Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1907-07-22
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 juillet 1907 22 juillet 1907
Description : 1907/07/22 (Numéro 11224). 1907/07/22 (Numéro 11224).
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k562579c
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/03/2008
Tirorre-DEUxiÈMB Année. No 11-224.
Le plus fort Tirage des Journaux du Monde entier
Lundi 22 Juillet 1907.
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EDITION DE, PARIS
LA.
La Marine américarne en Frtnce. Un 5ou·
de guerre- ou Mende.
Ln Président de République. Les
Éiraagelés de ta vfe parisienne. Le
Cinquantenaire de Béranger.
Pourquoi n'est-ce qu'avec les Français
que les Français ne fraternisent pas?!
Us échangent si volontiers des témoi-
gnages de cordialité avec tes représen-
tants des autres nations 1 Ces jours der-
niers, ce fut aux marins américains
qu'allèrent de chaudes démonstrations
amicales, scellant à nouveau les bonnes
relations des deux grandes Républi- j
ques. Nous sommes peut-être en reste,
d'ailleurs, avec les Américains, car l'oc-
caston ne nous fut pas encore offerte de
leur rendre avec le même éclat les fêtes
qu'ils donnèrent en l'honneur des cou-
lsurs françaises au moment du cente-
Laire de York-Town.
Nos divisions intérieures apparaissent
}lus sensibles, en ces heures où nous
,.isons grand accueil aux étrangers, et
art souvenir .ne revenait à l'esprit, à j
propos de cette visite d'une escadre
américaine. Quelle est, chez nous, la
pensée qui puisse apporter une trêve,
au moins, aux confiits d'opinion ? Les
Américains en eurent toujours une, mê-
me aux périodes les plus critiques.
Certes, cette guerre de Sécession qui,
dans la seconde moitié du dernier siè-
cle, mit aux prises le Nord et le Sud fut
terrible. C'est même alors que se déve-
loppa. par la nécessité, cette marine qui
présente aujourd'hui une force si impo-
sante et qu'on vit les luttes des premiers
cuirassés. Mais, jusqu'à cette époque,
l'évocation d'un grand nom pouvait fai-
re un apaisement passager.
On se battit beaucoup autour de Mount-
Vernon, où mourut Washington, en
la petite maison où il s'était retiré après
avoir assuré l'indépendance de sa pa-
tne. Mais, par une convention tacite,
quelle que pût être l'importance strate-
gique de ce point, aucune des deux ai-
mées ne l'occupa jamais. Mount- Vernon
était, pour amsi dire, neutralisé.
On vit mieux encore des piquets de
combattants du Nord ou du Sud, quit-
tant un instant leurs armes, venaient
$aire un pèlerinage à la maison de Was-
à.ti^fem, commun, la hesos
également honoré, malgré les combats
que se livraient les fils d'un même pays.
il était au-dessus des partis. En dépit
d'âpres querelles, on communiait en
Et nous aussi, nous avons de ces gran-
des figures qui planent sur notre histoi-
re, même contemporaine. Pourquoi, à j
de certaines heures, ne les invoquons-
nous pas, pour aider à des réconcilia-
tions ?
Paris est, de plus en plus, l' « auber-
ge du monde selon le mot d'Hector
Malot, qui vient de mourir, après une
vie laborieuse, et après avoir eu la fin
d'un sage, consacrant, dans la retraite,
ses dernières années à se souvenir ou à
s'amuser, pour son propre compte, du
spectacle des comédies humaines, qu'il
avait longuement retracées. Après les
rois, il semble que ce soit le tour des re-
présentants des républiques. Ainsi M.
Amador Guerrero est-il notre hôte c'est
le président du plus jeune état de l'uni-
vers, puisque l'indépendance de cette
république de Panama, s'étant séparée
de la Colombie, est toute récente. M.
Amador Guerrero vient, a-t-i] assuré, en
dehors de toute pensée politique, étu-
dier, pour son édification personnelle,
)a vie des grandes villes d'Europe. Il
tombe, chez nous, en un moment où ce
qui se passe pourrait un peu l'abuser
sur les conditions de notre existence.
Sans doute. il est trop habitué aux révo-
lutions pour que nos troubles du Midi
l'émeuvent beaucoup. Il a vu mieux que
cela dans son pays 1 Mais il ne faudrait
pas qu'il s'imaginât que nos avocats ont
l'habitude de se battre à coups de can-
ne, que les relations entre les médecins
et leurs clients se terminent devant les
tribunaux, que chaque commune de
France a son « satyre que les prison-
nières sont communément conduites en
chemise dans les voitures cellulaires.
Nos faits divers sont assurément assez
extraordinaires, depuis quelque temps
ils ne représentent pourtant que l'anor-
mal, et M. Amador Guerrero se rendra
vite compte que le voyageur qui veut se
faire des idées justes ne doit pas trop
généraliser.
En lisant nos journaux, il a pu voir
déjà que nous sommes un peuple ayant
le goût des traditions. Ainsi, bien qu on
ne le lise plus guere et qu'on ne le fret
donne même plus, bien qu'il ne corres-
ponde plus du tout à nos sentiments,
n'a-t-on pas manqué de jeter quelques
fleurs sur le cinquantenaire de la mort
ds Béranger.
Pour lui, le projet de M. Ajarn, qui
veut imposeur au profit de l'Etat l'oeuvre'
des morts. tombant, apres un demi-sie-
cle, dans le domaine public, selon la le-
gislation actuelle, ne rapporterait pas
beaucoup. Le bonhomme Béranger n'a
plus que sa légende. Il est si loin le
temps où, bravement. il luttait pour des
libertés qui snnt, depuis, si bien acqui-
ses. qu'on en =? même un peu abusé et,
pour ses refrains gaillards, nous som-
mes habitués à des mets si pimentés
qu'ils risquent de paraître fades 1
A dire le vrai. aujourd'hui. Béranger,
ce n'est plus. pour notre imagination.
qu'un vieux monsieur enveloppé dans
une large et rustiaue redingote, coiffé
d'un chapeau i arge-i bord-, aui nenis-j
*m\ vntwitier* et -lui ivair aimé LfM
setfe Tout ce qui le concerne parait. en-
core plus loin dans les idées que dans le
temps.
On pourrait redire, présentement, ce
qu'il disait lui-même de sa fin, en des
vers qui ne sont pas parmi ses meil-
leurs
J'aurai l'ôuMi. père et fils du repos,
Mais, a ma mort, témoins de notre lutte,
Ue vieux Français séeneront, l'oçil mouillé
Au ciel, un soir, cette étoile a Uri!id
Il y avait alors, d'ailleurs, quelques co-
quetterie de sa part, car il avait connu
si largement la popularité qu'il ne pou-
vait croire tout il fait à cet « oubli
Agonisant, l'Empire l'accapara. L'im-
pératrice lui fit porter un lit d'un méca-
nisme compliqué pour qu'il s'éteignît
doucement, et, bien qu'elle eût, sans
doute, peu de sympathie pour ce vieux
voltairien. vint elle-même prendre de
ses nouvelles. La. politique poussa, lors-
qu'il eut rendu le dernier soupir, à faire j
de sa mort un deuil national, après
qu'on eût arrangé cette mort pour la
rendre édifiante, selon les sentiments
des gens « bien pensants A la vérité,
c'était Béranger qui avait pris les de-
vants, et, avec l'habitude du geste, c'é-
tait lui qui avait, béni le curé de Passy,
ayant forcé sa porte. Dans les théâtres,
les 'régisseurs, avec un air grave de cir-
constance et après les trois saluts de ri-
gueur, annoncèrent qu'il avait cessé de
vivre.
