Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1839-12-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 29 décembre 1839 29 décembre 1839
Description : 1839/12/29 (A7,N5)-1840/01/04. 1839/12/29 (A7,N5)-1840/01/04.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5617952q
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
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de Postes ou des Messageries, ou enfin par une
lettre adressée au bureau du Ménestrel, et accom-
pagnée d'un mandat sur la poste ou sur une mai*
son de Paris*
Le Ménestrel publiera dimanche prochain une
romance nouvelle de M. GRISAR. En attendant
cette production , qu'ils accueilleront comme
une bonne fortune, nos abonnés nous sauront
gré de leur faire connaître les paroles qui ont
inspiré cet habile compositeur.
TU N'AIMES PAS !
Tu n'aimes pas I il faut enfin le dire 1
Secret affreux de toutes mes douleurs,
Depuis long-temps révélé par mes pleurs,
Sans que pourtant ma main ait pu l'écrire ;
Mais ta froideur a comblé mes tourmens,
Et tes mépris fatiguent ma constance.'...
Rends-moi l'ardeur de tes premiers sermens,
Ou laisse-moi comprendre ton silence...
Tu n'aimes pasl non, non, tu n'aimes pas !
Tu n'aimes pas!... ta voix serait plus tendre,
Et chaque mot de ta bouche envolé,
Frappant mon coeur comme un chant isolé,
Jusques à lui viendrait se faire entendre ;
Mais au concert des plus doux instrumens,
C est en vain qu'elle emprunte son délire,
Aucun écho ne vibre à ses accens ;
1} reste froid, jamais rien ne l'inspire...
Tu n'aimes pas ! non, non, tu n'aimes pas !
Tu n'aimes pas !... sous la mélancolie,
Languissamment ton froiit serait penché ;
Le hoir chagrin qui déjà m'a touché,
De son iincéul aurait flétri ta vie..i
Mais dans ce monde où nous allons tous deux ,
C'est toi qui plais et c'est moi qui soupire :
L'insouciance éclate dans tes yeux,
Et sur ta bouche est toujours un sourire...
Tu n'aimes pas 1 non, non , tu n'aimes pas !
André DELRIEU.
Les concerts-monstres ne sont pas d'invention moderne. Un
journal allemand rend compte d'une solennité de ce genre don-
née le 13 juillet 16-15, à Dresde, par le3 ordres de l'électeur
Jean-Georges de Saxe, et qui surpasse tout ce que nous avons
vu de nos jours.
Ce concert devait rendre l'épisode fflloloplierne. Les paroles
en furent écrites par Maiheseus Pftaumcnkem et mises en mu-
sique par le chantre de la cour, Hilaire Grundmaus. L'électeur
fut si content de ce programme, qu'il fit présent au compositeur
de cinq quartaux de bière et le chargea de faire quelque chose
de grandiose avec carte blanche pour les frais. En conséquence,
tous les artistes de l'Allemagne, de l'Helvélie, du Pays-de-Vaud,
de la Pologne et de l'Italie furent invités à venir contribuer avec
leurs disciples à la gigantesque fête musicale de Dresde où, dés
le neuf juillet 1615, le jour de saint Cyrille, il se trouva rassem-
blé cinq cent soixante-seize instrumens et neuf cent dix-neuf
choristes, sans compter les amateurs de Dresde.
Les instrumentistes arrivèrent armés, de pied en cap de tous
les instrumens connus a cette époque et d'une multitude d'ins-
trumens de nouvelle invention qui n'avaient jamais été vus à
Dresde. Un certain Rapotsky, de Cracovie, amena, sur un cha-
riot traîné par huit inules, un véritable engin de guerre musi-
cal, une énorme conlrebasje qui avait sept aunes des Pays-Bas
en hauteur. L'artiste de Cracovie avait adopté très ingénieuse-
ment une petite échelle qui lui permettait de voltiger depuis le
faîte du manche jusqu'au chevalet de sa contrebasse, en prome-
nant son archet sur les trois cordes ( probablement autant de
câbles de vaisseau ).
On étudiant de Wittemberg, nommé Rumpler, avait pris sur
lui la tache de chanter la partie d'Holopherne , a condition de
pouvoir se mettre en voix dans la taverne en humectant son
gosier d'une mer de bière aux frais de l'ordonnateur de la fête.
