Ce n'est pas un endroit très propice à l'établissement d'un monastère tel que le concevaient habituellement les hommes du IXe siècle : région déshéritée et peu fertile, éloi- gnée des centres de population ; les eaux de la Crémille ne font que naître et sont peu abondantes à proximité, de la Reclène. Doit-on dans ces conditions retenir l'identification proposée ? Il semble bien qu'une réponse affirmative puisse être,donnée car Roclena n'est qu'une Cella, c'est-à-dire un.mo- nastère d'importance secondaire dont les conditions d'exis- tence sont moins exigeantes que celles d'une abbaye comme Ferrières. On verra plus tard, au XIIe siècle, des monastères s'installer en des. lieux encore moins favorisés ; en Touraine, on peut citer le Grais (58), Relay (59), Lencloître-en- Chaufournois (60). Enfin Mazières était peut-être un lieu en- core habité à l'époque où fut fondé le monastère de Roclena. La Reclène ou l'Arclaine moderne peut donc avec probabilité suffisante être identifiée à la Cella de Roclena dont Loup de Ferrières nous a fait connaître l'existence.
L'enquête sur le monachisme tourangeau du nord de la •Loire avant le Xe siècle est, croyons-nous, parvenue à quelques résultats tangibles. Aux trois monastères déjà connus, Marmoutier, Maillé et Saint-Ouen, on peut ajouter avec une quasi-certitude les monastères de Latta et de Saint-Richmir. Là localisation de Roclena présente d'assez solides garanties, et nous avons pu déceler en Montreuil l'existence d'un monas- tère hypothétique. Si l'on voulait grouper par époques ces dif- férents établissements, on aurait approximativement le ta- bleau suivant :
avant le VIe s. : Marmoutier et Maillé. VIe s. : Latta. VIIe-VIIIe s. : Saint-Rigomer et Montreuil (?). VIIIe - IXe s. : Roclena, Saint-Ouen.
Sauf Marmoutier et probablement Latta, ce sont des monas- tères d'importance secondaire, simples Cellae ou monaste- riola. De plus, dans la mesure où nous avons pu retrouver
(58) Prieuré de chanoines réguliers d'origine érémitique, ene d'Azay-sur- Cher, cant. de Bléré ; l'ermitage apparaît vers 1120 et est érigé en monastère régulier en 1163, cf. GUIGNARD, Notes sur le prieuré du Grais, dans Ballet. de la Soc. arch. de Touraine, t. XIII, 1927, p. 144: t. XV, 1929, p. 292.
(59) Prieuré fontevriste, fondé vers 1100, cne de Pont-de-Ruan, cant. de Montbazon ; cf. J. X. CARRÉ DE BUSSEROLLE, Dict., t. V, p. 280 -281, et J. MAURICE, Le prieuré de Relay, dans Bullet. de la Soc. arch. de Touraine, t. XXX, 1951, p. 125-126.
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