Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1862-10-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 19 octobre 1862 19 octobre 1862
Description : 1862/10/19 (A29,N47)-1862/10/25. 1862/10/19 (A29,N47)-1862/10/25.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5614267t
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
37-2
LE MÉNESTREL.
BOUFFES-PARISIENS.
Reprise d'Orphée aux Enfers; Mmc Ugalde.— Jacqueline, opérette en un acte,
paroles de M. Pol Dorcy, musique d'Alfred Lange.
Avant de nous convier à cette nouvelle édition d'Orphée aux
Enfers, et à celte nouvelle incarnation de Mme Ugalde, la di-
rection du passage Choiseul avait gratifié ses habitués, sans
bruit et presque à la dérobée, d'une opérette intitulée Jacque-
line.
Les auteurs de ce petit lever de rideau ont cru devoir se cacher
sous des pseudonymes; mais ce M. A Ifred Lange , qui signe la
partition, ne peut vous donner longtemps le change; dès les
premiers coups d'archet le voile est déchiré, le créateur de cette
musique vous est connu : à cette sûreté de main, à cette allure
piquante, à ces rhythmes fringants qui pétillent comme le vin
de Champagne, vous devinez la griffe du maître Jacques de l'en-
droit.
Le sujet de Jacqueline offre quelque analogie avec celui du
Chalet. Au lieu d'un Max, c'est un sous-officier de lanciers,
Petit-Pierre, à qui la jeune villageoise est promise dès l'âge de
sept ans. Jacqueline, lasse d'attendre le retour de ce cousin, est
sur le point de se marier avec le jeune et naïf maître d'école
Gros-Jean; mais le troupier revient au pays au moment où on
ne l'attendait plus : il est prêt à remplir sa promesse si Jacque-
line y tient absolument; car lui-même a contracté ailleurs une
tendre liaison. Heureusement il ne tarde pas à s'apercevoir que
sa cousine préfère Gros-Jean ; alors son parti est pris : il affecte
un air farouche, ravage la cave de Jacqueline, porte la terreur
dans l'âme de la jeune villageoise et du maître d'école, — finale-
ment pour les mystifier tous deux et signer à leur mariage.
La partition ne renferme guère que cinq morceaux, mais ils
sont tous d'un tour vif, allègre, et d'un dessin mélodique très-
réussi. On a vivement applaudi les couplets de Bâche : Ah! le
beau jour! le dueltino Marions-nous, et surtout les couplets
dramatico-bouffes de Duvernoy : Adieu! tais-toi, mon coeur ! La
duo En avant, tambour battant! a été également fort goûté;
mais la chanson de table, C'est le lancier, a remporté les hon-
neurs de la soirée. Duvernoy, Bâche et MUe Boisse ont partagé
le succès do la pièce. N'oublions pas Tacova, qui donne une
physionomie plaisante à un type de notaire des plus excen-
triques.
Mais le grand événement, l'événement capital pour le pas-
sage Choiseul, a eu lieu avant-hier, vendredi.
La nouvelle de cette migration de Mme Ugalde vers la scène
des Bouffes-Parisiens avait produit une très-vive sensation. Aux
yeux des puritains de l'art, la célèbre cantatrice signait sa dé-
chéance ; — sentence gratuite, puisque cette même cantatrice a
déjà daigné apparaître sur les planches du théâtre des Variétés
sans y laisser le prestige de son talent. C'est ici le cas de retour-
ner le dicton, et de dire : Qui peut le moins peut le plus ; car
la scène des Bouffes est, après tout, une scène lyrique, la mu-
sique bouffe y coule à pleins bords, et Mme Ugalde est dans son
élément.
On sait que tout ce qui s'éloigne des hautes sphères dramati-
ques, des types d'héroïnes sérieuses rentre également dans la
nature et dans le tempérament de Mme Ugalde. Grande vocaliste,
musicienne parfaite, elle s'est montrée digne de ceindre la cou-
ronne de Catherine et d'Elisabeth, mais, comédienne pleine
d'entrain, elle est surtout une admirable Coraline et une Vir-
ginie sans rivale.
Ce n'est donc pas déchoir que de s'emparer de ce rôle d'Eu-
rydice du chef-d'oeuvre de Jacques Offenbach.
Quant à l'heureuse issue de cette tentative, elle n'était pas en
question; un vif attrait de curiosité était garanti par l'événe-
ment même. Le succès s'annonçait infaillible.
Or ce succès a dépassé toutes les espérances. Dès les premiers
couplets d'Eurydice : N'en dites rien à mon mari, auxquels elle
a imprimé le vrai cachet de la comédienne, Mrae Ugalde a justifié
le surnom qu'on lui donnait déjà dans la salle , et qui l'attend
sur cette scène : elle s'est montrée la Déjazet lyrique des Bouffes-
Parisiens. De chaleureuses salves d'applaudissements ont accueilli
ces couplets, ainsi que son duo avec Orphée (Marchand). A par-
tir de ce moment, les bravos ne discontinuaient plus; mais c'est
surtout dans l'hymne à Bacchus que le brio de la comédienne-
cantatrice est venu mettre toutes voiles dehors; Mme Ugalde a
lancé les notes suraiguës de cet Evohé avec une sûreté et une
verve incroyables. Un couplet de cet hymne lui a été bruyam-
ment redemandé; un unanime rappel et une pluie de bouquets
ont complété l'ovation.
