue, les remerciements chaleureux aux-
quels il a droit.
Ces paroles, prononcées d'une voix vi·
branle, soulevèrent une ovation prolongée.
Oui. Il était ici depuis plusieurs jours
quand vous êtes arrivé. C'est un vieux fa-
bricant de soie de Lyon, retiré et très riche,
li ce qu'on dit. Et je présume qu'il doit être
seul au monde, car il paraît toujours triste
et rêveur et ne parle personne. Il s'appelle
Théophile Magnan.
Je supposais que Smith allait m'expliquer,
maintenant, l'intérêt qu'il semblait prendre
4 ce M. Magnan, mais au lieu de cela,
il tomba dans une profonde rêverie et parut
penddnt quelques minutes m'oublier, moi et
l'univers entier. De temps en temps il pas-
sait la main dans sa chevelure argentée,
comme pour aider il sa pensée et laissait
refroidir son déjeuner. Enfin il me dit
Non, décidément, je l'ai oublié.
Mais quoi Qu'est-ce que c'est que
vous ne pouvez pas vous rappeler ?
C'est un de ces délicieux petits contes
de Hans Andersen. Je ne m'en souviens
plus. C'était quelque chose comme ceci un
entant avait dans une cage un oiseau qu'il
chérissait, mais qu'il négligeait étourdiment.
L'oiseau chantait sans qu'il l'entendit et sans
qu'il s'en aperçût. La faim et la soif finirent'
par venir à bout de la pauvre petite créatu-
re son chant devint faible et plaintif et, fina-
lemë.nt, l'oiseau mourut. L'enfant sentit spn
cœur Dourrelé de remords, versa des tor-
rents de j'ormes et appela ses compagnons.
Ils ensevelirent l'oiseau avec pompe et d'a-
mers regrets, ne sachant pas, les pauvres
petits, qu'il n'y a pas que les enfants qui
laissent mourir de faim les poètes pour leur
faire ensuite de magnifiques funérailles et
leur élever des monuments dont le prix au-
rait suffi pour soutenir leur existence et les:
rendre heureux. A.présent.
Mais ici nous fûmes interrompus. Ce soir-
la même, vers les dix heures, je rencontrai
Smith, et il m'invita A monter au salon pour
fnmer avec lui et boire un grog, C'était un
DEUX URBANISA TÏONS OUVRIÈRES
EXPULSEES DE LA BOUBSE DU TRAVAIL
LA BOURSE DU TRAVAIL A PARIS
Un gros événement a marqué la journée
d'hier, il. la Bourse du travail. La Confédé-
ration générale du travail et la Fédération
des Bourses se sont vu notifier leur exclu.
sion de l'immeuble1 de la Bourse.
Rappelons brièvement les incidente qui
ont précédé cette mesure. Un conflit suscite
par le vote et l'application du nouveau règle-
ment qui régit la Bourse du travail, existait
à l'état latent, depuis le mois de septembre
dernier, entre la Confédération générale du
travail et la préfecture de la Seine, proprié-
taire de la Bourse.
La Confédération générale du travail
comme on le sait se divise en deux sec-
tions la section des Bourses et la: section
des fédérations. La première a comme se.
crétaire M. Yvetot, et la seconde M. Grif-
fuehle. La..Voix -du Peuple, organe de la
Confédération, a pour secrétaire .M. Poucet»
Les actions de ces deux groupements, bien
M. Yvetot
Secrétaire de la Confédération générale du travall
(section des Bourses)
L'un im-
primé une direction générale et uniforme
aux Bourses de France, d'Algérie et des co-
lonies. L'autre établit un lien commun entre
toutes les fédérations de métier ou d'indus-
trie, et par leur entremise, entre les syndi-
cats.
M. Poucet
Secrétaire de la Voix du Yeuple, organe 'de 'la
Confédération générale du travail.
Ces deux organisations, ainsi que la
Voix du Peuple, avaient leurs bureaux à la
Bourse du travail de Paris.
