Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1910-12-31
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 décembre 1910 31 décembre 1910
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/04/2008
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La croissance
des grandes villes
Tandis que la France prépare son
prochain recensement, deux grands
pays, les Etats-Unis et l'Allemagne,
viennent de publier les leurs.
L'un et l'autre ont enregistré des
poussées considérables et avec lesquel-
les, malheureusement, contraste notre
propre stagnation. Les Américains, qui
n'étaient que soixante-quinze millions
en 1909, étaient quatre-vingt-onze mil-
lions en 1910, c'est-à-dire que tous les
douze mois, dans l'intervalle, leur con-
tingent avait grossi de 1.600.000 unités.
Et les Allemands, passant de 60 mil-
lions en 1905 à 64 en 1910, ont ajouté,
à chaque exercice, 800.000 citoyens de
plus à leur population.
Les Etats-Unis se félicitent de cette
croissance continue, et que rien ne sem-
ble pouvoir arrêter. Non seulement la
prolificité reste chez eux des plus for-
!,et;, surtout dans les régions du centre
et de l'ouest, où la terre ne fait point
défaut et où les bras sont de plus en
plus demandés, mais encore l'immigra-
tion déverse sans cesse des hommes et
des femmes en quête de travail. Jadis,
les immigrants arrivaient de la West-
phalie, de l'Irlande ou des Calabres
aujourd'hui, les pays slaves expédient
de véritables armées de déshérités il se
peut que la valeur technique des nou-
veaux venus n'atteigne pas à celle de
leurs prédécesseurs, déjà formés à la
grande industrie. Cependant, le courant
de la production est si intense au
Nouveau-Monde qu'ils finissent toujours
par trouver des places, soit dans les
groupements ruraux récemment créés,
soit dans les agglomérations urbaines
nébordantes d'activité.
Les Allemands, en dépit de l'augmen-
tation générale qu'ils viennent de-cons-
tater, n'envisagent point l'avenir sans
une certaine amertume. Eux aussi en-
registrent, maintenant, une restriction
'de la natalité. restriction qui n'est
point négligeable au demeurant, puis-
qu'elle s'est élevée au cinquième pour
les dix dernières années. Ils se deman-
dent si ce fléchissement ne s'accentuera
pas, et si un beau jour ils ne seront point
vouées, comme la France, à l'état sta-
tiomiairp'
Ce qui est certain, outre-Atlantique
comme outre-Rhin, c'est que les villes
attirent à elles un pourcentage gran-
dissant de la population et que la déser-
tion des campagnes s'accomplit avec
une prodigieuse rapidité.
L'Angleterre, avant que ne surgissent
les manufactures de Manchester de
Birmingham, de Bradford, de Leeds, de
Glasgow, de Sheffield, était en grande
partie habitée par des agriculteurs et
des éleveurs. Depuis cent ans, l'exode
rural a été énorme chez elle, au point
que de vastes superficies sont vides de
maisons. La France, maigre la consti-
tution d'une puissante industrie entre-
tient encore, dans ses cultures de toutes
espèces, près d'une moitié de ses ci-
toyens. Mais ses villes ne se sont pas ac-
crues à proportion de celles de l'Union
américaine ou de l'Allemagne.
Le dernier census de l'administration
de Washington nous fournit,, à cet
égard, de précieuses données. New- )
York, qui comptait un peu plus de
1,500.000 âmes en 1890, en possède plus
de 4 millions et demi Chicago a bondi
de 1.100.000 en 1890 et de 1.690.000 en
1900 à 2.185.000 Philadelphie atteint à
Voir, en tête de la deuxième I
page, la douzième série de nos
doubles menus.
1.600.000; Saint-Louis, Boston, Cleve-
lalld S'échelonnent entre 600.000 et
i T00.000 Pittsburg, la cité de l'acier,
monte à 550.000. Si l'on songe que plu-
sieurs de ces centres étaient encore de
petites villes, il y a quarante ans, que
i d'autres ont presque été façonnés de
¡ toutes pièces dans la période la plus ré-
cente, on est légitimement stupéfait de
ce vertigineux grossissement.
Les accumulations urbaines d'Alle-
magne ne nous réservent pas une moin-
dre surprise.
De 1905 à 1910, Hambourg et Altona
gagnent 160.000 âmes Leipzig, 82.000
Cologne, 83,000 Francfort-sur-le-Mein
80.000; Dusseldorf s'accroît de moitié
Rixdorf, un des faubourgs de la capi-
tale, arrive presque à doubler, avec une
population égale à celle de Bordeaux.
Sarrebruek, il y a vingt ans petit chef-
lieu, dépasse 100.000 âmes.
Il faut grouper entre eux les centres
voisins, villes de tissage, de hauts four-
neaux, de produits chimiques et que
le plus souvent de simples limites ar-
bitraires séparent seules les uns des au-
tres coupant des maisons par le mi-
lieu pour apprécier la puissance de
ces agglomérations germaniques. L'ag-
glomération berlinoise représente près
de 4 millions d'hommes celle de Duis-
bourg-Mulheim 650.000; celle de Colo-
gne 600.000 celle de Bochum Gelsen-
Kirchen Herne, en Westphalie, dans
la région houillère, 540.000 celle d'Es-
sen, 520.000 celle de Nuremberg-Furth,
420.000. A part la Seine et la contrée de
Lille, nous ne rencontrerions point, chez
nous, pareilles accumulations.
Ce qui est curieux et M. Huret
vient de nous le montrer dans son der-
nier volume sur la Bavière et la Saxe
c'est que chacune de ces grandes villes
allemandes tend, de plus en plus, à se
renfermer dans une ou deux spécialités.
Munich a sa bière, qui occupe de véri-
tables régiments d'ouvriers brasseurs
Nuremberg fabrique ses soldats de
plomb, qu'elle expédie pour des mil-
lions à tous les pays, et qui font la joie,
non seulement des petits enfants, mais
aussi des princes impériaux et des géné-
raux commandant les corps d'armée
Leipzig excelle dans la librairie, qu'elle
a supérieurement otifcllée.
On s'imaginait, jusqu'ici, que nous
détenions le record pour les publica-
tions d'ouvrages c'est une erreur. Les
Allemands se font beaucoup plus éditer
que les Français, si j'en crois la sta-
tistique, mais les entreprises d'éditions
sont organisées .chez eux avec un luxe
et une précis u qui n'ont point d'équi-
valents au monde.
Ailleurs, eri Saxe ou en Westphalie,
la confection des produits chimiques
absorbe toute l'activité d'une popula-
tion. Avec l'expansion des grandes vil-
les, cette spécialisation des centres est
la caractéristique la plus intéressante de
l'Allemagne contemporaine. Mais si ac-
tive que soit celle-ci, elle ne s'est pas
encore détachée de ses anciens usages
et la manie des titres y sévit plus que
jamais.
Je détache du livre de M. Huret deux
citations dignes de mémoire. Il s'agit
de mentions imprimées sur des cartes
de visite. L'une de ces cartes était libel-
lée ainsi Rasiermesserhohllschleiferei-
direktorswittwe, et l'autre Staatschul-
dentilgungsbureauausgeherswitwe.
