Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1912-07-10
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1912 10 juillet 1912
Description : 1912/07/10 (Numéro 13038). 1912/07/10 (Numéro 13038).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/06/2008
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Mercredi 1912.
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ÉDITION m PARIS
ŒyvresdMre-Mer
Le succès qu'a remporté la députa-
lion française de la Croix-Rouge en
Amérique a surpris quelques person-
nes mal informées. Elles ne s'imagi-
naient guère, et cette erreur est assez
répandue, que la charité et l'assistance
avaient droit de vie dans le pays par
excellence de l'individualisme. Quand on
prononce le mot « américain on voit
tout de suite un être volontaire, maître
de ses nerfs et ne songeant qu'à son
enrichissement moral et matériel. Il
faut détruire ce préjugé. L'Amérique
est au contraire un pays où les sociétés
de bienfaisance sont fort nombreuses a
jouent un rôle important de relèvement
social. Il y a, là-bas, plus que partout
ailleurs, un déchet social immense.
L'Amérique se débarrasse très vite des
étrangers qui commettent des délits,
troublent l'ordre mais il reste les au-
tres, les malchanceux, les paresseux, les
malades. C'est de ceux-là qu'il faut s'oc-
cuper, ,s'efforcer de les relever, et les re-
mettre'dans le droit chemin.
Le droit d'entrée en Amérique est de
deux dollars seulement. Aussi les étran-
gers grossissent-ils chaque année en
nombre. En 1903, l'on compte annuelle-
ment 857,046 émigrants en 1907,
1,285,340. Et le flot monte toujours.
Dans cette armée, tombent en route des
• vieillards, des femmes et des enfants
il faut les empêcher de rouler dans les
vices dégradants. Les gens d'outre-mer
s'y sont employés avec un zèle louable.
M. Firmin Roz, dans son beau livre
consacré à l'énergie américaine. nous
parle d'abord du Boy's Club de San-
Francisco, le Cercle des gamins, dû à
l'initiative d'un seul homme, NI. Peixot-
to. Celui-ci, choqué de voir tant d'en-
fants pauvres rôder et se battre dans la
rue, eut l'idée de les réunir, de leur ap-
prendre à administrer leurs propres in-
térêts, à se divertir honnêtement. Ce
projet enthousiasma une vieille dame,
qui donna une maison, dans un quar-
Lier ouvrier. Mais là, les difficultés
Commencèrent, car il fallut vaincre la
résistance acharnée des parents qui mi-
rent tout d'abord l'apôtre à la porte. Au-
jourd'hui, le cercle compte des milliers
d'enfants il est en pleine prospérité.
Mais là-bas, et nous devrions bien les
imiter chez nous, les philanthropes pen-
sent sagement que toutes les œuvres hu-
tnaines ont besoin d'un capital pour vi-
vre. Il est nécessaire d'en constituer un,
6t le plus gros possible. L'union pour
l'industrie et l'éducation des femmes de
Boston organise des cours qui ne sont
pas gratuits elle écoule des travaux ou
produits de fabrication avec une rete-
nue de 10 0/0 sur le prix de vente. Le
budget total de l'oeuvre s'élève à près
d'un million. On peut accuser la phi-
lanthropie américaine de ne pas négliger
la spéculation, d'en tirer profit même.
Où est le mal. lorsque le but est désin-
téressé ? Les asiles de nuit, les Mill's
hôtels, à New-York, rapportPnt six
pour cent à leur fondateur. Une seule
de ces maisons compte 1,554 chambres,
qui sont occupées tous les soirs. Rien
n'y manque ascenseurs rapides, lava-
bos avec serviette et savon gratuit, à
tous les étages, cinquante cabines à dou-
ches avec appareils automatiques, plu-
sieurs cuves de pierre munies 'de robi-
nets d'eau chaude et d'eau froide, et
tout Ce confort pour vingt sous par nuit,
Moins de dix sous en Europe « le prix,
;dit M. Jules Huret, qu'on nous deman-
de pour blanchir une chemise, ou qua-
tre mouchoirs ou quatre faux cols. »
Ce mélange d'idéalisme et d'esprit
pratique, on le trouve dans toutes les
teuvres d'assistance et ces deux aspects
¡donnent parfois une note fort comique
leur propagande. Un voyageur fran-
geais, M. des Rouziers, rapporte qu'il vit
quelques heures de distance deux ré-
jplames de la Y. M. C. A., l'association
chrétienne des jeunes gens l'une an-
nonçait une conférence sur la chasteté,
avec ce titre « Joseph, homme pur »
l'autre faisait valoir tout ce que l'asso-
ciation donnait en échange d'une coti-
sation annuelle de vingt-cinq francs
gymnase avec les appareils les plus per-
ïectionnés, bains, douches en pluie, en
jet; classes d'instruction pour la tenue
des livres, sténographie, etc.
L'on a sagement compris, en Amé-
rique, que l'union était nécessaire entre
les différentes œuvres, entre les divers
cultes, lorsqu'il s'agissait de faire le
bien. On a vu, là-bas, le cardinal Gib-
bons soutenir la campagne antialcoo-
lique de l'armée du Salut et prêter la
cathédrale aux meetings organisés par
elle. L'action sociale aux Etats-Unis
compte parmi ses œuvres les plus origi-
nales celle des settlements. On appelle
ainsi un groupement d'hommes et de
femmes appartenant à la meilleure so-
ciété et venant vivre, par simple dé-
vouement, au milieu des quartiers po-
puleux et pauvres. Ceux-ci entrent
dans les foyers pour y apporter de la
joie. de la lumière et de la santé. On
assainit la maison avant de s'occuper
de l'âme des habitants mais dans
l'ordre moral, tout se correspond et tout
s'enchaîne. Est-il besoin de dire que
dans ces œuvres les femmes accomplis-
sent des merveilles? Elles sont les bons
génies de la misère.
Les œuvres sociales d'Amérique sont
intéressantes n plus d'un titre d'abord
elles prouvent qu'outre-mer les idées
de charité et de bienfaisance sont hono-
rées et mises en pratique ensuite, elles
montrent que les hommes peuvent sortir
de leurs occupations pour diminuer la
îomme des misères qui croupissent au-
tour d'eux enfin, elles exaltent le rble
des femmes, détruisant ainsi certaines
erreurs. Les Latins jugent les Améri-
cains trop souvent d'après quelques spé-
cimens de femmes, milliardaires par
trop originales, "ija'Sîs" ont entrevues. On
les représente volontiers futiles, dédai-
gneuses des efforts qui sont faits pour
elles. Il existe, outre-Manche, un autre
élément féminin. Un grand nombre de
jeunes filles ne se marient pas esprits
libérés qui veulent conserver toute leur
énergie, âmes idéalistes que la vie mon-
daine ne satisfait pas, c'est tout cela
sans doute. Et ce sont ces femmes que
l'on retrouve dans les settlements dans
les sociétés de bienfaisance, dans les
clubs. Il serait curieux de montrer par
le détail la grande influence qu'ont
exercée en Amérique les cercles fémi-
nins. Au point de vue éducatif, social,
leur action est véritablement impor-
tante. Ce sont les cercles qui ont imposé
les femmes dans les grandes adminis-
1 trations et, sans se lasser, ont défendu
leurs droits. Nous n'avons pas à les
donner en exemple aux femmes fran-
çaises, celles-ci de tout temps ont mani-
festé le plus bel esprit de dévouement
et de charité. Mais nos œuvres d'assis-
tance devraient bien s'imprégner de cet
esprit pratique, essentiellement améri-
cain elles pourraient ainsi accroître
leurs ressources et augmenter par là
même leurs prodigalités bienfaisantes.
JEAN FROLLO
LES ILLETTRÉS
J^ Le rapport de M. Edouard Petit sur
jS: l'éducation populaire, qui vient de pa-
raître à VOfficiel contient une constatation
fort intéressante c'est que le nombre des il-
lettrés en France est beaucoup moins grand
qu'on ne l'avait cru.
Des statistiques, d'ailleurs interprétées
abusivement avaient laissé supposer que
le pourcentage des illettrés absolus attei-
gnait, en certains cas, jusqu'à 25 0/0. C'était
la conclusion que d'aucuns avaient tirée des
examens de recrues. Or, M. Edouard Petit,
qui a vu les chiffres communiquées par le mi-
1 nistère de la Guerre au ministère de l'Ins-
truction publique, a étudié minutieusement
ces derniers. 11 a trouvé que le pourcentage
fléchissait à 2,76 0/0. C'est sans doute fort
suffisant, mais nous voilà très loin du calcul
primitif.
L'erreur provenait de ce qu'on ne s'enten-
dait pas sur le sens du mot a illettré ». Ce
terme doit s'appliquer aux personnes qui ne
savent ni lire, ni écrire, ni compter, mais
non à celles qui, sachant lire, écrire, comp-
ter, font des fautes contre la grammaire ou
ignorent certains points, même importants,
de l'histoire. C'est seulement en adoptât la
première définition qu'on peut faire des
comparaisons raisonnables avec l'étranger.