A la suite de la récente campagne antimi-
litariste menée par la Voix du Peuple, le
préfet avait donné mission à la délégation
chargée provisoirement de l'administration
de la Bourse, de demander des explications
aux différents secrétaires de la Confédéra-
tion.
Le Matin a longuement relaté l'entrevue
qu'eurent MM. Pouget, Yvetot et Griffuehle,'
avec les représentants du préfet.
A la. suite de cette entrevue, un rapport
avait été rédigé par la délégation et adressé
à M. de Selves.
lieu bon pour la causerie, dans des sièges
confortables, sous la lueur claire des lam-
pes et devant un feu vif et brillant de bois
d'oliviers. Et ce qui ajoutait encore au bien-
être, c'est qu'on était bercé par le bruit des
vagues de la mer au dehors. Après avoir ab-
sorbé un second grog et nous être laissés
aller à une conversation à bâtons rompus,.
Smith me dit
Maintenant, nous sommes à l'aise, moi
pour vous raconter une curieuse histoire, et
vous pour l'entendre. Ça été pendant long-
temps un secret entre moi et trois autres per-
sonnes, mais à présent je vais briser le ca-
chet qui la scellait. Etes-vous bien pour m'é-
çouter ?
On ne peut mieux. Allez 1
Et voici ce que Smith m'apprit
Il y a de longues années, j'étais un
jeune artiste, un très jeune artiste, et je par-
courais les sites champêtres de la«France,
esquissant et là. J'avais été rejoint par
deux jeunes et charmants Français qui,
comme moi, croquaient le paysage. Tous les
trois nous étions aussi heureux que pauvres
et aussi pauvres qu'heureux retenez ce
dicton. Mes nouveaux camarades s'appe-
laient Claude Frère et Cari Boulanger, chers
garçons les plus heureux esprits qui aient
ri à la pauvreté, et joyeux en tout temps.
Finalement, nous vînmes échouer dans
un village de Bretagne, où un autre artiste,
aussi pauvre que nous-mêmes, nous reçut et
nous empêcha littéralement de mourir de
faim. Il s'appelait François Millet.
Quoi ? Le grand François Millet
Le grand ? Il n'était pas plus grand
alors que nous ne l'étions nous-mêmes. Il
était inconnu jusque dans son propre vil-
lage, et il était si pauvre qu'il ne pouvait
nous donner à manger que des raves, et
auelauefois même il n'y avait pas de raves.
Celui-ci a fait connaître hier sa réponse.
A onze heures du matin, M. Jacquehn, ré-
gisseur de la Bourse, recevait deux arrêtés.
Le premier était ainsi conçu
Le préfet de la Seipe
Vu les attributions d'ordre générai qui lui
sont dévolues par la loi
Vu la loi du 21 mars 1884 sur les syndicats
professionnels
Vu les décrets et règlements qui régissent
la Bourse du travail de Paris
Considérant que la Confédération générale
du travail a installé, ainsi qu'elle le reconnaît
elle-même, dans le bureau qui lui a été con-
cédé à la Bourse du travail, la rédaction et
l'administration du journal La Voix du.
Peuple, et que cette publication est un des
organes de la campagne antimilitariste
Qu'en agissant ainsi, elle s'est servie de ce
bureau pour un usage contraire à celui au-
quel il était destiné, et en violation de l'arti-
cle 3 de la loi du 21 mars 1884 sur les syndi-
cats professionnels et des décrets sur la
Bourse du travail de Paris
Qu'elle a cessé, dès lors, de remplir les con-
ditions exigées pour siéger à la Bourse du
travail
Arrête
ARTICLE PREMIER. La Confédération géné-
rale du travail est exclue de la Bourse du
travail de Paris.
Art. 2. Le directeur des affaires munici-
pales et le régisseur de la Bourse du travail
sont chargés de l'exécution immédiate du
présent arrêté,
Fait à Paris, le 12 octobre 1905.
