Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1913-04-01
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Description : 01 avril 1913 01 avril 1913
Description : 1913/04/01 (Numéro 13303). 1913/04/01 (Numéro 13303).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/07/2008
38' Année. fN3.3Q3
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tO, place Ú la Boum. PARIS
L'enfance du génie
Il y a des religions littéraires. Victor
Hugo a ses dévots, Balzac les siens,
et, non loin des temples de ces deux
génies, l'église stendhalienne nous
montre ses vastes proportions. Henri
Bevle, qui se nomma Stendhal, sans
qu'on puisse savoir pourquoi, et qui,
racontant sa propre existence, a soin
de s'appeler Henri Brulard, sans au-
cune raison, voit sa gloire grandir
chaque jour. Les publications se mul-
tiplient autour de sa mémoire, la
Revrue critique des idées et des livres
vient de lui consacrer une série de cu-
rieuses études, et l'on nous a donné,
ces jours derniers, une Vie de Henri
Brulard, complète pour la première fois,
où ce personnage, dont le moins qu'on
puisse dire est qu'il fut étrange, nous
apparaît environné d'une implacable lu-
mière.
C'est là qu'il faut venir le chercher, si
l'on veut s'expliquer l'être complexe au-
quel on doit le Rouge et le Noir, ainsi
que la Chartreuse rle Parme. Il serait
difficile de citer un exemple plus frap-
pant de l'influence que les conditions
de la première enfance exercent sur la
vie entière. Il est probable que nous
n'aurions jamais eu ce Stendhal si
tourmenté, si grand et puissant par di-
vers côtés, si bizarre par certains au-
tres, si sa petite jeunesse avait été nor-
male et s'était écoulée dans un milieu
plus doux et plus affectueux.
Qu'on s'imagine un malheureux en-
fant, privé de sa mère, morte jeune,
livré à une tante dévote à l'excès et cer-
tainement détraquée, peu aimé de son
père, n'ayant pour unique ami qu'un
vieil homme charmant, son grand-père,
assurément très bon, mais incapable,
par suite d'un souci excessif de sa tran-
quillité, de défendre l'orphelin. Ajou-
tez à cela un précepteur rude et sans
grandeur d'âme, et rappelez-vous qu'à
douze ans le petit Henri Beyla n'était
jamais sorti seul et n'avait jamais eu
de camarades de son âge. Vous com-
prendrez alors ce qu'une semblable
éducation peut faire d'un garçon non
dépourvu de vives qualités, ayant mê-
me le cœur sensible, mais obligé de
dissimuler ses sentiments et de conte-
nir sa pétulance naturelle.
Si cet enfant ne devient pas un mons-
tre en grandissant, ce sera presque mi-
racle. Mais il demeurera toujours anor-
mal, audacieux et timide, craintif et
téméraire, effrayé à la seule idée du
ridicule, avant le propos mordant et
pïc -ailles rancunes concentrées,
-̃ jurtant susceptible de s'at-
*• un mot cet étrange com-
?-̃' "/ut Stendhal, et qu'il nous
exphqîic ci, racontant la vie de Henri
maliens, qui, naturellement,
atiques, veulent nous faire
le pour un dieu. Ce n'était
ni ne, mais vraiment très dif-
ié. ces autres hommes, avec de
merveilleuses qualités et des défauts
•rveilleux, défauts et qua-
-nant avec une force égale.
Sur la première feuille
de la Vie de Brulard,
°it ce qu'on peut lire
.Miothèque de Grenoble-
biographie n'était qu'un
raconu; par un homme de cin-
•"a-d?ur -i'is, après la mort de sa
bre Charlotte Corday?
le désir a toujours
€«:; -ie le Ici. mauvaise plaisanterie, de
la mystification, avec souvent une pué-
rile affectation de mystère. Il assure
gravement, à propos de sa tante, la
pieuse et terrible Séraphie, qu'à l'âge
de quatre ans il prit la religion en hor-
reur Parlant de sa première existence
officielle, sous l'Empire, il écrit sans
rire « En 1814, je tombai avec Napo-
léon » C'est tout juste s'il n'affirme
pas que Napoléon tomba avec lui. Mais,
s'il ne riait pas ouvertement, ri avait-il
point dans les yeux un éclair de ma-
lice, en laissant glisser de sa plume
cette phrase colossale ?
Il a ce travers de vouloir étonner les
gens, qui l'amène à sortir à chaque ins-
tant du naturel et de la simplicité, qui
ont pourtant tant de prix chez lui. Dès
qu'il cesse de se surveiller, il est déli-
cieux. Quand il raconte, notamment, la
mort du pauvre Lambert. domestique
de sa famille, dont il était l'ami, il par-
vient, sans effort, à un haut degré
d'émotion, et laisse voir son cœur, tout
rempli de douleur. Cela est fort au-des-
sus du passage où il appuie avec une
indiscrétion gênante, et un formidable
défaut de goût, sur l'affection qu'il
éprouvait pour sa mère.
Cette passion du mystère, de la mys-
tification enfantine, on en retrouve la
trace dans le soin qu'il prend, au cours
de ses révélations personnelles, d'user
d'anagrammes absurdes, grâce auxquels
il s'imagine dépister les mouchards
dont il se suppose environné. « Le jé-
suitisme devient tismejésui, la religion
s'écrit (jionrdi le prêtre est un reprêt,
les prêtres des trespré, un vicaire un
cairevi un dévot est un votdé des opi-
nions républicaines deviennent des kai-
nesrépuoli, etc. » A l'occasion, il a re-
cours anglais pour dérouter les cu-
rieux Dieu est traduit God, et un roi
s'appelle King. Tout cela, je le répète
canfine à l'enfantillage, mais il ne faut
pas s'en plaindre, parce que ces peti-
tesses font mieux ressortir ce qu'il y a
de .-nan.i chez Henri Beyle.
Stendhal s'était décidé à écrire ses
Mémoires, non pour se faire connaître
public, mais pour apprendre, pré-
;)d'Il, à se connaître lui-même. Son
analyse fc donc la sincérité de celle des
\Conless1i6ns de Jean-Jacques Rousseau,
̃Étf^en plus, ce que je nommerai irré-
vérencieusement une cocasserie extra-
vagante. J'ai cité le mot sur Napoléon.
Brusquement, deux pages plus loin, on
tombe sur ceci J'ai été homme d'es-
prit depuis l'hiver 1826 auparavant,
je me taisais par paresse. » C'est im-
mense 1 Mais il y a dès correctifs. « S'il
y a un autre monde, écrit-il, je ne man-
querai pas d'aller voir Montesquieu
s'il me dit « Mon pauvre ami, vous
n'avez pas eu de talent du tout j'en
serai fâché, mais nullement surpris. »
Montesquieu aurait certainement ajou-
té « Vous avez eu mieux que du ta-
lent. » Mais ce talent agité a pris sa
couleur et sa forme dans cette petite
enfance, où le pauvre gamin Henri
Beyle, continuellement replié sur lui-
même, roulait dans sa tête, du matin
au soir, des pensées de haine et de.ven-
geance, se proclamait libre penseur
parce qu'une dévote malade l'exaspé-
rait, se disait républicain parce que son
père était royaliste, et aimait le peuple
pour l'unique motif que sa famille ad-
mirait la noblesse. Son « âme atroce »
se dévoilait quand il trouvait bon qu'on
eût guillotiné deux malheureux prêtres
à Grenoble, en 1793, sous prétexte
qu'on y avait pendu deux ministres
protestants, sous Louis XIV.
De cette jeunesse, il lui resta le goût
du paradoxe, et une espèce d'amertume
mélangée de comique, car ceci encore
le caractérise qu'il n'est presque. jamais
entièrement sérieux. « Mes amis d'alors
(1830), dit-il dans les pages préliminai-
res de la Yie de Brulard, MM. de Ma-
reste, Colomb, étaient des amis d'une
singulière espèce ils auraient fait sans
doute des démarches actives pour me
tirer d'un grand danger, mais lorsque
je sortais avec un habit neuf, ils au-
raient donné vingt francs, le premier
surtout, pour qu'on me jetât un verre
d'eau sale. Excepté le vicomte de. Bar-
rai et Bigillion, de Saint-Ismier, je
n'ai guère eu, toute ma vie, que des
amis de cette espèce. » Croyait-il au
verre d'eau sale ? On peut en douter.
Ce qui permet de ne pas tout accep-
ter de lui, c'est qu'il se contredit avec
une candeur stupéfiante. Je passe, je
crois, assure-t-il, pour l'homme le plus
gai et le plus insensible il est vrai que
je n'ai jamais dit un seul mot des fem-
mes que j'aimais. » Or, vous ne lisez
pas quatre feuillets de ce modèle de
discrétion, sans y rencontrer le nom
des femmes qu'il adora, accompagné de
révélations trop piquantes. D'ailleurs,
c'est là un des péchés mignons de cet
ennemi des confesseurs il confesse
tout le monde, hommes et femmes, pu-
bliquement, sans en avoir demandé la
permission à personne, et sans aucun
ménagement. Il a connu, par exemple,
l'abominable Mme de Merteuil, des Liai-
sons dangereuses, et, pour qu'on ne s'y
trompe pas, il la nomme en toutes
lettres.
Vivant amalgame de défauts im-
menses et de qualités admirables,
quelquefois bas et trivial, écrivant com-
me pourrait le faire un charretier avec
le manche de son fouet, Beyle n'en voi-
sine pas moins avec le génie. Il aura
été une des plus hautes intelligences
de l'humanité. On s'explique donc la
force du mouvement stendhalien, la
vitalité du culte rendu à cet homme
étonnant et singulier, et l'on n'est pont
surpris de voir que ses fidèles s'effor- j
cent de lui élever un monument à'
l'épreuve des outrages du temps.
JEAN r R O L L 0-
Les prochains Voyages
de M. Poincaré
Le Président de la République, revenant
de son voyage ellier, est rentré à
Paru hier mai heures.
Il a été sali;. de la gare par
M. Klotz, moi- :eur M. Char-
les Dumont, imiusjjMfeàe» Finances M.
Etienne, ministre deaMBuerre M. Pichon,
secrétaire général .'4f|Bi|îrésidence mm.
Delanney, préfet de Lépine, etc.
Le Président de va mettre
à profit les vacances dç, Fàques et de la Pen-
tecôte pour faire dans le,3 départements
deux voyages impor
Les dimanche 20 e avril, NI. Poin-
caré se rendra à Bar- le-i}uo et à Commercy
puis, il s'installera jusqi'e vers la rentrée
des Chambres dans sa propriété du Clos, à
Le second voyage '), dans l'Allier,
les dimanche 1t et lai. Le premier
jour, le Président in aux environs
de Moulins. le monn aux victimes
de la catastrophe du ;bit: République.
Le lendemain, il il Vichy, la fête
fédéraie des sociétés dc uy, '.mastique.
Dans son escalier, une rentière
est attaquée et déi alisée
Une rentière de soixante-qi Mme
Julie Aubry, s'était rendue i:. u vers
onze heure à l'agence du LUI'¡, Idr d'Es-
aumpte située à l'angle du boulf.'ard Ma-
lesherbes et du boulevard ilaussmunn, pour
y toucher francs.
Pour revenir chez elle, 1-"< '̃•i? 'de Belle-
lille, elle prit devant la la Pépi-
nière le tramway Saint- de
Vincennes. Elle en descendit à l'an gle de la
rue des Pyrénées et de la rue de B elleville.
Après avoir fait quelques emnSei'les dans
le quartier, Mme Aubry rentra k a>m donu-
cile. Mais, comme elle atteignait son deuxiè-
me étoge, elle reçut un coup violent sur la
nuque. En même temps elle se s-.n-iit saisie
par derrière, renversée à deiïy et ''serrée à
la gorge, furieusement.
Une poigne? de poivre qu'elle retjtrt à ce
moment en pk-in visage, dans les 'yeux et
dan., la bouche, acheva de lui fair e perdre
connaissance.
Elle avail pu cependant ape.reevo ir «in in-
dividu. vêtu d'un long', {farde .-su. gns et
coiffé d'un chapeau nteton, cô!é
d'elle et qui fui' arraolïftitjt; !>•• ̃iM'eiie
portait la mam et qui;éorrU-n r.
et qu elle tard. Son et appelé- ̃/luis.
Une heure plus tard, un t, i. M.
Boudon, trouvait, passage de ts. "«
sac à mam de Mme Aubry. Il «.:<_ v;>ie.
La question moitéoégriBB
resieWiatï
La France ne participera
pas â la démoMatration
navale
Les ambassadeurs des six grandes
puissances à Constantinople ont fait
hier une démarche auprès de la Porte
pour lui notifier les conditions de paix
élaborées par l'Europe.
C'est toujours l attitude du Montene-
gro qui préoccupe le plus les chancelle-
ries, et le roi Nicolas Ier, qui s'est en-
gagé à fond sur la question de Scutari
Scutari ou la mort, a-t-il répété
cherche à se soustraire aux suggestions
du corps diplomatique de sa capitale.
On sait que les ministres européens à
Cettigné avaient d'abord demandé que
Nicolas IM laissât sortir la population
civile de la place assiégée. Non sans
peine, il y avait consenti, mais alors,
Essad pacha, qui commande les forces
ottomanes dans Scutari, avait déclaré
qu'il n'avait pas d'ordres de son gou-
vernement.
Les ambassadeurs à Constantinople se
retournèrent vers la Porte et réclamè-
rent l'envoi d'instructions précises
à Essad pacha. Le grand-vizir leur
remit un message chiffré pour ce géné-
ral, et dimanche, les ministres à Cetti-
gné sollicitaient de Nicolas Ier la faculté
de transmettre cette dépêche à Essad
pacha. Le gouvernement monténégrin
manifesta quelque répugnance à accé-
der à cette démarche.
Mais ce n'est point tout le corps di-
plomatique avait, entre temps, invité
Nicolas Iw à cesser définitivement sa
canonnade contre Scutari. Le roi de
Monténégro, ici encore, a atermoyé, pré-
textant la nécessité de consulter ses al-
liés, la Serbie principalement.
Tout en différant la notification de la
décision qu'il aurait adoptée, il a repris
le bombardement. Il est certain que s'il
abandonnait l'opération, la transmission
du message chiffré à Essad pacha aurait
perdu une grande part de son impor-
tance.
La mauvaise volonté du souverain à
acquiescer aux vues de l'Europe a re-
mis au premier plan la question de la
démonstration navale collective dans
l'Adriatique. On sait que les puissances
ont exprimé le désir de garder le plus
possible l'entente qu'elles ont si péni-
blement réalisée entre elles. Or cette
entente va subir un nouvel assaut.
L'Autriche-Hongrie est très pressée
d'agir le long du littoralalbanais et mon-
ténégrin, d'abord parce qu'elle veut
affirmer son influence dans cette région
et ensuite parce qu'elle croit amener Ni-
colas 1*' à céder. On a même annoncé
hier soir que son escadre avait reçu l'or-
dre de se rendre à proximité d'Antivari.
On annonçait en même temps que des
croiseurs anglais viendraient rejoindre
les bâtiments austro-hongrois. L'Allema-
gne est d'accord avec le cabinet de Vien-
ne. La France, jusqu'à hier, n'avait pas
pris position, mais d'aucuns estimaient
que la portée d'une manifestation nà-
vale dans l'Adriatique serait douteuse
et que cette intervention des grands
j^ata coalises contre un tout peut Etat
aurait quelque chose de ridicule. L'ltalie
souhaiterait épargner au roi Nicolas Ier,
beau-père de Victor-Emmanuel III, cette
intrusion un peu brutale, mais, d'autre
part, elle redoute de laisser l'Autriche
agir sans elle. Quant à la Russie, elle re-
fuse délibérément de participer à la dé-
monstration. Cédant au courant slavo-
phile qui se développe à Pétersbourg, M.
Sasonof a déjà obtenu que la ligne fron-
tière octroyée par l'Europe aux Bulgares
d'OEnos à Midia en Thrace, fût modi-
fiée il a demandé encore crue la diplo-
matie internationale reprît sur des nou-
velles bases le problème de l'indemnité
de guerre revendiquée par les alliés. Il a
fait savoir qu'il ne pourrait envisager
avec faveur une action, même de simple
pression, dirigée contre le Montenegro,
et M. Isvolski a encore rendu visite hier
après midi, à cet effet, à M. Stephen Pi-
chon.
Dans la soirée, urte note officieuse di-
sait que la France n'avait nullement dé-
cidé de coopérer à la démonstration ua-
vale.
Comme on le voit, la situation demeu-
re très confuse.
