Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1909-05-18
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 mai 1909 18 mai 1909
Description : 1909/05/18 (Numéro 11889). 1909/05/18 (Numéro 11889).
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Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/04/2008
twsntb-quatrièmb akuéb. N8 11.889. Le plus fort Tirage des Journaux du Monde entier mardi 18 mai 190a
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TELEPHO.NS .N»
tO. pl.a* de la Bourse.. PARlflfn
Le
STATUT ASSOCIATIONS
De que contient le nouveau profet
qui mera probablement déposé
aujourd'hui à la Chambre
Le Petit Parisien a annoncé que MM. Qe-
menceaa et Aristide Briand avaient rédigé
un nouveau texte de statut pour les fonc-
tionna ires et que ce projet était soumis à
l'approbation des autres membres du gou-
vernement.
Un conseil de cabinet a été tenu hier ma-
tin place Beauvau, sous la présidence de
M. Clemenceau, au cours duquel les minis-
tres (Mit procédé à de longs échanges de
vues sur le texte élaboré par le président du
Conseil et le garde des Sceaux.
A l'issue de ce conseil, nous avons eu
l'honaeur d'être reçu par un ministre, qui
nous a prié de ne pas le nommer. Voici, fi-
dèlement reproduites, les déclarations qu'il
nous a faites
Le gouvernement avait déposé un pro-
jet sur tes associations de fonctionnaires.
Au cours de l'interpellation sur le cas de M.
Nègre, l'instituteur révoqué, M. Jaurès fit
remarquer que le gouvernement qui refusait
le. droit syndical aux instituteurs leur accor-
dait beaucoup plus puisque, dans eon pro-
jet, il leur permettait de se confédérer.
yuelque temps après, le gouvernement dé-
posait un seconde texte dans lequel on avait
supprimé lu partie signalée par le député
socialiste du Turn.
La commission de la Chambre se mettait
A l'ouvrage et chargeait bientôt M. Jeanne-
ney, devenu depuis sénateur, de rapporter le
texte gouvernemental en même temps qu'el-
le établissait un type d association pour
fonctionnaires.
Pendant ce temps, une certaine agitation
se faisait autour d\ statut. La grève des
postiers éclatait peu après. La commission
parlementaire chargeait. M. Chaigne de rap-
porter le statut- des fonctionnaires.
(Test alors que le gouvernement pensa
qu'il devait soumettre la Chambre un
projet de statut quelque peu différent de ce-
lui de la commission- Mais pour ne pas don-
ner l'impression que, par le dépôt d un nou-
veau projet, il éludait la question, il dé-
cida- de réunit on un seul texte-te-projet
sur les associations et le projet de statut.
C'est ainsi. qu'est né le texte soumis ac-
tuellement. aux ministres par MM. Clemen-
ceau et Briand.
LE NOUVEAU PROJET
Le nouveau projet comporte deux partjes
1° le statut 2° les associations.
Le premier titre (statut) règle les condi-
tions de recrutement, d'avancement, il fixe
les traitements et les retraites et détermine
les mesures disciplinaires.
Les ministres consultés ont fourni de
nombreux renseignements sur le personnel
de ieur administration. MM. Clemenceau
et Briand ont tenu compté de toutes les in-
dications. Et ce fut, je vous l'assure, une
tache bien compliquée pour eux, que d'éla-
borer un texte qui donnât satisfaction à
tous. Songez qu s'agit de fonctionnaires
appartenant à des catégories bien diverses.
Il a des fonctionnaires à émoluments
fixes. puis des percepteurs dont le traite-
ment dépend du chiffre des recettes.
Toutes les garanties sent assurées aux
fonctionnaires des divers départements mi-
.catégorie.
Ce premisr problème résolu, il restait à
donner aw fonctionnaires les movens lé-
gaux de surveiller la stricte application des
dispositions du statut. il fai'dit leur permet-
tre de s'assurer si aucun acte d'arbitraire,
de favoritisme, n'était commis par le minis-
tre. La titre 2 du projet, qui concerne uni-
quement les associations remplit ce but.
En quoi consistent ces associations ? Com-
ment seront-elles instituées ? Quel rôle joue-
ront-eltes ? Pourront-elles se fédérer ? Tou-
tes ces questions si importantes ont été
prévues.
L'association de fonctionnaires n'est ré-
gie Il} par la loi de 1884 sur les syndicats,
ni par la loi de 1901 sur les associations. Elle
emprunte à l'une et à l'autre ses disposi-
tions essentielles tout en les adaptent a la
catégorie spéciale de citoyens à laquelle ap-
partiennent les fonctionnaires.
C'est ainsi qu'eue jouit d'avantagés plus
grands que le« syndicats actuellement exis-
tants. Elle peut ester en justice et recev·oir
des dons et legs, à la condition expresse
que les sommes ainsi recueillies servent ex-
clusivement à des œuvres d'assistance et
ds mutualité.
Par contre, la loi nouvelle est moins lar-
ge sur certains points. Elle interdit formel-
le,ment aux fonctionnaires de s'affilier aux
Bonrses du travail, à la C. G. T.
Toutefois, les associations pourront se
grouper lorsqu'il s'agira de fonctionnaires
même catégorie ou de fonctionnaires d'un
Exrmple: les rédacteurs associés dn mi-
nl-ilère de la Justice pourront se réunir aux
rédacteurs associés des autre? départements5.
Rnfin, si les associations, au lieu de bé-
néficier des dispositions nouvelles, réclament
le régime de la loi de If|t8 sur la mutualité,
elles pourront, et c'est *la meilleure chose
qu'elles puissent faire, s'affilier à la confé-
dération générale des mutualités.
LE DROIT DE GRÈVE
Le projet Clernenceau-Briand interdit le
dr'Hl de grève aux fonctionnaire. Celui-ci,
fl'uilieurs.* ne répondait plus à rien, puisque
k-M fonctionnaires auront un statut et je
̃̃̃> n de le faire respecter devant les tri-
̃̃.•as de grève toutes les garanties ces-
si\ï!. bien entendu. Le statut et l'association
)!tent plus. Et le ministre peut nHo-
les coupables, ou supprimer les droits
retraite. D'ailleurs, qui peut le plus, peut
i Joins. Les memb'res du bureau de Vas-
sociaiion sont poursuivis.
Quel sera le titre du groupement ? Asso-
ciation ou syndicat? L'un et l'autre, l'un
ou l'autre. D'ailleurs cela a bien peu d'im-
portance. Des associations de fonctionnaire,,
constituées à l'heure actu«Uei sous le régime
delà loi.d» itfOl, perten. le nom de syndi-
cat.
La différence la plus sensible existe dans
la lormalit" du dép0' des statuts.
Actuellement un syndicat doit déposer
ses statuts il Paris, à la prélecture de ia
Seine, et en province, à la mairie.
Une association les dépose à Paris, à la
préfecture de police, et, en province, à la
sous-préfecture.
L'association nouvelle devra le.s déposer
à Paris. à la préfecture de la Seine, et an
province, à la sous-préfecture.
LA CONCLUSION
Quand les fonctionnaires auront ce statut,
ceti.e association, que pourront-ils réclamer
Le droit d'entrer aux Bourses du travail,
de s'affilier à la C. G. T ?. Pourquoi faire ?
De la politique Cela aucun gouvernement
ne peut et ne saurait l'admettre. 11 est inad-
missible qu'une association de fonctionnai-
res se lance-dans la bataille politique et qu'un
fonctionnaire aille porter en réunion publi-
que l'appui de sa fonction.
Si ce fonctionnaire veut faire, en tant
que citoyen, de la politique, il en a le droit.
Il a sa disposition le bulletin de vote, il a
mêmes sa parole de citoyen. En employant
ces nioyens il peut essayeur de faire triom-
pher ses idées.
Mais, je le répète, l'association de fonction.
naires n'a et ne peut avoir qu'un but la
défense des intérêts professionnels.
