Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1913-02-08
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 février 1913 08 février 1913
Description : 1913/02/08 (Numéro 13251). 1913/02/08 (Numéro 13251).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/06/2008
? 2 !5E
Le Petit Parisien
terroge Crozat de Fleury, le gentleman de
la bande. Celui-ci ne se distingue de ses
coaccusés que par l'élégance parfaite de
.son costume. Sa physionomie est ingrate.
Ij se dit remisier.
Crozat de Fleury était, cela ne fait aucun
doute, en rapports suivis avec plusieurs des
membres de la redoutable association, car
c'est à lui que certains'd'entre eux s'adres-
sèrent pour la négociation, soit d'objets,
soit de titres soustraits.
Il doit répondre d'abord de, sa participa-
statuettes commis à Saint-Germain-en-Laye,
et attribué à Carouy puis, fait plus grave,
d'avoir aidé à la négociation des valeurs dé-
robées à M. Moreau, à Thiais, après l'as-
sassinat de l'infortuné vieillard.
Issu d'une bonne famille, Crozat de Fleury
est un dévoyé. 11 prenait ses repas chez sa
mère, SU, rue Truffaut, avait un bureau gra-
tuit chez M. Marin, imprimeur, 15, rue du
Louvre, et cowchait chez Mme Pancrazzi,
16, avenue Charles-Floquet. Enfin, sous le j
nom de Boissié, il avait un coffre-fort à la
Banque Suisse et Française, 20, rue La-
fayette.
Crozat de Fleury explique, à l'occasion de
la négociation des titres de rentes dérobés
à Thiais, que ces valeurs lui furent en-
voyées, bien qu'il ne s'occupât pas ordinai-
rement de ce genre d'opérations, par un M.
Michelet, de Rouen.
D. A quelle date avez-vous reçu ces titres?
R. Le 2 avril.
D. Or, dès In lendemain, vous vous présentez
chez M. Tardiea, agent de change, chez lequel
vous aviez fait antérieurement une opération
pour vous-mêma et y donnez ordre de vente de
ces titres. Vous aviez choisi cette maison de pré-
férence à toute autre paice que vous n'aviez pas
& fournir de nouvelles pièces d'identité. La vente
fut faits et elle rapporta plus de francs.
Comment se fait-il que vous n'ayez pas pris de
renseignements sur ce M. Michelet
L'accusé ne répondant pas *à cette ques-
tion, M. Couinaud en donne la raison
O Cest que M. Michelet n'existe pas et vous
le saviez bien. »
Crozat de Fleury. Pardon. Il doit certaine
ment exister.
Le président. En tout cas, on l'a vainement
recherché. Voyons, Crozat de Fleury, n'auriez-
vous pas fait le voyage .1e Paris à Rouen pour
vous expédier à vous-même, sous le nom de Mi-
chelet, les titres en question? Car, enfin nous
ne voyons pas pourquoi ce Michelet, s'il existait,
se serait adressé à vous, qui, vous nous l'avez
dit, ne vous occupez pas de vente de titres, qui
n'occupez, au fond d'une cour, qu'un modeste
L ̃i-tsc proteste et déclare qu'Il est com-
BBùrtiié par l'éditeur Marne, que ses bu-
reaïix sont dans un important immeuble, et
qu'il offre une certaine surface.
Dans mon coffre, déclare-t-il, on a trouvé
s de vingt mille francs de valeurs amé-
ayant cours.
aident. Mais qui n'ont jamais donné
Pardon. Depuis que ]'e suis en
e les ai touches déjà deux fois. (Rires.)
.lonsieur le président, pourquoi voulez-
̃*•̃ J0 je me sois occupé sciemment d'une
'•: Uaire louche qui devait fatalement me faire
rinxr alors que j'avais un véritable avenir de-
ident. Oh cet avenir était bien dubi-
l'inverse des autres accusés, vous avez,
i vous a arréié, manifesté beaucoup de
on. Tel les commerçants qui crient
i:iL; nous avons fait faillite » vous vous êtes
écrié Enfin je vais devenir célèbre. Mêlé à
re de ba&dits, la belle réclame! » Et
z demandé an juge d'instruction, sou-
votre publicité, d'adresser votre livre
'Dilités journalistiques et littéraires, votre
livre Comment on nous vole
Ce n'était pas un but de réclame,
ui' montrer que mes idées n'étaient nulle-
communauté avec celles des bandits.
Petit incident
'îrs de l'interrogatoire de Crozat de
M. Couinaud, ayant soudain aperçu,
dans le prétoire, un opérateur qui
!es films, dit
reçu des demandes de place de di-
de cinématographes, demandes
je n'ai naturellement pas répon-
,\le n'est pas une salle de spec-
'.̃vonements qui s'y passent sont
Si j'apprenais qu'un établissement
oduire des photographies animées de
ce. (fui oo passe ici, je prierais M. le préfet de
OoIicR d'interdire de telles représentations.
exposé, NI. Couinaud invita l'opé-
se retirer, puis il termina l'interro-
ue Crozat de Fleury.
DEBOE
passons à Deboë, un grand gaillard
long et maigre, âgé de vingt-trois ans.
Il connut autrefois Callemin et Carouy à
lu Maison du peuple de Bruxelles, puis, plus
t'ird. Dk'udormé à Paris.
• rmaît avoir fait de la propagande
mais non de la progande anar-
V .us avez été à Marseille, puis vous êtes
v-iiu •- i-'iiio, où vous n'êtes pas resté longtemps,
p.rjr jvt-.uinier en Belgique.
dans ce dernier pays, à Bruxelles,,
trouvait quand Callemin vint le
ques jours après l'atientat de la
• rier, pour négocier les titres volés
ne garçon de recette Caby.
:iL Callemin s'était adressé à vous
ive que vous connaissiez la langue
,.io, ensuite parce que, par votre mai-
ns cuviez le mettre en rapport avec
'1)1, un trafiquant de titres, que, dans
vous dénommez un « fourgue
Je commence par dire que j'igno-
^ment le drame de la rue Ordener.
;>as les journaux. Callemin est venu
pour faire, m'a-t-il dit, des affaires
ait Vandenberghe et n'avait pas
besoin cte moi, s'il avait des titres à négocier.
rj. Yo-is reconnaissez être allé il Amster-
,'ni.. Eh bien l'accusation soutien-
eus. y êtes allé pour négocier les titres
Ces titres avaient été détail intéres-
ses en deux lots, l'un dissimulé autour
urps, sous vos vêtements, l'autre dans
/:>eboe. Cela n'est pas.
jyi m>. Feuilleton du Petit Parisien.
GRAND ROMAN INEDIT
CINQUIÈME PARTIE
1 (suite)
Le château de la Besace
re, plus noire que la nuit.
se trompait pas.
ai, là, tout à l'heure, it y avait
.main.
11 t eitiiice en criant:
H -t. le ou je tire.
peut fief, qu'au bruit qui per-
il.iiigue plus l'ombre.
ut pas compte de son ordre.
menés se cassent, plus loin, mais
( ̃ z ose pas tirer. Ce peut-être un pay-
environs, qui est venu rôder aux
s. Il en aura le coeur net. Ah si le
• ominençait le feu, Didier se senti-
;at do légitime défense et la risposte
> ;t vite.
iiuiant quelques minutes, c'est une cour-
•i hasard. Parfois, il croit avoir perdu
-te. Parfois, illa retrouve, mais sans
r de terrain. Puis, tout à coup, c'est la
sée dune clairière, après laquelle ie
saute sur !a route nationale. Didier
/une et leste, sur ce terrain it sera vain-
Le président. Vandenberghe a été très afflr
matif à cet égard.
Deboë. Vandenberghe a pu dire ce qu'il a
voulu. Cela ne prouve pas que ce soit la vérité.
denberghe a eu ce titres en dépôt et que c'est
vous qui, en compagnie de Callemin, les lui avez
apportés pour qu'il.les vendit.
L'ac< usé. Je répète que Callemin était en
rapport avec Vandenberghe depuis longtemps, il
n'avait donc pas besoin de moi. Je ne vois, d'ail-
leurs, pas pourquoi, étant tranquille chez moi, je
serais allé me mettre dans un pareil guêpier.
Le président. Pourquoi? C'est bien simple,
peur avoir de l'arguent
Vous êtes également inculpé de complicité de
vol par recel de l'automobile de M. Malbec, à
Béziers. Cette voiture devait servir à l'attentat
projeté de Nimes.
L'accusé. Aucun témoin de l'affaire ne m'a
reconnu.
Le président. C'est exact, mais dans cette
voiture on a trouvé un objet bien compromettant
pour vous un faux col. Ce faux col vous appar-
tenait, vous le reconnaissez.
L'accusé. Ce faux col m'a effectivement ap-
partenu, mais il a pu m'ttre pris par erreur par
un des amis justement impliqués dans le vol de
cette automobile et avec lesquels j'avais, pen-
dant quelques jours, vécu à Amsterdam.
Deboë invoque d'ailleurs un alibi, afin de
prouver qu'il ne pouvait être à Béziers à l'é-
poque du vol, et nous fait, lui aussi, une his-
toire de cinématographe.
Le président lui rappelle maintenant qu'il
est aussi impliqué dans le vol commis du
17 au 18 janvier 1911, à l'usine Funxruze, à
liomainville, puis lui demande à quel usage
il destinait les deux revolvers chargés, les
cinq chargeurs et les neuf cartouches qu'il
avait sur lui au moment de son arrestation.
R. L'an de ces revolvers m'avait été remis
par un ami pour s'acquitter d'une dette; quant
à l'autre, je l'avais acheté à Bruxelles, où les
brownings sont vendus beaucoup moins cher qu'à
Paris.
Si, poursuit-il, j'avais eu la pensée de me ser-
à pouvoir les utiliser de suite. Or, elles étaient
ae cran d'arrêt, dans leurs étuis, dans des poches
fermées et sous mon pardessus.
Répondant en dernier lieu à l'accusation
d'association de malfaiteurs, Deboë dit
encore
Certains' des accusés ont été tel Dieu-
donné, que j'ai connu au lycée Condorcet des
camarades d'enfance. J'ai continué à les voir. Je
ne vois pas dans ce fait d'acte criminel.
On ne peut pas plus reprocher à un homme
d'avoir eu pour amis des bandits qu'à la Républi-
que d'avoir eu des Jourdan et des Carrier.
BELONIE
Belonie, à l'interrogatoire duquel M. Coul.
naud procède maintenant, a, lui aussi, un
aspect souffreteux. Il est mal vêtu.
Il fut autrefois garçon pharmacien. II fré.
quenta lui aussi les milieux anarchistes et
devint un militant.
La police l'expulsa de Suisse, à la suite
d'une perquisition faite à son domicile. On y
avait trouvé, en effet, des moules destinés
à la fabrication de la fausse monnaie et des
substances pour la confection des explosifs.
Belonie passa en Belgique, puis vint à
Lyon dans cette ville, il fit la connaissance
de Bonnot, à l'agence du Comptoir français
d'appareils automatiques, où tous les deux
furent employés pendant quelque temps.
D. C'est bien vous qui l'avez conduit rue
Nollet, à .Paris, chez*les époux Rollet, où il se
fit inscrire sous le faux nom de Jules Comtesse
R. Je ne le nie pas, mais Bonnot, à cette épo-
que, n'était pas recherché; il n'avait oommis au-
cun acte délictueux.
D. Vous étiez si bien ensemble que c'est vous
qu'il chargea d'aller chercher, rue Nollet, sa va-
lise et les divers objets qu'il y avait laissés, cela
après son départ précipité.
Vous-même, après l'affaire de la rue Ordener,
avez prudemment quitté Paris.
