Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1911-04-17
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 avril 1911 17 avril 1911
Description : 1911/04/17 (Numéro 12588). 1911/04/17 (Numéro 12588).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/06/2008
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ÉDITION DE PAggjl'i
semaine de violences. Iina ancienne
guerre du Champagne. Le mol d'un
paysan. L'ouverl ure du Salon. Le
voyage du Président. Un souroenir de
Tuntsùs– Une photographie d'Anna Judic
On ne put jamais employer plus op-
oortunéraent cette vieille expression de
la « trêve de Pâques Nous avons
tien besoin d'une « trêve en effet,
après cette semaine de violences. Quelle
ironie que ces scènes brutales, que ces
déchaînements de colère, que ces heu-
res farouches à propos du vin de la
gaieté, du vin qui évoque toutes les
idées riantes Quel contraste que celui
des misères cause de ces soulève-
ments des vignerons de ces vignes
fameuses, célébrées en tant de couplets,
pour la joie qu'elles portent en elles
Heureux le temps où on n'en était
qu'à des querelles de plume, au sujet
du vin de Champagne, ces querelles dus-
.aent-ellee s'envenimer, mais sans aller
plus loin que Véciiaiïge d'Epithètes cm
fixâtes Les troubles graves d'hier ren-
dent plus lointaines encore ces disputes
académiques. Ce fut, au dix-septième
siècle, la Faculté de médecine qui les
déchaîna. Elle -avait eu l'idée singulière
de proposer comme sujet de thèse « A
sçavoir si le vin de Champagne est plus
agréable et plus sain que le vin de
Bourgogne ? » Et les aspirants docteurs
d'entrer en lice, avec toutes sortes d ar-
guments imprévus, bientôt relevés par
les intéressés dans la question, si bien
que cette question était ia source de
conflits assez âpres. Il semble qu'il eût
été si simple de trancher le débat, en
déclarant les deux vins également esti-
mables, pour des raisons diverses mâis
s'accommode-t-on jamais, tout d'abord,
d'une solution simple? Les pamphlets,
en latin et en français, se succédèrent,
de plus en plus montés de ton, et. ce fut
la guerre entre Reims et Beaune.
Un M. de Salins s'était fait l'ardent
défenseur du bourgogne, et il était bel-
liqueux, au moins en paroles. Cela ap-
paraît assez d'après la réponse d'un
Rémois « On avertit *NI. de Salins
qu'on ne lui fera pas l'honneur de lui
répondre, à moins qu'il ne bannisse de
ses. écrits les injures et les faussetés.»
La bataille, soutenue avec vivacité par
les uns, avec pédanterie par les autres,
dura quelque vingt ans. On peut croire
que les deux vins ne, firent que profiter,
en somme, de tout ce bruit. Mais, après
cette dépense d'invectives mutuelles,
personne ne songeait à en venir aux
mains. Il est vrai que, en ce temps-là,
les Champenois pouvaient n'en appeler
qu'à la vérité le champagne n'était que
du champagne, et la « delimitation » se
faisait toute seule. Personne n'eût pré-
vu les difficultés et les complications
actuelles, et la bonhomie de nos aïeux
ignorait ce mot, la « fraude D, ce mot
auquel on est arrivé à donner tant de
sens compliqués
S'il y avait place pour un sourire, au
milieu de ces événements désolants, il
ne serait que dans ce mot d'un vieux
paysan. consterné de cette subite folie
collective, aboutissant à des pillages et
à des incendie: « On a vraiment, a-t-il
dit, en résumant à sa façon ces jours
d'emportements et de destractions, on
a ma,nqué de savoir-vivre •> A travers
sa naïveté, cette protestation exprimait
le fond de la vieille âme française, faite
de mesure et de raison, en dépit de ses
bouillonnements. La tête prompte et le
cœur chaud, un besoin inné de justice,
n ais la réflexion arrêtant les excès à
temps, considérant qu'ils ne font que
desservir une bonne cause. Et ce mot,
plaisant dans les circonstances, par sa
modération dans une réorobation pour-
tant sincère, en vient à avoir une ma-
nière d'éloquence puisqu'il contient un
regret et une leçon, une façon de com-
prendre la vie, le bon sens, flans la re-
vendication des droits, l'esprit restant
clair, l'énergie se gardant des égare-
ments, la force ayant sa patience. Et
oui, c'était « savoir-vivre en effet.
Cependant, en dehors de tout ce péni-
ble imprévu, le programme de l'année
s'accomplit. Les dates ramènent les so-
lennités coutumières, comme l'ouver-
ture du premier des Salons. Et, chaque
année, c'est à peu près la même choses
une somme générale de talent qui n'est
pas niable, et peu d'oeuvres donnant
l'heureux petit frisson d'une émotion
plus d'adresse manuelle que de pensée,
plus de virtuosité que d'idées. Qui a le
temps du recueillement?
Il heurterait trop d'habitudes et aussi
trop d'intérêts, celui qui oserait, aujour-
d'hui, reprendre une opmion hardie,
parfois exprimée. Les Salons ne gagne-
raient-ils pas à ne pas être annuels, à
ne pas exposer tant d'envois selon une
inflexible périodicité? A des Salons plus
espacés, les peintres, qui auraient, en-
tre ces épreuves redevenues vraiment
importantes, d'autres moyens de se pro-
duire, ne donneraient-ils pas dey toiles
plus significatives, plus sincères, plus
dégagées de préoccupations d'utilité, où
ils se résumeraient, pour ainsi dire?
Ne se feraient-ils pas restituer, de cette
manière, une attention qui, forcément,
s'éparpille?. Ces expositions se com-
poseraient d'une sélection opérée par
les artistes eux-mêmes, dans leur œu-
vre. Mais il faut bien reconnaître que
l'heure ne parait guère propice à cette
modiftcation. Chaque saison, au con-
traire, a son Salon, à présent. Il reste
a savoir, cependant, s'il y a profit peûr
tout le monde artistes et public à
cette multiplication de ces sortes de
foirES de la peinture.
A peine le Président de la République
avait-il inauguré le Salon de la Natio-
nale, qu'il partait pour la Tunisie. Le
programme du voyage lui fait faire le
tour du beau pays que la première de
nos expéditions coloniales mit sous le
protectorat français. Je la suivais, cette
expédition, avec tout l'entram de la jeu-
nesse, avec ce qu'il y avait d'enthou-
siasme dans cette campagne d'où sem-
Llait dater notre véritable réveil et,
pour tout ce qu'il y eut d'espoirs en ces
heures-là, ce sont d'ineffaçables souve-
nirs. Le Président visitera, en revenant
du Sud, cette vieille ville du JCef, de-
vant laquelle la colonne du général Lo-
gerot, pénétrant en Tunisie, commença
les opérations, menées rapidement. Et
il'y a une scène que je revois, malgré
les années écoulées, comme si c'était
hier qu'elle se fût passée
On était arrivé devant les remparts
du Kef, et le gouverneur de la ville,
Rechid, s'apprêtait à résister, ayant
groupé autcur de lui des éléments fana-
tiques. Les canons de la citadelle fai-
saient illusion, et on ne savait pas que
quelques-uns d'entre eux étaient des
épaves des prises faites par les pirates
bftrbaresques au seizième et au dix-
septième siècle. Les informations pré-
sentaient Rechid comme un homme dé-
cidé. Devant l'étrange cité, où rien en-
ccre d'européen n'avait pénétré, il y eut
un moment sérieux. Les premières som-
mations étaient restées sans effet. Le
général Logerot songea à faire sauter
une porte Il envoya un officier vers la
section du génie qui se trouvait alors la
plus rapprochée, et l'officier demanda
huit hommes « de bonne volonté La
tâche était périlleuse, dan» les condi-
tions où elle devait être remplie. Alors
et ce fut vraiment émouvant 'on
vit, d'un même mouvement, s'avancer
tous les hommes du détachement; tous
sollicitaient le dangereux honneur de
cette mission.
