Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1906-11-22
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 22 novembre 1906 22 novembre 1906
Description : 1906/11/22 (Numéro 10982). 1906/11/22 (Numéro 10982).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k562339c
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/04/2008
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EDITION DE PARIS
LA GRANDE
Consultation Nationale
du
"Pe/iï Parisien"
DANS QUELQUES JOURS
nous aurions achevé de prendre nos disposi-
tions pour le CLASSEMENT des
FEUILLES DE CONCOURS
Toutefois, il ne commencera que le
Samedi 1er Décembre
car il importe que personne ne puisse pos-
séder la moindre indication sur les résultats
fatuts avant TexpiratioB du délai que nous
avons fixé pour l'envoi des Feuilles de Concours.
Ce délai passe, le dépouillement se fera
en toute sûreté, sous une surveillance extrê-
mement rigoureuse. failleurs, si, au moment
de l'attribution des prix, nous trouvions une
FEUILLE DE CONCOURS gagnante qui ne portât
pas les timbres de contrôle apposés avant
son admission au classement, ene serait pure-
ment et simplement annulée et le prix aéfi-
vré au sairant.
MEFIEZ-VOUS DES MYSTIFICATEURS!
Des camelots offrent au public des
listes de granits hommes qu'ils disent
être la « solution » du CONCOURS
DU" PfTlT PARISIEN la oentede
ces listes fantaisistes est une mys-
tification contre laquelle nous ne
saurions trop mettre nos lecteurs
en garde. Elle constitue même une
escroquerie bien caractérisée-
A LIRE ATTENTIVEMENT
Aujourd'hui encore, nous sommes
obligés de rappeler que les FEUILLES
de CONCOUBS ne doivent pas nous
être adressées sous enveloppe, mais
pliées et affranchies suivant les indka-
tions que nous avons déjà données et qui
sont répétées sur les Feuilles mêmes.
Ceux de nos Lecteurs qui nous ont fait
parvenir des Feuilles de Concours sous
enveloppe ont donc recommencer leurs
enVois conformément aux conditions exi-
gées. Sur leur demande, noas leur expé.
dierons les Feailles de Concours qui leur
sont nécessaires pour réparer leur erreur;
ils n'ont qu'à nous envoyer, en timbres.
poste, autant de fois 5 centimes qu'ils
désirent de numéros du 'Petit Parisien'
contenant la Feuille qui leur permettra
de prendre part régulièrement à notre
Grande Consultation Nationale.
Le Repos hebdomadaire
La question du repos hebdomadaire
excite des passions, puisqu'elle touche
a Ues intérêts. Pour arriver à apaiser les
Biécontentements et à concilier les diver-
gences, il faut compter beaucoup sur le
temps. Comme disent les Italiens « Le
temps est galant-homme n.
Quand un navire quitte le prrt, on se de-
mande comment on arrivera a ranger tout
ce qui encombre les ponts. Le lendemain,
tout est en ordre parfait, chaque chose s est
casée. C'est limage de ce qui se produit,
lorsqu'un changement survient dans les
habitudes d'un pays.
Le principe de la toi est excellent, telle-
ment bon que personne n'ose le répudier.
On ne discute, en réalité, que sur les pro-
cédés d'application.
Il en sera du repas hebdomadaire comme
des autres lois sociales promulguées depuis
quelques années. Au début, des plaintes se
sont fait entendre, des résistances ont été
ci posées puis, toute cette mousse d agita-
tiun est tombée et la loi sur les accidents
du travail, comme celle de la journée de dix
hrures,ne soulèvent plus d objections et sont
entrées dans nos mœurs.
Une évolution analogue se produira dans
les esprits, au sujet de la loi du repos heb-
domadaire.
Le législateur a prévu toutes les excep-
tions motivées par le respect de l'intérêt gé-
néral, par le souci de ne pas attenter aux j
coutumes françaises et enfin par les néces-
sités des industries qu'un chômage de
vingt-quatre heures mettrait en péril.
l;n un mot, le Parlement n'a pas eu la
prétention d'écrire cette loi sur des tables
do bronze et de nier par avance les résultats
que fournira l'expérience.
La vérité a été dite par le ministre du
Travail en termes que tout le monde peut
approuver « Cette loi n esf pas un instru-
ment brutal qui doit meurtrir des citoyens,
mais l'instrumeat souple qui doit respecter
.tous les intérêts. Il
LE MÉTIER DE ROI
L'empereur Guillaume II a profité de
son voyage à Munich pour voir du
monde. Il a reçu notamment le poète
viennois Ganghofer, avec lequel il a fait
une longue promenade dans le jardin
d'hiver du palais. Le Petit Parisien a
rendu compte de cette entrevue au cours
de laquelle l'empereur a parlé d'abon-
dance à son interlocuteur.
Je laisse de côté les déclarations poli-
tiques. Et je ne retiens de cette curieuse
conversation que ce qui a trait à ce que
Louis XIV appelait le « métier de roi ».
Il y a longtemps qu'un souverain ne
s'était plaint aussi librement d'obliga-.
tions qui ne sont certes pas sans rigueur.
Et rien n'est plus curieux que de jeter
ainsi un regard dans l'intimité de cette
impériale existence.
Les rois de tout temps et de tout pays
ont dû, comme Guillaume II, se plain-
dre des « fardeaux » de leur situation.
Lisez dans Saint-Simon une journée de
Louis XIV vous verrez que l'ancien ré-
gime, à cet égard comme à beaucoup
d'autres, était pire que le régime mo-
derne.
Louis XIV, en effet, a été le premier
fonctionnaire et le plus laborieux de
son royaume. C'est lui qui a mis à la
mode l'intervention quotidienne du sou-
verain, soit dans les délibérations des
ministres, soit dans le règlement des
affaires. Guillaume II, qui est très actif,
l'est d'une autre façon il ne peut pas
l'être davantage. Et il a la chance d'être
délivré de l'écrasante étiquette qui, en
dehors des heures de travail, engonçait
toute la vie d'un roi du dix-septième
siècle.
Petit lever, petit coucher, que sais-je
encore? C'était la représentation conti-
nue. A notre époque, aucun souverain,
fût-ce le plus traditionaliste, ne consen-
tirait à s'infliger pareil supplice. Il fait
sa part au protocole. Et il en garde une
autre pour la vie privée. C'est ainsi que
Guillaume Il, quand il parle de l'impé-
ratrice, dit couramment « Ma femme
et qu'à rordinaire il n'a pas à sa table
plus de cinq ou six personnes.
Cela ne lui suffit pas cependant, et il
s'écrie « Je voudrais tant pouvoir de
temps en temps monter dans une auto-
mobile, faire une randonnée de quelques
jours et rentrer chez moi reposé, gai et
dispos. » Me sera-t-il permis d'observer
que, pour avoir pareil désir, il n'est pas
besoin d'être empereur et roi. Il suffit
d'être très occupé. Et c'est le cas de beau-
coup de nos contemporains.
A la réflexion, je me demande si, à
notre temps, le métier de souverain, j'en-
tends d'un souverain actif et intelligent,
est très différent de celui djun homme
d'affaires qui mène une grosse maison
de commerce. Les confidences de Guil-
laume II à M. Ganghofer précisent l'ana-
logie des deux situations.
D'ailleurs, l'empereur allemand aug-
mente inutilement les ennuis de sa
charge.