R. J'étais l'objet d'une plainte pour vol.
D. Vous revenez à Paris, où vous vous instal-
lez se us un faux non. Vous êtes accusé d'avoir
participé à la négociation des titres volés au mal-
heureux garçon de recette Caby. N'avez-vous pas
préposé à Bonnot d'aller, en effet, rechercher, à
Amsterdam, les titres laissés en dépôt chez Van-
denberghe, titres qu'il n'avait pu réussir à négo-
cier ?
R. C'est-à-dire que j'ai rencontré Bonnot,
qui m'a proposé d'aller chercher des papiers dont
il ne m'a pas indiqu6 la nature. Il savait que
j'avais besoin d'argent, pour monter une maison
à Londres et m'a dit qu'il m'en prêterait pour
me récompenser.
D. Vous n'ignoriez pas ce qu'étaient ces soi-
disant papiers. Vous saviez qu'ils provenaient
de l'attentat de la rue Ordener.
R. J'ignorais le crime de la rue Ordener.
Enfin il accepta la mission proposée et
partit pour Amsterdam. Bonnot lui avait
donné toutes les indications nécessaires
pour pouvoir être accueilli par Vandenber*
ghe sans défiance.
Vandenberghe lui remit une partie des ti-
tres en question.
D. Vous avez dit que vous ignoriez quels
étaient ces papiers. Vous n'avez pas pu ne pas
vous rendre compte que c'étaient des titres. Vous
saviez si bien qu'ils avaient de la valeur et de-
vaient être dissimulés, puisque, de même que J'a-
vait fait Deboë, vous les avez attachés autour de
votre corps.
L'accusé. J'affirme avoir ignoré !a nature
de ces papiers.
Le président. Eh bien, je vais vous prouver
que vous mentez. Le 6, vous avez eu une entre-
vue avec Bonnot au bois de Vincennes. Vous
lui avez rendu compte de votre mission. Il vous
a laissé ces titres et vous a autorisé à les vendre.
Belonie ergote, mais il n'en est pas moins
certain que, dans un café du boulevard
Rochechouart, il entrait dès le lendemain de
cette entrevue, en pourparlers avec un indi.
vidu auquel il cédait pour la somme de
cinq cents francs une partie des titres.
M" Pinganaud avocat de Belonie. Ce fut d'ail-
leurs un odieux piège qui lui fut tendu.
Ix président. Si ce fut un piège, j'ai félicité
celui qui l'a imaginé, car avec de tels bandits, il
n'y a pas à s'arrêter à la délicatesse des moyens
à employer.
M. le président insiste, encore une fois,
et demande à Belonie pourquoi, après avoir
conclu le marché, il alla déposer le surplus
des papiers qu'il avait en sa possession à
la consigne de la gare du Nord.
C'est donc que vous saviez parfaitement leur
importance ?
L'accusé. Je les ai portés là, parce que
Un peu de lumière, entre les nuages, des-
cend des étoiles.
Didier a un cri de stupeur.
L'ombre qu'il poursuit, qu'il vient d'aper-
cevoir nettement, sur la route, et qui, du
reste, se rejette dans les bruyères et les
broussailles, cette orn^re là, c'est une fem-
me. et il en est si stupétié qu'il s'arrête
pendant quelques instants.
Mais il a un furieux accès de colère
Homme ou femme, je saurai qui
Et il prend son élan.
Hélas cet élan ne le pousse pas loin.
Du tac au tac, à son exclamation répond,
derrière lui, un éclat de rire.
Et avant qu'il ait eu le temps de se retour-
ner, quelque chose de lourd s'écroule sur
son crâne et il s'affaisse assommé, sans un
mouvement.
Combien de temps reste-t-il la?
Quand il se réveille sa tête le fait tellement
souffrir qu'on dirait qu'avec mille couteaux
on lui fouille dans la cervelle.
C'est à peine s'il peut ouvrir les yeux, à
peine s'il peut se souvenir, à peine s'il peut
se rendre compte de l'endroit où il est
étendu.
Enfin il se redresse, en s'appuyant sur son
fusil.
Autour de lui, une clarté douce s'épand
sur les arbres, rend visible le sous-bois dé-
pouillé par l'automne.
Le ciel s'est débrouillé de ses nuages et
sur l'horizon, au bout de la route,*un globe
de feu se soulève lentement. le soleil qui
apparaît.
A son crâne une brûlure, qui lui attire un
gémissement.
Il y porte la main. il la ramène pleine de
sang et de cheveux coagnlés
Il trébuche en marchant.
j'étais plus près de la gaie que de mon domicile.
Quand, le lendemain de ce dépôt à la gare
du Nord, Belonie alla pour retirer de la con-
signe le paquet qu'il y avait déposé la veille,
il fut arrêté.
RODRIGUEZ
Arrivons à Rodriguez. Celui-ci est un petit
homme brun, très vif, très exubérant.
Son passé est détestable. Déserteur, faux
monnayeur, etc., il encourut tout un chape-
let de condamnations, dont une pour ou-
trage aux mœurs, ce qui le complète.
Rodriguez. Je ne nie pas tout cela, mais je
déclarerai que je suis un malheureux très à
plaindre. J'ai un passé épouvantable, je le re-
giette. C'est l'anarchie qui m'a valu cela, quoi-
que je ne répudie pas l'anarchie. Si je suis allé
à elle, c'est parce que j'avais du cœur. M. le
président émanerait tout à l'heure mes condam-
nations. Il en citait six. Il en a oublié quatre.
Car c'est dix que j'ai encourues, et je les explique.
Et Rodriguez, avec assez de fantaisie, ra-
conte dans quelles circonstances et à la suite
de quels faits il fut frappé par les tribunaux
soit français, soit anglais, où il encourut
neuf mois de hard labour.
Il ajoute
Ce passé, quoioue pitoyable, n'est pas aussi
lourd que M. le président voulait bien vous le
dire. Parmi les coi.damnations que je viens de
vouS rappeler il n'en figure pas une pour vol ou
pour des crimes. S'il y a quelqu'un d'inoffensif
ici, cest moi, lai ma. parole est vive, si je parais
excité, cela tien), aux conditions de ma vie, mais
je na ·uis ni un méchant ni même un violent.
Ma vie n'a pas été celle d'un bandit la preuve
c'est que je n'avais pas un sou sur moi quand
on m'a arrêté. Je le répète, je n'ai.commis aucun
crime.
Le président (ironiquement). Sauf «eux que
vous venez vous-même de citer, en rappelant vos
condamnations.
Avec Rodriguez recommence le voyage
d'Amsterdam, la reprise des papiers laissés
par Deboë en dépôt chez Vandenberghe, le
départ de Belonie pour aller les retirer, etc.,
faits sur lesquels il serait fastidieux de re-
venir.
Disons simplement que Rodriguez déclare
avoir borné son rôle à avancer de l'argent à
Belonie pour son voyage d'Amsterdam. Il
était en rapport avec celui-ci pour une com-
binaison, merveilleuse, affirme-t-il.
D. Cependant, vous avez assisté à l'entrevue
de Bonnot avec Belonie au bois de Vincennes
R. Oui, mais je n'ai rien entendu de leur
conversation, à laquelle je n'ai d'ailleurs pas
prêté l'oreille. C'est plus tard seulement que je
me suis rendu compte que je m'étais trouvé en
présence du fameux Bonnot. (Rires.)
Rodriguez reconnaît avoir accompagné
Belonie au café Marcel, boulevard Roche-
chouart, mais il ignore à quel trafic il s'est
livré.
Je ne sais pas, clame-tril, si c'étaient des
titres ou autre chose qu'il a négociés. Ça n'est
pas ma partie je ne connais pas ça. D'ailleurs
1e n'ai pas touché à ces titres, si c'étaient des
titres. Je ne les ai jamais eus entre les mains.
Donc je ne peux pas être accusé de les avoir
reoelés.
Rodriguez, qui n'a cessé de parler avec
volubilité, déclare qu'il ne peut s'exprimer
autant qu'il le voudrait, car il est aphone et
intimidé. Que serait-ce s'il en était autre-
ment
Rodriguez, questionné en dernier lieu sur
l'inculpation d'association de malfaiteurs, se
livre à un. véritable boniment de camelot
qui, à diverses reprises, provoque l'hila-
rité.
Je regrette, messieurs les jurés, de ne m'être
pas préparé à parler sur ce sujet, mais je suis
en mesure de vous faire connaitre néanmoins
mes sentiments a cet égard.
Tout d'abord, j'estime qu'il n'y a pas d'asso-
ciation, et, en admettant qu'il y en ait une, je
n'en faisais pas partie, puisque je ne connaissais
que Belonie. Je ne fréquentais pas ces milieux.
J'ai été anarchiste autrefois, mais je me suis dé-
tourné du mouvement, qui n'intéresse que les
jeunes.
Je ne connaissais pas l'anarchie. Ce n'est pes
que j'ai honte de l'anarchie. C'est plutôt elle qui
pourrait avoir honte de moi. (Rires.)
Je ne sais pas s'il y a parmi ceux qui sont
avec moi sur ces bancs des malfaiteurs, je le
suppose (Nouveaux rires.), mais je ne les fréquen-
tais pas. Vous voyez, messieurs les jurés, quel
homme je suis. Je crois m'être montré à vous
tel que je suis. Je vous ai, sans prétention (sicj,
exhibé mes condamnations. (Violente hilarité.)
Le président. C'est assez. Asseyez-vous.
BÉNARD
Vient le tour de Bénnrd. Celui-ci a un as-
pect tragique. Epaisse chevelure frisée, front
développé, yeux caverneux, traits durs, vi-
sage blême.
Cet accusé est atteint de surdité et est
obligé d'avoir continuellement la main au
pavillon de son oreille droite. Il est accusé
de recel d'armes.
Bénard fut, en effet, quand on l'arrêta,
trouvé en possession de deux brownings
provenant du vol commis chez M. Faury,
armurier, rue Lafayette.
Comment ces armes étaient-elles arrivées en
vos mains? lui demanae le président.
Bénard. Je les ai achetées, un jour, derrière
la fontaine Saint-Michel, à un nommé Jacques
Jacob, auquel je versai un acompte de 20 francs.
J'ignorais absolument d'où elles provenaient.
M. Couinaud. Vous aviez deux domiciles et,
dans l'un de ceux-là, rue Montorgueil, la police
a saisi un autre revolver qui, lui, avait été volé
à 1 armurerie américaine du boulevard Hauss-
mtrn.
Bénard. J'affirme que je n'ai jamais eu de
domicile rue Montorgueil.
M. Couinaud. Vous niez, mais un de vos co-
accusés, Poyer, qui occupa avec vous, pendant
un certain temps, ce logement, vous dément for-
mellement. Vous aviez loué sous le faux nom de
Robert Beautemps.
Bénard. Poyer fait erreur; je ne suis pas
Robert. Beautemps
M. Couinaud. Je sais que vous n'avez pas
été d'acord sur ce point avec lui et que vous l'a-
vez traité de « loque a, à l'instruction, mais cela
ne prouve pas qu'il n'ait pas dit la vérité. Il a
précisé que vous aviez une malle en commun,
malle dans laquelle on découvrit un véritable ar-
senal.
Bénard (avec entêtement). le ne suis pas
Beautemps. Vous ne me ferez pas sortir de là.
Il. Pourquoi avez-vous tenté de vous suici-
der ?
Fameux coup, tout de mëme Ah si
jamais celui-là me tombe sous la patte.
Du reste, autour de lui, une mare de sang.
De quoi me guérir de la migraine
Péniblement, s'arrêtant presque à cha-
que pas, il regagne sa maison.
Et quand il y arrive, il n'a pas la force de
monter les deux marches qui le mènent chez
lui. Il tombe à genoux, d'abord, puis sur le
côté, évanoui.
Dans son lit, en reprenant connaissace, il
a une surprise.
