Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1913-06-03
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 juin 1913 03 juin 1913
Description : 1913/06/03 (Numéro 13366). 1913/06/03 (Numéro 13366).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/07/2008
2
Le F*©-fcrfc Parisien
d'endurance et de loyalisme qu'elles nous «H-
données depuis le Soudain jusqu'au Maroc ne se
comptent plus. (Très bien très bien !)
Ce sont donc 60,000 hommes environ et
peut-être 70,000 ou 8(M»û0, car, sur ce point, je
ne crois pas que les^stimalions de M. Jaurès
soient excessives lui seront, chaque année, li-
bérés par anticipation.
Les libérations se feront d'abord au béné-
fice des enfants de familles nombreuses, puis
des soldats mariés, le sort ne devant inter-
venir qu'en troisième lieu. Divers contre-
projets tendent plus simplement à ramener,
pour tous, le service à trente-deux ou trente-
trois mois.
Peu importe à M. Le Hérissé du moment
qu'il y aura une classe de plus sous les dra-
peaux. Il conclut en suppliant ses collègues
d'aller vite, « car il nous faut au plus tôt
une France plus forte et plus respectée que
jamais On applaudit au centre, à droite.
Silence à gauche. Clameurs hostiles à
l'extrême gauche.
Le aramtar assaut
La minute d'après, cette extrême gauche
trépidante, emportée subitement comme par
un vent de fièvre, acclamait le porte-parole
des radicaux hostiles au projet NI. Félix
Chautemps, orateur froid, peu brillant mais
tenace, méthodique, dont le réquisitoire de-
vait prendre quatre heures d'horloge, pour
ne point se terminer encore. Avec une sorte
de douceur, ce fut d'abord ia condamnation
précise, sans phrases, du projet, de tout
projet de renforcement de 1 active par une
« rallonge »
Le prolongement du service actif est vain il
est attentatoire à la République, car consacre
les efforts hostiles des officiers de l'état-major
contre le principe de la nation armée consacré
par la loi de deux ans il porte préjudice à la
France, qu'il atteint et bouleverse dans son effort
industriel et agricole, dans son labeur intellec-
tuel, dans sa force défensive même, car, si les
jeunes Français sont toujours prêts à d'héroïques
'sacrifices, ils répugnent à la vie de caserne. (Ex-
clamalions et bruit au centre et à droite.)
Vous avez introduit à la caserne l'angoisse,
l'amertume et la mauvaise humeur, si redouta-
bles à la force morale de notre armée.
M. Driant. Ce sont les paroles comme les
Nôtres qui introduisent le désordre à la caserne.
(Applaudissements au centre et à droite.)
Pour M. Chautemps, la loi est non seule-
ment détestable, mais injustifiée la provo-
cation allemande n'existe pas.
M. Benoist. Comment cela?
M. Chautemps. C'est, au contraire, l'initia-
jtrve française qui a été considérée en Allemagne
Ècomme une provocation.
Tempête au centre, apostrophes furieuses
là l'orateur oubliait-il que le signal des
i armements était venu de Berlin ? Non, il ne
l'oubliait pas, mais ces armements allemands
n'étaient point dirigés contre nous. Ils
étaient motivés par l'aftaiblissement de l'Au-
triche comme puissance centrale, par le pé-
,ril slave.
M. Benoist. Et il croit ce qu'il dit
'Nouvelle tempête du centre, nouvel oura-
gan socialiste, ouragan de bravos furieux.
M. Chautemps insistait
Si l'on songe en même temps que l'Italie est
plutôt hostile à l'Autriche-Hongrie, on comprend
que l'Allemagne soit obligée de se garder, non
seulement à l'ouest et à i'est, mais encore au
sud. Elle ne peut guère compter sur les douze
corps d'armée de l'Autriche et sur les douze corps
d'armée de l'Italie, et par conséquent il n'y a pas
lieu de s'alarmer des mesures qu'elle veut pren-
) M. Paul Pugliesi-Conti. Vos paroles pour-
raient être placées dans la bouche d'un ministre
Ide la Guerre allemand.
M. Félix Chautemps. Je ne fais que repren-
idre les paroles de M. Pichon, quand il affirmait
que l'Allemagne n'est pas belliqueuse, que le
peuple allemand est attaché à la paix et que
l'empereur résiste à sa camarilla militaire. En
somme, je répète ce que tout le monde sait ici.
J'ajoute que la Chambre n'a pas oublié le mot
de Bisma.rck quand il déclarait que, si la France
attendait la déclaration de guerre de l'Allemagne,
la paix était éternelle. Je suis donc fondé à dire
l qu'en Allemagne les partis militaires et les pan-
!,ge"manistes ne sont pas plus écoutés que chez
fnous les chauvins. (Applaudissements à gauche.)
Pour le jeune député savoyard, il est un
.autre danger illusoire celui de l'attaque
,brusquée. Il faudra six jours aux Allemands
(pour se concentrer. Nous n'aurions qu'à faire
-;aussi .1 vite ou plus vite.
y M. Driant. Vous vous trompez. En trois
jours, nous aurions 350,000 Allemands sur les
ibras.
M. Chautemps. Je dis, d'après des spécia-
listes. d'après même certains membres du con-
seil supérieur (Mouvement.l que la grande atta-
que allemande ne pourrait se produire que le
septième jouir de la mobilisation. Augmentons
nos attelages, doublons nos voies ferrées et nous
pourrons amener plus vite nos réserves derrière
la ccuverture active renforcée.
La couverture allemande est de 180.000
^hommes la nôtre doit être égale. Elle peut
'jl'étre d'après M. Chautemps sans les trois
1 ans. Comment? En constituant dans l'Est
et le Nord six corps d'armée à 30.000 hom-
1 mes, auxquels s'ajouteront immédiatement
.60.000 réservistes locaux. Autre argument.
Que font au Maroc les soixante-dix mille
hommes aue l'on s'entête à y maintenir ?
M. de Mackau. Demandez cela à M. Cail-
laux
M. Messimy. Le cabinet Caillaux n'a envoyé
,que 38.000 hommes au Maroc.
I M. de Mun. Mais c'est bien vous qui avez fait
.marcher sur Fez? (Rires.)
il. Chautemps déplora l'effort marocain,
'les « raids » inutiles « pour gagner du ga-
on ». Très vigoureusement, M. de Monte-
belio, puis M. Etienne opposèrent à ces accu-
sations le plan si sage du général Lyautey
et la généreuse humanise de nos troupes.
L'orateur revint à son sujet. Il parla de l'en-
îadrement des réserves, de leur entraîne-
ment nécessaire plus que jamais « à un pays
ui ne peut avoir que l'armée de sa natalité ».
la général Pau s'intfJgma
Les réserves ? L'état-major les dédaigne,
mais c'est en elles que nous devons aiàctr
tout notre espoir. Quel besoin d'une armie
de métier alors que tous les citoyens, avant
comme après le service, peuvent être en-
traînées à la guerre La Bulgarie ne dut-elle
pas ses victoires à ses réservistes ?
M. Driant. Les Turcs lui en ont laissé le
N» 96. Feuilleton du Petit Parisien.
Les Deux Petiotes
GRAND ROMAN INEDIT
QUATRIÈME PARTIE
V (suite)
Or, ce que je veux, c'est que vous écriviez
la lettre que je vous ai dite.
Et si vous me connaissiez depuis plus
longtemps, vous sauriez que lorsque je veux
quelque chose, je le veux bien.
Les moyens, pour arriver à ce but ? Oh
ne vous inquiétez pas; quand on a pour un
centime d'imagination, il n'y a que l'embar-
ras du choix 1
Et penchée vers sa victime, un sourire
cruel plissant ses lèvres sensuelles, ayant
dans ses prunelles de fauve une flamme
mauvaise, elle expliqua
Vous verrez comme c'est ingénieux, les
petits trucs en question, et comme on arrive
facilement à briser les résistances les plus
énergiques, à triompher des caboches les
j,'lus dures.
Oh je n'ai pas le mérite d'avoir rien in-
venté j'ai trouvé ça en lisant autrefois les
livraisons illustrées des Chauffeurs.
Vous savez bien,, des costauds qui ont
existé dans les temps, et qu'on nommait ain-
si parce qu'ils avaient imaginé de chauffer
Traduction et reproduction formellement Interdites.
Copyright by Henri perçut. 1913.
-temps. Ici, il ne..s'agit pas des Turcs. (Bruit pro-
longé.)
M. Chautemps. Il n'importe. Nous n'utili-
sons pas les forces de la nation. L'état-major
trouve plus commode de grossir l'active pour
masquer son incurie.
Ovation des unifiés. huées du centre et
grosse émotion le générai Pau se levait,
visiblement énervé, indigné. Il prenait sa
serviette, voulait partir. M. Etienne, M.
Klotz, M. Benoist ne parvenaient qu'avec
peine à l'en empêcher. Ailleurs, autre spec-
tacle
Du banc de la commission, M. Jaurès
avait bondi au milieu de ses amis. Il leur
avait dicté le mouvement d'ensemble et
tous, dressés, chiaient au vieux chef d'ar-
mée
Partez Mais partez donc
Scandale effrayant. Au centre, à gauche,
à droite on avait compris l'impatience du
général, peu habitué à ces fâcheuses moeurs
parlementaires. On l'applaudissait et l'on
huait, on siffJait même M. Jaurès qui cla-
mait des accusations
C'est cela Toujours les mêmes Ils ne veulent
pas discuter. Nous les y contraindrons.
M. Deschanel intervenait, affirmait le
respect de l'assemblée pour les chefs, pour
le vétéran de Gravelotte, le glorieux mutilé
que l'on sentait tout irrité, grommelant en-
core depuis qu'il avait repris sa place. M.
Chautemps, au surplusJ prolongeait l'inci-
dent, le renouvelait même, affirmant que
la loi de 1905 avait été sabotée.
M. Driant. Par les ministres radicaux
M. Chautemps. Non, par l'état-major.
Fracas intense, double clameur de répro-
bations et de bravos. Le scandale se renou-
velait. Les deux généraux, alors, se levè-
rent ainsi que le colonel Riberpray. Et les
invitas reprirent à l'extrême gauche
Allez-vous en Allez-vous en
Mais les .ninistres, mais les députés répu-
blicains entourèrent de nouveau les officiers,
les adjurant de se ras.seoir. D'ailleurs, le
débat ne pouvait continuer dans ces condi-
tions. M. Chautemps remit au lendemain la
dernière partie de son discours sur la sou-
dure des effectifs.
M. Jaurès eontro les généraux
Les commissaires quittèrent cette salle où
l'on venait de leur donner un avant-goût de
la lutte qu'ils auraient à soutenir un mois
durant, plus d'un mois peut-être, sans droit
de réplique. L'incident était-il clos? Pas
pour -NI. Jaurès.
Les généraux avaient manqué de respect
au Parlement Ils devaient être rappelés à
l'ordre. Ne pourrait-on plus accuser l'état-
major d'incurie ?
Soutenu par ses amis et par les radicaux
socialistes, atrocement hué, conspué par ail-
leurs, le député de Carmaux fit appel aux
républicains et déposa un projet de résolu-
tion invitant le gouvernement à faire respec-
ter par ses commissaires les délibérations
de la Chambre.
