Titre : Le Tintamarre : journal de littérature, de musique, de mode et d'industrie, paraissant le dimanche / directeur : Commerson
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1867-08-25
Contributeur : Commerson (1802-1879). Directeur de publication
Contributeur : Bienvenu, Léon (1835-1910). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32877684p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 21580 Nombre total de vues : 21580
Description : 25 août 1867 25 août 1867
Description : 1867/08/25 (A26). 1867/08/25 (A26).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5670720j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-Z-23
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 17/01/2011
6
"LE TINTAMARRE
Du reste, à part ces fantaisies excentriques assez rares d'aHleuvs,
Portais a les mêmes prétentions et procède de la même manière
que Jacob.
Comme Jacob, Portais a des apôtres inébranlables dans leur '
confiance.
Ils ont tous mis sur le compte de "Portais ■- des miracles iden-
tiques à ceux que Jacob perpétue.
Ah ça! mais pour peu que ces guérisons-Và persistent à s'accom-
plir quelques années durant, nous finirons par n'avoir plus en
France le plus insignifiant malade.
•H-
Et je songe, non sans effroi, à l'avenir qui sera fait dès lors à tous
les individus vivant des -misères humaines : médecins, fabricants
de béquilles, bandagistes, infirmiers, pharmaciens, etc., etc.
Décidément, il faut s'attendre à voir bientôt se fermer l'Ecole de
médecine pour cause de désertion. Il est évident que tous les
élèves vont au premier jour interrompre des études désormais
sans issue.
Ce sera le coup de grâce du vieux quartier Latin.
JOHN STICK.
FÉRULE DU TINTAMARRE
M. de Pontmartin continue de donner, dans 'l'Univers illustré
du 10 août, des leçons et des modèles de ce style- que vous lui
connaissez.
Il parie d'un homme élu comme conseiller général : « Toutes les
musiques de la localité, dit-il, accourent comme une seule clari-
weMt':pour.jouer sous-ses fenêtres, etc. » —Accourir comme une
clarinette, voilà une expression trouvée.
« Ce jour-là, la famille est complète et possède les qualités
spongieuses que Balzac a constatée?. » — Des qualités spongieuses
pour dire, sans doute, que ces musiciens boivent comme des
éponges : quel-superbe français !
« Cet homme rare, chargé de conseiller généralement ses con-
citoyens, est obligé iX'inaugurer son mandai en leur conseillant
paHiciilièremenl de ne pas trop se griser. » — Hein ! qu'eu dites-
vous? Conseiller généralement, conseiller particulièrement, quelle
jolieantithèse ! Ou pourrait objecter à M. de Pontmartin qu'un
conseiller général tire ce nom de la grandeur de la division terri-
toriale qu'il représente, et non de ce qu'il doit s'adresser à tous ses
commettants; que, d'ailleurs, il est le conseiller, non pas des
habitants, mais du préfet.
Ces petites difficultés troubleraient l'esprit d'un homme ordi-
naire; elles n'arrêtent pas M. de Pontmartin, qui trouve ainsi très-
bon de faire inaugurer un mandat. Un mandat est une commis-
sion donnée par' d'autres. Ou inaugure ce qui commence, un
règne, un gouvernement.
Le mandat est complètement donné et reçu dès que l'élection
est faite. Comment songe-t-on à l'inaugurer?
Pendant le repas on annonce au maître de la maison une nou-
velle qui le contrarie et même l'émeut très-vivement. Selon notre
auteur « il contemple son assiette en homme très-disposé à en sor-
tir, » c'est-à-dire à sortir de son assiette. Parbleu! le Tintamarre
fait beaucoup de ces phrases-là; mais il les fait pour s'en moquer,
et ne devait pas s'attendre à se voir copié par un écrivain qui
croit dire des choses sérieuses.