Demain nous nous occuperons des tribu-
naux qui sent appelés à juger les fonction-
naires coupables. Sur cette question je ne
puis encore rien von; dire si ce n'est que
cette, nouvelle juridiction est proposée par le
garde des Sceaux. »
En nous reconduisant, le ministre nous
affirma que le conseil qui se tiendra ce ma-
tin à l'Elysée terminerait l'examen du pro-
jet Clemenceau-Briand et que le nouveau
texte serait déposé aussitôt après sur le bu-
reau de la Chambre.
Paul GREZ.
LE MIRAGE DES MOTS
Jip^ Les orateurs des meetings préconisent
*JP l'idée de la grève générale, comme si
ces mots impliquaient la fin des souffran-
ces humaines et le règne du bonheur uni-
versel. Dans leurs discours violents, dans
leurs accusations contr3 la société, ils abou-
tissent à cette conclusion que tout ira bien
dans ce monde, si chacun déserta son la-
beur et reste assis, les bras croisés.
Cela ne se produira pas, parce que l'hu-
manité ne peut pas s'arrêter et qu'elle est
astreinte au mouvement, comme la terre
elle-même, condamnée à poursuivre sa cour-
se à travers l'espace.
Mais admettons cette hypothèse de la
grève générale. Quels en seraient les résul-
tats pratiques ?
Si personne ne travaillait, si les cultiva-
teurs ne labouraient plus le sol, si les ou-
vriers déposaient l'outil, si les chemins de
fer ne marchaient plus, si les villes n'é-
taient plus éclairées la nuit, si les moyens
d'alimentation manquaient, en quoi en ré-
sulterait-il la félicité générale ?
Mais, disent les apôtres de la conception
gréviste, cette situation ne serait que mo-
mentanée et elle suffirait pour amener le
bouleversement. Ce serait uns simple ma-
nœuvre révolutionnaire.
Nous n'apercevons pas ce qu'il y aurait
de changé à l'heure inévitable ou, ous vine
de mourir de fai:n, chacun rppren,irait
sa besogne. Aucune manne providentielle
ne serait tombée du haut des nuages et,
dans la pratique, le seul résultat serait d'a-
voir augmenté le triste stock des misères.
Que faut-il penser des révélations d'AUaire
et du rôle d'Angelo dans l'affaire Steinheil ?
Il n'est pas possible. quant à présent
du moins, d'être tixé sur l'importance
qu'il faut attacher aux rcvélations d'Emma-
nuel Allaita, que connaissent les lecteurs
du Petit Parisien.
Allaire semble de bonne foi, mais.
Qu'Emmanuel Allaire ait été en relations
avec Ange Tardivel, plus connu, comme
noirs l'avons dit hier, dans les milieux
mal famés de Versailles sous le surnom
d'Angelo qu'il ait été son aani et son com-
plice dans différents vols, c'est certain. En
dénonçant Angelo comme l'un des assas-
sins du peintre Steinheil et de Mme Japy,
Emmanuel Allaire parait avoir été de bon-
ne foi. Reste à savoir si, comme il arrive
souvent dans le monde des malfaiteurs,
An,ge Tardivel ne s'est pas vanté d'un acte
qu'il n'a pas commis, mais qui» aux yeux
des individus de son espèce, lui aurait don-
né une certaine autorité.
Quoi qu'il en soit, jamais Emmanuel Al-
laire n'a souffle mot de cette histoire avant
son arrestation.
Ce que dit sa maîtresse
Sa maîtresse, Pauline Foyard, que nous
avons vu.j, hier, et qui est occupée à la blan-
chisserie Lamé, nie Exelmans, au Chesnay,
affirme qu'elle ne connaît pas Angelo et mê-
me n'en a jamais entendu parler:
Et l'affaire Steinheil ? lui avons-nous
demanda, Vous la connaissez ? Allaire n'a
certainement pas été sans y faire allusion
devant vous, alors qu'elle battait son plein?
Qu'en disait-il ?
Comme tout le monde, a-t-elte répondu,
j'ai su qn'un double crime avait été commis
impasse Ronsin, mais jV.n ignore les détails
et je ne me souviens pas que mon amant
ajt jamais eu l'air de s'y intéresser d'une
façon particulière. Je me souviene seule-
ment qu'une fois, en voyant un portrait re-
produit dans le Petit Parisien, il s'est écrié:
«Tiens, je connais cette tête-
Allaire a-t-il mis uu nom sur cette figure ?
Pauline Fovard ne s'en souvient plus. De-
puis le 18 février dernier, qu'elle habite 8,
rue de la Petite-Place, deux personnes sont
venues demander son amant un grands
jeune homme blond d'abord, qui ne s'est
pas fait: connaître et qui n'est pas revenu,
puis Victorine Druet, femme Battiîollier,
qu'elle a recueillie par pitié.
Cette Victorine était une ancienne amie
lift CB1MK A «Lï-miSM'CB
Des bandits étranglent
une vieille rentière
ILS HT-TTEIT SA VILLA A SAC
Dans une villa, située S, rue.Raspail, ha-
bitait, à Neuilly-Plaisance, depuis ptùs de
trente ans, Mme Mois, née Agnès Bauschiet,
âgée de soixante-dou^e ans et originaire du
Luxembourg..
La septuagénaire avait perdu, il y a deux
ans sou uiari, ancien commis voyageur en
métaux, et, depuis cette époque, elle était
devenue extrêmement •menante et craintive.
Un crime commis l'an dernier, rue Caro-
et dont, on s'en souvient, fut victime
la veuve Sébastien, n'avait fait qu'augmenter
ses appréhensions. C'est pourquoi, chaque
soir, Mme Mois se barricadait soigneuse-
ment dans sa demeure.
Le parquet arrivant à la maison du crime
(la + indique le soupirait de la cave ou
tut découvert le cadavre).
d'AUaire. C'est avec elle qu'il s'est fait pren-
dre en train de voler à l'étalage. Pauline
Foyard ne lui a jamais entendu prononcer
le nom d'Angelo. Elle est persuadée que ce
triste personnage lui est inconnu comme à
elle-même.
Ange Tardive!, que la police recherche
avec toute la diligence dont elle est capable,
n'est cependant pas un mythe. Non sevle-
ment il existe, niais il est 1res connu dans
certains établissement de la rue du Vieux-
Versailles qui n'avaient pas de client plus
assidu.
D'où venait cet argent ?
Presque quotidiennement, pendant les
mois d'octobre et de novembre 19OE, il ve-
nait prendre ses repas dans un restaurant
de la rue de Satory. Or, seul fait d rete-
nir, pouvant présenter un réel intérêt,
le patron croit se souvenir que dans le cou-
rant d'octobre, par conséquent quatre mois
après le crime de l'impasse Ronsin, Angelo
a change un billet de mille francs. Si la cho-
se est exacte, on se demande comment une
pareille somrhe pouvait se trouver en posses-
sion d'un individu qui vivait au jour le jour
d'expédients, et dont les mœurs inavouables
constituaient. la plupart du temps, l'unique
moyen d'existence
Après une longue absence, Ange Tardivel
̃revint Versailles au mois d* mare der-
nier. U y résta dix-sept jonrs seulement et
repartit. Depuis lors, on perd sa trace et
nnl ne sait ce qu'il est devenu. Il aurait dit
Allaire qu'il avait l'intention de se fixer,
définitivement, à Montmartre, où il faisait
d'excellentes affaires.
11 importe donc de mtronver le pins f.ftt
possible cet ancien compagnon d Allaire.
Qm sait si. outre ce cn.iïl pourrait dire de
l'affaire Steinïwil, if ne lni parait, aisé
de fournir d intéressants renseignements
sur l'assassinat, demeuré impuni, de M. Fkv
rirnond Fleurot. l'homme d'aïfaires de la
rue du Mont-Thabor, qui fut tué, dans son
appartement, le 2 avril dernier
Mme STEINHEIL ESPERE
Dès qu'il a eu connaissance de la déclara-
tion d'Emmanuel Allaire, M* Antony Au-
bin, qui se trouvait momentanément absent
de Paris, est Devenu en toute, hâte, et ec*n
premier soin a été de se rendre auprès de
Or, vers dix heures du soir, Mme Mois
regagnait sa villa, toujours en compagnie
de ses amies.
liais, avant ouvert la porte d'entrée, elle
!a tranquilliser que Mme Ledu et sa nièce
fissent avec elle le tour du jardin.