M. Barthou fut très net: il repoussa le
projet de résolution et refusa de blâmer le
général Pau
La Chambre peut-elle mettre en balance ce
mouvement d'impatience et !es quarante années
de service du général Pau? (Vifs applaudissements
au centre, à droite et sur divers bancs à gauche.)
Quant à nous, nous n'acceptons pas le projet
de résolution nous le repoussons avec toute
l'énergie qui est. en nous. Nous ferons tout pour
que la liberté de discussion soit respectée, mais
nous nous refusons à nous associer à un blàme
qui, notre part, serait une lâcheté. (Vifs ap-
plaudissements'sur un grand nombre de bancs.)
Reculade subtile de M. Jaurès il retirait
son projet de résolution « puisque le gouver-
nement s'engageait à faire respecter la
Chambre n. Cela lui suffisait.
Et l'on applaudit encore à l'extrême gau-
che. M. Barthou jugea indispensable d'être
plus catégorique encore, de couper court à
toute interprétation tendancieuse
II appartient à M. Jaurès, dit-il, de retirer son
projet de résolution. Mais il m'appartient, j'ima-
gine, de ne pas accepter le commentaire dont il
a paru accompagner ce retrait.
J'ai dit que le gouvernement continuera à
assurer la liberté des discussions de la Chambre.
Mais que M. Jaurès et la Chanmi-e ne se mé-
prennent pas sur le sens de mes paroles. Je dé-
clare que, demain, derrière le gouvernement res-
ponsable, \1. le général Pau sera commissaire du
gouvernement.
On applaudit longuement au centre, et ce
fut tout pour cette première journée, cette
première bataille.
LA MANIFESTATION INTERDITE
M. Painlevé, député de la Seine, a avisé
M. Klotz, ministre de l'Intérieur, qu'il lui
poserait, aujourd'hui mardi, au cours de la
séance de la Chambre, une question sur les
raisons qui ont déterminé la police à arra-
cher l'inscription mise sur la couronne por-
tée dimanche à la statue de Jeanne d'Arc,
par une délégation de la Jeunesse répu-
blicaine ».
Après avoir posé sa question, M. Painlevé
présentera à la Chambre le projet de réso-
lution suivant
La Chambre, émue des obstacles opposés à une
manifestation républicaine, exprime sa résolution
de maintenir au-dessus de toute atteinte le droit
pour les citoyens d'affirmer librement leurs con-
victions républicaines et laïques.
Ce texte porte la signature de la plupart
des membres des groupes d'action républi-
caine et sociale.
D'autre part, les journaux ont reçu, hier,
la communication suivante
« Le ministre de 1 Intérieur n'a connu l'in-
cident survenu il la statue de Jeanne d'Arc,
rue des Pyramides, que par la démarche
ultérieure des organisateurs de la manifes-
tation.
Au surplus, le ministre de l'Intérieur a
reçu, ce matin, M. Chatenet, président de
l'Union de, jeunesses républicaines de
France, et M. Hennion, préfet de police. Il
a immédiatement ordonné une enquête qui
devra être poursuivie avec la plus grande
diligence. »
les pieds de leurs clients devant des braises
pour les contraindre à dire où ils cachaient
leur bonne galette.
Eh bien c'est tout pareil avec moi.
Tantôt, on vous badigeonne les pieds avec
de l'huile, et alors ça vous fait rissoler les
chairs, comme font les pieds de Sainte-Me-
nohould sur le gril.
Tantôt, on vous entre sous les ongles des
petites fiches de bois qui vous décollent la
peau tout doucement, et on arrose ensuite
avec du jus de citron ce qui vous picote
plutôt désagréablement.
Tantôt.
Mais elle s'interrompit, ricanant de la
face décomposée, verte de terreur qu'elle
voyait soudainement devant elle, et ajouta:
Mais si je vous dis tout avant, y aura
plus de surprise.
Seulement, vous verrez, on s'amusera, je
vous le promets.
Puis, d'une voix dure, menaçante:
C'est pas tout ça
On n'peut pas passer tout son temps à
dire des balançoires.
Donc, parlons peu, ma mignonne, mais
parlons bien.
Je vais encore vous laisser la nuit pour
réfléchir. On dit qu'la nuit, ça porte con-
seil.
Mais j'vous fiche mon billet que, si, de-
main matin, quand j'vous apporterai votre
pitance, y a pas de nouveau, alors, dame!
on ouvrira le bal.
J'ai de la patience, mais j'aime pas qu'on
se paie ma fiole.
C'est compris, hein, ma poulette ?
La pauvre Geneviève, plus morte que
vive, l'avait laissé parler, sans un geste,
sans un soupir.
Elle avait l'instinct que ce n'étaient pas
SUR LA LIGNE PARIS-BRBST
Un grave sabotage
à la gare des Chantiers
Versailles, 2 juin.
Depuis quelque temps, d'importants tra-
vaux sont commencés à la gare des Chan-
tiers, où l'on doit construire de multiples ou-
vrages, par suite de la suppression projetée
du tunnel sous lequel passent actuellement
les lignes de Brest, Granville et de la
Grande-Ceinture. Une large passerelle est
prévue au-dessus de l'emplacement du tun-
nel, et depuis deux mois ont été aménagés
deux puits boisés et cloisonnés pour rece-
voir de formidables culées. Ces Orifices ont.
dix mètres de diamètre et huit mètres de
profondeur.
Ce matin, à six heures, le contremaître de
/entreprise Privat constata qu'une partie
des chantiers avait été sabotée pendant le
cours de la nuit. Les rails d'un train Decau-
ville, avaient été enlevés sur une longueur
de quarante mètres et jetés avec plusieurs
wagonnets, au fond d'un de ces puits cons-
truits à hauteur de la voie projetée de Ram-
bouillet. En outre, les deux puits avaient été
déboulonnés en plusieurs endroits.
M. Joste, chef de la gare des Chantiers,
informa aussitôt Il. Perrussel, procureur
de la République, qui, accompagné de M.
Maudry, commissaire spécial, procéda aux
constatations d'usage.
A l'endroit où avaient été commis ces sa-
botages on découvrit quelques flaques de
sang, ce qui indiquerait qu'un tout au
moins de ceux qui y ont pris part a été sé-
rieusement blessé.
Les magistrats apprirent que trente ter-
rassiers du syndicat « rouge Il avaient été
licenciés, samedi soir, par l'entrepreneur.
Ce. dernier n'avait pas caché son dessein de
les remplacer par des ouvriers u jaunes
Ces actes de vandalisme sont-ils l'œuvre
de quelques-uns des travailleurs remerciés,
qui auraient agi par vengeance ? Les entre-
preneurs et les magistrats envisagent cette
hypothèse, mais ils n'ont, jusqu'à présent,
recuei!li aucun indice qui soit venu la con-
firmer.
Pour le moment, les saboteurs sont tou-
jours inconnus.
En poursuivant leurs investigations, les
policiers ont découverte. dans le bois de Sa-
tory. plusieurs flaques de sang, ce qui sem-
ble indiquer que le blessé, transporté pur
ses camarades, est passé par là et a dû être
conduit dans une localité voisine.
Le grand banquet
des voyageurs commerce
M. Louis Bussière, président de la Fédéra-
tion nationale,. nous donne son avis sur
cette manifestation corporative.
La Fédération nationale des voyageurs et
représentants de commerce, sans compter
ses syndicats parisiens adhérents, groupe
une trentaine de grandes sociétés départe-
mentales. Etant l'une des plus importantes
associations de France, c'est à ce titre
qu'elle fait partie de la conférence corpora-
tive organisatrice du grand banquet des
voyageurs qui aura lieu le samedi soir,
14 juin courant.
Cette manifestation suivra de quelques
jours le onzième congrès organisé à Nancy
par la Fédération nationale, qui a invité tous
les membres de la corporation assister,
les JL7 et 8 juin, à cette réunion confrater-
nellév^Ù syndicats et associations discute-
ront lés points principaux de leur program-
me professionnel.
M. Louis Bussière, de Nancy, président
de la fédération, présidera également le
congrès tenu en Meurthe-et-Moselle.
Il nous a donc paru intéressant de deman-
M. Louis Bussière
Président de la Fédération nationale des
voyageurs de commerce
der à M. Louis Bussière, qui jouit d'une iégi-
time autorité parmi ses collègues, de vouloir
bien nous donner son opinion sur le grand
banquet des voyageurs, qui aura lieu à Paris
et que présidera M. Louis Barthou, prési-
dent du Conseil des ministres.
Si M. Bussière est tenu à une certaine
réserve, comme étant placé à la tête d'une
organisation composée d'éléments divers, il
lui est toujours loisible d'exprimer son avis
personnel, et c'est celui que nous avons
recueilli
J'approuve pleinement, nous a répondu
M. Bussière, la manifestation organisée avec
le concours du Petit Parisien, qui permet-
tra à la corporation tout entière de prendre
contact avec les pouvoirs publics.
» Partisan de la décentralisation, j'émets le
vœu que ce banquet, que je voudrais voir
annuel, coïncide avec le congrès de la Fédé-
ration nationale des voyageurs et représen-
tants de commerce et d'industrie de France,
de vaines menaces, et la perspective des
cruelles tortures qui lui étaient réservées, la
terrifiait.
Elle se demandait si elle aurait le cou-
rage de supporter ces souffrances physi-
ques, et si toute sa résistance n'aboutirait
pas, en fin de compte, à une misérable et
lâcbe capitulation.
La porte refermée sur la geôlière, la pi-
toyable victime éclata en sanglots déchi-
rants.
Que pouvait-elle faire ?
Aurait-elle le courage de devancer, par
une vort volontaire, les supplices plus atro-
ces encore qui l'attendaient ?
Mourir Ah oui, elle voudrait mourir 1
Toute sa raison lui criait que la mort seu!e
mettrait un terme aux affreux tourments
qu'elle endurait.
Et cette mort, qu'elle appelait de tous 3es
vœux, elle n'avait pas le courage d'aller à
elle.
Pauvre petite si tendrement élevée, si
choyée, si entourée des soins les plus déli-
cat?, se trouver brusquement au bord d'un
gouffre, sentir l'impérieuse nécessité de s'y
précipiter, et ne pouvoir triompher de cette
lâcheté si naturelle, si compréhensible, qui
fait se cramponner à la vie la créature hu-
maine
Une partie de la nuit se passa au milieu
de ces effroyables angoisses.
Par instants, elle ne pouvait croire que
tout cela fût vraiment la réalité.
Elle espérait qu'elle était la proie de quel-
que horrible cauchemar, mais qu'enfin elle
allait s'éseiller, et que les premières lueurs
du jour dissiperaient en même temps que les
ténèbres de la nuit ces horribles terreurs.
Hélas, non 1 II lui fallait bien se rendre à
l'évidence.
et ait lieu dans la ville où se tiennent nos as-
sises professionnelles, et où se trouveraient
ainsi réunis les militants de tous les
groupements, fédérés ou non, le congrès
étant libéralement ouvert à toutes les asso-
ciations.