Si vous désirez une curieuse description de la séance annuelle
des cinq Académies, ouvrez les Débuts du 17 août : ils nous la ra-
tissent bonne, comme le montrent les extraits suivants :
Au mois d'août, « la majeure partie de l'Institut lui-même a
déjà pris ses quartiers d'été. « — On connaissait tes quartiers d hi-
ver; les quartiers d'été sont mie invention nouvelle qui ne fera
probablement pas fortune, quoiqu'on y voie la majeure partie de
l'Institut lui-même dans le français de M. Ratisbonîie.
« Un quart à peine de ses membres faisait honneur au rendez-
vous donné au public. » — Faire honneur à un rendez-vous, hélas !
hélas!!
« Les leblurers de l'Institut ont pourtant pu se faire écouter.» —
Mon Dieu ! que c'est joli d'avoir mis leclurcrs où d'autres auraient
mis lecteurs! Pourquoi n'avoir pas écrit aussi faire écouter them-
selves? cette bigarrure-irait très-bien.
M. Lebrun, directeur de l'Académie française,--a fait un discours
comme .présidant laséànce,étce discours «-a-un -parfum- de haute
courtoisie: »
Que diable cela veut-il dire?
On se souvient qu'un grand prix a été donné à M. Thiers à l'oc-
casion de son Histoire du Consulat et de l'Empire. M. Ratisbonne ■
rappelle cet incident à; propos du prix donné aujourd'hui à M. Fé-
licien David.: 11 lé fait en ces termes : « La couronne a emprunté à
un tel. titulaire un lustre qui 1 dépasse de beaucoup/«. somme qui lui
est affectée. » —Une couronne qui emprunte un. luslie, lequel dé-
passe une somme; on est confondu d'admiration devant ces al-
liances de mots.
« Parmi les attraits qui ramenaient le public, la lecture an-
noncée de M. Renan n'était pas une médiocre amorce. » — Une
lecture qui est une amorce, et cette amorce rangée parmi les ut-
trails'.l tout cela est français comme cet ancien quolibet : « Met-
tez-lui le feu aux jambes, pour lui tirer les vers du nez et voir ce
qu'il a dans le ventre. »
Enfin, l'auteur a eu si chaud qu'il a quitté la séance, avant le
dernier discours. H songeait, dit-il, « qu'un peu de musique de Fé-
licien David n'aurait pas mal fait au milieu de l'atmosphère orien-
tale de cette séance. » — Qu'est-ce qu'une atmosphère orientale?
M. Ratisbonne veut dire qu'elle était très-chaude : c'est une atmos-
phère tropicale, ou équatoriale, ou méridionale, qu'il aurait
fallu. L'Orient n'est pas plus chaud que l'Occident.
Cet habile écrivain donne à M. Bertrand (de l'Académie des
sciences) un certificat de bon style : « M. Bertrand, dit-il, écrit
comme un vrai suvant, c'est-à-dire très-bien. » — Si M. Bertrand
a lu l'article entier, il a du être frappé surtout de la compétence
du juge.
19 août 1867.
PH1LALÈTHE.
QUATRAINS DÉPURATIFS
! Eu Dr "Vabontrain
A PROPOS DE L'ENTRÉE DE MADAME TIHERRET AUX BOUFFES
C'est dans « la Main leste » que doit
Débuter Thierret; —on l'affiche. —
A cette annonce, chacun voit
Que Thierret d'Eugène est lu biche.
SUR L'AUGMENTATION PROJETÉE DU PRIX DES IMPÉRIALES 1
D'OMNIBUS.
Ce ne peut qu'être une imposture.
Car, rançonner ainsi les gens
Qui voyagent sur la voiture,
C'est vouloir les mettre dedans.
SUR L'AUTEUR DE GAËTANA.
N'ayant plus d'esprit en réserve,
Et pris d'un soudain vertigo,
Je plains Edmond, à bout de verve,
Qui s'en prend à Victor Hugo.
SUR LE PASSAGE DU ROI DE GRÈCE A L1VERPOOL.
Sur son passage, assure-t-on,
Chacun criait à perdre haleine ;
Certes, la cité du coton-
Doit aimer le roi philellène.
SUR l'AUTEUR DES INDISCRÉTIONS PARISIENNES.