Trompe-la-Mort est près de lui. Le duc l'a
trouvé sur le seuil, l'a porté dans sa cham-
bre, l'a soigné Maintenant Didier a la tête
entourée de linges, et le duc verse douce-
ment de l'eau froide qui rafraichit la plaie
brûlante.
Eh bien, Didier, quoi donc ? que vous
est-il arrivé ?
Ma foi, je n'en sais rien, ce que je sais
c'est que j'ai reçu un sacré coup. et si je
n'avais pas eu la tête si dure.
En effet, on ne vous a pas ménagé,
mon pauvre garçon Mais tranquillisez-
vous. Je me connais un peu en blessures. La
vôtre guérira vite.
Le jardinier raconta. C'était peu de cho-
ses. Dans le mystère où paraissait se jouer
contre le château de Tiffanges une partie
formidable, cela n'apportait qu'une clarté
bien vague. Ce qui ressortait du récit, c'est
qu'il y avait cette nuit-là, près du château,
un homme, une femme, complices, qui s'en.
tendaient et se prévenaient par des signaux.
Leur but ? Impossible de deviner. Aucun
point de repère jusqu présent. Du moins,
on pouvait cro'i'e que l'alerte de cette nuit
les rendrait prudents et peut-être leur ferait
abandonner leurs projets, en montrant que
R. Parce que j'abhorre la prison. Le régime
du prisonnier m'est odieux. J'aimerais mieux être
condamne à mort qu'à six mois de prison.
POYER
Poyer va démentir formellement son an-
cien camarade. Ce jeune homme, d'appa-
rence curieuse, le front bombé, le nez en
pied de marmite, les cheveux broussailleux,
l'air ahuri, a beaucoup diverti l'auditoire
par ses fantaisies et surtout par sa façon de
s'exprimer, abusant d'unp façon exagérée
de liaisons et de mots dont il ne comprend
pas le sens.
Son système de défense fut simple. Si la
police trouva des armes en sa possession,
ces armes, affirma-t-il, lui avaient été don-
nées par Robert Beautemps. ''Et Robert
Beautemps n'est autre que Bénard.
Le président. en êtes-vous bien sur? Le re-
«onnaissez-vous ?
L'bccusé. Non seulement je le reconnais
bien, mais je peux dire que je suis certain que
c'est lui.
Bénard. C'est faux. Je suis Bénard et non
Beautemps.
Poyer, après avoir conté qu'il était végé-
tarien et qu'il ne s'en portait pas plus mal,
puis avoir appris aux jurés qu'il se
livrait aux études scientifiques, à l'astro-
nomie, à la chimie, prouva sa science en
indiquant comment on fabrique des explo-
sifs. Mais il se hâta d'ajouter qu'il ne s'é-
tait jamais livré à ce travail « dangereux
Il narra ensuite bien d'autres choses en-
core qu'il serait trop long de rapporter. Son
interrogatoire prit fin à cinq heures, et M.
Coninaud leva l'audience.
Il reste à interroger les deux receleurs de
malfaiteurs, puis le défilé des témoins com-
mencera. Avec eux, on peut être certain que
les audiences prendront une allure plus
mouvementée et plus impressionnante.
La Seine descend.
JL/'Oise déborde
La Seine continue à décroître, plus rapi-
dement même qu'on ne l'avait prévu. Hier,
en effet, son niveau s'était encore abaissé
de 25 centimètres.
Voici quelles étaient les cotes relevées par
le service de la navigation pont d'Auster-
lrtz, 3 m. 82 Tournelle, 3 m. 65 pont
Royal, 4 m. 79 Suresnes, 6 m. 07 Bezons,
plaisait à escompter, en présence
du temps dont nous avions bénéficié depuis
quatre jours, un rabais encore plus consi-
dérable d'ici quarante-huit heures. Mais le
baromètre donnait quelques inquiétudes et,
dans la soirée d'hier, la pduie a repris. 11
faut toutefois espérer qu'elle ne sera pas de
longue durée et n'entravera pas la descente
du fleuve, d'autant plus qu'on signale une
décrue très appréciable de la haute Seine
et de ses affluents. La Marne, en effet, est
en baisse, comme le Grand-Morin et l'Yonne.
Par contrp, l'Oise poursuit son mouve-
ment ascensionnel. Un peu partout elle dé-
borde, si bien qu'à la hauteur d'Ours-
camps le canal latéral et la rivière sont re-
lirs entre eux et forment un vaste lac.
La réception de IL Poincaré à Hôtel de Ville
La fête du 18 février aura un caractère
essentiellement et exclusivement populaire.
L'Hôtel de Ville recevra 8.000 invités. Com-
me il n'était pas possible d'en recevoir da-
vantage, il avait été tout d'abord projeté
qu'un bal aurait lieu le soir même mais le
bureau, après avoir étudié à nouveau la ques-
tion, a décidé, hier, de fixer cette seconde
fête au 22, ce qui permettra d'éviter le désor-
dre et la confusion qu'aurait fatalement en-
traînés l'organisation de deux fêtes le même
jour.
Las de la vie à vingt ans
un jeune homme se pend
Est-il possible qu'à vingt ans, à l'âge où
l'avenir s'ouvre à peine devant vous, à l'heu-
re où sont permis tous les espoirs et toutes
les joies, l'existence vous paraisse écœu-
rante à ce point qu'on n'en veuille point con-
naître davantage ? Cela est pourtant, puis-
que c'est par dégoût de la vie que le jeune
Louis Etienney s est tué.
Ce garçon de vingt ans, plein de santé et
de vigueur, était depuis près de deux an-
nées employé chez NI. tonnelier, au
28 de la rue de Malte.
C'était un bon employé, laborieux, exact
et honnête, à qui jamais on n'avait eu à faire
de reproche. Il vivait seul, sans parents,
sans amis, dans une pauvre petite chambre,
au 74 de la rue de la Folie-Méricourt.
Son existence était parfaitement réglée,
invariable. Tous les matins, à sept heures,
il quittait sa petite chambre pour se rendre
chez M. Morin, avec qui il déjeunait et
dînait, et le soir, à neuf heures, la boutique
fermée, il rentrait rue de la Folie-Méricourt.
Or, hier matin, M. Morin n'ayant point
vu paraître à l'heure habituelle son em-
ployé d'habitude si exact, se rendit aux nou-
velles rue de la Folie-Méricourt.
Il monta à la chambre, l'ouvrit et recula,
effrayé du spectacle qu'il vit. Sur son lit, le
corps retombé un peu en dehors, Louis
Etienney était étendu, mort. Il avait les
pieds ligotés avec une ceinture rouge et les
mains attachées dans le dos à l'aide d'une
ficelle très lâche. Tout le poids d1u corps re-
posait sur une grosse corde qui, attachée à
la tête du lit, enserrant le cou étroitement,
s'était enfoncée dans les chairs.
Vite, M. Morin alla prévenir !'IL Borde,
commissaire de police,
Un peu plus tard, le médecin de l'état ci-
vil, ayant examiné le corps minutieusement,
n'y ayamt relevé aucune trace de violence,
conclut sans hésiter que le jeune Etienney
si étranges que parussent les circonstan-
ces de sa mort, s'était lui-même attaché
pieds et mains, puis s'était pendu.
les habitants de Tiffanges étaient snr leurs
gardes.
Le duc interrogeait
Cette femme, pouvez-vous m'en donner
le signalement ?
Impossible. Mais elle était très gran-
de et elle devait être également très jeune,
car elle détalait avec la légèreté d'une bi-
che.
Comment était-elle vétue?
De noir, ou de gris sombre. ou quel-
que chose dans ce genre-là.
Et l'homme ? ?̃
Je suppose qu'il s'est trouvé 'étfr mon
chemin et qu'il s'est caché en me voyant ve-
nir. Et après, crac, quel abatage Ce qui a
dû se passer, voici, monsieur le duc. Ils se
correspondaient par des cris de chouettes.
Mais la femme m'ayant vu n'a plus répondu
à l'homme. L'homme a dû comprendre
alors qu'il y avait danger pour elle. C'était
sans doute convenu d'avance.
Elle a pris la fuite du côté de son compli-
ce. Le complice est accouru au-devant
d'elle, pour quant à moi je me suis trouvé
entre les deux.
Quelle heure était-il ?
Peux pas dire au juste à monsieur le
duc. Deux heures du matin, probable.
Trompe-la-Mort laissa Didier seul en lui
recommandant de dormir.
Il rentra au château perplexe, et non sans
inquiétudes.
Je veillerai ce soir, se dit-il, et je se-
rai peut-être plus adroit.
Dans la journée, il continua de garder
pour lui le secret sur ces étranges événe-
ments. Il la passa, cette journée, à refaire le
trajet de Didier, dans sa poursuite à travers
les arbres. Mais il ne découvrit aucun
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
POUR PROTEGER PARIS
La possibilité d'une inondation préoccupe la
Chamhre le ministre des Travaux pu-
blics expose la situation, plutôt rassu-
rante. La banlieue et la province s'en
mêlent.
Question essentiellement parisienne au
début de la séance M. Georges Berry, in-
quiété par la crue de la Seine, reprocha aux
gouvernements successifs de n'avoir rien
fait pour éviter le retour des mauvais jours
de Les seules dépenses consenties l'ont
été, d'après le député du neuvième, par
l'Orléans, le Nord-Sud, le Métro et la Ville,
en vue de l'exhaussement des quais. Mais
l'Etat ?
L'Etat, par contre, n'a pas exhaussé les
voies de la gare des Invalides. Huit jours de
pluie et ce serait, à nouveau, le désastre.
En homme pieux, M. Berry eut finalement
recours au ciel
Pourvu que le Pèreteternet continue d'être
gentil! On n'a même pas supprimé les barra-
M. Iules Coutant. Personne n'ignore qu'en
1910 ce sont les barrages qui ont, en effet, causé
tout le mal. Il existe il. Suresnes, au fond du lit
du fleuve, un mur de 3 m. 50; si on le suppri-
mait, on gagnerait 1 m. 80. Près de Rouen il
existe des éCluses, dites à pont supérieur. Pour-
quoi ne pas généraliser le système? 'Il en coule-
rait 12 millions. C'est là un* travail très urgent.
(Très bien très bien !)
Le ministre des Travaux publics, M. Jean
Dupuy, remit brièvement les choses au
point. Ses premières paroles furent pour
rassurer les riverains. La crue actuelle de
la Seine est presque normale. Elle n'a rien
de comparable à celle de 1910. Le fleuve dé-
croît, d'ailleurs, ainsi que ses affluents.
M. Georges Berry nous dit, ajouta M. Jean
Dupuy, que l'administration n a rien fait mais
ce sont les villes et les communes qui sont char-
gées d'effectuer les travaux à exécuter pour se
défendre contre les inondations. L'Etat n'inter-
vient que pour prêter son personnel de techni,
ciens et pour subventionner les travaux dans cer-
tains cas. Le gouvernement ne s'est pas dérobé
a ses devoirs. Le rapport de M. Picard a été re-
mis au gouvernement le 30 juin. Dès le 9 juillet,
j'ai envoyé mes instructions au préfet de la
Seine. Là se borneront les obligations du gou-
vernement mais il ne s'en est pas tenu là, et je
pourrais vous lire tout ce qui a été fait depuis
trois ans.
La Ville de Paris, le département de la Seine,
le chemin de fer d'Orléans, le chemin de fer
P.-L.-M., l'administration des télégraphes et des
téléphones ont travaillé. On a exécuté presque
toute la première partie du programme prévue
par la commission Picard et l'on a dépensé Glo-
balement 22 millions.
On s'étonne de voir encore certains tra-
vaux à l'état de projets l'élargissement du
bras de la Monnaie, par exemple, et l'appro-
fondissement du lit entre Suresnés et Bou-
gival. On oublie que les délibérations pri-
ses là-dessus sont de décembre dernier et
que le ministre, n'en ayant en officiellement
connaissance qu'en janvier, -n'en est forcé-
ment qu'aux formalités de la déclaration
d'utilité publique. Dans trois mois seule-
ment le projet sera prét.