Le rapport nous apprend qu'au lieu de dé-
cliner, le niveau de l'instruction tend à s'éle-
ver. On ne peut que s'en féliciter. Mais
2,76 0/0 d'illettrés absolus parmi les cons-
crits constituent encore une regrettable pro-
portion, et l'œuvre postscolaire pourra et de-
vra, de ce côté, s'exercer avec activité
Le grisou fait
80 victimes en Angleterre
Toute une équipe de sauveteurs est dé-
truite par une des explosions succes-
sives.
Londres, 9 juillet.
Une série d'explosions de grisou a fait,
la nuit dernière et cet après-midi, 80 victi-
mes dans une mine du comté d'York, région
où le roi et la reine se trouvent actuellement.
Les souverains, qui avaient quitté Lon-
dres, hier, pour trois jours, afin d'aller vi-
siter quelques exploitations minières du
Yorkshire et de voir les mineurs en plein
travail, prenaient, ce matin, leur petit dé-
jeuner, quand on vint leur annoncer quel
deux explosions s'étaient produites à la
mine Cadeby, à peu de distance. La pre-
mièrp, qui avait eu lieu entre trois et qua-
tre heures du matin, dans une galerie assez
éloignée et où ne travaillaient que 35 hom-
mes, n'avait été entendue que par les mi-
neurs qui se trouvaient au fond. Ces der-
niers se mirent immédiatement à la recher-
che de leurs camarades et ayant, en cours
de route, rencontré plusieurs cadavres, ils
donnèrent l'alarme.
Des équipes de sauvetage se formèrent
aussitôt à la surface. Elles s'apprêtaient à
descendre au secours des victimes quand
une autre explosion, bien plus violente que
la précédente, puisqu'elle fut entendue à
trois kilomètres à la ronde, retentit, met-
tant sur pied toute la population des corons
voisins.
Sans se laisser effrayer, un groupe de sau-
veteurs gagna le fond, mais à peine avait-il
fait cinq cents mètres dans les galeries qu'il
en trouva tous les boisages arrachés, tandis
que, plus loin, des crépitements significatüs
indiquaient que l'incendie faisait rage.
De cinq heures à onze heures, les sauve-
teurs travaillèrent sans relâche, ramenant
de temps en temps un cadavre affreusement
brûlé. A midi, 22 corps avaient été ainsi
remontés
Tout à coup, peu après la descente d'une j
nouvelle équipe de 36 personnes, parmi les-
quelles sE trouvaient trois fonctionnaires of-
ticiels, inspecteurs des mines, et deux direc-
leurs, quatre nouvelles explosions se succé-
dèrent ébranlant le carreau de la mine. De
nouveaux sauveteurs se précipitèrent, mais
ils s'aperçurent bientôt que l'équipe qui les
avait précédés avait été victime de son dé
vouement. La plupart de ceux qui en fai-
suaient partie avaient dû être tués par la
chute des boisages ou par des blocs de pier-
re qu'avait détachés l'explosion. Les gale-
ries étaient en effet complètement obstruées.
Après plusieurs heures d'efforts, ces bra-
ves gens parvinrent jusqu'aux malheureux
qui avaient péri. A six heures du soir, les
33 mineurs tués par la première explosion
ct les cadavres de 30 sauveteurs avaient été
remontés, ainsi que 5 blessés.
Parmi les morts se trouveat un des direo
teurs et les trois inspecteurs des mines»
Comme plusieurs sauveteurs des équipes
précédentes étaient restés dans la mine, les
recherches ont continué, mais sans eoi/
de retrouver des vivants, onze heures, ca
soir, on annonce que le nombre des morts
est de 80.
I)ans la soirée, les souveraines, qui avaient
déjà envoyé un message de condoléances
aux familles des victimes, se sont rendus à
la mine en auto pour se renseigner sur la
catastrophe et exprimer de vive voix leur
sympathie aux veuves et aux orphelins.
L'aviateur Bedel
se tue à Mourmelon
Dans le monde héroïque de l'aviation, les
jours, hélas se suivent trop sombres, trop
endeuillés. Pour quelques matins de pure j
gloire, de fiers triomphes qui réconfortent,
que d'aubes tragiques qui, pour un temps,
abattent les plus audacieux et posent un
voile de doute doulourew au Iront des
pilotes d'indomptable énergie
Aujourd'hui encore la France pleure un
de ses enfants, un jeune aviateur du plus
bel avenir et dont, à bon droit, elle pouvait
attendre de grandes choses.
René Bedel s'est tué en arrivant hier ma-
tin à Mourmelon, venant de Paris, avec un
aéroplane rapide qui devait le porter dans
les éliminatoires de la coupe Bennett.
Bedel meurt victime d'un stupide accident
causé par le brouillard et un malencontreux
fil télégraphique. Il avait quitté l'aéro-
drume de villucoublay à six heures du ma-
tin se rendant à Mourmelon, où son inten-
tion était de mettre bien.au point son appa-
reil. Le voyage s'accomplit dans les meil-
leures conditions car une heure après Bedel
était en vue du camp de Chàlons.
Malheureusement, un brouillard épais
couvrait la terre. Cela sans doute ne gêna
pas trop le hardi pilote qui, connaissant lien
le champ d'atterrissage, descendit en vol
plané.
Hélas' trois fois hélas traîtresse, h peine
visible, la ligne télégraphique se trouva s^tr
la trajectoire de l'appareil. Bedel aperçut-il
l'obstacle, tenta-t-il de passer au-dessus alors
que l'appareil manquait déjà de vitesse ?,
On ne sait. On ne le saura jamais la vic-
time ne le dira point et, détail horrible, per-
sonne ne fut témoin de la chute.
C'est quelques instants après qu'une pa-
trouitle de soldats rencontra l'amas informe
du monoplan sous lequel gisait, inerte et se
refroidissant déjà, le corps du malheureux
aviateur.
Pauvre Bedel, si doux, si calme, si sym-
pathique
Max AVENAY.
RENÉ BEDLL
L'aviateur René Bedel était né à Paris, le
20 décembre 1886.
En 1911, Bedel vint à l'aviation et fit son
apprentissage aux environs de Paris, sur mono-
plan. Il passa son brevet de pilote le 8 septem-
bre 1911 et l'obtint sous le numéro 608
Possédant un sang-froid extraordinaire, Bedel
se lit remarquer par ses vols audacieux et, no-
L'aviateur Bedel
tamment, par son vol de Villacoublay à Biarritz
dans la même journée, vol qui lui valut la troi-
sième prime de la coupe Pommery.
Tout dernièrement, à Angers, il fut le second
qui partit, après Garros, dans la tempête.
Deux officiers aviateurs
tombent à Châteaufort
Versailles, 9 juillet.
Deux accidents sé sont produits à l'aéro-
drome de Châteaufort, près de Versalles.
Le lieutenant de chasseurs à pied Roeckel,
évoluait ce matin vers neuf heures sur mo-
| noplan, quand, en atterrissant, il vint heur-
I ler des !ils télégraphiques. Il eut à ce mo-
ment la précaution de se suspendre par les
mains aux haubans de son appareil, ce qui
amortit le choc et fit que -l'officier s'en tira
avec une simple blessure à la jambe gauche
et de légères contusions.
Après avoir reçu quelques soins sur place,
le lieutenant Roeekel fut reconduit à son
domicile.
Le lieutenant Garnier, du 3e hussards, fut
i la victime du second accident.
Il évoluait sur la route de Bue à Château-
fort, lorsque, voulant atterrir en vol plané,
son appareil, soit par suite d'un remous,
soit pour toute autre cause, piqua droit vers
le sol.
L'aviateur, tombé d'une dizaine de mètres,
fut relevé avec une grave blessure au ster-
num et de multiples contusions.
II fut transporté d'abord à l'hôpital mili-
taire de Versâmes, ou il reçut les soins né-
cessaires, puis à son domicile, rue de
Noailles.
Son état est sérieux, mais n'inspire ce-
pendant pas d'inquiétudes.
Le général Gouraud
enlève la kasbah du Rogui
Fez, 9 juillet.
La colonne Gouraud, après une nouvelle
marche de nuit, a surpris, hier matin, au
petit jour, la kasbah de Moulaï-Bouchta,
centre de l'action du rog'ji, fortifiée et dé-
j fendue par les Marocains.
Le combat a commencé à six heures et
s'est terminé à onze heures, par la prise
d'assaut de la kasbah.
Nos pertes sont de un tué et cinq blessés.
L'ennemi s'est enfui, laissant de nombreux
cadavres sur le terrain.
Les partisans Cherarga, Hayaïna et Riabe
suivent la colonne.
