Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1912-11-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 02 novembre 1912 02 novembre 1912
Description : 1912/11/02 (A78,N44)-1912/11/08. 1912/11/02 (A78,N44)-1912/11/08.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5614674b
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
350
LE: MESTREL
pour tirer le'feu d'artifice avant le retour de madame Jourdain, monsieur Jour-
dain décide, sans se décontenancer, que là Mascarade italienne et Ariadne à
Naxos- seront jouées non■ plus l'une après 1 l'autre, comme c'était convenu,
mais simultanément. Nous avons donc sur la scène Ariadne éplorée, et, sur
une petite scène dressée dans: un coin'de la première; Zerbinette, Arlequin,
un- aidé de cuisine et d'autres types consacrés de la comédie italienne. On
comprend que M* Richard Strauss ait trouvé la combinaison ingénieuse, et se
soit diverti à écrire la'musique d'un aussi- extravagant libretto. Cette musique,
dont on fait grand bruit en ce moment, n'est ni aussi originale, ni aussi
hardie que certains le croient ou essayent de le faire croire: elle n'est pas
maladroite pourtant' et son orchestration réjouit fort l'oTeille. Une courte
ouverture dépeint la « non-musicalité » de monsieur Jourdain. L'un- des
passages cités comme très extraordinaires part'de la tonique ré bémol, passe
à la dominante'to bémol, au relatif.» bémol, et à la dominante fa du relatif.
Il semble difficile de voir là une bien grande témérité tonale. L'entrée de
Bacchus consiste en une suite de superpositions.de quartes: poursuivie sur
une vingtaine d'accords. Il y a. juste vingt-cinq, ans que ce procédé fut mis à
la mode dans certains cénacles par un musicien de Paris. Ariadne. soupire
sur un accord à'ut dièse avec si bémol comme septième, accord noté enhar-
moniquement et dont l'effet est véritablement réussi. Mais en écrivant la mu-
sique sur les mots « Lieben, Hassen, Hoffen, Zagen, aimer, haïr, espérer,
avoir peur », mots qui rappellent une cantate de Bach, le compositeur tombe
dans la plate banalité. On l'y retrouve çà et là en d'autres occasions. Quant
aux fioritures italiennes, elles sont amusantes, sans doute, quoique ne jaillis-
sant pas de source chez un maître dont l'écriture peut bien se prêter à tous
les genres, étant rompue à toutes lès difficultés de la technique, mais dont la
force et l'élégance dans l'invention mélodique sont limitées. Les interprètes
à'Ariadne à Naxos, fort bien choisis, ont reçu du public l'accueil le plus
flatteur. M 110 Mizzi Jeritza et M. Jàdlovker, en Ariane et Bacchus, ont été
comparés à des figures de fresquestellès qu'on en a trouvé à Pompéi. Comme
chanteurs, tous les deux n'ont rien laissé à désirer, soit pour la beauté
de la voix, soit pour le jeu ou le style. Mlle Margarethe Siems a enlevé les
vocalises de son rôle avec un élan, une verve très divertissants. M. Richard
Strauss a dirigé lui-même son orchestre de 36 musiciens; on l'a naturelle-
ment très fêté, bien que l'impression d'ensemble ait paru un peu indécise à
à cause à,es mélanges singuliers qu'a présenté ce bizarre spectacle, tant en ce
qui concerne le style musical que pour ce qui a rapport aux amalgames litté-
raires dont M. Hugo von Hofmannsthal.est l'auteur responsable..