Le second arrêté, basé sur des attendus
identiques, visait le Manuel du Soldat et la
Fédération des Bourses.
A midi, M. Jacquelin fit appeler M. Grif-
fuehle et lui fit part de l'arrêté préfectoral
concernant la Confédération générale du
travail.
Nous ne refusons 'point de partir, ré-
pondit le secrétaire, mais laissez-nous au
moins le loisir de faire nos paquets.
Combien de temps vous faut-il
Je n'en sais rien encore.
Alors, que dois-je dire au préfet ?
Que nous ne saurions admettre l'exclu-
sion immédiate. Il nous faut le temps maté-
riel de chercher un autre local.
A trois heures, même communication était
faite il M. Yvetot.
A six heures, M. Parizot, inspecteur des
services PjjTj
ris, -et M. • -J-acquelin euvë«t avec 'M," Ghf1-
fuelhe une longue conversation. M. Grif-
fuelhe insista de' nouveau pour obtenir un
délai assez long.
MM. Parizot et Jacquelin partirent pour
demander au préfet des instructions.
Le régisseur de la Bourse, que nous avons
pu joindre dans la soirée, nous a dit de
quelle façon le préfet interprétait son ar-
l'été, et surtout ce qu'il entendait par ces
mots exclusion immédiate n.
A partir du moment où notification a été
faite aux représentants de la Confédération
générale du travail et de la Fédération des
Bourses, a dit M. de Selves au régisseur, les
deux organisations ont cessé d'avoir leur
siège à la Bourse.
Leurs secrétaires ne peuvent donc occuper
les locaux à l'avenir. La correspondance ne
pourra plus être reçue. Aucune salle de réu-
nion ne peut être mise à la disposition des
organisations exclues.
En ce qui concerne l'enlèvement des archi-
ves et de tous objets leur appartenant en pro-
pre, il est bien entendu que toutes facilités
leur sont accordées et que les délais matériels
nécessaires, à cet effet, leur sont dès mainte-
nant consentis. Les intéressés ont été infor-
més de ces dispositions.
Comme je leur demandais quelles étaient
leurs intentions, continue M. Jacquelin, ils
m'ont déclaré qu'ils se proposaient de quitter
l'immeuble au plus tôt, ayant d'ailleurs re-
tenu un local pour s'y installer chez eux.
On ne sait encore dans quel local s'instal-
leront les deux organisations expulsées de
l'immeuble de la rue du Château-d'Eau. Tou-
tefois, la Voix du Peuple, qui parait ce ma-
tin, publie lavis suivant':
Nous avisons les camarades et les organisa-
tions qu'ils peuvent continuer à écrire, 3, rue
du Château-d'Eau. Notre courrier sera refusé
à cette adresse, mais nos précautions sont
prises pour qu'il nous parvienne.
La semaine prochaine, nous donnerons l'a-
dresse définitive de la Confédération géné-
rale du travail et de tous ses services.
L'impression à l'Hôtel de Ville.
La nouvelle de la mesure prise par le
préfet de la Seine contre la Confédération
générale, du travail et la Fédération des
Bourses n'a été connue hier, à l'Hôtel de
Ville, que fort tard dans l'après-midi, et par
Nous devînmes vite amis tous les quatre,
amis passionnés, inséparables. Nous pei-
gnions de notre mieux et tout ce que nous
pouvions, .mais nous en tirions le plus petit
profit. Nous étions heureux ensemble, mais,
hélas que de privations nous subissions
Nous vécûmes ainsi pendant deux ans
mais, enfin, un jour vint où Claude nous dit
Mes amis, nous voici au bout com-
prenez-vous ? absolument au bout. C'est une
levée de boucliers universelle. Il y a une li-
gue formée contre nous. J'ai parcouru tout
le villaée, et c'est comme je vous le dis
personne ne veut plus nous faire crédit d'un
centime jusqu'à ce que nous ayons payé tout
ce que nous devons encore.