NICOLAS I" VOUDRAIT ABDIQUER
Vienne, 3t mars.
Salon des informations parvenues ici, le
6ombardement de Scutari aurait recom
mencé. Le, bruit court mdme que l'assaut
général seratt imminent.
On déclare la Ballplatz que si ces nnu-
velles se confirment, fes puissances, et no-
tamment V Autriche -l! 'onqrie et V Angleterre,
apptiqueront incontinent les mesures coerci-
lives annoncées contre le Monteneqro.
D'aulre part la Sudslavicho Correspon-
denz, qui reçoit parfois des inspiratinn, offi-
cieuses, se, fait mander de Constantinople
que Nicolas ler aurait l'intention d'abdiquer
en faveur du prince héritier Danilo.
Cette abdication, dit la Correspondenz, si!.
rait la seule solution possible de la question
de Scutari.
MARSEILLE-ALGER
EN HYDRO-AÉROPLANE
Marseille, 31 mars.
Nous avons annoncé, hier, la prochaine
tentative de la truversée MaroeUle-AIger,
avec escale aux Baléares, par l'aviateur j
Seguin.
Des ouvriers ont commencé les travaux
pour l'établissement du hangar qui s'élè-
vera dans la crique, à l'est des bains du
Roucas-Blanc.
M. Ségnin tentera ce raid, non pas avec
son monoplan, mats avec un hydro-avion
biplan, muni d'un moteur de 100 chevaux
(Gnoine) H cylindres, appareil qui doit arri-
ver aujourd'hui à Marseille.
L'aviateur emmènera un passager, M.
Pierron, le constructeur parisien d'automo-
biles et aéronaute réputé. r
"est mort (lejaii hier
Home, 31 mars.
Pierpont-Morgan, l'un des hommes les
plus nches du monde, est mort, aujourd'hui,
les uns disent à midi, les autres ce matin,
à cinq heures.
D'après ces doraiers, la nouvelle du dé-
ces de ce roi de l'argent risquait de provo-
quer quelque eatHCiysme financier en Amé-
rique. C'est pourquoi l'on avait pris la pré-
caution âe la câblçj? secrètement au direc-
teur du irust, dont fcïei'gan était l'ame, pour
lui permettre de prwgtre les mesures neces-
saires en bourse^ £>'e«t seulement après
avoir reçu la oe directeur, disant
que les dispojitiofyj étaient prises, que la
famille et tes auraient décide d'an-
noncer le décès. • ̃
Pierpont-Mors" littéralement mort de
faim. Depuis !̃̃ ..r.s son cerveau affai-
bli ne fonctioiiiij.l normalement; diffé-
rents organes rafustUën-t à leur tour d'obéir
t'estompe, surtout, niùntrait rebelle et re-
jetait toute nourriture. Depuis huit jours, il
ne supportait mêrnJ n^s le bouillon de vo-
tailles que prépara^ ie meilleur chef cuisi-
nier de Rome.
Dès samedi, le d4otei Morgan avait ertvû*e, !e mois dernier, un
chèque de cent mife' francs pour' aller le,
chercher en Egypte déparait que la fin du
milliardaire clr-;i fatale.
+,de terribles
CnSës nerveuse; _» folles par lesquelles
il semblait Son irritation contre
le premier obstacle insurmontable qu'il ren-
contrait, puis il retorjbait dans une prostra-
tion absolue.
Hier soir, arrivé ai 1 ••̃ t • ̃: 'frème d'épui-
sement physique, il ;\P -onnaissance et
resta dans leçon t l'heure où il
exhala le dernier se
Il était assiste par, et son gendre.
Aucune autre personne a a pu pénétrer dans
la chambre mortuairrt,
C'est un des rois de la finance américaine
qui disparaît.
UN ROI DE LA FINANCE
John Pierpont-Morgaa étefit né à Hartford
(Connecticut), le 17 aoAt Il n'était pas,
comme un grand nombre de milliardaires
ou. de multimillionnaires,' strictement le fils
M. Pierpoat-Wergan
de ses oeuvres son père, Junius-Spencer
Morgan, était déjà un riche financier.
Après avoir fait. ses études secondaires à
l'école supérieure de Boston, le jeune Morgan
suivit les cours de l'universit,é de Gçettingue,
puis revint, à vingt ans, en Amérique et,
directement, entra dans les «affaires». Il
passa trois ans dans la banque Duncan
Sherman and C°, puis devint l'agent de la
maison G. Peabody, dont son père était l'as-
socié.
Un 1864, il succéda, comme directeur, à
Ni. Peabody, dont la maison prit le nom de
son père, J.-S. Morgai. aad C°. En même
temps, avec les capitaux paternels, il fondait
la maison Dabney, Morgan and C°. trente
ans, c'était déjà un hoi me arrivé et puissant.
Il entama, dès 1er», une série de luttes
contre les autres financiers américains. En
il enleva à Jay Gou!d et Jim Fis le
contrôle du chemin de fer d'Albany et Sus-
quehannah. Son association avec M. Duh-
ney fut dissoute en et sa banque devint
d'abord la maison Prexel, Morgan and C°,
puis. en J. P.-Morgan midC0.
Depuis, John Pierpont-Morgan lança sur
le marché de New-York de nombreux em-
prunts et joua un rôle considérable dans les
émissions de plusieurs grandes compa-
gnies. Il avait fini par réaliser un trust
d'établissements financiers d'abord la a Pre-
mière Banque Nationale n, dont les dépôts et
le capital s élevaient à 700 millions, puis la
compagnie d'assurances l'Equitable, qui,
ayant actions de la Banque du com-
I merce, annexait en fait cette dernière mai-
son à ses possessions.
L'actif des banques, trusts et compagnies
de toute sorte, dont M. Morgan avait ainsi
acquis la direction ou le contrôle, s'élevait
à plus de onze milliards. De plus, son
associé était président du conseil tinancier
de la corporation de l'acier, dont il était lui-
méme l'agent financier on sait que cette cor-
poration rppré.stiile un capital de sept mil-
liards quatre cent soixante-quinze millions;
la maison Morgan avait donc le contrôle
d'une fortune de plus de dix-huit milliards.
A la suite de ces opérations, M. John
Piefipont- Montant était définitivement de-
veon le roi du marché. Il avait enlevé le
sceptre de l'or à M. Kockrfeller. Ses dépla-
ecmente. ses voyages en Europe, ses acqui-
pi'ions. des prix fabulcux. des tableaux et
des objets d'art les plus rares ont souvent
défrayé la chronique.
Deux officiers aviateurs allemands
volent peadant plus de six heures
et parcourent kilomètres
Berlin, 31 mars.
Deux officiers aviateurs de l'école de 1)ce-
bi'jit/ ont parcouru la distance de Jueter-
bog- à Malerue, soit kilomètres, en six
heures neuf minute,- sans atterrissage.
Au cours de leur randonnée, qui constitue
le record du monde de vol à travers la cam-
pagne, les deux officiers ont été vus au-des-
sus de Berlin, de Lubeck, de Ploen, etc.
La iiouYeau préïet fle police
M. Hennion
C'est hier après midi, à trois heures, que
M. Lépine a remis officiellement les servi-
ces de la préfecture de police à son suc-
cesseur. Cette cérémome, très simple, n'a
duré que quelques minutes. Arrivé à trois
heures précises, M. Hennion a été aussitôt
introduit dans le cabinet préfectoral, où M.
Le dernier portrait de M. Lépine
Lépine l'attendait, assisté de M. Laurent,
secrétaire général:
Bonjour, cher ami, je reconnais que
vous êtes exact, a dit M. Lépme en serrant
avec une grande cordialité la main du nou-
veau préfet de police.
Après avoir échangé quelques paroles,
MM. Hennion et Lépine ont apposé leur si-
gnature au bas du procès-verbal suivant,
établi en double exemplaire
Nous, Lépine. préfet de police, admis à faire
valoir nos droits à la retraite à la date du :ïl
mars 1913, faisons remise à M. Hennion, nom-
mé préfet de police par décret di; mars cou-
rant, des services et document!; de la préfecture
de police. Une copie de ce procès-verbal sera dé-
posée aux archives de la pré fer tu m l'autre aux archives du minisU-rv de l'Intérieur.
Maintenant, mon cher préfet, dit en-
core M. Lépine, vous êtes ici chez vous.