Toutes les dispositions achevées, et le jour tant désiré étant
arrivé, tous les exécutans allèrent se placer sur leur orchestre
adossé à un petit bois dit le bosquet du Pinçon, entouré d'une
Colline couronnée d'échafaudages et de banquettes de gazon
pour la foule des auditeurs accourus même des pays les plus
lointains, afin de jouir de cette singulière harmonie, Et dans la
crainte que la basse de Rapotsky ne dominât pas assez 1rs ins-
trumens et les voix, le chantre Grundmaus eu imagina une au-
tre, qu'il trouva sur les lieux mêmes, sous la forme d'un moulin
à vent, entre les ailes duquel il fit tendre d'énormes câbles que
quatre artis'es placés aux angles, en haut comme en bas, se
chargèrent de faire ronfler en les frottant d'une forte pièce de
bois dentelée.
D'un côté de l'orchestre, il y avait un grand orgue sur lequel
frappait à coups de poings le père Serapion, et pour servir de
timballes, l'Electeur lit mettre en batterie quatre bombardes
dûment chargées par le canonier de la cour, qui la blousa sui-
vant la partition.
L'exécution fut d'un effet magique. Parmi les cantatrices, la
prima-doua Bigazzi, de Milan, se distingua particulièrement
parles fioritures qu'elle poussa a un fanatisme tel, qu'il lui coûta
la vie deux jours après le concert.
Le premier violon de l'époque, Giovandi Scioppo, de Cré-
mone, exécuta, en tenant son instrument derrière le dos, les par-
ties concertantes les plus difficiles de sa partie. L'étudiant Rum-
pler, accompagné en partie-obligée parla basse Rapotsky, chaula
un air qui lit trembler les collines, et le final, une double fugue,
fut rendu avec une telle vérité, que les chanteurs étrangers qui
faisaient la partie des Assyriens fuyans, et les choristes de Dresde
qui étaient les Israélites vainqueurs, se livrèrent, dans le jin-
roxisme de leur délire d'artiste, unejbataillc à coups de motte de
terre, ce qui fil bien rire l'Electeur, qui dut y mettre le holà au
moyen de ses gardes; car il allait rester des morts sur le champ
de bataille.
Le chantre de la cour fut gratifié par l'Electeur d'un baril de
Niersteiner et de 50 florins du pays, en récompense de son zèle
à organiser le concert et du résultat merveilleux qu'il avait
obtenu.
€nt0U e^otmtt*? (jtt'ott Mît partout.
Ecce iterum Crisplnus!
Chaque saison musicale ramène l'homme qu'on voit partout.
Ce n'est, comme vous savez, ni un chanteur, ni un exécutant,
ni un compositeur, et cependant il est toujours, par privilège, et
des premiers, au salon des artistes, mêlé à eux comme le frelon
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inspiré cet habile compositeur.
TU N'AIMES PAS !
Tu n'aimes pas I il faut enfin le dire 1
Secret affreux de toutes mes douleurs,
Depuis long-temps révélé par mes pleurs,
Sans que pourtant ma main ait pu l'écrire ;
Mais ta froideur a comblé mes tourmens,
Et tes mépris fatiguent ma constance.'...
Rends-moi l'ardeur de tes premiers sermens,
Ou laisse-moi comprendre ton silence...
Tu n'aimes pasl non, non, tu n'aimes pas !
Tu n'aimes pas!... ta voix serait plus tendre,
Et chaque mot de ta bouche envolé,
Frappant mon coeur comme un chant isolé,
Jusques à lui viendrait se faire entendre ;
Mais au concert des plus doux instrumens,
C est en vain qu'elle emprunte son délire,
Aucun écho ne vibre à ses accens ;
1} reste froid, jamais rien ne l'inspire...
Tu n'aimes pas ! non, non, tu n'aimes pas !
Tu n'aimes pas !... sous la mélancolie,
Languissamment ton froiit serait penché ;
Le hoir chagrin qui déjà m'a touché,
De son iincéul aurait flétri ta vie..i
Mais dans ce monde où nous allons tous deux ,
C'est toi qui plais et c'est moi qui soupire :
L'insouciance éclate dans tes yeux,
Et sur ta bouche est toujours un sourire...
Tu n'aimes pas 1 non, non , tu n'aimes pas !
