Titre : Le Petit Parisien : journal quotidien du soir
Éditeur : Le Petit Parisien (Paris)
Date d'édition : 1906-10-16
Contributeur : Roujon, Jacques (1884-1971). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34419111x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 126844 Nombre total de vues : 126844
Description : 16 octobre 1906 16 octobre 1906
Description : 1906/10/16 (Numéro 10945). 1906/10/16 (Numéro 10945).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG15 Collection numérique : BIPFPIG15
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Description : Collection numérique : BIPFPIG35 Collection numérique : BIPFPIG35
Description : Collection numérique : BIPFPIG37 Collection numérique : BIPFPIG37
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5623032
Source : Bibliothèque nationale de France, Gr Fol-Lc2-3850
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/04/2008
Tœara* ot TOifiMB annéb. n* io.945. Le plus fort Tirage des Journaux du Monde entier mardi ie OCTOBRE 1900.
DIRECTION
tS, rue d'Enghlen, PARIS (1O«)
TELEPHONE H- 102.75– 1QE.73– 116.00
i .?̃& manuscrits non inaéréa ne sont pas rendus
et
'TROIS
Un AN
SIX PAGES 5 SIX PAGES
LES
Le Supplément Littéraire illustré en çouleurs (hait pages)
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS ÉTRANGER
a tr. Taoîs Mena 8 fr.
il tr. 8a mois tr.
22 t'r. Uw am 30 tr.
AKNONCE8
*•• RnooB««» et f?e«utm«a sont rafDaa
à rOFFICE D'ANNONCES
tO, plao* de la Bourse. FAHISrJ'
LE LORDJAIREJi PARIS
PREMIÈRE JOURNÉE DES FETES
Sir Walter Vaughan Morgan et les Membres de la Corporation de la
Cité se rendent à l'Hôtel de Ville. Le somptueux Cortège est
très acclame par la Population parisienne. Nos Hôtes
sont ensuite reçus par le Président de la République.
Les cérémonies officielles commençant
dès la première heure de l'après-midi, nos
hôtes britanniques employèrent leur mati-
née à s'y préparer. Cest ainsi que ni le
lord-maire, ni les aldermen, ni les shérifs
ne quittèrent le Grand-Hôtel de la matinée.
D'après le programme, le cortège devait
quitter le Grand-Hôtel à une heure quarante-
cinq pour se rendre à l'Hôtel de Ville.
Dès midi et demi, la foule est énorme dans
la rue Scribe. Le service d'ordre, bien que
très imposant, a des difficultés inouïes
pour maintenir les curieux sur les trottoirs.
Les gardes répnbiicains à cheval, les gardes
à pied, et les agents forment une double
haie qui par instant oscille sous la poussée
du public qui veut voir.
'Quand vers une heure et demie, les voi-
tures de gala viennent se ranger devant
l'entrée de l'hôtel, un grand mouvement se
produit dans la foola
Le carrosse du lord-maire fait l'objet de
l'admiration unanime. Il est bleu, !es roues
sont rouges les armoiries de la Cité de
Londres sont peintes sur les portières. Qua-
tre chevaux, dont les bridges sont ornées de
pompions et de flots de rubans rouges, y sont
attelés. C'est le cocher Wright qui conduit
cet attelage. Comme les deux valets de pied
qui se tiennent debout derrière le carrosse,
il est vêtu d'un costume de velours bleu orné
de broderies d'or.
Les voitures qui suivent et dans lesquelles
les shérifs, les aldermen et les délégués qui
les accompagnent sont sauf deux car-
rosses plus petits amenés de Londres et ré-
servés aux échevins les mêmes landaus
qui conduisirent nos hôtes de la gare du Nord
ou Grand-Hôtel
Le Cortège se forme
A une heure quarante-cinq exactement, le
tord-maire, que précède J3 lieutenant-colonel
Ker-Fpz, porteur de la masse, et que suit M
G. Winzar, porte-glaive, apparaît. La foule
lui fait une ovation enthousiaste.
Vive le lord-maire! Vive l'entente cor-
diale! crie-t-on à pleins poumons.
Sir Vaughan Morgan salue et, lentement,
se dirige vers le carrosse. Il a revêtu ses ha-
bits de cour, en velours noir, qui sont somp-
tueux. Un grand manteau de brocart les re-
couvre ce manteau s'entr'ouvre et laisse
voir les nombreuses décorations qui constel-
lent la poitrine du lord-maire. On admire
fort le collier aux maillons en forme d'S en-
trelacés que depuis plus de sept cents ans
les lords-maires se transmettent. La culotte
est arrêtée aux genoux. Sir Vaughan Mor-
gan a des bas noirs et est chaussé de sou-
liers à boucles d'acier. Il est coiffé d'un petit
tricorne à plumes noires.
A deux heures, le signal du départ est
donné.
Au pas, tellement est grande l'affluence,
les voitures qu'entourent les gardes républi-
cains à cheval, gagnent la place de l'Opéra
par la rue Auber.
Le cortège, au petit trot, parcourt ensuite
l'avenne de l'Opéra, les rues de Rohan, de
Rivoli et du Louvre, les quais du Louvre, de
la Mégisserie et de Gesvres, se dirigeant
vers le palais municipal.
A l'Hôtel de Ville
Deux heures sonnent à l'horloge du cam-
panile du palais municipal pavoisé, lorsque
le cortège, tournant te quai de Gesvres, dé-
bouche sur la place de l'Hôtel-de-Ville et
vient se ranger le long du trottoir, juste de-
vant la petite porte, surmontée de quelques
manches, qui donne accès à la salle des Pré-
vôts.
En apercevant le lord-maire, la foule mas-
sée tout autour de la vaste place et sur tes
deux terre-piems, manifeste bruyamment
et, dans sa joie, acclame avec le même élan
le premier magistrat de la Cité de Londres
et le décor aiciiaïque et somptueux dans le-
quel il lui a plu de se montrer à ses amis
Pendant que les laquais poudrés abais-
sent tes longs marchepieds des carrosses
ailn de permettre à leurs occupants d'en des-
cendre, les membres de la municipalité pa-
risienne s'avancent jusque sur le seuil de
leur palais.
L'ascension lente du perron de la salle des
Prévôts permet aux innombrables specta-
teurs de contempler à loisir la composition
du cortège du lord-maire et l'éclat des cos-
t'omes. Laccompagnement du God sace the
King, l'hymne national anglais, donne quel-
que solennité à cette scène j'allais irré-
vérencieusement dire à cette mise en scène
qui, pour an instant, fait revivre une épo-
que maintenant bien lointaine et bien dé-
suète à nos yeux.
La salle des Prévôts est tapissée d'arbtra-
tes verts et de plantes brillantes. Sur les
colonnes sont accrochés des écussons flao-
qués de drapeaux aux couleurs française
et anglaises.
A lentrée se tiennent MM. Chautard,
président du conseil municipal Ranson,
président du conseil général; Bellan, syn-
aie, entourés des membres des bureaux des
deux assemblées, ainsi que de la plupart de
leurs collègues. MM. de Selves, préfet de la
Seine, et Lépine, préfet de police, sont aux
côtés de M. Chautard.
Le cortège se rend dans la cour d'honneur,
transformée en jardin d'hiver; c'est là que
va avoir lieu la réception officielle de nos
amis d'outre-Manche.
Lorsque les acclamations qui ont accueilli
l'entrée du lord-maire se sont apaisées, le
président du conseil municipal prend la pa-
rote en ces termes
Myiord,
Messieurs les membres de la Corporation
de la Cité,
Soyez les bienvenus dans notre palais mam-
cipal.
Nous avons été touchés, mes collègues et moi
de l'empressement chaleureux avec lequel vous
avez répondu à notre invitation, et nous appré-
cions, croyez-le bien, tout l'honneur que vous |
nous faites en acceptant amicalement notre hos-
pitalité cordiale.
Nous sommes tout heureux de vous recevoir
dans cet Hôtel de Ville maison du peuple de
Paris, antique berceau de nus libertés commu-
nales, où tous les événements de notre histoire
nationale ont eu leur retentissetnent ou leur oon-
tre-coup.