Cette formalité accomplie, M. Lépine pré-
senta à son successeur ses principaux colla-
borateurs, MM. Laurent, Touny, directeur
de la police municipale' Hamard, directeur
général des recherches Pourlier, Honorât,
Joltrain, Saint-Yves, chefs de division Le
Seyeux, chef du premier bureau du cabinet
Nicolas, dief du secrétariat Boy. contrô-
leur général.
M. Hennion eut un mot aimable nour fl;a-
cun de ces hauts fonctionnaires, nuis il !enr
donna rendez-vous pour aujourd'hui. "•<̃>
n'est que ce matin, en effet, qu'il prendra
définitivement possession de son poste.
A trois heures vingt-cinq, In nouvean pré-
fet de police quittait l'hôtel du boulevard du
rieur.
Avant de quitter la préf-viur", pour recon-
naître1 le dévouemfnl professionnel de s;-s
aubordonnés, M. Lépine leur a accordé à
tous trois jours de congé supplémentaires.
Afin de ne pas distraire "du .service tout
le personnel de la police municipale, le pré-
fet n'a pas voulut réunir les a.uents avant
son départ, mais il s'est rendu au poste des
compatîmes de réserve et nu poste de la
première briqade des recherches, pou" ser-
rer la main des hommes et les charger
d'exprimer sa reconnaissance il tous leurs
camarades.
FÉLICITATIONS DE ROI
M. Lépine a reçu, hier, du roi d'Espagne,
le télégramme suivant:
̃« Madrid, 10 h. ,-i0, matin.
Je tiens à vous renouveler aujourd'hui
l'assurance de ma reconaaissanfe pour 0-
tre constante amabilité, et de ma sincère
amitié.
Alfonso, Rfx. »
LE CABINET DE M. HENNION
M. Jacques Paoli, .secrétaire de la direc-
tion de la sûreté générale au ministère de
l'Intérieur, vient d'être appelé à la préfec-
ture de police comme chef de cabinet de
M. Hennion.
Né à Qiambéry, en 1877, M. Paoli est le
fils de l'ancien commissaire snécial oui fui,
durant de longues années, chargé d'accom-
pugncr les souverains étrangers séjournant
en 'France.
Le chef de cabinet du nouvou mviK de
police a fait fouie sa carrière administra-
tive au ministère de l'Intérieur, où il débuta
en 1899. comme rédacteur du bureau poli-
tique. Huit ans plus lard. \1. Hennion, direc-
teur de la sûreté générale, l'appelait auprès
de lui et lui confiait le secrétariat t'- 1. tii
rection de cet importante service.
M. Paoli est, croyons-nous, le seul fonc-
tionnaire de la sûreté générale qui suivra
M. Hennion au boulevard du Palan
Un mécanicien arrête son train
sur le bord de l'abîme
Bordeaux, 31 mars.
Les pluies diluviennes qui se sont ubat-
tues sans discontinuer sur notre région, de-
puis quelques jour», viennent de provoquer j
'un grave accident lie chernut iir in inli au-
rait pu avoir des conséquences tragiques.
Une petite rivière, qui se jette dans la Ga-
ayant débordé, l'action des eaux avait, jeu
à peu, rongé le remblai du chemin de fer,
sur une longueur de cinquante mètres en-
viron et un pont sur lequel passe la ligne de
Bordeaux à Eymet, s'était écroulé, uiman-
elle soir vers dix heures
A ce moment, le train de voyageurs
se. trouvait à environ six cents mètres, cou- j
rant vers l'abîme. Le mécanicien enlendit j
heureusement le fracas causé pnr la chute
du pont et freina énergiquement, mais pas
une seconde irap lot, puisque, après avoir j (
déraillé, les voitures de tête s'avancèrent si t
près du bord que la locomotive se trouva >
en partie surplomber la rivière. |
Les voyageurs en furent quittes pour la 1
peur. La circulation se trouve du fait de la
destruction du pont interrompue sur cette
ligne et le transbordement des voyageurs 1 1
doit être effectué en automobile. ̃ 1
UN DRAME A MONTREUIL- SOUS- BOIS
Un cloiier @si Messe
mortellement
La zone' militaire de Monfreuil-sous-Bois,
qui est par une population hétéro-
cille d'arti^ms et de ehiiTotniiers, a été,
dimanche sou-, le théâtre d'un drame pathé-
tique un amoureux déçu, auquel on avait
reprise têtue de son cour, une fillette de
I quatorze ans, s'est froidement présenté chez
les parents de celle-ci et a abattu le père
à coups de revolver.
La famille Boyer
Le sentier des Poiriers, a Montreuil-sous-
Bois, est une voie, ou plutôt un ensemble
de voies qui, traversant la zone militaire,
relie la rue de la République aux fossés des
fortifications.
Ces chemins, assez larges, mais défoncés
à la moindre pluie, sont bordés de cabanes
basses en buis et torchis, abritant des mé-
nages de chiffonniers les familles, toutes
nombreuses, s'entassent tant bien que mal
dans des chambres sans air et enfumées où,
chose extraordinaire, tout le monde vit en,
honne santé.
Au n° 2 du sentier des Poiriers demeurait,
depuis fort longtemps, ta famille Boyer,
composée du pète. Henri, ancien cocher,
âgé de cinquante-huit ans; de sa femme et
de ses quatre filles, dont l'avant-dernière,
Matliilde. a quatorze ans. Avec eux habi-
tent M. Lwbtt», ieuivgen-dre, el Alfred Blan-
quel. un til· adoptil de dix-neuf ans.
Cette honnête famille de chiffonnier
vivait dans la plus parfaite union, mais,
dernièrement. un événement grave vint
jeter la désolation parmi ces braves gens.
Il y a quelque temps, un nommé Georges
Berthier. Agé de dix-huit ans, demeurant à
Bagno!ct, sur la zone militaire, avait ren-
contré la jeune iVlathilde et en était tombé
amoureux.
La fillelte, assez précoce, n'avait pas
repoussé les avances du chiffonnier qu'est
aussi Berthier sur ses instances, elle
partit vendredi soir avec lui et s'en fut h
Bagnolet pour y demeurer.
A la recherche de Mathilde
Cependant, avec sa jeune compagne, à
laquelle il avait promis une Vie de bonheur
éternel, Berthier ne voulait \>aj reutrcr chez
lu;, où ou l'aurait découvert, et les deux
amoureux allèrent demander 1 hospitalité,
pni!r la. nuit, à un de leurs amis, f-emand
Lefèvre, ùgé de vingt ans, et ayant pour
maîtresse une jeune Mile de dix-huit ans de
toute beauté et connue sous le nom de
Léonie.
La nuit entre les -deux couples fut, pa-
ratl-il. des plus joyeuses et la fête se con-
tinua le lendemain.
Mais, cti" les Boyer, on était en peine,
et le père de famille, ainsi que les Iréres,
se dotaient bien de ce qui état arrivé.
Henri Lovet, Alfred B'anquet et M. Lebas
se'inirent donc à la recherche de leur sœur
et belie-sœur el. dimanche seulement, ils
au marché aux puces de Montreuil, l'endroit
où se cachait la jeune Mathilde.
Sans perdre un moment, ils se rendirent
à Bagnolet, chez Georges Berthier, qui,
avec sa jeune maîtresse, avait regagné sa
case.
Le maitre de dans était absent, la jeune
fille était seule après lui avoir fait de justes
remontrances, qui continuèrent tout le long
du chemin, ses parents la ramenèrent à
Montreuil.
La jeune fille fut accueillie a bras ouvert
par le père, et tout lui fut pardonné.
.Mais quand Georges Berthier, dit « Fifi »,
revint à sa demeure, trouva Ic nid vide ct
entra
.< Ah Miithilde est partie, s'é'-ria-t-ii,
je Id retrouverai et malheur à celui qui se
placera devant moi, je crèverai plutôt toute
la famille » Et il en fit le serment devant
plusieurs amis.
Le drame
Incontinent, il se mit en campagne il se
rendit d'abord chez deux amis dévoués qu'on
croit être Fernand I,efévre et Albert Lau-
CI. PKtU Varitien.
M. Boyer et sa fille Mathilde
J noy, tous deux ses voisins sur la zone mili-
taire, il Bagnolet.
Tous deux acceptèrent de l'accompagner
et ils se rendirent ensemble au doiniule"f!es
époux Boyer. Ils y arrivèrent le soir, vers
,-sept heures et demie. Délibérément. Ber-
i thier et ses deux aeolyles entrèrent dans la
petite cour qui la cabane, où la ta-
mille Boyer était eu train de dtner.
