Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1912-04-29
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 126844 Nombre total de vues : 126844
Description : 29 avril 1912 29 avril 1912
Description : 1912/04/29 (Numéro 12966). 1912/04/29 (Numéro 12966).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG15 Collection numérique : BIPFPIG15
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Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k564321j
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/06/2008
aiée. r 12.966
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̃ Trois Mois. S f».
Six Mou • ta
un As «S te
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10, place de ta Bourse, PARIS (2*)
C'EST UNE PAGE UNIQUE DES ANNALES DU CRIME
COMMENT BONNOT FUT PRIS ET TUÉ
BONNOT
s'était réfugié à Choisy*
te* Roi, dans un garag?
dépendant de la pro:
'priété de l'anarchiste
millionnaire Fromen*
tin.
La police et la troupe
durent en faire le siège.
Rour ne pas exposer
inutilement la vie des
soldats et des agents
on prit la résolution de
faire sauter à la dyna*
mite le repaire du ban-
dit.
Au péril de sa vie, le
lieutenant de la garde
républicaine Fontan
alla placer la bombe.
M. Guichard a vengé, hier, le malheureux
Jfouin et toute la, série des victimes de la
bande. Carouy et Gie Bonnet, le terrible
« chauffeur », assiégé dans un garage où l'a-
vait reçu son ami Dubois, locataire du riche
anarchiste Fromentin, a payé de sa vie sa
résistance acharnée Duboia est mort à ses
Côtés.
Se,s complices Garniar et Valet, qui se
sont jusqu'ici dérobés aux recherches de la
police, savent maintenant que leur décision
Affichée de vendre chèrement leur liberté ne
les sauvera pas.
Avant de commencer le récit de cette jour-
née toute remplie de péripéties dramatiques,
il convient d'expliquer par quel concours de
circonstances la sûreté parisienne fut ame-
né-e à rechercher Bonnut et ses sinistres
Complices à Choisy-le-Roi.
Divers renseignements de source autori-
sèe avaient appris à M. Guichard que la tille
d'un anarchiste notoire, « Fromentin le mil-
lionnaire », riche propriétaire, acquis à la
doctrine libertaire, se rendait parfois chez
Gauzy, en compagnie d'un autre militant,
nommé Boutegourd. Le chef de la sûreté,
avait été amené ainsi à supposer que 8'on.
l*ot, Garnier ou consorts avaient pu trouver
asile à Choisy-le-Roi, dans un garage appar-
tenant à Fromentin.
Fromentin et Dubois
.Fromentin possède, aa carrefour lùrrné
par la rue Jules-Vallès, le chemin du Parc
et l'avenue de la République, une assez vaste
étendue de terrains doni il a opiré ces der-
nières années le lotissement. Certaines par-
celles, en bordure de la grande route, sont
déjà vendues et des maisons, des boutiques
aussi y ont été édifiées. Il y a là, côte à cote,
une épicerie, un salon de coiffure, entin le
garage d'automobiles.
A quelque vingt mètres de l'avenue de ta
République, à droite en montant vers Ablon,
se dresse cette dernière construction. Bizar
rement édifiée, à peu prpa parallèlement à
la route, elle était, malgré son apparence
de légèreté, solidement bâtie. Une robuste
charpente de bois, des carreaux de plâtre,
Pour approcher du garage, on eut l'heureuse
idée de s'abriter derrière une voiture de
paille allant à reculons. Au-dessus:
des assiégeants se dissimulant derrière
tes arbres.
en formaient la muraille extérieure. D'un
côté, un appentis en planches masque l'en-
trée d'un escalier, plutôt d'une échelle de
meunier accédant à une soupente qui se
trouve à l'intérieur du garage, à hauteur
d'un premier Liane.
Du côté de Choisy-le-Roi,. point de fenê-
tres. Sur la route, deux ouvertures au pré-.
mier étage au bas, un vitrage donnant le
jour à l'atelier. Deux portes assez larges.
l'une ouvrant sur t'avenue de la République.
l'autre sur un petit sentier donnant sur la
Ce garage, distant de cent mètres environ
d'une magnifique villa, habitée par Fromen-
tin. était loué à un mécanicien nommé Jean
Dubois.