La fermeté et l'habileté de M. Roy,
notre consul au Kef, aujourd'hui secré-
taire général du gouvernement tunisien,
amenèrent la reddition de la place, mais
le fait restait d'une unanime ambition
de dévouement, au moment où il sem-
blait avoir à s'exercer immédiatement.
Et cela fut très simple et très grand.
Un autre souvenir me revient, qui ne
va pas sans mélancolie, aujourd'hui.
Avant de passer la frontière tunisienne,
nous avions fait balte dans un des des-
niers villages algériens, s'appelant, je
crois, la Verdure, et peuplé presque en-
tièrement d'Italiens. J'étais entré dans
la primitive maison de l'un d'eux, qui
était l'unique commerçant du village.
Une veilleuse, dans un com, brûlait de-
vant une image de madone, Mais cette
Il madone » était une photographie je
m'approchai et je reconnus, avec un
peu de surprise, que cette photographie
(par quel hasard avait-elle échoué là ?)
était celle d'Anna Judic. C'était le cas
de dire qu'il n'y a que la foi qui sauve.
Mais ce portrait de la comédienne la
représentait dans tout l'éclat de sa beau-
té, et la grâce mutine du visage savait
prendre tant d'expressions Ce visage
vraiment charmant, L'objectif l'avait
saisi au moment où, sous les longs cils,
les yeux étaient neyés de langueur, dans
une de ces petites moues où nous
voyions tant de sous-entendus. Dans un
sens un peu plus précis que celui qu'on
donnait à Paris à ce mot, l'Italien avait
divinisé l'étoile.
Il y a de cela bien des années, bien
des années aussi du temps de cette lutte
de séductions entre Judic et Théo, une
lutte qui, à la vérité, ne divisait pas les
spectateurs en deux camps, car, pour
des raisons diverses, les deux divas leur
étaient également chères. Maïs Anna
Judic avait su se transformer, élargir
le domaine de son art.
Il n'avait pas été très bon prophète,
a directeur de café-concert qui, lors-
qu'elle débuta sur sa scène, avait fait
cette réserve le cachet promis ne lui
serait alloué que si la chanson qu'elle
chantait était écoutée sans encombre.
Il ne tarda pas à regretter de n'avoir
pas eu plus de confiance.
Paul GINISTY,
A
La meûaïïa dus Cùerarfla reoQHSse
le ittap ûesjrifiQs ûosîîles
Tanger. iC avril.
On naande d'El Hsar, en date du 15
Le dimanche 9 avril une corvée de huit
hommes, commandée nar le maréchal des
logis Carniss, se trouvait à deux kilomètres
du carnp du Djebel-Tsel{at, quand elle tut
brusquernent attaquée par la0 cavaliers che-
rarda dissidents.
Carniss fit aussitôt abriter ses hommes et
.ses chevaux dans une maisonnette indigène.
De là, la vaillante petite troupe diriyea un
feu nourri sur les assaillants, tuant onze
d'entre eua, dont deu r. clefs. La mort de ces
derniers et la résistance inatlendue de cette
poignée d'hommes produisirent une forte im-
pression sur les Cherarda, nui se retirerent,
Le maréchal des logis et ses huit soldats
purent ajers rentrer au camp sans être in-
quiétés. lts ont été vivement félicités, à cette
occasion, par le commandant Brcmuiit.
C'est le gue la mehalla quitta son cam-
pement, se dirigeant sur Fez, comme le lui
avait eni0int le cotonéf ?tfangin; mais
peine s'était-elle mise en marche, avan-
çant lenternent et péniblement à travers les
champs boueux et détrempés, qu'elle lui at-
taquée par les Cherarda dissidents, aidés
de contingents Beni Hassen. En dépit du
grand nombre de ses adversaires, la colonne
1 chérifienne du commandant Brémont résista
victorieusèment et elle mit en fuite ses ad-
versaires, non sans leur avoir fait subir de
fortes vertes. Elle eut elle-même quelque
tués et blessés.
m coup be mm m surt-mmu *•̃
Une logo cambriolée
par quatre bandits
Ils terrorisent tes concierges, deux vieil-
lards, et les menacent de leurs revol-
vers. Ils espéraient s'empaler du
montant des loyers, mais ne trouvèrent
qu'une trentaine de franca
C'éiait 'la nuit dernière, vers deux heu-
res. Dans leur loge, M. Jean-Bapaste Sa-
cleux et sa femme Alph.onsine, concierges
au de la rue Saint-Martin, dormaient
profondément.
Ce sont deux bons vieux de soijante-dix
ans, encore très alertes et très vils de corps
et d'esprit, malgré Jear grand âge, et tou*
jours souriante, toujours gais, toujours ai-
mables, d'ailleurs d'une honnêteté scrupu-
leuse, qui leur vaut l'estime de tous ceux
qui les approchent. Depuis vingt-deux ans,
ils vivent là dans cette petite loge, à l'entre-
sol, et durant ces vingt-deux ans, pas une
fois leur propriétaire ou leurs locataires,
devenus des amis à la longue n'ont eu
un reproche à leur faire.
Une maison tranquille
Il est vmi que M. et ito Sacleux yt
avec ui(J--1Sïyskmx à la bonne tenue 'et à la
sécurité^ Hmeuble dont ils ont la garde.
La maison oiL_du haut en bas, habitude par
des commerçants plumassiers, modistes,
passementiers qui, le soir venu, quittent,
avec les employés, leurs magasins, remet-
Lent les clefs aux concierges et s'en vont. A
huit heures du soir, au plus tard, ia maison
est vide, abandonnée, sous la seule garde
des deux bons vieux. Deux ou trois loca-
taires seulement logent au sixième étage,
niais toujours sont rentrés de bonne .heure.
Donc à deux heures du matin, M. et Mme
Saclenx dormaient. Un "oup de sonnette vi-
goureux les réveilla en sursaut. Mme Sa-
cleux tira le cordon, et, un peu étonnée
qu'un de ses locataires rentrât si tard, in-
quiète aussi, prata l'oreille.
Le tapis, dans l'escalier, étouffait les pas,
et il sembla à la concierge qu'on montait
avec précaution, en faisant !e moins de
bruit possible. Mais sur le palier en pierre
de l'entresol puis dans le couloir, le tapage
de gros souliers qui, lourdement, glissaient
ou heurtaient les plinthes, la fit sauter en
bas de son lit.
Qui va là ?
Sans souci du danger possible, grave-
ment, la vigilante femme ouvrit la, porte vi-
trée de la loge.
Qui va tà ? demanda-t-elle d'une voix
inquiète, mais ferme.
>g?Ie. avait ?*rçijt
curité, de petites lueurs vives qui Couraient
le long des murs, sautaient au plafond, puis
s'éteignaient, se rallumaient. s'éteignaien:
encore. Elle entrevit des ombres.
Qui va là ? répéta Mme Sacleux.
On ne répondit point. Mais quatre horr-
mes bondirent sur elle, la repoussèrent dans
le fond de la loge, contre son lit.
Tu vas te taire, hein ? ou sinon.
Ils avaient chacun à la main un revolver.
Ils en menaçaient le couple terrifié,
Tu vois ça ?
Its les contraignirent à ouvrir la bouche,
leur assujettirent le canon de leur arme
contre les dents.
'Maintenant, soyez sages!
Il n'était point besoin d'une si terri-
fiante menace pour obliger M. et Mme Sa-
claux, morts de peur, à la plus humble do-
cilité. Ils n'osèrent point esquisser le moin-
dre mouvement, pousser le plus petit sou-
pir.
Deux des inconnus, tandis que leurs com-
pagnons tenaient les vieillards en respect,
fouillaient la loge. bouleversaient les armoi-
res, les placards, la commode, les tiroirs
des tables, les boites en carton. A la lueur
de leurs petites lampes électriques de poche,
ils scrutaient les moindres recoins du logis.
Les voleurs volés
Ils ronchonnaient, car ils ps trouvaient
rien. L'argent du terme qu'ils espéraient-dé-
couvrir avait été remis dans la journée au
propriétaire. A la 6n, pourtant, ils trouvè-
rent le porte-monnaie de Mme Sacleux. Il
contenait une trentaine de francs, ils les
emportèrent. Ce tut là tout leur butin il
était bien maigre. Leurs recherches
avaient duré vingt minutes.
Les quatre bandits marquèrent une cer-
taine mauvaise humeur. Ils avaient espéré
mieux.
C'est pas gras dit l'un d'eux
Ils se décidèrent à s'en aller et tirèrent
le cordon.
Surtout, recommandèrent-ils aux deux
vieillards. pas de bruit, tant que notrs serons
encore dans la maison.
Rendez-moi au moins mon porte-mon-
nais, si vous gardez l'argent, demanda Mme
Sacleux, aux bandits,
Ils y consentirent, magnanimes. Ils des-
cendirent l'escalier, fermèrent la porte d'en-
trée derrière eux et disparurent
Les bandits partis, Mme Sacleux alla à
sa cachette, y prit 1.700 francs que lui
avait laissés son propriétaire pour payer les
contributions, contempla, heureuse et ravie,
les jolis bleus, puis les remit en place en
murmurant, avec une petite pointe de ma-
licieuse ironie
lis ne les ont pas eus Ils sont roulés.
Mme Sacleux pensait aux quatre cam-
brioleurs.
LES EXPLOITS DE «NICK CARTER-
Warzé menait une existence en partie double. Tout en
appartenant à la brigade mobile, il était affilié à la redou-
table bande dont un des membres tua l'inspecteur Moulis.
Il y a une dizaine de jours, le préfet de po-
lice révoquait un inspecteur de la brigade
mobile, nommé Warzé On avait appris que
cet agent, consvdéré jusque-là comme un très
honnête homme et un excellent serviteur,
entretenait des relations suivies avec une
fille de njeeur? légère, Garnie Auger, con-
nue dans les bars du faubourg Montmartre
sous le sobriquet de Lilas ». Par sa mal-
tresse, Warzé avait été mis en rapport avec
toute une bande d'individus, composée de fa-
bricants de fausse monnaie, de cambrio-
leurs, de voleurs à la tire, etc., dont il n'a-
vait pas tardé à devenir l'un des membres
les plns actifs et les plus influents.
C ^'eai qu'à la suite d'une longue et
que les chefs de l'inspec-
teur Warzé avaient connu les agissements
de leur subordonné et, aujourd'hui encore,
on n'est pas exactement fixé, boulevard du
Palais, sur la nature et le nombre des expé-
ditions auxquelles il a pu prendre pari.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas douteux que
cet étrange policier avait résolu le difficile
problème de collaborer à !a répression des
méfaits qui se commettent journellement à
Paris et d'assister en même temps les mal-
faiteurs dans leurs opérations
Un mandat d'amener a été décerné con-
tre lui, par M. Chênebenoit, juge d'instruc-
tion, mais il a jugé prudent de ne pas at-
tendre que ses anciens camarades du ser-
vice de la sûreté vinssent lui mettre la main
bu collet il a pris la fuite.
L'AMANT DE « LILAS
Marié depuis deux ans, Warzé habitait
avec sa femme, une ouvrière en lingerie,
dans un modeste logement, 55, rue Secrétan,
non loin du parc des Butles-Chaurnont.
Aussi bon époux que parfait fonctionnaire,
il jouissait dans son quartier de la considé-
ration de tous.
Il y a quatre mois, subitement, ses allu-
res se modifièrent. Le mari modèle omit, à
reprises, de passer la nuit au do-
micile conjugal. Cela devint bientôt une
habitude et, lorsque sa pauvre femme ris-
quait de timides questions, il proférait de
telles menaces qu'elle n'avait garde d'insis-
ter.
Warzé passait la plupart de ses nuits
dans la chambre que sa mattresse occupait
dans un hôtel borgne de la rue Saint-Denis,
Là, il se rencontrait avec ses complices,
parmi lesquels un redoutable bandit, Louis
Henrich, surnommé te « Grand Louis », re-
depuis de longs mois par la po-
lice, pour fabrication et émission de fausse
monnaie.
C'est cet individu qui, plus tard, devait
tuer i'inspecteur Moulis. ami intime et col-
lègue de Warzë f. Il est établi que Warzé j
prit une part active à divers cambriolages j
commis récemment, notamment dans la bi-
joutarie Portât et Bocage. 58, passade Vi-
vienne, où les chevaliers du rossignol déro-
bèrent pour une quinzaine de mille francs
de bijoux.
LE CAMBRIOLAGE DU
PASSAGE VIVIENNE
Ce vol eut lieu le l*r avril. Les malfaiteurs
avaient réussi à se hisser, sans attirer l'at-
tention du concierge, sur le toit vitré qui re-
couvre la galerie.
La nuit venue, ils coupèrent un carreau,
l'aide d'un diamant, puis ils descendirent
dans les locaux occupés par MM. Portât et
Bocagio, Ils tirent main-basse sur un sac
contenant soixante-sept bourses en argent,
sur des lingots d'or et des plaques de platine
représentant une valeur d'une dizaine de
mille francs, mais ils négligèrent une boite
dans laquelle se trouvaient des diamants,
estimés à soixante mille francs. Le mon-
tant du cambriolage fut évalué par les vic-
times à une quinzaine de mille francs.
Or, veut-on savoir qui reçut inisaiornie re-
chercher les audacieux bandits ?. Warzé
Warzé lui-même, qui, secondé par ses col-
lègues Guinouard et Abadie, se mit délibéré-
ment en campagne. Ah Us pouvaient être
tranquilles, messieurs les cambrioleurs du
passage Vivienne
Parmi les « monte-en-1'air » recherchés, la
police avait appris que figurait un très habile
chenapan connu sous le sobriquet de « Nick
Carter ».
Surtout, avait recommandé à ses su-
bordonnés M. Valette, le directeur de la bri-
gade mobile, ne négligez rien pour découvrir
« Nick Carter », il y a vraLment trop long-
temps que ce diable d'homme nous-fait la
u nique ».
Parfaitement, chef avait répondu,
comme ses camarades, le policier Warzé.
Cartier et lui étaient un seul et même hom-
me. Nick Carter était le surnom que lui
avaient donné ses amis les cambrioleurs.
Cependant un accident se produisait. Un
jour que Warzé etait souffrant, les autres
agents capturèrent un de Ses complices,
nommé Jacquin, vingt-trois ans, se disant
employé de banque, Sur lui on découvrit
l'une des bourses en argent provenant de la
bijouterie Portat et Bocagio.
Force lui fut d'avouer, mais en même
il il prit plaisir a dénoncer Warzé.
Celui-ci l'apprit et, naturellement, il s'em-
pressa de déguerpir.
Nick Carter aurait, en outre, étroitement
collaboré ausae d;un« boutique d'antiquaire.
Tl aurait enfin -accepté de négocier une
soixantaine de mille francs de titres prove-
nant d'un cambriolage commis, il y a quel-
1 que$ seniaines, rue Il serait parti
jeudi, en emportant ces valeurs et, depuis,
il n'a point jugé utile de donner de ses non-
palles, ni à son amie a Lilas », qui se la-
mente. ni à sas camarades, les voleurs, qui
A-T-IL TUE BERTHE ROUBIN ?