» Corrune le congrès doit, statutairement, se
tenir à Paris tous les trois ans, tous les
intéressés y trouveraient leur compte, et
satisfaction serait ainsi donnée tour à tour
à la capitale et à la province. »
La question soulevée par M. Louis Bus-
sière est très intéressante et sa réalisation
n'offrirait aucune difficulté. Aux sociétés de
donner, à leur tour, leur avis à ce sujet. En
attendant, comme le disait notre confrère le
Voyageur, journal corporatif, dans son nu-
méro du J"* juin, tous les voyageurs et re-
présentants de commerce se feront un de-
voir d'assister, en grand nombre, à cette
fête professionnelle sans précédent puis-
qu'elle réunira les militants de toutes les
associations et syndicats de voyageurs et
représentants de commerce de France.
Il est donc du devoir de la corporation
entière de prouver aux pouvoirs publics sa
vitalité et l'esprit de cohésion qui l'anime
dans ses revendications professionnelles. »
H. MONTCLAR.
;On trouve des cartes pour le grand banquet
des voyageurs, au prix de fi francs, aux adresses
suivantes Association des voyageurs, 64, bou-
levard de Sébastopol Fédération nationale, 10,
rue de Lancry Protection mutuelle, 13, boule-
vard de Strasbourg Union syndicale nationale,
8, rue des Petites-Ecuries; Petit Parisien, 18, rue
d'Enghien, Paris.
A quai titre la fausse princesse
reçut-elle les bijoux de M. Debrière?
.NI. Boucard, juge d'instructon, a inter-
rogé, hier, une étrangère qui se dit « prin-
cesse de Salm », arrêtée pour escroquerie.
Elle aurait commis ce délit en se fiançant à
un M. Debrière j,'our obtenir de lui des
joyaux de grand prix, JHiis se serait ensuite
fiancée à un autre.
On avait cru que l'inculpée était une aven-
turière connue, Adélaïde Madeleine Galli,
née à Paris, le 27 septembre 1874. C'était
une erreur.
La concierge de la rue Mansard, où Made-
leine Galli a habité, mise en présence de la
prévenue, a déclaré que ce n'était pas son
ancienne locataire
Au sujet de la plainte dont elle est l'objet,
la « princesse de Salm » dit
NI. Debrière, à qui j'avais été présentée,
à la gare du Nord, par un ecclésiastique.
M..Tourné, prélat du pape, ne m'a pas don-
né des bijoux, ainsi qu'il le déclare, au titre
de fiancé, car je ne lui ai jamais promis le
mariage. C'est simplement comme amou-
reux qu'il m'a fait des cadeaux.
Et la prévenue a remis au magistrat un
certain nombre de lettres qui indiquent
l'existence de relations intimes entre le plai-
gnant et la princesse ». Demain, M. Bou-
card les mettra en présence.
Le Congrès international
des femmes
Le dixième congrès international des
femmes s'est ouvert, hier, ainsi que nous
l'avons annoncé.
De très nombreuses congressistes, venues
de province et de l'étranger, ont été reçues,
dans la matinée, par leurs collègues fran-
çaises, à l'hôtel des Ingénieurs civils, rue
Blanche.
L'après-midi, Mme Jules Siegfried, prési-
dente du Conseil national des Femmes fran-
çaises, a offert une réception très brillante,
à laquelle assistaient Mmes May Wrygiit
Sewall, des Etats-Unis Wachtine. de Rus-
sie Dobsan, de Tasmanie Sanford, du Ca-
Lady Aberdeen, vice-reine d'Irlande
présidente du conseil international des femmes
nada Bogelot, Julie Toussaint, Kergomard,
Enfin, le soir, à huit heures et demie, les
congressistes se sont retrouvées dans le
grand amphithéâtre de la Sorbonne, où avait
lieu la séance d'ouverture du congrès, sous
la présidence de M. Klotz, ministre de l'In-
térieur.
Sur l'estrade, devant une table harmo-
nieusement décorée de roses rouges et de
palmes, toutes les déléguées françaises et
étrangères avaient pris place autour du re-
présentant du gouvernement.
Après lady Aberdeen, présidente du con-
seil international des femmes, et Mmes Jules
Siegfried, les déléguées d'Angleterre. d'Ita-
lie, de Russie, du Danemark, des Etats-Unis,
de Suisse, de Belgique, d'Autriche, des Indes
d'Autriche et du Canada prirent successive-
ment la parole pour fixer" la portée et la si-
gnification de la grande manifestation fémi-
nine à laquelle elles vont prendre part.
Enfin M. Kiotz parla le dernier. Au nom
du gouvernement de la République, il
souhaita la bienvenue aux étrangers et fé-
licita chaleureusement les congressistes pour
l'oeuvre de solidarité et de iushce il laquelle
elles se sont consacrées.
C'est aujourd'hui que les travaux du con-
grès commenceront vraiment. Les commis-
sions d'assistance,' d'hygiène, d'éducation,
et de législation se réuniront pour étudier
les intéressantes questions de l'améliora-
tion du logement ouvrier, de la lutte contre
la tuberculose et de la capacité civile de la
femme mariée.
A
Le Président de la République a reçus, hier
après midi, une délégation des syndicats d'initia-
tire du Limousin, du Quercy et du Périgord. Cette
délcgatton était accompagnée des préfets des dé-
partements de la Haute-Vienne, de la Creuse, de
la Corrèze, du Lot et de la Dordogne, auxquels
s'étaient joints la plupart des sénateurs et des
députés de ces régions.
Les rlélégués s«nt vénus inviter officiellement
le Président de la République à visiter toute la
région. NI. Poincaré les a vivement remerciés et
a accepté leur invitation.
Elle était en pleine veille, en pleine souf-
france.
Et elle devait choisir entre le suicide et la
lâcheté qu'on exigeait d'elle.
La lâcheté Au fond, était-ce vraiment
une lâcheté ?
Les paroles de cette misérable femme lui
tintaient encore aux oreilles, et son argu-
mentation l'impressionnait davantage, main-
tenant.
De quoi s'agissait-il ?
De saisir une occasion si ardemment guet-
tée depuis longtemps, de reconnaltre les bon-
tés admirables qu'avait eu pour elle sa mère
adoptive.
Cette occasion, certes, se présentait sous
des aspects abominables.
Mais devait-elle s'inquiéter de cela?
Devait-elle avoir en elle une autre pen-
sée que de conserver à sa mère adoptive
une fille qu'elle avait si longtemps pleurée,
et qui venait de lui être miraculeusement
rendue ?
Non, elle serait une misérable ingrate si
elle se laissait arrêter par la moindre con-
sidération, quelle qu'elle fût.
Il lui iallait se sacrifier toute, et ce sacri-
fice, son devoir était de le consommer.
D'ailleurs, sans celle qui l'avait recueillie,
élevée, choyée, chérie, que serait-elle ?
Et elle hésitait, alors qu'elle avait une oc-
casion de prouver sa gratitude envers la
femme admirable qui lui avait servi de
mère ?
Mais elle serait une misérable
On la maudirait, on la mépriserait.
A faire son devoir, en dépit de ces malé-
dictions, de ces haines, elle n'en serait que
plus méritante.
Que pouvait lui importer ce qu'on.pense-
CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS
Séance du lundi 2 juin 1913
En ouvrant la séance, le nouveau prési-
dent, M. Chassaigne-Goyon, prononce le dis-
cours d'usage qui débute ainsi
Discours du président
Messieurs,
Vous m'avez fait un grand honneur en m'appe-
lant à présider notre assemblée. J'en suis très
Qer, et c'est de tout cœur que je vous renouvelle
aujourd'hui mes remerciements. Si l'on meut
prédit, il y a quelque quinze ans, que je devien-
drais un jour président du conseil municipal de
Paris, sans doute me serais-je senti intérieure-
ment très flatté, mais à la réflexion, ce rêve se
fût promptement évanoui.
Les temps sont maintenant bien changés
Est-ce la roue de la politique qui a un peu
tourné ? Peut-être Ne serait-ce pas plutôt, vrai-
sembtablement, qu'elle ne tourne plus guère à
l'HDtel de Ville où nous avons mieux à faire,
Dieu merci, que de dépenser notre intelligence,
nos forces, notre énergie au service d'intérêts de
parti qui ne se confondent pas toujours, hélas
avec ceux de notre grande cite ?
Au conseil municipal, nous en sommes arrivé-
peu à peu à nous considérer comme les membres
d'une grande famille liés étroitement entre eux
par les mêmes responsabilités la même ardeur à
défendre les intérêts, les droits, les libertés de
l'aris, le même amour passionné de sa beauté, le
même désir de lui conserver son renom de bien-
faisance et d'hospitalité.
M. Chassaipne-Goyon, ayant rendu hom-
mage à son prédécesseur,' M. Henri Galli,
passe alors Pn revue l'œuvre municipale et
économique accomplie an cours des derniè-
res années et énumère les autres oeuvres
vitales qui devront être réalisées pour satis-
faire aux exigences légitimes de la popula-
tion ces œuvres visent notamment la pro-
tection des citoyens contre l'armée du cri-
me, la modernisation des hôpitaux, l'adduc-
tion d'eau de source, la défense contre les
inondations, l'édification du palais des Expo-
sitions, la solution définitive et réelle de la
question des habitations à bon marché,
l'amélioration de l'hygiène générale, la dé-
saffectation des fortifications, l'augmenta-
tion des espaces libres, l'ouverture de gran-
des artères et l'application de mesures pro-
pres à diminuer l'encombrement.
En ce qui concerne l'organisation de l'en-
seignement primaire et professionnel, le
nouveau président du conseil municipal dé-
clare que « l'horizon ouvert l'activité des
édiles est presque illimité
Le discours de NI. Chassaigne-Guyon est
très applaudi.
Le président donne ensuite la parole au
nouveau préfet de policcj, M. Hennion.
Discours de M. Hennion
Après avoir félicité le nouveau président
du conseil municipal et remercié l'ancien,
M. Hennion a salué l'homme qui a laissé
à la préfecture de police un souvenir aussi
profond ». Puis il a déclaré vouloir faire
connaître tout de suite « sa pensée avec le
plus de clarté possible ».
Nulle administration n'a été plus injuste-
ment discutée que la police de Paris, et pour-
tant nulle « n'a rendu plus de services non
seulement à Paris, mais à la France elle-
même ».
Est-ce à dire, poursuit-il, que tout y soit par-
fait et que des retouches, les unes légères, d'au-
tres plus profondes, n'y soient nécessaires? ce
serait énoncer un paradoxe que de le prétendre.
-%Il. Lépine. à la fin de notre dernier entretien,
au moment où il allait quitter un cabinet où il
laissait tant de lui-même, me disait dans un
grand geste de mélancolie « Après tout, je suis
depuis si longtemps dans cette maison que peut-
éire n'en vois-je plus bien les défauts. Mot
d'honnête homme clairvoyant, messieurs, mot
profond, vrai toujours, mais surtout quand il
s'applique à un organisme aussi complexe que
la préfecture de police.