Brusquement, ils défoncèrent la porte et
Berthier. devant les convives effarés, parut,
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L'enfance du génie
Il y a des religions littéraires. Victor
Hugo a ses dévots, Balzac les siens,
et, non loin des temples de ces deux
génies, l'église stendhalienne nous
montre ses vastes proportions. Henri
Bevle, qui se nomma Stendhal, sans
qu'on puisse savoir pourquoi, et qui,
racontant sa propre existence, a soin
de s'appeler Henri Brulard, sans au-
cune raison, voit sa gloire grandir
chaque jour. Les publications se mul-
tiplient autour de sa mémoire, la
Revrue critique des idées et des livres
vient de lui consacrer une série de cu-
rieuses études, et l'on nous a donné,
ces jours derniers, une Vie de Henri
Brulard, complète pour la première fois,
où ce personnage, dont le moins qu'on
puisse dire est qu'il fut étrange, nous
apparaît environné d'une implacable lu-
mière.
C'est là qu'il faut venir le chercher, si
l'on veut s'expliquer l'être complexe au-
quel on doit le Rouge et le Noir, ainsi
que la Chartreuse rle Parme. Il serait
difficile de citer un exemple plus frap-
pant de l'influence que les conditions
de la première enfance exercent sur la
vie entière. Il est probable que nous
n'aurions jamais eu ce Stendhal si
tourmenté, si grand et puissant par di-
vers côtés, si bizarre par certains au-
tres, si sa petite jeunesse avait été nor-
male et s'était écoulée dans un milieu
plus doux et plus affectueux.
Qu'on s'imagine un malheureux en-
fant, privé de sa mère, morte jeune,
livré à une tante dévote à l'excès et cer-
tainement détraquée, peu aimé de son
père, n'ayant pour unique ami qu'un
vieil homme charmant, son grand-père,
assurément très bon, mais incapable,
par suite d'un souci excessif de sa tran-
quillité, de défendre l'orphelin. Ajou-
tez à cela un précepteur rude et sans
grandeur d'âme, et rappelez-vous qu'à
douze ans le petit Henri Beyla n'était
jamais sorti seul et n'avait jamais eu
de camarades de son âge. Vous com-
prendrez alors ce qu'une semblable
éducation peut faire d'un garçon non
dépourvu de vives qualités, ayant mê-
me le cœur sensible, mais obligé de
dissimuler ses sentiments et de conte-
nir sa pétulance naturelle.
Si cet enfant ne devient pas un mons-
tre en grandissant, ce sera presque mi-
racle. Mais il demeurera toujours anor-
mal, audacieux et timide, craintif et
téméraire, effrayé à la seule idée du
ridicule, avant le propos mordant et
pïc -ailles rancunes concentrées,
-̃ jurtant susceptible de s'at-
*• un mot cet étrange com-
?-̃' "/ut Stendhal, et qu'il nous
exphqîic ci, racontant la vie de Henri
maliens, qui, naturellement,
atiques, veulent nous faire
le pour un dieu. Ce n'était
ni ne, mais vraiment très dif-
ié. ces autres hommes, avec de
merveilleuses qualités et des défauts
•rveilleux, défauts et qua-
-nant avec une force égale.
Sur la première feuille
de la Vie de Brulard,
°it ce qu'on peut lire
.Miothèque de Grenoble-
biographie n'était qu'un
raconu; par un homme de cin-
•"a-d?ur -i'is, après la mort de sa
bre Charlotte Corday?
le désir a toujours
€«:; -ie le Ici. mauvaise plaisanterie, de
la mystification, avec souvent une pué-
rile affectation de mystère. Il assure
gravement, à propos de sa tante, la
pieuse et terrible Séraphie, qu'à l'âge
de quatre ans il prit la religion en hor-
reur Parlant de sa première existence
officielle, sous l'Empire, il écrit sans
rire « En 1814, je tombai avec Napo-
léon » C'est tout juste s'il n'affirme
pas que Napoléon tomba avec lui. Mais,
s'il ne riait pas ouvertement, ri avait-il
point dans les yeux un éclair de ma-
lice, en laissant glisser de sa plume
cette phrase colossale ?
Il a ce travers de vouloir étonner les
gens, qui l'amène à sortir à chaque ins-
tant du naturel et de la simplicité, qui
ont pourtant tant de prix chez lui. Dès
qu'il cesse de se surveiller, il est déli-
cieux. Quand il raconte, notamment, la
mort du pauvre Lambert. domestique
de sa famille, dont il était l'ami, il par-
vient, sans effort, à un haut degré
d'émotion, et laisse voir son cœur, tout
rempli de douleur. Cela est fort au-des-
sus du passage où il appuie avec une
indiscrétion gênante, et un formidable
défaut de goût, sur l'affection qu'il
éprouvait pour sa mère.
Cette passion du mystère, de la mys-
tification enfantine, on en retrouve la
trace dans le soin qu'il prend, au cours
de ses révélations personnelles, d'user
d'anagrammes absurdes, grâce auxquels
il s'imagine dépister les mouchards
dont il se suppose environné. « Le jé-
suitisme devient tismejésui, la religion
s'écrit (jionrdi le prêtre est un reprêt,
les prêtres des trespré, un vicaire un
cairevi un dévot est un votdé des opi-
nions républicaines deviennent des kai-
nesrépuoli, etc. » A l'occasion, il a re-
cours anglais pour dérouter les cu-
rieux Dieu est traduit God, et un roi
s'appelle King. Tout cela, je le répète
canfine à l'enfantillage, mais il ne faut
pas s'en plaindre, parce que ces peti-
tesses font mieux ressortir ce qu'il y a
de .-nan.i chez Henri Beyle.
Stendhal s'était décidé à écrire ses
Mémoires, non pour se faire connaître
public, mais pour apprendre, pré-
;)d'Il, à se connaître lui-même. Son
analyse fc donc la sincérité de celle des
\Conless1i6ns de Jean-Jacques Rousseau,
̃Étf^en plus, ce que je nommerai irré-
vérencieusement une cocasserie extra-
vagante. J'ai cité le mot sur Napoléon.
Brusquement, deux pages plus loin, on
tombe sur ceci J'ai été homme d'es-
prit depuis l'hiver 1826 auparavant,
je me taisais par paresse. » C'est im-
mense 1 Mais il y a dès correctifs. « S'il
y a un autre monde, écrit-il, je ne man-
querai pas d'aller voir Montesquieu
s'il me dit « Mon pauvre ami, vous
n'avez pas eu de talent du tout j'en
serai fâché, mais nullement surpris. »
Montesquieu aurait certainement ajou-
té « Vous avez eu mieux que du ta-
lent. » Mais ce talent agité a pris sa
couleur et sa forme dans cette petite
enfance, où le pauvre gamin Henri
Beyle, continuellement replié sur lui-
même, roulait dans sa tête, du matin
au soir, des pensées de haine et de.ven-
geance, se proclamait libre penseur
parce qu'une dévote malade l'exaspé-
rait, se disait républicain parce que son
père était royaliste, et aimait le peuple
pour l'unique motif que sa famille ad-
mirait la noblesse. Son « âme atroce »
se dévoilait quand il trouvait bon qu'on
eût guillotiné deux malheureux prêtres
à Grenoble, en 1793, sous prétexte
qu'on y avait pendu deux ministres
protestants, sous Louis XIV.
De cette jeunesse, il lui resta le goût
du paradoxe, et une espèce d'amertume
mélangée de comique, car ceci encore
le caractérise qu'il n'est presque. jamais
entièrement sérieux. « Mes amis d'alors
(1830), dit-il dans les pages préliminai-
res de la Yie de Brulard, MM. de Ma-
reste, Colomb, étaient des amis d'une
singulière espèce ils auraient fait sans
doute des démarches actives pour me
tirer d'un grand danger, mais lorsque
je sortais avec un habit neuf, ils au-
raient donné vingt francs, le premier
surtout, pour qu'on me jetât un verre
d'eau sale. Excepté le vicomte de. Bar-
rai et Bigillion, de Saint-Ismier, je
n'ai guère eu, toute ma vie, que des
amis de cette espèce. » Croyait-il au
verre d'eau sale ? On peut en douter.