Hier matin, vers neuf heures, les fournis-
seurs trouvèrent la grille de ta villa ouver-
te. Ils déposèrent leurs provisions dans un
pavillan du jardin, et s'en furent, après
avoir fait remarquer aux voisins combien ce
fait leur' paraissait étrange.
Une heure plus tard, Mme Bedu se rendait
chez la veuve Mois. Toutes les porters étaient
ouvertes. On appela, mais en vain la pro-
priétaire ne donnait pas signe de vie. Com-
me le docteur Vermeil passai an la mit
au courant. il pénétra dans l'appartement
qu'habitait sa cliente, au rez-de-chaussée de
la villa.
M. Vermeil constata que dans toutes les
pièces régnait un désordre indescriptible.
Mais nulle part il ne découvrit la veuve Mois.
Il reripseendit alors dons le jardin, ouvrit
la porte de la buanderie et, aperçut la sep-
tuagénaire gisant à 1-erre. La vieille femme
avait été assassinée'.
Etendue sur le dos, la lete couverte d'un
ép$.is voile noir, la gorge fortement -serrée
par un bâillon, les mains liées en croix
sur la poitrine, les pieds solidement atta-
chés par une grosse corde, la victime était
morte depuis de longues heures déjà. Dans
un coin de la buanderie, deux sièges places
à côte. une bonU'illo de Champagne vi-
dé?, deux douzaines de coquilks dœufs at-
testaient que les assassins avaient fait bom-
bancp en attendant leur victime.
Celle-ci, chaque soir, en effet, pénétrait
dans le local pour y nrendre un œuf, qu'elle
gobait avant de se mettre au lit. Cest au
moment où elle y pénétrait, air retour de la
fête, que les assassins se jetèrent sur elle
et l'étranglèrent.
Le vol est le mobile du crime
Dans l'après-midi, MM. Prouharam, pro-
cureur de la République Mouton, juge d'ins-
truction Mérelle, greffier;- le docteur De-
rôme, médecin légiste, accompagnés des ins-
pecteurs Pourchot et Carnpenazre, de la bri-
gade mobile, arrivaient a Neuilly-Plaisan-
ce.
Pendant qu'on procédait à l'autopsie du
cadavre, les magistrat* visitaient Tapparte-
ment. Ils acquirent bien vite la certitude
que le vol seul était le mobile du crime.
Il n'est pas un meuble, pas un tiroir, pas
une boite qui n'aient été fouillés de fond en
comble par les assassins. Ceux-ci, d'ailleurs,
ont dû passer une grande partie de la nuit
dans la maison. Toutefois on ne sait pas
encore exactement ce qu'ils ont pu empor-
ter.
La femme de ménage, Mme Ducrocq, a
bien signalé aux magistrats la disparition
d'un eolîret rempli de nombreux bijoux,
mais on ignore si la victime conservait par
divers elle des sommes importentes.-f-ar ha-
bituellement elle déposait ses fonds dans un
établissement de crédit.
Il est oependànt certain que ses assassins
connaissaient parfaitement, les habitudes de
la septuagénaire et qu'ils ont opéré avec la
certitndc de n'être point dérangés, Ils de-
vaient toutefois redouter d'être reconnus par
l_m< \ri.»firrwï T.'6.r»ffA neuve* d«"vnf ila lui rnn-
vrirent les yeux et la sauvagerie qu'ils ap-
portèrent à la frapper, au point de lui enfon-
cer son râtelier dans la gorge, en sont une
preuve.
Ces constatations permettront peut-être
trats, qui ont fait soigneusement relever des
empreintes de pas dans les plates-bandes
du jardin, ainsi que diverses traces digita-
les laissées par les assassins sur plusieurs
vertes et bocaux.
Le parquet et les inspecteurs de la sûreté
générale ont passé la nuit sur les lieux et
poursuivront leur enquête ce matin.
sa cliente, pour la mettre au courant de ce
qui s'était passé.
Vous ne sauriez croire, nous a dit,
hier soir, l'aimable avocat, quelle a été la
joie de Mme Steinheil, en apprenant ce qu'a-
vait raconté l'individu arrêté à Versailles.
Le nom d'Angelo ou d'Ange Tardive! ne lui
rappalle rien, mais à oela quoi d'étonnant ?
Comme elle me l'a dfxlaré, elle n'a pas
connu tous les modèles qui ont défilé dans
l'atelier de son mari. Mais, .si l'on retrouve
Angelo est s'il a posé pour M. Sieinneil, elle
espère que l'on pourra facilement le recon-
naître en examinant les personnages qui
figurent, sur les tableaux du peintre.
J'ai engagé Mme Steinheil au calme. Elle
était toute bouleversée quand je t'ai quit-
tée Vrai ou faux, il faut que cet incident
soit tiré au clair. A priori., j'ai confiance
dans le résultat de l'enquête qui a été ou-
verte, car je ne vois pas l'intérêt qu'aurait
eu Allaire à accuser Angelo Tardivel, si,
une fois arrêté, celui-ci peut démontrer son
innocence.
Me Antony Auin a l'intfi.tion de confé-
rer aujourd'hui mêmes avix: M. Monter,
procureur de la République, pour que des
instructions très sérieuses soient donnée
dains le but de retrouver Tardive). Il aura
également une entrevue avec M. Fnbre de
Parel, 1e procureur de la République de
Versailles.
LES IMPRESSIONS DE Mme HIIZRME
On n'a pas oublié que l'adresse du costn-
mier chez lequel trois lévites furent volées,
avait étd écrite sur une carte de visite,
trouvée dans le métropolitain et portant le
nom et l'adresse de Mme Mazeline, artiste
peintre.
Interrogée sur le point de savoir si. par-
mi ses anciens modèle.-7, il ne s'en serait
pas trouvé un du nom d'Angelo ou d'Ange
Tardive!, Mme Mazelir.e, apres vérification,
a répondu négativement
Cependant, a-t-elle ajouté, il circule
beaucoup de mes cartes parmi les modèles.
La raison en est simple. Il m'arrive sou-
vent de demander, à mes modèles attitrés,
de in'er-voyer des types dont j'ai besoin. Je
donne cas cartes aux, premiers pour les re-
mettre aux seconds et teur servir ainsi d'in-
troduction.
il donc pu se faire que.cet Angelo ait été
en possession d'une dé mes cartes.
L'ALCHIMISTE A DÉVOILÉ SON SECRET.
Voulez-vous aire du diamant ?
Voici la formule de Lemoine:
LE FOUR. Le four se compose de truis
cylindres concentriques glissés les uns dans
les autres de ta façon suivante
a Bandage cir-
culaire en tôle.
D. Matière In-
candescente
dans l'arc.
B. Cylindre en
terre ràfraetaj-
re eomprin-ée.
A. Cylindre en
charbon cum-
pr.mé.
Un premier cylindre en terre réfractaire
canivrimçe enveloppé d'un deuxième el puis-
sant cylindre en charbon électrode et l'en-
semble dans un trnUiéma cylindre en t(He
de fer qui sert de bandage aux dcux autres.
A ce cylindre en tôle par prudence cm peut
ajouter comme renfort (tes bagues de fer.'
Les électrodes sont introduites dans le
cylindre par ses deux ouvertures de façon
qu.e l'arc ait à se trouver ait centre de l'ap-
pareil.
Les électrodes seront par un moyen qrtel-
conqve empêchées de céder' la pression in-
térieure pendant la 4t chauffe » (sic), c'est
à-dire de reculer.