M. Hennion ayant parlé des associations
de fonctionnaires et fait connaître sa façon
de penser à ec sajet, s'est exprimé ainsi sur
le problème de la circulation dans Paris
Vous savez les essais que je lente en ce mo-
ment, après avoir pris l'avis des syndicats inté-
ressés et de la commission de la circulation ces
essais ont jusqu'ici produit d'heureux résultats.
Attendons cependant, avant de nous prononcer
définitivement, leur mise au point nécessaire. Je
n'ai rien inventé, d'ailleurs, et j'ai trouvé la plu-
part des remèdes que j'applique dans les lettres
et dans les rapports des conseillers municipaux
qui se sont occupés de la question. Je crois que
le léger tort de la préfecture de police dans cette
affaire a été de trop travailler sur le papier et
pas assez sur le terrain la maison est un peu at- j
teinte, elle aussi, de ce grave défaut de la pape-
rasserie qui détourne tant d'efforts intelligents
du but pratique vers lequel doivent tendre les
administration publiques. J'avoue avoir été stu-
pétait en voyant les officiers de paix, qui de-
vraient passer la moitié de leurs journées en uni-
forme dans la rue. entourés de trois et parfois
quatre secrétaires afin de pouvoir suffire au tra-
vail de bureau qui leur est imposé. C'est une ques-
tion examiner. C'est sans doute à cela que je
dois d'aveu- trouvé tant de gardiens de la paix
si mal préparés à la surveillance de la voie publi-
que, et c'est ainsi que se justifie l'intéressante
proposition de M. Massard concernant la spécia-
lisation d'un certain nombre d'agents dans cha-
que arrondissement.
Et le préfet de police a terminé en disant
que loin d'être <• un policier politique com-
me l'a voulu certt:ne légende, il était au con-
traire et avant tout « un homme épris d'har-
monie et passionné de justice » et qu'il s'em-
ploierait a la réalisation de cette harmonie
et de cette justice.
Pour la réorganisation municipale
M. Emile Desvaux rappelle les vœux
déposés au cours des précédentes sessions,
vœux tendant à la réforme du système actuel
des élections pour le conseil municipal, no-
tamment le vœu 'de MM. Dausset et Henri
Galli, adoptanl le principe de la représenta-
tion proportionnelle celui de M. Gréhauval,
tendant au dédoublement des quartiers con-
tenant plus de 80.000 habitants celui de M.
Rousselle, tendant à substituer le scrutin de
liste par arrondissement au scrutin nominal.
La commission de réorganisation munici-
pale à laquelle ces voeux ont été transmis
n'ayant pas encore présenté un rapport sur
la question, M. Emile Desvaux propose que
rait d'elle, du moment que son but serait at-
teint ?
Mais, d'un autre côté, était-elle certaine
de l'atteindre ?
Lui était-il prouvé qu'en faisant le bonheur
de mademoiselle de Salavédra, elle empê-
cherait la douce créature qu'elle aimait tant,
de se désespérer de la perte de celle qui,
pendant de si longues années, avait été tout
pour elle ?
Cruelle angoisse, douloureux problème
Elle n'en avait pas encore trouvé la solu-
tion que la porte s'ouvrait, livrant passage
il. la geôlière.
Eh bien demanda celle-ci en posant,
comme le matin précédent, sur la. table, la
potée de soupe fumante et la lanterne, avez-
vous réfléchi ?
Va-t-il falloir employer les grands moyens
pour vous contnpndre à faire ce qui n'est,
après tout, que votre devoir?
Hélas soupira la malheureuse, c'est si
épouvantable, ce que vous exigez.
Je n'exige rien.
Je vous ai donné un conseil, le conseil
qu'aurait déjà dû vous inspirer votre cons-
cience.
A vous de voir ce que vous devez faire.
La Môme parlait maintenant avec moins
de raideur.
A la voix de la prisonnière, à son attitude,
elle avait cru constater un certain fléchis-
sement dans sa résistance, et elle eût de
beaucoup préféré obtenir par la douceur et
le raisonnement un résultat qu'elle était
pourtant à peu près certaine d'obtenir par
les moyens violents devant lesquels elle était
décidée à ne pas reculer.
Alors, interrbgea-t-elle, voulons-nous
être raisonnable ?
cette commission soit invitée à soumettre
d'urgence au conseil ses conclusions sur
les divers projets de vœux renvoyés à son
examen.
M. Pierre Vtorel, président de la commis-
sion de réorganisation municipale, dit que la
réforme électorale doit être basée sur la
justice et par suite sur une représentation
plus exacte de la population.
Après une intervention de MM. Grébau-
val, Deslandres et Navarre, la proposition de
M. Emile Desvaux est adoptée.
Le personnel de la préfecture de la Seine
M. Lernarchand, au nom de la commis-
sion du personnel, expose son rapport sur
le mémoire du préfet relatif au nouveau
régime des retraites à appliquer au person-
nel ouvrier. La commission s'est ralliée au
système proposé par le préfet.
La disposition la plus imporîantp de ce
règlement consiste dans l'article 7, ainsi
conçu
ijfc droit à l'indemnité annuelle et viagère, in-
dépendamment de la retraile assurée par la
Caisse nationale est acquis
10 Après 55 ans d'âge et 25 ans de services ef-
fectifs pour les ouvriers et las uuvrières
20 Affres, 50 ans d'âge et 20 ans de services ef-
fectifs pour les ouvriers appartenant aux café,-
vriers des carrières sous Paris et de la désinfec-
tion du marché aux bestiaux'.
En conséquence, la retraite d'un ouvrier com-
prendra les rentes acquises sur la Caisse natio-
nale des retraites pour Is vieillesse au nom de
l'ouvrier et de son conjoint, et s'il y a lieu, une
allocation annuelle et viapère comprémentaire de
façon à lui assurer un minimum de pension de
francs après 55 ans d'âge et îo Rns de ser-
vices effectifs.
Les ouvriers appartenant aux i-atégories dites
insalubres auront droit à ce minimum après 50
ans d'âge et 20 ans de services effectifs.
La pension minima sera de, 800 francs pour les
cuvrières après 55 ans d'âge et 25 ans de servi-
ces effectifs.
Chaque année de service supplémentaire aux
25 ans prévus ci-dessus, ou aux 20 ans prévus
pour les ouvriers appartenant aux catégories in-
salubles, donnera droit, à une majoration de 50
francs pour les ouvriers et de 32 francs pour les
ouvrières.
L'allocation annuelle complémentaire sera ac-
cordée lorsque la rente de l'ouvrier, ajoutée à
celle de son conjoint, ne dépassera pas 1,500 fr.
et seulement jusqu'à concurrence de cette
somme.
M. Dausset, rapporteur général du bud-
get, demande si ce règlement aura un effet
en ce qui concerne le service du gaz. S'il doit
en être ainsi, il serait préférable d'attendre
le mémoire que ie préfet nrésentera à ce
sujet.
M. Armand Grébauval rappelle que la So-
ciétz du gaz capitalise les retraites on se
demande donc si elle admettra le système
proposé par M. Lemarchand. Il vaut donc
mieux surseoir à une décision.
M. Lemarchand accepte l'ajournement et
fait voter le deuxième projet de son rapport
invitant le préfet à examiner les diverses
demandes du personnel relativement au
classement de certaines professions dans
le* catégories dites insalubres.
Affaires diverses
^I. Hénaffe fait ensuite renvoyer au bureau
une propositron tendant à ce 'que des fêtes
soient organisées au bénéfice de l'oeuvre du
loyer pour les familles nombreuses.
M. Alpy dépose et fait renvoyer à la cin-
quième commission une proposition tendant
à assurer aux malades admis dans les hôpi-
taux le libre choix entre le service des
laïques et celui d'es religieuses.
Séance, lundi.
INFORMATIONS POLITIQUES
Les dépenses militaires
et l'impôt sur le capital
La commission de législation fiscale de la
Chambre, réunie hier, sous la présidence de
M. Malvy, a donné son avis sur le projet du
I ministre des Finances tendant à établir un
impôt national sur le revenu.
Ni- Magniaudé a développé un amende-
ment ayant pour but de faire supporter les
charges militaires par un impôt sur le
capital.
La commission a donné un avis favorable
à ce principe, et elle s'est prononcée pour
l'établissement d'une commission unique sur
le capital, payable en plusieurs annuités.
Les fortifications de Paris
La commission du budget a continué hier
l'examen du projet sur les fortifications de
Paris. Elle a entendu NI. Caron, conseiller
municipal auteur d'un proiet prévoyait seu-
lement l'amendement du terrain des fortin-
cations et de M. de Molènes, vicvprésident
de la ligue des zoniers. Elle a décidé de de-
mander au préfet de la Seine divers renset-,
gnements relatifs aux grands travaux d'ex-
propriation entrepris par la Ville de Paris
et de l'entendre à nouveau, ainsi que M.
Dausset, sur un certain nombre de ques-
tions.
Neuf receveurs de tramways arrêtés
Depuis plusieurs mois, la compagnie des
tramway/ de l'Est-Parisien constatait que
des receveurs percevaient le prix des pla-
ces sans remettre aux voyageurs les tickets
prescripts. Ces employés indélicats conser-
vaient ainsi une partie de la recette.
Hier, neuf d'entre eux ont été écroulés à
la Santé, sous mandat de M. Worms, juge
d'instruction. Ce sont les nommés Cheva-
lier, L'gairou, Pénise, Lupeau, Tire], Uche-
cop'pen, Martinie, Saint-Paul et Aimage.
NOS VOYAGES
accompagnés
FAMBOUILLET SUISSES OCCIDENTALE
et ENGADINE DAUPHINE SUISSE
VALAISANNE
Voir les pria et détails en i' page
Les mains jointes, Geneviève balbutia
suppliante
Soyez bonne, madame, donnez-moi en-
core du temps.
Si vous sâviez comme c'est épouvantable,
ce que vous exigez de moi.
Permettez-moi de réfléchir quelques heu-
res encore.
Elle était presque à genoux, le corps se-
coué par un tremblement convulsif, épiant
avec terreur sur le visage de son bourreau
la réponse qu'elle en pouvait espérer.
Soit! consentit encore la Môme, je
vous donne jusqu'à demain.
Et elle sortit, se disant qu'après tout, elle
ne risquait pas grand'chose à accorder un
délai grâce auquel il lui serait peut-être pos.
sible d'écarter d'elle toutes les complica-
tions dangereuses.
Au cas où, contrairement à toutes prévi-
sions, on finirait par découvrir la retraite
de la séquestrée, celle-ci ne pourrait pas,
au moins, arguer des mauvais traitements
qui lui auraient été inlligés.
Et les conséquences de la conduite de la
Môme et de ses complices s'en trouveraient
allégées.
Néanmoins, dans après-midi, en se re-
trouvant avec Mon Mignon, elle lui donna
rendez-vous pour le lendemain matin.
En cas de refus définitif de la prisonnière,
l'aide d'un homme énergique serait indis-
pensable à la jeune femme.
Mais elle ne lui cacha pas qu'elle souhai-
tait vivement n'avoir pas besoin de ses ser-
ces.
A l'aube, fidèle à sa promesse, laissant
Mon Mignon dans l'écurie, à proximité du
moindre appel, elle pénétra auprès de Gene-
viève.