D'ailleurs, dit encore le ministre, M. Berry sait
tout cela.
M. Berry. Je ne puis qu'émettre un vœu
celui de voir encore le ministre actuel favorise
par la température. (Rires et applaudissements.)
L'incident était clos. Mais des interpella-
tions avaient été déposées par les députés de
la Seine et des régions limitrophes. NI. Le-
boucq, pour la capitale, M. Albert Thomas,
pour la banlieue, M. Bonnefous, pour Soinc-
et-Oise, réclamèrent un débat susceptible
de renseignér définitivement les intéressés.
M. Franklin-Bouillon se joignait au concert
pour la région d'amont et M. Chenal, enfin,
soulevait la question du canal de dériva-
tion.
La date du 28 février fut proposée, d'ac-
cord avec le ministre et acceptée. Qu'il ne
tombe pas trop d'eau d'ici là et nous nous
contenterons avec bonheur de flots d'élo-
quence.
La discussion générale du budget de la
marine avait occupé la séance du matin. M.
Lefas avait réclairné un entraînement plus
intensif des escadres. M. Bouisson, exposant
la décadence de notre marine marchande,
avait déploré les subventions « sur lesquel-
les on s'endort ».
La majeure partie de l'après-midi fut aux
députés bretons pour leurs interpellations
sur la crise sardinière. M. Goude, unifié, se
borna à attaquer les usiniers. M. Le Bail
approfondit la question et indiqua des re-
mèdes à cette crise de surproduction causée
autant par les caprices de la mer que par
la spéculation et le manque de capacité d'ab-
sorption des usines. De plus, en Espagne et
au Portugal, on contrefait nos conserves de
sardines.
Les produits étrangers devraient être as-
treints à porter la marque d'origine. Les fa-
bricants français devraient s'entendre pour
u spécialiser » leur production. Ils pour-
raient ainsi maintenir des tarifs ra2sonna.
bles pour l'achat du poisson. Et les pêcheurs
français pourraient continuer la pêche au
filet droit qui, seule, donne la sardine in-
tacte et bonne.
M. Le Bail enfin proposa une enquête par-
lementaire. Son collègue et voisin, M. Lamy,
lui opposa à cet égard un doux scepticisme.
Ce qui est urgent, c'est une entente entre
usiniers et pêcheurs pour la campagne pro-
chaine. Ce débat se poursuivra vendredi
prochain. Lundi, budget de la marine.
Lucien VRILY.
L AMBASSADE! R ISPAGNOL A PARIS
Madrid, 7 février..
Bien que le gouvernement n'ait encore
pris aucune mesure définitive, on considère
toujours comme certain que M. de Villa
Urrutia, actuellement ambassadeur à Loin-
dres. remplacera M. Perez Caballero, à
l'ambassade d'Espagne à Paris.
Le soir arriva. Dès les premières ombres,
Tiffanges se tint sur la défensive. Il sentait
qu'il avait affaire à des adversaires auda.
cieux et résolus et il ne comptait pas trop
sur leur inaction cette nuit-là. Il avait
raison.
En outre, il se disait
C'est peut-être moi qu'on veut frapper.
Nous verrons bien.
Il alla se poster dans les pierres tombées
du donjon en ruines, faisant masse avec ces
pierres et absolument invisible au milieu
Il s'y trouvait à peine que près de lui
Didier apparaissait, armé de son fusil, la
tête enveloppée d'un turban de linges par-
dessus lesquels il avait coiffé un bonnet de
coton. Certes, la coiffure ne lui donnait pas
l'air martial, bien que la casquette du père
Bugeaud Jùt un précédent à cette allure,
mais on eût changé d'avis si l'on avait pu
apercevoir ses yeux qui brillaient de ran-
cune.
Regagnez votre lit, Didier, je n'aurai
pas besoin de vous.
J'ai un compte à régler et je ne pourrais
pas dormir. Du reste, je vais mieux. Ça
cuit bien encore un peu, mais c'est suppor-
table. Monsieur le duc, permettez-moi de
veiller en même temps que vous. C'est des
gaillards qui n'ont pas froid aux ,yeux et
nous ne serons pas trop de deux.
En ce cas, prenez ma place et n'en
bougez pas. Moi, je vais surveiller les
abords du château, par le bois.
Que monsieur le duc prenne garde à la
chouette. C'est un oiseau qui porte mal-
heur, qu'on dit.
On dit aussi qu'il porte bonheur,
Les deux hommes «e-séparèrent
CONTRE L'AVORTEMENT
La loi destinée à mettre fin à la propa.
gande néo-maithusienne a été votée, tuer,
après midi, en première lecture. Piuslenra
sénateurs ont indiqué un certain nombre de
modifications qui s'imposent. Les unes ont
trait à l'échelle des peines. M. Flaiesièrea
considère, et avec lui la commission et le
garde des Sceanx, que la répression doit
être plus sévère contre ceux qui ont aidé aux
femmes à se procurer -l'avortement qu'à
rencontre de la femme elle-même
Il faut tenir compte de la situation spé.
ciale de la femme. Le complice, au con-
traire, n'agit que dans un but de cupidité
et n'a pas de circonstances atténuantes.
,NI. Flaissières demande, en outre, que lit
faculté laissée au tribunal de suspendre tem-
porairement le médecin ou la sage-femme
coupables soit transformée en une oiblica-
tion.
Les autres modifications concernent l'in-
lerdiction pour les sages-femmes de tenir
plusieurs maisons d'accouchements et l'au-
torisation préfectorale en vue de l'ouverture
de ces maisons.
Tous les amendements feront l'objet d'une
sérieuse étude et la commission en tiendra
compte lorsqu'elle rédigera un nouveau
texte en vue de la seconde délibération.
LE DEVOIR DE
Dans la discussion générale sur le projet
relatif à la dépopulation, au début de la
séance, M. Vincent, sénateur de l'Ardèche
ancien instituteur, a répondu aux déclara-
tions faites, la veille, par M. Jenouvrier sur,
le rôle de l'instituteur. M. Vincent a dit
Nos instituteurs savent qu'ils n'ont pas toute
fait lorsqu'iis ont enseigné aux enfants les
rudiments de la science. Ils savent qu'il leur reste
à élever moralement ces enfants, à faire d'eux
des êtres meilleurs, honnêtes, francs, capables de
dévouement et de sacrifice, à leur apprendre le
culte de la patrie et de la famille. (Applaudisse-
ments.)
Voila ce qui se passe dans l'école primaire pu.
blique. Des efforts constants tendent à faire res-
ter les enfants dans la voie droite ou à les y
ramener.
Eh bien, j'ai souffert, mon cceur sest 6erré
lorsque j'ai entendu affirmer que nous n'avions
rien fait pour l'éducation de la jeunesse.
M. Lannelongue a écrit, en manière de bou-
tade, qu'a l'école on enseignait aux enfants à,
la place de principes religieux, les mérites de la
caisse d'épargne. Pour ma part, j'ai appris aux
élèves qui m'étaient confiés à se défier non seu.
lement de la prodigalité, mais aussi de l'avarice
je leur ai dit la vertu de l'épargne et en même
temps du travail. (Très bien !)
M. Jenouvrier. Je n'ai pas critiqué l'école
primaire, dont M. Vinrent nous a fait le portrait
idéal selon sa conception.
M. Caxeatave. Et selon la conception do
tout le parti républicain.
M. Jenouvrier. La science ne suffit pas, la
foi est encore nécessaire. Sans la foi religieuse
les enfants n'apprendront pas l'esprit de sacrii
fice, de dévouement.
M. Flaissièresf? La foi dont vous parlez n'est
qu'un ensemble d'hypothèses invérifjées et inu-
Paul GREZ.
Gustave Auxerre
sera exécuté ce matin
Le Mans, 7 février.
Le Belge Gustave Auxerre, qui, le 26 juil-
let dernier, près de Coulombiers, violenta,
puis égorgea une petite bergère de neuf ans,
Madeleine Besnier, sera exécuté demain
matin.
Rappelons dans quelles circonstances fut
découvert cet horrible crime.
Le 26 juillet, vers quatre heareâ de
1 après-midi, un garçon de la ferme Hiron
trouvait, au Mezin, dans un champ, der-
rière une haie, le cadavre ensanglanté de
la jeune Madeleine Besnier que, pendant la
durée des vacances scolaires, son père,
maltre charpentier à Coulombiers, mettait
au service de M. Hiron.
La pauvre petite avait eu la gorge tran-
chée d'un coup de couteau. Elle avait reçu,
en outre, deux autres coups de couteau, qui
avaient perforé le foie et déterminé la mort.
L'arme du crime, un couteau de poche, fut
découvert non loin du corps, ainsi qç'un
porte-monnaie, contenant 4 francs et quel-
ques sous. Ces deux objets furent aussitôt
reconnus comme appartenant à un journa-
lier d'origine belge, Gustave Auxerre, qua-
rante-deux ans, en dernier lieu employé à
la ferme de la u Digeonnière ».
Arrêté deux jours après à la Ferté-Ber-
nard, Auxerre*fit des aveux complets.
Devant la cour d'assises de la Sarthe, où
il comparu le 10 décembre, Gustave Auxerre,
un ivrogne incorrigible et dangereux, aux
moeurs déplorables, prétendit avoir perdu
le souvenir de son horrible forfait. Il expri-
ma des regrets. Sa condamnation à mort le
laissa impassible.
Auxerre ne se doute nullement du sort qui
l'attend. Sans se faire d'illusion sur son sort,
il croit que le jour fatal est encore assez
•lointain.
ECHOS
A LA PRESIDENCE DU CONSEIL
Ni. Briand, président du Conseil, a reçu hier
matin le vice-amiral Boue de Lapeyrère, com-
mandant en chef l'armée navale.
M. GALLI VISITE LES HÔPITAUX
M. Henri Galli, président du conseil munici-
pal. a visite bier matin les divers services de
l'hôpital de la Charité, notamment ceux de MM.
les docteurs Souligoux et Sergent et la Mater-
nité.
M. Galli était accompagné de M. Duval-
Arnould, conseiller du quartier do Saint-Germain-
des-Prés, et de M. Ranson, sénateur, membre du
conseil de surveillanoe de l'Assistance publique.
Cette nuit-là était calme, presque douce.
Trompe-la-Mort bientôt disparut sous les
arbres, pendant que le jardinier restait
parmi les pierres.
Tous les deux attentfs, aux aguets, prêts
à J'attaque.
Tout de suite, du reste, et dès les premiè-
res heures de nuit, les chouettes avaient
commencé leur concert douloureux.
Mais ni Didier ni Tiffanges ne s'y trom-
pèrent.
Celles-là, c'étaient les vraies.
Les fausses allaient-elles s'y mêler ?
Longtemps, les hululements se répondi-
rent.
Puis, voici que tout à coup les oreilles des
deux hommes sont frappées par une note
discordante. Oh lente et difficile à saisir
mais réelle.
Ce n'est plus d'un gosier d'oiseau, c'est
de deux gorges humaunes que les chants
plaintifs sont sortis.
Didier ne quitte pas son poste. Seulement
son attention redouble.
Sans doute, cette fois, la partie va se
jouer et il en a bientôt la certitude quand il
entend un bruit sous les arbres. Tiffanges a
dû découvrir un des complices invisibles et,
comme Didier, la veille, s'est jeté à sa pour-
suite.
Du moins, pense Didier, il est prévenu
de ce qui peut lui arriver.
Le jardinier est brave. Pourtant tous ces
mystères qui se déroulent en ces ténèbres
agissent un peu sur ses nerfs, ébranlés par
la secousse dont il souffre encore, et il sent
un frisson lui monter entre les épanles.