André DELRIEU.
Les concerts-monstres ne sont pas d'invention moderne. Un
journal allemand rend compte d'une solennité de ce genre don-
née le 13 juillet 16-15, à Dresde, par le3 ordres de l'électeur
Jean-Georges de Saxe, et qui surpasse tout ce que nous avons
vu de nos jours.
Ce concert devait rendre l'épisode fflloloplierne. Les paroles
en furent écrites par Maiheseus Pftaumcnkem et mises en mu-
sique par le chantre de la cour, Hilaire Grundmaus. L'électeur
fut si content de ce programme, qu'il fit présent au compositeur
de cinq quartaux de bière et le chargea de faire quelque chose
de grandiose avec carte blanche pour les frais. En conséquence,
tous les artistes de l'Allemagne, de l'Helvélie, du Pays-de-Vaud,
de la Pologne et de l'Italie furent invités à venir contribuer avec
leurs disciples à la gigantesque fête musicale de Dresde où, dés
le neuf juillet 1615, le jour de saint Cyrille, il se trouva rassem-
blé cinq cent soixante-seize instrumens et neuf cent dix-neuf
choristes, sans compter les amateurs de Dresde.
Les instrumentistes arrivèrent armés, de pied en cap de tous
les instrumens connus a cette époque et d'une multitude d'ins-
trumens de nouvelle invention qui n'avaient jamais été vus à
Dresde. Un certain Rapotsky, de Cracovie, amena, sur un cha-
riot traîné par huit inules, un véritable engin de guerre musi-
cal, une énorme conlrebasje qui avait sept aunes des Pays-Bas
en hauteur. L'artiste de Cracovie avait adopté très ingénieuse-
ment une petite échelle qui lui permettait de voltiger depuis le
faîte du manche jusqu'au chevalet de sa contrebasse, en prome-
nant son archet sur les trois cordes ( probablement autant de
câbles de vaisseau ).
On étudiant de Wittemberg, nommé Rumpler, avait pris sur
lui la tache de chanter la partie d'Holopherne , a condition de
pouvoir se mettre en voix dans la taverne en humectant son
gosier d'une mer de bière aux frais de l'ordonnateur de la fête.
Toutes les dispositions achevées, et le jour tant désiré étant
arrivé, tous les exécutans allèrent se placer sur leur orchestre
adossé à un petit bois dit le bosquet du Pinçon, entouré d'une
Colline couronnée d'échafaudages et de banquettes de gazon
pour la foule des auditeurs accourus même des pays les plus
lointains, afin de jouir de cette singulière harmonie, Et dans la
crainte que la basse de Rapotsky ne dominât pas assez 1rs ins-
trumens et les voix, le chantre Grundmaus eu imagina une au-
tre, qu'il trouva sur les lieux mêmes, sous la forme d'un moulin
à vent, entre les ailes duquel il fit tendre d'énormes câbles que
quatre artis'es placés aux angles, en haut comme en bas, se
chargèrent de faire ronfler en les frottant d'une forte pièce de
bois dentelée.
D'un côté de l'orchestre, il y avait un grand orgue sur lequel
frappait à coups de poings le père Serapion, et pour servir de
timballes, l'Electeur lit mettre en batterie quatre bombardes
dûment chargées par le canonier de la cour, qui la blousa sui-
vant la partition.
L'exécution fut d'un effet magique. Parmi les cantatrices, la
prima-doua Bigazzi, de Milan, se distingua particulièrement
parles fioritures qu'elle poussa a un fanatisme tel, qu'il lui coûta
la vie deux jours après le concert.
Le premier violon de l'époque, Giovandi Scioppo, de Cré-
mone, exécuta, en tenant son instrument derrière le dos, les par-
ties concertantes les plus difficiles de sa partie. L'étudiant Rum-
pler, accompagné en partie-obligée parla basse Rapotsky, chaula
un air qui lit trembler les collines, et le final, une double fugue,
fut rendu avec une telle vérité, que les chanteurs étrangers qui
faisaient la partie des Assyriens fuyans, et les choristes de Dresde
qui étaient les Israélites vainqueurs, se livrèrent, dans le jin-
roxisme de leur délire d'artiste, unejbataillc à coups de motte de
terre, ce qui fil bien rire l'Electeur, qui dut y mettre le holà au
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