Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1900-12-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 09 décembre 1900 09 décembre 1900
Description : 1900/12/09 (A66,N49)-1900/12/15. 1900/12/09 (A66,N49)-1900/12/15.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5615507w
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
390
LE MÉNESTREL
NOUVELLES DIVERSES
ÉTRANGER
Nous avons le regret d'apprendre que le célèbre compositeur norvégien
Edouard Grieg, qui se trouve actuellement à Copenhague, est assez grave-
ment malade. Il souffre d'une maladie d'estomac, qui n'est pas sans donner
quelque inquiétude à ses amis.
— Liste d'oeuvres françaises jouées pendant les dernières semaines sur les
scènes lyriques d'outre-Rhin : à VIENNE : Manon, Carmen, Robert le Diable,
Werther, le Prophète: à BERLIN : Bcnvenuto Cellini, Mignon, Fra Diavolo, l'Afri-
caine, Faust, Guillaume Tell : à DRESDE : l'Africaine, Robert le Diable, la Fille du
Régiment, les Huguenots, Mignon, Samson et Dalila; à WIESBADEN : Fra Diavolo,
Carmen, le Postillon de Lonjumeau, les Huguenots; à CARLSRUIIE : Mignon, Fra
Diavolo: à MANNIIEIM : Carmen, Orphée aux enfers, Faust; à LEIPZIG : les Troyens
(Berlioz), l'Africaine; à FRANCFORT : le Postillon de Lonjumeau, le Petit Chaperon
rouge, la Poupée (Audran), Mignon; à BRESLAU : Faust, le Maçon, Guillaume
Tell, Carmen, Mignon, la Juive; à COLOGNE : le Postillon de Lonjumeau, le Pro-
phète, Carmen, Faust.
— L'empereur Guillaume II assistera prochainement, au nouveau théâtre
de Hambourg, à la « première » d'une nouvelle féerie, paroles du prince
Eulenbourg, ambassadeur d'Allemagne à Vienne, musique de son fils, un
tout jeune homme qui étudie encore à Munich. On sait que le prince Eu-
lenbourg est l'un des grands favoris de l'empereur.
— On nous écrit de Vienne : «Après île longues et coûteuses expériences,
le facteur de pianos Boesendorfer a réussi à construire un piano qui cons-
titue une véritable innovation et qui aurait certainement excité l'attention
générale à l'Exposition universelle si un désaccord avec le commissaire gé-
néral d'Autriche-Hongrie ne l'avait empêché d'y figurer. Ce piano ne contient
pas moins de huit octaves, la série des notes les plus graves s'y trouvant aug-
mentée de quatre. On sait que la note la plus grave employée musicalement
est l'ut de seize vibrations par seconde que produit l'orgue. Cette note em-
ployée seule ne pourrait pourtant être utilisée à cause de sa mauvaise sonorité
— ilfaut en effet au moins vingt-quatre vibrations par seconde pour que le son
produit reste musical — mais l'organiste sait la combiner avec d'autres notes
plus élevées, surtout avec la quinte supérieure, et alors cet ut devient nette-
ment perceptible. M. Boesendorfer s'est servi du même procédé pour obtenir
les quatre nouvelles notes graves dont il enrichit son nouveau piano ; à côté
de la corde unique très forte qui donne chacune de ces notes il place une
autre corde qui vibre en même temps et donne la quinte supérieure. Cette
vibration simultanée du son principal avec la quinte supérieure produit un
son grave parfaitement utilisable et d'un effet certain, dont les virtuoses de
l'avenir sauront probablement tirer parti. Ayant ainsi trouvé le principe pour
faire vibrer simultanément deux cordes différentes en ne frappant qu'une
seule touche, M. Boesendorfer s'en est aussi servi pour améliorer la qualité
de toute la dernière octave suraiguë dont dispose le piano moderne. Sans
augmenter le nombre des touches sur la droite, le facteur viennois a placé
dans l'intérieur du piano des cordes pour toute une octave au-dessus du son
le plus aigu qu'on employait jusqu'ici. Cette nouvelle octave ne peut vibrer à
elle seule, car les touches correspondantes manquent, mais elle vibre simul-
tanément avec les notes correspondantes de l'octave inférieure. Par cette
combinaison les sons aigus deviennent plus consistants et gagnent beaucoup
en couleur. Le nouveau piano Boesendorfer de huit octaves nous semble sur-
tout utile au point de vue de la réduction d'une partition d'orchestre mo-
derne, on y pourra certainement rendre plus complètement toutes les cou-
leurs symphoniques ». Nous reproduisons la lettre intéressante de notre
correspondant, mais nous demandons à voir et à entendre le nouvel instru-
ment avant de nous prononcer absolument sur la valeur de l'innovation.