La populaire partition d'Offenbach, comme on le pense bien,
a eu sa part de la fête, et Léonce, Désiré, Bâche, Marchand, ont,
comme d'habitude, greffé leurs extravagantes fantaisies sur ce
poëme si désopilant.
La mise en scène, le tableau de l'Olympe et celui de l'Enfer,
avec leur essaim de charmantes actrices, ont fait merveille. La
jolie Mlle Garnier a repris son rôle de Vénus, et M1Ie Simon, de
l'Opéra, est devenue la protagoniste du galop infernal ; car
Mme Ugalde ne tenait à cueillir aucune palme chorégraphique;
sa part est assez belle; Orphée aux Enfers lui devra une nou-
velle impulsion et un regain de vogue pour six mois au moins.
J. LOVY.
P. S. Le défaut d'espace nous force à renvoyer notre Semaine
théâtrale à dimanche prochain. Constatons, en attendant, le
succès que vient d'obtenir le VAUDEVILLE avec la nouvelle co-
médie de MM. Th. Barrière et Lambert Thiboust, les Ivresses,
ou la Chanson de l'amour, — succès dont MIle Fargueil et
Félix peuvent revendiquer leur belle et bonne part.
00>0§§00«
CONCERTS POPULAIRES DE MUSIQUE CLASSIQUE
lre SÉANCE.
[Dimanche 12 octobre.)
La voilà de nouveau sur la brèche, cette jeune et vaillante
milice de M. Pasdeloup ! la voilà revenue pleine d'ardeur et
portant haut et ferme le drapeau de Mozart, d'Haydn, de Beetho-
ven ! Salut à ces concerts populaires, qui, nés l'hiver dernier,
ont obtenu d'emblée une vogue si prodigieuse et si bien méritée!
Tout nous annonce que celte vogue sera durable, car ce n'était
point un caprice, un engouement qui poussait la foule vers le
Cirque-Napoléon. En affluant à ces concerts la foule répon-
dait à l'appel d'un sentiment intime. Le goût de la grande mu-
sique instrumentale avait déjà son germe dans les masses,
LE MÉNESTREL.
BOUFFES-PARISIENS.
Reprise d'Orphée aux Enfers; Mmc Ugalde.— Jacqueline, opérette en un acte,
paroles de M. Pol Dorcy, musique d'Alfred Lange.
Avant de nous convier à cette nouvelle édition d'Orphée aux
Enfers, et à celte nouvelle incarnation de Mme Ugalde, la di-
rection du passage Choiseul avait gratifié ses habitués, sans
bruit et presque à la dérobée, d'une opérette intitulée Jacque-
line.
Les auteurs de ce petit lever de rideau ont cru devoir se cacher
sous des pseudonymes; mais ce M. A Ifred Lange , qui signe la
partition, ne peut vous donner longtemps le change; dès les
premiers coups d'archet le voile est déchiré, le créateur de cette
musique vous est connu : à cette sûreté de main, à cette allure
piquante, à ces rhythmes fringants qui pétillent comme le vin
de Champagne, vous devinez la griffe du maître Jacques de l'en-
droit.
Le sujet de Jacqueline offre quelque analogie avec celui du
Chalet. Au lieu d'un Max, c'est un sous-officier de lanciers,
Petit-Pierre, à qui la jeune villageoise est promise dès l'âge de
sept ans. Jacqueline, lasse d'attendre le retour de ce cousin, est
sur le point de se marier avec le jeune et naïf maître d'école
Gros-Jean; mais le troupier revient au pays au moment où on
ne l'attendait plus : il est prêt à remplir sa promesse si Jacque-
line y tient absolument; car lui-même a contracté ailleurs une
tendre liaison. Heureusement il ne tarde pas à s'apercevoir que
sa cousine préfère Gros-Jean ; alors son parti est pris : il affecte
un air farouche, ravage la cave de Jacqueline, porte la terreur
dans l'âme de la jeune villageoise et du maître d'école, — finale-
ment pour les mystifier tous deux et signer à leur mariage.
La partition ne renferme guère que cinq morceaux, mais ils
sont tous d'un tour vif, allègre, et d'un dessin mélodique très-
réussi. On a vivement applaudi les couplets de Bâche : Ah! le
beau jour! le dueltino Marions-nous, et surtout les couplets
dramatico-bouffes de Duvernoy : Adieu! tais-toi, mon coeur ! La
duo En avant, tambour battant! a été également fort goûté;
mais la chanson de table, C'est le lancier, a remporté les hon-
neurs de la soirée. Duvernoy, Bâche et MUe Boisse ont partagé
le succès do la pièce. N'oublions pas Tacova, qui donne une
physionomie plaisante à un type de notaire des plus excen-
triques.
Mais le grand événement, l'événement capital pour le pas-
sage Choiseul, a eu lieu avant-hier, vendredi.