Si l'on savait seulement à qui on a af-
faire!
jAsuivre.)
Le Petit Parisien
terroge Crozat de Fleury, le gentleman de
la bande. Celui-ci ne se distingue de ses
coaccusés que par l'élégance parfaite de
.son costume. Sa physionomie est ingrate.
Ij se dit remisier.
Crozat de Fleury était, cela ne fait aucun
doute, en rapports suivis avec plusieurs des
membres de la redoutable association, car
c'est à lui que certains'd'entre eux s'adres-
sèrent pour la négociation, soit d'objets,
soit de titres soustraits.
Il doit répondre d'abord de, sa participa-
statuettes commis à Saint-Germain-en-Laye,
et attribué à Carouy puis, fait plus grave,
d'avoir aidé à la négociation des valeurs dé-
robées à M. Moreau, à Thiais, après l'as-
sassinat de l'infortuné vieillard.
Issu d'une bonne famille, Crozat de Fleury
est un dévoyé. 11 prenait ses repas chez sa
mère, SU, rue Truffaut, avait un bureau gra-
tuit chez M. Marin, imprimeur, 15, rue du
Louvre, et cowchait chez Mme Pancrazzi,
16, avenue Charles-Floquet. Enfin, sous le j
nom de Boissié, il avait un coffre-fort à la
Banque Suisse et Française, 20, rue La-
fayette.
Crozat de Fleury explique, à l'occasion de
la négociation des titres de rentes dérobés
à Thiais, que ces valeurs lui furent en-
voyées, bien qu'il ne s'occupât pas ordinai-
rement de ce genre d'opérations, par un M.
Michelet, de Rouen.
D. A quelle date avez-vous reçu ces titres?
R. Le 2 avril.
D. Or, dès In lendemain, vous vous présentez
chez M. Tardiea, agent de change, chez lequel
vous aviez fait antérieurement une opération
pour vous-mêma et y donnez ordre de vente de
ces titres. Vous aviez choisi cette maison de pré-
férence à toute autre paice que vous n'aviez pas
& fournir de nouvelles pièces d'identité. La vente
fut faits et elle rapporta plus de francs.
Comment se fait-il que vous n'ayez pas pris de
renseignements sur ce M. Michelet
L'accusé ne répondant pas *à cette ques-
tion, M. Couinaud en donne la raison
O Cest que M. Michelet n'existe pas et vous
le saviez bien. »
Crozat de Fleury. Pardon. Il doit certaine
ment exister.
Le président. En tout cas, on l'a vainement
recherché. Voyons, Crozat de Fleury, n'auriez-
vous pas fait le voyage .1e Paris à Rouen pour
vous expédier à vous-même, sous le nom de Mi-
chelet, les titres en question? Car, enfin nous
ne voyons pas pourquoi ce Michelet, s'il existait,
se serait adressé à vous, qui, vous nous l'avez
dit, ne vous occupez pas de vente de titres, qui
n'occupez, au fond d'une cour, qu'un modeste
L ̃i-tsc proteste et déclare qu'Il est com-
BBùrtiié par l'éditeur Marne, que ses bu-
reaïix sont dans un important immeuble, et
qu'il offre une certaine surface.
Dans mon coffre, déclare-t-il, on a trouvé
s de vingt mille francs de valeurs amé-
ayant cours.
aident. Mais qui n'ont jamais donné
Pardon. Depuis que ]'e suis en
e les ai touches déjà deux fois. (Rires.)
.lonsieur le président, pourquoi voulez-
̃*•̃ J0 je me sois occupé sciemment d'une
'•: Uaire louche qui devait fatalement me faire
rinxr alors que j'avais un véritable avenir de-
ident. Oh cet avenir était bien dubi-
l'inverse des autres accusés, vous avez,
i vous a arréié, manifesté beaucoup de
on. Tel les commerçants qui crient
i:iL; nous avons fait faillite » vous vous êtes
écrié Enfin je vais devenir célèbre. Mêlé à
re de ba&dits, la belle réclame! » Et
z demandé an juge d'instruction, sou-
votre publicité, d'adresser votre livre
'Dilités journalistiques et littéraires, votre
livre Comment on nous vole
Ce n'était pas un but de réclame,
ui' montrer que mes idées n'étaient nulle-
communauté avec celles des bandits.
Petit incident
'îrs de l'interrogatoire de Crozat de
M. Couinaud, ayant soudain aperçu,
dans le prétoire, un opérateur qui
!es films, dit
reçu des demandes de place de di-
de cinématographes, demandes
je n'ai naturellement pas répon-
,\le n'est pas une salle de spec-
'.̃vonements qui s'y passent sont
Si j'apprenais qu'un établissement
oduire des photographies animées de
ce. (fui oo passe ici, je prierais M. le préfet de
OoIicR d'interdire de telles représentations.
exposé, NI. Couinaud invita l'opé-
se retirer, puis il termina l'interro-
ue Crozat de Fleury.
DEBOE
passons à Deboë, un grand gaillard
long et maigre, âgé de vingt-trois ans.
Il connut autrefois Callemin et Carouy à
lu Maison du peuple de Bruxelles, puis, plus
t'ird. Dk'udormé à Paris.
• rmaît avoir fait de la propagande
mais non de la progande anar-
V .us avez été à Marseille, puis vous êtes
v-iiu •- i-'iiio, où vous n'êtes pas resté longtemps,
p.rjr jvt-.uinier en Belgique.
dans ce dernier pays, à Bruxelles,,
trouvait quand Callemin vint le
ques jours après l'atientat de la
• rier, pour négocier les titres volés
ne garçon de recette Caby.
:iL Callemin s'était adressé à vous
ive que vous connaissiez la langue
,.io, ensuite parce que, par votre mai-
ns cuviez le mettre en rapport avec
'1)1, un trafiquant de titres, que, dans
vous dénommez un « fourgue
Je commence par dire que j'igno-
^ment le drame de la rue Ordener.
;>as les journaux. Callemin est venu
pour faire, m'a-t-il dit, des affaires
ait Vandenberghe et n'avait pas
besoin cte moi, s'il avait des titres à négocier.
rj. Yo-is reconnaissez être allé il Amster-
,'ni.. Eh bien l'accusation soutien-
eus. y êtes allé pour négocier les titres
Ces titres avaient été détail intéres-
ses en deux lots, l'un dissimulé autour
urps, sous vos vêtements, l'autre dans
/:>eboe. Cela n'est pas.
jyi m>. Feuilleton du Petit Parisien.
GRAND ROMAN INEDIT
CINQUIÈME PARTIE
1 (suite)
Le château de la Besace
re, plus noire que la nuit.
se trompait pas.
ai, là, tout à l'heure, it y avait
.main.
11 t eitiiice en criant:
H -t. le ou je tire.
peut fief, qu'au bruit qui per-
il.iiigue plus l'ombre.
ut pas compte de son ordre.
menés se cassent, plus loin, mais
( ̃ z ose pas tirer. Ce peut-être un pay-
environs, qui est venu rôder aux
s. Il en aura le coeur net. Ah si le
• ominençait le feu, Didier se senti-
;at do légitime défense et la risposte
> ;t vite.
iiuiant quelques minutes, c'est une cour-
•i hasard. Parfois, il croit avoir perdu
-te. Parfois, illa retrouve, mais sans
r de terrain. Puis, tout à coup, c'est la
sée dune clairière, après laquelle ie
saute sur !a route nationale. Didier
/une et leste, sur ce terrain it sera vain-
Le président. Vandenberghe a été très afflr
matif à cet égard.
Deboë. Vandenberghe a pu dire ce qu'il a
voulu. Cela ne prouve pas que ce soit la vérité.
denberghe a eu ce titres en dépôt et que c'est
vous qui, en compagnie de Callemin, les lui avez
apportés pour qu'il.les vendit.
L'ac< usé. Je répète que Callemin était en
rapport avec Vandenberghe depuis longtemps, il
n'avait donc pas besoin de moi. Je ne vois, d'ail-
leurs, pas pourquoi, étant tranquille chez moi, je
serais allé me mettre dans un pareil guêpier.
Le président. Pourquoi? C'est bien simple,
peur avoir de l'arguent
Vous êtes également inculpé de complicité de
vol par recel de l'automobile de M. Malbec, à
Béziers. Cette voiture devait servir à l'attentat
projeté de Nimes.
L'accusé. Aucun témoin de l'affaire ne m'a
reconnu.
Le président. C'est exact, mais dans cette
voiture on a trouvé un objet bien compromettant
pour vous un faux col. Ce faux col vous appar-
tenait, vous le reconnaissez.
L'accusé. Ce faux col m'a effectivement ap-
partenu, mais il a pu m'ttre pris par erreur par
un des amis justement impliqués dans le vol de
cette automobile et avec lesquels j'avais, pen-
dant quelques jours, vécu à Amsterdam.
Deboë invoque d'ailleurs un alibi, afin de
prouver qu'il ne pouvait être à Béziers à l'é-
poque du vol, et nous fait, lui aussi, une his-
toire de cinématographe.
Le président lui rappelle maintenant qu'il
est aussi impliqué dans le vol commis du
17 au 18 janvier 1911, à l'usine Funxruze, à
liomainville, puis lui demande à quel usage
il destinait les deux revolvers chargés, les
cinq chargeurs et les neuf cartouches qu'il
avait sur lui au moment de son arrestation.
R. L'an de ces revolvers m'avait été remis
par un ami pour s'acquitter d'une dette; quant
à l'autre, je l'avais acheté à Bruxelles, où les
brownings sont vendus beaucoup moins cher qu'à
Paris.
Si, poursuit-il, j'avais eu la pensée de me ser-
à pouvoir les utiliser de suite. Or, elles étaient
ae cran d'arrêt, dans leurs étuis, dans des poches
fermées et sous mon pardessus.
Répondant en dernier lieu à l'accusation
d'association de malfaiteurs, Deboë dit
encore
Certains' des accusés ont été tel Dieu-
donné, que j'ai connu au lycée Condorcet des
camarades d'enfance. J'ai continué à les voir. Je
ne vois pas dans ce fait d'acte criminel.
On ne peut pas plus reprocher à un homme
d'avoir eu pour amis des bandits qu'à la Républi-
que d'avoir eu des Jourdan et des Carrier.
BELONIE
Belonie, à l'interrogatoire duquel M. Coul.
naud procède maintenant, a, lui aussi, un
aspect souffreteux. Il est mal vêtu.
Il fut autrefois garçon pharmacien. II fré.
quenta lui aussi les milieux anarchistes et
devint un militant.
La police l'expulsa de Suisse, à la suite
d'une perquisition faite à son domicile. On y
avait trouvé, en effet, des moules destinés
à la fabrication de la fausse monnaie et des
substances pour la confection des explosifs.
Belonie passa en Belgique, puis vint à
Lyon dans cette ville, il fit la connaissance
de Bonnot, à l'agence du Comptoir français
d'appareils automatiques, où tous les deux
furent employés pendant quelque temps.
D. C'est bien vous qui l'avez conduit rue
Nollet, à .Paris, chez*les époux Rollet, où il se
fit inscrire sous le faux nom de Jules Comtesse
R. Je ne le nie pas, mais Bonnot, à cette épo-
que, n'était pas recherché; il n'avait oommis au-
cun acte délictueux.
D. Vous étiez si bien ensemble que c'est vous
qu'il chargea d'aller chercher, rue Nollet, sa va-
lise et les divers objets qu'il y avait laissés, cela
après son départ précipité.
Vous-même, après l'affaire de la rue Ordener,
avez prudemment quitté Paris.
R. J'étais l'objet d'une plainte pour vol.
D. Vous revenez à Paris, où vous vous instal-
lez se us un faux non. Vous êtes accusé d'avoir
participé à la négociation des titres volés au mal-
heureux garçon de recette Caby. N'avez-vous pas
préposé à Bonnot d'aller, en effet, rechercher, à
Amsterdam, les titres laissés en dépôt chez Van-
denberghe, titres qu'il n'avait pu réussir à négo-
cier ?
R. C'est-à-dire que j'ai rencontré Bonnot,
qui m'a proposé d'aller chercher des papiers dont
il ne m'a pas indiqu6 la nature. Il savait que
j'avais besoin d'argent, pour monter une maison
à Londres et m'a dit qu'il m'en prêterait pour
me récompenser.
D. Vous n'ignoriez pas ce qu'étaient ces soi-
disant papiers. Vous saviez qu'ils provenaient
de l'attentat de la rue Ordener.
R. J'ignorais le crime de la rue Ordener.
Enfin il accepta la mission proposée et
partit pour Amsterdam. Bonnot lui avait
donné toutes les indications nécessaires
pour pouvoir être accueilli par Vandenber*
ghe sans défiance.
Vandenberghe lui remit une partie des ti-
tres en question.
D. Vous avez dit que vous ignoriez quels
étaient ces papiers. Vous n'avez pas pu ne pas
vous rendre compte que c'étaient des titres. Vous
saviez si bien qu'ils avaient de la valeur et de-
vaient être dissimulés, puisque, de même que J'a-
vait fait Deboë, vous les avez attachés autour de
votre corps.
L'accusé. J'affirme avoir ignoré !a nature
de ces papiers.
Le président. Eh bien, je vais vous prouver
que vous mentez. Le 6, vous avez eu une entre-
vue avec Bonnot au bois de Vincennes. Vous
lui avez rendu compte de votre mission. Il vous
a laissé ces titres et vous a autorisé à les vendre.
Belonie ergote, mais il n'en est pas moins
certain que, dans un café du boulevard
Rochechouart, il entrait dès le lendemain de
cette entrevue, en pourparlers avec un indi.
vidu auquel il cédait pour la somme de
cinq cents francs une partie des titres.
M" Pinganaud avocat de Belonie. Ce fut d'ail-
leurs un odieux piège qui lui fut tendu.
Ix président. Si ce fut un piège, j'ai félicité
celui qui l'a imaginé, car avec de tels bandits, il
n'y a pas à s'arrêter à la délicatesse des moyens
à employer.
M. le président insiste, encore une fois,
et demande à Belonie pourquoi, après avoir
conclu le marché, il alla déposer le surplus
des papiers qu'il avait en sa possession à
la consigne de la gare du Nord.
C'est donc que vous saviez parfaitement leur
importance ?
L'accusé. Je les ai portés là, parce que
Un peu de lumière, entre les nuages, des-
cend des étoiles.
Didier a un cri de stupeur.
L'ombre qu'il poursuit, qu'il vient d'aper-
cevoir nettement, sur la route, et qui, du
reste, se rejette dans les bruyères et les
broussailles, cette orn^re là, c'est une fem-
me. et il en est si stupétié qu'il s'arrête
pendant quelques instants.
Mais il a un furieux accès de colère
Homme ou femme, je saurai qui
Et il prend son élan.
Hélas cet élan ne le pousse pas loin.
Du tac au tac, à son exclamation répond,
derrière lui, un éclat de rire.
Et avant qu'il ait eu le temps de se retour-
ner, quelque chose de lourd s'écroule sur
son crâne et il s'affaisse assommé, sans un
mouvement.
Combien de temps reste-t-il la?
Quand il se réveille sa tête le fait tellement
souffrir qu'on dirait qu'avec mille couteaux
on lui fouille dans la cervelle.
C'est à peine s'il peut ouvrir les yeux, à
peine s'il peut se souvenir, à peine s'il peut
se rendre compte de l'endroit où il est
étendu.
Enfin il se redresse, en s'appuyant sur son
fusil.
Autour de lui, une clarté douce s'épand
sur les arbres, rend visible le sous-bois dé-
pouillé par l'automne.
Le ciel s'est débrouillé de ses nuages et
sur l'horizon, au bout de la route,*un globe
de feu se soulève lentement. le soleil qui
apparaît.
A son crâne une brûlure, qui lui attire un
gémissement.
Il y porte la main. il la ramène pleine de
sang et de cheveux coagnlés
Il trébuche en marchant.
j'étais plus près de la gaie que de mon domicile.
Quand, le lendemain de ce dépôt à la gare
du Nord, Belonie alla pour retirer de la con-
signe le paquet qu'il y avait déposé la veille,
il fut arrêté.
RODRIGUEZ
Arrivons à Rodriguez. Celui-ci est un petit
homme brun, très vif, très exubérant.
Son passé est détestable. Déserteur, faux
monnayeur, etc., il encourut tout un chape-
let de condamnations, dont une pour ou-
trage aux mœurs, ce qui le complète.
Rodriguez. Je ne nie pas tout cela, mais je
déclarerai que je suis un malheureux très à
plaindre. J'ai un passé épouvantable, je le re-
giette. C'est l'anarchie qui m'a valu cela, quoi-
que je ne répudie pas l'anarchie. Si je suis allé
à elle, c'est parce que j'avais du cœur. M. le
président émanerait tout à l'heure mes condam-
nations. Il en citait six. Il en a oublié quatre.
Car c'est dix que j'ai encourues, et je les explique.
Et Rodriguez, avec assez de fantaisie, ra-
conte dans quelles circonstances et à la suite
de quels faits il fut frappé par les tribunaux
soit français, soit anglais, où il encourut
neuf mois de hard labour.
Il ajoute
Ce passé, quoioue pitoyable, n'est pas aussi
lourd que M. le président voulait bien vous le
dire. Parmi les coi.damnations que je viens de
vouS rappeler il n'en figure pas une pour vol ou
pour des crimes. S'il y a quelqu'un d'inoffensif
ici, cest moi, lai ma. parole est vive, si je parais
excité, cela tien), aux conditions de ma vie, mais
je na ·uis ni un méchant ni même un violent.
Ma vie n'a pas été celle d'un bandit la preuve
c'est que je n'avais pas un sou sur moi quand
on m'a arrêté. Je le répète, je n'ai.commis aucun
crime.
Le président (ironiquement). Sauf «eux que
vous venez vous-même de citer, en rappelant vos
condamnations.
Avec Rodriguez recommence le voyage
d'Amsterdam, la reprise des papiers laissés
par Deboë en dépôt chez Vandenberghe, le
départ de Belonie pour aller les retirer, etc.,
faits sur lesquels il serait fastidieux de re-
venir.
Disons simplement que Rodriguez déclare
avoir borné son rôle à avancer de l'argent à
Belonie pour son voyage d'Amsterdam. Il
était en rapport avec celui-ci pour une com-
binaison, merveilleuse, affirme-t-il.
D. Cependant, vous avez assisté à l'entrevue
de Bonnot avec Belonie au bois de Vincennes
R. Oui, mais je n'ai rien entendu de leur
conversation, à laquelle je n'ai d'ailleurs pas
prêté l'oreille. C'est plus tard seulement que je
me suis rendu compte que je m'étais trouvé en
présence du fameux Bonnot. (Rires.)
Rodriguez reconnaît avoir accompagné
Belonie au café Marcel, boulevard Roche-
chouart, mais il ignore à quel trafic il s'est
livré.
Je ne sais pas, clame-tril, si c'étaient des
titres ou autre chose qu'il a négociés. Ça n'est
pas ma partie je ne connais pas ça. D'ailleurs
1e n'ai pas touché à ces titres, si c'étaient des
titres. Je ne les ai jamais eus entre les mains.
Donc je ne peux pas être accusé de les avoir
reoelés.
Rodriguez, qui n'a cessé de parler avec
volubilité, déclare qu'il ne peut s'exprimer
autant qu'il le voudrait, car il est aphone et
intimidé. Que serait-ce s'il en était autre-
ment
Rodriguez, questionné en dernier lieu sur
l'inculpation d'association de malfaiteurs, se
livre à un. véritable boniment de camelot
qui, à diverses reprises, provoque l'hila-
rité.
Je regrette, messieurs les jurés, de ne m'être
pas préparé à parler sur ce sujet, mais je suis
en mesure de vous faire connaitre néanmoins
mes sentiments a cet égard.
Tout d'abord, j'estime qu'il n'y a pas d'asso-
ciation, et, en admettant qu'il y en ait une, je
n'en faisais pas partie, puisque je ne connaissais
que Belonie. Je ne fréquentais pas ces milieux.
J'ai été anarchiste autrefois, mais je me suis dé-
tourné du mouvement, qui n'intéresse que les
jeunes.
Je ne connaissais pas l'anarchie. Ce n'est pes
que j'ai honte de l'anarchie. C'est plutôt elle qui
pourrait avoir honte de moi. (Rires.)
Je ne sais pas s'il y a parmi ceux qui sont
avec moi sur ces bancs des malfaiteurs, je le
suppose (Nouveaux rires.), mais je ne les fréquen-
tais pas. Vous voyez, messieurs les jurés, quel
homme je suis. Je crois m'être montré à vous
tel que je suis. Je vous ai, sans prétention (sicj,
exhibé mes condamnations. (Violente hilarité.)
Le président. C'est assez. Asseyez-vous.
BÉNARD
Vient le tour de Bénnrd. Celui-ci a un as-
pect tragique. Epaisse chevelure frisée, front
développé, yeux caverneux, traits durs, vi-
sage blême.
Cet accusé est atteint de surdité et est
obligé d'avoir continuellement la main au
pavillon de son oreille droite. Il est accusé
de recel d'armes.
Bénard fut, en effet, quand on l'arrêta,
trouvé en possession de deux brownings
provenant du vol commis chez M. Faury,
armurier, rue Lafayette.
Comment ces armes étaient-elles arrivées en
vos mains? lui demanae le président.
Bénard. Je les ai achetées, un jour, derrière
la fontaine Saint-Michel, à un nommé Jacques
Jacob, auquel je versai un acompte de 20 francs.
J'ignorais absolument d'où elles provenaient.
M. Couinaud. Vous aviez deux domiciles et,
dans l'un de ceux-là, rue Montorgueil, la police
a saisi un autre revolver qui, lui, avait été volé
à 1 armurerie américaine du boulevard Hauss-
mtrn.
Bénard. J'affirme que je n'ai jamais eu de
domicile rue Montorgueil.
M. Couinaud. Vous niez, mais un de vos co-
accusés, Poyer, qui occupa avec vous, pendant
un certain temps, ce logement, vous dément for-
mellement. Vous aviez loué sous le faux nom de
Robert Beautemps.
Bénard. Poyer fait erreur; je ne suis pas
Robert. Beautemps
M. Couinaud. Je sais que vous n'avez pas
été d'acord sur ce point avec lui et que vous l'a-
vez traité de « loque a, à l'instruction, mais cela
ne prouve pas qu'il n'ait pas dit la vérité. Il a
précisé que vous aviez une malle en commun,
malle dans laquelle on découvrit un véritable ar-
senal.
Bénard (avec entêtement). le ne suis pas
Beautemps. Vous ne me ferez pas sortir de là.
Il. Pourquoi avez-vous tenté de vous suici-
der ?
Fameux coup, tout de mëme Ah si
jamais celui-là me tombe sous la patte.
Du reste, autour de lui, une mare de sang.
De quoi me guérir de la migraine
Péniblement, s'arrêtant presque à cha-
que pas, il regagne sa maison.
Et quand il y arrive, il n'a pas la force de
monter les deux marches qui le mènent chez
lui. Il tombe à genoux, d'abord, puis sur le
côté, évanoui.
Dans son lit, en reprenant connaissace, il
a une surprise.
Trompe-la-Mort est près de lui. Le duc l'a
trouvé sur le seuil, l'a porté dans sa cham-
bre, l'a soigné Maintenant Didier a la tête
entourée de linges, et le duc verse douce-
ment de l'eau froide qui rafraichit la plaie
brûlante.