Et comme je ne veux point laisser
nos lecteurs en suspens, je dirai que la
première annonçait la veuve d'un direc-
teur d'une usine de rémoulage de lames
de rasoir, et l'autre la veuve d'un garçon
de recettes du bureau d'amortissement
de la Dette publique. Ce sont de petits
travers à côté de grandes choses.
JEAN PRILLI
UNE ANNEE PACIFIQUE
L'année, qui expire, aura été pour
4 le monde une année de paix et de re-
cueillement. Au lendemain de la crise bal-
kanique, qui avait réveillé de vieilles que-
relles et failli provoquer un long conflit, elle
a marqué comme une détente bienfaisante,
dont tous les peuples ont tiré profit.
Il est vrai qu'aujourd'hui comme hier, on
ne parle que d'armements, mais ces arme-
ments se neutralisent les uns les autres, et
les risques de guerre semblent s'être nota-
blement atténués. Les deux grandes com-
binaisons diplomatiques qui se partagent
l'Europe, la triple alliance et la triple en-,
tente, ne se menacent plus avec la même
àpreté qu'autrefois des accords latéraux,
des conventions partielles ont été signés en-
tre des membres de l'une et de l'autre, faci-
litant la solution des litiges qui peuvent
surgir au jour le jour.
En Extrême-Orient même, Les rapports
de la Russie et du Japon se sont améliorés,
depuis que ces deux empires ont compris
la nécessité d'une discussion loyale de
leurs inlérùts respectifs, et si à un mo-
ment, le gouvernement du mikado avait
adopté une attitude comminatoire vis-à-vis
des Etats-Unis, i! s'est rallié a une politi-
que plus conciliante.
il faut souhaiter que 1911 ne diffère point,
ù cet égard, de 1U10, et qu'aucune crise
belliqueuse ne vienne troubler l'effort labo-
rieux des peuples.
Le cas de Durand
lA) l'résident de la Fiépublique. coutruirc-
nent ce qu'on croyait généralement, n'a
sas Mîitiiê. hier, sur le ea_s de Durand, iron-
i;i< n mort par In. cour d'assises de la
̃>e;:i ̃i-I:;I;m :eure. Mais la décision de NI.
̃a' res ne tardera- pas à être connue.
|ia:is le courant de l'après-midi d'aujour-
l'iiui, dans la soirée au plus tard, nous
.-t-on affirmé, on saura quoi s'en tenir.
s'il faut ajouter créance aux bruits qui
,¡¡raient hier, la peine prononeée par la
our de Rouen contre Durand serait réduite
fortement. La peine de mort et colle
es travaux forcés seraient écartées.
ENCORE UNE VICTIME
Le lieutenant de Caumont
fait une chute mortelle
T{elevè les deux jambes brisées, il succombait quelques heures après.
LE LIEUTENANT DE CAUMONT A BORD DE SON AÉROPLANE
(Dans le médaillon le lieutenant dans son uniforme d'officier du S" dragons)
L'année se termine tragiquement et glo-
rieusement pour l'aviation.
Hier, le lieutenant de Caumont s'est tué,
mais aussi Tabuteau a battu le record de
la distance en un seul vol, tenant l'atmos-
phère pendant près de huit heures et par-
coumnt la. distance énorme de cinq_.çant
quatre-vingt-quatre kiiomélres.
Le lieutenant de Caumont, qui avait fait
jeudi un splendide vol d'entraînement, se
proposait de disputer hier, sur l'itinéraire
Saint-Cyr-Vendôme et retour, le prix La-
zare Weiler, doté d'une somme de 25.000
francs, à remettre à l'aviateur militaire
ayant accompli la plus belle performance
durant l'année 1910.
A cet effet, dès la première heure, l'excel-
lent officier était arrivé au hangar élevé ja-
dis par Santos-Dumont, actuellement occu-
pé par l'école 'Nieuport, et où toute la nuit
des mécaniciens avaient mis au point le mo-
noplan dernier modèle que devait piloter le
lieutenant de Caumont.
A 9 h. 1/2. ce dernier faisait sortir l'ap-
pareil et effectuait sur le terrain de ma-
nœuvres- de l'Ecole spéciale militaire deux
vols très réussis.
L'aviateur, néanmoins, en fut peu satis-
fait son moteur avait quelques ratés et,
surtout les commandes du gouvernail lui
avaient paru manquer de souplesse.
En présence des capitaines Dupeyron,
litévé et du lieutenant Chautin, tous avia-
teurs compétents, on procéda à une derniè-
re vérification minutieuse de l'appareil.et,
vers dix heures et demie, avant de prendre
son passager, le lieutenant Caussin, du ré-
giment des aérostiers, l'aviateur prit encore
une fois la route des airs.
Le monoplan s'éleva rapidement, franchit
le champ de manœuvres, revint traverser
au-dessus de l'institut aéro-technique, ré-
cemment inauguré, et de la route de Ram-
bouillet.
Soudain, l'aviateur, vira pour revenir au
point de dé;xirf.
Chute à pic
Nous laissons ici la parole à M. Tons-
sain2, directeur de l'institut 'aéro-technique
de Saint-Cyr, qui, monté sur le belvédère
àe l'établissement, suivait attentivement
les évolutions hardies de l'aviateur
.1'entendis les ratés du moteur, alors
que NI. de Caumont cherchait à descendre
en vol plané. L'appareil inclina Brusque-
ment d'abord à gauche, puis se releva, et
ensuite ce fut la chute vertigineux d'unie
hauteur approximative de soixante mètres.
Le morioplaai, piquant droit, tombait à pic
dans un champ situé à Bouviers, commu-
ne de Guyancourt. et appartenant à M.
Edmond (ïast, ancien député.
Un charretier, M. Ka'iisau, qui se trouvait
tout près de là accourut et se trouva en pré-
Tabuteau fait 584 kilomètres
C'est le record de la distance
La nuit s'étendait encore sur le plateau
dominant Versailles que déjà Tabutcau, le*
chronométreurs et commissaires de l'Aéro-
Club se trouvaient sur l'aérodrome de Bue,
en vue de la tentative pour la coupe Miche-
lin. Déjà le biplan qui allait, emporter Tnbu- j
teau était prêt dans son hangar. Lfs nttcfi-
niciens avaient empli d'essence jusqu'aux
extrêmes bord.s l'immense réservoir de cui-
vre, la grosse barrique contenant denx hec-
tolitres d'esseuce. En absorbnnt force bois-
sorus chaudes et réconfortantes, on atten-
dait le grand jour. Celui-ci venu, commis-
saires et chronométreurs s'en furent à leur
pa^te et t'aviateur, grossi de fourrures et de
maillots, prit place sur le siège de son aéro-
plane.
If dait à ce moment 7 homes .i3 minutes, j
Et la ronde autour des pylônes jalonnant
hi plaine commença, aussi régulière que fas-
tidieuse.
Toute là matinée, Tabuteau tourna. A
sence d'un épouvantable amas de débris de
toute sorte.
Le lieutenant de Caumont, qui avait toute
la partie inférieure du corps inerte, se dressa
sur son séant et, le visage crispé par la dou-
leur, ayant toute sa lucidité, en un effort
surhumain, se dégagea,
A ce moment précis." Nieaposrt et d«a offi.-
ciers arrivèrent. On téléphona à Saint-Cyr
et, quelques minutes après, accoururent les
majors Langlois, Petit et Bourguignon. Les
praticiens constatèrent alors que le lieute-
nant aviateur avait les jambes brisées.