Les actes de la vie parisienne laissent tous id
leur trace et, à ce titre, les visites que "eus
avons reçues et par fesquelles s'est alarmée, a
Paris, l'entente cordiale entre la France et l'An-
gleterre appartiennent à nos annales. Celle dont
vous nous honorez aujourd'hui y prendra place
à son tour cqmnyr un des faits te. plus heureux
et les plus utiles de.l'entente municipale.
M. Chautard termine par ces mots
J'exprime l'espoir que de nombreux progrès
municipaux résulteront de la rencontre et de
la collaboratian des membres de la Corporation
de la Cité et du Conseil municipal et que nous
donnerons ainsi à notre entente le vrai carac-
tère utile, sérieux et positif que doivent présenter
les relations cordiales des deux grands peuples
libres le peupie anglais el le peuple français.
Le préfet de la Seine s'associe aux paro-
les du président du conseil municipal.
Sir Walter Vaughan Morgan répnnd
Monsieur le président,
Messieurs,
Au nom de la Corporation de la Cité de ten-
dres, et particulièrement au nom de mes coltè-
fues aldermen sberiffs, membres de la Cour
du conseil et hauts fonctionnaires qui m'acom-
pagnent aujourd'hui, je vous adresse nos chaleu-
reux remerciements pour les paroles aimables
de cordiale bienvenue que vous venez de pro-
noncer, monsieur le président, au nom de la mu-
nicipalité de Paris.
C'est avec le plus grand plaisir, avec la plus
grande joie que la Corporation de Londres a ac-
cepté la chaleureuse invitation du conseil fiuni-
cipal de faire une visite officielle à votre vme
magnifique.
Bien que nous sachions qu'une réoeption ami-
cale nous attendait, nous n'étions pas préparés
à l'accueil splendide et enthousiaste que la po-
pulation nous a fait de tous côtes depuis notre
arrivée, et particulièrement aujourd'hui. Nous
en avons élk, je vous assure, profondément tou-
chés.
Son allocution s'achève ainsi
J'espère et je crois que cette entente cordiale
qui unit deux grandes nations, ainsi que leurs
populations, ne fera, par l'action de nos deux
capitales, que s'accroître, et que la tradition-
nelle camaraderie entre Français et Anglais, se
continuant longtemps, prévaudra à jamais.
Monsieur le Président, messieurs, je vous re-
mercie très sincèrement de votre réception en-
thousiaste d'aujourd'hui et. je vous assure que
nous en garderons toujours le plus reconnais-
sant et le plus agréable souvenir.
Après les discours, la musique joue la
Marseillaise. Puis le lord-maire, ses collè-
gues et les membres de la municipalité pa-
risienne signent au bas d'un parchemin des-
tmé au Livre d'or et où se trouve relatée la
visite qu'il vient de faire.
On gagne ensuite les voitures. Le lord-
maire fait monter le président du conseil
municipal dans son carrosse et le cortège
quitte la place pour se rendre au palais de
l'Elysée.
A l'Elysée
Il y est arrivé à quatre heures.
Ni. MoUard, chef du protocole, qui, en
compagnie des commandants Jacquillat et
Schlumberger, se tenait au pied du perron,
i salua. sir Walter Vaughan et monta, côte à
côte, avec lui les degrés de l'escalier d'hon-
nenr.
Pendant que les membres de la Corpora-
tion de la Cité descendaient de voiture, on
conduisait sir Walter Vaughan dans un sa-
lon où, eh grand ordre, le défilé s'organisa.
Quand chaque membre de ta corporation
fut à sa place, on ouvrit toutes grandes les
portes de la salle des fêtes, où se tenait le
Président Se la République entouré du pré-
sident du Conseil, du mmistre des Affaires
étrangères, du ministre du Commerce et du
sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Inté-
rieur.
Sir Francis Bertie, ambassadeur du
Royaume-Uni, et tout le haut personnel de
l'ambassade d'Angleterre assistaient égale-
ment à l'audience. Et précédé du massier et
du porte-glaive, sir Walter Vaughan Mur-
gan, entouré par les shérifs et suivi par
les aldermen et les membres du conseil mu-
nicipal de Paris, s'avança vers M. Fallières,
qu'il salua trois fois, et avec qui il échangea
un vigoureux shake-hand.
M. Fallières, après un instant de silence,
adressa, en ces tonnes, la bienvenue au
lord-maire de Londres.
Mylord maire, c'est avec un vif plaisir crue je
salue, dans voire personne, le premiers magi&lrat
de l'illiislrp Cité de Londres.
'En |jj:it tfmps les lords-maires ont trouvé, dans
notre population parisienne, un cordial accueil.
Aujourd'hui, die vous ménage une réception
particulièrement sympathique. Elle désire en ef-
fet traduire les sentiments affectueux que la
France entière éprouve pour son amie d'outre-
Mancbe.
Il m'est agrrVi bto de vous attester la sincérité:
de c:es sentiments, et je souhaite que vous eu
"portiez témoigra vuus nous ferez le regret de nous quitter.
Srr Walfei- Vaughan a répordu ainsi
Monsieur le Président, je vous remercie, en
mon nom ol un nom de la Corporation de ia Cité
de Londres, pour les aimables paroles de bien-
venue que vous venez de nous adresser au rr·:n
du grand pays dont vous êtes le chef respecte.
Nous avons pu voir dans les rues par nous-
mêmes et de nos propres yeux, combien sincère
était le bon accueil dont vous nous donaez l'as-
surance, et je puis, non seulement au nom de
la Cité de Londres, non seulement au nom oe la
population entière des Iîes-Britaimiques, mais
au nom de toute la population anglaise par rieià
l'Océan, dire que- ia réception faite aux repré-
Ii'ÉpiiïE SPORTIVE DE
OU &OJSTT LES
Les Conséquences. Notre Enqtrête au Ministère de l'Agriculture
et à la Société d'Encouragement. Les Réunions de Jeudi
et Dimanche annulées. Les Courses à Chantilly.
A la suite des incidents de LongctiarnpE.
le ministre de l'Agriculture, M. huau,-s est
unanédia-lenient préoccupé deà conditions
dans lesquelles ils avaient, eu lieu et de
leurs conséquences possibles dans l'avenir.
M. Ruau a d'abord décidé, après entente
avec M. Inopiné, préfet de police, que les
journées de jeudi et dimanche prochains, à
Longchamps, n'auraient pas lieu en raison
de l'état du champ de course et surtout en
prévision dn renouvellement des troubles.
Quant aux incidents eux-mêmes, le minis-
tre de l'Agriculture recherche en ce moment
le moyen d'en éviter le retour par l'étude
de certaines modifications à apporter au 1 è-
glement, modifications qui auraient pour
but d'élargir les juridictions actuellement
existantes de manière à assurer plus com-
plètement la défense des intérêts de l'élevage
en même temps que ceux du public. Ces mo-
difications seraient très bien accueillies par
tous, nous n'en doutons pas un seul instant.
Quelques membres des diverses sociétés
de courses que nous avons interrogés n'ont
pas hésité à nous déclarer que la juridiction
concernant les commissaires des courses
actuellement en vigueur est boiteuse et que
de sensibles modification» sont absolument
nécessaires.
Un d'entre eux nous disait même qu'à son
avis il serait bon d'adjoindre au starter un
juge, lequel, dans les cas douteux, prendrait
telle décision qui lui sembierait bonne, tout
en respectant les intérêts de tous.
Quoi qu'il en soit, le comité consultatif
permanent des courses sera appelé prochai
nement à statuer sur ces modifications.
Rappelons que ce comité a été institué le
16 juillet dernier par décret sur la proposi
tion du ministre de l'Agriculture.
Enfin, terminons en disant que M. Ruau,
qui devait se rendre à la grande réunion de
courses au trot donnée hier à Saint-Cloud,
au cours de laquelle s'est disputé le prix du
Ministère de l'Agriculture, ne s'est pas de-
placé, retenu qu'il était rue de Varenne en
raison des incidents de la veille.