On se sou vient, peut-être que, dans la ca-
bine de cantonnier où séjournèrent, avant
l'attentat uV la forêt de Sénart les chauf-
feurs tragiques, on. avait trouvé divers pa-
piers au nom de ce Dubois. On n'y avait
pas, alors, attaché grande importance, sup-
posant au il s'agissait seulement de cartes
de garage ayant nu se trouver en possession
du chauffeur Matliillé ou du jeune Cerisole.
Cependant, depuis lors, M. Guichard,
avait appris que Dubois avait été l'associé
de Bonnet dans divers méfaits. notamment
dans le vol d'automobile commis à Blois
l'an dernier. Cotte automobile avait été ma-
quillée et réparée chez Dubois.
Le chef du la sûreté apprenait encore qu'à à
l'époque du crime du Chatetet-en-Brie Bon-
not avait ri-Tiiis-ë une voiture dans cet ate-
lier perdu.
Fort de toutes ces indications, M. Gui-
chard résolut d'opérer une perquisition chez
le mécanicien. Peul-ètre y trouverait-il
Bonnot, Mais afin de ne pas attirer l'atten-
tion du bandit, M. Guichard avait décidé
qu'aucune surveillance ne serait exercée
autour de la maison de Dubois ses agents
connaissaient, d'ailleurs parfaitement cette
habitation pour y avoir opéré déjà deux
perquisitions.
LE P3EBIIEB ECHANGE DE BALLES
Hier matin donc, il 7 h. exactement,
le chef de la sûreté, accompagné de M. Le-
grand, chef adjoint, et de seize inspecteurs,
p.trmi lesquels les agents Augéne et Arlon,
arrivait en automobile devant le garage de
l'avenue dU la République.
Le magistrat contourne la construction
el i arrête devant la porte de derrière, celle
pnr laquelle entrent et sortent les automo-
biles.
Avec précaution, il tourna le bouton de
ta serrure, et, brusquement, il tire à lui le
battant. 'Un homme apparait, à la mousta-
che rousse M. Legrand le reconnait (-est
Dubois, Il est prét partir à motocyclette.
Sa machine est auprès de lui, toute équipée.
Sitôt qu'il a vu le proupe de policiers,
Dubois profère dàrrs un grognement « As-
sassins et fait un pas en avant.
Sans s'émouvoir, M. Guichard lui répond
LE REPAIRE DU BANDIT
Divers aspects du garage où s'était enfermé Bonnot, avant, pendant et après le siège
Au centre, un plan du quartier. Le garage est marque d'une +
Haut les maina Ne tirez pas On ne
voua fera rien.
A cette injonction, le.mécanicien riposte
par un ricanement de mépris. Sa main, qu'il
a jusqu'à en moment tenue enfoncée dans sa
poche, se iève,' arinée d'un revolver. Quatre
tois le bandit presse la détente. Une. balle
de ses collègues sort .spn. revolver,, ajuste
Dubois et fait feu. Le mécanicien s'abat sur
le pavé.
Bonnot se révèle
Le.: policiers se retirent. M. Guichard
donne des instructions pour que la maison
soit cernée. A ce moment, du balcon partent
des coups de feu.
Quel est ce nouvel assaillant ? Les policiers
lèvent les yeux dans sa direction. Ils le re-
connaissent dans un même sursaut de joie.
C'est Bonnut Enfin, ils le tiennent. Ils vont
l'avoir.
Le bandit s'est caché derrière une longue
pancarte en hois, où est peinte cette inscrip-
lion Lotissement Fromentin n, et de là
il tire, il lire sans discontinuer.
Les policiers- esquissent un mouvement de
retraite. Une balle siffle aux oreilles de M.
Guichard, e'!»5 atteint l'inspecteur Augène,
qui se tient auprès de son chef. Bien. qu'a-
morti par un trousseau de clefs, le projectile
frappe au ventre le courageux agent.
Patron, j'en ai 1 s'écrie M. Augène en
s'affaissant.
Ni. Guichard lui demande:
Pouvez-vous vous relever et vous reti-
rer ?