Avec d'infinies précautions, après lui
avoir fait des piqûres de morphine, ils le
firent transporter à l'hôpital de Versailles.
Il rend Ie dernier soupir
Là, le médecin en chef Cahier visita à son
tour le blessé et fit les mêmes constatations
1 que ses collègues. Avec eux, il rédigea un
bulletin de santé signalant un état extrê-
mement grave.
Ce diagnostic, malheureusement, n'était
pas optimiste. En effet, peu avant sept heu-
res. le lieutenant de Caumont qui, jusque-là,
avait conservé toute sa connaissance, en-
trait dans le coma. Quelques minutes après,
il rendait, le dernier soupir.
La nouvelle de la mort de l'aviateur se
répandit rapidement et jeta dans tout Ver-
sailles une profonde consternation. Te,
corps fut transporté dans une chambre
mortuaire, où le général Barau, commun-
dant d'armes de la place de Versailles, puis
le général Roques, inspecteur de l'aéro-
nautique, et. quelques camarades du défunt
vinrent- saluer sa" dépouille mortelle.
La carrière de l'officier
Le lientenant Jacques Nompar de Cau-
mont la Force, du 8e dragons, fut un de nos
premiers pilotes militaires.
Il fit ses débuts en monoplan au commen-
éeinént de cette année et prit rapidement
place parmi nos meilleurs aviateurs.
Il réussit au cours du circuit de l'Est et
plus récemment lors des dernières grandes
manœuvres plusieurs jolis raids' qui prou-
vèrent sa valeur et sa maîtrise.
Fervent adepte de la vitesse, il s'était ré-
cemment engagé dans le pris Deperdussin
(record des 100 kilomètres) et c'est, on l'a
vu, en tentant cette épreuve sur un rapide
monoplan qu'il fut victime de l'accident
gue nous venons de relater.
M. Jacques de Caumont était lieutenant
depuis le ltr octobre 1907.
Kn nnprenunl, sa terrible chute, le minis-
tre de la Guerre, en même temps qu'il char-
geait le généra.! Roques d'aller il l'hôpital de
Versailles r.ivndre des nouvelles de- l'avia-
teur. préparait un décret, conférant au lieu-
tenant de Caumont la croix de chevatier de
la Légion d'honneur, décret qui paraîtra ce
matin môme à l'Officiel.
t'heure de midi quand, à terre, chacun dé-
I Jeûnait frugalement de charcuteries diver-
ses, l'homme-oiseau tournait encore, virait
toujours autour des mâts surmoutés Ó'ori-
u'inujies blattches, plantés de loin en loin
sur l'immensité de la plaine. Ce n'est
qu'au moment où déjà le triste jour d'hiver I
allait finir, alors qu'entre deux lourdes
nuées le globe solaire très rouge allait dis-
paraître sous l'horizon que. tout à coup le
biplan, assez brusquement, vint se po'er
sur le sol détrempa 1'abuteau s'arrêtait
parce que. son gros-, son immense réser-
voir était à sec. u
On compta les tours, on recompta. Ta-
buteau avait mis- à son actif cinq cent uua- cl
tre-vingt-qualre kilomètres en un laps de
temps de sept heures quarante-deux mi- st
nutes cinquante secondes.
La joie alpr régna à l'aérodrome de Bue re
Le record était battu, et bien battu, puis- et
que à Pau l^egagneux n'était arrive qu'à
515 kilomètres. (j<
LA SITUATION AU PORTUIiAI
Le gouvernement républicain
dément la rumeur de troubles
Nous avons publié, hier matin, une dépê-
che de Lisbonne qui signalait des diver-
gences graves dans le parti républicain por-
tugais, et qui faisait allusion à l'attitude
douteuse de l'armée et de la marine.
M. de Santos Bandeira, chargé d'affaires
du Portugal à Paris, nous a communiqué
hier soir le télégramme ci-dessous qui lui
a été adressé par M. Bernardino Macbado,
ministre des Affaires étrangères
Iisbonne, 30 décembre.
Vous pouvez affinner, de la façon la plus
catégorique, que la tranquillité est complète
dans tous le pays et qu'aucun indice de
troubles n'y est signalé.
La plupart des grèves ont eu leur solu-
tion sans la moindre violence, et unique-
ment par l'arbitrage du gouvernement, sol-
licité par les patrons et les ouvriers. Depuis,
aucune grève ne s'est produite.
D'autre part, la discipline se maintient
intacte, aussi bien d-anis l'armée que dans
la marine, et les quelques navires de l'Etat
qui ont quitté Lisbonne sont partis les uns
en service, les autres pour se rendre à Ma-
dère y porter des .secours contre le choléra
aucun signe de mécontentement ne s est ma-
nifesté parmi les équipages.
Le bruit d'après lequel le gouvernement
n'aurait éloigné ces bâtiments que par
crainte d'une mutinerie à bord, a été ré-
pandu par ceux-là mêmes qui affirmaient
naguère que le gouvernement n'osait don-
ner l'ordre de départ à ces navires
Quant à la nouvelle d'un prétendu com-
plot monarchique récemment découvert et
dont les auteurs auraient été emprisonnés,
elle est absolument controuvée. Une seule
arrestation a été opérée, celle d'un individu
qui lançait des bruits alarmants concer-
nant des complots de ce genre.
Vous pouvez affirmer que la fabrication
de semblables nouvelles est la seule arme
dont disposent les ennemis- d'une Républi-
que, dont l'existence se développe depuis
trois mois au milieu du plus grand calme.
Seuls les auteurs des crimes qui ont été
commis contre l'épargne et la tranquillité
du pays essayent encore, dans l'ombre où
ils se cachent, de semer le trouble en Por-
tugal, à l'aide des bruits les plus tendan-
cieux et les plus mensongers.
Signé B. Machado. »
Incertitude à Madrid
Madrid, 30 décembre,.
Des rumeurs circulent qui présentent la
situation comme grave au Portugal, mais
les détails manquent, car on croit que le
gouvernement exerce une active censure.
On parle d'une conspiration avortée. On
dit qu'il existe de réelles divergentes entre
le gouvernement provisoire et la junte ré-
volutionnaire, et que l'armée portugaise se-
rait mécontente ayant décidé du succès de
la révolution, elle n'aurait pas reçu les
récompenses auxquelles elle croit avoir
droit.
UNE NOUVELLE LIGNE FERRÉE
A LA FRONTIÈRE MAROCAINE
La Chambre vient d'approuver la cons-
truction d'une nouvelle ligne terrée qui lon-
gera la frontière marocaine en suivant la
vallée de l'oued Kiss elle reliera Lalla-
Marnia devenu un grand centre d'approvi-
sionnement, en même temps qu'un point de
conceniration de troupes, au port de Ne-
mours.
Son importance stratégique sera de pre-
mier ordre. On se rappelle l'assaut soudain
que donnèrent, il y a trois ans, les Maro-
cains, à toute la lisière de l'Oranie. Nos dé-
tachements, surpris, repoussèrent victo-
rieusement l'ennemi, mais séparés les uns
des autres par des massifs montagneux
que traversaient de simples pistes, ils ne
purent aussitôt reprendre l'offensive.