— M; Richard Strauss, comme beaucoup de compositeurs, tous, pourrait-on
dire, est;ennemi des coupures. Il eut d'assez ennuyeux démêlés à ce propos,
lors des répétitions du Rosenkavalier, à Dresde. On dit qu'un jour, se trouvant
particulièrement exaspéré, il fit remettre à l'intendant des théâtres royaux une
partition dans laquelle tous les plus beaux passages étaient indiqués comme
coupTrres: à faire. Les idées de Mi Richard Strauss se manifestent aujourd'hui
d'une 1 façon plus plaisante. Le compositeurs'est vengé avecespritdes persécutions
qu'il avait endurées dès intendances allemandes. Dans te Bourgeois-gentilhomme,
version Hofmannsthal, M. Jourdain réclame des coupures dans les opéras ou
divertissements qu'il veut faire jouer. C'est un valet qui transmet ses ordies au
directeur musical et ce valet rapporte les paroles de son maître. «Il faut faire»
dit-il, lescoupures les plus étendues ; l'opéra peut être aussi court qu'il voudra'
il doit quand même être coupé, car jamais aucun opéra n'a été accepté sans
coupures et il ne serait pas digne d'un homme de qualité de vouloir enfreindre
cette règle ». Le plus amusant dans tout cela, c'est que M. Richard Strauss
s'est aperçu; parait-il, que son Ariadne à Naxos est trop longue, et qu'il a
proposé lui-même d'y pratiquer des coupures. La plupart des critiques pensent
qu'au lieu de raccourcir l'ouvrage, mieux vaudrait le jouer à part, sans le faire
précéder du Boxirgeois gentilhomme. On verra bien ce qu'il en adviendra, mais
l'intervention burlesque de M. Jourdain ne manque pas de gaîté.
— A peine M. Richard Strauss en a-t-il terminé avec son Ariadne à Naxos,
que, plus que jamais infatigable, il. s'occupe d'un autre ouvrage, en compagnie
de son collaborateur ordinaire, M. Hugo von Hoffmannsthal. Il s'agirait cette
fois d'un ballet grandiose qui mettrait en scène l'aventure de Joseph et de la
femme de Putiphar. L'exécution de ce ballet serait confiée au fameux, corps
de ballet russe qui s'est rendu célèbre en ces dernières années par ses tour-
nées à travers l'Europe, et principalement chez nous; ce serait le fameux dan-
seur Nijinski qui remplirait le rôle de Joseph. Mais la particularité curieuse
serait celle-ci, que le personnage de madame Putiphar serait interprété par
une grande dame que son long séjour à Rome a rendue, dit-on, presque
romaine, la princesse Abamelek. On avait songé d'abord pour ce rôle à l'amie
de M. Gabriele d'Annunzio, Ida Rubinstein, et des pourparlers avaient eu
lieu avec elle à ce sujet. Mais sur les conseils mêmes de Nijinski, qui est un
grand admirateur du talent de la princesse, on s'est adressé à celle-ci, qui,
par un caprice de grande dame, aurait accepté l'offre qui lui était faite.
— ÏS Allgemeine Musik-Zeitung, de Berlin, consacre un long article de
M. Adolphe Gottmann à la Semaine Française, de: Schwerin. Des éloges bien
mérités sont adressés aux deux artistes qui ont dirigé la partie musicale des
fûtes, le kapellmeister de la Cour, M. Willibald Kaehler, et M. Arthur Meissner,
à M" 10 Marie-Louise Debogis, à MM. Henri Marteau, Raoul Pugno, au quatuor
Marteau, à l'ensemble vocal et instrumental du théâtre et à la Société chorale
de la ville. Les chanteurs, MM. Grobke, Freiburg, Holy, Mohwinkel, Stichling,
les cantatrices, Mraes Paula Ucko, Schott, Schreiber, "Vichgraf, ne sont pas
oubliés, et l'on peut bien dire d'eux et d'elles,.comme de tous les artistes qui
ont concouruà l'exécutionmusicaletan.t;au"-théâtre qu'au concert, que leur dé-
vouement et leurs efforts ont été couronnés de succès; D'après l'excellent rédac-
teur/de Y Allgemeine Musik-Zeitung, unenote particulièrement intéressante dans
cette fête.-a été• donnée par les représentations >théâtrales-. Manon, de Massenet
n'étant pas unemouveauté en Allemagne, ni à Schwerin en particulier, on s'est
borné à répéter ce qui a été dit cent fois sur. le charme délicat, la grâce toute
française et le beau sentiment pathétique des scènes passionnées de ce chef-
d'oeuvre. Quant à Monna Vanna, de M. Henry Février, c'est.une partition que ses
grandes qualités imposent à l'attention de la critique et que son succès oblige
à discuter. M; Gottmann considère que le deuxième acte de cet ouvrage et la
scène de la tente entre Monna Vanna et Prinzivalli en sont le point culminant.
« Là, écrit-illavec justesse, se trouvent des sons venus du coeur(Herzenstône)
d'une beauté et d'une chaleur:oonnmumcatives;..» Parmiles mélodies-deBerlioz
et de MM.^HenriïDuparc, Debussy et Fauré qu'a chantées M^e Marie-Louise
Debogis;.l'Absence, de Berlioz, Phidylé; de M. Duparc, et le Lamenlo, de
M. Debussy, ont été particulièrement appréciés. Ce qui frappe; dans les juge-
ments portés par YAllgemeine Musik-Zeitung sur les oeuvres des compositeurs
français,, c'est une !réellesineérité: dans l'élogecomme dans lesréserves qui,
çà et là, l'accompagnent. L'important est que l'impression générale soit.excel-
lente et resserre les liens de confraternité qui doivent unir toutes personnes
et particulièrement celles qui cultivent ou aiment le même art.
— Le Ministère des Travaux Publics de Prusse est en ce moment en pos-
session- de quarante-huit projets po.ur-lâ construction'du nouvel Opéra-Royal
de Berlin. Dans :ce nombre sont' compris, les dix devis des: architectes Billing,
Burein, Dûlfer, Théodore Fischer,. Fr.entzen, Lossow et Kûhne, March,
Môhring, Moritz et Schmitz, déjà primés d'une somme.de 3.750 francs chacun.
D'après l'avis du Landtag prussien, les trente-huit projets qui n'ont reçu
aucune prime vont.être soumis à l'examen de. L'Académie des. Beaux-Arts,
section d'architecture. Il s'agira ensuite de choisir entre les projets considérés
comme les meilleurs de chacune des deux catégories, soit que l'on confie la
construction à l'un dès architectes concurrents en acceptant ses devis, soit, ce
qui est beaucoup plus probable, que l'on s'arrête à une combinaison réunissant
ce qui aura paru le mieux dans.plusieurs projets retenus. Il ne semble pas
que l'on soit encore à la veille d'aboutir.
— L'Opéra de Charlottenbourg (Berlin), qui devait être inauguré le 1er no-
vembre, ne.pourra: ouvrir ses:portes que le 8, l'état des travaux ne permettant
pas de commencer plus tôt les représentations.
— D'après le Berliner Tageblatt, un archiviste de Munster aurait découvert,
dans les papiers d'une très vieille famille de la noblesse, un parchemin consis-
tant en une double feuille sur laquelle auraient été écrits, avec une musique
pour les chanter, des poésies et des maximes du célèbre poète "Walther von
der Vogelweide (1170?-1227). Il paraît que ce document nouveau permettrait
de supposer avec plus, ou moins de vraisemblance que Vogelweide fut non
seulement un poète, mais aussi un compositeur. IL viendra sans doute à
l'esprit de tous que ce charmant poète des oiseaux .et des bois a pu, comme
Luther le fit plus tard, écrire la musique de ses chants destinés au peuple,
sans être pour cela ce que nous appelons un compositeur.
— Le Burgtheater de Vienne n'apas encore de directeur en titre. On dit
que le successeur du baron Berger sera M. Hugo Thimig, le régisseur qui
remplit actuellement les fonctions directoriales, et que sa nomination officielle
aura lieu entre- le-2b décembre et le 1er janvier'prochains.