Durs un effort surhumain, le blessé se re-
lève et se traîne jusqu'à l'avenue de la Ré-
publique où stationne l'automobile du ser-
vice de In répmssion des fraudes qui a ame-
né le chef de la sûreté.
M. Augène raconte en deux mots au chauf-
feur ce qui vient de se passer. Il faut ren-
trer dans Choisy-le-Roi' pour y demander des`
renforts.
Pendant ce temps, les policiers ont riposté.
Dix halles vont s'aplatir sur le balcon. Mais
Bonnot, dont la tête et'la main émergent
coules au-dessus de la pancarte, est indemne
et, sans désemparer il continue sa fusillade.
I tr'on estime que pendAnt ce court laps de
temps, il n'a pas dû brûler moins de cin-
quante cartouches
Il faut du renfort
\1. Guichard, dans un sentiment de pru-
Un groupe d'assiégeants dissimulés dans
une sorte de tranchée et faisant le coup
de feu avec les bandits. Au dessus
Le lieutenant Fontan se préparant à aller
porter la bombe.
dence qu'on ne saurait trop louer, estime
qu il ne peut pas dans ces conditions expo-
ser la vie de ses subd -donnés.
L'escalier qui donne accès au balcon sur
lequel Bonnet s'est réfugié est trop étroit
pour qu'on puisse tenter de forcer le bandit
dans son repaire. Il laut attendre des ren-
forts aussi, avant qu'ils arrivent, il fait
reculer ses hommes hors de la portée de
Bonnot, mais sans rompre le cercle din-
vestissement.
La foule intervient
Avant même que l'automobile qui emmè-
ne l'inspecteur Augène soit arrivée à la mai-
rie de Choisy, le bruit d'un nouvel attentat,
l'annonce que Bonnot était, tina fois de plus,
pris au gîte, s'étaient répandues dans la ville
comme une traînée de poudre.
La population était en fête a l'occasion de
la première communion et, par une lamen-
table coïncidence, le fils de l'inspecteur Au-
gène était de ces enfants qui, hier matin, se
pressaient dans l'église locale.
Un clairon sonne la générale. Et tout ans-
sitôt, dans un élan unanime, tous les hom-
mes valides possèdent une arme IP maire,
M. Rendu, et son adjoint, en tête s'en vont
en courant vers le carrefour du lotissement
Fromentin.
.NI. Guichard, ceint de son écharpe, orga-
nise les premiers travaux d'approche.
Les pompiers, les gendarmes* deux soldats
permissionnaires, du et du 104° régi-
ment d'infanterie, tous les tireurs de bonne
volonté sont répartis aux abords du garage.
Derrière chaque arbre de la route, cara-
bine, fusil ou revolver au poing, des hom-
mes se tiennent aux aguets. Sur chaque toit,
derrière chaque haie, on voit luire des
canons de fusils.- Un grand mur en ruines,
ertourant un champ en contre-bas de la
route; presque en face du repaire sinistre,
abrite plus de cent personnes qui, le canon
à l'appui, sont prêtes à faire feu.
Dans chaque sillon, dans des tranchées
improvisées à J'aide de pierres ramassées
un peu partout, d'autres braves gens sont
couchés, ayant fait bon marché de leur vie
par avance. Et ce spectacle est profondé-
ment noble et émouvant.
La fusillade crépite sans interruption.
Une foule que l'on peut évaluer à plus de
dix mille personnes, ^suit anxieusement cha-
cune des phases, de ce drame poignant, qui
se déroule à si peu de distance d'elle.
Les toitures d'un groupe scolaire en cons-
truction sont noires de monde. Toutes les
fenêtres d'où l'on peut avoir chqnce de voir
quelque chose sont occupées.
Sur la route, dans des tourbillons de pous-
sière, c'est un perpétuel va-et-vient d'au-
tomobiles, un mouvement de troupes ininter-
rompu.
Successivement, arrivent. MM. Lépine,
préfet de police ïouny. directeur de la
police municipale Hamard, directeur des
recherches Gilbert, juge d'instruction la
première brigade de réserve, Uns les agents
DUBOIS
un autre membre de
la sinistre bande, était
avec Bonnot et tous
deux faisaient feu sur
les assiégeants, qui ris
postaient.
Deux agents, Augène
et Arlon, furent blessés.
Quand on pénétra
dans le garage, Dubois
était sans vie.
Quant Bonnot, qui
faisait le mort, comme
Ivry, M. Guichard
le tua à coups de res
volver.
Le bandit expira en
arrivant à VHôteUDheu
disponibles du treizième arrondissement,
les gendarmes des brigades voisines, de
nombreux commissaires de police de la ban-
lieue, une compagnie à pied de la garde ré-
publicaine formée à la hâte, l'inspecteur
principal Robert, l'inspecteur Donzelot, les
représentants de plusieurs ministres, etc.
La fusillade recommence
Bonnot et son compagnon ont perce
des meurtrières il. travers les carreaux de
plâtre de leur abri. Toutes les deux ou trois
minutes, dés qu'une sühouette apparaît
dans leur champ de tir, on entend te cla-
quement sec d une détonation, auquel répon-
dent de véritables feux de salve. A dh: heu-
res, plus de quatre cents coups de f_'u o-'i
été tirés.
Fort heureusement, du côté des combat-
tants volontaires et de la police, personne
n'a été touché.
L'agent Airlon, après avoir reçu les pio-
miers soins, a tenu revenir sur le
combat.
M. Lépine et les hauts fonctionnaire* '1
la préfecture de police, abrités derrière mi-
petite maison, examinent les mesures ,i
prendre pour mettre un à cette situation, qui
ne peut s'éterniser sarns d<*vp,nir dange-
reuse.
Le lieutenant Fontan
C'est alors que, simplement, en veritabw
héros, un officier de la garde républicaine
offre d'aller faire sauter le garage.
Le lieutenant Fontan commandait antérieu-
rement un arrondissement de gendarmerie
dans lea Basses-Pyrénées. Il est depuis qua-
tre jours seulement à la 3e compagnie de la
garde, où l'on conservera certainement le
souvenir de l'admirable bravoure dont il fit
preuve.
On a demandé de Versailles des sapeur.9
du génie. Mais ils ne peuvent arriver avant
D'autre part, permettre au lieutenant Fon-
tain d'exposer aussi témérairement son exis-
tence paratt une folle imprudence.
Néanmoins, l'officier explique son projet
avec ;ant rte pane-froid, tant de conviction.
ABONNEMENTS
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COMMENT BONNOT FUT PRIS ET TUÉ
BONNOT
s'était réfugié à Choisy*
te* Roi, dans un garag?
dépendant de la pro:
'priété de l'anarchiste
millionnaire Fromen*
tin.
La police et la troupe
durent en faire le siège.
Rour ne pas exposer
inutilement la vie des
soldats et des agents
on prit la résolution de
faire sauter à la dyna*
mite le repaire du ban-
dit.
Au péril de sa vie, le
lieutenant de la garde
républicaine Fontan
alla placer la bombe.
M. Guichard a vengé, hier, le malheureux
Jfouin et toute la, série des victimes de la
bande. Carouy et Gie Bonnet, le terrible
« chauffeur », assiégé dans un garage où l'a-
vait reçu son ami Dubois, locataire du riche
anarchiste Fromentin, a payé de sa vie sa
résistance acharnée Duboia est mort à ses
Côtés.
Se,s complices Garniar et Valet, qui se
sont jusqu'ici dérobés aux recherches de la
police, savent maintenant que leur décision
Affichée de vendre chèrement leur liberté ne
les sauvera pas.
Avant de commencer le récit de cette jour-
née toute remplie de péripéties dramatiques,
il convient d'expliquer par quel concours de
circonstances la sûreté parisienne fut ame-
né-e à rechercher Bonnut et ses sinistres
Complices à Choisy-le-Roi.
Divers renseignements de source autori-
sèe avaient appris à M. Guichard que la tille
d'un anarchiste notoire, « Fromentin le mil-
lionnaire », riche propriétaire, acquis à la
doctrine libertaire, se rendait parfois chez
Gauzy, en compagnie d'un autre militant,
nommé Boutegourd. Le chef de la sûreté,
avait été amené ainsi à supposer que 8'on.
l*ot, Garnier ou consorts avaient pu trouver
asile à Choisy-le-Roi, dans un garage appar-
tenant à Fromentin.