(A suivre.) HENRI KËROUL
Le F*©-fcrfc Parisien
d'endurance et de loyalisme qu'elles nous «H-
données depuis le Soudain jusqu'au Maroc ne se
comptent plus. (Très bien très bien !)
Ce sont donc 60,000 hommes environ et
peut-être 70,000 ou 8(M»û0, car, sur ce point, je
ne crois pas que les^stimalions de M. Jaurès
soient excessives lui seront, chaque année, li-
bérés par anticipation.
Les libérations se feront d'abord au béné-
fice des enfants de familles nombreuses, puis
des soldats mariés, le sort ne devant inter-
venir qu'en troisième lieu. Divers contre-
projets tendent plus simplement à ramener,
pour tous, le service à trente-deux ou trente-
trois mois.
Peu importe à M. Le Hérissé du moment
qu'il y aura une classe de plus sous les dra-
peaux. Il conclut en suppliant ses collègues
d'aller vite, « car il nous faut au plus tôt
une France plus forte et plus respectée que
jamais On applaudit au centre, à droite.
Silence à gauche. Clameurs hostiles à
l'extrême gauche.
Le aramtar assaut
La minute d'après, cette extrême gauche
trépidante, emportée subitement comme par
un vent de fièvre, acclamait le porte-parole
des radicaux hostiles au projet NI. Félix
Chautemps, orateur froid, peu brillant mais
tenace, méthodique, dont le réquisitoire de-
vait prendre quatre heures d'horloge, pour
ne point se terminer encore. Avec une sorte
de douceur, ce fut d'abord ia condamnation
précise, sans phrases, du projet, de tout
projet de renforcement de 1 active par une
« rallonge »
Le prolongement du service actif est vain il
est attentatoire à la République, car consacre
les efforts hostiles des officiers de l'état-major
contre le principe de la nation armée consacré
par la loi de deux ans il porte préjudice à la
France, qu'il atteint et bouleverse dans son effort
industriel et agricole, dans son labeur intellec-
tuel, dans sa force défensive même, car, si les
jeunes Français sont toujours prêts à d'héroïques
'sacrifices, ils répugnent à la vie de caserne. (Ex-
clamalions et bruit au centre et à droite.)
Vous avez introduit à la caserne l'angoisse,
l'amertume et la mauvaise humeur, si redouta-
bles à la force morale de notre armée.
M. Driant. Ce sont les paroles comme les
Nôtres qui introduisent le désordre à la caserne.
(Applaudissements au centre et à droite.)
Pour M. Chautemps, la loi est non seule-
ment détestable, mais injustifiée la provo-
cation allemande n'existe pas.
M. Benoist. Comment cela?
M. Chautemps. C'est, au contraire, l'initia-
jtrve française qui a été considérée en Allemagne
Ècomme une provocation.
Tempête au centre, apostrophes furieuses
là l'orateur oubliait-il que le signal des
i armements était venu de Berlin ? Non, il ne
l'oubliait pas, mais ces armements allemands
n'étaient point dirigés contre nous. Ils
étaient motivés par l'aftaiblissement de l'Au-
triche comme puissance centrale, par le pé-
,ril slave.
M. Benoist. Et il croit ce qu'il dit
'Nouvelle tempête du centre, nouvel oura-
gan socialiste, ouragan de bravos furieux.
M. Chautemps insistait
Si l'on songe en même temps que l'Italie est
plutôt hostile à l'Autriche-Hongrie, on comprend
que l'Allemagne soit obligée de se garder, non
seulement à l'ouest et à i'est, mais encore au
sud. Elle ne peut guère compter sur les douze
corps d'armée de l'Autriche et sur les douze corps
d'armée de l'Italie, et par conséquent il n'y a pas
lieu de s'alarmer des mesures qu'elle veut pren-
) M. Paul Pugliesi-Conti. Vos paroles pour-
raient être placées dans la bouche d'un ministre
Ide la Guerre allemand.
M. Félix Chautemps. Je ne fais que repren-
idre les paroles de M. Pichon, quand il affirmait
que l'Allemagne n'est pas belliqueuse, que le
peuple allemand est attaché à la paix et que
l'empereur résiste à sa camarilla militaire. En
somme, je répète ce que tout le monde sait ici.
J'ajoute que la Chambre n'a pas oublié le mot
de Bisma.rck quand il déclarait que, si la France
attendait la déclaration de guerre de l'Allemagne,
la paix était éternelle. Je suis donc fondé à dire
l qu'en Allemagne les partis militaires et les pan-
!,ge"manistes ne sont pas plus écoutés que chez
fnous les chauvins. (Applaudissements à gauche.)
Pour le jeune député savoyard, il est un
.autre danger illusoire celui de l'attaque
,brusquée. Il faudra six jours aux Allemands
(pour se concentrer. Nous n'aurions qu'à faire
-;aussi .1 vite ou plus vite.
y M. Driant. Vous vous trompez. En trois
jours, nous aurions 350,000 Allemands sur les
ibras.
M. Chautemps. Je dis, d'après des spécia-
listes. d'après même certains membres du con-
seil supérieur (Mouvement.l que la grande atta-
que allemande ne pourrait se produire que le
septième jouir de la mobilisation. Augmentons
nos attelages, doublons nos voies ferrées et nous
pourrons amener plus vite nos réserves derrière
la ccuverture active renforcée.
La couverture allemande est de 180.000
^hommes la nôtre doit être égale. Elle peut
'jl'étre d'après M. Chautemps sans les trois
1 ans. Comment? En constituant dans l'Est
et le Nord six corps d'armée à 30.000 hom-
1 mes, auxquels s'ajouteront immédiatement
.60.000 réservistes locaux. Autre argument.
Que font au Maroc les soixante-dix mille
hommes aue l'on s'entête à y maintenir ?
M. de Mackau. Demandez cela à M. Cail-
laux
M. Messimy. Le cabinet Caillaux n'a envoyé
,que 38.000 hommes au Maroc.
I M. de Mun. Mais c'est bien vous qui avez fait
.marcher sur Fez? (Rires.)
il. Chautemps déplora l'effort marocain,
'les « raids » inutiles « pour gagner du ga-
on ». Très vigoureusement, M. de Monte-
belio, puis M. Etienne opposèrent à ces accu-
sations le plan si sage du général Lyautey
et la généreuse humanise de nos troupes.
L'orateur revint à son sujet. Il parla de l'en-
îadrement des réserves, de leur entraîne-
ment nécessaire plus que jamais « à un pays
ui ne peut avoir que l'armée de sa natalité ».
la général Pau s'intfJgma
Les réserves ? L'état-major les dédaigne,
mais c'est en elles que nous devons aiàctr
tout notre espoir. Quel besoin d'une armie
de métier alors que tous les citoyens, avant
comme après le service, peuvent être en-
traînées à la guerre La Bulgarie ne dut-elle
pas ses victoires à ses réservistes ?
M. Driant. Les Turcs lui en ont laissé le
N» 96. Feuilleton du Petit Parisien.
Les Deux Petiotes
GRAND ROMAN INEDIT
QUATRIÈME PARTIE
V (suite)
Or, ce que je veux, c'est que vous écriviez
la lettre que je vous ai dite.
Et si vous me connaissiez depuis plus
longtemps, vous sauriez que lorsque je veux
quelque chose, je le veux bien.
Les moyens, pour arriver à ce but ? Oh
ne vous inquiétez pas; quand on a pour un
centime d'imagination, il n'y a que l'embar-
ras du choix 1
Et penchée vers sa victime, un sourire
cruel plissant ses lèvres sensuelles, ayant
dans ses prunelles de fauve une flamme
mauvaise, elle expliqua
Vous verrez comme c'est ingénieux, les
petits trucs en question, et comme on arrive
facilement à briser les résistances les plus
énergiques, à triompher des caboches les
j,'lus dures.
Oh je n'ai pas le mérite d'avoir rien in-
venté j'ai trouvé ça en lisant autrefois les
livraisons illustrées des Chauffeurs.
Vous savez bien,, des costauds qui ont
existé dans les temps, et qu'on nommait ain-
si parce qu'ils avaient imaginé de chauffer
Traduction et reproduction formellement Interdites.
Copyright by Henri perçut. 1913.
-temps. Ici, il ne..s'agit pas des Turcs. (Bruit pro-
longé.)
M. Chautemps. Il n'importe. Nous n'utili-
sons pas les forces de la nation. L'état-major
trouve plus commode de grossir l'active pour
masquer son incurie.
Ovation des unifiés. huées du centre et
grosse émotion le générai Pau se levait,
visiblement énervé, indigné. Il prenait sa
serviette, voulait partir. M. Etienne, M.
Klotz, M. Benoist ne parvenaient qu'avec
peine à l'en empêcher. Ailleurs, autre spec-
tacle
Du banc de la commission, M. Jaurès
avait bondi au milieu de ses amis. Il leur
avait dicté le mouvement d'ensemble et
tous, dressés, chiaient au vieux chef d'ar-
mée
Partez Mais partez donc
Scandale effrayant. Au centre, à gauche,
à droite on avait compris l'impatience du
général, peu habitué à ces fâcheuses moeurs
parlementaires. On l'applaudissait et l'on
huait, on siffJait même M. Jaurès qui cla-
mait des accusations
C'est cela Toujours les mêmes Ils ne veulent
pas discuter. Nous les y contraindrons.
M. Deschanel intervenait, affirmait le
respect de l'assemblée pour les chefs, pour
le vétéran de Gravelotte, le glorieux mutilé
que l'on sentait tout irrité, grommelant en-
core depuis qu'il avait repris sa place. M.
Chautemps, au surplusJ prolongeait l'inci-
dent, le renouvelait même, affirmant que
la loi de 1905 avait été sabotée.
M. Driant. Par les ministres radicaux
M. Chautemps. Non, par l'état-major.
Fracas intense, double clameur de répro-
bations et de bravos. Le scandale se renou-
velait. Les deux généraux, alors, se levè-
rent ainsi que le colonel Riberpray. Et les
invitas reprirent à l'extrême gauche
Allez-vous en Allez-vous en
Mais les .ninistres, mais les députés répu-
blicains entourèrent de nouveau les officiers,
les adjurant de se ras.seoir. D'ailleurs, le
débat ne pouvait continuer dans ces condi-
tions. M. Chautemps remit au lendemain la
dernière partie de son discours sur la sou-
dure des effectifs.
M. Jaurès eontro les généraux
Les commissaires quittèrent cette salle où
l'on venait de leur donner un avant-goût de
la lutte qu'ils auraient à soutenir un mois
durant, plus d'un mois peut-être, sans droit
de réplique. L'incident était-il clos? Pas
pour -NI. Jaurès.
Les généraux avaient manqué de respect
au Parlement Ils devaient être rappelés à
l'ordre. Ne pourrait-on plus accuser l'état-
major d'incurie ?
Soutenu par ses amis et par les radicaux
socialistes, atrocement hué, conspué par ail-
leurs, le député de Carmaux fit appel aux
républicains et déposa un projet de résolu-
tion invitant le gouvernement à faire respec-
ter par ses commissaires les délibérations
de la Chambre.