■— On annonce de Munich que le nouvel opéra de M. Siegfried Wagner, qui
est intitulé le jeune Duc étourdi (Herzog Wildfang), est complètement terminé et
sera joué pour la première fois au théâtre royal de cette ville vers le
15 février. Inutile d'ajouter que le fils du maître de Bayreuth a été encore
cette fois son propre librettiste. M. Siegfried Wagner a réservé au théâtre
municipal de Leipzig le droit de jouer sa nouvelle oeuvre immédiatement
après la première de Munich.
— L'Académie musicale de Munich annonce pour la saison courante toute
une série d'oeuvres inédites, entre autres une Symphonie sociale de M. Gustave
Brecher, élève de M. Richard Strauss. Symphonie sociale — qu'est-ce que cela
peut bien être, et où le socialisme va-t-il se nicher?
— Le théâtre municipal de Hambourg a joué sans beaucoup de succès un
opéra en un acte intitulé la Dame de Longford, musique de M. Léonard-
Emile Bach.
— Une toute jeune chanteuse légère, Mlle Lucie Krall, se fait actuellement
entendre dans des concerts d'outre-Rhin avec un succès énorme, mais qui
n'est pas tout à fait de bon aloi. Cette jeune artiste possède une voix extra-
ordinaire de soprano qui, pour ainsi dire, commence là où les autres voix
de son espèce finissent. On croyait pouvoir tirer l'échelle après le fameux sol
aigu de MIIe Sanderson dans Esclarmonde, que les reporters américains de
l'Exposition de 1889 avaient baptisé de « note de la tour Eiffel » ; mais ne
voilà-t-il pas que Mlle Krall transpose l'air des clochettes de Lakmé pour
s'élancer bien au-dessus du mi aigu que M"P Van Zandt nous avait jadis fait
entendre et pour aller jusqu'au si naturel. A Wiesbaden cette chanteuse
terrible a fait une autre prouesse. Elle a tout bonnement chanté l'accompa-
gnement de flûte dans les fameuses Variations du Toréador d'Adam, laissant
sapropre partie de soprano au malheureux flûtiste; c'était la partition renversée.
Après cet exploit, elle a encore chanté deux mélodies de bravoure archiconnues ;
le Rossignol d'Alabief et l'Oiseau au bois, de Taubert, en imitant le gazouille-
ment des oiseaux avec une virtuosité si étonnante que le public en est resté
tout interloqué.
— Le théâtre grand-ducal de Schwerin a joué avec succès un opéra inédit
en un acte intitulé un Exploit du major de Schill, musique de M. Gustave de
Iioessler.
— Un opéra romantique posthume du compositeur Gustave Niehr, qui est
mort en 1899, vient d'être joué avec un vif succès au théâtre grand-ducal de
Nen-Strelilz. Cet opéra, qui est intitulé le Bourreau de Bergen, est basé sur une
légende que Henri Heine a également traitée dans une jolie ballade.
— Le Théâtre-Lyrique de Milan donne, en ce moment, plusieurs repré-
sentations « extraordinaires » de Sapho, de Massenet, avec la célèbre
Mme Bellincioni comme protagoniste. Toutes les places s'enlèvent comme
par enchantement.
— On a donné au théâtre Quirino de Rome, le "29 novembre, la première
représentation d'une comédie musicale en trois actes, le Vergini, livret tiré
par MM. Gustavo Macchi et Giovanni Pozza d'une comédie de Marco l'raga
qui porte le même titre, musique de M. Antonio L'izzi, auteur d'un opéra
déjà accueilli avec faveur, Emma Liona. Le nouvel ouvrage parait n'avoir pas
moins bien réussi. La critique cependant fait des réserves. Le Vergini avait
pour interprètes Mmcs Beduschi, Quaini et Robuffini, le ténor Schiavazzi ot le
baryton Gregoretti.