Ces mots nous jetèrent un froid. Nous de-
vinmes tout pâles en constatant que la si-
tuation était absolument désespérée. Il se
fit un long silence, après quoi Millet sou-
pira à voix basse
• Je ne vois rien, rien à faire. Suggé-
rez-moi quelque idée, vous autres
Il n'y eut pas de réponse, à moins qu'un
morne silence ne soit une réponse, Cari se
leva, marcha fiévreusement dans la pièce, et
au bout d'un instant
C'est une honte Voyiez ces toiles.
N'y a-t-il pas là des piles d'une peinture
aussi bonne qu'aucun homme en Europe en
puisse faire Oui, je lè dis, quel qu'il soit,
est beaucoup d'étrangers, en passant par ici,
l'ont dit comme moi, ou quelque chose de
semblable.
Mais ils n'ont rien acheté, mu-rmura
Millet.
N'importe, ils l'ont dit, et ils ont eu
raison. Voici ton Angélus, par exemple, dits-
moi.
Peuh! mon pauvre Cari, mon Angélus'.
on m'en a offert cinq francs.
Quand ? Quel est celui-là ? Où est-il ?
un nombre très îeslreiul
sqnne. Depuis l'opposition faite par un
grand nombre de Syndicats il l'application
par le préfet de la Seine du règlement voté
par le conseil municipal et sanctionné par
décret ministériel, on pouvait s'attendre à
ce que le premier -incident grave fût sève.
rement réprimé.
Il faut pien dire, cependant, que, con-
trairemen.t ce qu'on pourrait croire, la ré-
pression ne pouvait alter jusqu'à la ferme-
ture do l'établissement municipal. Envisa-
gée par le conseil des ministres, une me-
sure aussi radicale avait été repoussée.
Celle d'hier n'en apparalt pas moins
comme trop rigoureuse à quelques conseil-
lers municipaux socialistes, et MM. Hep-
penheimer et Deslandres ont écrit au prési-
dent du conseil municipal pour le prier
d'inscrire à l'ordre du jour de la prochaine
session une question au préfet de la Seine
sur l'arrêté. qu'il vient de prendre. Ils ont
en même temps fait part de leur intention
au préfet de la Seine tut-même.
Certes, nous ontidéclarô MM. Heppen-
heimer et Doslandres, nous sommes loin
d'approuver tout ce qui se passe a la Bourse
du travail, et nous ne nous sommes pas
gênés pour le dire la tribune du conseil
municipal. Mais nous considérons que l'ex-
clusion qui frappe la Confédération géné-
rate du travail est d'une gravité exception-
nelle, en ce qu'elle peut faire le plus grand
tort aux intérêts de la classe ouvrière.
Nous reconnaissons bien volontiers qu3
cette confédération contient des éléments
malsains, mais nous reconnaissons aussi
que, dégagée de ceux.ci, elle constitue une
organisation utile et féconde. Et frapper cet
organisme tout entier, sous prétexte que
quelques-uns de ses membres appartiennent
au comité de l'Association internationale an-
timilitariste, est une faute lourde qui peut
porter le plus grave préjudice à la cause des
véritables travailleurs. C'est au nom do
ceux-ci qu3 nous avons l'impérieux devoir-
de protester avec énergie. n
Le prince Mirko
à l'Institut Pasteur
Le prince Mirko de Monténégro, qui est en
ce moment à Paris, n'est pas un prince ordi-
naire. Il n'emploie pas ses moments de loi,
sir courir les réceptions mondaines ou, les
représentations théâtrales. Il a visité un éia,
blissement que ses cousins couronnés visi,
tent rarement au cours de leurs voyages i1
Paris. Il a visité l'Institut Pasteur.
C'est le professeur Mefchnikoff qui s'est
improvisé le guide .du prince, lequel était ac-
campagné de M. Brunet, consul de Monté-
négro. Le savant lui a fait parcourir tous
"i • LE-rmNCE MiRKCHDE MoNTÉNÊSRÛi- «
les services, lui montré tous les malheu-
reux animaux auxquels on inocule mécloam-
ment tant de vilaines maladies qu'ils n'au-
raient jamais attrapées tout seuls. Puis,
comme le prince est, paralt-il, un bactério-
logue distingué, on l'a fait assister iL de nom-
breuses expériences, auxquelles il a semblé
prendre un plaisir extrême.