Au Siège de la Société
d'Encouragement
Le comité de la Société d'Encouragement
a tenu hier une réunion qui s'est prolongée
très avant dans l'après-midi.
Il a examiné longuement 'a situation créée
par les incidents de la veille, ainsi que les
mesures à prendre pour en éviter le retour,
et s'est ajourné à six heures du soir pour ar-
rêter ses résolution.
Pendant que le comité" délibérait rue
Scribe, au siège central de la Société d'En-
couragement, les caisses de la rue Royale
étaient ouvertes au public qui, depuis dix
heures du matin, se pressait si nombreux
dans les bureaux qu'un véritable service
d'ordre avait dû être organisé par M. Murât,
officier de paix du huitième arrondissement.
Vers neuf heures du matin l'avis suivant
avait été placé sur un des battants de la
porte cochère
Les tickets des gagnant at plrecés des Ire,
2a et 3° courses sont payables d'après l'or-
dre d'arrivée pendant 7 jours.
Tous tes ticlcets distribués à la 4° course
seront remboursables dans Les 7 jours éga-
le ment.
En conséquence, les tickets de la course
litigieuse, le Handicap libre, ont été payés
sur présentation par leurs rlétenteurs ou dé-
tentrices.
Les Déclarations de M. le Mar-
quis de Ganay, commissaire de
la Société.
A sept heures et demie du soir, à l'issue
de la séance du comité, le représentant du
Petit Parisien a été reçu par M. le marquis
due Canay, l'un des commissaires de la so-
ciété, qui a bien voulu lui faire les déclara-
tions suivantes
M. le ministre de l'Agriculture a inter-
sentants de la capitale de l'empire britannique
sera comprise par tous les Anglais coome une
preuve de la profonde amitié exisbant entre les
deux peuples.
Permettei monsieur le Président, que je vous
exprime personnellement les sincères sentiments
de respect que nous ressentions tous à voire j
égard et à quel point nous appréciions Panrsbi-
lité que vous avez montrée en voulant bien nous
recevoir aujourd'hui.
Le discours du lard-maire était traduit par
M. de Billy, attaché au ministère des Affai-
res étrangères.
Immédiatement après ces disooors, le Pré-
sident de la République conduisit son hôte
dans la salle à manger, où un buffet avait
été dressé, que décoraient magnifiquement
un surtout de Sèvres et des fleurs.
Là, s'adressant à sir Francis Bertie, M.
Fallières a porté le toast suivant
Monsieur l'ambassadeur, je suis heureux de
saisir i'occasion que me procure l'aimable vi-
site du lord-maire pour iever mon verre en l'hon-
n;;ur de Sa Majesté le roi Edouard VU, de Sa
Majesté la reine, de la famille royale et de la
nation britannique.
J<: tiens également à por'^r voire santé et à
boire à cel'e du lorrî-rnuire et de ;a Corporation
de la Cité de lxindres.
A fz toai-t du Président de la République,
l'ambassadeur du Royaume-Uni a ainsi ré-
pondu
liansieur Ie Présidant. Je vons remercie du
toast que vous ave7. bien voulu porter à Sa Ma-
jesté le roi et a Sa Majesté la reine ainsi qu'à
leurs humbles sujets. Permettez-moi de porter
ici votre santé et celle du gouvernement de la
Hèpub'iniK!.
Après ces paroles, le Président de la Ré-
publique et le lord-maire, par le truchement
de M. de Billy, se sont entretenus quelques
instants durant avec la plus grande cordiar
lité..
Puis à cinq heures moins un quart, le
lord-maire, les shérifs et les aldermen de la
Cité de Londres, suivis peu après par sir
Francis Bertie, ont quitté 1 Elysée aux ac-
clamations de la foule que le service d'ordre
maintenait sans trop de difficultés en dehors
des barrages. Pour retourner au Grand-Ho-
teL le cortège du lord-maire a suivi la rue
Saint-Honoré, la me Royale, le boulevard de
la Madeleine, le boulevard ?es Capucines et t
la rue Scribe.
dit,.les rénnions de jeudi et de dimanche pro-
châins à Longchamps, par crainte de trou-
bles possibles.
Nous avons l'intention de voir demain ma-
tin mardi le ministre pour lui demander
d'autoriser la société à donner trois jour-
nées de courses à Chanfillv le dimanche 21,
le jeudi 25 et le dimanche octobre.
Il n'y aurait donc plus de réunion à Long-
champs oette année. Si l'autorisation nous
est donnée, nous préparerons de nouveaux
programmes, dans lesquels sera compris le
prix Gladiateur, pour lequel de nouveaux en-
gagements pourront être faits à temps peur
dimanche prochain 21 octobre.
Le Starter Bishop
M. de Ganay, sur notre demande, nous dé-
clare que c'est à tort que l'on a considéra
M. Bishop comme l'aide-starter de M. Fi-
gès, son beau-frère. M. Bishop est starter
au même titre que M. Figés. C'est lui qui
avait ?a charge de donner !e départ dans 'e
prix du Handicap libre, c'est lui qui en a as-
sumé la responsabil;té, qui n'incombe en
rien à M. Figés.
M. Bishop, interrogé, a affirmé qu'il avait
réellement donné le départ, qu'il avait jugé
bon, et qu'à aucun moment il n'avait eu la
pensée de lever son drapeau pour indiquer
qu'il était mauvais c'est pour cela que l'ai-
de-starter, posté 200 mètres en avant du dé-
part, sur la piste, n'a pas levé son drapeau,
qui aurait arrêté les jockeys. Devant l'affir-
mation du starter, Les commissaires n'a-
vaient pas le droit d'annuler la course.
Mais cependant, a ajouté M. de Ganay,
nous estimons que les circonstances qui se
sont produites au moment même où a joué
la starting-gate, le bris .des ficelles, dont les
extrémités en flottant ont cinglé la figure du
jockey Stern et se sont enroulées autour du
cou du jockey Reiff, l'indécision des autres
jockeys, devaient donner l'idée à Bishop
d'annuler un départ qui, bon en soi au mo-
ment même où il était donné, devenait dé-
fectueux è ce même moment. Bisbop a man-
qué d'esprit et de sang-froid, il ne donnera
plus les départs à la Société d'Encourage-
ment.
Les Jockeys disculpés
Les jockeys ont élé interrogés. Ils ont re-
connu qu'au moment ou le départ a été don-
né, les chevaux étaient en bonne position de-
vant la starting-gate, n:ais ils ont déclaré que
juste au moment où !e ressort a joué, un.
cheval, en avançant la tète, a brisé tes m-
bans, ce qui avait déterminé les incidents
dont ont surtout souffert G. Stern et J. Rein.
Cela justifie le temps d'arrêt qui a laissé
leurs chevaux en arrière. Il n'y a donc pas
de reproche à adresser à ces jockeys, et ils
ne seront pas punis.
Les Chiffres des Pertes subies
Les Employés du Mutuel
M. de Ganay a déc!art ensuite que le chif-
fre des pertes subies avait été exagéré;
il ne s'élève pas, après enquête, à plus de
200,000 francs, qui sont couverts par une
assurance. De même, c'est à tort que l'on a
dit que les caisses du pari mutuel avaient
été pillées c'est à peine si l'on a constaté la
disparition de 3 ou 4,000 francs.
Nos employés du mutuel, a ajouté
M. de Ganay, ont fait preuve d'un courage,
d'un sang-froid, d'une probité admirables,
et la Société d'Encouragement est fière de
le proclamer et des les assurer de sa re-
connaissance. Elle a décidé de doubler le
montant de' leurs appointements, pour la
journée de dimanche, et elle les indemni-
sera du préjudice matériel qu'ils auront pu
subir.
Notre représentant a vivement remercié
M. le marquis de Ganay de ses renseigne-
ments, qui permettront, aujourd'hui, de ju-
ger désormais en toute connaissance de
cause.
t
LA CATASTROPHE D'ÉPERNOI
LES MORTS ET LES BLESSÉS
Le Parquet de Chartres s'est livré à une Enquête de laquelle il semble
ressortir que l'Accident serait imputable au Mécanicien de la
Locomotive. Un Blessé a succombé, ce qui porte à dix
le Nombre des Morts.– Nouveaux et poignants Détails.
La ternble catastrophe qui s'est produite
avant-hier soir en gare d'Epernon a fait,
hélas une victime de plus. M. Désiré De-
vienne a succombé à ses bies'nires dans le
train qui le transportait à l'hôpital de Char-
tres. Céda porte à dix le nombre des morts.
Et tout fait prévoir que la funèbre bste n'est
pas encore close, car l'état de plusieurs bles-
sés, ceux, notamment, qui sont soignés à
l'hôpital de Chartres, est de pius en ptes
alarmant
Pendant la journée d'hier, comme on le
verra pfris loin, le parquet d'Eure-et-Loir
S'est efforcé de déterminer qui lut l'auteur
involontaire de cet effroyable malheur. La
responsabilité du mécanicien Louvet, qui
conduisait la machine tamponneuse, semble
gravement engagée, puisqu'il n'aurait tenu
aucun compte du signal d'arrêt Mais, en cet
sortes d'événements, la fatalité, elle aussi,
joue toujours un grand rôle. L'avenir nous
dira dans quelle mesure ce malheureux fut
coupable.
LES VISITES DE M. RÂRÏB3U
Le Ministre des Travaux publics snr ie
Théâtre de la Catastrophe. Après
avoir visité le Déjfbt mortuaire, il se
rend à Chartres.
(Dit NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX}
Chartres, 15 octobre.
Le Petit Parisien avait annoncé, hier, que
dès la première nouvelle de la catastrophe,
M. Barthou, ministre des Travaux publics,
avait pris ses dispositions pour se rendre à
Epernon, où il y arriva à deux heures du
matin.
M. Barthou avait prié M. Larminat, direc-
i teur de la compagnie de l'Ouest, de vouloir
bien l'accompagner.
A Epernon, il retrouvait le préfet dture-
et-Loir et, en sa compagnie, il demandait à
visiter la salle d'attente transformée en dé-
pôt mortuaire et le lieu du tamponnement.
A la suite du ministre nous pénétrons
dans l'humble pièce sur le scl de laquelle
gisent, informes sous leurs voiles, les cada-
vres des infortunés voyageurs qui ont péri.
L'homme d'équipe tient élevé un groe fa-
lot qui projette un faisceau de lumière vive
sur chaque victime inanimée. L'émotion
nous étreint le cœur et, devant le spectacle
de ces pauvres corps sanglants, nous sen-
tons passer le frisson de la mort implacable.
N'est-ce pas un petit garçon ? 't de;nanda
le ministre en désignant du doigt un petit
cadavre absolument méconnaissabie dans
sts vêtements enroulés ?
Oui. monsieur le ministre, répond te
maire d'Epernon. et voici sa grand'mère.
Ces deux cadavres sont cmix du petit Hen-
I ry Deschamps, le fils du blanchisseur de
Meudon, et de Mme Deschampe mère.
Nous nous retirons étreints d'une pro-
fonde émotion.
C'est épouvantable, ces choses-là, mur-
mure le ministre.
Il est deux heures du matin.
M. Barthou annonce qu'il va prendre le
train qui passe à 2 h. 35 à Epernon pour se
rendre à Chartres, où sont hospitalisés sept
blessés.
Nous suivons le ministre des Travaux pn-
blics et montons derrière lui dans son wa-
grin. M. Barthou est accompagné de MM.
Lilaz, son chef de cabinet, Nfilléteau, préfet
[ d'Eure-et-Loir, et Larminat, directeur de !a
compagnie de l'Ouest. Une heure tard,
nous arrivons à Chartres et notre petit grou-
pe se dirige à pied, par une superbe nuit,
vers l'hôpital, situé à deux kilomètres.
Le ministre ne cesse de nous ent^'iTir
de la profonde affliction qu'il a éprouvée
i en apprenant cet accident terrible. Les -^nrls
sont déjà trop nombreux et ne peut-on crain-
dre, en arrivant à l'hôpital, d'apprendre de
nouveaux décès ?
A l'Hôpital de Chartres
La grille de l'établissement est close; il
faut réveiller le concierge en donnant des
coups de poing et des coups de pied dans la
porte. Le préfet décline sa qualité. Le con-
cierge, tout ému, s'empresse d'ouvrir et,
pour annoncer notre arrivée, il met en bran-
le une énorme cloche qui, étant données* les
circonstances, sonne comme un glas.
C'est lugubre, cette cloche, murmure
M. Barthou.
Nous arrivons au perron de l'hôpital, où
nous attend une religieuse en' cornette.
Sous sa direction nous nous dirigeons vers
la salle où sont deux femmes blessées. No-
tre arrivée réveille brusquement les mala-
des, qui se dressent sur leur couche, sur-
pris et un peu inquiets.
| Le premier lit devant lequel nous nous
arrêtons est occupé par une jeune femme
de vingt à vingt-cinq ans, fort jolie.
Eue est perdue, murmure la soeur elle
a reçu de très graves fractures au crâne.
Sa tête disparatt, en effet, presque tout
entière soiu un pansement taché de sang.
Dans un lit voisin repose une autre fem-
me qui a reçu de graves contusions, égale-
ment au crâne.
Souffrez- vous beaucoup, madame ? de-
mande le ministre.
Oh oui, docteur (sic) Je ne sais plus
ou je suis.
Nous nous rendons ensuite dans la salle
on se trouvent deux hommes ensanglantés.
Devant le lit de l'un d'eux, nous assistons à
une scène émouvante. Le blessé est un so-
lide gaillard au visage énergique qui, ses
deux mains sor les yeux, semble ablmé dans
une pu*/ ,'leur,
U.f r demande son nom et il
apprend: malheureux se nomme Gas-
ton Gorju. Dans la soirée, sa mère et son
père sont venus inaililemeni le chercher à
Epemon.
Vous souffrez ? demande M. Barthtm.
Oh oui, mais la souffrance n'est rien.
J'ai leô deux jambes, coupées, Que vais-je
devenir
Le ministre, qui ne peut dissimuler son
émotion, s'éloigne en serrant longuement les
mains de cette infartunée victime.
Et nous voyons encore deux autres hom-
mes. L'un, Jean Pillard, d'Oisème, près de
Chartres, a une jambe et un bras fracturés.
Lui aussi est plein d'énergie et s'inquiète de
connaître la cause de l'accident. Le second,
Paul Paty, demeure 75, rue d'Orléans, au
Grand-Montrouge. Il porte des contusions à
la tête.
Nous sortons de l'hôpital, profondément
impressionnés par ce que nous y avons vu.
Après cette visite, le ministre est reparti
pour Paris.
SUR LES LIEUX DE LA CATASTROPHE
Pendant le Déblaiement de la Voie, da lu-
gubres Trouvailles sont faites. On
découvre, notamment, un pied de
Femme sur la Locomotive qui a tam-
ponné le Train omnibus.
Epernon, 15 octobre.
Rares sont les habitants d'Epernon qui se
sont conciles cette nuit, et de nombreux
jcanrs s'écouleront avant que le calme soit
L'Envoyée spécial dn a Petit Parisien » In-
terviewant M. Reverdy, le Mécanicien du
train tamponné.
revenu dans cette petite ville, d'ordinaire si
tranquille et que la catastrophe d'hier a lit-
téralement affolée.
A la première heure, ce matin, j'arpentais
le quai enccre désert. Sur la aie, une véri-
table armée d'hommes d'équipe travaillait
à la hie'jr iw:-ertame des lanternes, au dé-
blaiement. Cette opération, menée cepen-
dant très activement, se prolongera loug-
temps encore.
La machine qui a tarnpcnné le train cm-
nibnis 510 est effroyablement éventrée. Sa
cheminéa gît sur le sol au milieu de débris
de bois et de ferraille Cette locomotive,
achetée par la compagnie de l'Ouest au
Creusot, était depuis peu de temps en ser-
vice.