Fromentin et Dubois
.Fromentin possède, aa carrefour lùrrné
par la rue Jules-Vallès, le chemin du Parc
et l'avenue de la République, une assez vaste
étendue de terrains doni il a opiré ces der-
nières années le lotissement. Certaines par-
celles, en bordure de la grande route, sont
déjà vendues et des maisons, des boutiques
aussi y ont été édifiées. Il y a là, côte à cote,
une épicerie, un salon de coiffure, entin le
garage d'automobiles.
A quelque vingt mètres de l'avenue de ta
République, à droite en montant vers Ablon,
se dresse cette dernière construction. Bizar
rement édifiée, à peu prpa parallèlement à
la route, elle était, malgré son apparence
de légèreté, solidement bâtie. Une robuste
charpente de bois, des carreaux de plâtre,
Pour approcher du garage, on eut l'heureuse
idée de s'abriter derrière une voiture de
paille allant à reculons. Au-dessus:
des assiégeants se dissimulant derrière
tes arbres.
en formaient la muraille extérieure. D'un
côté, un appentis en planches masque l'en-
trée d'un escalier, plutôt d'une échelle de
meunier accédant à une soupente qui se
trouve à l'intérieur du garage, à hauteur
d'un premier Liane.
Du côté de Choisy-le-Roi,. point de fenê-
tres. Sur la route, deux ouvertures au pré-.
mier étage au bas, un vitrage donnant le
jour à l'atelier. Deux portes assez larges.
l'une ouvrant sur t'avenue de la République.
l'autre sur un petit sentier donnant sur la
Ce garage, distant de cent mètres environ
d'une magnifique villa, habitée par Fromen-
tin. était loué à un mécanicien nommé Jean
Dubois.
On se sou vient, peut-être que, dans la ca-
bine de cantonnier où séjournèrent, avant
l'attentat uV la forêt de Sénart les chauf-
feurs tragiques, on. avait trouvé divers pa-
piers au nom de ce Dubois. On n'y avait
pas, alors, attaché grande importance, sup-
posant au il s'agissait seulement de cartes
de garage ayant nu se trouver en possession
du chauffeur Matliillé ou du jeune Cerisole.
Cependant, depuis lors, M. Guichard,
avait appris que Dubois avait été l'associé
de Bonnet dans divers méfaits. notamment
dans le vol d'automobile commis à Blois
l'an dernier. Cotte automobile avait été ma-
quillée et réparée chez Dubois.
Le chef du la sûreté apprenait encore qu'à à
l'époque du crime du Chatetet-en-Brie Bon-
not avait ri-Tiiis-ë une voiture dans cet ate-
lier perdu.
Fort de toutes ces indications, M. Gui-
chard résolut d'opérer une perquisition chez
le mécanicien. Peul-ètre y trouverait-il
Bonnot, Mais afin de ne pas attirer l'atten-
tion du bandit, M. Guichard avait décidé
qu'aucune surveillance ne serait exercée
autour de la maison de Dubois ses agents
connaissaient, d'ailleurs parfaitement cette
habitation pour y avoir opéré déjà deux
perquisitions.
LE P3EBIIEB ECHANGE DE BALLES
Hier matin donc, il 7 h. exactement,
le chef de la sûreté, accompagné de M. Le-
grand, chef adjoint, et de seize inspecteurs,
p.trmi lesquels les agents Augéne et Arlon,
arrivait en automobile devant le garage de
l'avenue dU la République.
Le magistrat contourne la construction
el i arrête devant la porte de derrière, celle
pnr laquelle entrent et sortent les automo-
biles.
Avec précaution, il tourna le bouton de
ta serrure, et, brusquement, il tire à lui le
battant. 'Un homme apparait, à la mousta-
che rousse M. Legrand le reconnait (-est
Dubois, Il est prét partir à motocyclette.
Sa machine est auprès de lui, toute équipée.
Sitôt qu'il a vu le proupe de policiers,
Dubois profère dàrrs un grognement « As-
sassins et fait un pas en avant.