M. Barthou fut très net: il repoussa le
projet de résolution et refusa de blâmer le
général Pau
La Chambre peut-elle mettre en balance ce
mouvement d'impatience et !es quarante années
de service du général Pau? (Vifs applaudissements
au centre, à droite et sur divers bancs à gauche.)
Quant à nous, nous n'acceptons pas le projet
de résolution nous le repoussons avec toute
l'énergie qui est. en nous. Nous ferons tout pour
que la liberté de discussion soit respectée, mais
nous nous refusons à nous associer à un blàme
qui, notre part, serait une lâcheté. (Vifs ap-
plaudissements'sur un grand nombre de bancs.)
Reculade subtile de M. Jaurès il retirait
son projet de résolution « puisque le gouver-
nement s'engageait à faire respecter la
Chambre n. Cela lui suffisait.
Et l'on applaudit encore à l'extrême gau-
che. M. Barthou jugea indispensable d'être
plus catégorique encore, de couper court à
toute interprétation tendancieuse
II appartient à M. Jaurès, dit-il, de retirer son
projet de résolution. Mais il m'appartient, j'ima-
gine, de ne pas accepter le commentaire dont il
a paru accompagner ce retrait.
J'ai dit que le gouvernement continuera à
assurer la liberté des discussions de la Chambre.
Mais que M. Jaurès et la Chanmi-e ne se mé-
prennent pas sur le sens de mes paroles. Je dé-
clare que, demain, derrière le gouvernement res-
ponsable, \1. le général Pau sera commissaire du
gouvernement.
On applaudit longuement au centre, et ce
fut tout pour cette première journée, cette
première bataille.
LA MANIFESTATION INTERDITE
M. Painlevé, député de la Seine, a avisé
M. Klotz, ministre de l'Intérieur, qu'il lui
poserait, aujourd'hui mardi, au cours de la
séance de la Chambre, une question sur les
raisons qui ont déterminé la police à arra-
cher l'inscription mise sur la couronne por-
tée dimanche à la statue de Jeanne d'Arc,
par une délégation de la Jeunesse répu-
blicaine ».
Après avoir posé sa question, M. Painlevé
présentera à la Chambre le projet de réso-
lution suivant
La Chambre, émue des obstacles opposés à une
manifestation républicaine, exprime sa résolution
de maintenir au-dessus de toute atteinte le droit
pour les citoyens d'affirmer librement leurs con-
victions républicaines et laïques.
Ce texte porte la signature de la plupart
des membres des groupes d'action républi-
caine et sociale.
D'autre part, les journaux ont reçu, hier,
la communication suivante
« Le ministre de 1 Intérieur n'a connu l'in-
cident survenu il la statue de Jeanne d'Arc,
rue des Pyramides, que par la démarche
ultérieure des organisateurs de la manifes-
tation.
Au surplus, le ministre de l'Intérieur a
reçu, ce matin, M. Chatenet, président de
l'Union de, jeunesses républicaines de
France, et M. Hennion, préfet de police. Il
a immédiatement ordonné une enquête qui
devra être poursuivie avec la plus grande
diligence. »
les pieds de leurs clients devant des braises
pour les contraindre à dire où ils cachaient
leur bonne galette.
Eh bien c'est tout pareil avec moi.
Tantôt, on vous badigeonne les pieds avec
de l'huile, et alors ça vous fait rissoler les
chairs, comme font les pieds de Sainte-Me-
nohould sur le gril.
Tantôt, on vous entre sous les ongles des
petites fiches de bois qui vous décollent la
peau tout doucement, et on arrose ensuite
avec du jus de citron ce qui vous picote
plutôt désagréablement.
Tantôt.
Mais elle s'interrompit, ricanant de la
face décomposée, verte de terreur qu'elle
voyait soudainement devant elle, et ajouta:
Mais si je vous dis tout avant, y aura
plus de surprise.
Seulement, vous verrez, on s'amusera, je
vous le promets.
Puis, d'une voix dure, menaçante:
C'est pas tout ça
On n'peut pas passer tout son temps à
dire des balançoires.
Donc, parlons peu, ma mignonne, mais
parlons bien.
Je vais encore vous laisser la nuit pour
réfléchir. On dit qu'la nuit, ça porte con-
seil.
Mais j'vous fiche mon billet que, si, de-
main matin, quand j'vous apporterai votre
pitance, y a pas de nouveau, alors, dame!
on ouvrira le bal.
J'ai de la patience, mais j'aime pas qu'on
se paie ma fiole.
C'est compris, hein, ma poulette ?
La pauvre Geneviève, plus morte que
vive, l'avait laissé parler, sans un geste,
sans un soupir.
Elle avait l'instinct que ce n'étaient pas
SUR LA LIGNE PARIS-BRBST
Un grave sabotage
à la gare des Chantiers
Versailles, 2 juin.
Depuis quelque temps, d'importants tra-
vaux sont commencés à la gare des Chan-
tiers, où l'on doit construire de multiples ou-
vrages, par suite de la suppression projetée
du tunnel sous lequel passent actuellement
les lignes de Brest, Granville et de la
Grande-Ceinture. Une large passerelle est
prévue au-dessus de l'emplacement du tun-
nel, et depuis deux mois ont été aménagés
deux puits boisés et cloisonnés pour rece-
voir de formidables culées. Ces Orifices ont.
dix mètres de diamètre et huit mètres de
profondeur.
Ce matin, à six heures, le contremaître de
/entreprise Privat constata qu'une partie
des chantiers avait été sabotée pendant le
cours de la nuit. Les rails d'un train Decau-
ville, avaient été enlevés sur une longueur
de quarante mètres et jetés avec plusieurs
wagonnets, au fond d'un de ces puits cons-
truits à hauteur de la voie projetée de Ram-
bouillet. En outre, les deux puits avaient été
déboulonnés en plusieurs endroits.
M. Joste, chef de la gare des Chantiers,
informa aussitôt Il. Perrussel, procureur
de la République, qui, accompagné de M.
Maudry, commissaire spécial, procéda aux
constatations d'usage.
A l'endroit où avaient été commis ces sa-
botages on découvrit quelques flaques de
sang, ce qui indiquerait qu'un tout au
moins de ceux qui y ont pris part a été sé-
rieusement blessé.
Les magistrats apprirent que trente ter-
rassiers du syndicat « rouge Il avaient été
licenciés, samedi soir, par l'entrepreneur.
Ce. dernier n'avait pas caché son dessein de
les remplacer par des ouvriers u jaunes
Ces actes de vandalisme sont-ils l'œuvre
de quelques-uns des travailleurs remerciés,
qui auraient agi par vengeance ? Les entre-
preneurs et les magistrats envisagent cette
hypothèse, mais ils n'ont, jusqu'à présent,
recuei!li aucun indice qui soit venu la con-
firmer.
Pour le moment, les saboteurs sont tou-
jours inconnus.
En poursuivant leurs investigations, les
policiers ont découverte. dans le bois de Sa-
tory. plusieurs flaques de sang, ce qui sem-
ble indiquer que le blessé, transporté pur
ses camarades, est passé par là et a dû être
conduit dans une localité voisine.
Le grand banquet
des voyageurs commerce
M. Louis Bussière, président de la Fédéra-
tion nationale,. nous donne son avis sur
cette manifestation corporative.
La Fédération nationale des voyageurs et
représentants de commerce, sans compter
ses syndicats parisiens adhérents, groupe
une trentaine de grandes sociétés départe-
mentales. Etant l'une des plus importantes
associations de France, c'est à ce titre
qu'elle fait partie de la conférence corpora-
tive organisatrice du grand banquet des
voyageurs qui aura lieu le samedi soir,
14 juin courant.
Cette manifestation suivra de quelques
jours le onzième congrès organisé à Nancy
par la Fédération nationale, qui a invité tous
les membres de la corporation assister,
les JL7 et 8 juin, à cette réunion confrater-
nellév^Ù syndicats et associations discute-
ront lés points principaux de leur program-
me professionnel.
M. Louis Bussière, de Nancy, président
de la fédération, présidera également le
congrès tenu en Meurthe-et-Moselle.
Il nous a donc paru intéressant de deman-
M. Louis Bussière
Président de la Fédération nationale des
voyageurs de commerce
der à M. Louis Bussière, qui jouit d'une iégi-
time autorité parmi ses collègues, de vouloir
bien nous donner son opinion sur le grand
banquet des voyageurs, qui aura lieu à Paris
et que présidera M. Louis Barthou, prési-
dent du Conseil des ministres.
Si M. Bussière est tenu à une certaine
réserve, comme étant placé à la tête d'une
organisation composée d'éléments divers, il
lui est toujours loisible d'exprimer son avis
personnel, et c'est celui que nous avons
recueilli
J'approuve pleinement, nous a répondu
M. Bussière, la manifestation organisée avec
le concours du Petit Parisien, qui permet-
tra à la corporation tout entière de prendre
contact avec les pouvoirs publics.
» Partisan de la décentralisation, j'émets le
vœu que ce banquet, que je voudrais voir
annuel, coïncide avec le congrès de la Fédé-
ration nationale des voyageurs et représen-
tants de commerce et d'industrie de France,
de vaines menaces, et la perspective des
cruelles tortures qui lui étaient réservées, la
terrifiait.
Elle se demandait si elle aurait le cou-
rage de supporter ces souffrances physi-
ques, et si toute sa résistance n'aboutirait
pas, en fin de compte, à une misérable et
lâcbe capitulation.
La porte refermée sur la geôlière, la pi-
toyable victime éclata en sanglots déchi-
rants.
Que pouvait-elle faire ?
Aurait-elle le courage de devancer, par
une vort volontaire, les supplices plus atro-
ces encore qui l'attendaient ?
Mourir Ah oui, elle voudrait mourir 1
Toute sa raison lui criait que la mort seu!e
mettrait un terme aux affreux tourments
qu'elle endurait.
Et cette mort, qu'elle appelait de tous 3es
vœux, elle n'avait pas le courage d'aller à
elle.
Pauvre petite si tendrement élevée, si
choyée, si entourée des soins les plus déli-
cat?, se trouver brusquement au bord d'un
gouffre, sentir l'impérieuse nécessité de s'y
précipiter, et ne pouvoir triompher de cette
lâcheté si naturelle, si compréhensible, qui
fait se cramponner à la vie la créature hu-
maine
Une partie de la nuit se passa au milieu
de ces effroyables angoisses.
Par instants, elle ne pouvait croire que
tout cela fût vraiment la réalité.
Elle espérait qu'elle était la proie de quel-
que horrible cauchemar, mais qu'enfin elle
allait s'éseiller, et que les premières lueurs
du jour dissiperaient en même temps que les
ténèbres de la nuit ces horribles terreurs.
Hélas, non 1 II lui fallait bien se rendre à
l'évidence.
et ait lieu dans la ville où se tiennent nos as-
sises professionnelles, et où se trouveraient
ainsi réunis les militants de tous les
groupements, fédérés ou non, le congrès
étant libéralement ouvert à toutes les asso-
ciations.