La ligne ferrée nouvelle permettra de se
rendre rapidement de l'un à l'autre des
points fortifiés qui dominent le Kiss. Cha-
cun de ces points pourra d'autant plus effi-
carement exercer sa surveillance sur la
zone frontière, qui est d'ailleurs pacifiée
complètement.
Carte montrant le trajet du, futur
chemin de fer
i'explosion d'une poudrière
fait 10 victimes en Belgique
Gand, 30 décembre.
Cet après-midi. vers trois heures et demie,
me terrible explosion s'est produit dans ta
tpudrerie nationale de Wetteren, où les se-
hoirs ont sauté,
Quatorze ouvriers iravaillaient dans les
échoirs-
six 1, du soir, r :l cadavres étaient
etirés des t mitre ouvrier a
té découvert mortellement blessé
Les séchoirs contenaient cinq cents kilo
e poudre.
| LE UmtfH DE ViPDOT
une octogénaire étranglée
Ce serait un suicide, d'après les autorités
mais l'opinion publique croit à un crime.
Coulommiers, 30 décembre.
Tout l'extrémiié du canton de Rozoy-en-
Brie, s'élève la petite commune de Vaudov,
ou, depuis quarante-huit heures, l'émotion
la Plus vive regne parmi la population il la
suite de la mort, survenue dans des bondi-
tions particulièrement étranges, d'une vieille
rentière de la localité.
La rentlèfo filait mortm I
Depuis de longues année?, Mme veuve
Herbeun. née Marie-Louise Nègros, àgée au-
jourd'hui de quatre-vingt-neuf ans, habi-
tait une petite maisonnette du village. Sa
vie s'écoulait calme et douce et rien ne fai-
sait prévoir, ni dans sa conversation, ni
dans ses habitudes, qu'elle put succomber
à une mort trafiqua. Elle gardait jalouse-
ment, croyait-on, dans son bas de laine,
de sérieuses écortomirs, dont elle ne prtr-
lait à personne, se gardant des relations de
voisinage et ne recevant aue de temps à au-
tre les membres de sa famille habitant la
région
Or, hier matin, nn cultivateur, M. Veil-
lat, rentrant dcs champs, fut assez étonné
de ne pas voir la rentière vaquant à ses
occupations habituelles. Il s'approcha de
sa maison et, regardant à travers les vi-
tres de la fenêtre, il vit ceci
Non loin de la croisée, au pied d'une
chaise, le visage horriblement contracté
la veuve Herbelin gisait, raidie, le corps re-
plié sur lui-mèni-e.
Surmontant son émotion, M. Veillât
franchit la porte, qui n'était point fermée à
cdef il s'aperçut alors que la vieille femme
était morte depuis quelques heures déjà.
Étfangm» constatation*
Le cultivateur courut prévenir le maire
de la commune. M. Bontour, qut lit trans-
porter par deux voisins le cadavre sur un
lit de la pièce voisine. Nul ne remarqTra.
rien d'anormal à ce moment, et l'opinion
s'accrédila que la vieille femme avait du
succomber à une congestion.
Seulement, sur le carrelage de la salle,
on releva la présence de quelques taches
sanglantes,
Or, à quelques heures de là, le petit-fite
de la rentière, M. Mesnil, cultivateur à
Voinsles, arrivait à Vaudoy et faisait procé-
der à la toilette funèbre de la morte. Quelle
ne fut pas sa stupéfaction en découvrant
autour du cou de sa grand'mère, alors qu'il
enlevait la coiffe lui couvrant la tête, un
collet an ni de fer lui enserrant le wu et qui,
dans les chairs, avait tracé un profond sil-
lon.
Pris d'étranges soupçons, M. Mesnil s'en
fut chercher le maire, qui revint avec les
gendarmes de Rozoy-en-Brie. Le magistrat
municipal et la maréchaussée se rallièrent
aussitôt à l'hypothèse du suicide.
Leur opinion se fondait sur ce fait, qu'à'
l'cspagnolette de la fenêtre, près de laquelle
le cadavre avait été découvert, était accro-
ché un anneau de corde très tine après le-
quel 1 octogénaire, pour se pendre, aurait
pu fixer le collet de fil de fer qui l'étrangla.
Mais la corde ayant cédé. la désespérée
serait tombée à terre, se faisant à La tête
quelques écorchures d'où aurait coulé le
sang remarqué sur le sol.
ce amratt un orimo
Cette version officielle avait été adoptée
quand d'étranges rumeurs parvinrent au
parquet de Coulommiers. La population de
Vaudoy ne peut admettre que la veuve
Herbehn se soit suicidée, car jamais elle
n'avat nurnifesté de semblable intention
Le collet de fil de fer qui entoure le cou
est du moàèle de ceux qu'emploient les bra-
conniers pullulant dans la région Au sur-
plus, la longueur du fi! de fer paraît insuffi-
sante pour que la vieille fereme, rendue
presque impotente par l'âge, ait pu l'atta-
cher elle-même à l'anneau de fioelte décou-
vert à espagnolette de la fenêtre.
Et c'est pourquoi nombre d'habitants de
la commune persistent à croire que la vieille
femme a été assassinée par un individu *te-
nu pour la voler, lequel aurait simulé un sui-
cide par une malhabile mise en scène.
Dans la soirée, le procureur de la Républi-
que de Coulommiers a prescrit un complé-
ment d'enquête. Le médecin légiste a été
chargé de l'aiiwnsie du cadavre et les ma-
gistrrts se rendront, croit-on, demain à
Vaudoy, où 1 émotion est à son comble.
Il faut attendre, pour se nrononcer, la fin
de l'information, qui seule perniettra de dé-
terminer de façon précise les conditions
dans lesquelles l'octogénaire a trouvé cette
hn tragique.
LE CRIME DE GRIGNY
Le rapport du médecin légiste
est accablant pour Emile Méry
L'instruction relative au crime de Grigny
va entrer désormais dana une phase active.
Il semble maintenant qu'Emile Méry aura
bien de la peine à nier sa culpabilité.
Un sait qu'on avait tmuvè sur lui, ou en
sa possession, des vêlements sur lesquels
on remarquait des taches suspectes qui fu-
rent soumis à l'examen du docteur Biiltha-
zard, médecin légiste à haris.
Or, ce dernier vient de faire tenir soin
rapport à M. Oridel, juge d instruction. Le
praticien déclare fonnellement que ces ta-
ches sont bien ù2s taches de sang, et de
sang humain. Sur une des manches, on
avait cru remarquer la présence d'un frag-
ment de cervelle. Le docteur Balthazard a
également confirmé cette hypothèse.
M. Gridel était déjà fixé le rapport du
médecin légiste ne fait que fortifier son opi-
nion. Le magistrat n'attend plus que les
conclusions de NI. Gastine-Renette, expert
armurier, pour entreprendre l'audition des
nombreux témoins et confronter Emue Méry
avec quelques-uns d'entre eux.
Ajoutons que l'inculpé devait, ainsi que
nous l'avions annoncé, comparaître devant
1-a tribunal correctionnel de Corbeil. avan!
fait opposition à une condamnation prohoii-
cée par défaut contre lui. Il a déclaré, hî'i,
faire défaut sur l'rrpposition, de .sorte tes magistrats ont confirmé purement c'
simplenrerit le jugement antérieur.