Grave situation à Marrakech
Mazagan, 9 juillet.
les correspondances parties le 7 juillet de
Marrakech disent que la situation reste gra-
ve la ville est investie par les tribus sou-
levées.
Les Européens sont enfermés dans leur
habitations, sans pouvoir sortir. j
Le bijoutier Bouvier
s'était volé lui. même
ON
Nous avons raconté, hier, comment M.
Bordes, commissaire du quartier du Fau-
bourg-Montmartre, fut amené à enquêter au
sujet de la disparition de plus de 100,000 fr.
de bijoux chez M. Henri Bouvier, 24, boule-
vard Poissonnière.
M. Bouvier avait déclaré au magistrat
qu'il avait remarqué déjà qu on avait tenté
de pénétrer chez lui, et qu'en constatant le
vol dont il avait été victime, il n'avait pas
été autrement surpris. Il alla même jus-
qu'à accuser formellement deux de ses an-
ciens collaborateurs MM. B. et F. des-
sinateurs, demeurant rue d'Avron et avenue
de Bouvines.
M. Bordes se transporta aussitôt à ces
adresses. Depuis trois jours, en effet, ces
jeunes gens avaient disparu de leur domi-
cile.
Le magistrat les fit rechercher.
Lundi, dans la nuit, les inspecteurs lais-
sés en surveillance à leur porte les arrê-
taient alors qu'ils rentraient chez eux.
Amenés au commissariat du faubourg
Montmartre, ils n'eurent aucun mal à se
disculper. Ce sont d'ailleurs de fort hon-
nêtes jeunes gens, qui, l'un comme l'autre,
avaient profité de la journée dominicale pour
se rendre dans leurs familles, aux environs
de Meaux.
M. Bordes les remit aussitôt,en liberté en
s'excusant même de la mesure vexatoire
dont il avait dû user envers eux.
Une situation désespérée
Cepdttant le magistrat réfléchit. M. Bou-
vier, en portant une accusation aussi gra-
ve contre deux travailleurs qu'il connaissait
et dont il ne pouvait ignorer la probité, les
ayant eus à son service pendant assez long-
temps, avait cherché à égarer les recher-
ches. Il avait donc un intérêt quelconque à
gagner du temps.
La déclaration de M. que nous avons
reproduite hier, était formelle. Samedi, il
avait conversé avec un individu à travers
là porte du bijoutier. Or, ce dernier affir-
mait que dimanche il s'était rendu à son
bureau et qu'il n'y avait rien remarqué
d'anormal. Ce point parut étrange à M.
Bordes. Il fit une discrète enquête sur le
passé de M. Bouvier.
M. Bouvier ne jouissait pas sur la place
d'une bonne réputation. Son crédit n'existait
plus depuis longtemps. Etabli jadis rue de
Richelieu, il avait dû liquider sa situation
dans des conditions singulières, pour échap-
per aux poursuites. Il s'était établi boulevard
Poissonnière, au nom de son père, et la mai-
son qu'il occupait au Perreux, 37, rue de la
Galté, appartenait à sa femme et était gre-
vée d'hypothèques.
Le bijoutier était l'objet d'une surveillance
toute spéciale trois de ses clients avaient
déposé des plaintes contre lui-au parquet,
pour abus de confiance. Il devait, sur la
place, pour plus de 250,000 francs de bijoux.
Enfin, les 120,000 francs de bijoux dispa-
rus de son coffre-fort ne lui appartenaient
pas. Ils lui avaient été confiés en dépôt par
une maison de Hambourg.
M. Bordes décida de procéder, en pré-
sence du plaignant, à de nouvelles consta-
tations.
Un trou trop petit.
Nous avons dit que le coffre-fort avait été
percé, qu'un trou avait été pratiqué dans le
derrière du meuble trou par lequel on s'é-
tait emparé des bijoux contenus dans des
écrins. qui furent retrouvés vides, à côté
du coffre.
M. Bordes, accompagné de ses secrétai-
res, MM. Bourgeois et Badin, procéda de-
vant M. Bouvier à un examen du meuble.
Certaines observations suffirent à lui dé-
montrer qu'il avait été impossible de perfo-
rer la plaque intérieure du coffre-fort, sans
ouvrir le meuble. Or M. Bouvier seul avait
les clefs, et connaissait le secret permettant
de le faire. et nulle trace d'effraction n'a-
vait été remarquée sur la serrure.
Interrogé sur ce point, le bijoutier demeura
impassible.
le n'y comprends rien, dit-il. Ces ban-
dits sont si adroits.
Tant d'astuce ne parvint pas à découra-
ger le magistrat.
En examinant l'ouverture faite dans le
coffre, et consistant en un trou de douze cen-
timètres carrés, il compara cet orifice à la
largeur d'un des écrins traînant sur le sol.
Ces bottes n'avaient pas moins de 25 cen-
timètres de longueur sur 18 de largeur. Il
leur avait donc été impossible de passer
par là.
M. Bordes pria M. Bouvier de replacer
l'un des écrins dans le coffre, en lui faisant
réintégrer la place qu'il avait préalablement
occupée par le trou fait derrière le meuble.
Bien entendu, M. Bouvier ne put y arriver.
Vous voyez, dit le commissaire, cette
opération est concluante. Les bijoux ont été
sorte du meuble par la porte et non par ail-
leurs.
Un coup de théAtre
En entendant ces mots, M. Bouvier pàlit
atrocement.
Il se dressa, et d'un geste brusque fouilla
dans sa poche et en sortit un revolver.
M. Bordes s'élança sur lui et le désarma
Eh bien, lui dit-il, que vouliez-vous
faire ?
Me tuer, répondit le bijoutier d'une voix
sourde, je suis perdu
Devant ce geste qui était un aveu, le ma-
gistrat mit Bouvier en état d'arrestation et
le fit conduire sous bonne garde à son com-
missariat, où il lui fit subir un long interro-
gatoire. Le bijoutier n'avait plus rien à
cacher, il fit la déclaration suivante
Depuis longtemps, ma situation était
devenue impossible. Je dois plus de 250,000
francs sur la place de Paris, et je devais dé-
sintéresser mes clients qui m'avaient con-
fié des bijoux en dépôt avant le 15 de ce
mois. Cos marchandises, je les avais ven-
dues. C'était la correctionnelle.
D'autrn part, j'avais reçu, pour les sertir
et les vendre, francs de joyaux d'une
maison de Hambourg. J'en avais fait égale-
ment de l'argent.
Une seule chance me restait pour liqui-
der ma situation. J'étais assuré contre le
vol pour 350.000 francs. Lidée de simuler
un vol germa en mon cerveau. Depuis quin-
ze jours, je ne pensais plus qu'à cela. C'était
le salut. Je préparai longuement le cam-
briolage. Chaque jour j'apportais à mon bu-
reau les ustensiles qui devaient me servir.
Et samedi, dans l'après-midi, je mis à exé-
cution mon projet.
Vous savez le reste.
M. Bordes a retrouvé les gants dont se
servit Bouvier pour opérer, sans être trahi
par ses empreintes digitales. Le bijoutier a
été,envoyé au dépôt.
C'est M. Boucard, juge d'instruction, qui
est chargé de cette affaire.
L'IMBROGLIO DE
Rosine Ldlissc avec p Clerc
porte cote celle-ci une «elle accusation
ON AURAIT NAGUÈRE VOULU EMPOISONNER LE MARI
ETC'EST NOLLET QUI SE SERAIT CHARGÉ D'ACHETER LE POISON
Versailles, 9 juillet.
Mme Clerc, Paratt et Nollet, tous trois ar-
rêtés sous la grave accusation d'avoir par-
ticipé à l'assassinat de M. Clerc, devaient
être confrontés, aujourd'hui, dans le cabi-
net de M. Rosenfeld, juge d'instruction de
Versailles.
Cette opération de justice, bien que déci-
dée, n'a pas eu lieu. Le magistrat instruc-
teur s'est borné à entendre les prisonniers
séparément et à donner connaissance,
à chacun d'eux, des accusations qui le vi-
saient.
De trois heures de l'après-midi à neuf heu-
res du soir, M. Rosenfeld interrogea succes-
sivement Mlle Rosine Lalisse, la servante
de l'institution,' Mme Clerc et Paratt.
L'audition de Nollet a été renvoyée à de-
main. Elle sera suivie d'une confrontation
des trois prisonniers qui seront, en outre,
mis en présence de Rosine Lalisse.
Bien que Nollet n'ait pas été entendu, il
semble que la journée d'hier ne lui ait guère
été favarable.
Mme Clerc aurait songé d'abord à empoi-
sonner son mari et, d'après Rosine La.lisse.,
à qui sa maitresse s'était confiée à ce sujet,
c'est Nollet qui s'était chargé de se procurer
le poison. Il avait entrepris dans ce but un
voyage de trois jours en Angleterre.
Mme Clerc, qui avait tout d'abord désigné
Paratt comme l'assassin de son mari, a
perdu un peu de son assurance sur ce point.