» Corrune le congrès doit, statutairement, se
tenir à Paris tous les trois ans, tous les
intéressés y trouveraient leur compte, et
satisfaction serait ainsi donnée tour à tour
à la capitale et à la province. »
La question soulevée par M. Louis Bus-
sière est très intéressante et sa réalisation
n'offrirait aucune difficulté. Aux sociétés de
donner, à leur tour, leur avis à ce sujet. En
attendant, comme le disait notre confrère le
Voyageur, journal corporatif, dans son nu-
méro du J"* juin, tous les voyageurs et re-
présentants de commerce se feront un de-
voir d'assister, en grand nombre, à cette
fête professionnelle sans précédent puis-
qu'elle réunira les militants de toutes les
associations et syndicats de voyageurs et
représentants de commerce de France.
Il est donc du devoir de la corporation
entière de prouver aux pouvoirs publics sa
vitalité et l'esprit de cohésion qui l'anime
dans ses revendications professionnelles. »
H. MONTCLAR.
;On trouve des cartes pour le grand banquet
des voyageurs, au prix de fi francs, aux adresses
suivantes Association des voyageurs, 64, bou-
levard de Sébastopol Fédération nationale, 10,
rue de Lancry Protection mutuelle, 13, boule-
vard de Strasbourg Union syndicale nationale,
8, rue des Petites-Ecuries; Petit Parisien, 18, rue
d'Enghien, Paris.
A quai titre la fausse princesse
reçut-elle les bijoux de M. Debrière?
.NI. Boucard, juge d'instructon, a inter-
rogé, hier, une étrangère qui se dit « prin-
cesse de Salm », arrêtée pour escroquerie.
Elle aurait commis ce délit en se fiançant à
un M. Debrière j,'our obtenir de lui des
joyaux de grand prix, JHiis se serait ensuite
fiancée à un autre.
On avait cru que l'inculpée était une aven-
turière connue, Adélaïde Madeleine Galli,
née à Paris, le 27 septembre 1874. C'était
une erreur.
La concierge de la rue Mansard, où Made-
leine Galli a habité, mise en présence de la
prévenue, a déclaré que ce n'était pas son
ancienne locataire
Au sujet de la plainte dont elle est l'objet,
la « princesse de Salm » dit
NI. Debrière, à qui j'avais été présentée,
à la gare du Nord, par un ecclésiastique.
M..Tourné, prélat du pape, ne m'a pas don-
né des bijoux, ainsi qu'il le déclare, au titre
de fiancé, car je ne lui ai jamais promis le
mariage. C'est simplement comme amou-
reux qu'il m'a fait des cadeaux.
Et la prévenue a remis au magistrat un
certain nombre de lettres qui indiquent
l'existence de relations intimes entre le plai-
gnant et la princesse ». Demain, M. Bou-
card les mettra en présence.
Le Congrès international
des femmes
Le dixième congrès international des
femmes s'est ouvert, hier, ainsi que nous
l'avons annoncé.
De très nombreuses congressistes, venues
de province et de l'étranger, ont été reçues,
dans la matinée, par leurs collègues fran-
çaises, à l'hôtel des Ingénieurs civils, rue
Blanche.
L'après-midi, Mme Jules Siegfried, prési-
dente du Conseil national des Femmes fran-
çaises, a offert une réception très brillante,
à laquelle assistaient Mmes May Wrygiit
Sewall, des Etats-Unis Wachtine. de Rus-
sie Dobsan, de Tasmanie Sanford, du Ca-
Lady Aberdeen, vice-reine d'Irlande
présidente du conseil international des femmes
nada Bogelot, Julie Toussaint, Kergomard,
Enfin, le soir, à huit heures et demie, les
congressistes se sont retrouvées dans le
grand amphithéâtre de la Sorbonne, où avait
lieu la séance d'ouverture du congrès, sous
la présidence de M. Klotz, ministre de l'In-
térieur.
Sur l'estrade, devant une table harmo-
nieusement décorée de roses rouges et de
palmes, toutes les déléguées françaises et
étrangères avaient pris place autour du re-
présentant du gouvernement.
Après lady Aberdeen, présidente du con-
seil international des femmes, et Mmes Jules
Siegfried, les déléguées d'Angleterre. d'Ita-
lie, de Russie, du Danemark, des Etats-Unis,
de Suisse, de Belgique, d'Autriche, des Indes
d'Autriche et du Canada prirent successive-
ment la parole pour fixer" la portée et la si-
gnification de la grande manifestation fémi-
nine à laquelle elles vont prendre part.
Enfin M. Kiotz parla le dernier. Au nom
du gouvernement de la République, il
souhaita la bienvenue aux étrangers et fé-
licita chaleureusement les congressistes pour
l'oeuvre de solidarité et de iushce il laquelle
elles se sont consacrées.
C'est aujourd'hui que les travaux du con-
grès commenceront vraiment. Les commis-
sions d'assistance,' d'hygiène, d'éducation,
et de législation se réuniront pour étudier
les intéressantes questions de l'améliora-
tion du logement ouvrier, de la lutte contre
la tuberculose et de la capacité civile de la
femme mariée.
A
Le Président de la République a reçus, hier
après midi, une délégation des syndicats d'initia-
tire du Limousin, du Quercy et du Périgord. Cette
délcgatton était accompagnée des préfets des dé-
partements de la Haute-Vienne, de la Creuse, de
la Corrèze, du Lot et de la Dordogne, auxquels
s'étaient joints la plupart des sénateurs et des
députés de ces régions.
Les rlélégués s«nt vénus inviter officiellement
le Président de la République à visiter toute la
région. NI. Poincaré les a vivement remerciés et
a accepté leur invitation.
Elle était en pleine veille, en pleine souf-
france.
Et elle devait choisir entre le suicide et la
lâcheté qu'on exigeait d'elle.
La lâcheté Au fond, était-ce vraiment
une lâcheté ?
Les paroles de cette misérable femme lui
tintaient encore aux oreilles, et son argu-
mentation l'impressionnait davantage, main-
tenant.
De quoi s'agissait-il ?
De saisir une occasion si ardemment guet-
tée depuis longtemps, de reconnaltre les bon-
tés admirables qu'avait eu pour elle sa mère
adoptive.
Cette occasion, certes, se présentait sous
des aspects abominables.
Mais devait-elle s'inquiéter de cela?
Devait-elle avoir en elle une autre pen-
sée que de conserver à sa mère adoptive
une fille qu'elle avait si longtemps pleurée,
et qui venait de lui être miraculeusement
rendue ?
Non, elle serait une misérable ingrate si
elle se laissait arrêter par la moindre con-
sidération, quelle qu'elle fût.
Il lui iallait se sacrifier toute, et ce sacri-
fice, son devoir était de le consommer.
D'ailleurs, sans celle qui l'avait recueillie,
élevée, choyée, chérie, que serait-elle ?
Et elle hésitait, alors qu'elle avait une oc-
casion de prouver sa gratitude envers la
femme admirable qui lui avait servi de
mère ?
Mais elle serait une misérable
On la maudirait, on la mépriserait.
A faire son devoir, en dépit de ces malé-
dictions, de ces haines, elle n'en serait que
plus méritante.
Que pouvait lui importer ce qu'on.pense-
CONSEIL MUNICIPAL DE PARIS
Séance du lundi 2 juin 1913
En ouvrant la séance, le nouveau prési-
dent, M. Chassaigne-Goyon, prononce le dis-
cours d'usage qui débute ainsi
Discours du président
Messieurs,
Vous m'avez fait un grand honneur en m'appe-
lant à présider notre assemblée. J'en suis très
Qer, et c'est de tout cœur que je vous renouvelle
aujourd'hui mes remerciements. Si l'on meut
prédit, il y a quelque quinze ans, que je devien-
drais un jour président du conseil municipal de
Paris, sans doute me serais-je senti intérieure-
ment très flatté, mais à la réflexion, ce rêve se
fût promptement évanoui.
Les temps sont maintenant bien changés
Est-ce la roue de la politique qui a un peu
tourné ? Peut-être Ne serait-ce pas plutôt, vrai-
sembtablement, qu'elle ne tourne plus guère à
l'HDtel de Ville où nous avons mieux à faire,
Dieu merci, que de dépenser notre intelligence,
nos forces, notre énergie au service d'intérêts de
parti qui ne se confondent pas toujours, hélas
avec ceux de notre grande cite ?
Au conseil municipal, nous en sommes arrivé-
peu à peu à nous considérer comme les membres
d'une grande famille liés étroitement entre eux
par les mêmes responsabilités la même ardeur à
défendre les intérêts, les droits, les libertés de
l'aris, le même amour passionné de sa beauté, le
même désir de lui conserver son renom de bien-
faisance et d'hospitalité.
M. Chassaipne-Goyon, ayant rendu hom-
mage à son prédécesseur,' M. Henri Galli,
passe alors Pn revue l'œuvre municipale et
économique accomplie an cours des derniè-
res années et énumère les autres oeuvres
vitales qui devront être réalisées pour satis-
faire aux exigences légitimes de la popula-
tion ces œuvres visent notamment la pro-
tection des citoyens contre l'armée du cri-
me, la modernisation des hôpitaux, l'adduc-
tion d'eau de source, la défense contre les
inondations, l'édification du palais des Expo-
sitions, la solution définitive et réelle de la
question des habitations à bon marché,
l'amélioration de l'hygiène générale, la dé-
saffectation des fortifications, l'augmenta-
tion des espaces libres, l'ouverture de gran-
des artères et l'application de mesures pro-
pres à diminuer l'encombrement.
En ce qui concerne l'organisation de l'en-
seignement primaire et professionnel, le
nouveau président du conseil municipal dé-
clare que « l'horizon ouvert l'activité des
édiles est presque illimité
Le discours de NI. Chassaigne-Guyon est
très applaudi.
Le président donne ensuite la parole au
nouveau préfet de policcj, M. Hennion.
Discours de M. Hennion
Après avoir félicité le nouveau président
du conseil municipal et remercié l'ancien,
M. Hennion a salué l'homme qui a laissé
à la préfecture de police un souvenir aussi
profond ». Puis il a déclaré vouloir faire
connaître tout de suite « sa pensée avec le
plus de clarté possible ».
Nulle administration n'a été plus injuste-
ment discutée que la police de Paris, et pour-
tant nulle « n'a rendu plus de services non
seulement à Paris, mais à la France elle-
même ».
Est-ce à dire, poursuit-il, que tout y soit par-
fait et que des retouches, les unes légères, d'au-
tres plus profondes, n'y soient nécessaires? ce
serait énoncer un paradoxe que de le prétendre.
-%Il. Lépine. à la fin de notre dernier entretien,
au moment où il allait quitter un cabinet où il
laissait tant de lui-même, me disait dans un
grand geste de mélancolie « Après tout, je suis
depuis si longtemps dans cette maison que peut-
éire n'en vois-je plus bien les défauts. Mot
d'honnête homme clairvoyant, messieurs, mot
profond, vrai toujours, mais surtout quand il
s'applique à un organisme aussi complexe que
la préfecture de police.