Ployraut sous un profond dégoût
De ce monde et de ses désordres,
Qui donc prétendait qu'au quinze août
Marx devait eut ter dans les ordres ?
SUR JACOB, LE ZOUAVE GUÉRISSEUR.
Ce qu'en lui surtout j'apprécie,
C'est qu'il opère sous son nom ;
A ceux qui l'appellent Messie,
11 répond doucement: mais non.
A PROPOS DE LA LETTRE DE JOUV1N DANS LE FfGAllO.
Jouvin vient de partir en guerre.
A ses rouges contradicteurs
Il dit: Messieurs, je n'aime guère
L'héroine de vos couleurs.
A PROPOS DE LA DÉLICIEUSE FARINE DU BAP.RY.
Pour avoir mangé deux assiettes
De cette soupe au goût amer,
On a — racontent les gazettes —
Risqué d'cnteri;i:r. VALLÈS IIIEI;.
I>r VAllON'ir.AIN.
BOURRICHE
Le lion du moment, l'homme qui jouit du privilège d'attirer
sur lui les rayons chaleureux des lunettes vertes du XIXe siècle,
c'est Jacob, un musicien des zouaves de la g^rde, qui souffle dans
un cor d'harmonie le matin, et opère dans l'après-midi des mira-
cles à tout casser. Douter de ses cures merveilleuses, ce serait
détruire, do fond en comble les croyances des paralytiques de l'é-
poque. Y croire, ce, serait faire bon marché de la faculté do mé-
decine de Paris. Si bien que nous nous trouvons dans la situation
de. l'âne de Buridan, et que nous allons, affolé d'amour, do la
bosse de Mayeux aux jambes en manches de veste de la mère
Camus.
Si j'en crois les cancans de portières et d'entrepreneuses de mo-
numents funèbres de la Rue de la Roquette, dont les journaux de
tous les formats se sont fait l'écho, il suffirait d'être mis en con-
tact avec cet arrière-neveu des frères Davenport, pour recouvrer
l'usage des jambes et. celui du monde.
Chaque jour la maison Baidy, qui jusqu'alors n'avait sacrifié
qu'au déménagement des pots-à-beurre et des armoires à glace
transporte au domicile du zouave des goutteux, des infirmes et
des paralytiques qui semblent ne laisser rien à désirer.
Dès que. ces sujets se trouvent en présence du zouave Jacob, une
révolution s'opère en eux ; les muets parlent, les membres endo-
loris retrouvent leur élasticité, et nous nous sommes laissé dire
qu'un cul-de-jatte — endurci dans cette position extra anormale
avait retrouvé soudain l'usage de ses jambes à la voix du divin
guérisseur.
— Avancez, fit le zouave Jacob.
— Mais, Monsieur, je ne puis.
— Obtempérez!
Soudain le cul-de-jatte déroula ses jambes et se dressa sur lui-
même. Au moment où — le coeur plein de reconnaissance — il se
disposait à se jeter dans les bras du docteur Jacob, celui-ci lui dit :
— Casse-la loi plus vite que çà, mon vieux.
Si nous en croyons le journal le Temps, un médecin de Paris
veut absolument tirer au clair le cas du zouave aux miracles. 11
lui confiera des malades bien et dûment atteints et convaincus de
bonnes paralysies,-réunissant toutes les qualités requises. Nous se
rions charmé, pour notre part, de voir se produire cette exné"
rience que nous appelons de tous nos voeux-
Un emprunt à M. Feyrnet, le chroniqueur du Temps :
« Dimanche dernier, trois statues ont été inaugurées :
» La statue de Napoléon I01', à Montereau ;
» La statue du général Travol,à Poligny;
» La statue du duc de Morny, à Deauville.
« Trois statues pour un seul dimanche, c'est un peu beaucoup-
enfin, passons- le temps présent fait peu d'hommes ; il se dédoml
mage en faisant des statues. «
Les plages sont désertes; les aubergistes du littoral de la Man-
che se désolent et versent des larmas bien corrosives sur le fiascu
des bains de mer eu l'an de grâce 1S67. C'est à peine si Ton
compte quelques baigneurs et baigneuses dans les casinos lesp]Us
fréquentés jusqu'alors. L'Exposition universelle semble avoir ab-
sorbé le mouvement et enchaîné toutes les grandeurs aux ri-
vages — du Champ de Mars.