— Congrès, que me veux-tu? s'écrierait Fontenellc s'il était encore do ce
monde. Le fait est que de tous côtés on n'entend parler que de congrès et de
congressistes. Voici qu'on s'occupe en Italie d'organiser un congrès national
de musique, qui devra tenir ses assises l'année prochaine à Bologne. Hier
samedi 8 décembre a dû se réunir au Lycée musical de cette ville le comité
promoteur de ce congrès, comité composé des artistes dont les noms suivent:
MM. Arrigo Boito, Bossi, Martucci, directeur du Lycée musical de Bologne,
Platania, directeur du Conservatoire de Naples, Mascagni, directeur du Lycée
musical de Pesaro, Bolzoni, Zuelli, Gallignani, directeur du Conservatoire de
Milan, Resch, Boghen, Vezzani, Minguzzi, Callestani, Frontali, Coslantino
Palumbo, Marini, Mattioli, Pezzotta, Calascione, Cicognani et Reggiani.
— Les Cronache musical! de Rome nous apprennent que les amateurs avaient,
en Ecosse, une assez singulière façon de célébrer la sainte Cécile, patronne
prétendue des musiciens, dont la fôte, on le sait, tombe le 22 novembre. Le
morceau est d'actualité. A Edimbourg, dit ce journal, au moins jusqu'à 1772,
on donnait tous les ans, le jour de la sainte Cécile, un concert par souscrip-
tion. Les plus belles dames étaient invitées à ce concert par billet spécial.
Après la séance les souscripteurs se réunissaient dans une taverne pour souper
ensemble. A la fin du repas on plaçait sur la table une cassette qui recevait le
nom de « l'Enfer ». Les billets des dames qui avaient assisté au concert étaient
réunis, et on proclamait les noms l'un après l'autre. Les billets de celles qui
ne trouvaient aucun champion prêt à boire pour les sauver des flammes étaient
jetés dans la cassette. Pour les autres", celui qui buvait le plus (il fallait, pour
terminer, vider d'un seul trait un grand verre qui s'appelait sainte Cécile et
qui, d'ordinaire, laissait tomber ivre-mort sur le sol le buveur le plus intré-
pide) était autorisé à se rendre le lendemain auprès de sa dame pour lui pré-
sente!' son billet, en se glorifiant d'avoir eu l'honneur de s'enivrer pour la
sauver. Et le plus singulier, c'est que, bien que n'ayant jamais eu aucune
relation avec la dame, le cavalier était toujours bien reçu, remercié avec
grâce et invité à renouveler ses visites tout à son gré. — Voilà tout de môme
une étrange manière de fêter la sainte Cécile.
— On annonce à l'étranger l'apparition prochaine de plusieurs ouvrages
importants : au théâtre impérial de Saint-Pétersbourg Sadlm, opéra de
M. Rimsky-Korsakow; à Madrid, le Drame de Roncevaux, drame lyrique dont
M. Navarro a écrit la musique sur un livret de M. Pasqual Millan ; et au
théâtre tchèque de Prague un autre drame lyrique, Salammbô, dont il n'y a pas
lieu de faire connaître le sujet, musique de M. Cari Navratil.
— Le théâtre des Galeries Saint-Hubert, à Bruxelles, vient do donner avec
succès Ja première représentation d'une opérette nouvelle en trois actes, le
Sire de Framboisy, paroles de MM. Fernand .Bessier et Siranza, musique de
M. Meynard, à laquelle va succéder prochainement le Fiancé de Tlujlda, de
MM. Varney, Cottens et Charvay.
— M. Lothaire Kempter, chef d'orchestre au théâtre municipal de Zurich,
vient de célébrer le 25e anniversaire de son entrée à ce théâtre. A cette occa-
sion il a fait jouer un opéra de sa façon, intitulé les Sans-culottes, qui n'a pas
obtenu plus qu'un « succès de jubilé ».
— Un concert fort intéressant vient d'être donné à Londres. On y produisait
pour la première fois les oeuvres de l'honorable Norman Grosvenor, qui est
mort il y a deux ans. De son vivant l'artiste s'était contenté de protéger l'art
musical dans son pays; on savait qu'il avait noirci beaucoup de papier a
musique, mais ses oeuvres étaient restées inconnues. Ce n'est que deux ans
après sa mort qu'on vient d'en entendre une partie, et la critique londonienne
LE MÉNESTREL
NOUVELLES DIVERSES
ÉTRANGER
Nous avons le regret d'apprendre que le célèbre compositeur norvégien
Edouard Grieg, qui se trouve actuellement à Copenhague, est assez grave-
ment malade. Il souffre d'une maladie d'estomac, qui n'est pas sans donner
quelque inquiétude à ses amis.
— Liste d'oeuvres françaises jouées pendant les dernières semaines sur les
scènes lyriques d'outre-Rhin : à VIENNE : Manon, Carmen, Robert le Diable,
Werther, le Prophète: à BERLIN : Bcnvenuto Cellini, Mignon, Fra Diavolo, l'Afri-
caine, Faust, Guillaume Tell : à DRESDE : l'Africaine, Robert le Diable, la Fille du
Régiment, les Huguenots, Mignon, Samson et Dalila; à WIESBADEN : Fra Diavolo,
Carmen, le Postillon de Lonjumeau, les Huguenots; à CARLSRUIIE : Mignon, Fra
Diavolo: à MANNIIEIM : Carmen, Orphée aux enfers, Faust; à LEIPZIG : les Troyens
(Berlioz), l'Africaine; à FRANCFORT : le Postillon de Lonjumeau, le Petit Chaperon
rouge, la Poupée (Audran), Mignon; à BRESLAU : Faust, le Maçon, Guillaume
Tell, Carmen, Mignon, la Juive; à COLOGNE : le Postillon de Lonjumeau, le Pro-
phète, Carmen, Faust.
— L'empereur Guillaume II assistera prochainement, au nouveau théâtre
de Hambourg, à la « première » d'une nouvelle féerie, paroles du prince
Eulenbourg, ambassadeur d'Allemagne à Vienne, musique de son fils, un
tout jeune homme qui étudie encore à Munich. On sait que le prince Eu-
lenbourg est l'un des grands favoris de l'empereur.
— On nous écrit de Vienne : «Après île longues et coûteuses expériences,
le facteur de pianos Boesendorfer a réussi à construire un piano qui cons-
titue une véritable innovation et qui aurait certainement excité l'attention
générale à l'Exposition universelle si un désaccord avec le commissaire gé-
néral d'Autriche-Hongrie ne l'avait empêché d'y figurer. Ce piano ne contient
pas moins de huit octaves, la série des notes les plus graves s'y trouvant aug-
mentée de quatre. On sait que la note la plus grave employée musicalement
est l'ut de seize vibrations par seconde que produit l'orgue. Cette note em-
ployée seule ne pourrait pourtant être utilisée à cause de sa mauvaise sonorité
— ilfaut en effet au moins vingt-quatre vibrations par seconde pour que le son
produit reste musical — mais l'organiste sait la combiner avec d'autres notes
plus élevées, surtout avec la quinte supérieure, et alors cet ut devient nette-
ment perceptible. M. Boesendorfer s'est servi du même procédé pour obtenir
les quatre nouvelles notes graves dont il enrichit son nouveau piano ; à côté
de la corde unique très forte qui donne chacune de ces notes il place une
autre corde qui vibre en même temps et donne la quinte supérieure. Cette
vibration simultanée du son principal avec la quinte supérieure produit un
son grave parfaitement utilisable et d'un effet certain, dont les virtuoses de
l'avenir sauront probablement tirer parti. Ayant ainsi trouvé le principe pour
faire vibrer simultanément deux cordes différentes en ne frappant qu'une
seule touche, M. Boesendorfer s'en est aussi servi pour améliorer la qualité
de toute la dernière octave suraiguë dont dispose le piano moderne. Sans
augmenter le nombre des touches sur la droite, le facteur viennois a placé
dans l'intérieur du piano des cordes pour toute une octave au-dessus du son
le plus aigu qu'on employait jusqu'ici. Cette nouvelle octave ne peut vibrer à
elle seule, car les touches correspondantes manquent, mais elle vibre simul-
tanément avec les notes correspondantes de l'octave inférieure. Par cette
combinaison les sons aigus deviennent plus consistants et gagnent beaucoup
en couleur. Le nouveau piano Boesendorfer de huit octaves nous semble sur-
tout utile au point de vue de la réduction d'une partition d'orchestre mo-
derne, on y pourra certainement rendre plus complètement toutes les cou-
leurs symphoniques ». Nous reproduisons la lettre intéressante de notre
correspondant, mais nous demandons à voir et à entendre le nouvel instru-
ment avant de nous prononcer absolument sur la valeur de l'innovation.