La nouvelle de cette migration de Mme Ugalde vers la scène
des Bouffes-Parisiens avait produit une très-vive sensation. Aux
yeux des puritains de l'art, la célèbre cantatrice signait sa dé-
chéance ; — sentence gratuite, puisque cette même cantatrice a
déjà daigné apparaître sur les planches du théâtre des Variétés
sans y laisser le prestige de son talent. C'est ici le cas de retour-
ner le dicton, et de dire : Qui peut le moins peut le plus ; car
la scène des Bouffes est, après tout, une scène lyrique, la mu-
sique bouffe y coule à pleins bords, et Mme Ugalde est dans son
élément.
On sait que tout ce qui s'éloigne des hautes sphères dramati-
ques, des types d'héroïnes sérieuses rentre également dans la
nature et dans le tempérament de Mme Ugalde. Grande vocaliste,
musicienne parfaite, elle s'est montrée digne de ceindre la cou-
ronne de Catherine et d'Elisabeth, mais, comédienne pleine
d'entrain, elle est surtout une admirable Coraline et une Vir-
ginie sans rivale.
Ce n'est donc pas déchoir que de s'emparer de ce rôle d'Eu-
rydice du chef-d'oeuvre de Jacques Offenbach.
Quant à l'heureuse issue de cette tentative, elle n'était pas en
question; un vif attrait de curiosité était garanti par l'événe-
ment même. Le succès s'annonçait infaillible.
Or ce succès a dépassé toutes les espérances. Dès les premiers
couplets d'Eurydice : N'en dites rien à mon mari, auxquels elle
a imprimé le vrai cachet de la comédienne, Mrae Ugalde a justifié
le surnom qu'on lui donnait déjà dans la salle , et qui l'attend
sur cette scène : elle s'est montrée la Déjazet lyrique des Bouffes-
Parisiens. De chaleureuses salves d'applaudissements ont accueilli
ces couplets, ainsi que son duo avec Orphée (Marchand). A par-
tir de ce moment, les bravos ne discontinuaient plus; mais c'est
surtout dans l'hymne à Bacchus que le brio de la comédienne-
cantatrice est venu mettre toutes voiles dehors; Mme Ugalde a
lancé les notes suraiguës de cet Evohé avec une sûreté et une
verve incroyables. Un couplet de cet hymne lui a été bruyam-
ment redemandé; un unanime rappel et une pluie de bouquets
ont complété l'ovation.
La populaire partition d'Offenbach, comme on le pense bien,
a eu sa part de la fête, et Léonce, Désiré, Bâche, Marchand, ont,
comme d'habitude, greffé leurs extravagantes fantaisies sur ce
poëme si désopilant.
La mise en scène, le tableau de l'Olympe et celui de l'Enfer,
avec leur essaim de charmantes actrices, ont fait merveille. La
jolie Mlle Garnier a repris son rôle de Vénus, et M1Ie Simon, de
l'Opéra, est devenue la protagoniste du galop infernal ; car
Mme Ugalde ne tenait à cueillir aucune palme chorégraphique;
sa part est assez belle; Orphée aux Enfers lui devra une nou-
velle impulsion et un regain de vogue pour six mois au moins.
J. LOVY.
P. S. Le défaut d'espace nous force à renvoyer notre Semaine
théâtrale à dimanche prochain. Constatons, en attendant, le
succès que vient d'obtenir le VAUDEVILLE avec la nouvelle co-
médie de MM. Th. Barrière et Lambert Thiboust, les Ivresses,
ou la Chanson de l'amour, — succès dont MIle Fargueil et
Félix peuvent revendiquer leur belle et bonne part.
00>0§§00«
CONCERTS POPULAIRES DE MUSIQUE CLASSIQUE
lre SÉANCE.
[Dimanche 12 octobre.)
La voilà de nouveau sur la brèche, cette jeune et vaillante
milice de M. Pasdeloup ! la voilà revenue pleine d'ardeur et
portant haut et ferme le drapeau de Mozart, d'Haydn, de Beetho-
ven ! Salut à ces concerts populaires, qui, nés l'hiver dernier,
ont obtenu d'emblée une vogue si prodigieuse et si bien méritée!
Tout nous annonce que celte vogue sera durable, car ce n'était
point un caprice, un engouement qui poussait la foule vers le
Cirque-Napoléon. En affluant à ces concerts la foule répon-
dait à l'appel d'un sentiment intime. Le goût de la grande mu-
sique instrumentale avait déjà son germe dans les masses,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.32%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 97.32%.
- Collections numériques similaires Arts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1"The Romanic review : a quarterly journal devoted to research, the publications of texts and documents, critical discussions, notes, news and comment, in the field of the romance languages and literatures / edited by Henry Alfred Todd and Raymond Weeks /ark:/12148/bpt6k119586.highres Bibliothèque de l'École des Chartes /ark:/12148/bpt6k12501c.highres
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k5614267t/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k5614267t/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k5614267t/f4.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k5614267t/f4.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k5614267t
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k5614267t
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k5614267t/f4.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest