Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1891-01-11
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 11 janvier 1891 11 janvier 1891
Description : 1891/01/11 (A57,N2)-1891/01/17. 1891/01/11 (A57,N2)-1891/01/17.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k56162023
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
12
LE MÉNESTREL
Aubin se montrait infatigable, toujours sur la brèche, et ne mar-
chandait pas ses services au théâtre dont elle était devenue lun
des plus fermes soutiens. Le public lui savait gré d'ailleurs de son
courage, de son assiduité, de son empressement à lui plaire, et
l'excellente artiste, aussi estimée comme femme qu'elle était aimée
et admirée comme actrice, se voyait à chaque instant l'objet des
manifestations touchantes de la sympathie de tous. Nous en aurons
plus d'un exemple. Et la faveur dont elle jouissait est d'autant plus
remarquable qu'elle était serrée de près par des rivales nombreuses,
et qu'en un temps ou le théâtre Favart comptait dans son personnel
féminin des artistes telles que M""" Gonthier, Gavaudan, Créfeu,
Carline Nivelon, Renaud-d'Avrigny, M 11" Desbrosses, Armand, Philis,
Pingenet, il fallait que la supériorité de M" 10 Saint-Aubin sur des
émules si heureusement douées fût bien éclatante pour être aussi
incontestée. Aux ouvrages créés par elle ot que je citais il n'y a
qu'un instant, il faut ajouter, pour les années qui suivirent, Mêlidore
et Phrosine et le Jeune Henri), de Méhul, Andros et Almona, de Lemière
de Corvey, Azéline, de Rigel, le Jockey et la Femme de 45 ans, de Solié,
Lisbeth, de Grétry, où son succès fut si grand que le peintre Bouchet
exposa, au Salon de l'an VI, f on portrait dans le costume de Lisbeth,
puis Adèle cl Dorsan, Marianne, et la Maison isolée ou le Vieillard des
Vosges, de d'Alayrac. Pour d'Alayrac, elle était, on peut le dire, son
interprète favorite et particulièrement recherchée, car je n'ai pas
relevé moins de seize rôles établis par elle dans les opéras de ce
compositeur. Encore ne suis-je pas certain que la liste en soit
complète (1).
Il n'est pas inutile de Taire remarquer que Mme Saint-Aubin, au
plus fort de ses succès et de sa renommée, n'hésitait pourtant jamais
à accorder l'appui de son talent aux jeunes auteurs qui débutaient
à la scène et dont elle affermissait ainsi les premiers pas. C'est que
c'était une véritable artiste, qui non seulement avait le respect du
public et le respect d'elle-même, mais qui pensait qu'on ne saurait
encourager d'une façon trop efficace les jeunes artistes qui abordent
la carrière et qui ont besoin, pour y réussir, du concours de ceux-là
surtout qui ont la connaissance et l'expérience du danger. C'est
ainsi qu'on la vit se charger de rôles importants dans Euphrosine,
premier ouvrage de Méhul, dans le Prisonnier, premier ouvrage de
Délia Maria, dans le Rêve,-Fanny Morna, la Dame voilée, qui étaient
les débuts à l'Opéra-Comique de Gresnick, de Persuis et de Men-
gozzi. Pour Délia Maria, dont la carrière, commencée d'une façon
si brillante, devait être si courte, elle l'avait pris en véritable affection,
étoile prit part à l'interprétation non-seulement du Prisonnier, dont
elle partagea l'éclatant succès, mais des quatre autres ouvrages compo-
sés par lui : l'Opéra-Comique., l'Oncle valet, la Fausse Duègne eiJacquot ou
l'Ecole des mères. Et l'on peut supposer qu'à ce moment elle était à
même, sous ce rapport, d'agir à peu près à sa guise et à sa volonté : en
possession de la faveur constante du public, jouissant auprès de ses
camarades d'une influence légitime, sociétaire à part entière et, de
plus, faisant partie, avec Chenard, Solié, Philippe et Carline Nive-
lon, du comité des cinq administrateurs de l'Opéra-Comique, elle
avait évidemment toute liberté de choisir ses rôles, et sans doute
eût pu se récuser à l'occasion sans que personne y trouvât à redire.