-Mais voici qui est plus grave, beaucoup
plus grave. On n'a pas oublié que, dans la
nuit du J9 au 20 mars, une fille Berthe Bou-
bin, domiciliée 11, rue des Etuves-Saint-
Martin, fut assassinée dans des circonstan-
ces demeurées mystérieuses. Le drame se
déroula à l'angle de la petite et pittoresque
rue de La Reynie et de la rue Quincampoix.
Berthe Roubia fut abordée, un peu avant
minuit, par un homme vêtu d'un bourgeron
bleu, coiffé d'une casquette enfoncée sur les
yeux.
Sans un mot, le mystérieux personnage
lui porta, un coup de couteau qui trancha la
carotide la mort fut instantanée.
En dépit des investigations aussitôt en-
treprises, l'assassin est resté introuvable.
Or, on raconte, très sérieusement, au ser-
vice de la sûreté, que l'auteur de ce forfait
ne serait autre que*\Varzé.
II aurait supprimé Berthe Roubin, an-
cienne amie de sa maltresse Lilas parce
que la malheureuse fille, trés au courant de
ses faits et gestes, avait menacé de le dé-
noncer.
Qu'y a-t-il de vrai dans toute cette his-
toire ? Il est difScilfi, à l'heure actuelle, de
le savoir. Toujoiir* les fonction-
nairés qui pourraient la démentir se tien-
nent sur une réserve prudente.
AGENT DE CONFIANCE
Ajoutons enfin que Warzé, qui, jusqu'au
jour où il quitta l'administration, était at-
taché au commissariat du faubourg Mont-
martre, avait su capter la confiance du
commissaire, M. Borde. Pour lui, le magis-
trat n'avait pas de secret. Lorsqu'une rafle
ou une, descente quelconque devait être
opérée, l'inspecteur de la brigade mobile
était toujours le premier avisé et, bien en-
tendu, il s'empressait d'en informer ses
complices ?.
CHEZ LES VIGNERONS
UNE JOURNÉE D'ACCALMIE
(nE NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX)
Epernay, 16 avril.
Ay, où tant de ruines sont maintenant ac-
cumulées, Ay, qui fut offert en pâture à
l'émeute déchaînée, Ay qui tremble encore
au bruit des murs que l'on est obligé d'abat-
tre parce qu'ils sont inutiles et dangereux,
est aujourd'hui au pouvoir de l'autorité mi-
litaire. Ce matin, au jour, des cavaliers, des
fantassins, sont venus augmenter le nom-
bre de ceux qui déjà s'y trouvaient instal-
lés. A midi, ils étaient cinq mille hommes
avec armes et bagages, bivouaquant sur tes
places, occupant les chaussées et les trot-
loirs, dans une atmosphère de soupe aux
choux, de crottin de cheval et de pommes de
terre frites.
Ay a été bien gardé, et nulle manifesta-
tion ne s.'y est produite. D'ailleurs, c'eût
été impossible. Les gardes qui veillaient aux
portes de la ville en défendaient l'entrée, et
les habitants, qui étaient sortis de bonne
heure, durent, pour pouvoir rentrer déjeu-
ner chez eux, exhiber des papiers en règle,
ou aller chercher des témoins justifiant de
leur identité. Ceux qui ne purent trouver ni
papiers ni témoins, restèrent tout simple-
ment dehors, pour leur apprendre sans
doute à circuler ssns leur livret de mariage
ou leur acte de naissance.
D'autres préférèrent demeurer chez eua,
prisonniers. plutôt que de passer sous
ces fourches caudines d'un nouveau genre,
et j'ai. à peine besoin de vous dire que
chacun, selon son tempérament, mani-
Paris-Madrid
LA PARTICIPATION ?
Ides AVIATEURS MILITAIRES
? ciellernent par l'inspection perma-
nente de l'aéronautique que Les\\
aviateurs militaires sont autorisés
¡ il prendre part à notre grande j
̃> épreuve de Paris-Madrid.
I? Les pilotes de t'armée, dont les
+ magnifiques exploits ne se comp-
4 tent plus sont d'ores et déjà infor- £
mes qu'ils ont toute latitude pour t
f participer la course, et nous /e-
¡ Tons prochainement connaitre les w
¡ noms de ceux d'entre eux, dont
les engagements nous seront par*
venus. tÎ
« L'organisation de Paris-Madrid m\
se poursuit actuellement avec la
plus grande activité, tant en Fran* v
ce qu'ere Espagne. Des comités in#-#'
À titués dans les deux pays assure.
ront le jalonnement du parcours x
dans d'excellentes conditions el de
Ç nombreux comités recueillent lA
ce morraent des prix destinés à ré- 1
compenser l'adnairable effort dés
T concurrents, auxquels le Petit Pa-
Il risien offre rappelons-le un pre-
mier prix de Cent mille francs. £
Le voyage de M. F allier es
J«^ Le Président de la République est en
*T5^ route pour la Tunisie où il va porter
aux populatiors placées sous notre protec-
torat l'expression de la sympathie de la
Métropole. Cette sympathie s'explique am-
plement par le loyalisme du bey et par l0i
dévouement que ses sujets ont montré à la
France depuis trente ans. Iia ont accepté'
sans effort notre influence, comprenan
qu'elle entendait ne s'exercer qu'au profit
de leurs intérêts liés désormais à ceux d
la. mère-patrie. Quoi qu'il en soit, en travail-
lant à la prospérité de leur contrée, les Tu·
nisiens contribuent à la grandeur de lat
France et M. Fallières avait le devoir de les
en féliciter. Il n'a pas voulu y manquer et'1
le ministre de l' Agriculture, par sa pré-
âtmcë, térrftJïgrïera très explicitement de îta->*
térêt que nous prenons au développement
des richesses du sol tunisien.
Le voyage du Président aura en outre~
l'avantage de provoquer une intéressantaj
manifestation de l'amitié franco-italienne
nne escadre doit saluer, on le sait, èt\
Bizerte, au nom du roi Victor-Emmanuel,
le premier magistrat de la République. Fort'
appréciable en elle-même, cette marque d0-\
haute courtoisie empruntera une valeur
plus grande encore à ce fait qu'elle nous est
donnée par l'Italie dans les eaux tuni-
siennes.
festa le peu d'enthousiasme qu'il éprouvai*
pour une semblable consigne. I
Ce n'est pas, comme peuUôtre vous pour-'
riez le croire, que l'on craignit la réédition
de faits semblables a ceux de mercredi. Les.
gens qui incendièrent et pillèrent sept mai-
sons doivent être suffisamment satisfaits.
On avait redouté, simplement, un exod
trop grand de curieux, touristes, prome-*
neurs, tous gens qui badaudent le diman-1
che, et qui eussent été tous enchantés d«4
trouver un but à leur flânerie. Evidem-
ment, il en est venu qui se Font cassé le nezj
sur des casques de dragons et des shakow
de hussards, mais le garde champétre et'
les pompiers d'Ay auraient bien suffi à as-'
surer un ordre que personne ne songeait àtë
troubler.
Il va sans dire que l'on avait également*
escompté un retour offensif des vigneron
On s'était dit que quand un vigneron boit, it
boit bien, et la chaleur aidant. on ne 3ait1
jamais. Aussi, des fantassins patrouillè-1
rent-ils tout l'aprèî-midi dans les vignes
tiy y a quelques jeunes ceps qui ont dû ap.
prècier comme il convient la douceur d'un'
godillot délicat. Cette connaissance fâcheuse
nuira certainement à leur avenir.
Enfin, comme il arrive toujours en pareil
cas. quand or ̃» tout prévu, tl ne s'est rien
passé, que d'anodins incidents qui ne méri-
tent pas d'être relatés.
Les cavistes parlent tfm se ttifandii?
Comme j'a1lais quitter Ay, j'aperçus un
groupe d'hommes qui discutaient avec ani-
mation. Il y avait, de la coffre dans ie»j
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ÉDITION DE PAggjl'i
semaine de violences. Iina ancienne
guerre du Champagne. Le mol d'un
paysan. L'ouverl ure du Salon. Le
voyage du Président. Un souroenir de
Tuntsùs– Une photographie d'Anna Judic
On ne put jamais employer plus op-
oortunéraent cette vieille expression de
la « trêve de Pâques Nous avons
tien besoin d'une « trêve en effet,
après cette semaine de violences. Quelle
ironie que ces scènes brutales, que ces
déchaînements de colère, que ces heu-
res farouches à propos du vin de la
gaieté, du vin qui évoque toutes les
idées riantes Quel contraste que celui
des misères cause de ces soulève-
ments des vignerons de ces vignes
fameuses, célébrées en tant de couplets,
pour la joie qu'elles portent en elles
Heureux le temps où on n'en était
qu'à des querelles de plume, au sujet
du vin de Champagne, ces querelles dus-
.aent-ellee s'envenimer, mais sans aller
plus loin que Véciiaiïge d'Epithètes cm
fixâtes Les troubles graves d'hier ren-
dent plus lointaines encore ces disputes
académiques. Ce fut, au dix-septième
siècle, la Faculté de médecine qui les
déchaîna. Elle -avait eu l'idée singulière
de proposer comme sujet de thèse « A
sçavoir si le vin de Champagne est plus
agréable et plus sain que le vin de
Bourgogne ? » Et les aspirants docteurs
d'entrer en lice, avec toutes sortes d ar-
guments imprévus, bientôt relevés par
les intéressés dans la question, si bien
que cette question était ia source de
conflits assez âpres. Il semble qu'il eût
été si simple de trancher le débat, en
déclarant les deux vins également esti-
mables, pour des raisons diverses mâis
s'accommode-t-on jamais, tout d'abord,
d'une solution simple? Les pamphlets,
en latin et en français, se succédèrent,
de plus en plus montés de ton, et. ce fut
la guerre entre Reims et Beaune.
Un M. de Salins s'était fait l'ardent
défenseur du bourgogne, et il était bel-
liqueux, au moins en paroles. Cela ap-
paraît assez d'après la réponse d'un
Rémois « On avertit *NI. de Salins
qu'on ne lui fera pas l'honneur de lui
répondre, à moins qu'il ne bannisse de
ses. écrits les injures et les faussetés.»
La bataille, soutenue avec vivacité par
les uns, avec pédanterie par les autres,
dura quelque vingt ans. On peut croire
que les deux vins ne, firent que profiter,
en somme, de tout ce bruit. Mais, après
cette dépense d'invectives mutuelles,
personne ne songeait à en venir aux
mains. Il est vrai que, en ce temps-là,
les Champenois pouvaient n'en appeler
qu'à la vérité le champagne n'était que
du champagne, et la « delimitation » se
faisait toute seule. Personne n'eût pré-
vu les difficultés et les complications
actuelles, et la bonhomie de nos aïeux
ignorait ce mot, la « fraude D, ce mot
auquel on est arrivé à donner tant de
sens compliqués
S'il y avait place pour un sourire, au
milieu de ces événements désolants, il
ne serait que dans ce mot d'un vieux
paysan. consterné de cette subite folie
collective, aboutissant à des pillages et
à des incendie: « On a vraiment, a-t-il
dit, en résumant à sa façon ces jours
d'emportements et de destractions, on
a ma,nqué de savoir-vivre •> A travers
sa naïveté, cette protestation exprimait
le fond de la vieille âme française, faite
de mesure et de raison, en dépit de ses
bouillonnements. La tête prompte et le
cœur chaud, un besoin inné de justice,
n ais la réflexion arrêtant les excès à
temps, considérant qu'ils ne font que
desservir une bonne cause. Et ce mot,
plaisant dans les circonstances, par sa
modération dans une réorobation pour-
tant sincère, en vient à avoir une ma-
nière d'éloquence puisqu'il contient un
regret et une leçon, une façon de com-
prendre la vie, le bon sens, flans la re-
vendication des droits, l'esprit restant
clair, l'énergie se gardant des égare-
ments, la force ayant sa patience. Et
oui, c'était « savoir-vivre en effet.
Cependant, en dehors de tout ce péni-
ble imprévu, le programme de l'année
s'accomplit. Les dates ramènent les so-
lennités coutumières, comme l'ouver-
ture du premier des Salons. Et, chaque
année, c'est à peu près la même choses
une somme générale de talent qui n'est
pas niable, et peu d'oeuvres donnant
l'heureux petit frisson d'une émotion
plus d'adresse manuelle que de pensée,
plus de virtuosité que d'idées. Qui a le
temps du recueillement?
Il heurterait trop d'habitudes et aussi
trop d'intérêts, celui qui oserait, aujour-
d'hui, reprendre une opmion hardie,
parfois exprimée. Les Salons ne gagne-
raient-ils pas à ne pas être annuels, à
ne pas exposer tant d'envois selon une
inflexible périodicité? A des Salons plus
espacés, les peintres, qui auraient, en-
tre ces épreuves redevenues vraiment
importantes, d'autres moyens de se pro-
duire, ne donneraient-ils pas dey toiles
plus significatives, plus sincères, plus
dégagées de préoccupations d'utilité, où
ils se résumeraient, pour ainsi dire?
Ne se feraient-ils pas restituer, de cette
manière, une attention qui, forcément,
s'éparpille?. Ces expositions se com-
poseraient d'une sélection opérée par
les artistes eux-mêmes, dans leur œu-
vre. Mais il faut bien reconnaître que
l'heure ne parait guère propice à cette
modiftcation. Chaque saison, au con-
traire, a son Salon, à présent. Il reste
a savoir, cependant, s'il y a profit peûr
tout le monde artistes et public à
cette multiplication de ces sortes de
foirES de la peinture.
A peine le Président de la République
avait-il inauguré le Salon de la Natio-
nale, qu'il partait pour la Tunisie. Le
programme du voyage lui fait faire le
tour du beau pays que la première de
nos expéditions coloniales mit sous le
protectorat français. Je la suivais, cette
expédition, avec tout l'entram de la jeu-
nesse, avec ce qu'il y avait d'enthou-
siasme dans cette campagne d'où sem-
Llait dater notre véritable réveil et,
pour tout ce qu'il y eut d'espoirs en ces
heures-là, ce sont d'ineffaçables souve-
nirs. Le Président visitera, en revenant
du Sud, cette vieille ville du JCef, de-
vant laquelle la colonne du général Lo-
gerot, pénétrant en Tunisie, commença
les opérations, menées rapidement. Et
il'y a une scène que je revois, malgré
les années écoulées, comme si c'était
hier qu'elle se fût passée
On était arrivé devant les remparts
du Kef, et le gouverneur de la ville,
Rechid, s'apprêtait à résister, ayant
groupé autcur de lui des éléments fana-
tiques. Les canons de la citadelle fai-
saient illusion, et on ne savait pas que
quelques-uns d'entre eux étaient des
épaves des prises faites par les pirates
bftrbaresques au seizième et au dix-
septième siècle. Les informations pré-
sentaient Rechid comme un homme dé-
cidé. Devant l'étrange cité, où rien en-
ccre d'européen n'avait pénétré, il y eut
un moment sérieux. Les premières som-
mations étaient restées sans effet. Le
général Logerot songea à faire sauter
une porte Il envoya un officier vers la
section du génie qui se trouvait alors la
plus rapprochée, et l'officier demanda
huit hommes « de bonne volonté La
tâche était périlleuse, dan» les condi-
tions où elle devait être remplie. Alors
et ce fut vraiment émouvant 'on
vit, d'un même mouvement, s'avancer
tous les hommes du détachement; tous
sollicitaient le dangereux honneur de
cette mission.
La fermeté et l'habileté de M. Roy,
notre consul au Kef, aujourd'hui secré-
taire général du gouvernement tunisien,
amenèrent la reddition de la place, mais
le fait restait d'une unanime ambition
de dévouement, au moment où il sem-
blait avoir à s'exercer immédiatement.
Et cela fut très simple et très grand.
Un autre souvenir me revient, qui ne
va pas sans mélancolie, aujourd'hui.
Avant de passer la frontière tunisienne,
nous avions fait balte dans un des des-
niers villages algériens, s'appelant, je
crois, la Verdure, et peuplé presque en-
tièrement d'Italiens. J'étais entré dans
la primitive maison de l'un d'eux, qui
était l'unique commerçant du village.
Une veilleuse, dans un com, brûlait de-
vant une image de madone, Mais cette
Il madone » était une photographie je
m'approchai et je reconnus, avec un
peu de surprise, que cette photographie
(par quel hasard avait-elle échoué là ?)
était celle d'Anna Judic. C'était le cas
de dire qu'il n'y a que la foi qui sauve.
Mais ce portrait de la comédienne la
représentait dans tout l'éclat de sa beau-
té, et la grâce mutine du visage savait
prendre tant d'expressions Ce visage
vraiment charmant, L'objectif l'avait
saisi au moment où, sous les longs cils,
les yeux étaient neyés de langueur, dans
une de ces petites moues où nous
voyions tant de sous-entendus. Dans un
sens un peu plus précis que celui qu'on
donnait à Paris à ce mot, l'Italien avait
divinisé l'étoile.
Il y a de cela bien des années, bien
des années aussi du temps de cette lutte
de séductions entre Judic et Théo, une
lutte qui, à la vérité, ne divisait pas les
spectateurs en deux camps, car, pour
des raisons diverses, les deux divas leur
étaient également chères. Maïs Anna
Judic avait su se transformer, élargir
le domaine de son art.
Il n'avait pas été très bon prophète,
a directeur de café-concert qui, lors-
qu'elle débuta sur sa scène, avait fait
cette réserve le cachet promis ne lui
serait alloué que si la chanson qu'elle
chantait était écoutée sans encombre.
Il ne tarda pas à regretter de n'avoir
pas eu plus de confiance.
Paul GINISTY,
A
La meûaïïa dus Cùerarfla reoQHSse
le ittap ûesjrifiQs ûosîîles
Tanger. iC avril.
On naande d'El Hsar, en date du 15
Le dimanche 9 avril une corvée de huit
hommes, commandée nar le maréchal des
logis Carniss, se trouvait à deux kilomètres
du carnp du Djebel-Tsel{at, quand elle tut
brusquernent attaquée par la0 cavaliers che-
rarda dissidents.
Carniss fit aussitôt abriter ses hommes et
.ses chevaux dans une maisonnette indigène.
De là, la vaillante petite troupe diriyea un
feu nourri sur les assaillants, tuant onze
d'entre eua, dont deu r. clefs. La mort de ces
derniers et la résistance inatlendue de cette
poignée d'hommes produisirent une forte im-
pression sur les Cherarda, nui se retirerent,
Le maréchal des logis et ses huit soldats
purent ajers rentrer au camp sans être in-
quiétés. lts ont été vivement félicités, à cette
occasion, par le commandant Brcmuiit.
C'est le gue la mehalla quitta son cam-
pement, se dirigeant sur Fez, comme le lui
avait eni0int le cotonéf ?tfangin; mais
peine s'était-elle mise en marche, avan-
çant lenternent et péniblement à travers les
champs boueux et détrempés, qu'elle lui at-
taquée par les Cherarda dissidents, aidés
de contingents Beni Hassen. En dépit du
grand nombre de ses adversaires, la colonne
1 chérifienne du commandant Brémont résista
victorieusèment et elle mit en fuite ses ad-
versaires, non sans leur avoir fait subir de
fortes vertes. Elle eut elle-même quelque
tués et blessés.
m coup be mm m surt-mmu *•̃
Une logo cambriolée
par quatre bandits
Ils terrorisent tes concierges, deux vieil-
lards, et les menacent de leurs revol-
vers. Ils espéraient s'empaler du
montant des loyers, mais ne trouvèrent
qu'une trentaine de franca
C'éiait 'la nuit dernière, vers deux heu-
res. Dans leur loge, M. Jean-Bapaste Sa-
cleux et sa femme Alph.onsine, concierges
au de la rue Saint-Martin, dormaient
profondément.
Ce sont deux bons vieux de soijante-dix
ans, encore très alertes et très vils de corps
et d'esprit, malgré Jear grand âge, et tou*
jours souriante, toujours gais, toujours ai-
mables, d'ailleurs d'une honnêteté scrupu-
leuse, qui leur vaut l'estime de tous ceux
qui les approchent. Depuis vingt-deux ans,
ils vivent là dans cette petite loge, à l'entre-
sol, et durant ces vingt-deux ans, pas une
fois leur propriétaire ou leurs locataires,
devenus des amis à la longue n'ont eu
un reproche à leur faire.
Une maison tranquille
Il est vmi que M. et ito Sacleux yt
avec ui(J--1Sïyskmx à la bonne tenue 'et à la
sécurité^ Hmeuble dont ils ont la garde.
La maison oiL_du haut en bas, habitude par
des commerçants plumassiers, modistes,
passementiers qui, le soir venu, quittent,
avec les employés, leurs magasins, remet-
Lent les clefs aux concierges et s'en vont. A
huit heures du soir, au plus tard, ia maison
est vide, abandonnée, sous la seule garde
des deux bons vieux. Deux ou trois loca-
taires seulement logent au sixième étage,
niais toujours sont rentrés de bonne .heure.
Donc à deux heures du matin, M. et Mme
Saclenx dormaient. Un "oup de sonnette vi-
goureux les réveilla en sursaut. Mme Sa-
cleux tira le cordon, et, un peu étonnée
qu'un de ses locataires rentrât si tard, in-
quiète aussi, prata l'oreille.
Le tapis, dans l'escalier, étouffait les pas,
et il sembla à la concierge qu'on montait
avec précaution, en faisant !e moins de
bruit possible. Mais sur le palier en pierre
de l'entresol puis dans le couloir, le tapage
de gros souliers qui, lourdement, glissaient
ou heurtaient les plinthes, la fit sauter en
bas de son lit.
Qui va là ?
Sans souci du danger possible, grave-
ment, la vigilante femme ouvrit la, porte vi-
trée de la loge.
Qui va tà ? demanda-t-elle d'une voix
inquiète, mais ferme.
>g?Ie. avait ?*rçijt
curité, de petites lueurs vives qui Couraient
le long des murs, sautaient au plafond, puis
s'éteignaient, se rallumaient. s'éteignaien:
encore. Elle entrevit des ombres.
Qui va là ? répéta Mme Sacleux.
On ne répondit point. Mais quatre horr-
mes bondirent sur elle, la repoussèrent dans
le fond de la loge, contre son lit.
Tu vas te taire, hein ? ou sinon.
Ils avaient chacun à la main un revolver.
Ils en menaçaient le couple terrifié,
Tu vois ça ?
Its les contraignirent à ouvrir la bouche,
leur assujettirent le canon de leur arme
contre les dents.
'Maintenant, soyez sages!
Il n'était point besoin d'une si terri-
fiante menace pour obliger M. et Mme Sa-
claux, morts de peur, à la plus humble do-
cilité. Ils n'osèrent point esquisser le moin-
dre mouvement, pousser le plus petit sou-
pir.