Elle est maintenant moins affirmative
Cest peut-être lui, dit-elle.
Il convient de retenir pourtant qu'elle s'é-
lève énergiquement contre toutes les décla-
rations qui pourraient constituer une charge
contre Nollet.
Paratt, lui, ne s'est pas départi un ins-
tant de son attitude première. n n'a rien
changé à son récit du début. Il l'a refait
trois fois sans varier d'une syllabe. L'ac-
cent de sincérité de cet homme, qui quelque
temps fut considéré comme un fou et vécut
dans un asile, n'a pas été sans émouvoir le
juge.
Km»/no et Mm Otora un mrémmnoo
L'audition de Rosine Lalisse ne dura pas
moins d'une heure et demie.
Comme il fallait s'y attendre, le juge re-
procha tout d'aboi à la servante les varia-
tions multiples qu'elle avait apportées dans
ses déclarations et lui dit qu'elle devait s'es-
timer heureuse qu'il ne l'eût point arrêtée.
Ceci dit, le magistrat invite le témoin à
s'expliquer sur un projet d'empoisonne-
ment de M. Clerc dont il avait été question
à l'institution.
Comment en avez-vous eu connaissan-
ce ? demande-t-il.
Mais par Mme Clerc elle-même, répond
Rosine Lalisse. Elle m'a dit à ce propos que
Nollet voulait bien se charger, si on lui re-
mettait une certaine somme d'argent, de se
procurer le poison nécessaire. J'ai su qu'il
était allé en Angleterre pour chercher le
toxique et que son voyage avait duré trois
jours.
Rosine Lalisse croit que c'est le mercredi
que Nollet est venu remettre le poison à
Mme Clerc, mais elle n'en est pas absolu-
ment sûre,
Invitée à raconter dans quelles circons-
tances elle vit sa patronne jeter le revolver
dans l'égout, la servante réitère ses précé-
dentes déclarations.
Dans la nuit du drame, Mme Clerc l'invita
à l'accompagner chez le médecin. La direc-
trice de l'institution tenait un revolver à la
main. Rosine Lalisse remarqua l'arme mais
ne posa aucune question à son sajet; car
elle avait fort à faire pour retenir toutes les
recommandations que sa maîtresse lui fai-
sait. En passant rue de Ville-d'Avray, elle vit
sa compagne se baisser et jeter l'arme dans
une bouche d'égout.
Mme Clerc, qui vient d'arriver en voiture
de la prison et qu'on a voulu soustraire à
la curiosité de la foule en la faisant entrer
dans le palais de justice par des portes dé-
robées, apparaît alors dans le cabinet d'ins-
truction. Elle est en grand deuil. Me Dusart,
secrétaire de Me Henri Robert, son défen-
seur, l'accompagne.
On donne lecture à la directrice de l'insti-
tution de la sente des Hauts-Tillets de la
longue déposition que Rosine Lalisse a faite.
Celle-ci est là. Elle ose à peine regarder
son ancienne patronne, et bien que les gen-
darmes ne se tiennent point de son côté, elle
parait plutôt intimidée de se trouver en pos-
ture d'accusation.
Mme Clerc, qui parait résolue à se défen-
dre énergiquement, souligne d'un vigou-
reux « C'est faux » le premier paragra-
phe du récit de Rosine Lalisse.
Fausse, d'après elle, l'histoire du projet
d'empoisonnement mensonge également,
qu'elle ait jeté un revolver l'égout.
Bien d'autres "c'est faux interrompi-
rent la lecture du greffier. Rosine se bornait
à baisser la tête. Le juge, lui, s'efforçait de
provoquer les explications de l'accusée.
Mais Mme Clerc ne paraissait pas y tenir.
A un moment donné de son témoignage,
Rosine Lalisse raconte qu'ayant entendu un
coup de feu et des cris Au secours » elle
accourut dans le jardin, en chemise, et sim-
plement vêtue d'un jupon.
C'est faux, s'écrie .Vlme Clerc, vous
étiez chaussée et même complètement ha-
billée. Ce fait suggéra même cette réflexion
à mon mari « Mais celle-là aussi est de la
bande ».
Rosine ne répond rien.
Le magistrat lui rend alors sa liberté. Elle
descend aussitôt dans la loge du concierge,
où on lui rembourse son déplacement, et
s'en va d'une allure guillerette vers le tram-
way qui doit la ramener à Sèvres.
Paratt n'accusa pas.
M. Rosenfeld fait ensuite donner connais-
sance il Mme Clerc de la déposition de Pa-
ratt. L'ancien pensionnaire de Ville-Evrard,
qu'a,ssistent M" Emile Laurent et Robert
Mesplié, tst le seul à n'accuser personne. Il
se borne, dans ses déclarations, à protester
de son innocence, et on doit reconnaitre qu'il
ne s'en tire point trop mal.
Invitée à donner son sentiment sur les ex-
plications de Paratt, Mme Clerc parait quel-
que peu ébranlée.
Je crois bien que c'est lui qui a tiré,
articule-t-eUe, mais si ce n'était pas lui, je
Rosine Lalisse
ne saurais vraiment pas par qui mon mari
a été tué.
En dépit de son habileté et de ses efforts,
le juge ne put tirer autre chose de Mine
Clerc. Il arrête là son interrogatoire et la
renvoie en prison. Mme Clerc, dont les for-
ces sont à bout, s'éloigne en étanchant ses
pleurs à l'aide de son mouchoir.
Parait s'oxp/Z^aa é son tour
Après qu'on lui eut donné lecture vers passages de?; dépositions par
Mme Clerc et Nollet qui l'accusent, Paratt
a renouvelé en les
déclarations.
Mon intention n'est pas d'imputer oc en,
me à qui que ce soit, dit-il, mais je ne 'eu\
pas en être accusé moi-même, pnisque jy
suis demeuré entièrement étranger. J'ai tou-
jours considéré Xollet comme un ami, et j'é-
prouvais une très vive sympathie à l'endroit
de Mme Clerc. Dès lors pourquoi essayerais-
je de les mettre l'un ou l'autre dans un mau-
vais cas Je veux dire la vérité tout simple-
ment.
Il est exact que c'est par moi que Mme
Clerc a connu Notlet. Ma petite Germaine
était en pension à Sèvres, ef Nollet," qui était
mon ami, s'intéressait beaucoup à l'enfant,
Il était donc tout naturel qu'il lu vint voir
avec moi dans son institution. Voilà pour la
façon dont Mme Clerc et Nollet firent con-
naissance.
C'est moi qui eus l'idée d'entrer à Ville-
Evrard. Nollet m'y aida. Une fort grave ma-
ladie, que j'avais contractée il y a vingt-
cinq ans, m'occasionnait parfois des tron-
bles cérébraux j'étais en proie à des né-
vralgies qui s'aggravaient d'amnésie. Je
conçus le projet d'aller me reposer quelque
temps à l'asile de ViUe-Evrai-d, et Nollet
voulut bien entreprendre les démarches qui
devaient provoquer mon admission. Afin
qu'on me reçut à titre d'indigent, sans me
réclamer la moindre indemnité, Nollet ac-
cepta de conserver par devers lui les 120 fr.
qui constituaient toute ma fortune.
Au bout de quinze jours, la terrible pro-
miscuité de l'asile me lassa. Je voulus m'en
aller. Longtemps je m'étais adonné à la
pêche avec passion. Le fait d'être privé de
cet agrément me faisait beaucoup souffrir.
J'aurais voulu aller m'insiaJler sur les bords
de l'étang de Verrières et n'en plus bouger
de longtemps. Nollet fit de nouvelles démar-
ches pour me délivrer. Il y réussit d'autant
mieux que le médecin voulut bien reconnaî-
tre que je n'étais plus malade.
Je sortis le jeudi matin qui précéda le dra.
me et je rencontrai aussitôt Nollet, qui m'at-
tendait dans un café. Il me rendit l'argent
que je lui avais confié et me suggéra, plutôt
que de m'en aller à Verrières, de ni'installer
à Sèvres, chez Mme Clerc, qui ne refuserait
certainement pas de me louer une chambte.
Mon ami me fit valoir que je pourrais pê-
cher tout aussi facilement à Sèvres qu'à Ver-
rières et il me cita tous les étangs que je
trouverais à proximité de l'institution.
Nollet prétend que je l'ai chargé d'ache-
ter un revolver.
Ici, je dois lui donner un démenti. C'est
lui-même qui m'annonça, dans cette entre-
vue du jeudi,,qu'il venait d'acquérir cette
arme et qu'il était -désireux de l'essayer.
Allons demain matin dans la forét de
Saint-Cloud, lui dis-je.
Le vendredi matin, nous nous rendîmes
à Saint-Cloud, et Nollet déchargea un coup
de revolver contre un arbre.
