Type : publication en série impriméepublication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 26321Nombre total de vues : 26321
Description : 26 août 189326 août 1893
Description : 1893/08/26.1893/08/26.
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse...Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-LC11-635 (141)
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/01/2011
532 LA VEDETTE
fermé. Brusquement il apprenait son maria'ge. Vraiment, le coup était cruel ; cet événement emportait la dernière espé- rance qu'il eût conservée : l'avoir pour femme un jour.
Il restait assis, ou mieux allongé dans ton fauteuil et, roulant une cigarette, il continuait de laisser voleter sa pensée, comme un papillon, parmi les fleurs de son souvenir.
.— Bah ! fit-il en une conclusion d'homme résolu -à secouer un inutile souci, peut-être vaut-il mieux qu'il en soit ainsi.
Et reprenant la lettre : — Le mariage est pour samedi, c'est après-demain. Eh bien ! j'irai.
* * *
L'église était attrayante comme un frais boudoir. Au fond, l'autel dressait ses fleurs et ses ors dans un demi-jour tiès doux. Des tapis descendaient dans la nef, et. de chaque côté, une foule, en belle toilette, s'installait bruyamment en l'attente de la noce.
Des flèches d'or crevaient les vitraux, allumant des feux rouges et bleus, jaunes et verts, dans l'ombre grise des piliers.
Soudain la grande porte s'ouvrit et l'orgue préluda. Dans la tonitruance des sons inondant l'église, la mariée parut, au bras de son père, et elle s'avançait comme une apparition de rêve, toute blanche et légère, soulevant une rumeur admi- rative. Les invités suivaient.
Julien ne put îetenir un frisson lorsqu'elle s'agenouilla, ayant à ses côtés celui que la loi venait de lui donner pour maître, et qu'il les vit tous deux en face du prêtre qui allait bénir leur union.
L'orgue s'était tu, le prêtre dans sa chasuble d'or officiait. — Un peu à l'écart, dans l'ombre, Julien ne se lassait pas de la regarder. Sons le long voile qu'elle avait relevé, il aperce- vait son joli visage de blonde, la petite fossette sous la lèvre, dans le menton, et les frisettes qui folâtraient autour de ses coquettes oreilles.
Il revécut les heures brèves de son bonheur, lorsqu'elle l'aimait. Etait-elle heureuse à présent ? Comment l'avait-elle si complètement oublié; se souvenait-elle dès serments qu'elle avait faits ? Ainsi, ils allaient vivre tous deux, elle et lui ; tout le bonheur du mari lui viendrait de cette charmante femme.
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