J'ai longtemps habité Berlin. Et il
m'est arrivé souvent de constater que
l'empereur, dans une seule journée,
changeait cinq, six ou sept fois d'uni-
forme. Est-ce bien nécessaire? Le roi
d'Angleterre, qui est un roi fort actif et
très au courant de la politique, ne pra-
tique pas ce genre de métamorphoses.
Guillaume II se plaint. Mais, au fond, il
adore tout cet appareil fastueux.
Peut-ètre, dans l'instant qu'il en re-
grettait le poids, avait-il vraiment le sen-
timent qu'il trouverait son bonheur dans
une chaumière. Mais si son vœu eût été
exaucé, il n'y fût pas resté quarante-huit
heures. J'ai connu des ministres qui as-
piraient toujours à la chute du cabinet
dont ils étaient membres. C'était une
attitude élégante. Mais le jour de la cri-
se, ils changeaient d'avis.
Il y a des cas, cependant, où le métier
royal doit être singulièrement lourd. Et
ce disant, c'est à Nicolas II que je songe,
Un haut fonctionnaire de la cour impé-
riale me racontait hier ce qui s'est passé
à Peterhof, il y a quelques semaines.
C'était la nuit. Tout à coup une automo-
bile arrive en pleine vitesse et s'arrête,
après s'être fait reconnaître, devant le
petit palais où loge la famille impériale.
C'est M. Stolypine, président du Con-
seil, qui demande à voir le tsar sur-le-
champ. On a découvert un complot,
dont malheureusement on ne tient pas
tous les fils. Mais on craint que le châ-
teau ne soit miné. Il faut partir. Et une
heure après, à deux heures du matin,
un cortège silencieux gagne le quai où
attend le yacht impérial. C'est Tempe-
reur et les siens qui vont chercher en
mer la sécurité que la terre leur refuse.
L'anecdote est inédite et j'en puis ga-
rantir l'exactitude absolue. Elle justifie
à coup sûr de la part de Nicolas II le
désir d'une vie plus paisible..
Ce qui paraît le plus insupportable à
l'empereur d'Allemagne, ce ne sont pas
les risques de ce genre, auxquels il n'est
pas plus particulièrement exposé que les
autres chefs d'Etat c'est la critique et
la sévérité de l'opinion. Et cela est bien
un fait nouveau qui caractérise notre
époque.
Il y a cent ans, vous n'eussiez pas
trouvé un souverain sur cent pour se
préoccuper personnellement de la façon
dont ses sujets l'appréciaient. Aujour-
d'hui, un empereur ou un roi qui fait
de la politique active est comme tous les
hommes politiques il appartient à la
presse. Et suivant qu'il est plus ou moins
nerveux, il ressent plus ou moins vive-
ment la pointe des jugements dont il est
I'obiet.
Chez Guillaume IL, cette sensibilité
est poussée à l'extrême, et voyez comme
c'est contradictoire. Nul plus que lui
n'est pénétré de l'importance de sa mis-
sion divine. Et pourtant, cela ne lui suf-
fit pas. Il lui faut l'approbation des hom-
mes. Quand il lit des articles où on le
discute, il est prodigieusement en co-
lère. Et malheur à qui l'approche. Tant
est grande la forre du libre examen qu'il
LES INVENTAIRES CONTINUENT
à"cmm Zncldeut gxa,we ne s'est produit
A SAINT-POIr-DE-LEON
La Troupe tente d'enfoncer uae des portes de la Cathédrale
Les inventaires ont continué, htea% dans
les vingt-trois départements où les opéra-
tions n'avaient pas été terminées.
On peut dire que la journée d'hier, comme
celle de lundi, n'a été marquée par aucun
incident grave. Sans doute, il y a eu, un pen
partout, des manifestations, mais le plus
souvent, ce furent des manifestations pla-
toniques, et des protestations pour la forme,
et dans lesquelles la passion religieuse n'en-
trait évidemment que pour une faible part.
C'est en Bretagne, comme il Wlait.s'y,
attendre, que les inventaires rencontrèrent
le plus de résistance. Encore cette résistance
ne fut-elle pas terrible, comme on en, peut
juger par les dépêches qu'on va lire
)De no* correspondants particuliers)
A SAINT-POL-DE-LEON
Saint-Pol-de-Léon, 21 novembre.
L'inventaire de la cathédrale de Saint-
Pol-de-Léon, à l'occasion duquel une impor-
tante manifestation avait été/ organisée, a
pu être effectué, ce matin, après une très
vive résistance il est vrai, mais sans que
les fâcheux incidents que l'on redoutait se
soient produits.
Pour mener à bien cette opération, un ba-
taillon d infanterie coloniale était arrivé hier
matin, tandis que le tocsin sonnait à toute
vclée pour avertir les limitants des commu-
ne; voisines.
C'était cependant une fausse alerte, car
les soldats turent cantonnés chez les habi-
tents en attendant l'arrivée d'un escadron
du 70 régiment de chasseurs qui arriva de
Rouen dans le courant de l'après-midi.
Ce matin, à quatre heures et. demie, le
tccsin sonna de nouveau, tandis que de nom-
breux fidèles, enfermés dans l'église, chan-
tent des cantiques.
A cinq heures, arrivent sur la place les
chasseurs à cheval, accompagnés de nom-
breux gendarmes et les soldats d'infanterie
coloniale qui tout aussitôt prennent position
dans les roes aboutissant il la cathédrale,
où de solides barrages sont établis.
Sur la place se tiennent MM. Riou, com-
missaire de police de Morlaix, et Bontron,
capitaine de gendarmerie, qui dirigent les
Les Habitants de Laneufret rassemblés
devant le Cimetière
A six heures, les premières sommations
sont faites sans résultat
Aussitôt après, les soldats s'attaquent à
an des vitraux du côté nord de l'église, mais
une véritable montagne de bancs et de chai-
ses est entassée à 1 intérieur par les mani-
festants, et une demi-heure plus tard, ils re-
non-cent à pousser plus loin leur tentative
de ce côte.
Ils essaient alors d'enfoncer tme petite
porte donnant sur la partie sud de l'église.
Mais après une heure d'efforts, c'est a peine
s'ils sont parvenus à pratiquer une brèche
Insuffisante pour permettre le passage d'un
homme, et ils abandonnent cette seconde
tentative pour tenter de pénétrer dans la ca-
thédrale par une issne souterraine située
sur le côté nord de l'édifice, derrière laquelle
a été édifiée une barricade de madriers, de
bancs et de chaises.
Lqp soldais, formant la chaîne, extraient
une une les pièces formant cette barri-
cade qui, à dix heures et demie est en partie
démolie.
Quelqoes.soldats parviennent alors à s'in-
fait sentir sa loi jusque sur les trônes.
A cet égard, le « métier » s'est évidem-
ment compliqué depuis Louis XIV, dont
je rappelais tout à l'heure le souvenir.
Si autoritaire qu'on soit, on est aujour-
d'hui discuté. Et quel hommage à l'opi-
nion que de voir un souverain presque
absolu se préoccuper si visiblement de
se justifier et de s'expliquer 1
JEAN FITOILO
troduire dans l'église où se tient le curé, M.
Treusster, entouré de nombreux fidèles
chantant des cantiques.
Les soldats, dont le nombre grossit sans
cessé, refoulent cependant les manifestants
qui;' après une bousculade quelque peu vive,
s'enfuient par la porte de la sacristie.
L'église est vide et le receveur de l'enre-
gistrement peut alors procéder sans autre
incident à l'inventaire.