M. Hennion ayant parlé des associations
de fonctionnaires et fait connaître sa façon
de penser à ec sajet, s'est exprimé ainsi sur
le problème de la circulation dans Paris
Vous savez les essais que je lente en ce mo-
ment, après avoir pris l'avis des syndicats inté-
ressés et de la commission de la circulation ces
essais ont jusqu'ici produit d'heureux résultats.
Attendons cependant, avant de nous prononcer
définitivement, leur mise au point nécessaire. Je
n'ai rien inventé, d'ailleurs, et j'ai trouvé la plu-
part des remèdes que j'applique dans les lettres
et dans les rapports des conseillers municipaux
qui se sont occupés de la question. Je crois que
le léger tort de la préfecture de police dans cette
affaire a été de trop travailler sur le papier et
pas assez sur le terrain la maison est un peu at- j
teinte, elle aussi, de ce grave défaut de la pape-
rasserie qui détourne tant d'efforts intelligents
du but pratique vers lequel doivent tendre les
administration publiques. J'avoue avoir été stu-
pétait en voyant les officiers de paix, qui de-
vraient passer la moitié de leurs journées en uni-
forme dans la rue. entourés de trois et parfois
quatre secrétaires afin de pouvoir suffire au tra-
vail de bureau qui leur est imposé. C'est une ques-
tion examiner. C'est sans doute à cela que je
dois d'aveu- trouvé tant de gardiens de la paix
si mal préparés à la surveillance de la voie publi-
que, et c'est ainsi que se justifie l'intéressante
proposition de M. Massard concernant la spécia-
lisation d'un certain nombre d'agents dans cha-
que arrondissement.
Et le préfet de police a terminé en disant
que loin d'être <• un policier politique com-
me l'a voulu certt:ne légende, il était au con-
traire et avant tout « un homme épris d'har-
monie et passionné de justice » et qu'il s'em-
ploierait a la réalisation de cette harmonie
et de cette justice.
Pour la réorganisation municipale
M. Emile Desvaux rappelle les vœux
déposés au cours des précédentes sessions,
vœux tendant à la réforme du système actuel
des élections pour le conseil municipal, no-
tamment le vœu 'de MM. Dausset et Henri
Galli, adoptanl le principe de la représenta-
tion proportionnelle celui de M. Gréhauval,
tendant au dédoublement des quartiers con-
tenant plus de 80.000 habitants celui de M.
Rousselle, tendant à substituer le scrutin de
liste par arrondissement au scrutin nominal.
La commission de réorganisation munici-
pale à laquelle ces voeux ont été transmis
n'ayant pas encore présenté un rapport sur
la question, M. Emile Desvaux propose que
rait d'elle, du moment que son but serait at-
teint ?
Mais, d'un autre côté, était-elle certaine
de l'atteindre ?
Lui était-il prouvé qu'en faisant le bonheur
de mademoiselle de Salavédra, elle empê-
cherait la douce créature qu'elle aimait tant,
de se désespérer de la perte de celle qui,
pendant de si longues années, avait été tout
pour elle ?
Cruelle angoisse, douloureux problème
Elle n'en avait pas encore trouvé la solu-
tion que la porte s'ouvrait, livrant passage
il. la geôlière.
Eh bien demanda celle-ci en posant,
comme le matin précédent, sur la. table, la
potée de soupe fumante et la lanterne, avez-
vous réfléchi ?
Va-t-il falloir employer les grands moyens
pour vous contnpndre à faire ce qui n'est,
après tout, que votre devoir?
Hélas soupira la malheureuse, c'est si
épouvantable, ce que vous exigez.
Je n'exige rien.
Je vous ai donné un conseil, le conseil
qu'aurait déjà dû vous inspirer votre cons-
cience.
A vous de voir ce que vous devez faire.
La Môme parlait maintenant avec moins
de raideur.
A la voix de la prisonnière, à son attitude,
elle avait cru constater un certain fléchis-
sement dans sa résistance, et elle eût de
beaucoup préféré obtenir par la douceur et
le raisonnement un résultat qu'elle était
pourtant à peu près certaine d'obtenir par
les moyens violents devant lesquels elle était
décidée à ne pas reculer.
Alors, interrbgea-t-elle, voulons-nous
être raisonnable ?
cette commission soit invitée à soumettre
d'urgence au conseil ses conclusions sur
les divers projets de vœux renvoyés à son
examen.
M. Pierre Vtorel, président de la commis-
sion de réorganisation municipale, dit que la
réforme électorale doit être basée sur la
justice et par suite sur une représentation
plus exacte de la population.
Après une intervention de MM. Grébau-
val, Deslandres et Navarre, la proposition de
M. Emile Desvaux est adoptée.
Le personnel de la préfecture de la Seine
M. Lernarchand, au nom de la commis-
sion du personnel, expose son rapport sur
le mémoire du préfet relatif au nouveau
régime des retraites à appliquer au person-
nel ouvrier. La commission s'est ralliée au
système proposé par le préfet.
La disposition la plus imporîantp de ce
règlement consiste dans l'article 7, ainsi
conçu
ijfc droit à l'indemnité annuelle et viagère, in-
dépendamment de la retraile assurée par la
Caisse nationale est acquis
10 Après 55 ans d'âge et 25 ans de services ef-
fectifs pour les ouvriers et las uuvrières
20 Affres, 50 ans d'âge et 20 ans de services ef-
fectifs pour les ouvriers appartenant aux café,-
vriers des carrières sous Paris et de la désinfec-
tion du marché aux bestiaux'.
En conséquence, la retraite d'un ouvrier com-
prendra les rentes acquises sur la Caisse natio-
nale des retraites pour Is vieillesse au nom de
l'ouvrier et de son conjoint, et s'il y a lieu, une
allocation annuelle et viapère comprémentaire de
façon à lui assurer un minimum de pension de
francs après 55 ans d'âge et îo Rns de ser-
vices effectifs.
Les ouvriers appartenant aux i-atégories dites
insalubres auront droit à ce minimum après 50
ans d'âge et 20 ans de services effectifs.
La pension minima sera de, 800 francs pour les
cuvrières après 55 ans d'âge et 25 ans de servi-
ces effectifs.
Chaque année de service supplémentaire aux
25 ans prévus ci-dessus, ou aux 20 ans prévus
pour les ouvriers appartenant aux catégories in-
salubles, donnera droit, à une majoration de 50
francs pour les ouvriers et de 32 francs pour les
ouvrières.
L'allocation annuelle complémentaire sera ac-
cordée lorsque la rente de l'ouvrier, ajoutée à
celle de son conjoint, ne dépassera pas 1,500 fr.
et seulement jusqu'à concurrence de cette
somme.
M. Dausset, rapporteur général du bud-
get, demande si ce règlement aura un effet
en ce qui concerne le service du gaz. S'il doit
en être ainsi, il serait préférable d'attendre
le mémoire que ie préfet nrésentera à ce
sujet.
M. Armand Grébauval rappelle que la So-
ciétz du gaz capitalise les retraites on se
demande donc si elle admettra le système
proposé par M. Lemarchand. Il vaut donc
mieux surseoir à une décision.
M. Lemarchand accepte l'ajournement et
fait voter le deuxième projet de son rapport
invitant le préfet à examiner les diverses
demandes du personnel relativement au
classement de certaines professions dans
le* catégories dites insalubres.
Affaires diverses
^I. Hénaffe fait ensuite renvoyer au bureau
une propositron tendant à ce 'que des fêtes
soient organisées au bénéfice de l'oeuvre du
loyer pour les familles nombreuses.
M. Alpy dépose et fait renvoyer à la cin-
quième commission une proposition tendant
à assurer aux malades admis dans les hôpi-
taux le libre choix entre le service des
laïques et celui d'es religieuses.
Séance, lundi.
INFORMATIONS POLITIQUES
Les dépenses militaires
et l'impôt sur le capital
La commission de législation fiscale de la
Chambre, réunie hier, sous la présidence de
M. Malvy, a donné son avis sur le projet du
I ministre des Finances tendant à établir un
impôt national sur le revenu.
Ni- Magniaudé a développé un amende-
ment ayant pour but de faire supporter les
charges militaires par un impôt sur le
capital.
La commission a donné un avis favorable
à ce principe, et elle s'est prononcée pour
l'établissement d'une commission unique sur
le capital, payable en plusieurs annuités.
Les fortifications de Paris
La commission du budget a continué hier
l'examen du projet sur les fortifications de
Paris. Elle a entendu NI. Caron, conseiller
municipal auteur d'un proiet prévoyait seu-
lement l'amendement du terrain des fortin-
cations et de M. de Molènes, vicvprésident
de la ligue des zoniers. Elle a décidé de de-
mander au préfet de la Seine divers renset-,
gnements relatifs aux grands travaux d'ex-
propriation entrepris par la Ville de Paris
et de l'entendre à nouveau, ainsi que M.
Dausset, sur un certain nombre de ques-
tions.
Neuf receveurs de tramways arrêtés
Depuis plusieurs mois, la compagnie des
tramway/ de l'Est-Parisien constatait que
des receveurs percevaient le prix des pla-
ces sans remettre aux voyageurs les tickets
prescripts. Ces employés indélicats conser-
vaient ainsi une partie de la recette.
Hier, neuf d'entre eux ont été écroulés à
la Santé, sous mandat de M. Worms, juge
d'instruction. Ce sont les nommés Cheva-
lier, L'gairou, Pénise, Lupeau, Tire], Uche-
cop'pen, Martinie, Saint-Paul et Aimage.
NOS VOYAGES
accompagnés
FAMBOUILLET SUISSES OCCIDENTALE
et ENGADINE DAUPHINE SUISSE
VALAISANNE
Voir les pria et détails en i' page
Les mains jointes, Geneviève balbutia
suppliante
Soyez bonne, madame, donnez-moi en-
core du temps.
Si vous sâviez comme c'est épouvantable,
ce que vous exigez de moi.
Permettez-moi de réfléchir quelques heu-
res encore.
Elle était presque à genoux, le corps se-
coué par un tremblement convulsif, épiant
avec terreur sur le visage de son bourreau
la réponse qu'elle en pouvait espérer.
Soit! consentit encore la Môme, je
vous donne jusqu'à demain.
Et elle sortit, se disant qu'après tout, elle
ne risquait pas grand'chose à accorder un
délai grâce auquel il lui serait peut-être pos.
sible d'écarter d'elle toutes les complica-
tions dangereuses.
Au cas où, contrairement à toutes prévi-
sions, on finirait par découvrir la retraite
de la séquestrée, celle-ci ne pourrait pas,
au moins, arguer des mauvais traitements
qui lui auraient été inlligés.
Et les conséquences de la conduite de la
Môme et de ses complices s'en trouveraient
allégées.
Néanmoins, dans après-midi, en se re-
trouvant avec Mon Mignon, elle lui donna
rendez-vous pour le lendemain matin.
En cas de refus définitif de la prisonnière,
l'aide d'un homme énergique serait indis-
pensable à la jeune femme.
Mais elle ne lui cacha pas qu'elle souhai-
tait vivement n'avoir pas besoin de ses ser-
ces.
A l'aube, fidèle à sa promesse, laissant
Mon Mignon dans l'écurie, à proximité du
moindre appel, elle pénétra auprès de Gene-
viève.
(A suivre.) HENRI KËROUL
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