Mais elle ne voyait que le bien du théâtre, l'intérêt des auteurs et
la satisfaction du public. Trouverait-on aujourd'hui beaucoup d'ar-
tistes do la valeur et du renom de M"'° Saint-Aubin, pour agir avec
autant de conscience, de délicatesse et de modestie?...
En 1797, pendant une longue fermeture que des circonstances
particulièrement difficiles imposèrent à l'Opéra-Comique, nous voyons
Mlm! Saint-Aubin aller donner des représentations en province avec
sou mari et deux de ses camarades (2). De retour à la fin de l'année
(1) File était intimement liée avec d'Alayrac, comme elle l'était avec Méhul
comme ello le fut avec Boieldieu et la plupart des compositeurs aux succès des-
quels clic contribuait si puissamment. Pour d'Alayrac, on va voir ce qui en était
par le ton tout familier de ce fragment d'une lettre qu'il lui adressait du Havre
le 2 Prairial an VII (22 mai 1800), à l'époque où le malheureux Michu, l'ancien
ténor si renommé du théâtre Favart, avait eu la malencontreuse idée de prendre
la direction de celui de Rouen, ce qui fut cause de sa ruine et de son suicide •
- «... Si tu avais jamais envie de te faire directrice, ma chère amie, j'userais
dos tristes droits que tu veux bien sans doute laisser à un ancien ami pour t'en
empêcher; on dit que le pauvre Michu ne tardera pas à être ruiné si cela con-
tinue; les houanais (,«,) n'en doutent pas, et ils y font ce qu'ils peuvent- ils
von peu au spectacle; nous avons vu à l'autre salle Talma et M-Petit dans
Othello e quoiqu'ils ayent joué à merveille, il y avait a peine cinq cents rancs e
e directeur leur en donne 800 : 500 au mâle et 300 à la femelle . , (Voy Catl
logueda autographe du baron de Trémont, Paris, Laverdet, 1852 in-8 1
(2) MM. Chenard et Sollier, M. et M- Saint-Aubin du théitre 1. T, r
sont actuellement» Lyon, et se proposent de donner une douane d \ S
talions. Ils ont déjà paru dans Raoul de Crénui, Philippe et GeorteUe LodoïsM
Rose a Colas. Ces quatre artistes, en quittant cette ville doivlf L°™.'
Marseille. - (Quotidienne, du 9 Messidor, an V - 27 Juin 179° r6ndre *
elle crée en 1798, entre autres ouvrages, la Dot de Suzette, de Boiel- J:
dieu et dès les premiers jours de 1799 elle obtient un brillant et ;
nouveau succès dans un nouvel opéra de Grétry, Elisca ou l'Amour 'î
maternel. C'est, je crois, à la troisième représentation de cet ouvrage,
que se produisit un incident d'autant plus flatteur pour elle qu'il
était rare à cette époque, et qui était ainsi rapporté par le Journal
de Paris: « L'opéra d'Elisca attire toujours un grand nombre de
spectateurs. Quelques coupures faites au dialogue ayant donné plus
de rapidité à l'action, l'ensemble de cet ouvrage ne laisse plus
maintenant rien à désirer. Avant-hier, au moment où Ton baissoit
la toile, une couronne de myrthe et de lauriers est tombée des
loges sur le théâtre. Elle étoit destinée à la Cne Saint-Aubin, et le
public, partageant la juste admiration de celui qui l'avoil tressée, a
voulu qu'on la remît sur-le-champ à sou adresse. La Cne Saint- .