Ce qui permet de ne pas tout accep-
ter de lui, c'est qu'il se contredit avec
une candeur stupéfiante. Je passe, je
crois, assure-t-il, pour l'homme le plus
gai et le plus insensible il est vrai que
je n'ai jamais dit un seul mot des fem-
mes que j'aimais. » Or, vous ne lisez
pas quatre feuillets de ce modèle de
discrétion, sans y rencontrer le nom
des femmes qu'il adora, accompagné de
révélations trop piquantes. D'ailleurs,
c'est là un des péchés mignons de cet
ennemi des confesseurs il confesse
tout le monde, hommes et femmes, pu-
bliquement, sans en avoir demandé la
permission à personne, et sans aucun
ménagement. Il a connu, par exemple,
l'abominable Mme de Merteuil, des Liai-
sons dangereuses, et, pour qu'on ne s'y
trompe pas, il la nomme en toutes
lettres.
Vivant amalgame de défauts im-
menses et de qualités admirables,
quelquefois bas et trivial, écrivant com-
me pourrait le faire un charretier avec
le manche de son fouet, Beyle n'en voi-
sine pas moins avec le génie. Il aura
été une des plus hautes intelligences
de l'humanité. On s'explique donc la
force du mouvement stendhalien, la
vitalité du culte rendu à cet homme
étonnant et singulier, et l'on n'est pont
surpris de voir que ses fidèles s'effor- j
cent de lui élever un monument à'
l'épreuve des outrages du temps.
JEAN r R O L L 0-
Les prochains Voyages
de M. Poincaré
Le Président de la République, revenant
de son voyage ellier, est rentré à
Paru hier mai heures.
Il a été sali;. de la gare par
M. Klotz, moi- :eur M. Char-
les Dumont, imiusjjMfeàe» Finances M.
Etienne, ministre deaMBuerre M. Pichon,
secrétaire général .'4f|Bi|îrésidence mm.
Delanney, préfet de Lépine, etc.
Le Président de va mettre
à profit les vacances dç, Fàques et de la Pen-
tecôte pour faire dans le,3 départements
deux voyages impor
Les dimanche 20 e avril, NI. Poin-
caré se rendra à Bar- le-i}uo et à Commercy
puis, il s'installera jusqi'e vers la rentrée
des Chambres dans sa propriété du Clos, à
Le second voyage '), dans l'Allier,
les dimanche 1t et lai. Le premier
jour, le Président in aux environs
de Moulins. le monn aux victimes
de la catastrophe du ;bit: République.
Le lendemain, il il Vichy, la fête
fédéraie des sociétés dc uy, '.mastique.
Dans son escalier, une rentière
est attaquée et déi alisée
Une rentière de soixante-qi Mme
Julie Aubry, s'était rendue i:. u vers
onze heure à l'agence du LUI'¡, Idr d'Es-
aumpte située à l'angle du boulf.'ard Ma-
lesherbes et du boulevard ilaussmunn, pour
y toucher francs.
Pour revenir chez elle, 1-"< '̃•i? 'de Belle-
lille, elle prit devant la la Pépi-
nière le tramway Saint- de
Vincennes. Elle en descendit à l'an gle de la
rue des Pyrénées et de la rue de B elleville.
Après avoir fait quelques emnSei'les dans
le quartier, Mme Aubry rentra k a>m donu-
cile. Mais, comme elle atteignait son deuxiè-
me étoge, elle reçut un coup violent sur la
nuque. En même temps elle se s-.n-iit saisie
par derrière, renversée à deiïy et ''serrée à
la gorge, furieusement.
Une poigne? de poivre qu'elle retjtrt à ce
moment en pk-in visage, dans les 'yeux et
dan., la bouche, acheva de lui fair e perdre
connaissance.
Elle avail pu cependant ape.reevo ir «in in-
dividu. vêtu d'un long', {farde .-su. gns et
coiffé d'un chapeau nteton, cô!é
d'elle et qui fui' arraolïftitjt; !>•• ̃iM'eiie
portait la mam et qui;éorrU-n r.
et qu elle tard. Son et appelé- ̃/luis.
Une heure plus tard, un t, i. M.
Boudon, trouvait, passage de ts. "«
sac à mam de Mme Aubry. Il «.:<_ v;>ie.
La question moitéoégriBB
resieWiatï
La France ne participera
pas â la démoMatration
navale
Les ambassadeurs des six grandes
puissances à Constantinople ont fait
hier une démarche auprès de la Porte
pour lui notifier les conditions de paix
élaborées par l'Europe.
C'est toujours l attitude du Montene-
gro qui préoccupe le plus les chancelle-
ries, et le roi Nicolas Ier, qui s'est en-
gagé à fond sur la question de Scutari
Scutari ou la mort, a-t-il répété
cherche à se soustraire aux suggestions
du corps diplomatique de sa capitale.
On sait que les ministres européens à
Cettigné avaient d'abord demandé que
Nicolas IM laissât sortir la population
civile de la place assiégée. Non sans
peine, il y avait consenti, mais alors,
Essad pacha, qui commande les forces
ottomanes dans Scutari, avait déclaré
qu'il n'avait pas d'ordres de son gou-
vernement.
Les ambassadeurs à Constantinople se
retournèrent vers la Porte et réclamè-
rent l'envoi d'instructions précises
à Essad pacha. Le grand-vizir leur
remit un message chiffré pour ce géné-
ral, et dimanche, les ministres à Cetti-
gné sollicitaient de Nicolas Ier la faculté
de transmettre cette dépêche à Essad
pacha. Le gouvernement monténégrin
manifesta quelque répugnance à accé-
der à cette démarche.
Mais ce n'est point tout le corps di-
plomatique avait, entre temps, invité
Nicolas Iw à cesser définitivement sa
canonnade contre Scutari. Le roi de
Monténégro, ici encore, a atermoyé, pré-
textant la nécessité de consulter ses al-
liés, la Serbie principalement.
Tout en différant la notification de la
décision qu'il aurait adoptée, il a repris
le bombardement. Il est certain que s'il
abandonnait l'opération, la transmission
du message chiffré à Essad pacha aurait
perdu une grande part de son impor-
tance.
La mauvaise volonté du souverain à
acquiescer aux vues de l'Europe a re-
mis au premier plan la question de la
démonstration navale collective dans
l'Adriatique. On sait que les puissances
ont exprimé le désir de garder le plus
possible l'entente qu'elles ont si péni-
blement réalisée entre elles. Or cette
entente va subir un nouvel assaut.
L'Autriche-Hongrie est très pressée
d'agir le long du littoralalbanais et mon-
ténégrin, d'abord parce qu'elle veut
affirmer son influence dans cette région
et ensuite parce qu'elle croit amener Ni-
colas 1*' à céder. On a même annoncé
hier soir que son escadre avait reçu l'or-
dre de se rendre à proximité d'Antivari.
On annonçait en même temps que des
croiseurs anglais viendraient rejoindre
les bâtiments austro-hongrois. L'Allema-
gne est d'accord avec le cabinet de Vien-
ne. La France, jusqu'à hier, n'avait pas
pris position, mais d'aucuns estimaient
que la portée d'une manifestation nà-
vale dans l'Adriatique serait douteuse
et que cette intervention des grands
j^ata coalises contre un tout peut Etat
aurait quelque chose de ridicule. L'ltalie
souhaiterait épargner au roi Nicolas Ier,
beau-père de Victor-Emmanuel III, cette
intrusion un peu brutale, mais, d'autre
part, elle redoute de laisser l'Autriche
agir sans elle. Quant à la Russie, elle re-
fuse délibérément de participer à la dé-
monstration. Cédant au courant slavo-
phile qui se développe à Pétersbourg, M.
Sasonof a déjà obtenu que la ligne fron-
tière octroyée par l'Europe aux Bulgares
d'OEnos à Midia en Thrace, fût modi-
fiée il a demandé encore crue la diplo-
matie internationale reprît sur des nou-
velles bases le problème de l'indemnité
de guerre revendiquée par les alliés. Il a
fait savoir qu'il ne pourrait envisager
avec faveur une action, même de simple
pression, dirigée contre le Montenegro,
et M. Isvolski a encore rendu visite hier
après midi, à cet effet, à M. Stephen Pi-
chon.
Dans la soirée, urte note officieuse di-
sait que la France n'avait nullement dé-
cidé de coopérer à la démonstration ua-
vale.
Comme on le voit, la situation demeu-
re très confuse.
NICOLAS I" VOUDRAIT ABDIQUER
Vienne, 3t mars.