■— On annonce de Munich que le nouvel opéra de M. Siegfried Wagner, qui
est intitulé le jeune Duc étourdi (Herzog Wildfang), est complètement terminé et
sera joué pour la première fois au théâtre royal de cette ville vers le
15 février. Inutile d'ajouter que le fils du maître de Bayreuth a été encore
cette fois son propre librettiste. M. Siegfried Wagner a réservé au théâtre
municipal de Leipzig le droit de jouer sa nouvelle oeuvre immédiatement
après la première de Munich.
— L'Académie musicale de Munich annonce pour la saison courante toute
une série d'oeuvres inédites, entre autres une Symphonie sociale de M. Gustave
Brecher, élève de M. Richard Strauss. Symphonie sociale — qu'est-ce que cela
peut bien être, et où le socialisme va-t-il se nicher?
— Le théâtre municipal de Hambourg a joué sans beaucoup de succès un
opéra en un acte intitulé la Dame de Longford, musique de M. Léonard-
Emile Bach.
— Une toute jeune chanteuse légère, Mlle Lucie Krall, se fait actuellement
entendre dans des concerts d'outre-Rhin avec un succès énorme, mais qui
n'est pas tout à fait de bon aloi. Cette jeune artiste possède une voix extra-
ordinaire de soprano qui, pour ainsi dire, commence là où les autres voix
de son espèce finissent. On croyait pouvoir tirer l'échelle après le fameux sol
aigu de MIIe Sanderson dans Esclarmonde, que les reporters américains de
l'Exposition de 1889 avaient baptisé de « note de la tour Eiffel » ; mais ne
voilà-t-il pas que Mlle Krall transpose l'air des clochettes de Lakmé pour
s'élancer bien au-dessus du mi aigu que M"P Van Zandt nous avait jadis fait
entendre et pour aller jusqu'au si naturel. A Wiesbaden cette chanteuse
terrible a fait une autre prouesse. Elle a tout bonnement chanté l'accompa-
gnement de flûte dans les fameuses Variations du Toréador d'Adam, laissant
sapropre partie de soprano au malheureux flûtiste; c'était la partition renversée.
Après cet exploit, elle a encore chanté deux mélodies de bravoure archiconnues ;
le Rossignol d'Alabief et l'Oiseau au bois, de Taubert, en imitant le gazouille-
ment des oiseaux avec une virtuosité si étonnante que le public en est resté
tout interloqué.
— Le théâtre grand-ducal de Schwerin a joué avec succès un opéra inédit
en un acte intitulé un Exploit du major de Schill, musique de M. Gustave de
Iioessler.
— Un opéra romantique posthume du compositeur Gustave Niehr, qui est
mort en 1899, vient d'être joué avec un vif succès au théâtre grand-ducal de
Nen-Strelilz. Cet opéra, qui est intitulé le Bourreau de Bergen, est basé sur une
légende que Henri Heine a également traitée dans une jolie ballade.
— Le Théâtre-Lyrique de Milan donne, en ce moment, plusieurs repré-
sentations « extraordinaires » de Sapho, de Massenet, avec la célèbre
Mme Bellincioni comme protagoniste. Toutes les places s'enlèvent comme
par enchantement.
— On a donné au théâtre Quirino de Rome, le "29 novembre, la première
représentation d'une comédie musicale en trois actes, le Vergini, livret tiré
par MM. Gustavo Macchi et Giovanni Pozza d'une comédie de Marco l'raga
qui porte le même titre, musique de M. Antonio L'izzi, auteur d'un opéra
déjà accueilli avec faveur, Emma Liona. Le nouvel ouvrage parait n'avoir pas
moins bien réussi. La critique cependant fait des réserves. Le Vergini avait
pour interprètes Mmcs Beduschi, Quaini et Robuffini, le ténor Schiavazzi ot le
baryton Gregoretti.