Au lieu de s'adonner à la douleur, messieurs les aubergistes se
montreraient mieux inspirés en faisant un retour vers le passé et
en faisant par la même occasion leur mea culpa sur les ossements
des canards aux navets enfouis sous le fum> ■ ret à l'aide desquels
ils écorchèrent tout vifs les voyageurs tombés dans leurs serres.
Ce qui nous porte à rire des aubergistes, c'est que nous les
croyons capables de prendre leur revanche et de faire coup dou-
ble l'année prochaine.
EDMOND MAKT1K.
COURANTS D'AIR
M. Schnerb fait à la.Siluation la silhouette des journaux de la
petite presse.
Il est on ne peut plus gracieux pour notre cher Tintamarre, et
nous l'en remercions d'autant plus cordialement >,ue ses éloges
ne sont pas banals; il n'est pas miel pour tous nos confrères.
Nous avons peut-être une toute petite partie des qualités que
M. Schnerb nous prête.
Mais il a négligé de dire que Commerson nous élève si bien. (i;
Je ne sais si les lecteurs du Tintamarre s'en sont aperçus ; mais
dimanche dernier, j'ai fait relâche.
Ju ne parlerais certainement, pas de cette circonstance qui n'a
du reste, que très-peu rafraîchi le temps, si certaines personne?
mal intentionnées n'eussent cherché à me nuire en interprétant
mal mon absence.
Jean Luillieiymon excellent confrère, n'a pas craint d'insinuer
àCommer.-on que probablement, j'étais entré à la Jievue des Dew-
Mondes, sans le prévenir.
Maxime a infiltré que j'avais été arrêté la veille comme complice
de madame Frigard.
Et Edmond Martin a prétendu que l'on m'avait rencontré plu-
sieurs fois causant avec le contrôleur du Vaudeville circons-
tance qui aurait pu motiver mon renvoi immédiat du Tintamarre
si je n'avais pu prouver qu'en pénétrant sous le vestibule de ce
théâtre, mon intention était de fourrer des rats dans le cabinet
directorial.
Toutes ces insinuations intrigantes étaient d'autant plus
mesquines que leur but est bien mince.
Depuis trois ans que je suis au Tintamarre, j'ai le bonheur
d'avoir une chaise qui n'a qu'un pied de moins, tandis qu'à celles
de mes amis il en manque jusqu'à deux et trois.
De là leurs cancans.
Us guignent ma chaise, voilà tout.
C'est Dementhe qui-est ,1e plus mal partagé.
Sa chaise n'a qu'un'pied, et quand il veut travailler, il faut
qu'Ernest vienne la lui tenir.
Ernest s'y prête de très-bonne grâce; mais s'il arrive un abonné
sur ces entrefaites, patatras!... il lâche tout et Dementhe dégrin-
gole, décalant lui-même dans sa chute la chaise que Maxime avait
assujettie au moyen de deux canettes superposées.
Tout ça fait un bruit épouvantable qui réveille Martin en sur-
saut et le lait choir de son fauteuil, dont il avait remplacé un pied
par les pincettes et un autre par une colonne de six pots de con-
fitures.
Vingt fois on a demandé à Commerson de faire remettre des
pieds à nos sièges ; vingt fois cet aimable autocrate nous a ré-
pondu :
— As-tu fini!...
Son système est celui-ci :
Un rédacteur bien assis ne tarde pas à dégénérer en mie de
pain.: carrément installé dans un bon fauteuil, il s'accoutume au
bien-être, à la tranquillité, et en arrive facilement à ce degré de
gras fondu qui prud'hommise le cerveau et timothéise la prose.