Avez-vous vu cette arme ? demanda le
ju<*e. Pouvez-vous nous dire si c'était un re-
volver ou un pistolet automatique ?
Je l'ai bien vue, répondit Nollet, mais
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Le succès qu'a remporté la députa-
lion française de la Croix-Rouge en
Amérique a surpris quelques person-
nes mal informées. Elles ne s'imagi-
naient guère, et cette erreur est assez
répandue, que la charité et l'assistance
avaient droit de vie dans le pays par
excellence de l'individualisme. Quand on
prononce le mot « américain on voit
tout de suite un être volontaire, maître
de ses nerfs et ne songeant qu'à son
enrichissement moral et matériel. Il
faut détruire ce préjugé. L'Amérique
est au contraire un pays où les sociétés
de bienfaisance sont fort nombreuses a
jouent un rôle important de relèvement
social. Il y a, là-bas, plus que partout
ailleurs, un déchet social immense.
L'Amérique se débarrasse très vite des
étrangers qui commettent des délits,
troublent l'ordre mais il reste les au-
tres, les malchanceux, les paresseux, les
malades. C'est de ceux-là qu'il faut s'oc-
cuper, ,s'efforcer de les relever, et les re-
mettre'dans le droit chemin.
Le droit d'entrée en Amérique est de
deux dollars seulement. Aussi les étran-
gers grossissent-ils chaque année en
nombre. En 1903, l'on compte annuelle-
ment 857,046 émigrants en 1907,
1,285,340. Et le flot monte toujours.
Dans cette armée, tombent en route des
• vieillards, des femmes et des enfants
il faut les empêcher de rouler dans les
vices dégradants. Les gens d'outre-mer
s'y sont employés avec un zèle louable.
M. Firmin Roz, dans son beau livre
consacré à l'énergie américaine. nous
parle d'abord du Boy's Club de San-
Francisco, le Cercle des gamins, dû à
l'initiative d'un seul homme, NI. Peixot-
to. Celui-ci, choqué de voir tant d'en-
fants pauvres rôder et se battre dans la
rue, eut l'idée de les réunir, de leur ap-
prendre à administrer leurs propres in-
térêts, à se divertir honnêtement. Ce
projet enthousiasma une vieille dame,
qui donna une maison, dans un quar-
Lier ouvrier. Mais là, les difficultés
Commencèrent, car il fallut vaincre la
résistance acharnée des parents qui mi-
rent tout d'abord l'apôtre à la porte. Au-
jourd'hui, le cercle compte des milliers
d'enfants il est en pleine prospérité.
Mais là-bas, et nous devrions bien les
imiter chez nous, les philanthropes pen-
sent sagement que toutes les œuvres hu-
tnaines ont besoin d'un capital pour vi-
vre. Il est nécessaire d'en constituer un,
6t le plus gros possible. L'union pour
l'industrie et l'éducation des femmes de
Boston organise des cours qui ne sont
pas gratuits elle écoule des travaux ou
produits de fabrication avec une rete-
nue de 10 0/0 sur le prix de vente. Le
budget total de l'oeuvre s'élève à près
d'un million. On peut accuser la phi-
lanthropie américaine de ne pas négliger
la spéculation, d'en tirer profit même.
Où est le mal. lorsque le but est désin-
téressé ? Les asiles de nuit, les Mill's
hôtels, à New-York, rapportPnt six
pour cent à leur fondateur. Une seule
de ces maisons compte 1,554 chambres,
qui sont occupées tous les soirs. Rien
n'y manque ascenseurs rapides, lava-
bos avec serviette et savon gratuit, à
tous les étages, cinquante cabines à dou-
ches avec appareils automatiques, plu-
sieurs cuves de pierre munies 'de robi-
nets d'eau chaude et d'eau froide, et
tout Ce confort pour vingt sous par nuit,
Moins de dix sous en Europe « le prix,
;dit M. Jules Huret, qu'on nous deman-
de pour blanchir une chemise, ou qua-
tre mouchoirs ou quatre faux cols. »
Ce mélange d'idéalisme et d'esprit
pratique, on le trouve dans toutes les
teuvres d'assistance et ces deux aspects
¡donnent parfois une note fort comique
leur propagande. Un voyageur fran-
geais, M. des Rouziers, rapporte qu'il vit
quelques heures de distance deux ré-
jplames de la Y. M. C. A., l'association
chrétienne des jeunes gens l'une an-
nonçait une conférence sur la chasteté,
avec ce titre « Joseph, homme pur »
l'autre faisait valoir tout ce que l'asso-
ciation donnait en échange d'une coti-
sation annuelle de vingt-cinq francs
gymnase avec les appareils les plus per-
ïectionnés, bains, douches en pluie, en
jet; classes d'instruction pour la tenue
des livres, sténographie, etc.
L'on a sagement compris, en Amé-
rique, que l'union était nécessaire entre
les différentes œuvres, entre les divers
cultes, lorsqu'il s'agissait de faire le
bien. On a vu, là-bas, le cardinal Gib-
bons soutenir la campagne antialcoo-
lique de l'armée du Salut et prêter la
cathédrale aux meetings organisés par
elle. L'action sociale aux Etats-Unis
compte parmi ses œuvres les plus origi-
nales celle des settlements. On appelle
ainsi un groupement d'hommes et de
femmes appartenant à la meilleure so-
ciété et venant vivre, par simple dé-
vouement, au milieu des quartiers po-
puleux et pauvres. Ceux-ci entrent
dans les foyers pour y apporter de la
joie. de la lumière et de la santé. On
assainit la maison avant de s'occuper
de l'âme des habitants mais dans
l'ordre moral, tout se correspond et tout
s'enchaîne. Est-il besoin de dire que
dans ces œuvres les femmes accomplis-
sent des merveilles? Elles sont les bons
génies de la misère.
Les œuvres sociales d'Amérique sont
intéressantes n plus d'un titre d'abord
elles prouvent qu'outre-mer les idées
de charité et de bienfaisance sont hono-
rées et mises en pratique ensuite, elles
montrent que les hommes peuvent sortir
de leurs occupations pour diminuer la
îomme des misères qui croupissent au-
tour d'eux enfin, elles exaltent le rble
des femmes, détruisant ainsi certaines
erreurs. Les Latins jugent les Améri-
cains trop souvent d'après quelques spé-
cimens de femmes, milliardaires par
trop originales, "ija'Sîs" ont entrevues. On
les représente volontiers futiles, dédai-
gneuses des efforts qui sont faits pour
elles. Il existe, outre-Manche, un autre
élément féminin. Un grand nombre de
jeunes filles ne se marient pas esprits
libérés qui veulent conserver toute leur
énergie, âmes idéalistes que la vie mon-
daine ne satisfait pas, c'est tout cela
sans doute. Et ce sont ces femmes que
l'on retrouve dans les settlements dans
les sociétés de bienfaisance, dans les
clubs. Il serait curieux de montrer par
le détail la grande influence qu'ont
exercée en Amérique les cercles fémi-
nins. Au point de vue éducatif, social,
leur action est véritablement impor-
tante. Ce sont les cercles qui ont imposé
les femmes dans les grandes adminis-
1 trations et, sans se lasser, ont défendu
leurs droits. Nous n'avons pas à les
donner en exemple aux femmes fran-
çaises, celles-ci de tout temps ont mani-
festé le plus bel esprit de dévouement
et de charité. Mais nos œuvres d'assis-
tance devraient bien s'imprégner de cet
esprit pratique, essentiellement améri-
cain elles pourraient ainsi accroître
leurs ressources et augmenter par là
même leurs prodigalités bienfaisantes.
JEAN FROLLO
LES ILLETTRÉS
J^ Le rapport de M. Edouard Petit sur
jS: l'éducation populaire, qui vient de pa-
raître à VOfficiel contient une constatation
fort intéressante c'est que le nombre des il-
lettrés en France est beaucoup moins grand
qu'on ne l'avait cru.
Des statistiques, d'ailleurs interprétées
abusivement avaient laissé supposer que
le pourcentage des illettrés absolus attei-
gnait, en certains cas, jusqu'à 25 0/0. C'était
la conclusion que d'aucuns avaient tirée des
examens de recrues. Or, M. Edouard Petit,
qui a vu les chiffres communiquées par le mi-
1 nistère de la Guerre au ministère de l'Ins-
truction publique, a étudié minutieusement
ces derniers. 11 a trouvé que le pourcentage
fléchissait à 2,76 0/0. C'est sans doute fort
suffisant, mais nous voilà très loin du calcul
primitif.
L'erreur provenait de ce qu'on ne s'enten-
dait pas sur le sens du mot a illettré ». Ce
terme doit s'appliquer aux personnes qui ne
savent ni lire, ni écrire, ni compter, mais
non à celles qui, sachant lire, écrire, comp-
ter, font des fautes contre la grammaire ou
ignorent certains points, même importants,
de l'histoire. C'est seulement en adoptât la
première définition qu'on peut faire des
comparaisons raisonnables avec l'étranger.
Le rapport nous apprend qu'au lieu de dé-
cliner, le niveau de l'instruction tend à s'éle-
ver. On ne peut que s'en féliciter. Mais
2,76 0/0 d'illettrés absolus parmi les cons-
crits constituent encore une regrettable pro-
portion, et l'œuvre postscolaire pourra et de-
vra, de ce côté, s'exercer avec activité
Le grisou fait
80 victimes en Angleterre
Toute une équipe de sauveteurs est dé-
truite par une des explosions succes-
sives.
Londres, 9 juillet.
Une série d'explosions de grisou a fait,
la nuit dernière et cet après-midi, 80 victi-
mes dans une mine du comté d'York, région
où le roi et la reine se trouvent actuellement.
Les souverains, qui avaient quitté Lon-
dres, hier, pour trois jours, afin d'aller vi-
siter quelques exploitations minières du
Yorkshire et de voir les mineurs en plein
travail, prenaient, ce matin, leur petit dé-
jeuner, quand on vint leur annoncer quel
deux explosions s'étaient produites à la
mine Cadeby, à peu de distance. La pre-
mièrp, qui avait eu lieu entre trois et qua-
tre heures du matin, dans une galerie assez
éloignée et où ne travaillaient que 35 hom-
mes, n'avait été entendue que par les mi-
neurs qui se trouvaient au fond. Ces der-
niers se mirent immédiatement à la recher-
che de leurs camarades et ayant, en cours
de route, rencontré plusieurs cadavres, ils
donnèrent l'alarme.
Des équipes de sauvetage se formèrent
aussitôt à la surface. Elles s'apprêtaient à
descendre au secours des victimes quand
une autre explosion, bien plus violente que
la précédente, puisqu'elle fut entendue à
trois kilomètres à la ronde, retentit, met-
tant sur pied toute la population des corons
voisins.
Sans se laisser effrayer, un groupe de sau-
veteurs gagna le fond, mais à peine avait-il
fait cinq cents mètres dans les galeries qu'il
en trouva tous les boisages arrachés, tandis
que, plus loin, des crépitements significatüs
indiquaient que l'incendie faisait rage.
De cinq heures à onze heures, les sauve-
teurs travaillèrent sans relâche, ramenant
de temps en temps un cadavre affreusement
brûlé. A midi, 22 corps avaient été ainsi
remontés
Tout à coup, peu après la descente d'une j
nouvelle équipe de 36 personnes, parmi les-
quelles sE trouvaient trois fonctionnaires of-
ticiels, inspecteurs des mines, et deux direc-
leurs, quatre nouvelles explosions se succé-
dèrent ébranlant le carreau de la mine. De
nouveaux sauveteurs se précipitèrent, mais
ils s'aperçurent bientôt que l'équipe qui les
avait précédés avait été victime de son dé
vouement. La plupart de ceux qui en fai-
suaient partie avaient dû être tués par la
chute des boisages ou par des blocs de pier-
re qu'avait détachés l'explosion. Les gale-
ries étaient en effet complètement obstruées.
Après plusieurs heures d'efforts, ces bra-
ves gens parvinrent jusqu'aux malheureux
qui avaient péri. A six heures du soir, les
33 mineurs tués par la première explosion
ct les cadavres de 30 sauveteurs avaient été
remontés, ainsi que 5 blessés.
Parmi les morts se trouveat un des direo
teurs et les trois inspecteurs des mines»
Comme plusieurs sauveteurs des équipes
précédentes étaient restés dans la mine, les
recherches ont continué, mais sans e
de retrouver des vivants, onze heures, ca
soir, on annonce que le nombre des morts
est de 80.
I)ans la soirée, les souveraines, qui avaient
déjà envoyé un message de condoléances
aux familles des victimes, se sont rendus à
la mine en auto pour se renseigner sur la
catastrophe et exprimer de vive voix leur
sympathie aux veuves et aux orphelins.
L'aviateur Bedel
se tue à Mourmelon
Dans le monde héroïque de l'aviation, les
jours, hélas se suivent trop sombres, trop
endeuillés. Pour quelques matins de pure j
gloire, de fiers triomphes qui réconfortent,
que d'aubes tragiques qui, pour un temps,
abattent les plus audacieux et posent un
voile de doute doulourew au Iront des
pilotes d'indomptable énergie
Aujourd'hui encore la France pleure un
de ses enfants, un jeune aviateur du plus
bel avenir et dont, à bon droit, elle pouvait
attendre de grandes choses.
René Bedel s'est tué en arrivant hier ma-
tin à Mourmelon, venant de Paris, avec un
aéroplane rapide qui devait le porter dans
les éliminatoires de la coupe Bennett.
Bedel meurt victime d'un stupide accident
causé par le brouillard et un malencontreux
fil télégraphique. Il avait quitté l'aéro-
drume de villucoublay à six heures du ma-
tin se rendant à Mourmelon, où son inten-
tion était de mettre bien.au point son appa-
reil. Le voyage s'accomplit dans les meil-
leures conditions car une heure après Bedel
était en vue du camp de Chàlons.
Malheureusement, un brouillard épais
couvrait la terre. Cela sans doute ne gêna
pas trop le hardi pilote qui, connaissant lien
le champ d'atterrissage, descendit en vol
plané.
Hélas' trois fois hélas traîtresse, h peine
visible, la ligne télégraphique se trouva s^tr
la trajectoire de l'appareil. Bedel aperçut-il
l'obstacle, tenta-t-il de passer au-dessus alors
que l'appareil manquait déjà de vitesse ?,
On ne sait. On ne le saura jamais la vic-
time ne le dira point et, détail horrible, per-
sonne ne fut témoin de la chute.
C'est quelques instants après qu'une pa-
trouitle de soldats rencontra l'amas informe
du monoplan sous lequel gisait, inerte et se
refroidissant déjà, le corps du malheureux
aviateur.
Pauvre Bedel, si doux, si calme, si sym-
pathique
Max AVENAY.
RENÉ BEDLL
L'aviateur René Bedel était né à Paris, le
20 décembre 1886.
En 1911, Bedel vint à l'aviation et fit son
apprentissage aux environs de Paris, sur mono-
plan. Il passa son brevet de pilote le 8 septem-
bre 1911 et l'obtint sous le numéro 608
Possédant un sang-froid extraordinaire, Bedel
se lit remarquer par ses vols audacieux et, no-
L'aviateur Bedel
tamment, par son vol de Villacoublay à Biarritz
dans la même journée, vol qui lui valut la troi-
sième prime de la coupe Pommery.
Tout dernièrement, à Angers, il fut le second
qui partit, après Garros, dans la tempête.
Deux officiers aviateurs
tombent à Châteaufort
Versailles, 9 juillet.
Deux accidents sé sont produits à l'aéro-
drome de Châteaufort, près de Versalles.
Le lieutenant de chasseurs à pied Roeckel,
évoluait ce matin vers neuf heures sur mo-
| noplan, quand, en atterrissant, il vint heur-
I ler des !ils télégraphiques. Il eut à ce mo-
ment la précaution de se suspendre par les
mains aux haubans de son appareil, ce qui
amortit le choc et fit que -l'officier s'en tira
avec une simple blessure à la jambe gauche
et de légères contusions.
Après avoir reçu quelques soins sur place,
le lieutenant Roeekel fut reconduit à son
domicile.
Le lieutenant Garnier, du 3e hussards, fut
i la victime du second accident.
Il évoluait sur la route de Bue à Château-
fort, lorsque, voulant atterrir en vol plané,
son appareil, soit par suite d'un remous,
soit pour toute autre cause, piqua droit vers
le sol.
L'aviateur, tombé d'une dizaine de mètres,
fut relevé avec une grave blessure au ster-
num et de multiples contusions.
II fut transporté d'abord à l'hôpital mili-
taire de Versâmes, ou il reçut les soins né-
cessaires, puis à son domicile, rue de
Noailles.
Son état est sérieux, mais n'inspire ce-
pendant pas d'inquiétudes.
Le général Gouraud
enlève la kasbah du Rogui
Fez, 9 juillet.
La colonne Gouraud, après une nouvelle
marche de nuit, a surpris, hier matin, au
petit jour, la kasbah de Moulaï-Bouchta,
centre de l'action du rog'ji, fortifiée et dé-
j fendue par les Marocains.
Le combat a commencé à six heures et
s'est terminé à onze heures, par la prise
d'assaut de la kasbah.
Nos pertes sont de un tué et cinq blessés.
L'ennemi s'est enfui, laissant de nombreux
cadavres sur le terrain.
Les partisans Cherarga, Hayaïna et Riabe
suivent la colonne.
Grave situation à Marrakech
Mazagan, 9 juillet.
les correspondances parties le 7 juillet de
Marrakech disent que la situation reste gra-
ve la ville est investie par les tribus sou-
levées.