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La croissance
des grandes villes
Tandis que la France prépare son
prochain recensement, deux grands
pays, les Etats-Unis et l'Allemagne,
viennent de publier les leurs.
L'un et l'autre ont enregistré des
poussées considérables et avec lesquel-
les, malheureusement, contraste notre
propre stagnation. Les Américains, qui
n'étaient que soixante-quinze millions
en 1909, étaient quatre-vingt-onze mil-
lions en 1910, c'est-à-dire que tous les
douze mois, dans l'intervalle, leur con-
tingent avait grossi de 1.600.000 unités.
Et les Allemands, passant de 60 mil-
lions en 1905 à 64 en 1910, ont ajouté,
à chaque exercice, 800.000 citoyens de
plus à leur population.
Les Etats-Unis se félicitent de cette
croissance continue, et que rien ne sem-
ble pouvoir arrêter. Non seulement la
prolificité reste chez eux des plus for-
!,et;, surtout dans les régions du centre
et de l'ouest, où la terre ne fait point
défaut et où les bras sont de plus en
plus demandés, mais encore l'immigra-
tion déverse sans cesse des hommes et
des femmes en quête de travail. Jadis,
les immigrants arrivaient de la West-
phalie, de l'Irlande ou des Calabres
aujourd'hui, les pays slaves expédient
de véritables armées de déshérités il se
peut que la valeur technique des nou-
veaux venus n'atteigne pas à celle de
leurs prédécesseurs, déjà formés à la
grande industrie. Cependant, le courant
de la production est si intense au
Nouveau-Monde qu'ils finissent toujours
par trouver des places, soit dans les
groupements ruraux récemment créés,
soit dans les agglomérations urbaines
nébordantes d'activité.
Les Allemands, en dépit de l'augmen-
tation générale qu'ils viennent de-cons-
tater, n'envisagent point l'avenir sans
une certaine amertume. Eux aussi en-
registrent, maintenant, une restriction
'de la natalité. restriction qui n'est
point négligeable au demeurant, puis-
qu'elle s'est élevée au cinquième pour
les dix dernières années. Ils se deman-
dent si ce fléchissement ne s'accentuera
pas, et si un beau jour ils ne seront point
vouées, comme la France, à l'état sta-
tiomiairp'
Ce qui est certain, outre-Atlantique
comme outre-Rhin, c'est que les villes
attirent à elles un pourcentage gran-
dissant de la population et que la déser-
tion des campagnes s'accomplit avec
une prodigieuse rapidité.
L'Angleterre, avant que ne surgissent
les manufactures de Manchester de
Birmingham, de Bradford, de Leeds, de
Glasgow, de Sheffield, était en grande
partie habitée par des agriculteurs et
des éleveurs. Depuis cent ans, l'exode
rural a été énorme chez elle, au point
que de vastes superficies sont vides de
maisons. La France, maigre la consti-
tution d'une puissante industrie entre-
tient encore, dans ses cultures de toutes
espèces, près d'une moitié de ses ci-
toyens. Mais ses villes ne se sont pas ac-
crues à proportion de celles de l'Union
américaine ou de l'Allemagne.
Le dernier census de l'administration
de Washington nous fournit,, à cet
égard, de précieuses données. New- )
York, qui comptait un peu plus de
1,500.000 âmes en 1890, en possède plus
de 4 millions et demi Chicago a bondi
de 1.100.000 en 1890 et de 1.690.000 en
1900 à 2.185.000 Philadelphie atteint à
Voir, en tête de la deuxième I
page, la douzième série de nos
doubles menus.
1.600.000; Saint-Louis, Boston, Cleve-
lalld S'échelonnent entre 600.000 et
i T00.000 Pittsburg, la cité de l'acier,
monte à 550.000. Si l'on songe que plu-
sieurs de ces centres étaient encore de
petites villes, il y a quarante ans, que
i d'autres ont presque été façonnés de
¡ toutes pièces dans la période la plus ré-
cente, on est légitimement stupéfait de
ce vertigineux grossissement.
Les accumulations urbaines d'Alle-
magne ne nous réservent pas une moin-
dre surprise.
De 1905 à 1910, Hambourg et Altona
gagnent 160.000 âmes Leipzig, 82.000
Cologne, 83,000 Francfort-sur-le-Mein
80.000; Dusseldorf s'accroît de moitié
Rixdorf, un des faubourgs de la capi-
tale, arrive presque à doubler, avec une
population égale à celle de Bordeaux.
Sarrebruek, il y a vingt ans petit chef-
lieu, dépasse 100.000 âmes.
Il faut grouper entre eux les centres
voisins, villes de tissage, de hauts four-
neaux, de produits chimiques et que
le plus souvent de simples limites ar-
bitraires séparent seules les uns des au-
tres coupant des maisons par le mi-
lieu pour apprécier la puissance de
ces agglomérations germaniques. L'ag-
glomération berlinoise représente près
de 4 millions d'hommes celle de Duis-
bourg-Mulheim 650.000; celle de Colo-
gne 600.000 celle de Bochum Gelsen-
Kirchen Herne, en Westphalie, dans
la région houillère, 540.000 celle d'Es-
sen, 520.000 celle de Nuremberg-Furth,
420.000. A part la Seine et la contrée de
Lille, nous ne rencontrerions point, chez
nous, pareilles accumulations.
Ce qui est curieux et M. Huret
vient de nous le montrer dans son der-
nier volume sur la Bavière et la Saxe
c'est que chacune de ces grandes villes
allemandes tend, de plus en plus, à se
renfermer dans une ou deux spécialités.
Munich a sa bière, qui occupe de véri-
tables régiments d'ouvriers brasseurs
Nuremberg fabrique ses soldats de
plomb, qu'elle expédie pour des mil-
lions à tous les pays, et qui font la joie,
non seulement des petits enfants, mais
aussi des princes impériaux et des géné-
raux commandant les corps d'armée
Leipzig excelle dans la librairie, qu'elle
a supérieurement otifcllée.
On s'imaginait, jusqu'ici, que nous
détenions le record pour les publica-
tions d'ouvrages c'est une erreur. Les
Allemands se font beaucoup plus éditer
que les Français, si j'en crois la sta-
tistique, mais les entreprises d'éditions
sont organisées .chez eux avec un luxe
et une précis u qui n'ont point d'équi-
valents au monde.
Ailleurs, eri Saxe ou en Westphalie,
la confection des produits chimiques
absorbe toute l'activité d'une popula-
tion. Avec l'expansion des grandes vil-
les, cette spécialisation des centres est
la caractéristique la plus intéressante de
l'Allemagne contemporaine. Mais si ac-
tive que soit celle-ci, elle ne s'est pas
encore détachée de ses anciens usages
et la manie des titres y sévit plus que
jamais.
Je détache du livre de M. Huret deux
citations dignes de mémoire. Il s'agit
de mentions imprimées sur des cartes
de visite. L'une de ces cartes était libel-
lée ainsi Rasiermesserhohllschleiferei-
direktorswittwe, et l'autre Staatschul-
dentilgungsbureauausgeherswitwe.