ECHOS ET NOUVELLES
Le président de la République, accompagné
du colonel Lamy et de M. Paul Loubet, s'est
rendu hier matin à Rambouillet, où, l'après-
midi, il a chassé avec des amis personnels.
Le conseil des ministres se réunira ce
matin, à l'Elysée, sous la présidence de. M.
Loubet.
M. Clëmentel, ministre des colonies, qui
souffre d'une forte grippe, a dû garder la
chambre pendant toute la journée d'hier.
On annonce que M. Chover, sénateur de
l'Oise, est en ce moment très sérieusement
malade son état offre même d'assez vives
craintes aux personnes de son entourage.
La commission d'études des réformes à
apporter à l'administration du Congo a en-
tendu hier MM. Robert de Jouvenel, de la
mission de Brazza Raymond Cobrat, de la
mission Bonnel de Mézières Hoarau-Des-
ruisseaux qui, à la mort de M. de Brazza, a
pris la direction de la mission puis M. Gen-
til, commissaire général du Congo. Elle se
réunira de nouveau aujourd'hui.
Le congrès des comités républicains de'
l'arrondissement de Saint-Malo, réunis à Doi,
vient de désigner candidat aux prochaines
élections sénatoriales M. Brune, ancien dé-
puté de la première circonscription, et aux'
élections législatives M. Robert Surcouf, dé-
puté sortant pour la deuxième circonscription
et M. Guernier, professeur à la faculté de droit
de Lille pour la première circonscription de
l'arrondissement.
Le service de la statistique municipale a
compté, pendant la 40° semaine, 705 décès au
lieu de 728 pendant la semaine précédente et
au lieu de 804, moyenne ordinaire de la saison.
L'état sanitaire est donc très satisfaisant, d'au-
tant plus satisfaisant que la fièvre typhoïde
n'a plus causé qu'un décès au lieu de dix pen- J
dant la semaine précédente et au lieu de la (
moyenne 8.
Pourquoi n'us-tu pas pris ces cinq francs ?
Ne parlez donc pas tous à la fois. Je
croyais qu'il en donnerait plus. J'en étais
sar. Il le regardait, et alors je lui en ai de-
mandé huit francs,
Et, alors ?.
Alors il m'a dit qu'il repasserait.
Tonnerre! qu'as-tu fait là, François
Je sais, je sais. j'ai été un vrai fou.
Mes amis, je croyais faire pour le mieux,
vous me l'accorderez.
Sans doute, sans doute, nous le savons;
tu es un cœur d'or, mais ne recommence
pas une pareille folie.
Moi. Maintenant, je voudrais qu'on
m'offrit un chou de mon tableau. vous ver-
riez
Un chou Ne parle pas de cela, l'eau
m'en. vient à la bouche. parlons de choses
moins pénibles.
Carl prit alors'la parole.
Mes enfants, dit-il, nos toiles man-
quent-elles de mérite ? Répondez.
Non.
Ne montrent-elles pas, même, un haut
mérite ? Dites.
Qui. (•>
Un tel mérite que si on pouvait les si-
gner d'un nom illustre, elles se vendraient
à haut prix. N'est-il pas vrai ?
Certainement, ce n'est pas douteux.
Voyons, je ne badine pas. N'est-ce pas
vrai?
Mais sans doute. Nous ne badinons
pas plus que toi. Mais où veux-tu en venir ?
A ceci, camarades. Il faut qu'un nom
célèbre soit attaché à ces peintures.
Tout le monde se tut subitement. Tous
les visages se tournèrent vers Cari. Quelle
énigme était-ce que celle-ci ? Où était le nom
célèbre à emprunter et comment faire çet
emprunt ?