Au conrs de la manifestation, une arresta-
tion a été opérée, celle de M. Bassaler, jar-
5linier en chef de M. de Guébriant, conseiller
généra^ maire ije" Saint-Pot. M;. Bassaîër est
inculpé de violences sur un sergent du gé-
nie.
L'inventaire terminé, les troupes sont par-
ties pour Santec, à quatre kilomètres de
Saint-PoL
DANS LE FINISTÈRE
Brest, 21 novembre.
A part les incidentfwjui ont marqué les
opérations de l'invenTaire à Saint-Pol-de-
Léon, les fonctionnaires du fisc, accompa-
gnés de troupes, ont pu remplier leur mis-
sion à [.«anarvely, Loperhet et Kernilis après
avoir toutefois fait enfoncer les portes des
églises.
Au Drennec, une vive résistance a'été op-
posée aux gendarmes qui ont été bousculés.
Des procès-verbaux ont été dressés contre
la femme et la fille du maire du Drennec,
M. Gestin, pour outrages à la gendarmerie.
Une autre dame de la commune sera défé-
rée aux tribunaux pour avoir jeté des pier-
res contre une voiture dans laquelle se trou-
vaient l'inspecteur de l'enregistrement et le
commissaire spécial.
Ce matin, les inventaires ont été opérés
à Plougastel, Loperhet, PloudanieL Ker-
noues, Kernilis, Samt-Méen, Saint-Urbain,
'frefleary, la Martyre, Lockeguiner et Péou-
diry. Partout il a fallu enfoncer les portes à
coups de hache.
Dans la petite commune de Lanheufret,
deux cents habitantes étaient rassemblés
dane le cimetière et entassés sous le porche
autour de leur curé attendant ragent des do-
maines. La gendarmerie a dû refouler les fi-
dèles. Le prêtre, resté seul devant la porte
a été appréhendé par les gendarmes. Après
les trois sommations faites par le commis-
saire, les portes de l'église et de la sacristie
ont été enfoncées par des sapeurs du génie.
L'inventaire a pu être opéré tandis que des
hussards et des gendarmes gardaient les'
abords de l'édifice.
DANS LA LOIRE-INFÉRIEURE
Nantes, 21 novembre.
Les dena manifestants arrêtés à Frossay,
pour avoir frappé un commissaire spécial,
des gendarmes et lancé du poivre l'aide
de soufflets sur les soldats, ont été conduite
à Paimbœuf. Ils ont été condamnés à huit
jours de prison avec sursis.
Ce sont deux fermiers du maire, M. de
Cornulier.
On considère comme terminés les inven-
taires dans le département.
DANS LA HAUTE-LOIRE
Le Puy, 21 novembre.
Le chiffre des inventaires opérés dans le
département de la Haute-Loire est de 110.
Ii n'y a eu jusqu'ici aucun incident, mais on
s'attend à des tronblcs dans le canton de
Saugues où on opérera demain. 500 hommes
eont partis pour assurer l'ordre.
DANS LE NORD
LiUe, 21 novembre.
Quinze églises ont été inventoriées aujour-
d'hui dans l'arrondissement de Dunkerque,
considéré comme un des plus dangereux du
Nord. Il ne s'est produitcependant aucun in-
cident sérieux.
Deux Curés condamnés
Bressuire, 21 novembre.
Le tribunal a condamné l'abbé Maître,
curé (le Cerizay, à trois jours de prison et
aux dépens.
Troyes, 21 novembre.
Le tribunal correctionnel de Nogent-sur-
Seïne a condamne aujourd'hui, à l'audience
des flagrants délita, M. M. Nerenbourger,
cure de Soligny-les-Eiangs, il un mois d'em-
prisqnnement et à 100 francs d'amende sans
sursis, pour outrages au sous-prélet de
Nogent, M. Kermorgant, à l'occasion des
inventaires.
Le Cas du Capitaine Magniez
Line. 21 novembre.
Voici des renseignements précis sur l'in-
cident militaire que je vous ai signalé hier,
et qui s'est produit vers onze heures, non
pas à Fletre, comme on l'a dit, mais à Saint-
Jans-Cappel. L'inventaire devait être fait
par M. Raiff, percepteur, à Bailteui, assisté
de M. Heuget, commissaire de polioe, à
Nieppe.
Le capitaine Magniez, du 8e de ligne, en
garnison à SainW3mer, commandait les
troupes assurant le service d'ordre.
La porte de l'église étant fermée, et au-
cune réponse n'ayant été faite aux trois
sommations légales, M. Heuget pria le capi-
taine Magniez de donner l'ordre d'enfoncer
la porte aux quatre sapeurs du 3" génie
accompagnant les troupes, à l'effet d ac-
complir cette besogne. Le capitaine Magniez
s'y refusa, déclarant que selon le texte des
instructions gouvernementales, l'armée ne
devait être requise en pareil cas que devant
l'impossibilité de trouver des civils de bon-
ne volonté.
On dut se résoudre il. faire chercher deux
ouvriers, qui enfoncèrent la porte et M.
Raiff put procéder à l'inventaire.
EST-CE LA DÉMONSTRATION NAVALE?
Six Croiseurs
Français et Espagnols
devant Tanger
ta -véritable Manifestation n'aurait lieu qae
si les Européens étaient menacés.
Aleis les deux Gouvernements ont
voala tenir les Marocalns
en Respect.
A l'heure actaelle, six navires de guerre
français et espagnols sont aacrés devant
Tanger. Les informations que le Petit Pari-
sien avait recueillies de bonne source et qu il
a publiées dès dimanche, se sont rapide-
ment vérifiées. Les deux puiasanoes, que
l'acte d'Algésiras a chargées de la police
des ports marocaines, ont voulu donner con-
fiance aux Européens établis à Tanger, Mo-
gador, Larache, Rabat, cte., et faire sentir
leur prestige aux indigènes. Il a semblé, à
Paris et à Madrid, que pour contrebalancer
l'influence croissante d'krraisouli et autres
potentats du littoral, rapparjtion d'une divi-
siaa- mixte navale ëxaïi "indispensable.
Ce n'est pas encore la djàmonstration an-
nrmoée, c'en est la préparation. Ces bâti-
ments ne prendraient position et ne débar-
queraietbi des troupes que si de nouveaux
attentats se produisaient Car la France et
FEspagne, qui entendent exercer le mandat
internatàonad assigné par la conférence de
ce printemps, ne songent nullement à rou-
bepasser. Elles viennent sauvegander l'or-
dre, rien de moins, riem de phis. Et comme
les mesures préventives sont souvent effi-
caces, i est très possible que l'ordre soid dé-
sormais respecté nul ne s'en plaindra. Les
eroiseurs français Galilée, Fortrin, Jeanne-
d'Arc, et les croiseurs espagnols Pelayo,
Maria-de-Molma et Infania^Isabei demeBre-
ront en rade aussi longtemps qu'il faudra,
attestant l'accord parfait des cabinets de
Paris et de Madrid.
Telle est la situation au vrai, et il n'y a
point lieu d'ajouter les détails grossis aux-
quels se complaisent les nouvellistes. Le
vaisseau-école suédois qui est devant Tan-
ger, ne doit jouer aucun rôle particulier et
la flotte anglaise n'a pas quitté Gibraltar.
Les amateurs de complications en doivent
prendre leur parti. La France et l'Espagne
veillent sur des vies humaines, protègent
la civilisation, an nom de toutes les puis-
sances qui approuvent leur action.