Les Européens sont enfermés dans leur
habitations, sans pouvoir sortir. j
Le bijoutier Bouvier
s'était volé lui. même
ON
Nous avons raconté, hier, comment M.
Bordes, commissaire du quartier du Fau-
bourg-Montmartre, fut amené à enquêter au
sujet de la disparition de plus de 100,000 fr.
de bijoux chez M. Henri Bouvier, 24, boule-
vard Poissonnière.
M. Bouvier avait déclaré au magistrat
qu'il avait remarqué déjà qu on avait tenté
de pénétrer chez lui, et qu'en constatant le
vol dont il avait été victime, il n'avait pas
été autrement surpris. Il alla même jus-
qu'à accuser formellement deux de ses an-
ciens collaborateurs MM. B. et F. des-
sinateurs, demeurant rue d'Avron et avenue
de Bouvines.
M. Bordes se transporta aussitôt à ces
adresses. Depuis trois jours, en effet, ces
jeunes gens avaient disparu de leur domi-
cile.
Le magistrat les fit rechercher.
Lundi, dans la nuit, les inspecteurs lais-
sés en surveillance à leur porte les arrê-
taient alors qu'ils rentraient chez eux.
Amenés au commissariat du faubourg
Montmartre, ils n'eurent aucun mal à se
disculper. Ce sont d'ailleurs de fort hon-
nêtes jeunes gens, qui, l'un comme l'autre,
avaient profité de la journée dominicale pour
se rendre dans leurs familles, aux environs
de Meaux.
M. Bordes les remit aussitôt,en liberté en
s'excusant même de la mesure vexatoire
dont il avait dû user envers eux.
Une situation désespérée
Cepdttant le magistrat réfléchit. M. Bou-
vier, en portant une accusation aussi gra-
ve contre deux travailleurs qu'il connaissait
et dont il ne pouvait ignorer la probité, les
ayant eus à son service pendant assez long-
temps, avait cherché à égarer les recher-
ches. Il avait donc un intérêt quelconque à
gagner du temps.
La déclaration de M. que nous avons
reproduite hier, était formelle. Samedi, il
avait conversé avec un individu à travers
là porte du bijoutier. Or, ce dernier affir-
mait que dimanche il s'était rendu à son
bureau et qu'il n'y avait rien remarqué
d'anormal. Ce point parut étrange à M.
Bordes. Il fit une discrète enquête sur le
passé de M. Bouvier.
M. Bouvier ne jouissait pas sur la place
d'une bonne réputation. Son crédit n'existait
plus depuis longtemps. Etabli jadis rue de
Richelieu, il avait dû liquider sa situation
dans des conditions singulières, pour échap-
per aux poursuites. Il s'était établi boulevard
Poissonnière, au nom de son père, et la mai-
son qu'il occupait au Perreux, 37, rue de la
Galté, appartenait à sa femme et était gre-
vée d'hypothèques.
Le bijoutier était l'objet d'une surveillance
toute spéciale trois de ses clients avaient
déposé des plaintes contre lui-au parquet,
pour abus de confiance. Il devait, sur la
place, pour plus de 250,000 francs de bijoux.
Enfin, les 120,000 francs de bijoux dispa-
rus de son coffre-fort ne lui appartenaient
pas. Ils lui avaient été confiés en dépôt par
une maison de Hambourg.
M. Bordes décida de procéder, en pré-
sence du plaignant, à de nouvelles consta-
tations.
Un trou trop petit.
Nous avons dit que le coffre-fort avait été
percé, qu'un trou avait été pratiqué dans le
derrière du meuble trou par lequel on s'é-
tait emparé des bijoux contenus dans des
écrins. qui furent retrouvés vides, à côté
du coffre.
M. Bordes, accompagné de ses secrétai-
res, MM. Bourgeois et Badin, procéda de-
vant M. Bouvier à un examen du meuble.
Certaines observations suffirent à lui dé-
montrer qu'il avait été impossible de perfo-
rer la plaque intérieure du coffre-fort, sans
ouvrir le meuble. Or M. Bouvier seul avait
les clefs, et connaissait le secret permettant
de le faire. et nulle trace d'effraction n'a-
vait été remarquée sur la serrure.
Interrogé sur ce point, le bijoutier demeura
impassible.
le n'y comprends rien, dit-il. Ces ban-
dits sont si adroits.
Tant d'astuce ne parvint pas à découra-
ger le magistrat.
En examinant l'ouverture faite dans le
coffre, et consistant en un trou de douze cen-
timètres carrés, il compara cet orifice à la
largeur d'un des écrins traînant sur le sol.
Ces bottes n'avaient pas moins de 25 cen-
timètres de longueur sur 18 de largeur. Il
leur avait donc été impossible de passer
par là.
M. Bordes pria M. Bouvier de replacer
l'un des écrins dans le coffre, en lui faisant
réintégrer la place qu'il avait préalablement
occupée par le trou fait derrière le meuble.
Bien entendu, M. Bouvier ne put y arriver.
Vous voyez, dit le commissaire, cette
opération est concluante. Les bijoux ont été
sorte du meuble par la porte et non par ail-
leurs.
Un coup de théAtre
En entendant ces mots, M. Bouvier pàlit
atrocement.
Il se dressa, et d'un geste brusque fouilla
dans sa poche et en sortit un revolver.
M. Bordes s'élança sur lui et le désarma
Eh bien, lui dit-il, que vouliez-vous
faire ?
Me tuer, répondit le bijoutier d'une voix
sourde, je suis perdu
Devant ce geste qui était un aveu, le ma-
gistrat mit Bouvier en état d'arrestation et
le fit conduire sous bonne garde à son com-
missariat, où il lui fit subir un long interro-
gatoire. Le bijoutier n'avait plus rien à
cacher, il fit la déclaration suivante
Depuis longtemps, ma situation était
devenue impossible. Je dois plus de 250,000
francs sur la place de Paris, et je devais dé-
sintéresser mes clients qui m'avaient con-
fié des bijoux en dépôt avant le 15 de ce
mois. Cos marchandises, je les avais ven-
dues. C'était la correctionnelle.
D'autrn part, j'avais reçu, pour les sertir
et les vendre, francs de joyaux d'une
maison de Hambourg. J'en avais fait égale-
ment de l'argent.
Une seule chance me restait pour liqui-
der ma situation. J'étais assuré contre le
vol pour 350.000 francs. Lidée de simuler
un vol germa en mon cerveau. Depuis quin-
ze jours, je ne pensais plus qu'à cela. C'était
le salut. Je préparai longuement le cam-
briolage. Chaque jour j'apportais à mon bu-
reau les ustensiles qui devaient me servir.
Et samedi, dans l'après-midi, je mis à exé-
cution mon projet.
Vous savez le reste.
M. Bordes a retrouvé les gants dont se
servit Bouvier pour opérer, sans être trahi
par ses empreintes digitales. Le bijoutier a
été,envoyé au dépôt.
C'est M. Boucard, juge d'instruction, qui
est chargé de cette affaire.
L'IMBROGLIO DE
Rosine Ldlissc avec p Clerc
porte cote celle-ci une «elle accusation
ON AURAIT NAGUÈRE VOULU EMPOISONNER LE MARI
ETC'EST NOLLET QUI SE SERAIT CHARGÉ D'ACHETER LE POISON
Versailles, 9 juillet.
Mme Clerc, Paratt et Nollet, tous trois ar-
rêtés sous la grave accusation d'avoir par-
ticipé à l'assassinat de M. Clerc, devaient
être confrontés, aujourd'hui, dans le cabi-
net de M. Rosenfeld, juge d'instruction de
Versailles.
Cette opération de justice, bien que déci-
dée, n'a pas eu lieu. Le magistrat instruc-
teur s'est borné à entendre les prisonniers
séparément et à donner connaissance,
à chacun d'eux, des accusations qui le vi-
saient.
De trois heures de l'après-midi à neuf heu-
res du soir, M. Rosenfeld interrogea succes-
sivement Mlle Rosine Lalisse, la servante
de l'institution,' Mme Clerc et Paratt.
L'audition de Nollet a été renvoyée à de-
main. Elle sera suivie d'une confrontation
des trois prisonniers qui seront, en outre,
mis en présence de Rosine Lalisse.
Bien que Nollet n'ait pas été entendu, il
semble que la journée d'hier ne lui ait guère
été favarable.
Mme Clerc aurait songé d'abord à empoi-
sonner son mari et, d'après Rosine La.lisse.,
à qui sa maitresse s'était confiée à ce sujet,
c'est Nollet qui s'était chargé de se procurer
le poison. Il avait entrepris dans ce but un
voyage de trois jours en Angleterre.
Mme Clerc, qui avait tout d'abord désigné
Paratt comme l'assassin de son mari, a
perdu un peu de son assurance sur ce point.
Elle est maintenant moins affirmative
Cest peut-être lui, dit-elle.