Eh bien, Didier, quoi donc ? que vous
est-il arrivé ?
Ma foi, je n'en sais rien, ce que je sais
c'est que j'ai reçu un sacré coup. et si je
n'avais pas eu la tête si dure.
En effet, on ne vous a pas ménagé,
mon pauvre garçon Mais tranquillisez-
vous. Je me connais un peu en blessures. La
vôtre guérira vite.
Le jardinier raconta. C'était peu de cho-
ses. Dans le mystère où paraissait se jouer
contre le château de Tiffanges une partie
formidable, cela n'apportait qu'une clarté
bien vague. Ce qui ressortait du récit, c'est
qu'il y avait cette nuit-là, près du château,
un homme, une femme, complices, qui s'en.
tendaient et se prévenaient par des signaux.
Leur but ? Impossible de deviner. Aucun
point de repère jusqu présent. Du moins,
on pouvait cro'i'e que l'alerte de cette nuit
les rendrait prudents et peut-être leur ferait
abandonner leurs projets, en montrant que
R. Parce que j'abhorre la prison. Le régime
du prisonnier m'est odieux. J'aimerais mieux être
condamne à mort qu'à six mois de prison.
POYER
Poyer va démentir formellement son an-
cien camarade. Ce jeune homme, d'appa-
rence curieuse, le front bombé, le nez en
pied de marmite, les cheveux broussailleux,
l'air ahuri, a beaucoup diverti l'auditoire
par ses fantaisies et surtout par sa façon de
s'exprimer, abusant d'unp façon exagérée
de liaisons et de mots dont il ne comprend
pas le sens.
Son système de défense fut simple. Si la
police trouva des armes en sa possession,
ces armes, affirma-t-il, lui avaient été don-
nées par Robert Beautemps. ''Et Robert
Beautemps n'est autre que Bénard.
Le président. en êtes-vous bien sur? Le re-
«onnaissez-vous ?
L'bccusé. Non seulement je le reconnais
bien, mais je peux dire que je suis certain que
c'est lui.
Bénard. C'est faux. Je suis Bénard et non
Beautemps.
Poyer, après avoir conté qu'il était végé-
tarien et qu'il ne s'en portait pas plus mal,
puis avoir appris aux jurés qu'il se
livrait aux études scientifiques, à l'astro-
nomie, à la chimie, prouva sa science en
indiquant comment on fabrique des explo-
sifs. Mais il se hâta d'ajouter qu'il ne s'é-
tait jamais livré à ce travail « dangereux
Il narra ensuite bien d'autres choses en-
core qu'il serait trop long de rapporter. Son
interrogatoire prit fin à cinq heures, et M.
Coninaud leva l'audience.
Il reste à interroger les deux receleurs de
malfaiteurs, puis le défilé des témoins com-
mencera. Avec eux, on peut être certain que
les audiences prendront une allure plus
mouvementée et plus impressionnante.
La Seine descend.
JL/'Oise déborde
La Seine continue à décroître, plus rapi-
dement même qu'on ne l'avait prévu. Hier,
en effet, son niveau s'était encore abaissé
de 25 centimètres.
Voici quelles étaient les cotes relevées par
le service de la navigation pont d'Auster-
lrtz, 3 m. 82 Tournelle, 3 m. 65 pont
Royal, 4 m. 79 Suresnes, 6 m. 07 Bezons,
plaisait à escompter, en présence
du temps dont nous avions bénéficié depuis
quatre jours, un rabais encore plus consi-
dérable d'ici quarante-huit heures. Mais le
baromètre donnait quelques inquiétudes et,
dans la soirée d'hier, la pduie a repris. 11
faut toutefois espérer qu'elle ne sera pas de
longue durée et n'entravera pas la descente
du fleuve, d'autant plus qu'on signale une
décrue très appréciable de la haute Seine
et de ses affluents. La Marne, en effet, est
en baisse, comme le Grand-Morin et l'Yonne.
Par contrp, l'Oise poursuit son mouve-
ment ascensionnel. Un peu partout elle dé-
borde, si bien qu'à la hauteur d'Ours-
camps le canal latéral et la rivière sont re-
lirs entre eux et forment un vaste lac.
La réception de IL Poincaré à Hôtel de Ville
La fête du 18 février aura un caractère
essentiellement et exclusivement populaire.
L'Hôtel de Ville recevra 8.000 invités. Com-
me il n'était pas possible d'en recevoir da-
vantage, il avait été tout d'abord projeté
qu'un bal aurait lieu le soir même mais le
bureau, après avoir étudié à nouveau la ques-
tion, a décidé, hier, de fixer cette seconde
fête au 22, ce qui permettra d'éviter le désor-
dre et la confusion qu'aurait fatalement en-
traînés l'organisation de deux fêtes le même
jour.
Las de la vie à vingt ans
un jeune homme se pend
Est-il possible qu'à vingt ans, à l'âge où
l'avenir s'ouvre à peine devant vous, à l'heu-
re où sont permis tous les espoirs et toutes
les joies, l'existence vous paraisse écœu-
rante à ce point qu'on n'en veuille point con-
naître davantage ? Cela est pourtant, puis-
que c'est par dégoût de la vie que le jeune
Louis Etienney s est tué.
Ce garçon de vingt ans, plein de santé et
de vigueur, était depuis près de deux an-
nées employé chez NI. tonnelier, au
28 de la rue de Malte.
C'était un bon employé, laborieux, exact
et honnête, à qui jamais on n'avait eu à faire
de reproche. Il vivait seul, sans parents,
sans amis, dans une pauvre petite chambre,
au 74 de la rue de la Folie-Méricourt.
Son existence était parfaitement réglée,
invariable. Tous les matins, à sept heures,
il quittait sa petite chambre pour se rendre
chez M. Morin, avec qui il déjeunait et
dînait, et le soir, à neuf heures, la boutique
fermée, il rentrait rue de la Folie-Méricourt.
Or, hier matin, M. Morin n'ayant point
vu paraître à l'heure habituelle son em-
ployé d'habitude si exact, se rendit aux nou-
velles rue de la Folie-Méricourt.
Il monta à la chambre, l'ouvrit et recula,
effrayé du spectacle qu'il vit. Sur son lit, le
corps retombé un peu en dehors, Louis
Etienney était étendu, mort. Il avait les
pieds ligotés avec une ceinture rouge et les
mains attachées dans le dos à l'aide d'une
ficelle très lâche. Tout le poids d1u corps re-
posait sur une grosse corde qui, attachée à
la tête du lit, enserrant le cou étroitement,
s'était enfoncée dans les chairs.
Vite, M. Morin alla prévenir !'IL Borde,
commissaire de police,
Un peu plus tard, le médecin de l'état ci-
vil, ayant examiné le corps minutieusement,
n'y ayamt relevé aucune trace de violence,
conclut sans hésiter que le jeune Etienney
si étranges que parussent les circonstan-
ces de sa mort, s'était lui-même attaché
pieds et mains, puis s'était pendu.
les habitants de Tiffanges étaient snr leurs
gardes.
Le duc interrogeait
Cette femme, pouvez-vous m'en donner
le signalement ?
Impossible. Mais elle était très gran-
de et elle devait être également très jeune,
car elle détalait avec la légèreté d'une bi-
che.
Comment était-elle vétue?
De noir, ou de gris sombre. ou quel-
que chose dans ce genre-là.
Et l'homme ? ?̃
Je suppose qu'il s'est trouvé 'étfr mon
chemin et qu'il s'est caché en me voyant ve-
nir. Et après, crac, quel abatage Ce qui a
dû se passer, voici, monsieur le duc. Ils se
correspondaient par des cris de chouettes.
Mais la femme m'ayant vu n'a plus répondu
à l'homme. L'homme a dû comprendre
alors qu'il y avait danger pour elle. C'était
sans doute convenu d'avance.
Elle a pris la fuite du côté de son compli-
ce. Le complice est accouru au-devant
d'elle, pour quant à moi je me suis trouvé
entre les deux.
Quelle heure était-il ?
Peux pas dire au juste à monsieur le
duc. Deux heures du matin, probable.
Trompe-la-Mort laissa Didier seul en lui
recommandant de dormir.
Il rentra au château perplexe, et non sans
inquiétudes.
Je veillerai ce soir, se dit-il, et je se-
rai peut-être plus adroit.
Dans la journée, il continua de garder
pour lui le secret sur ces étranges événe-
ments. Il la passa, cette journée, à refaire le
trajet de Didier, dans sa poursuite à travers
les arbres. Mais il ne découvrit aucun
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
POUR PROTEGER PARIS
La possibilité d'une inondation préoccupe la
Chamhre le ministre des Travaux pu-
blics expose la situation, plutôt rassu-
rante. La banlieue et la province s'en
mêlent.
Question essentiellement parisienne au
début de la séance M. Georges Berry, in-
quiété par la crue de la Seine, reprocha aux
gouvernements successifs de n'avoir rien
fait pour éviter le retour des mauvais jours
de Les seules dépenses consenties l'ont
été, d'après le député du neuvième, par
l'Orléans, le Nord-Sud, le Métro et la Ville,
en vue de l'exhaussement des quais. Mais
l'Etat ?
L'Etat, par contre, n'a pas exhaussé les
voies de la gare des Invalides. Huit jours de
pluie et ce serait, à nouveau, le désastre.
En homme pieux, M. Berry eut finalement
recours au ciel
Pourvu que le Pèreteternet continue d'être
gentil! On n'a même pas supprimé les barra-
M. Iules Coutant. Personne n'ignore qu'en
1910 ce sont les barrages qui ont, en effet, causé
tout le mal. Il existe il. Suresnes, au fond du lit
du fleuve, un mur de 3 m. 50; si on le suppri-
mait, on gagnerait 1 m. 80. Près de Rouen il
existe des éCluses, dites à pont supérieur. Pour-
quoi ne pas généraliser le système? 'Il en coule-
rait 12 millions. C'est là un* travail très urgent.
(Très bien très bien !)
Le ministre des Travaux publics, M. Jean
Dupuy, remit brièvement les choses au
point. Ses premières paroles furent pour
rassurer les riverains. La crue actuelle de
la Seine est presque normale. Elle n'a rien
de comparable à celle de 1910. Le fleuve dé-
croît, d'ailleurs, ainsi que ses affluents.
M. Georges Berry nous dit, ajouta M. Jean
Dupuy, que l'administration n a rien fait mais
ce sont les villes et les communes qui sont char-
gées d'effectuer les travaux à exécuter pour se
défendre contre les inondations. L'Etat n'inter-
vient que pour prêter son personnel de techni,
ciens et pour subventionner les travaux dans cer-
tains cas. Le gouvernement ne s'est pas dérobé
a ses devoirs. Le rapport de M. Picard a été re-
mis au gouvernement le 30 juin. Dès le 9 juillet,
j'ai envoyé mes instructions au préfet de la
Seine. Là se borneront les obligations du gou-
vernement mais il ne s'en est pas tenu là, et je
pourrais vous lire tout ce qui a été fait depuis
trois ans.
La Ville de Paris, le département de la Seine,
le chemin de fer d'Orléans, le chemin de fer
P.-L.-M., l'administration des télégraphes et des
téléphones ont travaillé. On a exécuté presque
toute la première partie du programme prévue
par la commission Picard et l'on a dépensé Glo-
balement 22 millions.
On s'étonne de voir encore certains tra-
vaux à l'état de projets l'élargissement du
bras de la Monnaie, par exemple, et l'appro-
fondissement du lit entre Suresnés et Bou-
gival. On oublie que les délibérations pri-
ses là-dessus sont de décembre dernier et
que le ministre, n'en ayant en officiellement
connaissance qu'en janvier, -n'en est forcé-
ment qu'aux formalités de la déclaration
d'utilité publique. Dans trois mois seule-
ment le projet sera prét.