Un rédacteur dont la chaise branle, au contraire, est constamment
agacé par cette perspective d'aller piquer une tête dans le cra-
choir de son voisin ; les efforts qu'il fait pour se tenir en équilibre
(1) M. Léon Pujol qui signait les PICHENETTES au Tintamarre,
sous le nom de Tantinet, aura sans doute biffé mon nom. Sa qua-
lité d'homme sérieux à la Situation lui en aura fait un devoir. C
"LE TINTAMARRE
Du reste, à part ces fantaisies excentriques assez rares d'aHleuvs,
Portais a les mêmes prétentions et procède de la même manière
que Jacob.
Comme Jacob, Portais a des apôtres inébranlables dans leur '
confiance.
Ils ont tous mis sur le compte de "Portais ■- des miracles iden-
tiques à ceux que Jacob perpétue.
Ah ça! mais pour peu que ces guérisons-Và persistent à s'accom-
plir quelques années durant, nous finirons par n'avoir plus en
France le plus insignifiant malade.
•H-
Et je songe, non sans effroi, à l'avenir qui sera fait dès lors à tous
les individus vivant des -misères humaines : médecins, fabricants
de béquilles, bandagistes, infirmiers, pharmaciens, etc., etc.
Décidément, il faut s'attendre à voir bientôt se fermer l'Ecole de
médecine pour cause de désertion. Il est évident que tous les
élèves vont au premier jour interrompre des études désormais
sans issue.
Ce sera le coup de grâce du vieux quartier Latin.
JOHN STICK.
FÉRULE DU TINTAMARRE
M. de Pontmartin continue de donner, dans 'l'Univers illustré
du 10 août, des leçons et des modèles de ce style- que vous lui
connaissez.
Il parie d'un homme élu comme conseiller général : « Toutes les
musiques de la localité, dit-il, accourent comme une seule clari-
weMt':pour.jouer sous-ses fenêtres, etc. » —Accourir comme une
clarinette, voilà une expression trouvée.
« Ce jour-là, la famille est complète et possède les qualités
spongieuses que Balzac a constatée?. » — Des qualités spongieuses
pour dire, sans doute, que ces musiciens boivent comme des
éponges : quel-superbe français !
« Cet homme rare, chargé de conseiller généralement ses con-
citoyens, est obligé iX'inaugurer son mandai en leur conseillant
paHiciilièremenl de ne pas trop se griser. » — Hein ! qu'eu dites-
vous? Conseiller généralement, conseiller particulièrement, quelle
jolieantithèse ! Ou pourrait objecter à M. de Pontmartin qu'un
conseiller général tire ce nom de la grandeur de la division terri-
toriale qu'il représente, et non de ce qu'il doit s'adresser à tous ses
commettants; que, d'ailleurs, il est le conseiller, non pas des
habitants, mais du préfet.
Ces petites difficultés troubleraient l'esprit d'un homme ordi-
naire; elles n'arrêtent pas M. de Pontmartin, qui trouve ainsi très-
bon de faire inaugurer un mandat. Un mandat est une commis-
sion donnée par' d'autres. Ou inaugure ce qui commence, un
règne, un gouvernement.
Le mandat est complètement donné et reçu dès que l'élection
est faite. Comment songe-t-on à l'inaugurer?
Pendant le repas on annonce au maître de la maison une nou-
velle qui le contrarie et même l'émeut très-vivement. Selon notre
auteur « il contemple son assiette en homme très-disposé à en sor-
tir, » c'est-à-dire à sortir de son assiette. Parbleu! le Tintamarre
fait beaucoup de ces phrases-là; mais il les fait pour s'en moquer,
et ne devait pas s'attendre à se voir copié par un écrivain qui
croit dire des choses sérieuses.
Si vous désirez une curieuse description de la séance annuelle
des cinq Académies, ouvrez les Débuts du 17 août : ils nous la ra-
tissent bonne, comme le montrent les extraits suivants :
Au mois d'août, « la majeure partie de l'Institut lui-même a
déjà pris ses quartiers d'été. « — On connaissait tes quartiers d hi-
ver; les quartiers d'été sont mie invention nouvelle qui ne fera
probablement pas fortune, quoiqu'on y voie la majeure partie de
l'Institut lui-même dans le français de M. Ratisbonîie.