IDe nos correspondants partieuUersl
LE ROLE DE
Interview du Oénérai Lopez Dom/nguez,
Président du Conseil.
Madrid, 21 novembre.
J'ai en l'honneur d'être reçu, cet après-
midi, par le premier ministre, le général
Lopez Dominguez, que fai interrogé sur les
affaires du Maroc.
Le président du Conseil m'a déclaré qu'il
était tenu à une très grande réserve en ce
momenk Toutefois, il a ajouté
L'attitude des Marocains devenant mena-
çante aussi bien sur la côte da Rif qu'aux
alentours de Tarager nons a obtigé à précipi-
i ter nos armements. Nous avons agi de con-
cert avec la France qui avait déjà dans tes
eaux marocaines de puissantes unités. De
là te départ du Pelayo, qui porte hom-
mes de compagnies de débarquement, et
des autres croiseurs. Nous savons par ail-
leurs que nous pouvons compter sur le cm-
cours de l'Angleterre et que l'Europe tout
entière nous appuierait moralement si une
raissait nécessaire.
Mais, pour l'instant, toute action serait
prématurée, et nous nous sommes bornés
à des mesures de précautions. Nous espé-
rons qu'elles suffiront. En tout cas, l'E.tpa-
gne ne fera rieaa dites-le hautement
sans consulter les natioris intéressées.
UNE ALLIANCE SENSATIONNELLE
Errn/souli négocierait avec le Préteadaat
Tanger, 21 novembre.
J'apprends que le prétendant, dont la si-
tuation est, depuis quelques mois, devenue
difficile dans le Maroc oriental, a envoyé, à 1
Zinat, plusieurs émissaires qui se sont mis
en rapport avec Erraisouli. Le prétendant
aurait demandé à oe chef de bande d'agir,
de concert avec lui, pour détruire le peu quai
subsiste encore de l'influence du maghzen
dans la région qui s'étend entre Tanger et
la frontière algérienne.
Si Erraisouli, dont la puissance et le pres-
tige augmentent chaque jour, se rallie il cet-
te proposition, le mouvx^ment insurrection-
ne) pent de nouveau devenir grave.
Robert DUPBAI.
L'ABBÉ CASSAN
EN COUR D'ASSISES
La Faute de büle Laugé. Le galant Vi-
caire de Faugères accueille la jeune
Femme à son Presbytère où elle meurt.
De quelle Façon il fit disparaitre l'En-
fant. Ses Dénégations et ses Aveux.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
MontpeHier, 21 noverahret
Un procès, sensationnel s'il en fut, com-
mence demain devant la cour dassises
de l'Hérault
L'abbé Cassan, curé de Faugères, dont la
enj'ocique scandaleuse a longuement parlé
à diverses reprises, comparait, en effet, de-
vant le jury de Montpellier.
Ce prêtre, dont les aventures amoureuses
eurent un certain retentissement, dépasse
de beaucoup, en galanterie, son ancien c0l-
lè,gue, pourtant oélèbre, l'abbé Delartte.
L'abbé Cassan est accusé à la fois de sup-
pression d'enfant et de double homicide in-
volontaire.
Bien que les faits soient de date récente,
nous croyons devoir las rappeler brièvement
avant l'ouverture du début.
Entrée de M* Langé an Presbytère
Le 30 juin 1906, une jeune ̃oauiuxière, Mlle
rameur puW*çue_^
relations, arriva?? a .\orwune.
Elle venait d'accomplir un voyage
Lourdes.
L'abbé, accompagné de son domestique,
Mazet, vint l'y rejoindre et le soir même
tous les trois repartaient pour Faugères.
Une grave confidence avait été faite à;
l'ecclésiastique par la jeune femme. Elle lui
avait avoué son état de grossesse.
Il fut convenu qu'Augustine Laugé demeu-
rerait cachée, à l'insa de sa famille, au pres-
bytère jusqu'au moment où elle pourrait
quitter Faugères et se rendre à Paris chez
son frère afin d'y faire ses couches.
Seule, Mlle Marie-Louise Laugé, sœur
d'Augustine, avait été mise au courant de
la situation par l'abbé lui-méme.
Dans la nuit du 17 au 18 août, un triste
événement se produisait.
Augustine Laugé accouchait clandestine-
ment et succombait peu après avec son en-
tant.
L'abbé Cassan avait été témoin de la dé-
livrance. Assisté de son fidèle domestique, il
avait procédé à la toilette de la morte puis
fait disparaître le cadavre de renfant.
Qu'allait-il faire de celui de la mère main.
tenant ? il ne pouvait le conserver an pres-
bytère.
Fort embarrassé et après de langues hast.
tations, le vicaire se décida à faire transpop-
de aes parafe.
L'Abbé Cassan a. Guettera.
Ce décés, snrrenu si rapidement dans des
circonstances si étranges, émut l'opinion. On
fit des suppositions et bientôt la justice était
obligée de s'occuper à son tour de F affaire.
Une Instruction s'imposait
Le parquet de Béziers se transporta à Fau.
gères où il procéda à une information.
L'abbé Cassan, obligé de reconnaître que
Mlle Laugé était morte au presbytère, sou-
tint que le décès de la jeune femme était dt1
à des causes tout à fait naturelles, mais
une expertise médicale ayant démontré que
la défunte avait accouché quelques instante
avant de rendre le dernier soupir, la ques-
tion se posa de savoir ce qu'était devenu
I l'enfant. L'abbé Cassan, contre toute évi-
dence, soutint qu'il ne savait pas de quoi on
voulait lui parler. On ne saurait rien trou-
ver, affirmait-iL pour cette raison que Mlle
Laugé n'avait jamais été mère, on allait
donc, d'après lui, chercher une complica-
tion, là où il n'y en avait pas. Mais les
constatations du docteur étaient trop con-
cluantes pour qu'on ajoutât foi aux déclara-
tions du curé. On fureta un peu partout
dans la maison et les armoires où on trou-
va des linges ensanglantés, puis on sortit
dans le jardin du presbytère; à un endroit,
au fond du pigeonnier, la terre avait été
fraîchement remuée, avec précaution on
creusa et alors apparut le petit cadavre
dont l'abbé Cassan avait nié l'existence.
Le cas de l'abbé Cassan venait de s'ag-
| graver singulièrement, néanmoins le pre-
prétendit n'avoir pas participé à l'enseve-
I lissement et malgré l'insistance des mngis-
traits il fut impossible d'obtenir de lui un
éclaircissement quelconque.
L'Abbé se décide à avouer
Malgré ses protestations, l'abbé Cassan
fut arrêtée. Après avoir longtemps opposé
des dénégations formelles au magistrat ine-
tructeur, le prêtre se décida, le 29 août, à
faire des aveux.
Il reconnut qu'il avait procédé seul à la
délivra n.ce de Mlle Laugé et déclara que
| c'était lui qui avait enterré l'enfant dans le
jardin du presbytère. Gomme le juge lui
marquait son étonnement de voir un prê-
tre se prêter à de telles opérations, l'abbé
Cassan déclara qu'il tenait Mlle Laugé en
particulière affection affection toute pa.
ternelle du reste et qu il n'avait été pous-
sé à agir comme il l'avait fait que par le dé·
sir de secourir une de sas paroissiennes dans
lo malheur. Jamais Mlle Laugé rie lui avait
inspiré, déclara-t-il, même l'ombre d'un dé-
sir coupable et il n'était pouT rien dans le»
causes préliminaires qui avaient amené le
drame où venait de succomber la jeune
Le plus fort Tirage des Journaux du Monde entier
•Tsudi 22 NOVEMBRE 1908.