Et comme je ne veux point laisser
nos lecteurs en suspens, je dirai que la
première annonçait la veuve d'un direc-
teur d'une usine de rémoulage de lames
de rasoir, et l'autre la veuve d'un garçon
de recettes du bureau d'amortissement
de la Dette publique. Ce sont de petits
travers à côté de grandes choses.
JEAN PRILLI
UNE ANNEE PACIFIQUE
L'année, qui expire, aura été pour
4 le monde une année de paix et de re-
cueillement. Au lendemain de la crise bal-
kanique, qui avait réveillé de vieilles que-
relles et failli provoquer un long conflit, elle
a marqué comme une détente bienfaisante,
dont tous les peuples ont tiré profit.
Il est vrai qu'aujourd'hui comme hier, on
ne parle que d'armements, mais ces arme-
ments se neutralisent les uns les autres, et
les risques de guerre semblent s'être nota-
blement atténués. Les deux grandes com-
binaisons diplomatiques qui se partagent
l'Europe, la triple alliance et la triple en-,
tente, ne se menacent plus avec la même
àpreté qu'autrefois des accords latéraux,
des conventions partielles ont été signés en-
tre des membres de l'une et de l'autre, faci-
litant la solution des litiges qui peuvent
surgir au jour le jour.
En Extrême-Orient même, Les rapports
de la Russie et du Japon se sont améliorés,
depuis que ces deux empires ont compris
la nécessité d'une discussion loyale de
leurs inlérùts respectifs, et si à un mo-
ment, le gouvernement du mikado avait
adopté une attitude comminatoire vis-à-vis
des Etats-Unis, i! s'est rallié a une politi-
que plus conciliante.
il faut souhaiter que 1911 ne diffère point,
ù cet égard, de 1U10, et qu'aucune crise
belliqueuse ne vienne troubler l'effort labo-
rieux des peuples.
Le cas de Durand
lA) l'résident de la Fiépublique. coutruirc-
nent ce qu'on croyait généralement, n'a
sas Mîitiiê. hier, sur le ea_s de Durand, iron-
i;i< n mort par In. cour d'assises de la
̃>e;:i ̃i-I:;I;m :eure. Mais la décision de NI.
̃a' res ne tardera- pas à être connue.
|ia:is le courant de l'après-midi d'aujour-
l'iiui, dans la soirée au plus tard, nous
.-t-on affirmé, on saura quoi s'en tenir.
s'il faut ajouter créance aux bruits qui
,¡¡raient hier, la peine prononeée par la
our de Rouen contre Durand serait réduite
fortement. La peine de mort et colle
es travaux forcés seraient écartées.
ENCORE UNE VICTIME
Le lieutenant de Caumont
fait une chute mortelle
T{elevè les deux jambes brisées, il succombait quelques heures après.
LE LIEUTENANT DE CAUMONT A BORD DE SON AÉROPLANE
(Dans le médaillon le lieutenant dans son uniforme d'officier du S" dragons)
L'année se termine tragiquement et glo-
rieusement pour l'aviation.
Hier, le lieutenant de Caumont s'est tué,
mais aussi Tabuteau a battu le record de
la distance en un seul vol, tenant l'atmos-
phère pendant près de huit heures et par-
coumnt la. distance énorme de cinq_.çant
quatre-vingt-quatre kiiomélres.
Le lieutenant de Caumont, qui avait fait
jeudi un splendide vol d'entraînement, se
proposait de disputer hier, sur l'itinéraire
Saint-Cyr-Vendôme et retour, le prix La-
zare Weiler, doté d'une somme de 25.000
francs, à remettre à l'aviateur militaire
ayant accompli la plus belle performance
durant l'année 1910.
A cet effet, dès la première heure, l'excel-
lent officier était arrivé au hangar élevé ja-
dis par Santos-Dumont, actuellement occu-
pé par l'école 'Nieuport, et où toute la nuit
des mécaniciens avaient mis au point le mo-
noplan dernier modèle que devait piloter le
lieutenant de Caumont.
A 9 h. 1/2. ce dernier faisait sortir l'ap-
pareil et effectuait sur le terrain de ma-
nœuvres- de l'Ecole spéciale militaire deux
vols très réussis.
L'aviateur, néanmoins, en fut peu satis-
fait son moteur avait quelques ratés et,
surtout les commandes du gouvernail lui
avaient paru manquer de souplesse.
En présence des capitaines Dupeyron,
litévé et du lieutenant Chautin, tous avia-
teurs compétents, on procéda à une derniè-
re vérification minutieuse de l'appareil.et,
vers dix heures et demie, avant de prendre
son passager, le lieutenant Caussin, du ré-
giment des aérostiers, l'aviateur prit encore
une fois la route des airs.
Le monoplan s'éleva rapidement, franchit
le champ de manœuvres, revint traverser
au-dessus de l'institut aéro-technique, ré-
cemment inauguré, et de la route de Ram-
bouillet.
Soudain, l'aviateur, vira pour revenir au
point de dé;xirf.
Chute à pic
Nous laissons ici la parole à M. Tons-
sain2, directeur de l'institut 'aéro-technique
de Saint-Cyr, qui, monté sur le belvédère
àe l'établissement, suivait attentivement
les évolutions hardies de l'aviateur
.1'entendis les ratés du moteur, alors
que NI. de Caumont cherchait à descendre
en vol plané. L'appareil inclina Brusque-
ment d'abord à gauche, puis se releva, et
ensuite ce fut la chute vertigineux d'unie
hauteur approximative de soixante mètres.
Le morioplaai, piquant droit, tombait à pic
dans un champ situé à Bouviers, commu-
ne de Guyancourt. et appartenant à M.
Edmond (ïast, ancien député.
Un charretier, M. Ka'iisau, qui se trouvait
tout près de là accourut et se trouva en pré-
Tabuteau fait 584 kilomètres
C'est le record de la distance
La nuit s'étendait encore sur le plateau
dominant Versailles que déjà Tabutcau, le*
chronométreurs et commissaires de l'Aéro-
Club se trouvaient sur l'aérodrome de Bue,
en vue de la tentative pour la coupe Miche-
lin. Déjà le biplan qui allait, emporter Tnbu- j
teau était prêt dans son hangar. Lfs nttcfi-
niciens avaient empli d'essence jusqu'aux
extrêmes bord.s l'immense réservoir de cui-
vre, la grosse barrique contenant denx hec-
tolitres d'esseuce. En absorbnnt force bois-
sorus chaudes et réconfortantes, on atten-
dait le grand jour. Celui-ci venu, commis-
saires et chronométreurs s'en furent à leur
pa^te et t'aviateur, grossi de fourrures et de
maillots, prit place sur le siège de son aéro-
plane.
If dait à ce moment 7 homes .i3 minutes, j
Et la ronde autour des pylônes jalonnant
hi plaine commença, aussi régulière que fas-
tidieuse.
Toute là matinée, Tabuteau tourna. A
sence d'un épouvantable amas de débris de
toute sorte.
Le lieutenant de Caumont, qui avait toute
la partie inférieure du corps inerte, se dressa
sur son séant et, le visage crispé par la dou-
leur, ayant toute sa lucidité, en un effort
surhumain, se dégagea,
A ce moment précis." Nieaposrt et d«a offi.-
ciers arrivèrent. On téléphona à Saint-Cyr
et, quelques minutes après, accoururent les
majors Langlois, Petit et Bourguignon. Les
praticiens constatèrent alors que le lieute-
nant aviateur avait les jambes brisées.