LES AFFAIRES DU MAROC
La (t Gazette de Cologne n persiste à attrk
huer à M. Delcassé la paternité des ré-
vélations du (t Matin », et réclame
des explications officielles.
COLOGNE, 12 octobre. -'La dépêche qui a
été adressée le 11 de Berlin à la Gazetté de
Cologne, est ainsi conçue
« Les révélations que l'on considère
me émanant de M. Delcassé, ont causé en i
France comme en Angleterre un grand ma-
laise, et notamment en Angleterre, on a fait
plusieurs tentatives pour présenter comme
absolument dénuées de fondement, et par
conséquent, comme dénuées aussi d'impo'r-
tance, les indications relatives à l'offre de
l'appui militaire de l'Angleterre mais il ne
sera certainement pas facile d'annuler l'effet
des révélations de M. Delcassé. On ne peut
savoir qu'en Angleterre et en France s'il y a §̃!
du vrai, et ce qu'il y d. de vrai dans ces ré.
vélations, et ces deux pays sont aussi plus
intéressés que tout autre à ce que cette af-
faire soit élucidée d'une façon incontestable,
mais,,dans tous les cas, on est obligé d'ad-
mettre que M. Delcassé a cru à la promesse
d'un appui militaire de la part de l'Angle-
terre et a établi sa politique d'après cette
conviction. Or, c'est en cela que consiste
la grande portée des renseignements pu-
bliés, et c'est à cause de cela qu'il était im-
possible de présenter tout bonnement les ré-
vélations comme dénuées d'importance. Le
fait que M. Delcassé a cru il. l'aide- de l'An- ~j
gleterre a influencé la. politique française
d'une façon extrêmement dangereuse et
quant à l'effet pratique de cette influence, il
est à peu près indifférent que M. Deloassé
ait réellement pu compter sur l'appui de
l'Angleterre ou qu'il ait été dans l'illusion.
Une politique basée sur une illusion peut
être aussi dangereuse qu'une politique ins.
pirée par un sentiment. passionnel, et préci-
s6ment dans le cas présent, il y adieu de re-
marquer que les nombreuses illusions de
M. Delcassé, si c'étaient réellement là des
illusions, se sont manifestées dans leurs cf-
fets comme une politique de revanche ins-
pirée par des sentiments passionnels aurait
seule pu le faire.
« Les révélations doivent donc être prises
tout à fait au sérieux, et l'on ne peut pas
les traiter comme des fantaisies ridicules.
11 s'en est peu fallu, en effet, que les convic-
tions dont M. Delcassé faisait la base de sa
politique, ne précipitassent l'Europe dans
la plus effroyable guerre que l'on puisse
imaginer.
Il nous est impossible de nous expliquet
comment il se peut que M. Delcassé ait ac*
quis une conviction que la plus grande par-
tie de la presse anglaise déclare aujourd'hui
tout à fait insoutenable, et nous ne pouvons
pas non plus nous faire une idée de la na-
ture des facteurs responsables ou' irrespon-
sables, qui lui ont inspiré cette conviction
Comme nous l'avons déjà dit, c'est seule-
ment en Angleterre et en France que l'on
pourrait trouver une réponse exacte aux
questions que nous posons, et cette réponse
serait certainement plus intéressante que le
procédé que l'on se plaît à employer actuel.
lement et qui consiste nier tout simple»
ment l'authenticité des révélations..» s
ALGER, 12 octobre. Dépêche particulière
du Malin ». Par le vapeur Eugène-Pe-
rare est arrivé cet après-midi, à une heure,
M, E tienne, en compagnie de M. Jonnart,
gouverneur général de l'Algérie. Ils ont dé-
barqué à l'amirauté, où ils ont été reçus par
les autorités. Le ministre a serré la-, main
aux fonctionnaires présents et a manifesté
quelque émotion en retrouvant plusieurs de
ses vieux amis.