Au demeurant, le jour de ses obsè-
ques, une affiche menaçante du préfet
de police Piétri annonçait les plus ri-
goureuses mesures contre les manifes-
tants, et les boulevards étaient hérissés
de baïonnettes. Ce n'était sûrement pas
ainsi que le bon Béranger avait souhaité
être porté en terre.
Jw La retraite du général Hagron, dont les
Og? causes ne sont pas encore divulgées,
a. ramené l'attention sur la loi instituant le
service militaire de deux ans. L'opinion pu-
blique se préoccupe de nouveau des consé-
quences qui en résultent pour la puissance
de notre armée.
C'est, en effet, le fonctionnement ncrmal
du recrutement qui portera ses effets, lors-
qu'au mois de septembre la classe 1904 sera
libérée. A ce moment, pendant le temps né-
cessaire pour donner une instruction inten-
sive aux conscrits qui arriveront, il n'y
attira, dans ikjs régimeuts e î^jiks seule clas-
se instruite.
Mais cette classe, convoquée en vertu de
la loi nouvelle, renferme tous les jeunes
Français que leur âge a appelés sous les
drapeaux. Elle ne comprend plus aucun dis.
pensé. Son effectif est en rapport avec la
totalité de nos ressources en hommes.
S'alarmer de ce qui va se produire dans
quelques semaines, c'est donc s'inquiéter au
sujet des conditions du recrutement, c'est-
à-dire c'est revenir en arrière et recommen-
cer, par la pensée, les débats approfondis
qui ont eu lieu au Luxembourg et au Palais-
Bourbon.
Dans les deux assemblées, la discussion
a eu une grande ampleur, et la loi de deux
ans n'a été votée qu'après avoir reçu 1 adhé-
sion des membres les plus compétents et les
plus éminents du Sénat et de la Chambre.
Toutes les objections ont été faites et ré-
futées par les orateurs qui défendaient le
projet On peut dire que la loi de deux ans
est une œuvre de réflexion.
Elle répondait évidemment aux vœux du
pays, et elle a reçu, depuis, la consécration
de la nation, lors des élections législatives.
Il est donc certain que la France, con-
fiante dans ses élus, n'a pas de crainte à
avoir au sujet du maintien de sa puissance
militaire.
La loi de deux ans est appliquée un peu
plus tôt que le gouvernement n'était con-
traint de le faire, voilà tout. Le ministère
montre ainsi qu'il ne voit aucun mconvé-
ment à cette anticipation.
l'ESCADRE JAFONAISE
SERA A BREST AUJOURD'HUI
C'est aujonrd'hvi que doivent arriver
en rade de Brest les deux croiseurs Chi-
rose et Tsvkuba. Cette visite de courtoisie
mérite de retenir l'attention, au lendemain
du jour où empereur du Japon a signé un
accord extrêmement important avec le gou-
vernement de la République.
Dans le courant de ta semaine, plusieurs
officiers des croiseurs se rendront à Paris,
où ils trouveront, sans aucun doute, l'ac-
cueil le plus cordial.
On n'a pas oublié que, à l'occasion de no-
tre tête nationale, l'ambassadeur de France
à Tokio reçut d'innombrables marques de
sympathie.
ün remarquera que les navires japonais se
rencontreront a Brest avec l'escadre améri-
('.¿fine commandée par l'amiral Stockton.
Les Préparatifs à Brest
(De notre correspondant particulier/
Brest, 21 juillet.
Toutes les dispositions sont prises pour
que les deux navires de la division japonaise
puissent aisément mouiller à côté de la di-
vision américaine, composée également de
deux croiseurs cuirassés, le Washington et
le Tennessee.
La prélecture maritime a lancé, hier, les
invitations relatives à la grande garden-
party qui sera donnée, mercredi, dans les
jardins de l'hôtel de la préfecture. Mais- les
invitations, qui sont au norn du vice-amiral
et de Mme Péphau, ne mentionnent pas que
k1 fête soit donnée en l'honneur des esca-
dres japonaise et américame, dont les états-
majors seront cependant invités.
Le soir méme, un grand dlner officiel sera
offert par lamiral Stockton, à bord du croi-
seur cuirassé Tennessee. On suppose qus
l'amiral japonais Goro Ijum sera invité à
ce banquet, qu'il ne pourra rendre, car l'es
cadre américaine lèvera l'ancre le lende-
main jeudi 25 courant.
| J*£S AUTOS QUI TOFNT
:un PROFESSEUR BROYÉ
par un taxi automobile
Comment périt M. Bonet, professeur à
l'Ecole des langues orientales et à l'Ecole
coloniale.. C'est sa veuve infor-
tunée qui nous fait le récit de
l'accident.
Un affreux accident s'est produit, la nuit
dernière, un peu avant minuit, sur la place
de la Concorde.
M. Jean- Baptiste Bonet, âgé de soixante-
trois mis, professeur à l'Ecole des langues
orientales et l'Ecole coloniale, a été écrasé
par un lasi-automobile. La mort a eté pres-
que immédiate.
M. Bonet demeurait 33, avenue de Neuil-
ly, à Neuilly, avec sa femme et la plus jeu-
ne de ses filles. Il avait trois autres enfants,
j deua fils, qui sont fonctionnaires coloniaux,
l'un au Tonkin, l'autre en Tunisie, et sa
fille aînée, mariée avec M" Joseph Massot,
avocat à la cour d'appel de Paris.
Le défunt était officier de la Légion d'hon-
neur.
Dramatique récit
Mme Bonet et ses deux filles, que nous
avons vues, dans la matinée, avaient appris
M. Bonet Cd. Penabert.
la terrible nouvelle à deux heures du ma-
tin. Leur douleur est poignante.
A travers ses sanglots, la veuve du dis-
tingué professeur a cependant la force de
nous raconter comment est survenu l'af-
freux malîiettr. Elie tient le récit du ptus
jeune de ses fils, qui en a été témoin.
Tous les deux ans, nous dit-elle, mon
fils François, qui est secrétaire du contrôle
civil en Tunisie, a un congé d'un mois qu'il
vient passer auprès de nous. Le congé qu'il
avait obtenji cette année touchait à sa fin.
Mon fils devait se mettre en route aujour-
d'hui méme pour regagner Tunis. C'était,
hier, la dernière soirée qu'il passait avec
nous. Le pauvre enfant ne s'était pas beau-
Paris à la JVIer. Paris à la nage
Le sport grandit, se développe tous les
jours. Les manifestations diverses de l'é-
nergie, de la force physique, les choses de
la vie au plein air, enfin, attirent de plus
en plus la foule.
C'est ainsi que, hier matin, au long des
berges de la Seine radieuse, étincelante
sous le soleil de juillet enfin sorti de son
engourdissement, on pouvait voir des mil-
liere et des milliers de Parisiens attentifs
aux évolutions des rapides canots automo-
biles de Paris à la mer, aux efforts superbe
des nageurs de Paris à la nage.
PARIS.A LA MER
Cette année, organisée par la chambre
syndicale de la navigation autombbile, la
course de Paris à la mer se présente sous
d'excellents auspices, meilleurs à n'en pas
douter que ceux qui la conduisirent à sa des-
tinée les années précédentes.
La course de cette année va se disputer en
deux parties en croisière jusqu'à Vernon,
en ccurse de Vernon au Havre.
Hier, les trente-deux canots prenant part
ii l'épreuve sont partis en promenade pour
Vernon. Aujourd'hui ils prendront le départ
en course pour faire étape à Elbeuf. Le mar-
di 23 les verra à Rouen, le mercredi 24 à
Caudebec-en-Caux et le jeudi 25 au Havre
Après quoi il ne leur restera qu'à traverser
l'estuaire pour aller se reposer à Trouvilloe.