Aubin a donc été amenée et couronnée sur la scène, et l'enthou-
siasme général a été porté à son comble (1). »
C'est dans cet opéra d'Elisca que parut pour la première fois à la
scène, dans un rôle d'enfant, la seconde fille de Mme Saint-Aubin,
Alexandrine, qui ne devait débuter sérieusement à l'Opéra-Comique
qu'en 1809, cinq ans après sa soeur. On lisait à ce propos, dans le
Journal des Théâtres du 31 janvier :
Couplet pour Zizine Saint-Aubin, enfant de cinq ans, fait après la 7° re-
présentation d'Elisca, où Zizi avait été extrêmement applaudie :
Air : Pour passer doucement la vie.
Zizine, au bon coeur de ta mère,
Tu joins ses grâces, ses attraits,
L'esprit, la douceur de ton père ;
En toi l'on voit leurs deux portraits.
Le même journal, dans le même numéro, rendait au talent si souple
et si varié de Mme Saint-Aubin l'hommage que voici :
La citoyenne Saint-Aubin, cette charmante actrice, dont le talent em-
brasse tous les genres avec une égale perfection, a donné, le 8 de ce mois,
jour d'une première représentation, une nouvelle preuve de zèle, qui doit
ajouter à sa réputation, et dont le public, qui ne la voit jamais assez,
malgré son travail assidu, lui a marqué sa satisfaction. Elle A joué, le
même jour, dans les trois pièces, trois rôles d'un caractère opposé, d'un
genre différent, avec le même succès. Aimable, sensible et modeste dans
la Dot de Suzette, remplie de finesse, de gaité et d'esprit dans la soubrette
du Rêve, joli opéra nouveau, elle a reparu enfin dans Jean et Geneviève,
sous le travestissement d'un petit commissionnaire, qu'elle a joué avec
autant d'espièglerie et de grâce que de sensibilité. Aussi le public, qui
ne laisse jamais échapper l'occasion de lui faire quelqu'application flat-
teuse, a-t-il beaucoup applaudi dans la Dot de Suzette, lorsque Chenu dit,
en parlant de sa soeur : « Partout où elle paraît, on la voit toujours avec
plaisir. »
(A suivre.) ARTHUR POUGIN.
NOUVELLES DIVERSES
ETRANGER
De notre correspondant de Belgique (8 janvier). — La première de
Siegfried a été de nouveau retardée ; elle est finalement annoncée pour
lundi, 12 ; mais un nouveau retard se produira sans doute, ce sera alors
pour mardi ou pour jeudi. Les répétitions se succèdent, tout autre travail
cessant, pour ainsi dire ; on est tout à Siegfried, et la salle est naturellement
depuis longtemps louée. Ce sera une première à sensation. Un de nos
confrères, wagnériste convaincu et érudit, M. Edmond Evenepoele, a
profité de la circonstance pour mettre en vente un très intéressant volume
sur le Wagnérisme hors d'Allemagne (en Belgique et à Bruxelles). Il a réuni les
documents les plus curieux, qui lui permettent de suivre les progrès que
la musique de Wagner a faits dans le public et dans la presse depuis le
jour de son apparition chez nous, en 1855. C'est un livre à lire et à con-
sulter. Car, malgré l'esprit d'exclusivisme dans lequel il est conçu, l'au-
teur a su rester de bonne foi et impartial, ce qui n'est pas un mince
mérite pour un apôtre du wagnérisme. Le premier concert populaire,
décidé pour le 18, sera le concert jubilaire de l'institution, qui compte,
vous le savez, vingt-cinq ans d'existence. On y exécutera la sixième
symphonie de M. Adolphe Samuel, le fondateur des concerts, et divers
fragments de Wagner, Borodine, Beethoven, etc. Le violoniste Isaye
jouera un concerto de Vieuxtemps. Et le soir, un banquet par souscription
sera offert à MM. Samuel et Joseph Dupont. — J'ai à vous signaler
enfin l'apparition de la deuxième partie de l'admirable Cours méthodique
d'orchestration, de M.Gevaert. Cette seconde partie complète l'ensemble du
grand travail entrepris par le savant écrivain sur l'instrumentation au
(1) Journal de Paris, du 18 Nivôse an VII — 8 janvier 1799. — Un critique
dirait, dans la Revue des Théâtres : «c L'inimitable Saint-Aubin a été sublime dana
le rôle d'Elisca ».