Deux des inconnus, tandis que leurs com-
pagnons tenaient les vieillards en respect,
fouillaient la loge. bouleversaient les armoi-
res, les placards, la commode, les tiroirs
des tables, les boites en carton. A la lueur
de leurs petites lampes électriques de poche,
ils scrutaient les moindres recoins du logis.
Les voleurs volés
Ils ronchonnaient, car ils ps trouvaient
rien. L'argent du terme qu'ils espéraient-dé-
couvrir avait été remis dans la journée au
propriétaire. A la 6n, pourtant, ils trouvè-
rent le porte-monnaie de Mme Sacleux. Il
contenait une trentaine de francs, ils les
emportèrent. Ce tut là tout leur butin il
était bien maigre. Leurs recherches
avaient duré vingt minutes.
Les quatre bandits marquèrent une cer-
taine mauvaise humeur. Ils avaient espéré
mieux.
C'est pas gras dit l'un d'eux
Ils se décidèrent à s'en aller et tirèrent
le cordon.
Surtout, recommandèrent-ils aux deux
vieillards. pas de bruit, tant que notrs serons
encore dans la maison.
Rendez-moi au moins mon porte-mon-
nais, si vous gardez l'argent, demanda Mme
Sacleux, aux bandits,
Ils y consentirent, magnanimes. Ils des-
cendirent l'escalier, fermèrent la porte d'en-
trée derrière eux et disparurent
Les bandits partis, Mme Sacleux alla à
sa cachette, y prit 1.700 francs que lui
avait laissés son propriétaire pour payer les
contributions, contempla, heureuse et ravie,
les jolis bleus, puis les remit en place en
murmurant, avec une petite pointe de ma-
licieuse ironie
lis ne les ont pas eus Ils sont roulés.
Mme Sacleux pensait aux quatre cam-
brioleurs.
LES EXPLOITS DE «NICK CARTER-
Warzé menait une existence en partie double. Tout en
appartenant à la brigade mobile, il était affilié à la redou-
table bande dont un des membres tua l'inspecteur Moulis.
Il y a une dizaine de jours, le préfet de po-
lice révoquait un inspecteur de la brigade
mobile, nommé Warzé On avait appris que
cet agent, consvdéré jusque-là comme un très
honnête homme et un excellent serviteur,
entretenait des relations suivies avec une
fille de njeeur? légère, Garnie Auger, con-
nue dans les bars du faubourg Montmartre
sous le sobriquet de Lilas ». Par sa mal-
tresse, Warzé avait été mis en rapport avec
toute une bande d'individus, composée de fa-
bricants de fausse monnaie, de cambrio-
leurs, de voleurs à la tire, etc., dont il n'a-
vait pas tardé à devenir l'un des membres
les plns actifs et les plus influents.
C ^'eai qu'à la suite d'une longue et
que les chefs de l'inspec-
teur Warzé avaient connu les agissements
de leur subordonné et, aujourd'hui encore,
on n'est pas exactement fixé, boulevard du
Palais, sur la nature et le nombre des expé-
ditions auxquelles il a pu prendre pari.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas douteux que
cet étrange policier avait résolu le difficile
problème de collaborer à !a répression des
méfaits qui se commettent journellement à
Paris et d'assister en même temps les mal-
faiteurs dans leurs opérations
Un mandat d'amener a été décerné con-
tre lui, par M. Chênebenoit, juge d'instruc-
tion, mais il a jugé prudent de ne pas at-
tendre que ses anciens camarades du ser-
vice de la sûreté vinssent lui mettre la main
bu collet il a pris la fuite.
L'AMANT DE « LILAS
Marié depuis deux ans, Warzé habitait
avec sa femme, une ouvrière en lingerie,
dans un modeste logement, 55, rue Secrétan,
non loin du parc des Butles-Chaurnont.
Aussi bon époux que parfait fonctionnaire,
il jouissait dans son quartier de la considé-
ration de tous.
Il y a quatre mois, subitement, ses allu-
res se modifièrent. Le mari modèle omit, à
reprises, de passer la nuit au do-
micile conjugal. Cela devint bientôt une
habitude et, lorsque sa pauvre femme ris-
quait de timides questions, il proférait de
telles menaces qu'elle n'avait garde d'insis-
ter.
Warzé passait la plupart de ses nuits
dans la chambre que sa mattresse occupait
dans un hôtel borgne de la rue Saint-Denis,
Là, il se rencontrait avec ses complices,
parmi lesquels un redoutable bandit, Louis
Henrich, surnommé te « Grand Louis », re-
depuis de longs mois par la po-
lice, pour fabrication et émission de fausse
monnaie.
C'est cet individu qui, plus tard, devait
tuer i'inspecteur Moulis. ami intime et col-
lègue de Warzë f. Il est établi que Warzé j
prit une part active à divers cambriolages j
commis récemment, notamment dans la bi-
joutarie Portât et Bocage. 58, passade Vi-
vienne, où les chevaliers du rossignol déro-
bèrent pour une quinzaine de mille francs
de bijoux.
LE CAMBRIOLAGE DU
PASSAGE VIVIENNE
Ce vol eut lieu le l*r avril. Les malfaiteurs
avaient réussi à se hisser, sans attirer l'at-
tention du concierge, sur le toit vitré qui re-
couvre la galerie.
La nuit venue, ils coupèrent un carreau,
l'aide d'un diamant, puis ils descendirent
dans les locaux occupés par MM. Portât et
Bocagio, Ils tirent main-basse sur un sac
contenant soixante-sept bourses en argent,
sur des lingots d'or et des plaques de platine
représentant une valeur d'une dizaine de
mille francs, mais ils négligèrent une boite
dans laquelle se trouvaient des diamants,
estimés à soixante mille francs. Le mon-
tant du cambriolage fut évalué par les vic-
times à une quinzaine de mille francs.
Or, veut-on savoir qui reçut inisaiornie re-
chercher les audacieux bandits ?. Warzé
Warzé lui-même, qui, secondé par ses col-
lègues Guinouard et Abadie, se mit délibéré-
ment en campagne. Ah Us pouvaient être
tranquilles, messieurs les cambrioleurs du
passage Vivienne
Parmi les « monte-en-1'air » recherchés, la
police avait appris que figurait un très habile
chenapan connu sous le sobriquet de « Nick
Carter ».
Surtout, avait recommandé à ses su-
bordonnés M. Valette, le directeur de la bri-
gade mobile, ne négligez rien pour découvrir
« Nick Carter », il y a vraLment trop long-
temps que ce diable d'homme nous-fait la
u nique ».
Parfaitement, chef avait répondu,
comme ses camarades, le policier Warzé.
Cartier et lui étaient un seul et même hom-
me. Nick Carter était le surnom que lui
avaient donné ses amis les cambrioleurs.
Cependant un accident se produisait. Un
jour que Warzé etait souffrant, les autres
agents capturèrent un de Ses complices,
nommé Jacquin, vingt-trois ans, se disant
employé de banque, Sur lui on découvrit
l'une des bourses en argent provenant de la
bijouterie Portat et Bocagio.
Force lui fut d'avouer, mais en même
il il prit plaisir a dénoncer Warzé.
Celui-ci l'apprit et, naturellement, il s'em-
pressa de déguerpir.
Nick Carter aurait, en outre, étroitement
collaboré ausae d;un« boutique d'antiquaire.
Tl aurait enfin -accepté de négocier une
soixantaine de mille francs de titres prove-
nant d'un cambriolage commis, il y a quel-
1 que$ seniaines, rue Il serait parti
jeudi, en emportant ces valeurs et, depuis,
il n'a point jugé utile de donner de ses non-
palles, ni à son amie a Lilas », qui se la-
mente. ni à sas camarades, les voleurs, qui
A-T-IL TUE BERTHE ROUBIN ?
-Mais voici qui est plus grave, beaucoup
plus grave. On n'a pas oublié que, dans la
nuit du J9 au 20 mars, une fille Berthe Bou-
bin, domiciliée 11, rue des Etuves-Saint-
Martin, fut assassinée dans des circonstan-
ces demeurées mystérieuses. Le drame se
déroula à l'angle de la petite et pittoresque
rue de La Reynie et de la rue Quincampoix.
Berthe Roubia fut abordée, un peu avant
minuit, par un homme vêtu d'un bourgeron
bleu, coiffé d'une casquette enfoncée sur les
yeux.
Sans un mot, le mystérieux personnage
lui porta, un coup de couteau qui trancha la
carotide la mort fut instantanée.
En dépit des investigations aussitôt en-
treprises, l'assassin est resté introuvable.
Or, on raconte, très sérieusement, au ser-
vice de la sûreté, que l'auteur de ce forfait
ne serait autre que*\Varzé.
II aurait supprimé Berthe Roubin, an-
cienne amie de sa maltresse Lilas parce
que la malheureuse fille, trés au courant de
ses faits et gestes, avait menacé de le dé-
noncer.
Qu'y a-t-il de vrai dans toute cette his-
toire ? Il est difScilfi, à l'heure actuelle, de
le savoir. Toujoiir* les fonction-
nairés qui pourraient la démentir se tien-
nent sur une réserve prudente.
AGENT DE CONFIANCE
Ajoutons enfin que Warzé, qui, jusqu'au
jour où il quitta l'administration, était at-
taché au commissariat du faubourg Mont-
martre, avait su capter la confiance du
commissaire, M. Borde. Pour lui, le magis-
trat n'avait pas de secret. Lorsqu'une rafle
ou une, descente quelconque devait être
opérée, l'inspecteur de la brigade mobile
était toujours le premier avisé et, bien en-
tendu, il s'empressait d'en informer ses
complices ?.
CHEZ LES VIGNERONS
UNE JOURNÉE D'ACCALMIE
(nE NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX)
Epernay, 16 avril.
Ay, où tant de ruines sont maintenant ac-
cumulées, Ay, qui fut offert en pâture à
l'émeute déchaînée, Ay qui tremble encore
au bruit des murs que l'on est obligé d'abat-
tre parce qu'ils sont inutiles et dangereux,
est aujourd'hui au pouvoir de l'autorité mi-
litaire. Ce matin, au jour, des cavaliers, des
fantassins, sont venus augmenter le nom-
bre de ceux qui déjà s'y trouvaient instal-
lés. A midi, ils étaient cinq mille hommes
avec armes et bagages, bivouaquant sur tes
places, occupant les chaussées et les trot-
loirs, dans une atmosphère de soupe aux
choux, de crottin de cheval et de pommes de
terre frites.
Ay a été bien gardé, et nulle manifesta-
tion ne s.'y est produite. D'ailleurs, c'eût
été impossible. Les gardes qui veillaient aux
portes de la ville en défendaient l'entrée, et
les habitants, qui étaient sortis de bonne
heure, durent, pour pouvoir rentrer déjeu-
ner chez eux, exhiber des papiers en règle,
ou aller chercher des témoins justifiant de
leur identité. Ceux qui ne purent trouver ni
papiers ni témoins, restèrent tout simple-
ment dehors, pour leur apprendre sans
doute à circuler ssns leur livret de mariage
ou leur acte de naissance.
D'autres préférèrent demeurer chez eua,
prisonniers. plutôt que de passer sous
ces fourches caudines d'un nouveau genre,
et j'ai. à peine besoin de vous dire que
chacun, selon son tempérament, mani-
Paris-Madrid
LA PARTICIPATION ?
Ides AVIATEURS MILITAIRES
? ciellernent par l'inspection perma-
nente de l'aéronautique que Les\\
aviateurs militaires sont autorisés
¡ il prendre part à notre grande j
̃> épreuve de Paris-Madrid.
I? Les pilotes de t'armée, dont les
+ magnifiques exploits ne se comp-
4 tent plus sont d'ores et déjà infor- £
mes qu'ils ont toute latitude pour t
f participer la course, et nous /e-
¡ Tons prochainement connaitre les w
¡ noms de ceux d'entre eux, dont
les engagements nous seront par*
venus. tÎ
« L'organisation de Paris-Madrid m\
se poursuit actuellement avec la
plus grande activité, tant en Fran* v
ce qu'ere Espagne. Des comités in#-#'
À titués dans les deux pays assure.
ront le jalonnement du parcours x
dans d'excellentes conditions el de
Ç nombreux comités recueillent lA
ce morraent des prix destinés à ré- 1
compenser l'adnairable effort dés
T concurrents, auxquels le Petit Pa-
Il risien offre rappelons-le un pre-
mier prix de Cent mille francs. £
Le voyage de M. F allier es
J«^ Le Président de la République est en
*T5^ route pour la Tunisie où il va porter
aux populatiors placées sous notre protec-
torat l'expression de la sympathie de la
Métropole. Cette sympathie s'explique am-
plement par le loyalisme du bey et par l0i
dévouement que ses sujets ont montré à la
France depuis trente ans. Iia ont accepté'
sans effort notre influence, comprenan
qu'elle entendait ne s'exercer qu'au profit
de leurs intérêts liés désormais à ceux d
la. mère-patrie. Quoi qu'il en soit, en travail-
lant à la prospérité de leur contrée, les Tu·
nisiens contribuent à la grandeur de lat
France et M. Fallières avait le devoir de les
en féliciter. Il n'a pas voulu y manquer et'1
le ministre de l' Agriculture, par sa pré-
âtmcë, térrftJïgrïera très explicitement de îta->*
térêt que nous prenons au développement
des richesses du sol tunisien.
Le voyage du Président aura en outre~
l'avantage de provoquer une intéressantaj
manifestation de l'amitié franco-italienne
nne escadre doit saluer, on le sait, èt\
Bizerte, au nom du roi Victor-Emmanuel,
le premier magistrat de la République. Fort'
appréciable en elle-même, cette marque d0-\
haute courtoisie empruntera une valeur
plus grande encore à ce fait qu'elle nous est
donnée par l'Italie dans les eaux tuni-
siennes.
festa le peu d'enthousiasme qu'il éprouvai*
pour une semblable consigne. I
Ce n'est pas, comme peuUôtre vous pour-'
riez le croire, que l'on craignit la réédition
de faits semblables a ceux de mercredi. Les.
gens qui incendièrent et pillèrent sept mai-
sons doivent être suffisamment satisfaits.
On avait redouté, simplement, un exod
trop grand de curieux, touristes, prome-*
neurs, tous gens qui badaudent le diman-1
che, et qui eussent été tous enchantés d«4
trouver un but à leur flânerie. Evidem-
ment, il en est venu qui se Font cassé le nezj
sur des casques de dragons et des shakow
de hussards, mais le garde champétre et'
les pompiers d'Ay auraient bien suffi à as-'
surer un ordre que personne ne songeait àtë
troubler.
Il va sans dire que l'on avait également*
escompté un retour offensif des vigneron
On s'était dit que quand un vigneron boit, it
boit bien, et la chaleur aidant. on ne 3ait1
jamais. Aussi, des fantassins patrouillè-1
rent-ils tout l'aprèî-midi dans les vignes
tiy y a quelques jeunes ceps qui ont dû ap.
prècier comme il convient la douceur d'un'
godillot délicat. Cette connaissance fâcheuse
nuira certainement à leur avenir.
Enfin, comme il arrive toujours en pareil
cas. quand or ̃» tout prévu, tl ne s'est rien
passé, que d'anodins incidents qui ne méri-
tent pas d'être relatés.
Les cavistes parlent tfm se ttifandii?
Comme j'a1lais quitter Ay, j'aperçus un
groupe d'hommes qui discutaient avec ani-
mation. Il y avait, de la coffre dans ie»j
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