« Un quart à peine de ses membres faisait honneur au rendez-
vous donné au public. » — Faire honneur à un rendez-vous, hélas !
hélas!!
« Les leblurers de l'Institut ont pourtant pu se faire écouter.» —
Mon Dieu ! que c'est joli d'avoir mis leclurcrs où d'autres auraient
mis lecteurs! Pourquoi n'avoir pas écrit aussi faire écouter them-
selves? cette bigarrure-irait très-bien.
M. Lebrun, directeur de l'Académie française,--a fait un discours
comme .présidant laséànce,étce discours «-a-un -parfum- de haute
courtoisie: »
Que diable cela veut-il dire?
On se souvient qu'un grand prix a été donné à M. Thiers à l'oc-
casion de son Histoire du Consulat et de l'Empire. M. Ratisbonne ■
rappelle cet incident à; propos du prix donné aujourd'hui à M. Fé-
licien David.: 11 lé fait en ces termes : « La couronne a emprunté à
un tel. titulaire un lustre qui 1 dépasse de beaucoup/«. somme qui lui
est affectée. » —Une couronne qui emprunte un. luslie, lequel dé-
passe une somme; on est confondu d'admiration devant ces al-
liances de mots.
« Parmi les attraits qui ramenaient le public, la lecture an-
noncée de M. Renan n'était pas une médiocre amorce. » — Une
lecture qui est une amorce, et cette amorce rangée parmi les ut-
trails'.l tout cela est français comme cet ancien quolibet : « Met-
tez-lui le feu aux jambes, pour lui tirer les vers du nez et voir ce
qu'il a dans le ventre. »
Enfin, l'auteur a eu si chaud qu'il a quitté la séance, avant le
dernier discours. H songeait, dit-il, « qu'un peu de musique de Fé-
licien David n'aurait pas mal fait au milieu de l'atmosphère orien-
tale de cette séance. » — Qu'est-ce qu'une atmosphère orientale?
M. Ratisbonne veut dire qu'elle était très-chaude : c'est une atmos-
phère tropicale, ou équatoriale, ou méridionale, qu'il aurait
fallu. L'Orient n'est pas plus chaud que l'Occident.
Cet habile écrivain donne à M. Bertrand (de l'Académie des
sciences) un certificat de bon style : « M. Bertrand, dit-il, écrit
comme un vrai suvant, c'est-à-dire très-bien. » — Si M. Bertrand
a lu l'article entier, il a du être frappé surtout de la compétence
du juge.
19 août 1867.
PH1LALÈTHE.
QUATRAINS DÉPURATIFS
! Eu Dr "Vabontrain
A PROPOS DE L'ENTRÉE DE MADAME TIHERRET AUX BOUFFES
C'est dans « la Main leste » que doit
Débuter Thierret; —on l'affiche. —
A cette annonce, chacun voit
Que Thierret d'Eugène est lu biche.
SUR L'AUGMENTATION PROJETÉE DU PRIX DES IMPÉRIALES 1
D'OMNIBUS.
Ce ne peut qu'être une imposture.
Car, rançonner ainsi les gens
Qui voyagent sur la voiture,
C'est vouloir les mettre dedans.
SUR L'AUTEUR DE GAËTANA.
N'ayant plus d'esprit en réserve,
Et pris d'un soudain vertigo,
Je plains Edmond, à bout de verve,
Qui s'en prend à Victor Hugo.
SUR LE PASSAGE DU ROI DE GRÈCE A L1VERPOOL.
Sur son passage, assure-t-on,
Chacun criait à perdre haleine ;
Certes, la cité du coton-
Doit aimer le roi philellène.
SUR l'AUTEUR DES INDISCRÉTIONS PARISIENNES.
Ployraut sous un profond dégoût
De ce monde et de ses désordres,
Qui donc prétendait qu'au quinze août
Marx devait eut ter dans les ordres ?
SUR JACOB, LE ZOUAVE GUÉRISSEUR.