PARIS A LA NAGE
A quinze jours de distance nous avons re-
vu hier en Seine des nageurs fameux. Cette
fois, ce n'étaient plus les professionnels qui
se trouvaient en ligne, mais de purs ama-
c'>mme d'habitude, c'est du pont National,
à Bercy. que fut donné par M. Moebs, eom-
missaire général de l'épreuve, le départ de
la ccurse. Le plongeon initial devait s'effec-
tuer il 8 du mais par cuite de
divers ro lards ce n'est qu'à 8 h. 52 qu'il eut
lieu. Sur les berges une foule énorme se
pressait. Le fleuve, lui, était couvert dem-
barcations diverses. Vingt-six bachots vont
suivre les vingt-six concurrents. Enfin une
douzains de canots automobiles rapides as-
surent le service d'ordre.
Tout ceta donne au fleuve une animation
inusitée à cette heure matinale.
Sur le ponton du départ on se montre
1" Anglais .tarvis. grand favori le Belge
M a as, dont on dit merveille le Hollandais
Ooms, champion de son pays les nageurs
italiens, excellents, et galanterie fran-
çaise les deux célèbres nageuses que
nous délègue la Suisse, Mlles Marthe et Cé-
i cile Robert.
A 8 h: 52, les vingt-six concurrents tom-
bent it l'eau. Tout aussilùt c'est la lutte âpre,
.larvis, de suite prend la tête.
Au pont d Austerlitz. ù 2 kil. 400 du dé-
part, il passe à 3 heures 25, suivi de Ooms,
a 120 mètres, et de Maas, à quelques lon-
gueurs derrière.
Les autres restent groupés à 100 mètres
en arrière.
A la Concorde, Jarvis est toujours en
tête. Ooms est très près du leader, à 40 ou
50 mètres. Maas est un peu derrière. Signo-
I •. lw;i amuse durant son séjour à Paris.
si put-il l'idée, ce dernier soir, d'aller en-
tendre Poiin. qui chante dans un concert des
Champs-Elysées. II demanda à son père dé
Mon mari retusa d'abord il était un peu
fatigué et Voulait aller se coucher. Mais
mori fils msista à mon tour, j'intervins et
il se décida.
Les sanglots de la pauvre femme redou-
blent pendant quelques minutes. Le spec-
t.-icle de cette infortune est des plus péni-
bles. Nous voulons nous retirer, mais Mme
Bonet reprend son récit
Il était deux heures quand François
est venu me trouver dans ma chambre.
» Sois courageuse, maman, me dit-iL Un
grand malheur est arrivé Papa.
» Est mort m'écriai-je, l'interrompant.
Et mon fï!s me raconta alors l'épouvan-
table accident!
Avec son père, qu'il adorait, il était sorti
du concert. Tous deux devisaient joyeuse-
ment en cheminant pour ailer prendre le
Métropolitain à la station de la Concorde.
lis s'engagèrent sur la place de ta Con-
corde. Ils s'étaient assurés, au préalable,
qu'ils avaient tout le temps de passer sans
risquer d'être renversés par une voiture.
Comme ils allaient atteindre le trottoir,
près de la rue de Rivoli, une automobile,
survenant derrière eux à la manière d'un
bolide, happa au passage mon infortuné
mari. Se retournant aussitôt, mon fils. ne
voyant plus son père près de lui, eut un
cri « Papa »
Mon mari, que l'odieux véhicule avait la-
in .-entablement broyé, était étendu dans la
poussière à quelques mètres de là. Il avait
&t6 comme assommé. L'auto, tellement sa
vitesse était grande, ne s'était arrêtée qu'a-
près avoir parcouru une assez longue dis-
tance.
Mon fils se précipita. Son père était ina-
nimé, Un médecin, qui passait, l'examina.
Il crut qu'il vivait encore. On plaça le pau-
vre homme dans la voiture qui venait de le
tuer et on le transporta à l'hôpital Beaujon.
Le chirurgien de service ne put que cons-
ta ter le décès. La tête et le cou étaient écra-
sés. C'est horrible
Le Chauffeur est arrêté
Le cadavre de M. Bonet a été dirigé sur
la morgue, où il sera soumis à l'autopsie. Il
sera ensuite ramené 33, avenue de Neuilly.
Le chauffeur auteur de ce lamentable
accident est un nommé Barthélémy Breton,
âgé de vingt-trois ans. Il venait de prendre
dans sa voiture des jeunes gens de natio-
nalité anglaise qui lui avaient demandé de
les conduire à vive allure dans un établisse-
ment de nuit où l'on s'amuse.
Breton conduisait des automobiles depuis
deux mois et demi seulement. Il était au
service de la Compagnie française et de-
meurait à Levillois.
Il a été arrêté. M. Chanot, commissaire
dn quartier des Champs-Elysées, l'a envoyé
ait dépôt.
La ijn tragique de M. Bonet causera une
ytiiionée affliction, car tous ceux qui le con-
naissaient, et ils étaient très nombreux,
le tenaient en gr.ande amitié.
NI. Jean Bonet, né à Bages (Pyrénées-
Orientales), le 21 novembre 18-i4, avait été
pendant dix-huit ans en Indo-Chine. Il était
depuis le 6 janvier 1894 professeur de la
chaire de langue annamite à l'école des
langues orientales vivantes, à l'école colo-
niale et à l'école commerciale de la cham-
tre de commerce de Paris.
rini pa.sse quatrième, puis viennent Landry,
Scheller, Rettachi, Bossi et Merchez.
A ce moment, ont abandonné Abbo, Lut-
gen, Bunnard, Bainçonau. Metzmeyer et
Spiotti.
Aucune modification sensible ne se pro-
duit dès lors jusqu'à l'arrivée. Jarvis pas-
sant à l'Alma à 10 h. 44, à Grenelle à 11 h. 19,
au pont Mirabeau à 11 h. "27, et enfin à la
bouée du but à 11 h. 35.
A son arrivée, les applaudissements écla-
tent, nourris, les cuivres de la musique mi-
litaire attaquent le Good saoe the King Jar-
vis est félicité par les organisateurs, par
M. Delaunay. député du Loiret, et par le
colonel Sauret, délégué du ministre de la
Guerre.
Jarvis
Le second, le troisième arrivent. et il
nous faut attendre le sixième pour entendre
la Marseillaise accueillante au premier
Français.
Voici, du reste, le classement
1u, Jarvis (Anglais), en 2 heures 41 min.
2e, Ooms (Hollandais), en 2 h. m.
Maas (Belge), en 2 h. 52 rn.
Signorini (Italien), en 2 h. 55 m.
5", Reltacchi (Italien), en 2 h. 59 m.
(ie, Landry (Français), en 3 h. 5 m.
Perchez: 8e, Mcijer 1.),, Scheller: 10e,
H m io ne l le, Bonzon Bonenfant
Theuriet 14e, Drigny 15e, Tobler.
Enfin, les deux dames nageuses prirent
respectivement Mlle Marthe Robert, la sel-
zième place, en 3 heures 24 minutes, et Mlle j
Cécile Robert la dix-septième place en
3 heures 52. Max SVENAt. |
LE PROCES
La Malédiction des Mères
pese déjà sur le Misérable
COMMENT IL CONSOMMA SON FORFAIT
C'est aujourd'hui, comme on sait, que l'odieux assassin de la petite
Marthe Erbelding va rendre compte de son abominable crime
aux jurés de la Seine.