Salon des informations parvenues ici, le
6ombardement de Scutari aurait recom
mencé. Le, bruit court mdme que l'assaut
général seratt imminent.
On déclare la Ballplatz que si ces nnu-
velles se confirment, fes puissances, et no-
tamment V Autriche -l! 'onqrie et V Angleterre,
apptiqueront incontinent les mesures coerci-
lives annoncées contre le Monteneqro.
D'aulre part la Sudslavicho Correspon-
denz, qui reçoit parfois des inspiratinn, offi-
cieuses, se, fait mander de Constantinople
que Nicolas ler aurait l'intention d'abdiquer
en faveur du prince héritier Danilo.
Cette abdication, dit la Correspondenz, si!.
rait la seule solution possible de la question
de Scutari.
MARSEILLE-ALGER
EN HYDRO-AÉROPLANE
Marseille, 31 mars.
Nous avons annoncé, hier, la prochaine
tentative de la truversée MaroeUle-AIger,
avec escale aux Baléares, par l'aviateur j
Seguin.
Des ouvriers ont commencé les travaux
pour l'établissement du hangar qui s'élè-
vera dans la crique, à l'est des bains du
Roucas-Blanc.
M. Ségnin tentera ce raid, non pas avec
son monoplan, mats avec un hydro-avion
biplan, muni d'un moteur de 100 chevaux
(Gnoine) H cylindres, appareil qui doit arri-
ver aujourd'hui à Marseille.
L'aviateur emmènera un passager, M.
Pierron, le constructeur parisien d'automo-
biles et aéronaute réputé. r
"est mort (lejaii hier
Home, 31 mars.
Pierpont-Morgan, l'un des hommes les
plus nches du monde, est mort, aujourd'hui,
les uns disent à midi, les autres ce matin,
à cinq heures.
D'après ces doraiers, la nouvelle du dé-
ces de ce roi de l'argent risquait de provo-
quer quelque eatHCiysme financier en Amé-
rique. C'est pourquoi l'on avait pris la pré-
caution âe la câblçj? secrètement au direc-
teur du irust, dont fcïei'gan était l'ame, pour
lui permettre de prwgtre les mesures neces-
saires en bourse^ £>'e«t seulement après
avoir reçu la oe directeur, disant
que les dispojitiofyj étaient prises, que la
famille et tes auraient décide d'an-
noncer le décès. • ̃
Pierpont-Mors" littéralement mort de
faim. Depuis !̃̃ ..r.s son cerveau affai-
bli ne fonctioiiiij.l normalement; diffé-
rents organes rafustUën-t à leur tour d'obéir
t'estompe, surtout, niùntrait rebelle et re-
jetait toute nourriture. Depuis huit jours, il
ne supportait mêrnJ n^s le bouillon de vo-
tailles que prépara^ ie meilleur chef cuisi-
nier de Rome.
Dès samedi, le d4otei
chèque de cent mife' francs pour' aller le,
chercher en Egypte déparait que la fin du
milliardaire clr-;i fatale.
+,de terribles
CnSës nerveuse; _» folles par lesquelles
il semblait Son irritation contre
le premier obstacle insurmontable qu'il ren-
contrait, puis il retorjbait dans une prostra-
tion absolue.
Hier soir, arrivé ai 1 ••̃ t • ̃: 'frème d'épui-
sement physique, il ;\P -onnaissance et
resta dans leçon t l'heure où il
exhala le dernier se
Il était assiste par, et son gendre.
Aucune autre personne a a pu pénétrer dans
la chambre mortuairrt,
C'est un des rois de la finance américaine
qui disparaît.
UN ROI DE LA FINANCE
John Pierpont-Morgaa étefit né à Hartford
(Connecticut), le 17 aoAt Il n'était pas,
comme un grand nombre de milliardaires
ou. de multimillionnaires,' strictement le fils
M. Pierpoat-Wergan
de ses oeuvres son père, Junius-Spencer
Morgan, était déjà un riche financier.
Après avoir fait. ses études secondaires à
l'école supérieure de Boston, le jeune Morgan
suivit les cours de l'universit,é de Gçettingue,
puis revint, à vingt ans, en Amérique et,
directement, entra dans les «affaires». Il
passa trois ans dans la banque Duncan
Sherman and C°, puis devint l'agent de la
maison G. Peabody, dont son père était l'as-
socié.
Un 1864, il succéda, comme directeur, à
Ni. Peabody, dont la maison prit le nom de
son père, J.-S. Morgai. aad C°. En même
temps, avec les capitaux paternels, il fondait
la maison Dabney, Morgan and C°. trente
ans, c'était déjà un hoi me arrivé et puissant.
Il entama, dès 1er», une série de luttes
contre les autres financiers américains. En
il enleva à Jay Gou!d et Jim Fis le
contrôle du chemin de fer d'Albany et Sus-
quehannah. Son association avec M. Duh-
ney fut dissoute en et sa banque devint
d'abord la maison Prexel, Morgan and C°,
puis. en J. P.-Morgan midC0.
Depuis, John Pierpont-Morgan lança sur
le marché de New-York de nombreux em-
prunts et joua un rôle considérable dans les
émissions de plusieurs grandes compa-
gnies. Il avait fini par réaliser un trust
d'établissements financiers d'abord la a Pre-
mière Banque Nationale n, dont les dépôts et
le capital s élevaient à 700 millions, puis la
compagnie d'assurances l'Equitable, qui,
ayant actions de la Banque du com-
I merce, annexait en fait cette dernière mai-
son à ses possessions.
L'actif des banques, trusts et compagnies
de toute sorte, dont M. Morgan avait ainsi
acquis la direction ou le contrôle, s'élevait
à plus de onze milliards. De plus, son
associé était président du conseil tinancier
de la corporation de l'acier, dont il était lui-
méme l'agent financier on sait que cette cor-
poration rppré.stiile un capital de sept mil-
liards quatre cent soixante-quinze millions;
la maison Morgan avait donc le contrôle
d'une fortune de plus de dix-huit milliards.
A la suite de ces opérations, M. John
Piefipont- Montant était définitivement de-
veon le roi du marché. Il avait enlevé le
sceptre de l'or à M. Kockrfeller. Ses dépla-
ecmente. ses voyages en Europe, ses acqui-
pi'ions. des prix fabulcux. des tableaux et
des objets d'art les plus rares ont souvent
défrayé la chronique.
Deux officiers aviateurs allemands
volent peadant plus de six heures
et parcourent kilomètres
Berlin, 31 mars.
Deux officiers aviateurs de l'école de 1)ce-
bi'jit/ ont parcouru la distance de Jueter-
bog- à Malerue, soit kilomètres, en six
heures neuf minute,- sans atterrissage.
Au cours de leur randonnée, qui constitue
le record du monde de vol à travers la cam-
pagne, les deux officiers ont été vus au-des-
sus de Berlin, de Lubeck, de Ploen, etc.
La iiouYeau préïet fle police
M. Hennion
C'est hier après midi, à trois heures, que
M. Lépine a remis officiellement les servi-
ces de la préfecture de police à son suc-
cesseur. Cette cérémome, très simple, n'a
duré que quelques minutes. Arrivé à trois
heures précises, M. Hennion a été aussitôt
introduit dans le cabinet préfectoral, où M.
Le dernier portrait de M. Lépine
Lépine l'attendait, assisté de M. Laurent,
secrétaire général:
Bonjour, cher ami, je reconnais que
vous êtes exact, a dit M. Lépme en serrant
avec une grande cordialité la main du nou-
veau préfet de police.
Après avoir échangé quelques paroles,
MM. Hennion et Lépine ont apposé leur si-
gnature au bas du procès-verbal suivant,
établi en double exemplaire
Nous, Lépine. préfet de police, admis à faire
valoir nos droits à la retraite à la date du :ïl
mars 1913, faisons remise à M. Hennion, nom-
mé préfet de police par décret di; mars cou-
rant, des services et document!; de la préfecture
de police. Une copie de ce procès-verbal sera dé-
posée aux archives de la pré fer tu m
Maintenant, mon cher préfet, dit en-
core M. Lépine, vous êtes ici chez vous.
Cette formalité accomplie, M. Lépine pré-
senta à son successeur ses principaux colla-
borateurs, MM. Laurent, Touny, directeur
de la police municipale' Hamard, directeur
général des recherches Pourlier, Honorât,
Joltrain, Saint-Yves, chefs de division Le
Seyeux, chef du premier bureau du cabinet
Nicolas, dief du secrétariat Boy. contrô-
leur général.