Ce qu'en lui surtout j'apprécie,
C'est qu'il opère sous son nom ;
A ceux qui l'appellent Messie,
11 répond doucement: mais non.
A PROPOS DE LA LETTRE DE JOUV1N DANS LE FfGAllO.
Jouvin vient de partir en guerre.
A ses rouges contradicteurs
Il dit: Messieurs, je n'aime guère
L'héroine de vos couleurs.
A PROPOS DE LA DÉLICIEUSE FARINE DU BAP.RY.
Pour avoir mangé deux assiettes
De cette soupe au goût amer,
On a — racontent les gazettes —
Risqué d'cnteri;i:r. VALLÈS IIIEI;.
I>r VAllON'ir.AIN.
BOURRICHE
Le lion du moment, l'homme qui jouit du privilège d'attirer
sur lui les rayons chaleureux des lunettes vertes du XIXe siècle,
c'est Jacob, un musicien des zouaves de la g^rde, qui souffle dans
un cor d'harmonie le matin, et opère dans l'après-midi des mira-
cles à tout casser. Douter de ses cures merveilleuses, ce serait
détruire, do fond en comble les croyances des paralytiques de l'é-
poque. Y croire, ce, serait faire bon marché de la faculté do mé-
decine de Paris. Si bien que nous nous trouvons dans la situation
de. l'âne de Buridan, et que nous allons, affolé d'amour, do la
bosse de Mayeux aux jambes en manches de veste de la mère
Camus.
Si j'en crois les cancans de portières et d'entrepreneuses de mo-
numents funèbres de la Rue de la Roquette, dont les journaux de
tous les formats se sont fait l'écho, il suffirait d'être mis en con-
tact avec cet arrière-neveu des frères Davenport, pour recouvrer
l'usage des jambes et. celui du monde.
Chaque jour la maison Baidy, qui jusqu'alors n'avait sacrifié
qu'au déménagement des pots-à-beurre et des armoires à glace
transporte au domicile du zouave des goutteux, des infirmes et
des paralytiques qui semblent ne laisser rien à désirer.
Dès que. ces sujets se trouvent en présence du zouave Jacob, une
révolution s'opère en eux ; les muets parlent, les membres endo-
loris retrouvent leur élasticité, et nous nous sommes laissé dire
qu'un cul-de-jatte — endurci dans cette position extra anormale
avait retrouvé soudain l'usage de ses jambes à la voix du divin
guérisseur.
— Avancez, fit le zouave Jacob.
— Mais, Monsieur, je ne puis.
— Obtempérez!
Soudain le cul-de-jatte déroula ses jambes et se dressa sur lui-
même. Au moment où — le coeur plein de reconnaissance — il se
disposait à se jeter dans les bras du docteur Jacob, celui-ci lui dit :
— Casse-la loi plus vite que çà, mon vieux.
Si nous en croyons le journal le Temps, un médecin de Paris
veut absolument tirer au clair le cas du zouave aux miracles. 11
lui confiera des malades bien et dûment atteints et convaincus de
bonnes paralysies,-réunissant toutes les qualités requises. Nous se
rions charmé, pour notre part, de voir se produire cette exné"
rience que nous appelons de tous nos voeux-
Un emprunt à M. Feyrnet, le chroniqueur du Temps :
« Dimanche dernier, trois statues ont été inaugurées :
» La statue de Napoléon I01', à Montereau ;
» La statue du général Travol,à Poligny;
» La statue du duc de Morny, à Deauville.
« Trois statues pour un seul dimanche, c'est un peu beaucoup-
enfin, passons- le temps présent fait peu d'hommes ; il se dédoml
mage en faisant des statues. «
Les plages sont désertes; les aubergistes du littoral de la Man-
che se désolent et versent des larmas bien corrosives sur le fiascu
des bains de mer eu l'an de grâce 1S67. C'est à peine si Ton
compte quelques baigneurs et baigneuses dans les casinos lesp]Us
fréquentés jusqu'alors. L'Exposition universelle semble avoir ab-
sorbé le mouvement et enchaîné toutes les grandeurs aux ri-
vages — du Champ de Mars.