Avec d'infinies précautions, après lui
avoir fait des piqûres de morphine, ils le
firent transporter à l'hôpital de Versailles.
Il rend Ie dernier soupir
Là, le médecin en chef Cahier visita à son
tour le blessé et fit les mêmes constatations
1 que ses collègues. Avec eux, il rédigea un
bulletin de santé signalant un état extrê-
mement grave.
Ce diagnostic, malheureusement, n'était
pas optimiste. En effet, peu avant sept heu-
res. le lieutenant de Caumont qui, jusque-là,
avait conservé toute sa connaissance, en-
trait dans le coma. Quelques minutes après,
il rendait, le dernier soupir.
La nouvelle de la mort de l'aviateur se
répandit rapidement et jeta dans tout Ver-
sailles une profonde consternation. Te,
corps fut transporté dans une chambre
mortuaire, où le général Barau, commun-
dant d'armes de la place de Versailles, puis
le général Roques, inspecteur de l'aéro-
nautique, et. quelques camarades du défunt
vinrent- saluer sa" dépouille mortelle.
La carrière de l'officier
Le lientenant Jacques Nompar de Cau-
mont la Force, du 8e dragons, fut un de nos
premiers pilotes militaires.
Il fit ses débuts en monoplan au commen-
éeinént de cette année et prit rapidement
place parmi nos meilleurs aviateurs.
Il réussit au cours du circuit de l'Est et
plus récemment lors des dernières grandes
manœuvres plusieurs jolis raids' qui prou-
vèrent sa valeur et sa maîtrise.
Fervent adepte de la vitesse, il s'était ré-
cemment engagé dans le pris Deperdussin
(record des 100 kilomètres) et c'est, on l'a
vu, en tentant cette épreuve sur un rapide
monoplan qu'il fut victime de l'accident
gue nous venons de relater.
M. Jacques de Caumont était lieutenant
depuis le ltr octobre 1907.
Kn nnprenunl, sa terrible chute, le minis-
tre de la Guerre, en même temps qu'il char-
geait le généra.! Roques d'aller il l'hôpital de
Versailles r.ivndre des nouvelles de- l'avia-
teur. préparait un décret, conférant au lieu-
tenant de Caumont la croix de chevatier de
la Légion d'honneur, décret qui paraîtra ce
matin môme à l'Officiel.
t'heure de midi quand, à terre, chacun dé-
I Jeûnait frugalement de charcuteries diver-
ses, l'homme-oiseau tournait encore, virait
toujours autour des mâts surmoutés Ó'ori-
u'inujies blattches, plantés de loin en loin
sur l'immensité de la plaine. Ce n'est
qu'au moment où déjà le triste jour d'hiver I
allait finir, alors qu'entre deux lourdes
nuées le globe solaire très rouge allait dis-
paraître sous l'horizon que. tout à coup le
biplan, assez brusquement, vint se po'er
sur le sol détrempa 1'abuteau s'arrêtait
parce que. son gros-, son immense réser-
voir était à sec. u
On compta les tours, on recompta. Ta-
buteau avait mis- à son actif cinq cent uua- cl
tre-vingt-qualre kilomètres en un laps de
temps de sept heures quarante-deux mi- st
nutes cinquante secondes.
La joie alpr régna à l'aérodrome de Bue re
Le record était battu, et bien battu, puis- et
que à Pau l^egagneux n'était arrive qu'à
515 kilomètres. (j<
LA SITUATION AU PORTUIiAI
Le gouvernement républicain
dément la rumeur de troubles
Nous avons publié, hier matin, une dépê-
che de Lisbonne qui signalait des diver-
gences graves dans le parti républicain por-
tugais, et qui faisait allusion à l'attitude
douteuse de l'armée et de la marine.
M. de Santos Bandeira, chargé d'affaires
du Portugal à Paris, nous a communiqué
hier soir le télégramme ci-dessous qui lui
a été adressé par M. Bernardino Macbado,
ministre des Affaires étrangères
Iisbonne, 30 décembre.
Vous pouvez affinner, de la façon la plus
catégorique, que la tranquillité est complète
dans tous le pays et qu'aucun indice de
troubles n'y est signalé.
La plupart des grèves ont eu leur solu-
tion sans la moindre violence, et unique-
ment par l'arbitrage du gouvernement, sol-
licité par les patrons et les ouvriers. Depuis,
aucune grève ne s'est produite.
D'autre part, la discipline se maintient
intacte, aussi bien d-anis l'armée que dans
la marine, et les quelques navires de l'Etat
qui ont quitté Lisbonne sont partis les uns
en service, les autres pour se rendre à Ma-
dère y porter des .secours contre le choléra
aucun signe de mécontentement ne s est ma-
nifesté parmi les équipages.
Le bruit d'après lequel le gouvernement
n'aurait éloigné ces bâtiments que par
crainte d'une mutinerie à bord, a été ré-
pandu par ceux-là mêmes qui affirmaient
naguère que le gouvernement n'osait don-
ner l'ordre de départ à ces navires
Quant à la nouvelle d'un prétendu com-
plot monarchique récemment découvert et
dont les auteurs auraient été emprisonnés,
elle est absolument controuvée. Une seule
arrestation a été opérée, celle d'un individu
qui lançait des bruits alarmants concer-
nant des complots de ce genre.
Vous pouvez affirmer que la fabrication
de semblables nouvelles est la seule arme
dont disposent les ennemis- d'une Républi-
que, dont l'existence se développe depuis
trois mois au milieu du plus grand calme.
Seuls les auteurs des crimes qui ont été
commis contre l'épargne et la tranquillité
du pays essayent encore, dans l'ombre où
ils se cachent, de semer le trouble en Por-
tugal, à l'aide des bruits les plus tendan-
cieux et les plus mensongers.
Signé B. Machado. »
Incertitude à Madrid
Madrid, 30 décembre,.
Des rumeurs circulent qui présentent la
situation comme grave au Portugal, mais
les détails manquent, car on croit que le
gouvernement exerce une active censure.
On parle d'une conspiration avortée. On
dit qu'il existe de réelles divergentes entre
le gouvernement provisoire et la junte ré-
volutionnaire, et que l'armée portugaise se-
rait mécontente ayant décidé du succès de
la révolution, elle n'aurait pas reçu les
récompenses auxquelles elle croit avoir
droit.
UNE NOUVELLE LIGNE FERRÉE
A LA FRONTIÈRE MAROCAINE
La Chambre vient d'approuver la cons-
truction d'une nouvelle ligne terrée qui lon-
gera la frontière marocaine en suivant la
vallée de l'oued Kiss elle reliera Lalla-
Marnia devenu un grand centre d'approvi-
sionnement, en même temps qu'un point de
conceniration de troupes, au port de Ne-
mours.
Son importance stratégique sera de pre-
mier ordre. On se rappelle l'assaut soudain
que donnèrent, il y a trois ans, les Maro-
cains, à toute la lisière de l'Oranie. Nos dé-
tachements, surpris, repoussèrent victo-
rieusement l'ennemi, mais séparés les uns
des autres par des massifs montagneux
que traversaient de simples pistes, ils ne
purent aussitôt reprendre l'offensive.