Il convient de retenir pourtant qu'elle s'é-
lève énergiquement contre toutes les décla-
rations qui pourraient constituer une charge
contre Nollet.
Paratt, lui, ne s'est pas départi un ins-
tant de son attitude première. n n'a rien
changé à son récit du début. Il l'a refait
trois fois sans varier d'une syllabe. L'ac-
cent de sincérité de cet homme, qui quelque
temps fut considéré comme un fou et vécut
dans un asile, n'a pas été sans émouvoir le
juge.
Km»/no et Mm Otora un mrémmnoo
L'audition de Rosine Lalisse ne dura pas
moins d'une heure et demie.
Comme il fallait s'y attendre, le juge re-
procha tout d'aboi à la servante les varia-
tions multiples qu'elle avait apportées dans
ses déclarations et lui dit qu'elle devait s'es-
timer heureuse qu'il ne l'eût point arrêtée.
Ceci dit, le magistrat invite le témoin à
s'expliquer sur un projet d'empoisonne-
ment de M. Clerc dont il avait été question
à l'institution.
Comment en avez-vous eu connaissan-
ce ? demande-t-il.
Mais par Mme Clerc elle-même, répond
Rosine Lalisse. Elle m'a dit à ce propos que
Nollet voulait bien se charger, si on lui re-
mettait une certaine somme d'argent, de se
procurer le poison nécessaire. J'ai su qu'il
était allé en Angleterre pour chercher le
toxique et que son voyage avait duré trois
jours.
Rosine Lalisse croit que c'est le mercredi
que Nollet est venu remettre le poison à
Mme Clerc, mais elle n'en est pas absolu-
ment sûre,
Invitée à raconter dans quelles circons-
tances elle vit sa patronne jeter le revolver
dans l'égout, la servante réitère ses précé-
dentes déclarations.
Dans la nuit du drame, Mme Clerc l'invita
à l'accompagner chez le médecin. La direc-
trice de l'institution tenait un revolver à la
main. Rosine Lalisse remarqua l'arme mais
ne posa aucune question à son sajet; car
elle avait fort à faire pour retenir toutes les
recommandations que sa maîtresse lui fai-
sait. En passant rue de Ville-d'Avray, elle vit
sa compagne se baisser et jeter l'arme dans
une bouche d'égout.
Mme Clerc, qui vient d'arriver en voiture
de la prison et qu'on a voulu soustraire à
la curiosité de la foule en la faisant entrer
dans le palais de justice par des portes dé-
robées, apparaît alors dans le cabinet d'ins-
truction. Elle est en grand deuil. Me Dusart,
secrétaire de Me Henri Robert, son défen-
seur, l'accompagne.
On donne lecture à la directrice de l'insti-
tution de la sente des Hauts-Tillets de la
longue déposition que Rosine Lalisse a faite.
Celle-ci est là. Elle ose à peine regarder
son ancienne patronne, et bien que les gen-
darmes ne se tiennent point de son côté, elle
parait plutôt intimidée de se trouver en pos-
ture d'accusation.
Mme Clerc, qui parait résolue à se défen-
dre énergiquement, souligne d'un vigou-
reux « C'est faux » le premier paragra-
phe du récit de Rosine Lalisse.
Fausse, d'après elle, l'histoire du projet
d'empoisonnement mensonge également,
qu'elle ait jeté un revolver l'égout.
Bien d'autres "c'est faux interrompi-
rent la lecture du greffier. Rosine se bornait
à baisser la tête. Le juge, lui, s'efforçait de
provoquer les explications de l'accusée.
Mais Mme Clerc ne paraissait pas y tenir.
A un moment donné de son témoignage,
Rosine Lalisse raconte qu'ayant entendu un
coup de feu et des cris Au secours » elle
accourut dans le jardin, en chemise, et sim-
plement vêtue d'un jupon.
C'est faux, s'écrie .Vlme Clerc, vous
étiez chaussée et même complètement ha-
billée. Ce fait suggéra même cette réflexion
à mon mari « Mais celle-là aussi est de la
bande ».
Rosine ne répond rien.
Le magistrat lui rend alors sa liberté. Elle
descend aussitôt dans la loge du concierge,
où on lui rembourse son déplacement, et
s'en va d'une allure guillerette vers le tram-
way qui doit la ramener à Sèvres.
Paratt n'accusa pas.
M. Rosenfeld fait ensuite donner connais-
sance il Mme Clerc de la déposition de Pa-
ratt. L'ancien pensionnaire de Ville-Evrard,
qu'a,ssistent M" Emile Laurent et Robert
Mesplié, tst le seul à n'accuser personne. Il
se borne, dans ses déclarations, à protester
de son innocence, et on doit reconnaitre qu'il
ne s'en tire point trop mal.
Invitée à donner son sentiment sur les ex-
plications de Paratt, Mme Clerc parait quel-
que peu ébranlée.
Je crois bien que c'est lui qui a tiré,
articule-t-eUe, mais si ce n'était pas lui, je
Rosine Lalisse
ne saurais vraiment pas par qui mon mari
a été tué.
En dépit de son habileté et de ses efforts,
le juge ne put tirer autre chose de Mine
Clerc. Il arrête là son interrogatoire et la
renvoie en prison. Mme Clerc, dont les for-
ces sont à bout, s'éloigne en étanchant ses
pleurs à l'aide de son mouchoir.
Parait s'oxp/Z^aa é son tour
Après qu'on lui eut donné lecture
Mme Clerc et Nollet qui l'accusent, Paratt
a renouvelé en les
déclarations.
Mon intention n'est pas d'imputer oc en,
me à qui que ce soit, dit-il, mais je ne 'eu\
pas en être accusé moi-même, pnisque jy
suis demeuré entièrement étranger. J'ai tou-
jours considéré Xollet comme un ami, et j'é-
prouvais une très vive sympathie à l'endroit
de Mme Clerc. Dès lors pourquoi essayerais-
je de les mettre l'un ou l'autre dans un mau-
vais cas Je veux dire la vérité tout simple-
ment.
Il est exact que c'est par moi que Mme
Clerc a connu Notlet. Ma petite Germaine
était en pension à Sèvres, ef Nollet," qui était
mon ami, s'intéressait beaucoup à l'enfant,
Il était donc tout naturel qu'il lu vint voir
avec moi dans son institution. Voilà pour la
façon dont Mme Clerc et Nollet firent con-
naissance.
C'est moi qui eus l'idée d'entrer à Ville-
Evrard. Nollet m'y aida. Une fort grave ma-
ladie, que j'avais contractée il y a vingt-
cinq ans, m'occasionnait parfois des tron-
bles cérébraux j'étais en proie à des né-
vralgies qui s'aggravaient d'amnésie. Je
conçus le projet d'aller me reposer quelque
temps à l'asile de ViUe-Evrai-d, et Nollet
voulut bien entreprendre les démarches qui
devaient provoquer mon admission. Afin
qu'on me reçut à titre d'indigent, sans me
réclamer la moindre indemnité, Nollet ac-
cepta de conserver par devers lui les 120 fr.
qui constituaient toute ma fortune.
Au bout de quinze jours, la terrible pro-
miscuité de l'asile me lassa. Je voulus m'en
aller. Longtemps je m'étais adonné à la
pêche avec passion. Le fait d'être privé de
cet agrément me faisait beaucoup souffrir.
J'aurais voulu aller m'insiaJler sur les bords
de l'étang de Verrières et n'en plus bouger
de longtemps. Nollet fit de nouvelles démar-
ches pour me délivrer. Il y réussit d'autant
mieux que le médecin voulut bien reconnaî-
tre que je n'étais plus malade.
Je sortis le jeudi matin qui précéda le dra.
me et je rencontrai aussitôt Nollet, qui m'at-
tendait dans un café. Il me rendit l'argent
que je lui avais confié et me suggéra, plutôt
que de m'en aller à Verrières, de ni'installer
à Sèvres, chez Mme Clerc, qui ne refuserait
certainement pas de me louer une chambte.
Mon ami me fit valoir que je pourrais pê-
cher tout aussi facilement à Sèvres qu'à Ver-
rières et il me cita tous les étangs que je
trouverais à proximité de l'institution.
Nollet prétend que je l'ai chargé d'ache-
ter un revolver.
Ici, je dois lui donner un démenti. C'est
lui-même qui m'annonça, dans cette entre-
vue du jeudi,,qu'il venait d'acquérir cette
arme et qu'il était -désireux de l'essayer.
Allons demain matin dans la forét de
Saint-Cloud, lui dis-je.
Le vendredi matin, nous nous rendîmes
à Saint-Cloud, et Nollet déchargea un coup
de revolver contre un arbre.
Avez-vous vu cette arme ? demanda le
ju<*e. Pouvez-vous nous dire si c'était un re-
volver ou un pistolet automatique ?
Je l'ai bien vue, répondit Nollet, mais
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