M. ErbehHng L'employé de l'Est
père de la fillette qui découvrit le corps
Au centre, le couteau à cran (Tarrêl avec leqvei SrAeilUmd piqua au coeur sa jeune victime
Albert Soleilland nous l'avons dit
comparaît aujourd'hui devant la cour d'assi-
ses de la Seine.
Soleilland 1 ce nom ignoré hier, abhorré
aujourd'hui, sonne comme un glas aux
oreilles des mères, car pour elles, il synthé-
tise la perfidie, le cynisme, la cruauté et
l'abjection.
Soleilland c'est le monstre inconnu, re-
douté, qui, demain peut-être, viendra leur
ravir leurs enfants pour les souiller et en-
suite les assassiner lâchement.
Menesclou et Vacher, ses devanciers, ont
laissé un souvenir moins honni. On les sa-
vait malades et le temps a peu à peu effacé
l'horreur de leurs abominables forfaits.
En sera-t-il de même pour Soleilland Non
sans doute, car ce misérable n'a aucune
excuse.
Voici d'ailleurs ce que pensent de lui les
médecins qui furent appelés à l'examiner.
Soleilland n'est atteint d'aucune affection
psychique, il ne présente pas de perversion
génitale et notamment aucun symptôme de
sadisme il n'est ni épileptique, ni hystéri-
que, ni alcoolique.
Puis ils le caractérisent ainsi
n C'est un homme bien constitué dont les
appétits sexuels ne sont pas anormaux,
mais dont la force de résistance aux mau-
vaises passions ne trouve aucun point d'ap-
pui dans une idée morale quelconque. Ses
antécédents le montrent, en effet, sans scru-
pules dans la satisfaction de ses appétits. »
Voilà ce que pensent et disent de lui les
hommes de l'art. La justice complètera ces
renseignements en faisant ressortir la pi-
tcyable moralité de cet odieux individu,
avant comme après son mariage.
On le verra dans ce que nous allons ex-
poser, car, bien que les moindres détails
de cette troublante affaire soient restés gra-
vés dans l'esprit de tous ceux qui ont un
foyer et le voient égayé par de petits êtres
chéris, il est nécessaire de les rassembler
à la veille d'un si important débat.
L'accusé a un détestable passé
Beaucoup se sont étonnés du trop de con.
fiance de Mme Erbelding envers un person-
nage aussi peu recommandable que l'était
Soleilland.
Celle-ci est pourtant bien excusable.
Mme Erbelding connaissait Soleilland de-
puis son enfance. Elle avait été employée
comme femme de ménage chez ses parents
et l'avait vu élever. Elle le servit même
quand, celui-ci, en 1896, ayant seize ans à
peine, quitta le foyer paternel pour aller ha-.
biter seul rue Neuve-Popincourt.
Elle fut naturellement au courant de la vie
de cet adolescent elle connut, avant ses pa-
rents, ses liaisons, et notamment celle con-
tractée par la jeune fille que, plus tard, il
devait épouser. i
De à 1902, Soleilland eut, s'il faut en
croire les renseignements recueillis, une
existence « crapuleuse ». Brouillé avec sa
famille, il ne recula pas pour se procurer des
ressources devant tes expédients les plus
coupables, les plus honteux..
Fréquemment il fit appel, et jamais en j
vain, à l'indulgence et à la générosité de la <
famille Erbelding.
Ses fâcheux antécédents auraient da étre
de nature à mettre en garde Mme Erbelding
contre lui, mais. en lU05, quand Soleilland
revint du régiment, il semblait s être amen-
dé. 11 se réconcilia avec son père et obtint de
lui son consentement à son manage.
Ses liens d'amitié avec les Erbelding se
resse.rerent enccre par la suite. Ils se
voyaient fréquemment.
Soleilland habitait avec sa femme 133, rue
de Charonne, les époux Erbelding logeaient
I 76, rue Saint-Maur, avec leurs enfants.
Le misérable- avait-il déjà des vues sur la
jeune Marthe ? On doit le penser et rejeter
l'hypothèse d'un soudain accès de sadisme.
bien que de nombreux actes d'immortalité
aient été relevés contre lui.
Ce qui se passa dans la. néfaste journée du
31 janvier 1907 semble le prouver.
Soleilland guettait sa proie
Trois jours auparavant, le 28, un ami lui
avait fait présent de deux billets gratuits
pour le concert Ba-Ta-Clan.
Soleilland en fit part à sa femme qui ne
montra pas grand enthousiasmepour l'invt-
tation et parla vaguement de l'utiliser le
jeudi suivant.
C'est vraisemblablement au cours dp cet
entretien que Soleilland songea à réaliser le
projet qu'il caressait depuis longtemps déjà,
et qui consistait à se trouver, en dehors do
tout témoin, avec celle dont il convoitait de
faire sa proie.
Que fait-il, en effet, le jeudi 31 janvier?
Il se présente chez les Erbelding à midi
quarante-cinq.
Nous avons des billets, leur annonce-m,
pour Ba-Ta-Clan. Je viens chercher Marthe.
Mais qm l'y conduira ? questionne la mère.
Ma temme répond le misérable.
Mme Erbelding n'hésite plus, elle donne
son consentement, et Marthe ravie va s'ha-
biller. Quelques instants plus tard, joyeuqe,
accompagnée de "elui qui, dans quelques
instante, allait devenir peur elle un impla-
cable bourreau, elle quitte le foyer aimé au-
quel elle ne reparaîtra plus.
Mme Soleilland est absolument ignorante
de ce qui se passe.
Quand, vers midi dix, elle rentre au logis
pour déjeuner, n'y trouvant pas son mary
alors chez les Erbelding et qu'elle croit à son
atelier, elle mange rapidement, seule, ne
songe plus ad billet de Ba-Ta-Clan et repart
à son travail.
L'appartement est donc vide quand Soleil-
land arrive avec la petite Marthe. Son plan
a complètement réussi il ne pouvait en être
autrement.
Passons pour l'instant sous silence l'et
froyable et tragique scène qui va se dérou-
ler dans le modeste logement. Nous auront
occasion d'y revenir.
L'odieuse comédie du meurtrier
Reprenons le cynique meurtrier au mo-
ment où, après avoir accompli en tous
peints son odieuse besogne, il arrive, sera
cinq heures et demie, pleurant, jouant une
infâme comédie, 76, rue Saint-Maur
J'ai perdu la petite Marathe aédare-t-il es
entrant.
Comment' Que nous dites-vous? répètent
les parents stupéfaits. Expftquez-vous, de grac«i
Et Soleilland conte ces malheureuses
gens la stupide histoire qu'il a imaginée pour
détourner reurs soupçons et ceux de la jus-
tice.
A cette heure. sans doute, il espère que le
cadavre de la petite victime, mis en consi-
gne comme un vulgaire paquet, ne sera peut-
être jamais découvert
Au cours de Ja représentation, poursalt-U, Mar-
the, ayant uo besoin a satisfaire, est sortie vert
trois neures. VaiD«a>erjt j pu aliecklu aon retour,
et depuis je n ai pu ta rejoindre.
On sait quelles furent les démarches fai-
tes par les Erbeldini; pour retrouver leur
entant qu'ils réclamaient désespérés a tous
tes échos.
Le misérable, avec cette duplicité qui tui
est familière, les accompagna dans toutes
leurs investigations, montrant un chagrin
égal au leur et les bernant d'un espoir que
lui seul savait être illusoire.
Une telle attitude n est-elle pas faite pour
soulever la plus légitime indignation.