La ligne ferrée nouvelle permettra de se
rendre rapidement de l'un à l'autre des
points fortifiés qui dominent le Kiss. Cha-
cun de ces points pourra d'autant plus effi-
carement exercer sa surveillance sur la
zone frontière, qui est d'ailleurs pacifiée
complètement.
Carte montrant le trajet du, futur
chemin de fer
i'explosion d'une poudrière
fait 10 victimes en Belgique
Gand, 30 décembre.
Cet après-midi. vers trois heures et demie,
me terrible explosion s'est produit dans ta
tpudrerie nationale de Wetteren, où les se-
hoirs ont sauté,
Quatorze ouvriers iravaillaient dans les
échoirs-
six 1, du soir, r :l cadavres étaient
etirés des t mitre ouvrier a
té découvert mortellement blessé
Les séchoirs contenaient cinq cents kilo
e poudre.
| LE UmtfH DE ViPDOT
une octogénaire étranglée
Ce serait un suicide, d'après les autorités
mais l'opinion publique croit à un crime.
Coulommiers, 30 décembre.
Tout l'extrémiié du canton de Rozoy-en-
Brie, s'élève la petite commune de Vaudov,
ou, depuis quarante-huit heures, l'émotion
la Plus vive regne parmi la population il la
suite de la mort, survenue dans des bondi-
tions particulièrement étranges, d'une vieille
rentière de la localité.
La rentlèfo filait mortm I
Depuis de longues année?, Mme veuve
Herbeun. née Marie-Louise Nègros, àgée au-
jourd'hui de quatre-vingt-neuf ans, habi-
tait une petite maisonnette du village. Sa
vie s'écoulait calme et douce et rien ne fai-
sait prévoir, ni dans sa conversation, ni
dans ses habitudes, qu'elle put succomber
à une mort trafiqua. Elle gardait jalouse-
ment, croyait-on, dans son bas de laine,
de sérieuses écortomirs, dont elle ne prtr-
lait à personne, se gardant des relations de
voisinage et ne recevant aue de temps à au-
tre les membres de sa famille habitant la
région
Or, hier matin, nn cultivateur, M. Veil-
lat, rentrant dcs champs, fut assez étonné
de ne pas voir la rentière vaquant à ses
occupations habituelles. Il s'approcha de
sa maison et, regardant à travers les vi-
tres de la fenêtre, il vit ceci
Non loin de la croisée, au pied d'une
chaise, le visage horriblement contracté
la veuve Herbelin gisait, raidie, le corps re-
plié sur lui-mèni-e.
Surmontant son émotion, M. Veillât
franchit la porte, qui n'était point fermée à
cdef il s'aperçut alors que la vieille femme
était morte depuis quelques heures déjà.
Étfangm» constatation*
Le cultivateur courut prévenir le maire
de la commune. M. Bontour, qut lit trans-
porter par deux voisins le cadavre sur un
lit de la pièce voisine. Nul ne remarqTra.
rien d'anormal à ce moment, et l'opinion
s'accrédila que la vieille femme avait du
succomber à une congestion.
Seulement, sur le carrelage de la salle,
on releva la présence de quelques taches
sanglantes,
Or, à quelques heures de là, le petit-fite
de la rentière, M. Mesnil, cultivateur à
Voinsles, arrivait à Vaudoy et faisait procé-
der à la toilette funèbre de la morte. Quelle
ne fut pas sa stupéfaction en découvrant
autour du cou de sa grand'mère, alors qu'il
enlevait la coiffe lui couvrant la tête, un
collet an ni de fer lui enserrant le wu et qui,
dans les chairs, avait tracé un profond sil-
lon.
Pris d'étranges soupçons, M. Mesnil s'en
fut chercher le maire, qui revint avec les
gendarmes de Rozoy-en-Brie. Le magistrat
municipal et la maréchaussée se rallièrent
aussitôt à l'hypothèse du suicide.
Leur opinion se fondait sur ce fait, qu'à'
l'cspagnolette de la fenêtre, près de laquelle
le cadavre avait été découvert, était accro-
ché un anneau de corde très tine après le-
quel 1 octogénaire, pour se pendre, aurait
pu fixer le collet de fil de fer qui l'étrangla.
Mais la corde ayant cédé. la désespérée
serait tombée à terre, se faisant à La tête
quelques écorchures d'où aurait coulé le
sang remarqué sur le sol.
ce amratt un orimo
Cette version officielle avait été adoptée
quand d'étranges rumeurs parvinrent au
parquet de Coulommiers. La population de
Vaudoy ne peut admettre que la veuve
Herbehn se soit suicidée, car jamais elle
n'avat nurnifesté de semblable intention
Le collet de fil de fer qui entoure le cou
est du moàèle de ceux qu'emploient les bra-
conniers pullulant dans la région Au sur-
plus, la longueur du fi! de fer paraît insuffi-
sante pour que la vieille fereme, rendue
presque impotente par l'âge, ait pu l'atta-
cher elle-même à l'anneau de fioelte décou-
vert à espagnolette de la fenêtre.
Et c'est pourquoi nombre d'habitants de
la commune persistent à croire que la vieille
femme a été assassinée par un individu *te-
nu pour la voler, lequel aurait simulé un sui-
cide par une malhabile mise en scène.
Dans la soirée, le procureur de la Républi-
que de Coulommiers a prescrit un complé-
ment d'enquête. Le médecin légiste a été
chargé de l'aiiwnsie du cadavre et les ma-
gistrrts se rendront, croit-on, demain à
Vaudoy, où 1 émotion est à son comble.
Il faut attendre, pour se nrononcer, la fin
de l'information, qui seule perniettra de dé-
terminer de façon précise les conditions
dans lesquelles l'octogénaire a trouvé cette
hn tragique.
LE CRIME DE GRIGNY
Le rapport du médecin légiste
est accablant pour Emile Méry
L'instruction relative au crime de Grigny
va entrer désormais dana une phase active.
Il semble maintenant qu'Emile Méry aura
bien de la peine à nier sa culpabilité.
Un sait qu'on avait tmuvè sur lui, ou en
sa possession, des vêlements sur lesquels
on remarquait des taches suspectes qui fu-
rent soumis à l'examen du docteur Biiltha-
zard, médecin légiste à haris.
Or, ce dernier vient de faire tenir soin
rapport à M. Oridel, juge d instruction. Le
praticien déclare fonnellement que ces ta-
ches sont bien ù2s taches de sang, et de
sang humain. Sur une des manches, on
avait cru remarquer la présence d'un frag-
ment de cervelle. Le docteur Balthazard a
également confirmé cette hypothèse.
M. Gridel était déjà fixé le rapport du
médecin légiste ne fait que fortifier son opi-
nion. Le magistrat n'attend plus que les
conclusions de NI. Gastine-Renette, expert
armurier, pour entreprendre l'audition des
nombreux témoins et confronter Emue Méry
avec quelques-uns d'entre eux.
Ajoutons que l'inculpé devait, ainsi que
nous l'avions annoncé, comparaître devant
1-a tribunal correctionnel de Corbeil. avan!
fait opposition à une condamnation prohoii-
cée par défaut contre lui. Il a déclaré, hî'i,
faire défaut sur l'rrpposition, de .sorte
simplenrerit le jugement antérieur.
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