— Congrès, que me veux-tu? s'écrierait Fontenellc s'il était encore do ce
monde. Le fait est que de tous côtés on n'entend parler que de congrès et de
congressistes. Voici qu'on s'occupe en Italie d'organiser un congrès national
de musique, qui devra tenir ses assises l'année prochaine à Bologne. Hier
samedi 8 décembre a dû se réunir au Lycée musical de cette ville le comité
promoteur de ce congrès, comité composé des artistes dont les noms suivent:
MM. Arrigo Boito, Bossi, Martucci, directeur du Lycée musical de Bologne,
Platania, directeur du Conservatoire de Naples, Mascagni, directeur du Lycée
musical de Pesaro, Bolzoni, Zuelli, Gallignani, directeur du Conservatoire de
Milan, Resch, Boghen, Vezzani, Minguzzi, Callestani, Frontali, Coslantino
Palumbo, Marini, Mattioli, Pezzotta, Calascione, Cicognani et Reggiani.
— Les Cronache musical! de Rome nous apprennent que les amateurs avaient,
en Ecosse, une assez singulière façon de célébrer la sainte Cécile, patronne
prétendue des musiciens, dont la fôte, on le sait, tombe le 22 novembre. Le
morceau est d'actualité. A Edimbourg, dit ce journal, au moins jusqu'à 1772,
on donnait tous les ans, le jour de la sainte Cécile, un concert par souscrip-
tion. Les plus belles dames étaient invitées à ce concert par billet spécial.
Après la séance les souscripteurs se réunissaient dans une taverne pour souper
ensemble. A la fin du repas on plaçait sur la table une cassette qui recevait le
nom de « l'Enfer ». Les billets des dames qui avaient assisté au concert étaient
réunis, et on proclamait les noms l'un après l'autre. Les billets de celles qui
ne trouvaient aucun champion prêt à boire pour les sauver des flammes étaient
jetés dans la cassette. Pour les autres", celui qui buvait le plus (il fallait, pour
terminer, vider d'un seul trait un grand verre qui s'appelait sainte Cécile et
qui, d'ordinaire, laissait tomber ivre-mort sur le sol le buveur le plus intré-
pide) était autorisé à se rendre le lendemain auprès de sa dame pour lui pré-
sente!' son billet, en se glorifiant d'avoir eu l'honneur de s'enivrer pour la
sauver. Et le plus singulier, c'est que, bien que n'ayant jamais eu aucune
relation avec la dame, le cavalier était toujours bien reçu, remercié avec
grâce et invité à renouveler ses visites tout à son gré. — Voilà tout de môme
une étrange manière de fêter la sainte Cécile.
— On annonce à l'étranger l'apparition prochaine de plusieurs ouvrages
importants : au théâtre impérial de Saint-Pétersbourg Sadlm, opéra de
M. Rimsky-Korsakow; à Madrid, le Drame de Roncevaux, drame lyrique dont
M. Navarro a écrit la musique sur un livret de M. Pasqual Millan ; et au
théâtre tchèque de Prague un autre drame lyrique, Salammbô, dont il n'y a pas
lieu de faire connaître le sujet, musique de M. Cari Navratil.
— Le théâtre des Galeries Saint-Hubert, à Bruxelles, vient do donner avec
succès Ja première représentation d'une opérette nouvelle en trois actes, le
Sire de Framboisy, paroles de MM. Fernand .Bessier et Siranza, musique de
M. Meynard, à laquelle va succéder prochainement le Fiancé de Tlujlda, de
MM. Varney, Cottens et Charvay.
— M. Lothaire Kempter, chef d'orchestre au théâtre municipal de Zurich,
vient de célébrer le 25e anniversaire de son entrée à ce théâtre. A cette occa-
sion il a fait jouer un opéra de sa façon, intitulé les Sans-culottes, qui n'a pas
obtenu plus qu'un « succès de jubilé ».
— Un concert fort intéressant vient d'être donné à Londres. On y produisait
pour la première fois les oeuvres de l'honorable Norman Grosvenor, qui est
mort il y a deux ans. De son vivant l'artiste s'était contenté de protéger l'art
musical dans son pays; on savait qu'il avait noirci beaucoup de papier a
musique, mais ses oeuvres étaient restées inconnues. Ce n'est que deux ans
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