Le misérable est démasqué
Cependant, la police instrumentait
Il avait fallu Soleilland préciser remploi
Le plus fort Tirage des Journaux du Monde entier
Lundi 22 Juillet 1907.
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IjiE ftUMERO >J5 CENTIMES
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à i-OFFICE D* ANNONCES
tO. ptaae et* ta eour««. PAB1<1(?|
EDITION DE, PARIS
LA.
La Marine américarne en Frtnce. Un 5ou·
de guerre- ou Mende.
Ln Président de République. Les
Éiraagelés de ta vfe parisienne. Le
Cinquantenaire de Béranger.
Pourquoi n'est-ce qu'avec les Français
que les Français ne fraternisent pas?!
Us échangent si volontiers des témoi-
gnages de cordialité avec tes représen-
tants des autres nations 1 Ces jours der-
niers, ce fut aux marins américains
qu'allèrent de chaudes démonstrations
amicales, scellant à nouveau les bonnes
relations des deux grandes Républi- j
ques. Nous sommes peut-être en reste,
d'ailleurs, avec les Américains, car l'oc-
caston ne nous fut pas encore offerte de
leur rendre avec le même éclat les fêtes
qu'ils donnèrent en l'honneur des cou-
lsurs françaises au moment du cente-
Laire de York-Town.
Nos divisions intérieures apparaissent
}lus sensibles, en ces heures où nous
,.isons grand accueil aux étrangers, et
art souvenir .ne revenait à l'esprit, à j
propos de cette visite d'une escadre
américaine. Quelle est, chez nous, la
pensée qui puisse apporter une trêve,
au moins, aux confiits d'opinion ? Les
Américains en eurent toujours une, mê-
me aux périodes les plus critiques.
Certes, cette guerre de Sécession qui,
dans la seconde moitié du dernier siè-
cle, mit aux prises le Nord et le Sud fut
terrible. C'est même alors que se déve-
loppa. par la nécessité, cette marine qui
présente aujourd'hui une force si impo-
sante et qu'on vit les luttes des premiers
cuirassés. Mais, jusqu'à cette époque,
l'évocation d'un grand nom pouvait fai-
re un apaisement passager.
On se battit beaucoup autour de Mount-
Vernon, où mourut Washington, en
la petite maison où il s'était retiré après
avoir assuré l'indépendance de sa pa-
tne. Mais, par une convention tacite,
quelle que pût être l'importance strate-
gique de ce point, aucune des deux ai-
mées ne l'occupa jamais. Mount- Vernon
était, pour amsi dire, neutralisé.
On vit mieux encore des piquets de
combattants du Nord ou du Sud, quit-
tant un instant leurs armes, venaient
$aire un pèlerinage à la maison de Was-
à.ti^fem, commun, la hesos
également honoré, malgré les combats
que se livraient les fils d'un même pays.
il était au-dessus des partis. En dépit
d'âpres querelles, on communiait en
Et nous aussi, nous avons de ces gran-
des figures qui planent sur notre histoi-
re, même contemporaine. Pourquoi, à j
de certaines heures, ne les invoquons-
nous pas, pour aider à des réconcilia-
tions ?
Paris est, de plus en plus, l' « auber-
ge du monde selon le mot d'Hector
Malot, qui vient de mourir, après une
vie laborieuse, et après avoir eu la fin
d'un sage, consacrant, dans la retraite,
ses dernières années à se souvenir ou à
s'amuser, pour son propre compte, du
spectacle des comédies humaines, qu'il
avait longuement retracées. Après les
rois, il semble que ce soit le tour des re-
présentants des républiques. Ainsi M.
Amador Guerrero est-il notre hôte c'est
le président du plus jeune état de l'uni-
vers, puisque l'indépendance de cette
république de Panama, s'étant séparée
de la Colombie, est toute récente. M.
Amador Guerrero vient, a-t-i] assuré, en
dehors de toute pensée politique, étu-
dier, pour son édification personnelle,
)a vie des grandes villes d'Europe. Il
tombe, chez nous, en un moment où ce
qui se passe pourrait un peu l'abuser
sur les conditions de notre existence.
Sans doute. il est trop habitué aux révo-
lutions pour que nos troubles du Midi
l'émeuvent beaucoup. Il a vu mieux que
cela dans son pays 1 Mais il ne faudrait
pas qu'il s'imaginât que nos avocats ont
l'habitude de se battre à coups de can-
ne, que les relations entre les médecins
et leurs clients se terminent devant les
tribunaux, que chaque commune de
France a son « satyre que les prison-
nières sont communément conduites en
chemise dans les voitures cellulaires.
Nos faits divers sont assurément assez
extraordinaires, depuis quelque temps
ils ne représentent pourtant que l'anor-
mal, et M. Amador Guerrero se rendra
vite compte que le voyageur qui veut se
faire des idées justes ne doit pas trop
généraliser.
En lisant nos journaux, il a pu voir
déjà que nous sommes un peuple ayant
le goût des traditions. Ainsi, bien qu on
ne le lise plus guere et qu'on ne le fret
donne même plus, bien qu'il ne corres-
ponde plus du tout à nos sentiments,
n'a-t-on pas manqué de jeter quelques
fleurs sur le cinquantenaire de la mort
ds Béranger.
Pour lui, le projet de M. Ajarn, qui
veut imposeur au profit de l'Etat l'oeuvre'
des morts. tombant, apres un demi-sie-
cle, dans le domaine public, selon la le-
gislation actuelle, ne rapporterait pas
beaucoup. Le bonhomme Béranger n'a
plus que sa légende. Il est si loin le
temps où, bravement. il luttait pour des
libertés qui snnt, depuis, si bien acqui-
ses. qu'on en =? même un peu abusé et,
pour ses refrains gaillards, nous som-
mes habitués à des mets si pimentés
qu'ils risquent de paraître fades 1
A dire le vrai. aujourd'hui. Béranger,
ce n'est plus. pour notre imagination.
qu'un vieux monsieur enveloppé dans
une large et rustiaue redingote, coiffé
d'un chapeau i arge-i bord-, aui nenis-j
*m\ vntwitier* et -lui ivair aimé LfM
setfe Tout ce qui le concerne parait. en-
core plus loin dans les idées que dans le
temps.
On pourrait redire, présentement, ce
qu'il disait lui-même de sa fin, en des
vers qui ne sont pas parmi ses meil-
leurs
J'aurai l'ôuMi. père et fils du repos,
Mais, a ma mort, témoins de notre lutte,
Ue vieux Français séeneront, l'oçil mouillé
Au ciel, un soir, cette étoile a Uri!id
Il y avait alors, d'ailleurs, quelques co-
quetterie de sa part, car il avait connu
si largement la popularité qu'il ne pou-
vait croire tout il fait à cet « oubli
Agonisant, l'Empire l'accapara. L'im-
pératrice lui fit porter un lit d'un méca-
nisme compliqué pour qu'il s'éteignît
doucement, et, bien qu'elle eût, sans
doute, peu de sympathie pour ce vieux
voltairien. vint elle-même prendre de
ses nouvelles. La. politique poussa, lors-
qu'il eut rendu le dernier soupir, à faire j
de sa mort un deuil national, après
qu'on eût arrangé cette mort pour la
rendre édifiante, selon les sentiments
des gens « bien pensants A la vérité,
c'était Béranger qui avait pris les de-
vants, et, avec l'habitude du geste, c'é-
tait lui qui avait, béni le curé de Passy,
ayant forcé sa porte. Dans les théâtres,
les 'régisseurs, avec un air grave de cir-
constance et après les trois saluts de ri-
gueur, annoncèrent qu'il avait cessé de
vivre.
Au demeurant, le jour de ses obsè-
ques, une affiche menaçante du préfet
de police Piétri annonçait les plus ri-
goureuses mesures contre les manifes-
tants, et les boulevards étaient hérissés
de baïonnettes. Ce n'était sûrement pas
ainsi que le bon Béranger avait souhaité
être porté en terre.
Jw La retraite du général Hagron, dont les
Og? causes ne sont pas encore divulgées,
a. ramené l'attention sur la loi instituant le
service militaire de deux ans. L'opinion pu-
blique se préoccupe de nouveau des consé-
quences qui en résultent pour la puissance
de notre armée.
C'est, en effet, le fonctionnement ncrmal
du recrutement qui portera ses effets, lors-
qu'au mois de septembre la classe 1904 sera
libérée. A ce moment, pendant le temps né-
cessaire pour donner une instruction inten-
sive aux conscrits qui arriveront, il n'y
attira, dans ikjs régimeuts e î^jiks seule clas-
se instruite.
Mais cette classe, convoquée en vertu de
la loi nouvelle, renferme tous les jeunes
Français que leur âge a appelés sous les
drapeaux. Elle ne comprend plus aucun dis.
pensé. Son effectif est en rapport avec la
totalité de nos ressources en hommes.
S'alarmer de ce qui va se produire dans
quelques semaines, c'est donc s'inquiéter au
sujet des conditions du recrutement, c'est-
à-dire c'est revenir en arrière et recommen-
cer, par la pensée, les débats approfondis
qui ont eu lieu au Luxembourg et au Palais-
Bourbon.
Dans les deux assemblées, la discussion
a eu une grande ampleur, et la loi de deux
ans n'a été votée qu'après avoir reçu 1 adhé-
sion des membres les plus compétents et les
plus éminents du Sénat et de la Chambre.
Toutes les objections ont été faites et ré-
futées par les orateurs qui défendaient le
projet On peut dire que la loi de deux ans
est une œuvre de réflexion.
Elle répondait évidemment aux vœux du
pays, et elle a reçu, depuis, la consécration
de la nation, lors des élections législatives.
Il est donc certain que la France, con-
fiante dans ses élus, n'a pas de crainte à
avoir au sujet du maintien de sa puissance
militaire.
La loi de deux ans est appliquée un peu
plus tôt que le gouvernement n'était con-
traint de le faire, voilà tout. Le ministère
montre ainsi qu'il ne voit aucun mconvé-
ment à cette anticipation.
l'ESCADRE JAFONAISE
SERA A BREST AUJOURD'HUI
C'est aujonrd'hvi que doivent arriver
en rade de Brest les deux croiseurs Chi-
rose et Tsvkuba. Cette visite de courtoisie
mérite de retenir l'attention, au lendemain
du jour où empereur du Japon a signé un
accord extrêmement important avec le gou-
vernement de la République.
Dans le courant de ta semaine, plusieurs
officiers des croiseurs se rendront à Paris,
où ils trouveront, sans aucun doute, l'ac-
cueil le plus cordial.
On n'a pas oublié que, à l'occasion de no-
tre tête nationale, l'ambassadeur de France
à Tokio reçut d'innombrables marques de
sympathie.
ün remarquera que les navires japonais se
rencontreront a Brest avec l'escadre améri-
('.¿fine commandée par l'amiral Stockton.
Les Préparatifs à Brest
(De notre correspondant particulier/
Brest, 21 juillet.
Toutes les dispositions sont prises pour
que les deux navires de la division japonaise
puissent aisément mouiller à côté de la di-
vision américaine, composée également de
deux croiseurs cuirassés, le Washington et
le Tennessee.
La prélecture maritime a lancé, hier, les
invitations relatives à la grande garden-
party qui sera donnée, mercredi, dans les
jardins de l'hôtel de la préfecture. Mais- les
invitations, qui sont au norn du vice-amiral
et de Mme Péphau, ne mentionnent pas que
k1 fête soit donnée en l'honneur des esca-
dres japonaise et américame, dont les états-
majors seront cependant invités.
Le soir méme, un grand dlner officiel sera
offert par lamiral Stockton, à bord du croi-
seur cuirassé Tennessee. On suppose qus
l'amiral japonais Goro Ijum sera invité à
ce banquet, qu'il ne pourra rendre, car l'es
cadre américaine lèvera l'ancre le lende-
main jeudi 25 courant.
| J*£S AUTOS QUI TOFNT
:un PROFESSEUR BROYÉ
par un taxi automobile
Comment périt M. Bonet, professeur à
l'Ecole des langues orientales et à l'Ecole
coloniale.. C'est sa veuve infor-
tunée qui nous fait le récit de
l'accident.
Un affreux accident s'est produit, la nuit
dernière, un peu avant minuit, sur la place
de la Concorde.
M. Jean- Baptiste Bonet, âgé de soixante-
trois mis, professeur à l'Ecole des langues
orientales et l'Ecole coloniale, a été écrasé
par un lasi-automobile. La mort a eté pres-
que immédiate.
M. Bonet demeurait 33, avenue de Neuil-
ly, à Neuilly, avec sa femme et la plus jeu-
ne de ses filles. Il avait trois autres enfants,
j deua fils, qui sont fonctionnaires coloniaux,
l'un au Tonkin, l'autre en Tunisie, et sa
fille aînée, mariée avec M" Joseph Massot,
avocat à la cour d'appel de Paris.
Le défunt était officier de la Légion d'hon-
neur.
Dramatique récit
Mme Bonet et ses deux filles, que nous
avons vues, dans la matinée, avaient appris
M. Bonet Cd. Penabert.
la terrible nouvelle à deux heures du ma-
tin. Leur douleur est poignante.
A travers ses sanglots, la veuve du dis-
tingué professeur a cependant la force de
nous raconter comment est survenu l'af-
freux malîiettr. Elie tient le récit du ptus
jeune de ses fils, qui en a été témoin.
Tous les deux ans, nous dit-elle, mon
fils François, qui est secrétaire du contrôle
civil en Tunisie, a un congé d'un mois qu'il
vient passer auprès de nous. Le congé qu'il
avait obtenji cette année touchait à sa fin.
Mon fils devait se mettre en route aujour-
d'hui méme pour regagner Tunis. C'était,
hier, la dernière soirée qu'il passait avec
nous. Le pauvre enfant ne s'était pas beau-
Paris à la JVIer. Paris à la nage
Le sport grandit, se développe tous les
jours. Les manifestations diverses de l'é-
nergie, de la force physique, les choses de
la vie au plein air, enfin, attirent de plus
en plus la foule.
C'est ainsi que, hier matin, au long des
berges de la Seine radieuse, étincelante
sous le soleil de juillet enfin sorti de son
engourdissement, on pouvait voir des mil-
liere et des milliers de Parisiens attentifs
aux évolutions des rapides canots automo-
biles de Paris à la mer, aux efforts superbe
des nageurs de Paris à la nage.
PARIS.A LA MER
Cette année, organisée par la chambre
syndicale de la navigation autombbile, la
course de Paris à la mer se présente sous
d'excellents auspices, meilleurs à n'en pas
douter que ceux qui la conduisirent à sa des-
tinée les années précédentes.
La course de cette année va se disputer en
deux parties en croisière jusqu'à Vernon,
en ccurse de Vernon au Havre.
Hier, les trente-deux canots prenant part
ii l'épreuve sont partis en promenade pour
Vernon. Aujourd'hui ils prendront le départ
en course pour faire étape à Elbeuf. Le mar-
di 23 les verra à Rouen, le mercredi 24 à
Caudebec-en-Caux et le jeudi 25 au Havre
Après quoi il ne leur restera qu'à traverser
l'estuaire pour aller se reposer à Trouvilloe.
PARIS A LA NAGE
A quinze jours de distance nous avons re-
vu hier en Seine des nageurs fameux. Cette
fois, ce n'étaient plus les professionnels qui
se trouvaient en ligne, mais de purs ama-
c'>mme d'habitude, c'est du pont National,
à Bercy. que fut donné par M. Moebs, eom-
missaire général de l'épreuve, le départ de
la ccurse. Le plongeon initial devait s'effec-
tuer il 8 du mais par cuite de
divers ro lards ce n'est qu'à 8 h. 52 qu'il eut
lieu. Sur les berges une foule énorme se
pressait. Le fleuve, lui, était couvert dem-
barcations diverses. Vingt-six bachots vont
suivre les vingt-six concurrents. Enfin une
douzains de canots automobiles rapides as-
surent le service d'ordre.
Tout ceta donne au fleuve une animation
inusitée à cette heure matinale.
Sur le ponton du départ on se montre
1" Anglais .tarvis. grand favori le Belge
M a as, dont on dit merveille le Hollandais
Ooms, champion de son pays les nageurs
italiens, excellents, et galanterie fran-
çaise les deux célèbres nageuses que
nous délègue la Suisse, Mlles Marthe et Cé-
i cile Robert.
A 8 h: 52, les vingt-six concurrents tom-
bent it l'eau. Tout aussilùt c'est la lutte âpre,
.larvis, de suite prend la tête.
Au pont d Austerlitz. ù 2 kil. 400 du dé-
part, il passe à 3 heures 25, suivi de Ooms,
a 120 mètres, et de Maas, à quelques lon-
gueurs derrière.
Les autres restent groupés à 100 mètres
en arrière.
A la Concorde, Jarvis est toujours en
tête. Ooms est très près du leader, à 40 ou
50 mètres. Maas est un peu derrière. Signo-
I •. lw;i amuse durant son séjour à Paris.
si put-il l'idée, ce dernier soir, d'aller en-
tendre Poiin. qui chante dans un concert des
Champs-Elysées. II demanda à son père dé
Mon mari retusa d'abord il était un peu
fatigué et Voulait aller se coucher. Mais
mori fils msista à mon tour, j'intervins et
il se décida.
Les sanglots de la pauvre femme redou-
blent pendant quelques minutes. Le spec-
t.-icle de cette infortune est des plus péni-
bles. Nous voulons nous retirer, mais Mme
Bonet reprend son récit
Il était deux heures quand François
est venu me trouver dans ma chambre.
» Sois courageuse, maman, me dit-iL Un
grand malheur est arrivé Papa.
» Est mort m'écriai-je, l'interrompant.
Et mon fï!s me raconta alors l'épouvan-
table accident!
Avec son père, qu'il adorait, il était sorti
du concert. Tous deux devisaient joyeuse-
ment en cheminant pour ailer prendre le
Métropolitain à la station de la Concorde.
lis s'engagèrent sur la place de ta Con-
corde. Ils s'étaient assurés, au préalable,
qu'ils avaient tout le temps de passer sans
risquer d'être renversés par une voiture.
Comme ils allaient atteindre le trottoir,
près de la rue de Rivoli, une automobile,
survenant derrière eux à la manière d'un
bolide, happa au passage mon infortuné
mari. Se retournant aussitôt, mon fils. ne
voyant plus son père près de lui, eut un
cri « Papa »
Mon mari, que l'odieux véhicule avait la-
in .-entablement broyé, était étendu dans la
poussière à quelques mètres de là. Il avait
&t6 comme assommé. L'auto, tellement sa
vitesse était grande, ne s'était arrêtée qu'a-
près avoir parcouru une assez longue dis-
tance.
Mon fils se précipita. Son père était ina-
nimé, Un médecin, qui passait, l'examina.
Il crut qu'il vivait encore. On plaça le pau-
vre homme dans la voiture qui venait de le
tuer et on le transporta à l'hôpital Beaujon.
Le chirurgien de service ne put que cons-
ta ter le décès. La tête et le cou étaient écra-
sés. C'est horrible
Le Chauffeur est arrêté
Le cadavre de M. Bonet a été dirigé sur
la morgue, où il sera soumis à l'autopsie. Il
sera ensuite ramené 33, avenue de Neuilly.
Le chauffeur auteur de ce lamentable
accident est un nommé Barthélémy Breton,
âgé de vingt-trois ans. Il venait de prendre
dans sa voiture des jeunes gens de natio-
nalité anglaise qui lui avaient demandé de
les conduire à vive allure dans un établisse-
ment de nuit où l'on s'amuse.
Breton conduisait des automobiles depuis
deux mois et demi seulement. Il était au
service de la Compagnie française et de-
meurait à Levillois.
Il a été arrêté. M. Chanot, commissaire
dn quartier des Champs-Elysées, l'a envoyé
ait dépôt.
La ijn tragique de M. Bonet causera une
ytiiionée affliction, car tous ceux qui le con-
naissaient, et ils étaient très nombreux,
le tenaient en gr.ande amitié.
NI. Jean Bonet, né à Bages (Pyrénées-
Orientales), le 21 novembre 18-i4, avait été
pendant dix-huit ans en Indo-Chine. Il était
depuis le 6 janvier 1894 professeur de la
chaire de langue annamite à l'école des
langues orientales vivantes, à l'école colo-
niale et à l'école commerciale de la cham-
tre de commerce de Paris.
rini pa.sse quatrième, puis viennent Landry,
Scheller, Rettachi, Bossi et Merchez.
A ce moment, ont abandonné Abbo, Lut-
gen, Bunnard, Bainçonau. Metzmeyer et
Spiotti.
Aucune modification sensible ne se pro-
duit dès lors jusqu'à l'arrivée. Jarvis pas-
sant à l'Alma à 10 h. 44, à Grenelle à 11 h. 19,
au pont Mirabeau à 11 h. "27, et enfin à la
bouée du but à 11 h. 35.
A son arrivée, les applaudissements écla-
tent, nourris, les cuivres de la musique mi-
litaire attaquent le Good saoe the King Jar-
vis est félicité par les organisateurs, par
M. Delaunay. député du Loiret, et par le
colonel Sauret, délégué du ministre de la
Guerre.
Jarvis
Le second, le troisième arrivent. et il
nous faut attendre le sixième pour entendre
la Marseillaise accueillante au premier
Français.
Voici, du reste, le classement
1u, Jarvis (Anglais), en 2 heures 41 min.
2e, Ooms (Hollandais), en 2 h. m.
Maas (Belge), en 2 h. 52 rn.
Signorini (Italien), en 2 h. 55 m.
5", Reltacchi (Italien), en 2 h. 59 m.
(ie, Landry (Français), en 3 h. 5 m.
Perchez: 8e, Mcijer 1.),, Scheller: 10e,
H m io ne l le, Bonzon Bonenfant
Theuriet 14e, Drigny 15e, Tobler.
Enfin, les deux dames nageuses prirent
respectivement Mlle Marthe Robert, la sel-
zième place, en 3 heures 24 minutes, et Mlle j
Cécile Robert la dix-septième place en
3 heures 52. Max SVENAt. |
LE PROCES
La Malédiction des Mères
pese déjà sur le Misérable
COMMENT IL CONSOMMA SON FORFAIT
C'est aujourd'hui, comme on sait, que l'odieux assassin de la petite
Marthe Erbelding va rendre compte de son abominable crime
aux jurés de la Seine.
M. ErbehHng L'employé de l'Est
père de la fillette qui découvrit le corps
Au centre, le couteau à cran (Tarrêl avec leqvei SrAeilUmd piqua au coeur sa jeune victime
Albert Soleilland nous l'avons dit
comparaît aujourd'hui devant la cour d'assi-
ses de la Seine.
Soleilland 1 ce nom ignoré hier, abhorré
aujourd'hui, sonne comme un glas aux
oreilles des mères, car pour elles, il synthé-
tise la perfidie, le cynisme, la cruauté et
l'abjection.
Soleilland c'est le monstre inconnu, re-
douté, qui, demain peut-être, viendra leur
ravir leurs enfants pour les souiller et en-
suite les assassiner lâchement.
Menesclou et Vacher, ses devanciers, ont
laissé un souvenir moins honni. On les sa-
vait malades et le temps a peu à peu effacé
l'horreur de leurs abominables forfaits.
En sera-t-il de même pour Soleilland Non
sans doute, car ce misérable n'a aucune
excuse.
Voici d'ailleurs ce que pensent de lui les
médecins qui furent appelés à l'examiner.
Soleilland n'est atteint d'aucune affection
psychique, il ne présente pas de perversion
génitale et notamment aucun symptôme de
sadisme il n'est ni épileptique, ni hystéri-
que, ni alcoolique.
Puis ils le caractérisent ainsi
n C'est un homme bien constitué dont les
appétits sexuels ne sont pas anormaux,
mais dont la force de résistance aux mau-
vaises passions ne trouve aucun point d'ap-
pui dans une idée morale quelconque. Ses
antécédents le montrent, en effet, sans scru-
pules dans la satisfaction de ses appétits. »
Voilà ce que pensent et disent de lui les
hommes de l'art. La justice complètera ces
renseignements en faisant ressortir la pi-
tcyable moralité de cet odieux individu,
avant comme après son mariage.
On le verra dans ce que nous allons ex-
poser, car, bien que les moindres détails
de cette troublante affaire soient restés gra-
vés dans l'esprit de tous ceux qui ont un
foyer et le voient égayé par de petits êtres
chéris, il est nécessaire de les rassembler
à la veille d'un si important débat.
L'accusé a un détestable passé
Beaucoup se sont étonnés du trop de con.
fiance de Mme Erbelding envers un person-
nage aussi peu recommandable que l'était
Soleilland.
Celle-ci est pourtant bien excusable.
Mme Erbelding connaissait Soleilland de-
puis son enfance. Elle avait été employée
comme femme de ménage chez ses parents
et l'avait vu élever. Elle le servit même
quand, celui-ci, en 1896, ayant seize ans à
peine, quitta le foyer paternel pour aller ha-.
biter seul rue Neuve-Popincourt.
Elle fut naturellement au courant de la vie
de cet adolescent elle connut, avant ses pa-
rents, ses liaisons, et notamment celle con-
tractée par la jeune fille que, plus tard, il
devait épouser. i
De à 1902, Soleilland eut, s'il faut en
croire les renseignements recueillis, une
existence « crapuleuse ». Brouillé avec sa
famille, il ne recula pas pour se procurer des
ressources devant tes expédients les plus
coupables, les plus honteux..
Fréquemment il fit appel, et jamais en j
vain, à l'indulgence et à la générosité de la <
famille Erbelding.
Ses fâcheux antécédents auraient da étre
de nature à mettre en garde Mme Erbelding
contre lui, mais. en lU05, quand Soleilland
revint du régiment, il semblait s être amen-
dé. 11 se réconcilia avec son père et obtint de
lui son consentement à son manage.
Ses liens d'amitié avec les Erbelding se
resse.rerent enccre par la suite. Ils se
voyaient fréquemment.
Soleilland habitait avec sa femme 133, rue
de Charonne, les époux Erbelding logeaient
I 76, rue Saint-Maur, avec leurs enfants.
Le misérable- avait-il déjà des vues sur la
jeune Marthe ? On doit le penser et rejeter
l'hypothèse d'un soudain accès de sadisme.
bien que de nombreux actes d'immortalité
aient été relevés contre lui.
Ce qui se passa dans la. néfaste journée du
31 janvier 1907 semble le prouver.
Soleilland guettait sa proie
Trois jours auparavant, le 28, un ami lui
avait fait présent de deux billets gratuits
pour le concert Ba-Ta-Clan.
Soleilland en fit part à sa femme qui ne
montra pas grand enthousiasmepour l'invt-
tation et parla vaguement de l'utiliser le
jeudi suivant.
C'est vraisemblablement au cours dp cet
entretien que Soleilland songea à réaliser le
projet qu'il caressait depuis longtemps déjà,
et qui consistait à se trouver, en dehors do
tout témoin, avec celle dont il convoitait de
faire sa proie.
Que fait-il, en effet, le jeudi 31 janvier?
Il se présente chez les Erbelding à midi
quarante-cinq.
Nous avons des billets, leur annonce-m,
pour Ba-Ta-Clan. Je viens chercher Marthe.
Mais qm l'y conduira ? questionne la mère.
Ma temme répond le misérable.
Mme Erbelding n'hésite plus, elle donne
son consentement, et Marthe ravie va s'ha-
biller. Quelques instants plus tard, joyeuqe,
accompagnée de "elui qui, dans quelques
instante, allait devenir peur elle un impla-
cable bourreau, elle quitte le foyer aimé au-
quel elle ne reparaîtra plus.
Mme Soleilland est absolument ignorante
de ce qui se passe.
Quand, vers midi dix, elle rentre au logis
pour déjeuner, n'y trouvant pas son mary
alors chez les Erbelding et qu'elle croit à son
atelier, elle mange rapidement, seule, ne
songe plus ad billet de Ba-Ta-Clan et repart
à son travail.
L'appartement est donc vide quand Soleil-
land arrive avec la petite Marthe. Son plan
a complètement réussi il ne pouvait en être
autrement.
Passons pour l'instant sous silence l'et
froyable et tragique scène qui va se dérou-
ler dans le modeste logement. Nous auront
occasion d'y revenir.
L'odieuse comédie du meurtrier
Reprenons le cynique meurtrier au mo-
ment où, après avoir accompli en tous
peints son odieuse besogne, il arrive, sera
cinq heures et demie, pleurant, jouant une
infâme comédie, 76, rue Saint-Maur
J'ai perdu la petite Marathe aédare-t-il es
entrant.
Comment' Que nous dites-vous? répètent
les parents stupéfaits. Expftquez-vous, de grac«i
Et Soleilland conte ces malheureuses
gens la stupide histoire qu'il a imaginée pour
détourner reurs soupçons et ceux de la jus-
tice.
A cette heure. sans doute, il espère que le
cadavre de la petite victime, mis en consi-
gne comme un vulgaire paquet, ne sera peut-
être jamais découvert
Au cours de Ja représentation, poursalt-U, Mar-
the, ayant uo besoin a satisfaire, est sortie vert
trois neures. VaiD«a>erjt j pu aliecklu aon retour,
et depuis je n ai pu ta rejoindre.
On sait quelles furent les démarches fai-
tes par les Erbeldini; pour retrouver leur
entant qu'ils réclamaient désespérés a tous
tes échos.
Le misérable, avec cette duplicité qui tui
est familière, les accompagna dans toutes
leurs investigations, montrant un chagrin
égal au leur et les bernant d'un espoir que
lui seul savait être illusoire.
Une telle attitude n est-elle pas faite pour
soulever la plus légitime indignation.
Le misérable est démasqué
Cependant, la police instrumentait
Il avait fallu Soleilland préciser remploi
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