Sans s'émouvoir, M. Guichard lui répond
LE REPAIRE DU BANDIT
Divers aspects du garage où s'était enfermé Bonnot, avant, pendant et après le siège
Au centre, un plan du quartier. Le garage est marque d'une +
Haut les maina Ne tirez pas On ne
voua fera rien.
A cette injonction, le.mécanicien riposte
par un ricanement de mépris. Sa main, qu'il
a jusqu'à en moment tenue enfoncée dans sa
poche, se iève,' arinée d'un revolver. Quatre
tois le bandit presse la détente. Une. balle
de ses collègues sort .spn. revolver,, ajuste
Dubois et fait feu. Le mécanicien s'abat sur
le pavé.
Bonnot se révèle
Le.: policiers se retirent. M. Guichard
donne des instructions pour que la maison
soit cernée. A ce moment, du balcon partent
des coups de feu.
Quel est ce nouvel assaillant ? Les policiers
lèvent les yeux dans sa direction. Ils le re-
connaissent dans un même sursaut de joie.
C'est Bonnut Enfin, ils le tiennent. Ils vont
l'avoir.
Le bandit s'est caché derrière une longue
pancarte en hois, où est peinte cette inscrip-
lion Lotissement Fromentin n, et de là
il tire, il lire sans discontinuer.
Les policiers- esquissent un mouvement de
retraite. Une balle siffle aux oreilles de M.
Guichard, e'!»5 atteint l'inspecteur Augène,
qui se tient auprès de son chef. Bien. qu'a-
morti par un trousseau de clefs, le projectile
frappe au ventre le courageux agent.
Patron, j'en ai 1 s'écrie M. Augène en
s'affaissant.
Ni. Guichard lui demande:
Pouvez-vous vous relever et vous reti-
rer ?
Durs un effort surhumain, le blessé se re-
lève et se traîne jusqu'à l'avenue de la Ré-
publique où stationne l'automobile du ser-
vice de In répmssion des fraudes qui a ame-
né le chef de la sûreté.
M. Augène raconte en deux mots au chauf-
feur ce qui vient de se passer. Il faut ren-
trer dans Choisy-le-Roi' pour y demander des`
renforts.
Pendant ce temps, les policiers ont riposté.
Dix halles vont s'aplatir sur le balcon. Mais
Bonnot, dont la tête et'la main émergent
coules au-dessus de la pancarte, est indemne
et, sans désemparer il continue sa fusillade.
I tr'on estime que pendAnt ce court laps de
temps, il n'a pas dû brûler moins de cin-
quante cartouches
Il faut du renfort
\1. Guichard, dans un sentiment de pru-
Un groupe d'assiégeants dissimulés dans
une sorte de tranchée et faisant le coup
de feu avec les bandits. Au dessus
Le lieutenant Fontan se préparant à aller
porter la bombe.
dence qu'on ne saurait trop louer, estime
qu il ne peut pas dans ces conditions expo-
ser la vie de ses subd -donnés.
L'escalier qui donne accès au balcon sur
lequel Bonnet s'est réfugié est trop étroit
pour qu'on puisse tenter de forcer le bandit
dans son repaire. Il laut attendre des ren-
forts aussi, avant qu'ils arrivent, il fait
reculer ses hommes hors de la portée de
Bonnot, mais sans rompre le cercle din-
vestissement.
La foule intervient
Avant même que l'automobile qui emmè-
ne l'inspecteur Augène soit arrivée à la mai-
rie de Choisy, le bruit d'un nouvel attentat,
l'annonce que Bonnot était, tina fois de plus,
pris au gîte, s'étaient répandues dans la ville
comme une traînée de poudre.
La population était en fête a l'occasion de
la première communion et, par une lamen-
table coïncidence, le fils de l'inspecteur Au-
gène était de ces enfants qui, hier matin, se
pressaient dans l'église locale.
Un clairon sonne la générale. Et tout ans-
sitôt, dans un élan unanime, tous les hom-
mes valides possèdent une arme IP maire,
M. Rendu, et son adjoint, en tête s'en vont
en courant vers le carrefour du lotissement
Fromentin.