On a placé, sur la voie de garage, les dé-
bris des quatre voitures. Ces débris sont re-
couverts de bâches et des gendarmes tien-
DIRECTION
tS, rue d'Enghlen, PARIS (1O«)
TELEPHONE H- 102.75– 1QE.73– 116.00
i .?̃& manuscrits non inaéréa ne sont pas rendus
et
'TROIS
Un AN
SIX PAGES 5 SIX PAGES
LES
Le Supplément Littéraire illustré en çouleurs (hait pages)
ABONNEMENTS
DÉPARTEMENTS ÉTRANGER
a tr. Taoîs Mena 8 fr.
il tr. 8a mois tr.
22 t'r. Uw am 30 tr.
AKNONCE8
*•• RnooB««» et f?e«utm«a sont rafDaa
à rOFFICE D'ANNONCES
tO, plao* de la Bourse. FAHISrJ'
LE LORDJAIREJi PARIS
PREMIÈRE JOURNÉE DES FETES
Sir Walter Vaughan Morgan et les Membres de la Corporation de la
Cité se rendent à l'Hôtel de Ville. Le somptueux Cortège est
très acclame par la Population parisienne. Nos Hôtes
sont ensuite reçus par le Président de la République.
Les cérémonies officielles commençant
dès la première heure de l'après-midi, nos
hôtes britanniques employèrent leur mati-
née à s'y préparer. Cest ainsi que ni le
lord-maire, ni les aldermen, ni les shérifs
ne quittèrent le Grand-Hôtel de la matinée.
D'après le programme, le cortège devait
quitter le Grand-Hôtel à une heure quarante-
cinq pour se rendre à l'Hôtel de Ville.
Dès midi et demi, la foule est énorme dans
la rue Scribe. Le service d'ordre, bien que
très imposant, a des difficultés inouïes
pour maintenir les curieux sur les trottoirs.
Les gardes répnbiicains à cheval, les gardes
à pied, et les agents forment une double
haie qui par instant oscille sous la poussée
du public qui veut voir.
'Quand vers une heure et demie, les voi-
tures de gala viennent se ranger devant
l'entrée de l'hôtel, un grand mouvement se
produit dans la foola
Le carrosse du lord-maire fait l'objet de
l'admiration unanime. Il est bleu, !es roues
sont rouges les armoiries de la Cité de
Londres sont peintes sur les portières. Qua-
tre chevaux, dont les bridges sont ornées de
pompions et de flots de rubans rouges, y sont
attelés. C'est le cocher Wright qui conduit
cet attelage. Comme les deux valets de pied
qui se tiennent debout derrière le carrosse,
il est vêtu d'un costume de velours bleu orné
de broderies d'or.
Les voitures qui suivent et dans lesquelles
les shérifs, les aldermen et les délégués qui
les accompagnent sont sauf deux car-
rosses plus petits amenés de Londres et ré-
servés aux échevins les mêmes landaus
qui conduisirent nos hôtes de la gare du Nord
ou Grand-Hôtel
Le Cortège se forme
A une heure quarante-cinq exactement, le
tord-maire, que précède J3 lieutenant-colonel
Ker-Fpz, porteur de la masse, et que suit M
G. Winzar, porte-glaive, apparaît. La foule
lui fait une ovation enthousiaste.
Vive le lord-maire! Vive l'entente cor-
diale! crie-t-on à pleins poumons.
Sir Vaughan Morgan salue et, lentement,
se dirige vers le carrosse. Il a revêtu ses ha-
bits de cour, en velours noir, qui sont somp-
tueux. Un grand manteau de brocart les re-
couvre ce manteau s'entr'ouvre et laisse
voir les nombreuses décorations qui constel-
lent la poitrine du lord-maire. On admire
fort le collier aux maillons en forme d'S en-
trelacés que depuis plus de sept cents ans
les lords-maires se transmettent. La culotte
est arrêtée aux genoux. Sir Vaughan Mor-
gan a des bas noirs et est chaussé de sou-
liers à boucles d'acier. Il est coiffé d'un petit
tricorne à plumes noires.
A deux heures, le signal du départ est
donné.
Au pas, tellement est grande l'affluence,
les voitures qu'entourent les gardes républi-
cains à cheval, gagnent la place de l'Opéra
par la rue Auber.
Le cortège, au petit trot, parcourt ensuite
l'avenne de l'Opéra, les rues de Rohan, de
Rivoli et du Louvre, les quais du Louvre, de
la Mégisserie et de Gesvres, se dirigeant
vers le palais municipal.
A l'Hôtel de Ville
Deux heures sonnent à l'horloge du cam-
panile du palais municipal pavoisé, lorsque
le cortège, tournant te quai de Gesvres, dé-
bouche sur la place de l'Hôtel-de-Ville et
vient se ranger le long du trottoir, juste de-
vant la petite porte, surmontée de quelques
manches, qui donne accès à la salle des Pré-
vôts.
En apercevant le lord-maire, la foule mas-
sée tout autour de la vaste place et sur tes
deux terre-piems, manifeste bruyamment
et, dans sa joie, acclame avec le même élan
le premier magistrat de la Cité de Londres
et le décor aiciiaïque et somptueux dans le-
quel il lui a plu de se montrer à ses amis
Pendant que les laquais poudrés abais-
sent tes longs marchepieds des carrosses
ailn de permettre à leurs occupants d'en des-
cendre, les membres de la municipalité pa-
risienne s'avancent jusque sur le seuil de
leur palais.
L'ascension lente du perron de la salle des
Prévôts permet aux innombrables specta-
teurs de contempler à loisir la composition
du cortège du lord-maire et l'éclat des cos-
t'omes. Laccompagnement du God sace the
King, l'hymne national anglais, donne quel-
que solennité à cette scène j'allais irré-
vérencieusement dire à cette mise en scène
qui, pour an instant, fait revivre une épo-
que maintenant bien lointaine et bien dé-
suète à nos yeux.
La salle des Prévôts est tapissée d'arbtra-
tes verts et de plantes brillantes. Sur les
colonnes sont accrochés des écussons flao-
qués de drapeaux aux couleurs française
et anglaises.
A lentrée se tiennent MM. Chautard,
président du conseil municipal Ranson,
président du conseil général; Bellan, syn-
aie, entourés des membres des bureaux des
deux assemblées, ainsi que de la plupart de
leurs collègues. MM. de Selves, préfet de la
Seine, et Lépine, préfet de police, sont aux
côtés de M. Chautard.
Le cortège se rend dans la cour d'honneur,
transformée en jardin d'hiver; c'est là que
va avoir lieu la réception officielle de nos
amis d'outre-Manche.
Lorsque les acclamations qui ont accueilli
l'entrée du lord-maire se sont apaisées, le
président du conseil municipal prend la pa-
rote en ces termes
Myiord,
Messieurs les membres de la Corporation
de la Cité,
Soyez les bienvenus dans notre palais mam-
cipal.
Nous avons été touchés, mes collègues et moi
de l'empressement chaleureux avec lequel vous
avez répondu à notre invitation, et nous appré-
cions, croyez-le bien, tout l'honneur que vous |
nous faites en acceptant amicalement notre hos-
pitalité cordiale.
Nous sommes tout heureux de vous recevoir
dans cet Hôtel de Ville maison du peuple de
Paris, antique berceau de nus libertés commu-
nales, où tous les événements de notre histoire
nationale ont eu leur retentissetnent ou leur oon-
tre-coup.
Les actes de la vie parisienne laissent tous id
leur trace et, à ce titre, les visites que "eus
avons reçues et par fesquelles s'est alarmée, a
Paris, l'entente cordiale entre la France et l'An-
gleterre appartiennent à nos annales. Celle dont
vous nous honorez aujourd'hui y prendra place
à son tour cqmnyr un des faits te. plus heureux
et les plus utiles de.l'entente municipale.
