Presse et revues
8 pages
Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1867-04-14
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 14 avril 1867 14 avril 1867
Description : 1867/04/14 (A34,N20)-1867/04/20. 1867/04/14 (A34,N20)-1867/04/20.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k56198661
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
1072-34™ ANNÉE — N° 20.
PARAIT TOUS LES DIMANCHES
(Les Bureaux, 2 bis, rue Vivienne)
Dimanche 44 Avril 4807.
MUSIQUE ET THEATRES
J.-L. HEUGEL, Directeur
COLLABORATEURS DU JOURNAL :
MM. TH" ANNE, H. BARBEDETTE, HENRI BLAZE DE BURY, GUSTAVE BERTRAND, PAUL BERNARD,
OSCAR COMETTANT, G. DUPREZ, DE GASPERINI, L. GATAYES, LÉON HALÉYY,
B. JOUYIN, E. LEGOUVÉ, MARMONTEL, A. MÉREAUX, A. DE PONTMARTIN, PROSPER PASCAL,
ALPHONSE ROYER, G. DE SAINT-VALRY, P. RICHARD, J.-B. WEKERLIN et XAVIER AUBRYET
Adresser FRANCO à. M. J.-L. HECGEL, directeur du MÉNESTREL, 2 bis, rue Vivienne, les Manuscrits, Lettres et Bons-postes d'abonnement.
Un an, texte seul : 10 francs, Paris et Province. — Texte et Musique de Chant 20 fr.; Texte et Musique de Piano, 20 fr., Paris et Province.
Abonnement complet d'un an, Texte, musique de Chant et de Piano, 30 fr., Paris et Province. — Pour l'Étranger, les frais de poste en sus.
SOMMAIRE-TEXTE
1, La messe du prince Poniutowski, A. DE GA.SPF.IUM. —II. Semaine théâtrale: premières
représentations de la Grande Duchesse, de la Tic nouvelle, des Souvenirs, de Columclla;
nouvelles, GUSTAVE BEIITBAND. — III. Saison de Londres 1867 (correspondance), DE RETZ.
— IV. Exposition universelle dé 18C7 : comité de l'exécution musicale. — V. Nouvelles
, cl nécrologie.
MUSIQUE DE CHANT
Nus abonnés à la musique de CHANT recevront avec le numéro de ce jour :
LA DÉLAISSÉE
mélodie de Mn,e la Vsse DE GRANDVAL, poésie de J. Du BOYS; suivra immédiate-
ment: l'ÉTINCELLE, de M. BERGSOM, paroles de LÉO LESPÈS (TIMOTHÉE TRIMM).
PIAN3
Nous publierons dimanche prochain pour nos abonnés à la musique de PIA.NO :
mie transcription de MIGNON, par G. BIZET ; suivra immédiatement:
Dimanche prochain, le 7e article de la 3e partie du travail de M. B. JOUVIN sur
IIÉROLD ET SES OEUVRES.
LA MESSE DU PRINCE PONIATOWSKI
A SAINT-EUSTACHE
J'espérais entendre de nouveau , à l'Athénée ou ailleurs, la messe de
M. le prince Poniatowski, exécutée il y a quelques semaines à l'église
Saiut-Euslache, et offrir aux lecteurs au. Ménestrel des impressions com-
plète;. Celle exécution nouvelle ne s'étant pas présentée, je ne peux que
transcrire ici les quelques lignes que m'ont inspirées la première
audition :
" L'an dernier, à pareille époque (c'est la Liberté du lundi 25 mars qui
parle), nous élions invité à aller entendre à Sainl-Eustache une messe so-
lennelle de l'abbé Liszt. Tout le monde musical était en mouvement, toute
là critique était à son poste,' et -am première, môme organisée par-M. Du-
toasfils, n'eûtpas produit un tel émoi. On dissertait, on discutait à l'église,
hors de l'église,, dans tous les salons, dans tous les journaux. Pendant huit
grands jours au moins, la messe de Listz fut la préoccupation du Paris ar-
lste;raais l'agitation"se calma, les habiles ayant décidé presque unanime-
j11™ que la tentative était médiocre , et que le célèbre artiste s'était abso-
lument trompé. »
Nous fûmes de ceux qui protestèrent contre celte opinion précitée.
Depuis l'an passé, j'ai entendu bien souvent celte messe, admirablement
arrangée à quatre mains pour le piano, et chaque audition m'a fait péné-
trer davantage dans le sens de cette grande oeuvre. Je crois la posséder
pleinement aujourd'hui, et j'en admire de toutes mes forces l'ordonnance
générale, le style, les formes hautes et vigoureuses. Certaines pages, — le
Credo entre autres—sont d'une clarté magistrale, et peuvent être comparées
à ce que l'art musical a enfanté de plus beau.