LE MÉNESTREL
Aubin se montrait infatigable, toujours sur la brèche, et ne mar-
chandait pas ses services au théâtre dont elle était devenue lun
des plus fermes soutiens. Le public lui savait gré d'ailleurs de son
courage, de son assiduité, de son empressement à lui plaire, et
l'excellente artiste, aussi estimée comme femme qu'elle était aimée
et admirée comme actrice, se voyait à chaque instant l'objet des
manifestations touchantes de la sympathie de tous. Nous en aurons
plus d'un exemple. Et la faveur dont elle jouissait est d'autant plus
remarquable qu'elle était serrée de près par des rivales nombreuses,
et qu'en un temps ou le théâtre Favart comptait dans son personnel
féminin des artistes telles que M""" Gonthier, Gavaudan, Créfeu,
Carline Nivelon, Renaud-d'Avrigny, M 11" Desbrosses, Armand, Philis,
Pingenet, il fallait que la supériorité de M" 10 Saint-Aubin sur des
émules si heureusement douées fût bien éclatante pour être aussi
incontestée. Aux ouvrages créés par elle ot que je citais il n'y a
qu'un instant, il faut ajouter, pour les années qui suivirent, Mêlidore
et Phrosine et le Jeune Henri), de Méhul, Andros et Almona, de Lemière
de Corvey, Azéline, de Rigel, le Jockey et la Femme de 45 ans, de Solié,
Lisbeth, de Grétry, où son succès fut si grand que le peintre Bouchet
exposa, au Salon de l'an VI, f on portrait dans le costume de Lisbeth,
puis Adèle cl Dorsan, Marianne, et la Maison isolée ou le Vieillard des
Vosges, de d'Alayrac. Pour d'Alayrac, elle était, on peut le dire, son
interprète favorite et particulièrement recherchée, car je n'ai pas
relevé moins de seize rôles établis par elle dans les opéras de ce
compositeur. Encore ne suis-je pas certain que la liste en soit
complète (1).
Il n'est pas inutile de Taire remarquer que Mme Saint-Aubin, au
plus fort de ses succès et de sa renommée, n'hésitait pourtant jamais
à accorder l'appui de son talent aux jeunes auteurs qui débutaient
à la scène et dont elle affermissait ainsi les premiers pas. C'est que
c'était une véritable artiste, qui non seulement avait le respect du
public et le respect d'elle-même, mais qui pensait qu'on ne saurait
encourager d'une façon trop efficace les jeunes artistes qui abordent
la carrière et qui ont besoin, pour y réussir, du concours de ceux-là
surtout qui ont la connaissance et l'expérience du danger. C'est
ainsi qu'on la vit se charger de rôles importants dans Euphrosine,
premier ouvrage de Méhul, dans le Prisonnier, premier ouvrage de
Délia Maria, dans le Rêve,-Fanny Morna, la Dame voilée, qui étaient
les débuts à l'Opéra-Comique de Gresnick, de Persuis et de Men-
gozzi. Pour Délia Maria, dont la carrière, commencée d'une façon
si brillante, devait être si courte, elle l'avait pris en véritable affection,
étoile prit part à l'interprétation non-seulement du Prisonnier, dont
elle partagea l'éclatant succès, mais des quatre autres ouvrages compo-
sés par lui : l'Opéra-Comique., l'Oncle valet, la Fausse Duègne eiJacquot ou
l'Ecole des mères. Et l'on peut supposer qu'à ce moment elle était à
même, sous ce rapport, d'agir à peu près à sa guise et à sa volonté : en
possession de la faveur constante du public, jouissant auprès de ses
camarades d'une influence légitime, sociétaire à part entière et, de
plus, faisant partie, avec Chenard, Solié, Philippe et Carline Nive-
lon, du comité des cinq administrateurs de l'Opéra-Comique, elle
avait évidemment toute liberté de choisir ses rôles, et sans doute
eût pu se récuser à l'occasion sans que personne y trouvât à redire.