I,E CREUSET. Le creuset est encore un
cylindre mais en fer il est fermé par deux
couvercie-s en plomb qui se fixent à chg.u/1
au ctjlindre. Un de ces couvercles porte une
ouverture par laquelle on introduit la ma-
tière.
La formule qu'on vient de lise est celle de
la fabncation du diamant. d'après Le-
moine.
Il l'a fait connaître hier aux juges de la
10e chambre correctionnelle, après un long
interrogatoire dont voici la physionomie fi-
dèle
Lernoinc avait fait, à midi et demi, une
entrée sensationnelle.
Cest, on le sait, un fort bel homme de
haute taille, de robuste constitution. Depuis
son incarcération, il a, laissé repousser sa
moustache, mais non sa barbe.
Lemoine est vêtu avec élégance jaquette
de drap noir, gilet de "fantaisie^ cravate à
raies bleues et vertes, gants jaunes, etc.
II va, bien que détenu, s'asseoir au banc
réservé aux prévenus libres sa femme et
sa fille assistent aux débats.
Le prévenu a Me Labori pour défenseur.
Les parties civiles, MM. Wemher, Felden-
heimer et le représentant de la chambre
syndicale de la bijouterie sont assistés de
MM" Barboux, Doumerc et de Saint-Auban.
M. Dreyfus préside. Le siège du ministèro
public est occupé par M. le substitut Re-
gnault.
L'interrogatoire
L'interrogatoire commence.
M. Dreyfus parait peu favorablement dis-
posé envers le prévenu, auquel il adresse dès
le début de vertes remontrances.
Il lui laisse entendre qu'il se trouve en
présence de gens sérieux,pe u enclins à en-
tendre les sornettesqu'il débite depuis tant
d'années à des gens plus naïfs.
Le substitut, M. Regnault, est lui-même
obligé de menacer Lemoine, à certain mo-
ment, de requérir contre lui.
Le célèbre fabricant de diamant avait eu
l'irrévérence de dire à M. Dreyfus:
Vous interrogez avec bonne humeur.
Ces vives apostrophes ramenèrent Lemoi-
ne à plus de déférence envers les magis-,
trats.
Tout d'abord une discussion éclate entre le
prévenu et le président, au sujet des titres
du célèbre inventeur.
Quelle est votre profession?
R. Ingénieur.
D. Où sont vos diplbmes
Le prévenu, qui ne s'attendait pas à cette
question nette, précise, est fort embarrassé.
M. Dreyfus lui fait observer qu'il lui se-
rait bien difficile de produire un diplôme, car
il n'est pas ingénieur, titre dont il n'a pas
craint pourtant de se prévaloir dans certai-
nes circonstances solennelles de sa vie, no-
tamment lors de son mariage.
Lemoine avait si peu la qualité d'ingénieur
qu'il du' pour gagner sa vie, lorsqu'il vint
en France, entrer dans une société de publi-
cité.
fut, en 1S99, auprès «voir fait la connais-
sance de M. Kaecklin, inventeur d'une pou-
dre noire destinée à remplacer lc« boart »,
que lui vint l'idée de fabriquer du diamant.
Il entra en pourparlers avec MM. Fetden-
neimer père et fils et avec M. Cohen, qui lui
avancèrent 25.000 francs pour son expéri-
mentat.ion. Ces messieurs voulaient non de
la pourra mais des cristaux.
S2s essais Étant demeurés .infructueux,
Par l'ouverture on
introduit fo du ter précipité chimiquement
pur 3° du charbon de sucre (procédé MoiM*
son) chimiquement pur: 3° du mercure.
Oit fait le ride par l'ouverture qw: l'on son*-
de. ensuite. On place wisuile Le creuset dans
le jour, c'est-à-dire entrc eu-- électrodes
de façon à les toucher. (Pour ce faire, on reti-
re d'abord une des électrodes qui doivent
étre enduite d'une -couche légère de cuivre,
Le courant doit être donné progressive.'
ment, de façon à fondre d'abord les couver*
clés l'arc se formant, on au/jinetitc le cour
rant jusqu'au point que le calcul peut indi-
quer comme limite de pression intérieurs
que l'on veut atteindre à rais&n de Vébvlli~
tion du mercure. Ce point atteint, une cuis-
son de plusieurs heures est nécessaire. Il
se produit alors une dissolution de carbone
à trè.s haute température et à la pression
A. Ouverture
pour l'intro-
duction du
mercure, du
fer (limaille)
et du charbon
de terre après
le ride fit
dans l'inté-
lieur.
B. Charbon de
sacre.
< Lunajiie ae uur. D. Mercure, r.. couverai; un pion.D.
̃ Je crois que la grosseus-. des cristaux est
en rapport avec la durée de la, cuisson:
Pour le refroidissement, on coupe simple-
ment le courant et on laisse les matières se
refroidir d'elles-mêmes.
Signé Lemoine.
Lemoine remboursa à ses commanditaires
400 livres et partit en 1901 au Cap, afin de
s'y livrer, dit-il, à des études plus compte-
tes sur le diamant, ce que conteste l'accusa-
tion, car les Boers étaient à cette époque cm
pleine guerre avec l'Angleterre.
Bref Lemoine abandonna provisoirement,
en sas projets et repnt son premier
métier de courtier en publicité.
Le président est obligé, à ce moment, de;
lui rappeler qu'il a de fâcheux antécédents.
Il fut, en effet, condamné par la cour d'assi-
ses de la Seine à quatre années de prison!
pour faux et usage de faux.
En Belgique, où il avait pris les faux nom8
de d'Omerbergh et de vicomte de Saint-
jermâin il encourut quarante jours de pri-
son.
L*rnoin« va dévoiler aon t*er«t
Puis nous arrivons à l'année époepne
de sa libération, Lemoine entre en relations
avec un M. Moine et reprend ses projets
d'autrefois.
Le président. La connaissance eut lieu, Je
crois, dans la loge d'un concierge de ta rue Clau-
Lemotoe. Qu'y a-t-fl de mal lk-_ans? Tous
inventer a son calvaire, moi j'ai eu le mien. Les
gens ne sont pas venus t moi, il a lallu que
j'aille les chercher.
Et avec une audace extrême il ose, devant
le tribunal, après tout ce que l'on sait, après
ses vastes fumisteries, clamer sa confiance
absolue dans le succès de son invention.
J'ai itrouvé 1 elame-t-U. et le le prouverai au
tribunal.
Le président Le tribunal prend acte de 1'00
tre promesse sans trop oser espérer que vous
lui donnerez satisfaction. Nous serions cepen-
dant heureux de eonnaitxe le secret dont vous
nous promettez la révélation. Ce serait d'ailleurs
le, moyen de nous prouver votre innocence.
(Rires.)
Lemoine avait, à cette époque, deux miri-
fiques inventions.
Il avait, disait-il, découvert le mouvement
peipétuel, puis le secret de la fabrication du
diamant.
Ou le mit en rapport avec une Anglaise,
Mme Clarke qui. sans hésiter, lui remit une
somme de francs.
Cette personne avait été impressionné»
par les explications de Lemoine.
Vous abordions maintenant la colossale
escroquerie qui vaut à Lernoine sa comparu-
tion devant la dixiéme ohaiïbre.
Ce fut par M. Feldenheimer que Lemoine
fut mis en relations avec M.Julius Wernher.
D. Vous lui dites que vous étiez en posses-
sion d'un secret vous permettant de confection-
ner du boart et même du diamant blanc
Vous faites deux traités avec lui. Vous vous
envasez a lui fournir une certaine quantité da
boart et lui devait, en échange, vous verser 2bO.fX)6
francs. Votis vous enRSfriez, en outre, (aira
dans une banque le dépôt de la formule de vôtre-
procédé. procédé tellement simple, affirmiez-
vous. que n'importe qui n'ayant aucune connais-
sance chimique pouvait l'employer.
Lemoine. J'en ai donné à NI. Wernher pour
son argent. Il ne m'avait pas encore avancé dm
fonds. (Rires.
Nous arrivons à l'expérience. M. ,\Vernher
avait cette fois vei'sé.
D.- Vous la faites à votre laboratoire de la ni»
4_ -L– _b H_i __# ̃ ̃ ̃
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18, rue d'Enghien, PARIS
TELEPHONE N~ 102.73 US-Ot
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• Î-OJTIGH D'RNNONCES
TELEPHO.NS .N»
tO. pl.a* de la Bourse.. PARlflfn
Le
STATUT ASSOCIATIONS
De que contient le nouveau profet
qui mera probablement déposé
aujourd'hui à la Chambre
Le Petit Parisien a annoncé que MM. Qe-
menceaa et Aristide Briand avaient rédigé
un nouveau texte de statut pour les fonc-
tionna ires et que ce projet était soumis à
l'approbation des autres membres du gou-
vernement.
Un conseil de cabinet a été tenu hier ma-
tin place Beauvau, sous la présidence de
M. Clemenceau, au cours duquel les minis-
tres (Mit procédé à de longs échanges de
vues sur le texte élaboré par le président du
Conseil et le garde des Sceaux.
A l'issue de ce conseil, nous avons eu
l'honaeur d'être reçu par un ministre, qui
nous a prié de ne pas le nommer. Voici, fi-
dèlement reproduites, les déclarations qu'il
nous a faites
Le gouvernement avait déposé un pro-
jet sur tes associations de fonctionnaires.
Au cours de l'interpellation sur le cas de M.
Nègre, l'instituteur révoqué, M. Jaurès fit
remarquer que le gouvernement qui refusait
le. droit syndical aux instituteurs leur accor-
dait beaucoup plus puisque, dans eon pro-
jet, il leur permettait de se confédérer.
yuelque temps après, le gouvernement dé-
posait un seconde texte dans lequel on avait
supprimé lu partie signalée par le député
socialiste du Turn.
La commission de la Chambre se mettait
A l'ouvrage et chargeait bientôt M. Jeanne-
ney, devenu depuis sénateur, de rapporter le
texte gouvernemental en même temps qu'el-
le établissait un type d association pour
fonctionnaires.
Pendant ce temps, une certaine agitation
se faisait autour d\ statut. La grève des
postiers éclatait peu après. La commission
parlementaire chargeait. M. Chaigne de rap-
porter le statut- des fonctionnaires.
(Test alors que le gouvernement pensa
qu'il devait soumettre la Chambre un
projet de statut quelque peu différent de ce-
lui de la commission- Mais pour ne pas don-
ner l'impression que, par le dépôt d un nou-
veau projet, il éludait la question, il dé-
cida- de réunit on un seul texte-te-projet
sur les associations et le projet de statut.
C'est ainsi. qu'est né le texte soumis ac-
tuellement. aux ministres par MM. Clemen-
ceau et Briand.
LE NOUVEAU PROJET
Le nouveau projet comporte deux partjes
1° le statut 2° les associations.
Le premier titre (statut) règle les condi-
tions de recrutement, d'avancement, il fixe
les traitements et les retraites et détermine
les mesures disciplinaires.
Les ministres consultés ont fourni de
nombreux renseignements sur le personnel
de ieur administration. MM. Clemenceau
et Briand ont tenu compté de toutes les in-
dications. Et ce fut, je vous l'assure, une
tache bien compliquée pour eux, que d'éla-
borer un texte qui donnât satisfaction à
tous. Songez qu s'agit de fonctionnaires
appartenant à des catégories bien diverses.
Il a des fonctionnaires à émoluments
fixes. puis des percepteurs dont le traite-
ment dépend du chiffre des recettes.
Toutes les garanties sent assurées aux
fonctionnaires des divers départements mi-
.catégorie.
Ce premisr problème résolu, il restait à
donner aw fonctionnaires les movens lé-
gaux de surveiller la stricte application des
dispositions du statut. il fai'dit leur permet-
tre de s'assurer si aucun acte d'arbitraire,
de favoritisme, n'était commis par le minis-
tre. La titre 2 du projet, qui concerne uni-
quement les associations remplit ce but.
En quoi consistent ces associations ? Com-
ment seront-elles instituées ? Quel rôle joue-
ront-eltes ? Pourront-elles se fédérer ? Tou-
tes ces questions si importantes ont été
prévues.
L'association de fonctionnaires n'est ré-
gie Il} par la loi de 1884 sur les syndicats,
ni par la loi de 1901 sur les associations. Elle
emprunte à l'une et à l'autre ses disposi-
tions essentielles tout en les adaptent a la
catégorie spéciale de citoyens à laquelle ap-
partiennent les fonctionnaires.
C'est ainsi qu'eue jouit d'avantagés plus
grands que le« syndicats actuellement exis-
tants. Elle peut ester en justice et recev·oir
des dons et legs, à la condition expresse
que les sommes ainsi recueillies servent ex-
clusivement à des œuvres d'assistance et
ds mutualité.
Par contre, la loi nouvelle est moins lar-
ge sur certains points. Elle interdit formel-
le,ment aux fonctionnaires de s'affilier aux
Bonrses du travail, à la C. G. T.
Toutefois, les associations pourront se
grouper lorsqu'il s'agira de fonctionnaires
même catégorie ou de fonctionnaires d'un
Exrmple: les rédacteurs associés dn mi-
nl-ilère de la Justice pourront se réunir aux
rédacteurs associés des autre? départements5.
Rnfin, si les associations, au lieu de bé-
néficier des dispositions nouvelles, réclament
le régime de la loi de If|t8 sur la mutualité,
elles pourront, et c'est *la meilleure chose
qu'elles puissent faire, s'affilier à la confé-
dération générale des mutualités.
LE DROIT DE GRÈVE
Le projet Clernenceau-Briand interdit le
dr'Hl de grève aux fonctionnaire. Celui-ci,
fl'uilieurs.* ne répondait plus à rien, puisque
k-M fonctionnaires auront un statut et je
̃̃̃> n de le faire respecter devant les tri-
̃̃.•as de grève toutes les garanties ces-
si\ï!. bien entendu. Le statut et l'association
)!tent plus. Et le ministre peut nHo-
les coupables, ou supprimer les droits
retraite. D'ailleurs, qui peut le plus, peut
i Joins. Les memb'res du bureau de Vas-
sociaiion sont poursuivis.
Quel sera le titre du groupement ? Asso-
ciation ou syndicat? L'un et l'autre, l'un
ou l'autre. D'ailleurs cela a bien peu d'im-
portance. Des associations de fonctionnaire,,
constituées à l'heure actu«Uei sous le régime
delà loi.d» itfOl, perten. le nom de syndi-
cat.
La différence la plus sensible existe dans
la lormalit" du dép0' des statuts.
Actuellement un syndicat doit déposer
ses statuts il Paris, à la prélecture de ia
Seine, et en province, à la mairie.
Une association les dépose à Paris, à la
préfecture de police, et, en province, à la
sous-préfecture.
L'association nouvelle devra le.s déposer
à Paris. à la préfecture de la Seine, et an
province, à la sous-préfecture.
LA CONCLUSION
Quand les fonctionnaires auront ce statut,
ceti.e association, que pourront-ils réclamer
Le droit d'entrer aux Bourses du travail,
de s'affilier à la C. G. T ?. Pourquoi faire ?
De la politique Cela aucun gouvernement
ne peut et ne saurait l'admettre. 11 est inad-
missible qu'une association de fonctionnai-
res se lance-dans la bataille politique et qu'un
fonctionnaire aille porter en réunion publi-
que l'appui de sa fonction.
Si ce fonctionnaire veut faire, en tant
que citoyen, de la politique, il en a le droit.
Il a sa disposition le bulletin de vote, il a
mêmes sa parole de citoyen. En employant
ces nioyens il peut essayeur de faire triom-
pher ses idées.
Mais, je le répète, l'association de fonction.
naires n'a et ne peut avoir qu'un but la
défense des intérêts professionnels.
Demain nous nous occuperons des tribu-
naux qui sent appelés à juger les fonction-
naires coupables. Sur cette question je ne
puis encore rien von; dire si ce n'est que
cette, nouvelle juridiction est proposée par le
garde des Sceaux. »
En nous reconduisant, le ministre nous
affirma que le conseil qui se tiendra ce ma-
tin à l'Elysée terminerait l'examen du pro-
jet Clemenceau-Briand et que le nouveau
texte serait déposé aussitôt après sur le bu-
reau de la Chambre.
Paul GREZ.
LE MIRAGE DES MOTS
Jip^ Les orateurs des meetings préconisent
*JP l'idée de la grève générale, comme si
ces mots impliquaient la fin des souffran-
ces humaines et le règne du bonheur uni-
versel. Dans leurs discours violents, dans
leurs accusations contr3 la société, ils abou-
tissent à cette conclusion que tout ira bien
dans ce monde, si chacun déserta son la-
beur et reste assis, les bras croisés.
Cela ne se produira pas, parce que l'hu-
manité ne peut pas s'arrêter et qu'elle est
astreinte au mouvement, comme la terre
elle-même, condamnée à poursuivre sa cour-
se à travers l'espace.
Mais admettons cette hypothèse de la
grève générale. Quels en seraient les résul-
tats pratiques ?
Si personne ne travaillait, si les cultiva-
teurs ne labouraient plus le sol, si les ou-
vriers déposaient l'outil, si les chemins de
fer ne marchaient plus, si les villes n'é-
taient plus éclairées la nuit, si les moyens
d'alimentation manquaient, en quoi en ré-
sulterait-il la félicité générale ?
Mais, disent les apôtres de la conception
gréviste, cette situation ne serait que mo-
mentanée et elle suffirait pour amener le
bouleversement. Ce serait uns simple ma-
nœuvre révolutionnaire.
Nous n'apercevons pas ce qu'il y aurait
de changé à l'heure inévitable ou, ous vine
de mourir de fai:n, chacun rppren,irait
sa besogne. Aucune manne providentielle
ne serait tombée du haut des nuages et,
dans la pratique, le seul résultat serait d'a-
voir augmenté le triste stock des misères.
Que faut-il penser des révélations d'AUaire
et du rôle d'Angelo dans l'affaire Steinheil ?
Il n'est pas possible. quant à présent
du moins, d'être tixé sur l'importance
qu'il faut attacher aux rcvélations d'Emma-
nuel Allaita, que connaissent les lecteurs
du Petit Parisien.
Allaire semble de bonne foi, mais.
Qu'Emmanuel Allaire ait été en relations
avec Ange Tardivel, plus connu, comme
noirs l'avons dit hier, dans les milieux
mal famés de Versailles sous le surnom
d'Angelo qu'il ait été son aani et son com-
plice dans différents vols, c'est certain. En
dénonçant Angelo comme l'un des assas-
sins du peintre Steinheil et de Mme Japy,
Emmanuel Allaire parait avoir été de bon-
ne foi. Reste à savoir si, comme il arrive
souvent dans le monde des malfaiteurs,
An,ge Tardivel ne s'est pas vanté d'un acte
qu'il n'a pas commis, mais qui» aux yeux
des individus de son espèce, lui aurait don-
né une certaine autorité.
Quoi qu'il en soit, jamais Emmanuel Al-
laire n'a souffle mot de cette histoire avant
son arrestation.
Ce que dit sa maîtresse
Sa maîtresse, Pauline Foyard, que nous
avons vu.j, hier, et qui est occupée à la blan-
chisserie Lamé, nie Exelmans, au Chesnay,
affirme qu'elle ne connaît pas Angelo et mê-
me n'en a jamais entendu parler:
Et l'affaire Steinheil ? lui avons-nous
demanda, Vous la connaissez ? Allaire n'a
certainement pas été sans y faire allusion
devant vous, alors qu'elle battait son plein?
Qu'en disait-il ?
Comme tout le monde, a-t-elte répondu,
j'ai su qn'un double crime avait été commis
impasse Ronsin, mais jV.n ignore les détails
et je ne me souviens pas que mon amant
ajt jamais eu l'air de s'y intéresser d'une
façon particulière. Je me souviene seule-
ment qu'une fois, en voyant un portrait re-
produit dans le Petit Parisien, il s'est écrié:
«Tiens, je connais cette tête-
Allaire a-t-il mis uu nom sur cette figure ?
Pauline Fovard ne s'en souvient plus. De-
puis le 18 février dernier, qu'elle habite 8,
rue de la Petite-Place, deux personnes sont
venues demander son amant un grands
jeune homme blond d'abord, qui ne s'est
pas fait: connaître et qui n'est pas revenu,
puis Victorine Druet, femme Battiîollier,
qu'elle a recueillie par pitié.
Cette Victorine était une ancienne amie
lift CB1MK A «Lï-miSM'CB
Des bandits étranglent
une vieille rentière
ILS HT-TTEIT SA VILLA A SAC
Dans une villa, située S, rue.Raspail, ha-
bitait, à Neuilly-Plaisance, depuis ptùs de
trente ans, Mme Mois, née Agnès Bauschiet,
âgée de soixante-dou^e ans et originaire du
Luxembourg..
La septuagénaire avait perdu, il y a deux
ans sou uiari, ancien commis voyageur en
métaux, et, depuis cette époque, elle était
devenue extrêmement •menante et craintive.
Un crime commis l'an dernier, rue Caro-
et dont, on s'en souvient, fut victime
la veuve Sébastien, n'avait fait qu'augmenter
ses appréhensions. C'est pourquoi, chaque
soir, Mme Mois se barricadait soigneuse-
ment dans sa demeure.
Le parquet arrivant à la maison du crime
(la + indique le soupirait de la cave ou
tut découvert le cadavre).
d'AUaire. C'est avec elle qu'il s'est fait pren-
dre en train de voler à l'étalage. Pauline
Foyard ne lui a jamais entendu prononcer
le nom d'Angelo. Elle est persuadée que ce
triste personnage lui est inconnu comme à
elle-même.
Ange Tardive!, que la police recherche
avec toute la diligence dont elle est capable,
n'est cependant pas un mythe. Non sevle-
ment il existe, niais il est 1res connu dans
certains établissement de la rue du Vieux-
Versailles qui n'avaient pas de client plus
assidu.
D'où venait cet argent ?
Presque quotidiennement, pendant les
mois d'octobre et de novembre 19OE, il ve-
nait prendre ses repas dans un restaurant
de la rue de Satory. Or, seul fait d rete-
nir, pouvant présenter un réel intérêt,
le patron croit se souvenir que dans le cou-
rant d'octobre, par conséquent quatre mois
après le crime de l'impasse Ronsin, Angelo
a change un billet de mille francs. Si la cho-
se est exacte, on se demande comment une
pareille somrhe pouvait se trouver en posses-
sion d'un individu qui vivait au jour le jour
d'expédients, et dont les mœurs inavouables
constituaient. la plupart du temps, l'unique
moyen d'existence
Après une longue absence, Ange Tardivel
̃revint Versailles au mois d* mare der-
nier. U y résta dix-sept jonrs seulement et
repartit. Depuis lors, on perd sa trace et
nnl ne sait ce qu'il est devenu. Il aurait dit
Allaire qu'il avait l'intention de se fixer,
définitivement, à Montmartre, où il faisait
d'excellentes affaires.
11 importe donc de mtronver le pins f.ftt
possible cet ancien compagnon d Allaire.
Qm sait si. outre ce cn.iïl pourrait dire de
l'affaire Steinïwil, if ne lni parait, aisé
de fournir d intéressants renseignements
sur l'assassinat, demeuré impuni, de M. Fkv
rirnond Fleurot. l'homme d'aïfaires de la
rue du Mont-Thabor, qui fut tué, dans son
appartement, le 2 avril dernier
Mme STEINHEIL ESPERE
Dès qu'il a eu connaissance de la déclara-
tion d'Emmanuel Allaire, M* Antony Au-
bin, qui se trouvait momentanément absent
de Paris, est Devenu en toute, hâte, et ec*n
premier soin a été de se rendre auprès de
Or, vers dix heures du soir, Mme Mois
regagnait sa villa, toujours en compagnie
de ses amies.
liais, avant ouvert la porte d'entrée, elle
!a tranquilliser que Mme Ledu et sa nièce
fissent avec elle le tour du jardin.
Hier matin, vers neuf heures, les fournis-
seurs trouvèrent la grille de ta villa ouver-
te. Ils déposèrent leurs provisions dans un
pavillan du jardin, et s'en furent, après
avoir fait remarquer aux voisins combien ce
fait leur' paraissait étrange.
Une heure plus tard, Mme Bedu se rendait
chez la veuve Mois. Toutes les porters étaient
ouvertes. On appela, mais en vain la pro-
priétaire ne donnait pas signe de vie. Com-
me le docteur Vermeil passai an la mit
au courant. il pénétra dans l'appartement
qu'habitait sa cliente, au rez-de-chaussée de
la villa.
M. Vermeil constata que dans toutes les
pièces régnait un désordre indescriptible.
Mais nulle part il ne découvrit la veuve Mois.
Il reripseendit alors dons le jardin, ouvrit
la porte de la buanderie et, aperçut la sep-
tuagénaire gisant à 1-erre. La vieille femme
avait été assassinée'.
Etendue sur le dos, la lete couverte d'un
ép$.is voile noir, la gorge fortement -serrée
par un bâillon, les mains liées en croix
sur la poitrine, les pieds solidement atta-
chés par une grosse corde, la victime était
morte depuis de longues heures déjà. Dans
un coin de la buanderie, deux sièges places
à côte. une bonU'illo de Champagne vi-
dé?, deux douzaines de coquilks dœufs at-
testaient que les assassins avaient fait bom-
bancp en attendant leur victime.
Celle-ci, chaque soir, en effet, pénétrait
dans le local pour y nrendre un œuf, qu'elle
gobait avant de se mettre au lit. Cest au
moment où elle y pénétrait, air retour de la
fête, que les assassins se jetèrent sur elle
et l'étranglèrent.
Le vol est le mobile du crime
Dans l'après-midi, MM. Prouharam, pro-
cureur de la République Mouton, juge d'ins-
truction Mérelle, greffier;- le docteur De-
rôme, médecin légiste, accompagnés des ins-
pecteurs Pourchot et Carnpenazre, de la bri-
gade mobile, arrivaient a Neuilly-Plaisan-
ce.
Pendant qu'on procédait à l'autopsie du
cadavre, les magistrat* visitaient Tapparte-
ment. Ils acquirent bien vite la certitude
que le vol seul était le mobile du crime.
Il n'est pas un meuble, pas un tiroir, pas
une boite qui n'aient été fouillés de fond en
comble par les assassins. Ceux-ci, d'ailleurs,
ont dû passer une grande partie de la nuit
dans la maison. Toutefois on ne sait pas
encore exactement ce qu'ils ont pu empor-
ter.
La femme de ménage, Mme Ducrocq, a
bien signalé aux magistrats la disparition
d'un eolîret rempli de nombreux bijoux,
mais on ignore si la victime conservait par
divers elle des sommes importentes.-f-ar ha-
bituellement elle déposait ses fonds dans un
établissement de crédit.
Il est oependànt certain que ses assassins
connaissaient parfaitement, les habitudes de
la septuagénaire et qu'ils ont opéré avec la
certitndc de n'être point dérangés, Ils de-
vaient toutefois redouter d'être reconnus par
l_m< \ri.»firrwï T.'6.r»ffA neuve* d«"vnf ila lui rnn-
vrirent les yeux et la sauvagerie qu'ils ap-
portèrent à la frapper, au point de lui enfon-
cer son râtelier dans la gorge, en sont une
preuve.
Ces constatations permettront peut-être
trats, qui ont fait soigneusement relever des
empreintes de pas dans les plates-bandes
du jardin, ainsi que diverses traces digita-
les laissées par les assassins sur plusieurs
vertes et bocaux.
Le parquet et les inspecteurs de la sûreté
générale ont passé la nuit sur les lieux et
poursuivront leur enquête ce matin.
sa cliente, pour la mettre au courant de ce
qui s'était passé.
Vous ne sauriez croire, nous a dit,
hier soir, l'aimable avocat, quelle a été la
joie de Mme Steinheil, en apprenant ce qu'a-
vait raconté l'individu arrêté à Versailles.
Le nom d'Angelo ou d'Ange Tardive! ne lui
rappalle rien, mais à oela quoi d'étonnant ?
Comme elle me l'a dfxlaré, elle n'a pas
connu tous les modèles qui ont défilé dans
l'atelier de son mari. Mais, .si l'on retrouve
Angelo est s'il a posé pour M. Sieinneil, elle
espère que l'on pourra facilement le recon-
naître en examinant les personnages qui
figurent, sur les tableaux du peintre.
J'ai engagé Mme Steinheil au calme. Elle
était toute bouleversée quand je t'ai quit-
tée Vrai ou faux, il faut que cet incident
soit tiré au clair. A priori., j'ai confiance
dans le résultat de l'enquête qui a été ou-
verte, car je ne vois pas l'intérêt qu'aurait
eu Allaire à accuser Angelo Tardivel, si,
une fois arrêté, celui-ci peut démontrer son
innocence.
Me Antony Auin a l'intfi.tion de confé-
rer aujourd'hui mêmes avix: M. Monter,
procureur de la République, pour que des
instructions très sérieuses soient donnée
dains le but de retrouver Tardive). Il aura
également une entrevue avec M. Fnbre de
Parel, 1e procureur de la République de
Versailles.
LES IMPRESSIONS DE Mme HIIZRME
On n'a pas oublié que l'adresse du costn-
mier chez lequel trois lévites furent volées,
avait étd écrite sur une carte de visite,
trouvée dans le métropolitain et portant le
nom et l'adresse de Mme Mazeline, artiste
peintre.
Interrogée sur le point de savoir si. par-
mi ses anciens modèle.-7, il ne s'en serait
pas trouvé un du nom d'Angelo ou d'Ange
Tardive!, Mme Mazelir.e, apres vérification,
a répondu négativement
Cependant, a-t-elle ajouté, il circule
beaucoup de mes cartes parmi les modèles.
La raison en est simple. Il m'arrive sou-
vent de demander, à mes modèles attitrés,
de in'er-voyer des types dont j'ai besoin. Je
donne cas cartes aux, premiers pour les re-
mettre aux seconds et teur servir ainsi d'in-
troduction.
il donc pu se faire que.cet Angelo ait été
en possession d'une dé mes cartes.
L'ALCHIMISTE A DÉVOILÉ SON SECRET.
Voulez-vous aire du diamant ?
Voici la formule de Lemoine:
LE FOUR. Le four se compose de truis
cylindres concentriques glissés les uns dans
les autres de ta façon suivante
a Bandage cir-
culaire en tôle.
D. Matière In-
candescente
dans l'arc.
B. Cylindre en
terre ràfraetaj-
re eomprin-ée.
A. Cylindre en
charbon cum-
pr.mé.
Un premier cylindre en terre réfractaire
canivrimçe enveloppé d'un deuxième el puis-
sant cylindre en charbon électrode et l'en-
semble dans un trnUiéma cylindre en t(He
de fer qui sert de bandage aux dcux autres.
A ce cylindre en tôle par prudence cm peut
ajouter comme renfort (tes bagues de fer.'
Les électrodes sont introduites dans le
cylindre par ses deux ouvertures de façon
qu.e l'arc ait à se trouver ait centre de l'ap-
pareil.
Les électrodes seront par un moyen qrtel-
conqve empêchées de céder' la pression in-
térieure pendant la 4t chauffe » (sic), c'est
à-dire de reculer.
I,E CREUSET. Le creuset est encore un
cylindre mais en fer il est fermé par deux
couvercie-s en plomb qui se fixent à chg.u/1
au ctjlindre. Un de ces couvercles porte une
ouverture par laquelle on introduit la ma-
tière.
La formule qu'on vient de lise est celle de
la fabncation du diamant. d'après Le-
moine.
Il l'a fait connaître hier aux juges de la
10e chambre correctionnelle, après un long
interrogatoire dont voici la physionomie fi-
dèle
Lernoinc avait fait, à midi et demi, une
entrée sensationnelle.
Cest, on le sait, un fort bel homme de
haute taille, de robuste constitution. Depuis
son incarcération, il a, laissé repousser sa
moustache, mais non sa barbe.
Lemoine est vêtu avec élégance jaquette
de drap noir, gilet de "fantaisie^ cravate à
raies bleues et vertes, gants jaunes, etc.
II va, bien que détenu, s'asseoir au banc
réservé aux prévenus libres sa femme et
sa fille assistent aux débats.
Le prévenu a Me Labori pour défenseur.
Les parties civiles, MM. Wemher, Felden-
heimer et le représentant de la chambre
syndicale de la bijouterie sont assistés de
MM" Barboux, Doumerc et de Saint-Auban.
M. Dreyfus préside. Le siège du ministèro
public est occupé par M. le substitut Re-
gnault.
L'interrogatoire
L'interrogatoire commence.
M. Dreyfus parait peu favorablement dis-
posé envers le prévenu, auquel il adresse dès
le début de vertes remontrances.
Il lui laisse entendre qu'il se trouve en
présence de gens sérieux,pe u enclins à en-
tendre les sornettesqu'il débite depuis tant
d'années à des gens plus naïfs.
Le substitut, M. Regnault, est lui-même
obligé de menacer Lemoine, à certain mo-
ment, de requérir contre lui.
Le célèbre fabricant de diamant avait eu
l'irrévérence de dire à M. Dreyfus:
Vous interrogez avec bonne humeur.
Ces vives apostrophes ramenèrent Lemoi-
ne à plus de déférence envers les magis-,
trats.
Tout d'abord une discussion éclate entre le
prévenu et le président, au sujet des titres
du célèbre inventeur.
Quelle est votre profession?
R. Ingénieur.
D. Où sont vos diplbmes
Le prévenu, qui ne s'attendait pas à cette
question nette, précise, est fort embarrassé.
M. Dreyfus lui fait observer qu'il lui se-
rait bien difficile de produire un diplôme, car
il n'est pas ingénieur, titre dont il n'a pas
craint pourtant de se prévaloir dans certai-
nes circonstances solennelles de sa vie, no-
tamment lors de son mariage.
Lemoine avait si peu la qualité d'ingénieur
qu'il du' pour gagner sa vie, lorsqu'il vint
en France, entrer dans une société de publi-
cité.
fut, en 1S99, auprès «voir fait la connais-
sance de M. Kaecklin, inventeur d'une pou-
dre noire destinée à remplacer lc« boart »,
que lui vint l'idée de fabriquer du diamant.
Il entra en pourparlers avec MM. Fetden-
neimer père et fils et avec M. Cohen, qui lui
avancèrent 25.000 francs pour son expéri-
mentat.ion. Ces messieurs voulaient non de
la pourra mais des cristaux.
S2s essais Étant demeurés .infructueux,
Par l'ouverture on
introduit fo du ter précipité chimiquement
pur 3° du charbon de sucre (procédé MoiM*
son) chimiquement pur: 3° du mercure.
Oit fait le ride par l'ouverture qw: l'on son*-
de. ensuite. On place wisuile Le creuset dans
le jour, c'est-à-dire entrc eu-- électrodes
de façon à les toucher. (Pour ce faire, on reti-
re d'abord une des électrodes qui doivent
étre enduite d'une -couche légère de cuivre,
Le courant doit être donné progressive.'
ment, de façon à fondre d'abord les couver*
clés l'arc se formant, on au/jinetitc le cour
rant jusqu'au point que le calcul peut indi-
quer comme limite de pression intérieurs
que l'on veut atteindre à rais&n de Vébvlli~
tion du mercure. Ce point atteint, une cuis-
son de plusieurs heures est nécessaire. Il
se produit alors une dissolution de carbone
à trè.s haute température et à la pression
A. Ouverture
pour l'intro-
duction du
mercure, du
fer (limaille)
et du charbon
de terre après
le ride fit
dans l'inté-
lieur.
B. Charbon de
sacre.
< Lunajiie ae uur. D. Mercure, r.. couverai; un pion.D.
̃ Je crois que la grosseus-. des cristaux est
en rapport avec la durée de la, cuisson:
Pour le refroidissement, on coupe simple-
ment le courant et on laisse les matières se
refroidir d'elles-mêmes.
Signé Lemoine.
Lemoine remboursa à ses commanditaires
400 livres et partit en 1901 au Cap, afin de
s'y livrer, dit-il, à des études plus compte-
tes sur le diamant, ce que conteste l'accusa-
tion, car les Boers étaient à cette époque cm
pleine guerre avec l'Angleterre.
Bref Lemoine abandonna provisoirement,
en sas projets et repnt son premier
métier de courtier en publicité.
Le président est obligé, à ce moment, de;
lui rappeler qu'il a de fâcheux antécédents.
Il fut, en effet, condamné par la cour d'assi-
ses de la Seine à quatre années de prison!
pour faux et usage de faux.
En Belgique, où il avait pris les faux nom8
de d'Omerbergh et de vicomte de Saint-
jermâin il encourut quarante jours de pri-
son.
L*rnoin« va dévoiler aon t*er«t
Puis nous arrivons à l'année époepne
de sa libération, Lemoine entre en relations
avec un M. Moine et reprend ses projets
d'autrefois.
Le président. La connaissance eut lieu, Je
crois, dans la loge d'un concierge de ta rue Clau-
Lemotoe. Qu'y a-t-fl de mal lk-
inventer a son calvaire, moi j'ai eu le mien. Les
gens ne sont pas venus t moi, il a lallu que
j'aille les chercher.
Et avec une audace extrême il ose, devant
le tribunal, après tout ce que l'on sait, après
ses vastes fumisteries, clamer sa confiance
absolue dans le succès de son invention.
J'ai itrouvé 1 elame-t-U. et le le prouverai au
tribunal.
Le président Le tribunal prend acte de 1'00
tre promesse sans trop oser espérer que vous
lui donnerez satisfaction. Nous serions cepen-
dant heureux de eonnaitxe le secret dont vous
nous promettez la révélation. Ce serait d'ailleurs
le, moyen de nous prouver votre innocence.
(Rires.)
Lemoine avait, à cette époque, deux miri-
fiques inventions.
Il avait, disait-il, découvert le mouvement
peipétuel, puis le secret de la fabrication du
diamant.
Ou le mit en rapport avec une Anglaise,
Mme Clarke qui. sans hésiter, lui remit une
somme de francs.
Cette personne avait été impressionné»
par les explications de Lemoine.
Vous abordions maintenant la colossale
escroquerie qui vaut à Lernoine sa comparu-
tion devant la dixiéme ohaiïbre.
Ce fut par M. Feldenheimer que Lemoine
fut mis en relations avec M.Julius Wernher.
D. Vous lui dites que vous étiez en posses-
sion d'un secret vous permettant de confection-
ner du boart et même du diamant blanc
Vous faites deux traités avec lui. Vous vous
envasez a lui fournir une certaine quantité da
boart et lui devait, en échange, vous verser 2bO.fX)6
francs. Votis vous enRSfriez, en outre, (aira
dans une banque le dépôt de la formule de vôtre-
procédé. procédé tellement simple, affirmiez-
vous. que n'importe qui n'ayant aucune connais-
sance chimique pouvait l'employer.
Lemoine. J'en ai donné à NI. Wernher pour
son argent. Il ne m'avait pas encore avancé dm
fonds. (Rires.
Nous arrivons à l'expérience. M. ,\Vernher
avait cette fois vei'sé.
D.- Vous la faites à votre laboratoire de la ni»
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