Malheureusement, elle est écrite dans une langue que trop peu de
gens parlent en France, j'entends ceux qui se croient musiciens et le pro-
clament bien haut. D'ailleurs elle fut assez médiocrement exécutée, et je
ne m'étonne point qu'elle soit restée à l'état de problème indéchiffrable
pour la majeure partie du public. Son heure viendra.
La messe du prince Poniatowski n'est point écrite dans le môme style ;
la composition des morceaux, leur-plan n'a rien de commun avec celui que
Liszt a adopté. Nous retrouvons ici, avec une certaine largeur inaccoutu-
mée dans la pensée, dans la manière, l'ordonnance des messes italiennes,
et ce style clair essentiellement mélodique, auquel tiennent d'abord nos
voisins.
M. le prince Poniatowski est italien par goût, par tendance, par habitude -
il a eu en Italie des succès bruyants; il aime passionnément ce beau pays
« le pays des citronniers » et de l'inépuisable mélodie. Il conservera jus-
qu'au bout ses premières tendances.
Nous ne l'en blâmons point ; nous avons voulu caractériser d'un mot
ses prédilections visibles. Nous ajouterons qu'à côté de l'influence ita-
lienne se manifeste, dans la messe que nous entendions jeudi dernier, une
certaine préoccupation des formes amples, des harmonies fortes, de l'or-
chestration expressive, que nous n'avons jamais rencontrée si nettement
formulée chez l'auteur de Pierre de Médicis.
La phrase banale, la cadence attendue, la formule recommandée sont
rejetées impitoyablement. L'auteur a choisi sa route ; il sait où il va et il
marche au but avec une indépendance généreuse dans le mouvement et
l'allure.
Par moments, dans le Kyrie, dans le Credo surtout, l'inspiration monte
et s'élargit visiblement, Un vif sentiment de douleur accablée, de foi ar-
dente traverse tour à tour la trame mélodique. L'effet de ces morceaux a
été Jrès-grand. Toutes les parties de la messe, que caractérisent surtout la
douceur, la résignation, l'attendrissement de l'âme devant la béatitude en-
trevue , sont remarquablement réussies. Voilà, en somme, une oeuvre fort
intéressante et très-supérieure, à mon sens, à ce que l'auteur avait écrit
jusqu'ici.
. Parlerai-je de l'exécution? M,u 0 de Caters, l'artiste femme du monde qui
fait, dans les grandes occasions, entendre à l'église sa voix magnifiquement
timbrée, n'a jamais chanté avec plus d'ampleur, d'énergie et d'exquise
suavité. MM. Agnesi.Perrier, Bollaërt, chargés des divers solos, ont ajouté
à l'éclat de cette belle exécution.
A. DE GASPERIXI.
PARAIT TOUS LES DIMANCHES
(Les Bureaux, 2 bis, rue Vivienne)
Dimanche 44 Avril 4807.
MUSIQUE ET THEATRES
J.-L. HEUGEL, Directeur
COLLABORATEURS DU JOURNAL :
MM. TH" ANNE, H. BARBEDETTE, HENRI BLAZE DE BURY, GUSTAVE BERTRAND, PAUL BERNARD,
OSCAR COMETTANT, G. DUPREZ, DE GASPERINI, L. GATAYES, LÉON HALÉYY,
B. JOUYIN, E. LEGOUVÉ, MARMONTEL, A. MÉREAUX, A. DE PONTMARTIN, PROSPER PASCAL,
ALPHONSE ROYER, G. DE SAINT-VALRY, P. RICHARD, J.-B. WEKERLIN et XAVIER AUBRYET
Adresser FRANCO à. M. J.-L. HECGEL, directeur du MÉNESTREL, 2 bis, rue Vivienne, les Manuscrits, Lettres et Bons-postes d'abonnement.
Un an, texte seul : 10 francs, Paris et Province. — Texte et Musique de Chant 20 fr.; Texte et Musique de Piano, 20 fr., Paris et Province.
Abonnement complet d'un an, Texte, musique de Chant et de Piano, 30 fr., Paris et Province. — Pour l'Étranger, les frais de poste en sus.
SOMMAIRE-TEXTE
1, La messe du prince Poniutowski, A. DE GA.SPF.IUM. —II. Semaine théâtrale: premières
représentations de la Grande Duchesse, de la Tic nouvelle, des Souvenirs, de Columclla;
nouvelles, GUSTAVE BEIITBAND. — III. Saison de Londres 1867 (correspondance), DE RETZ.
— IV. Exposition universelle dé 18C7 : comité de l'exécution musicale. — V. Nouvelles
, cl nécrologie.
MUSIQUE DE CHANT
Nus abonnés à la musique de CHANT recevront avec le numéro de ce jour :
LA DÉLAISSÉE
mélodie de Mn,e la Vsse DE GRANDVAL, poésie de J. Du BOYS; suivra immédiate-
ment: l'ÉTINCELLE, de M. BERGSOM, paroles de LÉO LESPÈS (TIMOTHÉE TRIMM).
PIAN3
Nous publierons dimanche prochain pour nos abonnés à la musique de PIA.NO :
mie transcription de MIGNON, par G. BIZET ; suivra immédiatement:
Dimanche prochain, le 7e article de la 3e partie du travail de M. B. JOUVIN sur
IIÉROLD ET SES OEUVRES.
LA MESSE DU PRINCE PONIATOWSKI
A SAINT-EUSTACHE
J'espérais entendre de nouveau , à l'Athénée ou ailleurs, la messe de
M. le prince Poniatowski, exécutée il y a quelques semaines à l'église
Saiut-Euslache, et offrir aux lecteurs au. Ménestrel des impressions com-
plète;. Celle exécution nouvelle ne s'étant pas présentée, je ne peux que
transcrire ici les quelques lignes que m'ont inspirées la première
audition :
" L'an dernier, à pareille époque (c'est la Liberté du lundi 25 mars qui
parle), nous élions invité à aller entendre à Sainl-Eustache une messe so-
lennelle de l'abbé Liszt. Tout le monde musical était en mouvement, toute
là critique était à son poste,' et -am première, môme organisée par-M. Du-
toasfils, n'eûtpas produit un tel émoi. On dissertait, on discutait à l'église,
hors de l'église,, dans tous les salons, dans tous les journaux. Pendant huit
grands jours au moins, la messe de Listz fut la préoccupation du Paris ar-
lste;raais l'agitation"se calma, les habiles ayant décidé presque unanime-
j11™ que la tentative était médiocre , et que le célèbre artiste s'était abso-
lument trompé. »
Nous fûmes de ceux qui protestèrent contre celte opinion précitée.
Depuis l'an passé, j'ai entendu bien souvent celte messe, admirablement
arrangée à quatre mains pour le piano, et chaque audition m'a fait péné-
trer davantage dans le sens de cette grande oeuvre. Je crois la posséder
pleinement aujourd'hui, et j'en admire de toutes mes forces l'ordonnance
générale, le style, les formes hautes et vigoureuses. Certaines pages, — le
Credo entre autres—sont d'une clarté magistrale, et peuvent être comparées
à ce que l'art musical a enfanté de plus beau.
Malheureusement, elle est écrite dans une langue que trop peu de
gens parlent en France, j'entends ceux qui se croient musiciens et le pro-
clament bien haut. D'ailleurs elle fut assez médiocrement exécutée, et je
ne m'étonne point qu'elle soit restée à l'état de problème indéchiffrable
pour la majeure partie du public. Son heure viendra.
La messe du prince Poniatowski n'est point écrite dans le môme style ;
la composition des morceaux, leur-plan n'a rien de commun avec celui que
Liszt a adopté. Nous retrouvons ici, avec une certaine largeur inaccoutu-
mée dans la pensée, dans la manière, l'ordonnance des messes italiennes,
et ce style clair essentiellement mélodique, auquel tiennent d'abord nos
voisins.
M. le prince Poniatowski est italien par goût, par tendance, par habitude -
il a eu en Italie des succès bruyants; il aime passionnément ce beau pays
« le pays des citronniers » et de l'inépuisable mélodie. Il conservera jus-
qu'au bout ses premières tendances.
Nous ne l'en blâmons point ; nous avons voulu caractériser d'un mot
ses prédilections visibles. Nous ajouterons qu'à côté de l'influence ita-
lienne se manifeste, dans la messe que nous entendions jeudi dernier, une
certaine préoccupation des formes amples, des harmonies fortes, de l'or-
chestration expressive, que nous n'avons jamais rencontrée si nettement
formulée chez l'auteur de Pierre de Médicis.
La phrase banale, la cadence attendue, la formule recommandée sont
rejetées impitoyablement. L'auteur a choisi sa route ; il sait où il va et il
marche au but avec une indépendance généreuse dans le mouvement et
l'allure.
Par moments, dans le Kyrie, dans le Credo surtout, l'inspiration monte
et s'élargit visiblement, Un vif sentiment de douleur accablée, de foi ar-
dente traverse tour à tour la trame mélodique. L'effet de ces morceaux a
été Jrès-grand. Toutes les parties de la messe, que caractérisent surtout la
douceur, la résignation, l'attendrissement de l'âme devant la béatitude en-
trevue , sont remarquablement réussies. Voilà, en somme, une oeuvre fort
intéressante et très-supérieure, à mon sens, à ce que l'auteur avait écrit
jusqu'ici.
. Parlerai-je de l'exécution? M,u 0 de Caters, l'artiste femme du monde qui
fait, dans les grandes occasions, entendre à l'église sa voix magnifiquement
timbrée, n'a jamais chanté avec plus d'ampleur, d'énergie et d'exquise
suavité. MM. Agnesi.Perrier, Bollaërt, chargés des divers solos, ont ajouté
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