Mais elle ne voyait que le bien du théâtre, l'intérêt des auteurs et
la satisfaction du public. Trouverait-on aujourd'hui beaucoup d'ar-
tistes do la valeur et du renom de M"'° Saint-Aubin, pour agir avec
autant de conscience, de délicatesse et de modestie?...
En 1797, pendant une longue fermeture que des circonstances
particulièrement difficiles imposèrent à l'Opéra-Comique, nous voyons
Mlm! Saint-Aubin aller donner des représentations en province avec
sou mari et deux de ses camarades (2). De retour à la fin de l'année
(1) File était intimement liée avec d'Alayrac, comme elle l'était avec Méhul
comme ello le fut avec Boieldieu et la plupart des compositeurs aux succès des-
quels clic contribuait si puissamment. Pour d'Alayrac, on va voir ce qui en était
par le ton tout familier de ce fragment d'une lettre qu'il lui adressait du Havre
le 2 Prairial an VII (22 mai 1800), à l'époque où le malheureux Michu, l'ancien
ténor si renommé du théâtre Favart, avait eu la malencontreuse idée de prendre
la direction de celui de Rouen, ce qui fut cause de sa ruine et de son suicide •
- «... Si tu avais jamais envie de te faire directrice, ma chère amie, j'userais
dos tristes droits que tu veux bien sans doute laisser à un ancien ami pour t'en
empêcher; on dit que le pauvre Michu ne tardera pas à être ruiné si cela con-
tinue; les houanais (,«,) n'en doutent pas, et ils y font ce qu'ils peuvent- ils
von peu au spectacle; nous avons vu à l'autre salle Talma et M-Petit dans
Othello e quoiqu'ils ayent joué à merveille, il y avait a peine cinq cents rancs e
e directeur leur en donne 800 : 500 au mâle et 300 à la femelle . , (Voy Catl
logueda autographe du baron de Trémont, Paris, Laverdet, 1852 in-8 1
(2) MM. Chenard et Sollier, M. et M- Saint-Aubin du théitre 1. T, r
sont actuellement» Lyon, et se proposent de donner une douane d \ S
talions. Ils ont déjà paru dans Raoul de Crénui, Philippe et GeorteUe LodoïsM
Rose a Colas. Ces quatre artistes, en quittant cette ville doivlf L°™.'
Marseille. - (Quotidienne, du 9 Messidor, an V - 27 Juin 179° r6ndre *
elle crée en 1798, entre autres ouvrages, la Dot de Suzette, de Boiel- J:
dieu et dès les premiers jours de 1799 elle obtient un brillant et ;
nouveau succès dans un nouvel opéra de Grétry, Elisca ou l'Amour 'î
maternel. C'est, je crois, à la troisième représentation de cet ouvrage,
que se produisit un incident d'autant plus flatteur pour elle qu'il
était rare à cette époque, et qui était ainsi rapporté par le Journal
de Paris: « L'opéra d'Elisca attire toujours un grand nombre de
spectateurs. Quelques coupures faites au dialogue ayant donné plus
de rapidité à l'action, l'ensemble de cet ouvrage ne laisse plus
maintenant rien à désirer. Avant-hier, au moment où Ton baissoit
la toile, une couronne de myrthe et de lauriers est tombée des
loges sur le théâtre. Elle étoit destinée à la Cne Saint-Aubin, et le
public, partageant la juste admiration de celui qui l'avoil tressée, a
voulu qu'on la remît sur-le-champ à sou adresse. La Cne Saint- .
Aubin a donc été amenée et couronnée sur la scène, et l'enthou-
siasme général a été porté à son comble (1). »
C'est dans cet opéra d'Elisca que parut pour la première fois à la
scène, dans un rôle d'enfant, la seconde fille de Mme Saint-Aubin,
Alexandrine, qui ne devait débuter sérieusement à l'Opéra-Comique
qu'en 1809, cinq ans après sa soeur. On lisait à ce propos, dans le
Journal des Théâtres du 31 janvier :
Couplet pour Zizine Saint-Aubin, enfant de cinq ans, fait après la 7° re-
présentation d'Elisca, où Zizi avait été extrêmement applaudie :
Air : Pour passer doucement la vie.