— Une anecdote, relative à M. Hans. Richter, à Wagner et aux Maîtres Chan-
teurs. On sait que M. Richter commença par être corniste, en même temps que
simple, copiste de.musique. Il était encore, dans la première jeunesse lorsque
Wagner, alors, installé à Lucerne, le fit appeler en cette ville pour lui confier
lasCopie. delà partition des Maîtres Chanteurs. Un. jour, le.maître, en lui appor-
tant un morceau tout humide; d'encre encore, lui montra un passage en lui
disant : « Vous semble-t-il que ceci puisse s'exécuter sur le cor dans un mou-
vement rapide ? » C'était le final du second acte, où le cor reprend le motif de
la sérénade de Bsckmesser. « Parfaitement, lui répond Richter; seulement,
l'instrument donnera alors un.son bizarre, une sonorité nasale et grotesque. —
C'est justement ce que je veux, reprend Wagner; il me faut un effet grotesque. »
Et Richter lui fit entendre le passage sur le cor, et il s'en montra enchante.
Un an après, Richter, .grâce à Wagner, avait été. engagé à Munich pour mon-
ter, au théâtre de la Cour, les Maîtres Clianteurs ,et pour diriger la première re-
présentation, de l'ouvrage, ce qui n'était, pas. absolument facile, sous aucun
rapport. En effet, l'orchestre, obligé de travailler plus qu'à l'ordinaire, ayant»
se mesurer à des difficultés encore inconnues pour lui et qu'il jugeait impos-
sibles, montrait, avec une parfaite mauvaise volonté, une grande hostilité
contre l'oeuvre et son auteur. L'un des plus enragés parmi les musiciens était
le premier cor, qui, à la répétition,-déclara tout net, arrivé au fameux passage,
qu'il était inexécutable. Richter, alors, se tournant vers lui, s'écrie : — « A
moi le cor! » On lui passe l'instrument, et, à l'ébahissement de tous, il fa' 1
entendre le passage en l'exécutant avec la plus grande vélocité. Le côté curieux
de l'historiette, c'est que le premier cor du théâtre de Munich n'était autre
alors que le père de M. Richard Strauss, qui, aujourd'hui, soumet les instru-
mentistes à des difficultés auprès desquelles celles de Wagner ne sont quejeus
d'enfants.
— De Goerlitz (Silésie). On a exécuté au deuxième concert popula- 1'
(II. Volkskonzert) Chorale et Variations pour harpe et orchestre de AA'idor <]u
LE: MESTREL
pour tirer le'feu d'artifice avant le retour de madame Jourdain, monsieur Jour-
dain décide, sans se décontenancer, que là Mascarade italienne et Ariadne à
Naxos- seront jouées non■ plus l'une après 1 l'autre, comme c'était convenu,
mais simultanément. Nous avons donc sur la scène Ariadne éplorée, et, sur
une petite scène dressée dans: un coin'de la première; Zerbinette, Arlequin,
un- aidé de cuisine et d'autres types consacrés de la comédie italienne. On
comprend que M* Richard Strauss ait trouvé la combinaison ingénieuse, et se
soit diverti à écrire la'musique d'un aussi- extravagant libretto. Cette musique,
dont on fait grand bruit en ce moment, n'est ni aussi originale, ni aussi
hardie que certains le croient ou essayent de le faire croire: elle n'est pas
maladroite pourtant' et son orchestration réjouit fort l'oTeille. Une courte
ouverture dépeint la « non-musicalité » de monsieur Jourdain. L'un- des
passages cités comme très extraordinaires part'de la tonique ré bémol, passe
à la dominante'to bémol, au relatif.» bémol, et à la dominante fa du relatif.
Il semble difficile de voir là une bien grande témérité tonale. L'entrée de
Bacchus consiste en une suite de superpositions.de quartes: poursuivie sur
une vingtaine d'accords. Il y a. juste vingt-cinq, ans que ce procédé fut mis à
la mode dans certains cénacles par un musicien de Paris. Ariadne. soupire
sur un accord à'ut dièse avec si bémol comme septième, accord noté enhar-
moniquement et dont l'effet est véritablement réussi. Mais en écrivant la mu-
sique sur les mots « Lieben, Hassen, Hoffen, Zagen, aimer, haïr, espérer,
avoir peur », mots qui rappellent une cantate de Bach, le compositeur tombe
dans la plate banalité. On l'y retrouve çà et là en d'autres occasions. Quant
aux fioritures italiennes, elles sont amusantes, sans doute, quoique ne jaillis-
sant pas de source chez un maître dont l'écriture peut bien se prêter à tous
les genres, étant rompue à toutes lès difficultés de la technique, mais dont la
force et l'élégance dans l'invention mélodique sont limitées. Les interprètes
à'Ariadne à Naxos, fort bien choisis, ont reçu du public l'accueil le plus
flatteur. M 110 Mizzi Jeritza et M. Jàdlovker, en Ariane et Bacchus, ont été
comparés à des figures de fresquestellès qu'on en a trouvé à Pompéi. Comme
chanteurs, tous les deux n'ont rien laissé à désirer, soit pour la beauté
de la voix, soit pour le jeu ou le style. Mlle Margarethe Siems a enlevé les
vocalises de son rôle avec un élan, une verve très divertissants. M. Richard
Strauss a dirigé lui-même son orchestre de 36 musiciens; on l'a naturelle-
ment très fêté, bien que l'impression d'ensemble ait paru un peu indécise à
à cause à,es mélanges singuliers qu'a présenté ce bizarre spectacle, tant en ce
qui concerne le style musical que pour ce qui a rapport aux amalgames litté-
raires dont M. Hugo von Hofmannsthal.est l'auteur responsable..
— M; Richard Strauss, comme beaucoup de compositeurs, tous, pourrait-on
dire, est;ennemi des coupures. Il eut d'assez ennuyeux démêlés à ce propos,
lors des répétitions du Rosenkavalier, à Dresde. On dit qu'un jour, se trouvant
particulièrement exaspéré, il fit remettre à l'intendant des théâtres royaux une
partition dans laquelle tous les plus beaux passages étaient indiqués comme
coupTrres: à faire. Les idées de Mi Richard Strauss se manifestent aujourd'hui
d'une 1 façon plus plaisante. Le compositeurs'est vengé avecespritdes persécutions
qu'il avait endurées dès intendances allemandes. Dans te Bourgeois-gentilhomme,
version Hofmannsthal, M. Jourdain réclame des coupures dans les opéras ou
divertissements qu'il veut faire jouer. C'est un valet qui transmet ses ordies au
directeur musical et ce valet rapporte les paroles de son maître. «Il faut faire»
dit-il, lescoupures les plus étendues ; l'opéra peut être aussi court qu'il voudra'
il doit quand même être coupé, car jamais aucun opéra n'a été accepté sans
coupures et il ne serait pas digne d'un homme de qualité de vouloir enfreindre
cette règle ». Le plus amusant dans tout cela, c'est que M. Richard Strauss
s'est aperçu; parait-il, que son Ariadne à Naxos est trop longue, et qu'il a
proposé lui-même d'y pratiquer des coupures. La plupart des critiques pensent
qu'au lieu de raccourcir l'ouvrage, mieux vaudrait le jouer à part, sans le faire
précéder du Boxirgeois gentilhomme. On verra bien ce qu'il en adviendra, mais
l'intervention burlesque de M. Jourdain ne manque pas de gaîté.
— A peine M. Richard Strauss en a-t-il terminé avec son Ariadne à Naxos,
que, plus que jamais infatigable, il. s'occupe d'un autre ouvrage, en compagnie
de son collaborateur ordinaire, M. Hugo von Hoffmannsthal. Il s'agirait cette
fois d'un ballet grandiose qui mettrait en scène l'aventure de Joseph et de la
femme de Putiphar. L'exécution de ce ballet serait confiée au fameux, corps
de ballet russe qui s'est rendu célèbre en ces dernières années par ses tour-
nées à travers l'Europe, et principalement chez nous; ce serait le fameux dan-
seur Nijinski qui remplirait le rôle de Joseph. Mais la particularité curieuse
serait celle-ci, que le personnage de madame Putiphar serait interprété par
une grande dame que son long séjour à Rome a rendue, dit-on, presque
romaine, la princesse Abamelek. On avait songé d'abord pour ce rôle à l'amie
de M. Gabriele d'Annunzio, Ida Rubinstein, et des pourparlers avaient eu
lieu avec elle à ce sujet. Mais sur les conseils mêmes de Nijinski, qui est un
grand admirateur du talent de la princesse, on s'est adressé à celle-ci, qui,
par un caprice de grande dame, aurait accepté l'offre qui lui était faite.
— ÏS Allgemeine Musik-Zeitung, de Berlin, consacre un long article de
M. Adolphe Gottmann à la Semaine Française, de: Schwerin. Des éloges bien
mérités sont adressés aux deux artistes qui ont dirigé la partie musicale des
fûtes, le kapellmeister de la Cour, M. Willibald Kaehler, et M. Arthur Meissner,
à M" 10 Marie-Louise Debogis, à MM. Henri Marteau, Raoul Pugno, au quatuor
Marteau, à l'ensemble vocal et instrumental du théâtre et à la Société chorale
de la ville. Les chanteurs, MM. Grobke, Freiburg, Holy, Mohwinkel, Stichling,
les cantatrices, Mraes Paula Ucko, Schott, Schreiber, "Vichgraf, ne sont pas
oubliés, et l'on peut bien dire d'eux et d'elles,.comme de tous les artistes qui
ont concouruà l'exécutionmusicaletan.t;au"-théâtre qu'au concert, que leur dé-
vouement et leurs efforts ont été couronnés de succès; D'après l'excellent rédac-
teur/de Y Allgemeine Musik-Zeitung, unenote particulièrement intéressante dans
cette fête.-a été• donnée par les représentations >théâtrales-. Manon, de Massenet
n'étant pas unemouveauté en Allemagne, ni à Schwerin en particulier, on s'est
borné à répéter ce qui a été dit cent fois sur. le charme délicat, la grâce toute
française et le beau sentiment pathétique des scènes passionnées de ce chef-
d'oeuvre. Quant à Monna Vanna, de M. Henry Février, c'est.une partition que ses
grandes qualités imposent à l'attention de la critique et que son succès oblige
à discuter. M; Gottmann considère que le deuxième acte de cet ouvrage et la
scène de la tente entre Monna Vanna et Prinzivalli en sont le point culminant.
« Là, écrit-illavec justesse, se trouvent des sons venus du coeur(Herzenstône)
d'une beauté et d'une chaleur:oonnmumcatives;..» Parmiles mélodies-deBerlioz
et de MM.^HenriïDuparc, Debussy et Fauré qu'a chantées M^e Marie-Louise
Debogis;.l'Absence, de Berlioz, Phidylé; de M. Duparc, et le Lamenlo, de
M. Debussy, ont été particulièrement appréciés. Ce qui frappe; dans les juge-
ments portés par YAllgemeine Musik-Zeitung sur les oeuvres des compositeurs
français,, c'est une !réellesineérité: dans l'élogecomme dans lesréserves qui,
çà et là, l'accompagnent. L'important est que l'impression générale soit.excel-
lente et resserre les liens de confraternité qui doivent unir toutes personnes
et particulièrement celles qui cultivent ou aiment le même art.
— Le Ministère des Travaux Publics de Prusse est en ce moment en pos-
session- de quarante-huit projets po.ur-lâ construction'du nouvel Opéra-Royal
de Berlin. Dans :ce nombre sont' compris, les dix devis des: architectes Billing,
Burein, Dûlfer, Théodore Fischer,. Fr.entzen, Lossow et Kûhne, March,
Môhring, Moritz et Schmitz, déjà primés d'une somme.de 3.750 francs chacun.
D'après l'avis du Landtag prussien, les trente-huit projets qui n'ont reçu
aucune prime vont.être soumis à l'examen de. L'Académie des. Beaux-Arts,
section d'architecture. Il s'agira ensuite de choisir entre les projets considérés
comme les meilleurs de chacune des deux catégories, soit que l'on confie la
construction à l'un dès architectes concurrents en acceptant ses devis, soit, ce
qui est beaucoup plus probable, que l'on s'arrête à une combinaison réunissant
ce qui aura paru le mieux dans.plusieurs projets retenus. Il ne semble pas
que l'on soit encore à la veille d'aboutir.
— L'Opéra de Charlottenbourg (Berlin), qui devait être inauguré le 1er no-
vembre, ne.pourra: ouvrir ses:portes que le 8, l'état des travaux ne permettant
pas de commencer plus tôt les représentations.
— D'après le Berliner Tageblatt, un archiviste de Munster aurait découvert,
dans les papiers d'une très vieille famille de la noblesse, un parchemin consis-
tant en une double feuille sur laquelle auraient été écrits, avec une musique
pour les chanter, des poésies et des maximes du célèbre poète "Walther von
der Vogelweide (1170?-1227). Il paraît que ce document nouveau permettrait
de supposer avec plus, ou moins de vraisemblance que Vogelweide fut non
seulement un poète, mais aussi un compositeur. IL viendra sans doute à
l'esprit de tous que ce charmant poète des oiseaux .et des bois a pu, comme
Luther le fit plus tard, écrire la musique de ses chants destinés au peuple,
sans être pour cela ce que nous appelons un compositeur.
— Le Burgtheater de Vienne n'apas encore de directeur en titre. On dit
que le successeur du baron Berger sera M. Hugo Thimig, le régisseur qui
remplit actuellement les fonctions directoriales, et que sa nomination officielle
aura lieu entre- le-2b décembre et le 1er janvier'prochains.
— Une anecdote, relative à M. Hans. Richter, à Wagner et aux Maîtres Chan-
teurs. On sait que M. Richter commença par être corniste, en même temps que
simple, copiste de.musique. Il était encore, dans la première jeunesse lorsque
Wagner, alors, installé à Lucerne, le fit appeler en cette ville pour lui confier
lasCopie. delà partition des Maîtres Chanteurs. Un. jour, le.maître, en lui appor-
tant un morceau tout humide; d'encre encore, lui montra un passage en lui
disant : « Vous semble-t-il que ceci puisse s'exécuter sur le cor dans un mou-
vement rapide ? » C'était le final du second acte, où le cor reprend le motif de
la sérénade de Bsckmesser. « Parfaitement, lui répond Richter; seulement,
l'instrument donnera alors un.son bizarre, une sonorité nasale et grotesque. —
C'est justement ce que je veux, reprend Wagner; il me faut un effet grotesque. »
Et Richter lui fit entendre le passage sur le cor, et il s'en montra enchante.
Un an après, Richter, .grâce à Wagner, avait été. engagé à Munich pour mon-
ter, au théâtre de la Cour, les Maîtres Clianteurs ,et pour diriger la première re-
présentation, de l'ouvrage, ce qui n'était, pas. absolument facile, sous aucun
rapport. En effet, l'orchestre, obligé de travailler plus qu'à l'ordinaire, ayant»
se mesurer à des difficultés encore inconnues pour lui et qu'il jugeait impos-
sibles, montrait, avec une parfaite mauvaise volonté, une grande hostilité
contre l'oeuvre et son auteur. L'un des plus enragés parmi les musiciens était
le premier cor, qui, à la répétition,-déclara tout net, arrivé au fameux passage,
qu'il était inexécutable. Richter, alors, se tournant vers lui, s'écrie : — « A
moi le cor! » On lui passe l'instrument, et, à l'ébahissement de tous, il fa' 1
entendre le passage en l'exécutant avec la plus grande vélocité. Le côté curieux
de l'historiette, c'est que le premier cor du théâtre de Munich n'était autre
alors que le père de M. Richard Strauss, qui, aujourd'hui, soumet les instru-
mentistes à des difficultés auprès desquelles celles de Wagner ne sont quejeus
d'enfants.
— De Goerlitz (Silésie). On a exécuté au deuxième concert popula- 1'
(II. Volkskonzert) Chorale et Variations pour harpe et orchestre de AA'idor <]u
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