M. Hennion eut un mot aimable nour fl;a-
cun de ces hauts fonctionnaires, nuis il !enr
donna rendez-vous pour aujourd'hui. "•<̃>
n'est que ce matin, en effet, qu'il prendra
définitivement possession de son poste.
A trois heures vingt-cinq, In nouvean pré-
fet de police quittait l'hôtel du boulevard du
rieur.
Avant de quitter la préf-viur", pour recon-
naître1 le dévouemfnl professionnel de s;-s
aubordonnés, M. Lépine leur a accordé à
tous trois jours de congé supplémentaires.
Afin de ne pas distraire "du .service tout
le personnel de la police municipale, le pré-
fet n'a pas voulut réunir les a.uents avant
son départ, mais il s'est rendu au poste des
compatîmes de réserve et nu poste de la
première briqade des recherches, pou" ser-
rer la main des hommes et les charger
d'exprimer sa reconnaissance il tous leurs
camarades.
FÉLICITATIONS DE ROI
M. Lépine a reçu, hier, du roi d'Espagne,
le télégramme suivant:
̃« Madrid, 10 h. ,-i0, matin.
Je tiens à vous renouveler aujourd'hui
l'assurance de ma reconaaissanfe pour 0-
tre constante amabilité, et de ma sincère
amitié.
Alfonso, Rfx. »
LE CABINET DE M. HENNION
M. Jacques Paoli, .secrétaire de la direc-
tion de la sûreté générale au ministère de
l'Intérieur, vient d'être appelé à la préfec-
ture de police comme chef de cabinet de
M. Hennion.
Né à Qiambéry, en 1877, M. Paoli est le
fils de l'ancien commissaire snécial oui fui,
durant de longues années, chargé d'accom-
pugncr les souverains étrangers séjournant
en 'France.
Le chef de cabinet du nouvou mviK de
police a fait fouie sa carrière administra-
tive au ministère de l'Intérieur, où il débuta
en 1899. comme rédacteur du bureau poli-
tique. Huit ans plus lard. \1. Hennion, direc-
teur de la sûreté générale, l'appelait auprès
de lui et lui confiait le secrétariat t'- 1. tii
rection de cet importante service.
M. Paoli est, croyons-nous, le seul fonc-
tionnaire de la sûreté générale qui suivra
M. Hennion au boulevard du Palan
Un mécanicien arrête son train
sur le bord de l'abîme
Bordeaux, 31 mars.
Les pluies diluviennes qui se sont ubat-
tues sans discontinuer sur notre région, de-
puis quelques jour», viennent de provoquer j
'un grave accident lie chernut iir in inli au-
rait pu avoir des conséquences tragiques.
Une petite rivière, qui se jette dans la Ga-
ayant débordé, l'action des eaux avait, jeu
à peu, rongé le remblai du chemin de fer,
sur une longueur de cinquante mètres en-
viron et un pont sur lequel passe la ligne de
Bordeaux à Eymet, s'était écroulé, uiman-
elle soir vers dix heures
A ce moment, le train de voyageurs
se. trouvait à environ six cents mètres, cou- j
rant vers l'abîme. Le mécanicien enlendit j
heureusement le fracas causé pnr la chute
du pont et freina énergiquement, mais pas
une seconde irap lot, puisque, après avoir j (
déraillé, les voitures de tête s'avancèrent si t
près du bord que la locomotive se trouva >
en partie surplomber la rivière. |
Les voyageurs en furent quittes pour la 1
peur. La circulation se trouve du fait de la
destruction du pont interrompue sur cette
ligne et le transbordement des voyageurs 1 1
doit être effectué en automobile. ̃ 1
UN DRAME A MONTREUIL- SOUS- BOIS
Un cloiier @si Messe
mortellement
La zone' militaire de Monfreuil-sous-Bois,
qui est par une population hétéro-
cille d'arti^ms et de ehiiTotniiers, a été,
dimanche sou-, le théâtre d'un drame pathé-
tique un amoureux déçu, auquel on avait
reprise têtue de son cour, une fillette de
I quatorze ans, s'est froidement présenté chez
les parents de celle-ci et a abattu le père
à coups de revolver.
La famille Boyer
Le sentier des Poiriers, a Montreuil-sous-
Bois, est une voie, ou plutôt un ensemble
de voies qui, traversant la zone militaire,
relie la rue de la République aux fossés des
fortifications.
Ces chemins, assez larges, mais défoncés
à la moindre pluie, sont bordés de cabanes
basses en buis et torchis, abritant des mé-
nages de chiffonniers les familles, toutes
nombreuses, s'entassent tant bien que mal
dans des chambres sans air et enfumées où,
chose extraordinaire, tout le monde vit en,
honne santé.
Au n° 2 du sentier des Poiriers demeurait,
depuis fort longtemps, ta famille Boyer,
composée du pète. Henri, ancien cocher,
âgé de cinquante-huit ans; de sa femme et
de ses quatre filles, dont l'avant-dernière,
Matliilde. a quatorze ans. Avec eux habi-
tent M. Lwbtt», ieuivgen-dre, el Alfred Blan-
quel. un til· adoptil de dix-neuf ans.
Cette honnête famille de chiffonnier
vivait dans la plus parfaite union, mais,
dernièrement. un événement grave vint
jeter la désolation parmi ces braves gens.
Il y a quelque temps, un nommé Georges
Berthier. Agé de dix-huit ans, demeurant à
Bagno!ct, sur la zone militaire, avait ren-
contré la jeune iVlathilde et en était tombé
amoureux.
La fillelte, assez précoce, n'avait pas
repoussé les avances du chiffonnier qu'est
aussi Berthier sur ses instances, elle
partit vendredi soir avec lui et s'en fut h
Bagnolet pour y demeurer.
A la recherche de Mathilde
Cependant, avec sa jeune compagne, à
laquelle il avait promis une Vie de bonheur
éternel, Berthier ne voulait \>aj reutrcr chez
lu;, où ou l'aurait découvert, et les deux
amoureux allèrent demander 1 hospitalité,
pni!r la. nuit, à un de leurs amis, f-emand
Lefèvre, ùgé de vingt ans, et ayant pour
maîtresse une jeune Mile de dix-huit ans de
toute beauté et connue sous le nom de
Léonie.
La nuit entre les -deux couples fut, pa-
ratl-il. des plus joyeuses et la fête se con-
tinua le lendemain.
Mais, cti" les Boyer, on était en peine,
et le père de famille, ainsi que les Iréres,
se dotaient bien de ce qui état arrivé.
Henri Lovet, Alfred B'anquet et M. Lebas
se'inirent donc à la recherche de leur sœur
et belie-sœur el. dimanche seulement, ils
au marché aux puces de Montreuil, l'endroit
où se cachait la jeune Mathilde.
Sans perdre un moment, ils se rendirent
à Bagnolet, chez Georges Berthier, qui,
avec sa jeune maîtresse, avait regagné sa
case.
Le maitre de dans était absent, la jeune
fille était seule après lui avoir fait de justes
remontrances, qui continuèrent tout le long
du chemin, ses parents la ramenèrent à
Montreuil.
La jeune fille fut accueillie a bras ouvert
par le père, et tout lui fut pardonné.
.Mais quand Georges Berthier, dit « Fifi »,
revint à sa demeure, trouva Ic nid vide ct
entra
.< Ah Miithilde est partie, s'é'-ria-t-ii,
je Id retrouverai et malheur à celui qui se
placera devant moi, je crèverai plutôt toute
la famille » Et il en fit le serment devant
plusieurs amis.
Le drame
Incontinent, il se mit en campagne il se
rendit d'abord chez deux amis dévoués qu'on
croit être Fernand I,efévre et Albert Lau-
CI. PKtU Varitien.
M. Boyer et sa fille Mathilde
J noy, tous deux ses voisins sur la zone mili-
taire, il Bagnolet.
Tous deux acceptèrent de l'accompagner
et ils se rendirent ensemble au doiniule"f!es
époux Boyer. Ils y arrivèrent le soir, vers
,-sept heures et demie. Délibérément. Ber-
i thier et ses deux aeolyles entrèrent dans la
petite cour qui la cabane, où la ta-
mille Boyer était eu train de dtner.
Brusquement, ils défoncèrent la porte et
Berthier. devant les convives effarés, parut,
mpnacanl
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