Zizine, au bon coeur de ta mère,
Tu joins ses grâces, ses attraits,
L'esprit, la douceur de ton père ;
En toi l'on voit leurs deux portraits.
Le même journal, dans le même numéro, rendait au talent si souple
et si varié de Mme Saint-Aubin l'hommage que voici :
La citoyenne Saint-Aubin, cette charmante actrice, dont le talent em-
brasse tous les genres avec une égale perfection, a donné, le 8 de ce mois,
jour d'une première représentation, une nouvelle preuve de zèle, qui doit
ajouter à sa réputation, et dont le public, qui ne la voit jamais assez,
malgré son travail assidu, lui a marqué sa satisfaction. Elle A joué, le
même jour, dans les trois pièces, trois rôles d'un caractère opposé, d'un
genre différent, avec le même succès. Aimable, sensible et modeste dans
la Dot de Suzette, remplie de finesse, de gaité et d'esprit dans la soubrette
du Rêve, joli opéra nouveau, elle a reparu enfin dans Jean et Geneviève,
sous le travestissement d'un petit commissionnaire, qu'elle a joué avec
autant d'espièglerie et de grâce que de sensibilité. Aussi le public, qui
ne laisse jamais échapper l'occasion de lui faire quelqu'application flat-
teuse, a-t-il beaucoup applaudi dans la Dot de Suzette, lorsque Chenu dit,
en parlant de sa soeur : « Partout où elle paraît, on la voit toujours avec
plaisir. »
(A suivre.) ARTHUR POUGIN.
NOUVELLES DIVERSES
ETRANGER
De notre correspondant de Belgique (8 janvier). — La première de
Siegfried a été de nouveau retardée ; elle est finalement annoncée pour
lundi, 12 ; mais un nouveau retard se produira sans doute, ce sera alors
pour mardi ou pour jeudi. Les répétitions se succèdent, tout autre travail
cessant, pour ainsi dire ; on est tout à Siegfried, et la salle est naturellement
depuis longtemps louée. Ce sera une première à sensation. Un de nos
confrères, wagnériste convaincu et érudit, M. Edmond Evenepoele, a
profité de la circonstance pour mettre en vente un très intéressant volume
sur le Wagnérisme hors d'Allemagne (en Belgique et à Bruxelles). Il a réuni les
documents les plus curieux, qui lui permettent de suivre les progrès que
la musique de Wagner a faits dans le public et dans la presse depuis le
jour de son apparition chez nous, en 1855. C'est un livre à lire et à con-
sulter. Car, malgré l'esprit d'exclusivisme dans lequel il est conçu, l'au-
teur a su rester de bonne foi et impartial, ce qui n'est pas un mince
mérite pour un apôtre du wagnérisme. Le premier concert populaire,
décidé pour le 18, sera le concert jubilaire de l'institution, qui compte,
vous le savez, vingt-cinq ans d'existence. On y exécutera la sixième
symphonie de M. Adolphe Samuel, le fondateur des concerts, et divers
fragments de Wagner, Borodine, Beethoven, etc. Le violoniste Isaye
jouera un concerto de Vieuxtemps. Et le soir, un banquet par souscription
sera offert à MM. Samuel et Joseph Dupont. — J'ai à vous signaler
enfin l'apparition de la deuxième partie de l'admirable Cours méthodique
d'orchestration, de M.Gevaert. Cette seconde partie complète l'ensemble du
grand travail entrepris par le savant écrivain sur l'instrumentation au
(1) Journal de Paris, du 18 Nivôse an VII — 8 janvier 1799. — Un critique
dirait, dans la Revue des Théâtres : «c L'inimitable Saint-Aubin a été sublime dana
le rôle d'Elisca ».
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