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EDITION DE PARIS
LA GRANDE
Consultation Nationale
du
"Pe/iï Parisien"
DANS QUELQUES JOURS
nous aurions achevé de prendre nos disposi-
tions pour le CLASSEMENT des
FEUILLES DE CONCOURS
Toutefois, il ne commencera que le
Samedi 1er Décembre
car il importe que personne ne puisse pos-
séder la moindre indication sur les résultats
fatuts avant TexpiratioB du délai que nous
avons fixé pour l'envoi des Feuilles de Concours.
Ce délai passe, le dépouillement se fera
en toute sûreté, sous une surveillance extrê-
mement rigoureuse. failleurs, si, au moment
de l'attribution des prix, nous trouvions une
FEUILLE DE CONCOURS gagnante qui ne portât
pas les timbres de contrôle apposés avant
son admission au classement, ene serait pure-
ment et simplement annulée et le prix aéfi-
vré au sairant.
MEFIEZ-VOUS DES MYSTIFICATEURS!
Des camelots offrent au public des
listes de granits hommes qu'ils disent
être la « solution » du CONCOURS
DU" PfTlT PARISIEN la oentede
ces listes fantaisistes est une mys-
tification contre laquelle nous ne
saurions trop mettre nos lecteurs
en garde. Elle constitue même une
escroquerie bien caractérisée-
A LIRE ATTENTIVEMENT
Aujourd'hui encore, nous sommes
obligés de rappeler que les FEUILLES
de CONCOUBS ne doivent pas nous
être adressées sous enveloppe, mais
pliées et affranchies suivant les indka-
tions que nous avons déjà données et qui
sont répétées sur les Feuilles mêmes.
Ceux de nos Lecteurs qui nous ont fait
parvenir des Feuilles de Concours sous
enveloppe ont donc recommencer leurs
enVois conformément aux conditions exi-
gées. Sur leur demande, noas leur expé.
dierons les Feailles de Concours qui leur
sont nécessaires pour réparer leur erreur;
ils n'ont qu'à nous envoyer, en timbres.
poste, autant de fois 5 centimes qu'ils
désirent de numéros du 'Petit Parisien'
contenant la Feuille qui leur permettra
de prendre part régulièrement à notre
Grande Consultation Nationale.
Le Repos hebdomadaire
La question du repos hebdomadaire
excite des passions, puisqu'elle touche
a Ues intérêts. Pour arriver à apaiser les
Biécontentements et à concilier les diver-
gences, il faut compter beaucoup sur le
temps. Comme disent les Italiens « Le
temps est galant-homme n.
Quand un navire quitte le prrt, on se de-
mande comment on arrivera a ranger tout
ce qui encombre les ponts. Le lendemain,
tout est en ordre parfait, chaque chose s est
casée. C'est limage de ce qui se produit,
lorsqu'un changement survient dans les
habitudes d'un pays.
Le principe de la toi est excellent, telle-
ment bon que personne n'ose le répudier.
On ne discute, en réalité, que sur les pro-
cédés d'application.
Il en sera du repas hebdomadaire comme
des autres lois sociales promulguées depuis
quelques années. Au début, des plaintes se
sont fait entendre, des résistances ont été
ci posées puis, toute cette mousse d agita-
tiun est tombée et la loi sur les accidents
du travail, comme celle de la journée de dix
hrures,ne soulèvent plus d objections et sont
entrées dans nos mœurs.
Une évolution analogue se produira dans
les esprits, au sujet de la loi du repos heb-
domadaire.
Le législateur a prévu toutes les excep-
tions motivées par le respect de l'intérêt gé-
néral, par le souci de ne pas attenter aux j
coutumes françaises et enfin par les néces-
sités des industries qu'un chômage de
vingt-quatre heures mettrait en péril.
l;n un mot, le Parlement n'a pas eu la
prétention d'écrire cette loi sur des tables
do bronze et de nier par avance les résultats
que fournira l'expérience.
La vérité a été dite par le ministre du
Travail en termes que tout le monde peut
approuver « Cette loi n esf pas un instru-
ment brutal qui doit meurtrir des citoyens,
mais l'instrumeat souple qui doit respecter
.tous les intérêts. Il
LE MÉTIER DE ROI
L'empereur Guillaume II a profité de
son voyage à Munich pour voir du
monde. Il a reçu notamment le poète
viennois Ganghofer, avec lequel il a fait
une longue promenade dans le jardin
d'hiver du palais. Le Petit Parisien a
rendu compte de cette entrevue au cours
de laquelle l'empereur a parlé d'abon-
dance à son interlocuteur.
Je laisse de côté les déclarations poli-
tiques. Et je ne retiens de cette curieuse
conversation que ce qui a trait à ce que
Louis XIV appelait le « métier de roi ».
Il y a longtemps qu'un souverain ne
s'était plaint aussi librement d'obliga-.
tions qui ne sont certes pas sans rigueur.
Et rien n'est plus curieux que de jeter
ainsi un regard dans l'intimité de cette
impériale existence.
Les rois de tout temps et de tout pays
ont dû, comme Guillaume II, se plain-
dre des « fardeaux » de leur situation.
Lisez dans Saint-Simon une journée de
Louis XIV vous verrez que l'ancien ré-
gime, à cet égard comme à beaucoup
d'autres, était pire que le régime mo-
derne.
Louis XIV, en effet, a été le premier
fonctionnaire et le plus laborieux de
son royaume. C'est lui qui a mis à la
mode l'intervention quotidienne du sou-
verain, soit dans les délibérations des
ministres, soit dans le règlement des
affaires. Guillaume II, qui est très actif,
l'est d'une autre façon il ne peut pas
l'être davantage. Et il a la chance d'être
délivré de l'écrasante étiquette qui, en
dehors des heures de travail, engonçait
toute la vie d'un roi du dix-septième
siècle.
Petit lever, petit coucher, que sais-je
encore? C'était la représentation conti-
nue. A notre époque, aucun souverain,
fût-ce le plus traditionaliste, ne consen-
tirait à s'infliger pareil supplice. Il fait
sa part au protocole. Et il en garde une
autre pour la vie privée. C'est ainsi que
Guillaume Il, quand il parle de l'impé-
ratrice, dit couramment « Ma femme
et qu'à rordinaire il n'a pas à sa table
plus de cinq ou six personnes.
Cela ne lui suffit pas cependant, et il
s'écrie « Je voudrais tant pouvoir de
temps en temps monter dans une auto-
mobile, faire une randonnée de quelques
jours et rentrer chez moi reposé, gai et
dispos. » Me sera-t-il permis d'observer
que, pour avoir pareil désir, il n'est pas
besoin d'être empereur et roi. Il suffit
d'être très occupé. Et c'est le cas de beau-
coup de nos contemporains.
A la réflexion, je me demande si, à
notre temps, le métier de souverain, j'en-
tends d'un souverain actif et intelligent,
est très différent de celui djun homme
d'affaires qui mène une grosse maison
de commerce. Les confidences de Guil-
laume II à M. Ganghofer précisent l'ana-
logie des deux situations.
D'ailleurs, l'empereur allemand aug-
mente inutilement les ennuis de sa
charge.
J'ai longtemps habité Berlin. Et il
m'est arrivé souvent de constater que
l'empereur, dans une seule journée,
changeait cinq, six ou sept fois d'uni-
forme. Est-ce bien nécessaire? Le roi
d'Angleterre, qui est un roi fort actif et
très au courant de la politique, ne pra-
tique pas ce genre de métamorphoses.
Guillaume II se plaint. Mais, au fond, il
adore tout cet appareil fastueux.
Peut-ètre, dans l'instant qu'il en re-
grettait le poids, avait-il vraiment le sen-
timent qu'il trouverait son bonheur dans
une chaumière. Mais si son vœu eût été
exaucé, il n'y fût pas resté quarante-huit
heures. J'ai connu des ministres qui as-
piraient toujours à la chute du cabinet
dont ils étaient membres. C'était une
attitude élégante. Mais le jour de la cri-
se, ils changeaient d'avis.
Il y a des cas, cependant, où le métier
royal doit être singulièrement lourd. Et
ce disant, c'est à Nicolas II que je songe,
Un haut fonctionnaire de la cour impé-
riale me racontait hier ce qui s'est passé
à Peterhof, il y a quelques semaines.
C'était la nuit. Tout à coup une automo-
bile arrive en pleine vitesse et s'arrête,
après s'être fait reconnaître, devant le
petit palais où loge la famille impériale.
C'est M. Stolypine, président du Con-
seil, qui demande à voir le tsar sur-le-
champ. On a découvert un complot,
dont malheureusement on ne tient pas
tous les fils. Mais on craint que le châ-
teau ne soit miné. Il faut partir. Et une
heure après, à deux heures du matin,
un cortège silencieux gagne le quai où
attend le yacht impérial. C'est Tempe-
reur et les siens qui vont chercher en
mer la sécurité que la terre leur refuse.
L'anecdote est inédite et j'en puis ga-
rantir l'exactitude absolue. Elle justifie
à coup sûr de la part de Nicolas II le
désir d'une vie plus paisible..
Ce qui paraît le plus insupportable à
l'empereur d'Allemagne, ce ne sont pas
les risques de ce genre, auxquels il n'est
pas plus particulièrement exposé que les
autres chefs d'Etat c'est la critique et
la sévérité de l'opinion. Et cela est bien
un fait nouveau qui caractérise notre
époque.
Il y a cent ans, vous n'eussiez pas
trouvé un souverain sur cent pour se
préoccuper personnellement de la façon
dont ses sujets l'appréciaient. Aujour-
d'hui, un empereur ou un roi qui fait
de la politique active est comme tous les
hommes politiques il appartient à la
presse. Et suivant qu'il est plus ou moins
nerveux, il ressent plus ou moins vive-
ment la pointe des jugements dont il est
I'obiet.
Chez Guillaume IL, cette sensibilité
est poussée à l'extrême, et voyez comme
c'est contradictoire. Nul plus que lui
n'est pénétré de l'importance de sa mis-
sion divine. Et pourtant, cela ne lui suf-
fit pas. Il lui faut l'approbation des hom-
mes. Quand il lit des articles où on le
discute, il est prodigieusement en co-
lère. Et malheur à qui l'approche. Tant
est grande la forre du libre examen qu'il
LES INVENTAIRES CONTINUENT
à"cmm Zncldeut gxa,we ne s'est produit
A SAINT-POIr-DE-LEON
La Troupe tente d'enfoncer uae des portes de la Cathédrale
Les inventaires ont continué, htea% dans
les vingt-trois départements où les opéra-
tions n'avaient pas été terminées.
On peut dire que la journée d'hier, comme
celle de lundi, n'a été marquée par aucun
incident grave. Sans doute, il y a eu, un pen
partout, des manifestations, mais le plus
souvent, ce furent des manifestations pla-
toniques, et des protestations pour la forme,
et dans lesquelles la passion religieuse n'en-
trait évidemment que pour une faible part.
C'est en Bretagne, comme il Wlait.s'y,
attendre, que les inventaires rencontrèrent
le plus de résistance. Encore cette résistance
ne fut-elle pas terrible, comme on en, peut
juger par les dépêches qu'on va lire
)De no* correspondants particuliers)
A SAINT-POL-DE-LEON
Saint-Pol-de-Léon, 21 novembre.
L'inventaire de la cathédrale de Saint-
Pol-de-Léon, à l'occasion duquel une impor-
tante manifestation avait été/ organisée, a
pu être effectué, ce matin, après une très
vive résistance il est vrai, mais sans que
les fâcheux incidents que l'on redoutait se
soient produits.
Pour mener à bien cette opération, un ba-
taillon d infanterie coloniale était arrivé hier
matin, tandis que le tocsin sonnait à toute
vclée pour avertir les limitants des commu-
ne; voisines.
C'était cependant une fausse alerte, car
les soldats turent cantonnés chez les habi-
tents en attendant l'arrivée d'un escadron
du 70 régiment de chasseurs qui arriva de
Rouen dans le courant de l'après-midi.
Ce matin, à quatre heures et. demie, le
tccsin sonna de nouveau, tandis que de nom-
breux fidèles, enfermés dans l'église, chan-
tent des cantiques.
A cinq heures, arrivent sur la place les
chasseurs à cheval, accompagnés de nom-
breux gendarmes et les soldats d'infanterie
coloniale qui tout aussitôt prennent position
dans les roes aboutissant il la cathédrale,
où de solides barrages sont établis.
Sur la place se tiennent MM. Riou, com-
missaire de police de Morlaix, et Bontron,
capitaine de gendarmerie, qui dirigent les
Les Habitants de Laneufret rassemblés
devant le Cimetière
A six heures, les premières sommations
sont faites sans résultat
Aussitôt après, les soldats s'attaquent à
an des vitraux du côté nord de l'église, mais
une véritable montagne de bancs et de chai-
ses est entassée à 1 intérieur par les mani-
festants, et une demi-heure plus tard, ils re-
non-cent à pousser plus loin leur tentative
de ce côte.
Ils essaient alors d'enfoncer tme petite
porte donnant sur la partie sud de l'église.
Mais après une heure d'efforts, c'est a peine
s'ils sont parvenus à pratiquer une brèche
Insuffisante pour permettre le passage d'un
homme, et ils abandonnent cette seconde
tentative pour tenter de pénétrer dans la ca-
thédrale par une issne souterraine située
sur le côté nord de l'édifice, derrière laquelle
a été édifiée une barricade de madriers, de
bancs et de chaises.
Lqp soldais, formant la chaîne, extraient
une une les pièces formant cette barri-
cade qui, à dix heures et demie est en partie
démolie.
Quelqoes.soldats parviennent alors à s'in-
fait sentir sa loi jusque sur les trônes.
A cet égard, le « métier » s'est évidem-
ment compliqué depuis Louis XIV, dont
je rappelais tout à l'heure le souvenir.
Si autoritaire qu'on soit, on est aujour-
d'hui discuté. Et quel hommage à l'opi-
nion que de voir un souverain presque
absolu se préoccuper si visiblement de
se justifier et de s'expliquer 1
JEAN FITOILO
troduire dans l'église où se tient le curé, M.
Treusster, entouré de nombreux fidèles
chantant des cantiques.
Les soldats, dont le nombre grossit sans
cessé, refoulent cependant les manifestants
qui;' après une bousculade quelque peu vive,
s'enfuient par la porte de la sacristie.
L'église est vide et le receveur de l'enre-
gistrement peut alors procéder sans autre
incident à l'inventaire.
Au conrs de la manifestation, une arresta-
tion a été opérée, celle de M. Bassaler, jar-
5linier en chef de M. de Guébriant, conseiller
généra^ maire ije" Saint-Pot. M;. Bassaîër est
inculpé de violences sur un sergent du gé-
nie.
L'inventaire terminé, les troupes sont par-
ties pour Santec, à quatre kilomètres de
Saint-PoL
DANS LE FINISTÈRE
Brest, 21 novembre.
A part les incidentfwjui ont marqué les
opérations de l'invenTaire à Saint-Pol-de-
Léon, les fonctionnaires du fisc, accompa-
gnés de troupes, ont pu remplier leur mis-
sion à [.«anarvely, Loperhet et Kernilis après
avoir toutefois fait enfoncer les portes des
églises.
Au Drennec, une vive résistance a'été op-
posée aux gendarmes qui ont été bousculés.
Des procès-verbaux ont été dressés contre
la femme et la fille du maire du Drennec,
M. Gestin, pour outrages à la gendarmerie.
Une autre dame de la commune sera défé-
rée aux tribunaux pour avoir jeté des pier-
res contre une voiture dans laquelle se trou-
vaient l'inspecteur de l'enregistrement et le
commissaire spécial.
Ce matin, les inventaires ont été opérés
à Plougastel, Loperhet, PloudanieL Ker-
noues, Kernilis, Samt-Méen, Saint-Urbain,
'frefleary, la Martyre, Lockeguiner et Péou-
diry. Partout il a fallu enfoncer les portes à
coups de hache.
Dans la petite commune de Lanheufret,
deux cents habitantes étaient rassemblés
dane le cimetière et entassés sous le porche
autour de leur curé attendant ragent des do-
maines. La gendarmerie a dû refouler les fi-
dèles. Le prêtre, resté seul devant la porte
a été appréhendé par les gendarmes. Après
les trois sommations faites par le commis-
saire, les portes de l'église et de la sacristie
ont été enfoncées par des sapeurs du génie.
L'inventaire a pu être opéré tandis que des
hussards et des gendarmes gardaient les'
abords de l'édifice.
DANS LA LOIRE-INFÉRIEURE
Nantes, 21 novembre.
Les dena manifestants arrêtés à Frossay,
pour avoir frappé un commissaire spécial,
des gendarmes et lancé du poivre l'aide
de soufflets sur les soldats, ont été conduite
à Paimbœuf. Ils ont été condamnés à huit
jours de prison avec sursis.
Ce sont deux fermiers du maire, M. de
Cornulier.
On considère comme terminés les inven-
taires dans le département.
DANS LA HAUTE-LOIRE
Le Puy, 21 novembre.
Le chiffre des inventaires opérés dans le
département de la Haute-Loire est de 110.
Ii n'y a eu jusqu'ici aucun incident, mais on
s'attend à des tronblcs dans le canton de
Saugues où on opérera demain. 500 hommes
eont partis pour assurer l'ordre.
DANS LE NORD
LiUe, 21 novembre.
Quinze églises ont été inventoriées aujour-
d'hui dans l'arrondissement de Dunkerque,
considéré comme un des plus dangereux du
Nord. Il ne s'est produitcependant aucun in-
cident sérieux.
Deux Curés condamnés
Bressuire, 21 novembre.
Le tribunal a condamné l'abbé Maître,
curé (le Cerizay, à trois jours de prison et
aux dépens.
Troyes, 21 novembre.
Le tribunal correctionnel de Nogent-sur-
Seïne a condamne aujourd'hui, à l'audience
des flagrants délita, M. M. Nerenbourger,
cure de Soligny-les-Eiangs, il un mois d'em-
prisqnnement et à 100 francs d'amende sans
sursis, pour outrages au sous-prélet de
Nogent, M. Kermorgant, à l'occasion des
inventaires.
Le Cas du Capitaine Magniez
Line. 21 novembre.
Voici des renseignements précis sur l'in-
cident militaire que je vous ai signalé hier,
et qui s'est produit vers onze heures, non
pas à Fletre, comme on l'a dit, mais à Saint-
Jans-Cappel. L'inventaire devait être fait
par M. Raiff, percepteur, à Bailteui, assisté
de M. Heuget, commissaire de polioe, à
Nieppe.
Le capitaine Magniez, du 8e de ligne, en
garnison à SainW3mer, commandait les
troupes assurant le service d'ordre.
La porte de l'église étant fermée, et au-
cune réponse n'ayant été faite aux trois
sommations légales, M. Heuget pria le capi-
taine Magniez de donner l'ordre d'enfoncer
la porte aux quatre sapeurs du 3" génie
accompagnant les troupes, à l'effet d ac-
complir cette besogne. Le capitaine Magniez
s'y refusa, déclarant que selon le texte des
instructions gouvernementales, l'armée ne
devait être requise en pareil cas que devant
l'impossibilité de trouver des civils de bon-
ne volonté.
On dut se résoudre il. faire chercher deux
ouvriers, qui enfoncèrent la porte et M.
Raiff put procéder à l'inventaire.
EST-CE LA DÉMONSTRATION NAVALE?
Six Croiseurs
Français et Espagnols
devant Tanger
ta -véritable Manifestation n'aurait lieu qae
si les Européens étaient menacés.
Aleis les deux Gouvernements ont
voala tenir les Marocalns
en Respect.
A l'heure actaelle, six navires de guerre
français et espagnols sont aacrés devant
Tanger. Les informations que le Petit Pari-
sien avait recueillies de bonne source et qu il
a publiées dès dimanche, se sont rapide-
ment vérifiées. Les deux puiasanoes, que
l'acte d'Algésiras a chargées de la police
des ports marocaines, ont voulu donner con-
fiance aux Européens établis à Tanger, Mo-
gador, Larache, Rabat, cte., et faire sentir
leur prestige aux indigènes. Il a semblé, à
Paris et à Madrid, que pour contrebalancer
l'influence croissante d'krraisouli et autres
potentats du littoral, rapparjtion d'une divi-
siaa- mixte navale ëxaïi "indispensable.
Ce n'est pas encore la djàmonstration an-
nrmoée, c'en est la préparation. Ces bâti-
ments ne prendraient position et ne débar-
queraietbi des troupes que si de nouveaux
attentats se produisaient Car la France et
FEspagne, qui entendent exercer le mandat
internatàonad assigné par la conférence de
ce printemps, ne songent nullement à rou-
bepasser. Elles viennent sauvegander l'or-
dre, rien de moins, riem de phis. Et comme
les mesures préventives sont souvent effi-
caces, i est très possible que l'ordre soid dé-
sormais respecté nul ne s'en plaindra. Les
eroiseurs français Galilée, Fortrin, Jeanne-
d'Arc, et les croiseurs espagnols Pelayo,
Maria-de-Molma et Infania^Isabei demeBre-
ront en rade aussi longtemps qu'il faudra,
attestant l'accord parfait des cabinets de
Paris et de Madrid.
Telle est la situation au vrai, et il n'y a
point lieu d'ajouter les détails grossis aux-
quels se complaisent les nouvellistes. Le
vaisseau-école suédois qui est devant Tan-
ger, ne doit jouer aucun rôle particulier et
la flotte anglaise n'a pas quitté Gibraltar.
Les amateurs de complications en doivent
prendre leur parti. La France et l'Espagne
veillent sur des vies humaines, protègent
la civilisation, an nom de toutes les puis-
sances qui approuvent leur action.
IDe nos correspondants partieuUersl
LE ROLE DE
Interview du Oénérai Lopez Dom/nguez,
Président du Conseil.
Madrid, 21 novembre.
J'ai en l'honneur d'être reçu, cet après-
midi, par le premier ministre, le général
Lopez Dominguez, que fai interrogé sur les
affaires du Maroc.
Le président du Conseil m'a déclaré qu'il
était tenu à une très grande réserve en ce
momenk Toutefois, il a ajouté
L'attitude des Marocains devenant mena-
çante aussi bien sur la côte da Rif qu'aux
alentours de Tarager nons a obtigé à précipi-
i ter nos armements. Nous avons agi de con-
cert avec la France qui avait déjà dans tes
eaux marocaines de puissantes unités. De
là te départ du Pelayo, qui porte hom-
mes de compagnies de débarquement, et
des autres croiseurs. Nous savons par ail-
leurs que nous pouvons compter sur le cm-
cours de l'Angleterre et que l'Europe tout
entière nous appuierait moralement si une
raissait nécessaire.
Mais, pour l'instant, toute action serait
prématurée, et nous nous sommes bornés
à des mesures de précautions. Nous espé-
rons qu'elles suffiront. En tout cas, l'E.tpa-
gne ne fera rieaa dites-le hautement
sans consulter les natioris intéressées.
UNE ALLIANCE SENSATIONNELLE
Errn/souli négocierait avec le Préteadaat
Tanger, 21 novembre.
J'apprends que le prétendant, dont la si-
tuation est, depuis quelques mois, devenue
difficile dans le Maroc oriental, a envoyé, à 1
Zinat, plusieurs émissaires qui se sont mis
en rapport avec Erraisouli. Le prétendant
aurait demandé à oe chef de bande d'agir,
de concert avec lui, pour détruire le peu quai
subsiste encore de l'influence du maghzen
dans la région qui s'étend entre Tanger et
la frontière algérienne.
Si Erraisouli, dont la puissance et le pres-
tige augmentent chaque jour, se rallie il cet-
te proposition, le mouvx^ment insurrection-
ne) pent de nouveau devenir grave.
Robert DUPBAI.
L'ABBÉ CASSAN
EN COUR D'ASSISES
La Faute de büle Laugé. Le galant Vi-
caire de Faugères accueille la jeune
Femme à son Presbytère où elle meurt.
De quelle Façon il fit disparaitre l'En-
fant. Ses Dénégations et ses Aveux.
(DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL)
MontpeHier, 21 noverahret
Un procès, sensationnel s'il en fut, com-
mence demain devant la cour dassises
de l'Hérault
L'abbé Cassan, curé de Faugères, dont la
enj'ocique scandaleuse a longuement parlé
à diverses reprises, comparait, en effet, de-
vant le jury de Montpellier.
Ce prêtre, dont les aventures amoureuses
eurent un certain retentissement, dépasse
de beaucoup, en galanterie, son ancien c0l-
lè,gue, pourtant oélèbre, l'abbé Delartte.
L'abbé Cassan est accusé à la fois de sup-
pression d'enfant et de double homicide in-
volontaire.
Bien que les faits soient de date récente,
nous croyons devoir las rappeler brièvement
avant l'ouverture du début.
Entrée de M* Langé an Presbytère
Le 30 juin 1906, une jeune ̃oauiuxière, Mlle
rameur puW*çue_^
relations, arriva?? a .\orwune.
Elle venait d'accomplir un voyage
Lourdes.
L'abbé, accompagné de son domestique,
Mazet, vint l'y rejoindre et le soir même
tous les trois repartaient pour Faugères.
Une grave confidence avait été faite à;
l'ecclésiastique par la jeune femme. Elle lui
avait avoué son état de grossesse.
Il fut convenu qu'Augustine Laugé demeu-
rerait cachée, à l'insa de sa famille, au pres-
bytère jusqu'au moment où elle pourrait
quitter Faugères et se rendre à Paris chez
son frère afin d'y faire ses couches.
Seule, Mlle Marie-Louise Laugé, sœur
d'Augustine, avait été mise au courant de
la situation par l'abbé lui-méme.
Dans la nuit du 17 au 18 août, un triste
événement se produisait.
Augustine Laugé accouchait clandestine-
ment et succombait peu après avec son en-
tant.
L'abbé Cassan avait été témoin de la dé-
livrance. Assisté de son fidèle domestique, il
avait procédé à la toilette de la morte puis
fait disparaître le cadavre de renfant.
Qu'allait-il faire de celui de la mère main.
tenant ? il ne pouvait le conserver an pres-
bytère.
Fort embarrassé et après de langues hast.
tations, le vicaire se décida à faire transpop-
de aes parafe.
L'Abbé Cassan a. Guettera.
Ce décés, snrrenu si rapidement dans des
circonstances si étranges, émut l'opinion. On
fit des suppositions et bientôt la justice était
obligée de s'occuper à son tour de F affaire.
Une Instruction s'imposait
Le parquet de Béziers se transporta à Fau.
gères où il procéda à une information.
L'abbé Cassan, obligé de reconnaître que
Mlle Laugé était morte au presbytère, sou-
tint que le décès de la jeune femme était dt1
à des causes tout à fait naturelles, mais
une expertise médicale ayant démontré que
la défunte avait accouché quelques instante
avant de rendre le dernier soupir, la ques-
tion se posa de savoir ce qu'était devenu
I l'enfant. L'abbé Cassan, contre toute évi-
dence, soutint qu'il ne savait pas de quoi on
voulait lui parler. On ne saurait rien trou-
ver, affirmait-iL pour cette raison que Mlle
Laugé n'avait jamais été mère, on allait
donc, d'après lui, chercher une complica-
tion, là où il n'y en avait pas. Mais les
constatations du docteur étaient trop con-
cluantes pour qu'on ajoutât foi aux déclara-
tions du curé. On fureta un peu partout
dans la maison et les armoires où on trou-
va des linges ensanglantés, puis on sortit
dans le jardin du presbytère; à un endroit,
au fond du pigeonnier, la terre avait été
fraîchement remuée, avec précaution on
creusa et alors apparut le petit cadavre
dont l'abbé Cassan avait nié l'existence.
Le cas de l'abbé Cassan venait de s'ag-
| graver singulièrement, néanmoins le pre-
prétendit n'avoir pas participé à l'enseve-
I lissement et malgré l'insistance des mngis-
traits il fut impossible d'obtenir de lui un
éclaircissement quelconque.
L'Abbé se décide à avouer
Malgré ses protestations, l'abbé Cassan
fut arrêtée. Après avoir longtemps opposé
des dénégations formelles au magistrat ine-
tructeur, le prêtre se décida, le 29 août, à
faire des aveux.
Il reconnut qu'il avait procédé seul à la
délivra n.ce de Mlle Laugé et déclara que
| c'était lui qui avait enterré l'enfant dans le
jardin du presbytère. Gomme le juge lui
marquait son étonnement de voir un prê-
tre se prêter à de telles opérations, l'abbé
Cassan déclara qu'il tenait Mlle Laugé en
particulière affection affection toute pa.
ternelle du reste et qu il n'avait été pous-
sé à agir comme il l'avait fait que par le dé·
sir de secourir une de sas paroissiennes dans
lo malheur. Jamais Mlle Laugé rie lui avait
inspiré, déclara-t-il, même l'ombre d'un dé-
sir coupable et il n'était pouT rien dans le»
causes préliminaires qui avaient amené le
drame où venait de succomber la jeune
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