Au lieu de s'adonner à la douleur, messieurs les aubergistes se
montreraient mieux inspirés en faisant un retour vers le passé et
en faisant par la même occasion leur mea culpa sur les ossements
des canards aux navets enfouis sous le fum> ■ ret à l'aide desquels
ils écorchèrent tout vifs les voyageurs tombés dans leurs serres.
Ce qui nous porte à rire des aubergistes, c'est que nous les
croyons capables de prendre leur revanche et de faire coup dou-
ble l'année prochaine.
EDMOND MAKT1K.
COURANTS D'AIR
M. Schnerb fait à la.Siluation la silhouette des journaux de la
petite presse.
Il est on ne peut plus gracieux pour notre cher Tintamarre, et
nous l'en remercions d'autant plus cordialement >,ue ses éloges
ne sont pas banals; il n'est pas miel pour tous nos confrères.
Nous avons peut-être une toute petite partie des qualités que
M. Schnerb nous prête.
Mais il a négligé de dire que Commerson nous élève si bien. (i;
Je ne sais si les lecteurs du Tintamarre s'en sont aperçus ; mais
dimanche dernier, j'ai fait relâche.
Ju ne parlerais certainement, pas de cette circonstance qui n'a
du reste, que très-peu rafraîchi le temps, si certaines personne?
mal intentionnées n'eussent cherché à me nuire en interprétant
mal mon absence.
Jean Luillieiymon excellent confrère, n'a pas craint d'insinuer
àCommer.-on que probablement, j'étais entré à la Jievue des Dew-
Mondes, sans le prévenir.
Maxime a infiltré que j'avais été arrêté la veille comme complice
de madame Frigard.
Et Edmond Martin a prétendu que l'on m'avait rencontré plu-
sieurs fois causant avec le contrôleur du Vaudeville circons-
tance qui aurait pu motiver mon renvoi immédiat du Tintamarre
si je n'avais pu prouver qu'en pénétrant sous le vestibule de ce
théâtre, mon intention était de fourrer des rats dans le cabinet
directorial.
Toutes ces insinuations intrigantes étaient d'autant plus
mesquines que leur but est bien mince.
Depuis trois ans que je suis au Tintamarre, j'ai le bonheur
d'avoir une chaise qui n'a qu'un pied de moins, tandis qu'à celles
de mes amis il en manque jusqu'à deux et trois.
De là leurs cancans.
Us guignent ma chaise, voilà tout.
C'est Dementhe qui-est ,1e plus mal partagé.
Sa chaise n'a qu'un'pied, et quand il veut travailler, il faut
qu'Ernest vienne la lui tenir.
Ernest s'y prête de très-bonne grâce; mais s'il arrive un abonné
sur ces entrefaites, patatras!... il lâche tout et Dementhe dégrin-
gole, décalant lui-même dans sa chute la chaise que Maxime avait
assujettie au moyen de deux canettes superposées.
Tout ça fait un bruit épouvantable qui réveille Martin en sur-
saut et le lait choir de son fauteuil, dont il avait remplacé un pied
par les pincettes et un autre par une colonne de six pots de con-
fitures.
Vingt fois on a demandé à Commerson de faire remettre des
pieds à nos sièges ; vingt fois cet aimable autocrate nous a ré-
pondu :
— As-tu fini!...
Son système est celui-ci :
Un rédacteur bien assis ne tarde pas à dégénérer en mie de
pain.: carrément installé dans un bon fauteuil, il s'accoutume au
bien-être, à la tranquillité, et en arrive facilement à ce degré de
gras fondu qui prud'hommise le cerveau et timothéise la prose.
Un rédacteur dont la chaise branle, au contraire, est constamment
agacé par cette perspective d'aller piquer une tête dans le cra-
choir de son voisin ; les efforts qu'il fait pour se tenir en équilibre
(1) M. Léon Pujol qui signait les PICHENETTES au Tintamarre,
sous le nom de Tantinet, aura sans doute biffé mon nom. Sa qua-
lité d'homme sérieux à la Situation lui en aura fait un devoir. C
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