Le ministre, M. Jonnart et leur suite ne pa- .4
raissaient pas avoir souffert de la traversée,
qui fut pourtant assez rude au sortir de
Marseille, 'VEujiëne-Pgreïre rencontra, une
mer très grosse, et un fort coup" dé vêrit qui
le poussa jusqu'à Alger.
Après les présentations d'usage, M. Jon-
nàrt félicita M. de Saint-Germain, gouver-
neur intérimaire, pour sa bonne gestion des
affaires pendant son absence. M. Etienne
prit ensuite place dans un landau, en com-
pagnie de M. Jonnart et de M. Warnier, se-
crétaire gé,néral du gouvernement, et se ren.
dit au Palais d'Hiver, où des appartements
avaient été préparés.
A six heures, le ministre reçus la' muni.
cipalité d'Alger,qui l'a entretenu des diverses
affaires intéressant la commune.
M. Gauthier, ministre des travaux pu.
b'.ies, est arrivé à cinq heures quarante-cinq,
en automobile, après un court arrêts a Tizi-
Onzou. Il a été reçu à l'hôtel de ville par
le conseil municipal on l'a ensuite conduit
dans ses appartements, aménagés cane la
mairie même.
A huit heures, les ministres ont dîne chez
le gouverneur, au Palais d'Eté.
Contre l'Hiver.
Si vous voulez prévenir et guérir les rhu-
mes, la grippe, si fréquente par ces temps
humides, il faut remonter et tonifier l'orga-
nisme. Prenez chaque soir, en vous cou-
chant, quelques centilitres de Rhum Saint-
James, dans un verre d'eau bien sucrée, très
chaude. Ce grog est une exquise gourman-
dise, en mt\me temps que le remède le plus
certain mais il est indispensable d'employer
du rhum venant des Plantations St-James.
(Communiqud.)
Liége.
Notre grande marque coloniale, le
Rhum Chauvet, vient d'obtenir un nouveau
et légitime succès en effet, un Grand Prix,
la plus haute récompense, vient encore de
lui être décerné à l'Exposition de Liège.
(Communiqué.l
Constatation.
On ne fait pas d'omelette sans œufs, pas ̃>̃
ie civet sans lièvre, pas de bonne salade,
friture au mayonnaise sans. l'huile d'olive de
'UNION DES propriétaires DE NICE, qui est
m vente, à Paris, 10, avenue de l'Opéi'a.
(Commurtiqué.)
Carl prit un siège et continua de la sorte
Eh bien j'ai une chose parfaitement
sérieuse il vous proposer. Je n en vois pas
d'autres 'pour nous tirer de la misère et je
suis persuadé que c'en est un sûr moyen. Je
base cette appréciation sur de nombreux et
antiques exemples historiques. Mon. projet
nous rendra tous riches.
Riches? Tu as perdu l'esprit ?
Pas le moins du monde.
Riches Tu es fou Qu'entends-tu par
Riches à cent mille franes
-Il est fou. Je déclare qu'il l'est.
Mon pauvre Carl, tu as subi trop de
privations, lui dis-je. Elles t'ont fait perdre
le sens.
Cari, il faut prendre une potion et aller
immédiatement au lit.
Commençons par lui bander la tête, et
ensuite.
Silence, dit Millet avec une apparente
sévérité, laissons-le s'expliquer. Carl, dé.
roule-nous ton projet. Quel est-il ?
Le voici. En manière de préambule,
je vous demanderai d'abord de bien noter
un fait que nous présente l'histoire c'est
que le génie de plus d'un grand artiste n'a
été reconnu qu'après qu'on l'a laissé mou-
rir de faim. On a vu cela si souvent que je
ne crains pas de l'ériger en loi, et cette loi i
c'est que, le mérite d'un artiste inconnu ne
devant briller qu'après sa mort, ce n'est
aussi qu'après sa mort que ses œuvres at.
teindront un haut prix. Voici donc mon pro-
jet nous allons tirer au sort quel est celui
de nous qui doit mourir.
ILa'iinà detn&inà
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