M. Chautard termine par ces mots
J'exprime l'espoir que de nombreux progrès
municipaux résulteront de la rencontre et de
la collaboratian des membres de la Corporation
de la Cité et du Conseil municipal et que nous
donnerons ainsi à notre entente le vrai carac-
tère utile, sérieux et positif que doivent présenter
les relations cordiales des deux grands peuples
libres le peupie anglais el le peuple français.
Le préfet de la Seine s'associe aux paro-
les du président du conseil municipal.
Sir Walter Vaughan Morgan répnnd
Monsieur le président,
Messieurs,
Au nom de la Corporation de la Cité de ten-
dres, et particulièrement au nom de mes coltè-
fues aldermen sberiffs, membres de la Cour
du conseil et hauts fonctionnaires qui m'acom-
pagnent aujourd'hui, je vous adresse nos chaleu-
reux remerciements pour les paroles aimables
de cordiale bienvenue que vous venez de pro-
noncer, monsieur le président, au nom de la mu-
nicipalité de Paris.
C'est avec le plus grand plaisir, avec la plus
grande joie que la Corporation de Londres a ac-
cepté la chaleureuse invitation du conseil fiuni-
cipal de faire une visite officielle à votre vme
magnifique.
Bien que nous sachions qu'une réoeption ami-
cale nous attendait, nous n'étions pas préparés
à l'accueil splendide et enthousiaste que la po-
pulation nous a fait de tous côtes depuis notre
arrivée, et particulièrement aujourd'hui. Nous
en avons élk, je vous assure, profondément tou-
chés.
Son allocution s'achève ainsi
J'espère et je crois que cette entente cordiale
qui unit deux grandes nations, ainsi que leurs
populations, ne fera, par l'action de nos deux
capitales, que s'accroître, et que la tradition-
nelle camaraderie entre Français et Anglais, se
continuant longtemps, prévaudra à jamais.
Monsieur le Président, messieurs, je vous re-
mercie très sincèrement de votre réception en-
thousiaste d'aujourd'hui et. je vous assure que
nous en garderons toujours le plus reconnais-
sant et le plus agréable souvenir.
Après les discours, la musique joue la
Marseillaise. Puis le lord-maire, ses collè-
gues et les membres de la municipalité pa-
risienne signent au bas d'un parchemin des-
tmé au Livre d'or et où se trouve relatée la
visite qu'il vient de faire.
On gagne ensuite les voitures. Le lord-
maire fait monter le président du conseil
municipal dans son carrosse et le cortège
quitte la place pour se rendre au palais de
l'Elysée.
A l'Elysée
Il y est arrivé à quatre heures.
Ni. MoUard, chef du protocole, qui, en
compagnie des commandants Jacquillat et
Schlumberger, se tenait au pied du perron,
i salua. sir Walter Vaughan et monta, côte à
côte, avec lui les degrés de l'escalier d'hon-
nenr.
Pendant que les membres de la Corpora-
tion de la Cité descendaient de voiture, on
conduisait sir Walter Vaughan dans un sa-
lon où, eh grand ordre, le défilé s'organisa.
Quand chaque membre de ta corporation
fut à sa place, on ouvrit toutes grandes les
portes de la salle des fêtes, où se tenait le
Président Se la République entouré du pré-
sident du Conseil, du mmistre des Affaires
étrangères, du ministre du Commerce et du
sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Inté-
rieur.
Sir Francis Bertie, ambassadeur du
Royaume-Uni, et tout le haut personnel de
l'ambassade d'Angleterre assistaient égale-
ment à l'audience. Et précédé du massier et
du porte-glaive, sir Walter Vaughan Mur-
gan, entouré par les shérifs et suivi par
les aldermen et les membres du conseil mu-
nicipal de Paris, s'avança vers M. Fallières,
qu'il salua trois fois, et avec qui il échangea
un vigoureux shake-hand.
M. Fallières, après un instant de silence,
adressa, en ces tonnes, la bienvenue au
lord-maire de Londres.
Mylord maire, c'est avec un vif plaisir crue je
salue, dans voire personne, le premiers magi&lrat
de l'illiislrp Cité de Londres.
'En |jj:it tfmps les lords-maires ont trouvé, dans
notre population parisienne, un cordial accueil.
Aujourd'hui, die vous ménage une réception
particulièrement sympathique. Elle désire en ef-
fet traduire les sentiments affectueux que la
France entière éprouve pour son amie d'outre-
Mancbe.
Il m'est agrrVi bto de vous attester la sincérité:
de c:es sentiments, et je souhaite que vous eu
"portiez témoigra
Srr Walfei- Vaughan a répordu ainsi
Monsieur le Président, je vous remercie, en
mon nom ol un nom de la Corporation de ia Cité
de Londres, pour les aimables paroles de bien-
venue que vous venez de nous adresser au rr·:n
du grand pays dont vous êtes le chef respecte.
Nous avons pu voir dans les rues par nous-
mêmes et de nos propres yeux, combien sincère
était le bon accueil dont vous nous donaez l'as-
surance, et je puis, non seulement au nom de
la Cité de Londres, non seulement au nom oe la
population entière des Iîes-Britaimiques, mais
au nom de toute la population anglaise par rieià
l'Océan, dire que- ia réception faite aux repré-
Ii'ÉpiiïE SPORTIVE DE
OU &OJSTT LES
Les Conséquences. Notre Enqtrête au Ministère de l'Agriculture
et à la Société d'Encouragement. Les Réunions de Jeudi
et Dimanche annulées. Les Courses à Chantilly.
A la suite des incidents de LongctiarnpE.
le ministre de l'Agriculture, M. huau,-s est
unanédia-lenient préoccupé deà conditions
dans lesquelles ils avaient, eu lieu et de
leurs conséquences possibles dans l'avenir.
M. Ruau a d'abord décidé, après entente
avec M. Inopiné, préfet de police, que les
journées de jeudi et dimanche prochains, à
Longchamps, n'auraient pas lieu en raison
de l'état du champ de course et surtout en
prévision dn renouvellement des troubles.
Quant aux incidents eux-mêmes, le minis-
tre de l'Agriculture recherche en ce moment
le moyen d'en éviter le retour par l'étude
de certaines modifications à apporter au 1 è-
glement, modifications qui auraient pour
but d'élargir les juridictions actuellement
existantes de manière à assurer plus com-
plètement la défense des intérêts de l'élevage
en même temps que ceux du public. Ces mo-
difications seraient très bien accueillies par
tous, nous n'en doutons pas un seul instant.
Quelques membres des diverses sociétés
de courses que nous avons interrogés n'ont
pas hésité à nous déclarer que la juridiction
concernant les commissaires des courses
actuellement en vigueur est boiteuse et que
de sensibles modification» sont absolument
nécessaires.
Un d'entre eux nous disait même qu'à son
avis il serait bon d'adjoindre au starter un
juge, lequel, dans les cas douteux, prendrait
telle décision qui lui sembierait bonne, tout
en respectant les intérêts de tous.
Quoi qu'il en soit, le comité consultatif
permanent des courses sera appelé prochai
nement à statuer sur ces modifications.
Rappelons que ce comité a été institué le
16 juillet dernier par décret sur la proposi
tion du ministre de l'Agriculture.
Enfin, terminons en disant que M. Ruau,
qui devait se rendre à la grande réunion de
courses au trot donnée hier à Saint-Cloud,
au cours de laquelle s'est disputé le prix du
Ministère de l'Agriculture, ne s'est pas de-
placé, retenu qu'il était rue de Varenne en
raison des incidents de la veille.
Au Siège de la Société
d'Encouragement
Le comité de la Société d'Encouragement
a tenu hier une réunion qui s'est prolongée
très avant dans l'après-midi.
Il a examiné longuement 'a situation créée
par les incidents de la veille, ainsi que les
mesures à prendre pour en éviter le retour,
et s'est ajourné à six heures du soir pour ar-
rêter ses résolution.
Pendant que le comité" délibérait rue
Scribe, au siège central de la Société d'En-
couragement, les caisses de la rue Royale
étaient ouvertes au public qui, depuis dix
heures du matin, se pressait si nombreux
dans les bureaux qu'un véritable service
d'ordre avait dû être organisé par M. Murât,
officier de paix du huitième arrondissement.
Vers neuf heures du matin l'avis suivant
avait été placé sur un des battants de la
porte cochère
Les tickets des gagnant at plrecés des Ire,
2a et 3° courses sont payables d'après l'or-
dre d'arrivée pendant 7 jours.
Tous tes ticlcets distribués à la 4° course
seront remboursables dans Les 7 jours éga-
le ment.
En conséquence, les tickets de la course
litigieuse, le Handicap libre, ont été payés
sur présentation par leurs rlétenteurs ou dé-
tentrices.
Les Déclarations de M. le Mar-
quis de Ganay, commissaire de
la Société.
A sept heures et demie du soir, à l'issue
de la séance du comité, le représentant du
Petit Parisien a été reçu par M. le marquis
due Canay, l'un des commissaires de la so-
ciété, qui a bien voulu lui faire les déclara-
tions suivantes
M. le ministre de l'Agriculture a inter-
sentants de la capitale de l'empire britannique
sera comprise par tous les Anglais coome une
preuve de la profonde amitié exisbant entre les
deux peuples.
Permettei monsieur le Président, que je vous
exprime personnellement les sincères sentiments
de respect que nous ressentions tous à voire j
égard et à quel point nous appréciions Panrsbi-
lité que vous avez montrée en voulant bien nous
recevoir aujourd'hui.
Le discours du lard-maire était traduit par
M. de Billy, attaché au ministère des Affai-
res étrangères.
Immédiatement après ces disooors, le Pré-
sident de la République conduisit son hôte
dans la salle à manger, où un buffet avait
été dressé, que décoraient magnifiquement
un surtout de Sèvres et des fleurs.
Là, s'adressant à sir Francis Bertie, M.
Fallières a porté le toast suivant
Monsieur l'ambassadeur, je suis heureux de
saisir i'occasion que me procure l'aimable vi-
site du lord-maire pour iever mon verre en l'hon-
n;;ur de Sa Majesté le roi Edouard VU, de Sa
Majesté la reine, de la famille royale et de la
nation britannique.
J<: tiens également à por'^r voire santé et à
boire à cel'e du lorrî-rnuire et de ;a Corporation
de la Cité de lxindres.
A fz toai-t du Président de la République,
l'ambassadeur du Royaume-Uni a ainsi ré-
pondu
liansieur Ie Présidant. Je vons remercie du
toast que vous ave7. bien voulu porter à Sa Ma-
jesté le roi et a Sa Majesté la reine ainsi qu'à
leurs humbles sujets. Permettez-moi de porter
ici votre santé et celle du gouvernement de la
Hèpub'iniK!.
Après ces paroles, le Président de la Ré-
publique et le lord-maire, par le truchement
de M. de Billy, se sont entretenus quelques
instants durant avec la plus grande cordiar
lité..
Puis à cinq heures moins un quart, le
lord-maire, les shérifs et les aldermen de la
Cité de Londres, suivis peu après par sir
Francis Bertie, ont quitté 1 Elysée aux ac-
clamations de la foule que le service d'ordre
maintenait sans trop de difficultés en dehors
des barrages. Pour retourner au Grand-Ho-
teL le cortège du lord-maire a suivi la rue
Saint-Honoré, la me Royale, le boulevard de
la Madeleine, le boulevard ?es Capucines et t
la rue Scribe.
dit,.les rénnions de jeudi et de dimanche pro-
châins à Longchamps, par crainte de trou-
bles possibles.
Nous avons l'intention de voir demain ma-
tin mardi le ministre pour lui demander
d'autoriser la société à donner trois jour-
nées de courses à Chanfillv le dimanche 21,
le jeudi 25 et le dimanche octobre.
Il n'y aurait donc plus de réunion à Long-
champs oette année. Si l'autorisation nous
est donnée, nous préparerons de nouveaux
programmes, dans lesquels sera compris le
prix Gladiateur, pour lequel de nouveaux en-
gagements pourront être faits à temps peur
dimanche prochain 21 octobre.
Le Starter Bishop
M. de Ganay, sur notre demande, nous dé-
clare que c'est à tort que l'on a considéra
M. Bishop comme l'aide-starter de M. Fi-
gès, son beau-frère. M. Bishop est starter
au même titre que M. Figés. C'est lui qui
avait ?a charge de donner !e départ dans 'e
prix du Handicap libre, c'est lui qui en a as-
sumé la responsabil;té, qui n'incombe en
rien à M. Figés.
M. Bishop, interrogé, a affirmé qu'il avait
réellement donné le départ, qu'il avait jugé
bon, et qu'à aucun moment il n'avait eu la
pensée de lever son drapeau pour indiquer
qu'il était mauvais c'est pour cela que l'ai-
de-starter, posté 200 mètres en avant du dé-
part, sur la piste, n'a pas levé son drapeau,
qui aurait arrêté les jockeys. Devant l'affir-
mation du starter, Les commissaires n'a-
vaient pas le droit d'annuler la course.
Mais cependant, a ajouté M. de Ganay,
nous estimons que les circonstances qui se
sont produites au moment même où a joué
la starting-gate, le bris .des ficelles, dont les
extrémités en flottant ont cinglé la figure du
jockey Stern et se sont enroulées autour du
cou du jockey Reiff, l'indécision des autres
jockeys, devaient donner l'idée à Bishop
d'annuler un départ qui, bon en soi au mo-
ment même où il était donné, devenait dé-
fectueux è ce même moment. Bisbop a man-
qué d'esprit et de sang-froid, il ne donnera
plus les départs à la Société d'Encourage-
ment.
Les Jockeys disculpés
Les jockeys ont élé interrogés. Ils ont re-
connu qu'au moment ou le départ a été don-
né, les chevaux étaient en bonne position de-
vant la starting-gate, n:ais ils ont déclaré que
juste au moment où !e ressort a joué, un.
cheval, en avançant la tète, a brisé tes m-
bans, ce qui avait déterminé les incidents
dont ont surtout souffert G. Stern et J. Rein.
Cela justifie le temps d'arrêt qui a laissé
leurs chevaux en arrière. Il n'y a donc pas
de reproche à adresser à ces jockeys, et ils
ne seront pas punis.
Les Chiffres des Pertes subies
Les Employés du Mutuel
M. de Ganay a déc!art ensuite que le chif-
fre des pertes subies avait été exagéré;
il ne s'élève pas, après enquête, à plus de
200,000 francs, qui sont couverts par une
assurance. De même, c'est à tort que l'on a
dit que les caisses du pari mutuel avaient
été pillées c'est à peine si l'on a constaté la
disparition de 3 ou 4,000 francs.
Nos employés du mutuel, a ajouté
M. de Ganay, ont fait preuve d'un courage,
d'un sang-froid, d'une probité admirables,
et la Société d'Encouragement est fière de
le proclamer et des les assurer de sa re-
connaissance. Elle a décidé de doubler le
montant de' leurs appointements, pour la
journée de dimanche, et elle les indemni-
sera du préjudice matériel qu'ils auront pu
subir.
Notre représentant a vivement remercié
M. le marquis de Ganay de ses renseigne-
ments, qui permettront, aujourd'hui, de ju-
ger désormais en toute connaissance de
cause.
t
LA CATASTROPHE D'ÉPERNOI
LES MORTS ET LES BLESSÉS
Le Parquet de Chartres s'est livré à une Enquête de laquelle il semble
ressortir que l'Accident serait imputable au Mécanicien de la
Locomotive. Un Blessé a succombé, ce qui porte à dix
le Nombre des Morts.– Nouveaux et poignants Détails.
La ternble catastrophe qui s'est produite
avant-hier soir en gare d'Epernon a fait,
hélas une victime de plus. M. Désiré De-
vienne a succombé à ses bies'nires dans le
train qui le transportait à l'hôpital de Char-
tres. Céda porte à dix le nombre des morts.