D'ailleurs, dit encore le ministre, M. Berry sait
tout cela.
M. Berry. Je ne puis qu'émettre un vœu
celui de voir encore le ministre actuel favorise
par la température. (Rires et applaudissements.)
L'incident était clos. Mais des interpella-
tions avaient été déposées par les députés de
la Seine et des régions limitrophes. NI. Le-
boucq, pour la capitale, M. Albert Thomas,
pour la banlieue, M. Bonnefous, pour Soinc-
et-Oise, réclamèrent un débat susceptible
de renseignér définitivement les intéressés.
M. Franklin-Bouillon se joignait au concert
pour la région d'amont et M. Chenal, enfin,
soulevait la question du canal de dériva-
tion.
La date du 28 février fut proposée, d'ac-
cord avec le ministre et acceptée. Qu'il ne
tombe pas trop d'eau d'ici là et nous nous
contenterons avec bonheur de flots d'élo-
quence.
La discussion générale du budget de la
marine avait occupé la séance du matin. M.
Lefas avait réclairné un entraînement plus
intensif des escadres. M. Bouisson, exposant
la décadence de notre marine marchande,
avait déploré les subventions « sur lesquel-
les on s'endort ».
La majeure partie de l'après-midi fut aux
députés bretons pour leurs interpellations
sur la crise sardinière. M. Goude, unifié, se
borna à attaquer les usiniers. M. Le Bail
approfondit la question et indiqua des re-
mèdes à cette crise de surproduction causée
autant par les caprices de la mer que par
la spéculation et le manque de capacité d'ab-
sorption des usines. De plus, en Espagne et
au Portugal, on contrefait nos conserves de
sardines.
Les produits étrangers devraient être as-
treints à porter la marque d'origine. Les fa-
bricants français devraient s'entendre pour
u spécialiser » leur production. Ils pour-
raient ainsi maintenir des tarifs ra2sonna.
bles pour l'achat du poisson. Et les pêcheurs
français pourraient continuer la pêche au
filet droit qui, seule, donne la sardine in-
tacte et bonne.
M. Le Bail enfin proposa une enquête par-
lementaire. Son collègue et voisin, M. Lamy,
lui opposa à cet égard un doux scepticisme.
Ce qui est urgent, c'est une entente entre
usiniers et pêcheurs pour la campagne pro-
chaine. Ce débat se poursuivra vendredi
prochain. Lundi, budget de la marine.
Lucien VRILY.
L AMBASSADE! R ISPAGNOL A PARIS
Madrid, 7 février..
Bien que le gouvernement n'ait encore
pris aucune mesure définitive, on considère
toujours comme certain que M. de Villa
Urrutia, actuellement ambassadeur à Loin-
dres. remplacera M. Perez Caballero, à
l'ambassade d'Espagne à Paris.
Le soir arriva. Dès les premières ombres,
Tiffanges se tint sur la défensive. Il sentait
qu'il avait affaire à des adversaires auda.
cieux et résolus et il ne comptait pas trop
sur leur inaction cette nuit-là. Il avait
raison.
En outre, il se disait
C'est peut-être moi qu'on veut frapper.
Nous verrons bien.
Il alla se poster dans les pierres tombées
du donjon en ruines, faisant masse avec ces
pierres et absolument invisible au milieu
Il s'y trouvait à peine que près de lui
Didier apparaissait, armé de son fusil, la
tête enveloppée d'un turban de linges par-
dessus lesquels il avait coiffé un bonnet de
coton. Certes, la coiffure ne lui donnait pas
l'air martial, bien que la casquette du père
Bugeaud Jùt un précédent à cette allure,
mais on eût changé d'avis si l'on avait pu
apercevoir ses yeux qui brillaient de ran-
cune.
Regagnez votre lit, Didier, je n'aurai
pas besoin de vous.
J'ai un compte à régler et je ne pourrais
pas dormir. Du reste, je vais mieux. Ça
cuit bien encore un peu, mais c'est suppor-
table. Monsieur le duc, permettez-moi de
veiller en même temps que vous. C'est des
gaillards qui n'ont pas froid aux ,yeux et
nous ne serons pas trop de deux.
En ce cas, prenez ma place et n'en
bougez pas. Moi, je vais surveiller les
abords du château, par le bois.
Que monsieur le duc prenne garde à la
chouette. C'est un oiseau qui porte mal-
heur, qu'on dit.
On dit aussi qu'il porte bonheur,
Les deux hommes «e-séparèrent
CONTRE L'AVORTEMENT
La loi destinée à mettre fin à la propa.
gande néo-maithusienne a été votée, tuer,
après midi, en première lecture. Piuslenra
sénateurs ont indiqué un certain nombre de
modifications qui s'imposent. Les unes ont
trait à l'échelle des peines. M. Flaiesièrea
considère, et avec lui la commission et le
garde des Sceanx, que la répression doit
être plus sévère contre ceux qui ont aidé aux
femmes à se procurer -l'avortement qu'à
rencontre de la femme elle-même
Il faut tenir compte de la situation spé.
ciale de la femme. Le complice, au con-
traire, n'agit que dans un but de cupidité
et n'a pas de circonstances atténuantes.
,NI. Flaissières demande, en outre, que lit
faculté laissée au tribunal de suspendre tem-
porairement le médecin ou la sage-femme
coupables soit transformée en une oiblica-
tion.
Les autres modifications concernent l'in-
lerdiction pour les sages-femmes de tenir
plusieurs maisons d'accouchements et l'au-
torisation préfectorale en vue de l'ouverture
de ces maisons.
Tous les amendements feront l'objet d'une
sérieuse étude et la commission en tiendra
compte lorsqu'elle rédigera un nouveau
texte en vue de la seconde délibération.
LE DEVOIR DE
Dans la discussion générale sur le projet
relatif à la dépopulation, au début de la
séance, M. Vincent, sénateur de l'Ardèche
ancien instituteur, a répondu aux déclara-
tions faites, la veille, par M. Jenouvrier sur,
le rôle de l'instituteur. M. Vincent a dit
Nos instituteurs savent qu'ils n'ont pas toute
fait lorsqu'iis ont enseigné aux enfants les
rudiments de la science. Ils savent qu'il leur reste
à élever moralement ces enfants, à faire d'eux
des êtres meilleurs, honnêtes, francs, capables de
dévouement et de sacrifice, à leur apprendre le
culte de la patrie et de la famille. (Applaudisse-
ments.)
Voila ce qui se passe dans l'école primaire pu.
blique. Des efforts constants tendent à faire res-
ter les enfants dans la voie droite ou à les y
ramener.
Eh bien, j'ai souffert, mon cceur sest 6erré
lorsque j'ai entendu affirmer que nous n'avions
rien fait pour l'éducation de la jeunesse.
M. Lannelongue a écrit, en manière de bou-
tade, qu'a l'école on enseignait aux enfants à,
la place de principes religieux, les mérites de la
caisse d'épargne. Pour ma part, j'ai appris aux
élèves qui m'étaient confiés à se défier non seu.
lement de la prodigalité, mais aussi de l'avarice
je leur ai dit la vertu de l'épargne et en même
temps du travail. (Très bien !)
M. Jenouvrier. Je n'ai pas critiqué l'école
primaire, dont M. Vinrent nous a fait le portrait
idéal selon sa conception.
M. Caxeatave. Et selon la conception do
tout le parti républicain.
M. Jenouvrier. La science ne suffit pas, la
foi est encore nécessaire. Sans la foi religieuse
les enfants n'apprendront pas l'esprit de sacrii
fice, de dévouement.
M. Flaissièresf? La foi dont vous parlez n'est
qu'un ensemble d'hypothèses invérifjées et inu-
Paul GREZ.
Gustave Auxerre
sera exécuté ce matin
Le Mans, 7 février.
Le Belge Gustave Auxerre, qui, le 26 juil-
let dernier, près de Coulombiers, violenta,
puis égorgea une petite bergère de neuf ans,
Madeleine Besnier, sera exécuté demain
matin.
Rappelons dans quelles circonstances fut
découvert cet horrible crime.
Le 26 juillet, vers quatre heareâ de
1 après-midi, un garçon de la ferme Hiron
trouvait, au Mezin, dans un champ, der-
rière une haie, le cadavre ensanglanté de
la jeune Madeleine Besnier que, pendant la
durée des vacances scolaires, son père,
maltre charpentier à Coulombiers, mettait
au service de M. Hiron.
La pauvre petite avait eu la gorge tran-
chée d'un coup de couteau. Elle avait reçu,
en outre, deux autres coups de couteau, qui
avaient perforé le foie et déterminé la mort.
L'arme du crime, un couteau de poche, fut
découvert non loin du corps, ainsi qç'un
porte-monnaie, contenant 4 francs et quel-
ques sous. Ces deux objets furent aussitôt
reconnus comme appartenant à un journa-
lier d'origine belge, Gustave Auxerre, qua-
rante-deux ans, en dernier lieu employé à
la ferme de la u Digeonnière ».
Arrêté deux jours après à la Ferté-Ber-
nard, Auxerre*fit des aveux complets.
Devant la cour d'assises de la Sarthe, où
il comparu le 10 décembre, Gustave Auxerre,
un ivrogne incorrigible et dangereux, aux
moeurs déplorables, prétendit avoir perdu
le souvenir de son horrible forfait. Il expri-
ma des regrets. Sa condamnation à mort le
laissa impassible.
Auxerre ne se doute nullement du sort qui
l'attend. Sans se faire d'illusion sur son sort,
il croit que le jour fatal est encore assez
•lointain.
ECHOS
A LA PRESIDENCE DU CONSEIL
Ni. Briand, président du Conseil, a reçu hier
matin le vice-amiral Boue de Lapeyrère, com-
mandant en chef l'armée navale.
M. GALLI VISITE LES HÔPITAUX
M. Henri Galli, président du conseil munici-
pal. a visite bier matin les divers services de
l'hôpital de la Charité, notamment ceux de MM.
les docteurs Souligoux et Sergent et la Mater-
nité.
M. Galli était accompagné de M. Duval-
Arnould, conseiller du quartier do Saint-Germain-
des-Prés, et de M. Ranson, sénateur, membre du
conseil de surveillanoe de l'Assistance publique.
Cette nuit-là était calme, presque douce.
Trompe-la-Mort bientôt disparut sous les
arbres, pendant que le jardinier restait
parmi les pierres.
Tous les deux attentfs, aux aguets, prêts
à J'attaque.
Tout de suite, du reste, et dès les premiè-
res heures de nuit, les chouettes avaient
commencé leur concert douloureux.
Mais ni Didier ni Tiffanges ne s'y trom-
pèrent.
Celles-là, c'étaient les vraies.
Les fausses allaient-elles s'y mêler ?
Longtemps, les hululements se répondi-
rent.
Puis, voici que tout à coup les oreilles des
deux hommes sont frappées par une note
discordante. Oh lente et difficile à saisir
mais réelle.
Ce n'est plus d'un gosier d'oiseau, c'est
de deux gorges humaunes que les chants
plaintifs sont sortis.
Didier ne quitte pas son poste. Seulement
son attention redouble.
Sans doute, cette fois, la partie va se
jouer et il en a bientôt la certitude quand il
entend un bruit sous les arbres. Tiffanges a
dû découvrir un des complices invisibles et,
comme Didier, la veille, s'est jeté à sa pour-
suite.
Du moins, pense Didier, il est prévenu
de ce qui peut lui arriver.
Le jardinier est brave. Pourtant tous ces
mystères qui se déroulent en ces ténèbres
agissent un peu sur ses nerfs, ébranlés par
la secousse dont il souffre encore, et il sent
un frisson lui monter entre les épanles.
Si l'on savait seulement à qui on a af-
faire!
jAsuivre.)
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