.NI. Guichard, ceint de son écharpe, orga-
nise les premiers travaux d'approche.
Les pompiers, les gendarmes* deux soldats
permissionnaires, du et du 104° régi-
ment d'infanterie, tous les tireurs de bonne
volonté sont répartis aux abords du garage.
Derrière chaque arbre de la route, cara-
bine, fusil ou revolver au poing, des hom-
mes se tiennent aux aguets. Sur chaque toit,
derrière chaque haie, on voit luire des
canons de fusils.- Un grand mur en ruines,
ertourant un champ en contre-bas de la
route; presque en face du repaire sinistre,
abrite plus de cent personnes qui, le canon
à l'appui, sont prêtes à faire feu.
Dans chaque sillon, dans des tranchées
improvisées à J'aide de pierres ramassées
un peu partout, d'autres braves gens sont
couchés, ayant fait bon marché de leur vie
par avance. Et ce spectacle est profondé-
ment noble et émouvant.
La fusillade crépite sans interruption.
Une foule que l'on peut évaluer à plus de
dix mille personnes, ^suit anxieusement cha-
cune des phases, de ce drame poignant, qui
se déroule à si peu de distance d'elle.
Les toitures d'un groupe scolaire en cons-
truction sont noires de monde. Toutes les
fenêtres d'où l'on peut avoir chqnce de voir
quelque chose sont occupées.
Sur la route, dans des tourbillons de pous-
sière, c'est un perpétuel va-et-vient d'au-
tomobiles, un mouvement de troupes ininter-
rompu.
Successivement, arrivent. MM. Lépine,
préfet de police ïouny. directeur de la
police municipale Hamard, directeur des
recherches Gilbert, juge d'instruction la
première brigade de réserve, Uns les agents
DUBOIS
un autre membre de
la sinistre bande, était
avec Bonnot et tous
deux faisaient feu sur
les assiégeants, qui ris
postaient.
Deux agents, Augène
et Arlon, furent blessés.
Quand on pénétra
dans le garage, Dubois
était sans vie.
Quant Bonnot, qui
faisait le mort, comme
Ivry, M. Guichard
le tua à coups de res
volver.
Le bandit expira en
arrivant à VHôteUDheu
disponibles du treizième arrondissement,
les gendarmes des brigades voisines, de
nombreux commissaires de police de la ban-
lieue, une compagnie à pied de la garde ré-
publicaine formée à la hâte, l'inspecteur
principal Robert, l'inspecteur Donzelot, les
représentants de plusieurs ministres, etc.
La fusillade recommence
Bonnot et son compagnon ont perce
des meurtrières il. travers les carreaux de
plâtre de leur abri. Toutes les deux ou trois
minutes, dés qu'une sühouette apparaît
dans leur champ de tir, on entend te cla-
quement sec d une détonation, auquel répon-
dent de véritables feux de salve. A dh: heu-
res, plus de quatre cents coups de f_'u o-'i
été tirés.
Fort heureusement, du côté des combat-
tants volontaires et de la police, personne
n'a été touché.
L'agent Airlon, après avoir reçu les pio-
miers soins, a tenu revenir sur le
combat.
M. Lépine et les hauts fonctionnaire* '1
la préfecture de police, abrités derrière mi-
petite maison, examinent les mesures ,i
prendre pour mettre un à cette situation, qui
ne peut s'éterniser sarns d<*vp,nir dange-
reuse.
Le lieutenant Fontan
C'est alors que, simplement, en veritabw
héros, un officier de la garde républicaine
offre d'aller faire sauter le garage.
Le lieutenant Fontan commandait antérieu-
rement un arrondissement de gendarmerie
dans lea Basses-Pyrénées. Il est depuis qua-
tre jours seulement à la 3e compagnie de la
garde, où l'on conservera certainement le
souvenir de l'admirable bravoure dont il fit
preuve.
On a demandé de Versailles des sapeur.9
du génie. Mais ils ne peuvent arriver avant
D'autre part, permettre au lieutenant Fon-
tain d'exposer aussi témérairement son exis-
tence paratt une folle imprudence.
Néanmoins, l'officier explique son projet
avec ;ant rte pane-froid, tant de conviction.
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