Et tout fait prévoir que la funèbre bste n'est
pas encore close, car l'état de plusieurs bles-
sés, ceux, notamment, qui sont soignés à
l'hôpital de Chartres, est de pius en ptes
alarmant
Pendant la journée d'hier, comme on le
verra pfris loin, le parquet d'Eure-et-Loir
S'est efforcé de déterminer qui lut l'auteur
involontaire de cet effroyable malheur. La
responsabilité du mécanicien Louvet, qui
conduisait la machine tamponneuse, semble
gravement engagée, puisqu'il n'aurait tenu
aucun compte du signal d'arrêt Mais, en cet
sortes d'événements, la fatalité, elle aussi,
joue toujours un grand rôle. L'avenir nous
dira dans quelle mesure ce malheureux fut
coupable.
LES VISITES DE M. RÂRÏB3U
Le Ministre des Travaux publics snr ie
Théâtre de la Catastrophe. Après
avoir visité le Déjfbt mortuaire, il se
rend à Chartres.
(Dit NOS ENVOYÉS SPÉCIAUX}
Chartres, 15 octobre.
Le Petit Parisien avait annoncé, hier, que
dès la première nouvelle de la catastrophe,
M. Barthou, ministre des Travaux publics,
avait pris ses dispositions pour se rendre à
Epernon, où il y arriva à deux heures du
matin.
M. Barthou avait prié M. Larminat, direc-
i teur de la compagnie de l'Ouest, de vouloir
bien l'accompagner.
A Epernon, il retrouvait le préfet dture-
et-Loir et, en sa compagnie, il demandait à
visiter la salle d'attente transformée en dé-
pôt mortuaire et le lieu du tamponnement.
A la suite du ministre nous pénétrons
dans l'humble pièce sur le scl de laquelle
gisent, informes sous leurs voiles, les cada-
vres des infortunés voyageurs qui ont péri.
L'homme d'équipe tient élevé un groe fa-
lot qui projette un faisceau de lumière vive
sur chaque victime inanimée. L'émotion
nous étreint le cœur et, devant le spectacle
de ces pauvres corps sanglants, nous sen-
tons passer le frisson de la mort implacable.
N'est-ce pas un petit garçon ? 't de;nanda
le ministre en désignant du doigt un petit
cadavre absolument méconnaissabie dans
sts vêtements enroulés ?
Oui. monsieur le ministre, répond te
maire d'Epernon. et voici sa grand'mère.
Ces deux cadavres sont cmix du petit Hen-
I ry Deschamps, le fils du blanchisseur de
Meudon, et de Mme Deschampe mère.
Nous nous retirons étreints d'une pro-
fonde émotion.
C'est épouvantable, ces choses-là, mur-
mure le ministre.
Il est deux heures du matin.
M. Barthou annonce qu'il va prendre le
train qui passe à 2 h. 35 à Epernon pour se
rendre à Chartres, où sont hospitalisés sept
blessés.
Nous suivons le ministre des Travaux pn-
blics et montons derrière lui dans son wa-
grin. M. Barthou est accompagné de MM.
Lilaz, son chef de cabinet, Nfilléteau, préfet
[ d'Eure-et-Loir, et Larminat, directeur de !a
compagnie de l'Ouest. Une heure tard,
nous arrivons à Chartres et notre petit grou-
pe se dirige à pied, par une superbe nuit,
vers l'hôpital, situé à deux kilomètres.
Le ministre ne cesse de nous ent^'iTir
de la profonde affliction qu'il a éprouvée
i en apprenant cet accident terrible. Les -^nrls
sont déjà trop nombreux et ne peut-on crain-
dre, en arrivant à l'hôpital, d'apprendre de
nouveaux décès ?
A l'Hôpital de Chartres
La grille de l'établissement est close; il
faut réveiller le concierge en donnant des
coups de poing et des coups de pied dans la
porte. Le préfet décline sa qualité. Le con-
cierge, tout ému, s'empresse d'ouvrir et,
pour annoncer notre arrivée, il met en bran-
le une énorme cloche qui, étant données* les
circonstances, sonne comme un glas.
C'est lugubre, cette cloche, murmure
M. Barthou.
Nous arrivons au perron de l'hôpital, où
nous attend une religieuse en' cornette.
Sous sa direction nous nous dirigeons vers
la salle où sont deux femmes blessées. No-
tre arrivée réveille brusquement les mala-
des, qui se dressent sur leur couche, sur-
pris et un peu inquiets.
| Le premier lit devant lequel nous nous
arrêtons est occupé par une jeune femme
de vingt à vingt-cinq ans, fort jolie.
Eue est perdue, murmure la soeur elle
a reçu de très graves fractures au crâne.
Sa tête disparatt, en effet, presque tout
entière soiu un pansement taché de sang.
Dans un lit voisin repose une autre fem-
me qui a reçu de graves contusions, égale-
ment au crâne.
Souffrez- vous beaucoup, madame ? de-
mande le ministre.
Oh oui, docteur (sic) Je ne sais plus
ou je suis.
Nous nous rendons ensuite dans la salle
on se trouvent deux hommes ensanglantés.
Devant le lit de l'un d'eux, nous assistons à
une scène émouvante. Le blessé est un so-
lide gaillard au visage énergique qui, ses
deux mains sor les yeux, semble ablmé dans
une pu*/ ,'leur,
U.f r demande son nom et il
apprend
ton Gorju. Dans la soirée, sa mère et son
père sont venus inaililemeni le chercher à
Epemon.
Vous souffrez ? demande M. Barthtm.
Oh oui, mais la souffrance n'est rien.
J'ai leô deux jambes, coupées, Que vais-je
devenir
Le ministre, qui ne peut dissimuler son
émotion, s'éloigne en serrant longuement les
mains de cette infartunée victime.
Et nous voyons encore deux autres hom-
mes. L'un, Jean Pillard, d'Oisème, près de
Chartres, a une jambe et un bras fracturés.
Lui aussi est plein d'énergie et s'inquiète de
connaître la cause de l'accident. Le second,
Paul Paty, demeure 75, rue d'Orléans, au
Grand-Montrouge. Il porte des contusions à
la tête.
Nous sortons de l'hôpital, profondément
impressionnés par ce que nous y avons vu.
Après cette visite, le ministre est reparti
pour Paris.
SUR LES LIEUX DE LA CATASTROPHE
Pendant le Déblaiement de la Voie, da lu-
gubres Trouvailles sont faites. On
découvre, notamment, un pied de
Femme sur la Locomotive qui a tam-
ponné le Train omnibus.
Epernon, 15 octobre.
Rares sont les habitants d'Epernon qui se
sont conciles cette nuit, et de nombreux
jcanrs s'écouleront avant que le calme soit
L'Envoyée spécial dn a Petit Parisien » In-
terviewant M. Reverdy, le Mécanicien du
train tamponné.
revenu dans cette petite ville, d'ordinaire si
tranquille et que la catastrophe d'hier a lit-
téralement affolée.
A la première heure, ce matin, j'arpentais
le quai enccre désert. Sur la aie, une véri-
table armée d'hommes d'équipe travaillait
à la hie'jr iw:-ertame des lanternes, au dé-
blaiement. Cette opération, menée cepen-
dant très activement, se prolongera loug-
temps encore.
La machine qui a tarnpcnné le train cm-
nibnis 510 est effroyablement éventrée. Sa
cheminéa gît sur le sol au milieu de débris
de bois et de ferraille Cette locomotive,
achetée par la compagnie de l'Ouest au
Creusot, était depuis peu de temps en ser-
vice.
On a placé, sur la voie de garage, les dé-
bris des quatre voitures. Ces débris sont re-
couverts de bâches et des gendarmes tien-
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.43%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.43%.
- Collections numériques similaires Weber Arthur Weber Arthur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Weber Arthur" or dc.contributor adj "Weber Arthur")
- Auteurs similaires Weber Arthur Weber Arthur /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Weber Arthur" or dc.contributor adj "Weber Arthur")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5623032/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5623032/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5623032/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5623032/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5623032
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5623032
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5623032/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest