Titre : Le Ménestrel : journal de musique
Éditeur : Heugel (Paris)
Date d'édition : 1926-05-14
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344939836
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 44462 Nombre total de vues : 44462
Description : 14 mai 1926 14 mai 1926
Description : 1926/05/14 (A88,N20)-1926/05/20. 1926/05/14 (A88,N20)-1926/05/20.
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5614163t
Source : Bibliothèque nationale de France, TOL Non conservé au département des périodiques
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2010
LE • MÉNESTREL
toujours jeune de M. Messager prouve, jusqu'en ses
manifestations les plus récentes, que la musique de
>emj_caractère n'est pas fatalement condamnée aux
bassesses du music-hall et du dancing.
Mais en M. André Messager, l'artiste dépasse peut-
être encore l'oeuvre et constitue une figure de premier
clan par une extraordinaire intelligence, par une inalté-
rable jeunesse d'esprit et une exceptionnelle intuition
desnécessairestransformations ^es formes et des éléments
de la musique. Comme directeur de l'Opéra, comme
directeur de la musique à l'Opéra-Comique, comme
chef d'orchestre, comme critique, M. André Messager a
servi tour à tour de la manière la plus clairvoyante et la
plus agissante, Wagner, Debussy, Fauré, Ravel, Stra-
winsky, non pas comme tant d'autres, quand leurs
oeuvres se furent imposées et eurent triomphé de toutes
les résistances, mais au moment où elles se heurtaient
encore à l'incompréhension ou à l'indifférence. Aujour-
(j'hui — chose trop rare chez les hommes de son âge —
M.André Messager, avec la même curiosité d'esprit, ne
craint pas de mettre son autorité militante au service de
tous les jeunes artistes qui lui en semblent dignes. Et
c'est pourquoi tous les vrais, tous les clairvoyants amis
de la musique doivent se réjouir hautement de l'hon-
neur qui est fait aujourd'hui au plus Parisien de nos
compositeurs et lui adresser, à cette occasion, un res-
pectueux et reconnaissant hommage. P. B.
LA SEMAINE MUSICALE
Théâtre Mogador. — No, No, Nanette, opérette en trois
actes'de Frank MANDEL, Otto HARBACH et Irwing
CAESAR, adaptation française de Roger FERREOL et
Robert DE SIMONE, lyrics de COLLINE et MERRY; mu-
sique de Vincent YOUMANS.
MM. Isola viennent de nous présenter, avec une
magnificence incomparable, un curieux spécimen de
l'opérette anglo-saxonne, qui tient moins peut-être du
théâtre que du music-hall, mais dont le succès a été mon-
dial. Il semble devoir être aussi très vif à Paris. On ne
peut nier l'intérêt d'ordre purement musical qui s'attache
a cette oeuvre célèbre : sa gaîté, sa vigueur d'accent, sa
netteté rythmique, accentuée plastiquement par les
entrées de girls et de boys qui, avec plus ou moins d'à
propos, interviennent dans l'action à la manière du
choeur antique. Et le tout est mis en oeuvre par un ani-
mateur hors de pair, M. Mackey, chef extraordinaire,
conduisant sans baguette et en pétrissant le son, un
orchestre qui s'est incorporé tous les éléments du jazz.
Usoutient le rythme avec une vigueur irrésistible, soit
en jouant du piano, soit en tirant de sa propre mimique
une force d'impulsion à laquelle ne résistent pas les
solistes. Il leur communique même ainsi, quand il le
croit nécessaire, une sorte de dansomanie.
Tout serait parfait si les trois quarts du spectacle
jetaient malheureusement encombrés d'un dialogue
imprégné de cette ahurissante niaiserie qui caractérise
es opérettes anglaises. Pourquoi vraiment s'être donné
«peine de nous rendre intelligible ce texte qui, au fond,
^S 1 peu d'importance? Pourquoi ne pas avoir conservé
aversion originale en pratiquant simplement de som-
mes coupures? Cela eût d'ailleurs satisfait davantage la
°ule d'étrangers qui se presse à No, No, Nanette et
parmi laquelle les Français, avec leur monnaie dépré
ciée, font timidement figure de parents pauvres.
Brillante interprétation, en tête de laquelle brillent
MM. Oudart et Adrien Lamy, Mmcs Loulou Hegoburu,
Gabrielle Ristori, Fernande Albany, Jane Fusier.
Paul BERTRAND.
Le Trianon-Lyrique a représenté un petit acte à trois
personnages l'Amour conspire, de M. Raymond Genty, pour
lequel M. Maurice Pesse a écrit une musique aimable et
facile à laquelle le public de Trianon a fait le meilleur
accueil.
LA SEMAINE DRAMATIQUE
Odéon. — La Revue de l'Odéon, de MM. Jean BASTIA
et André LANG.
— MUe Mireille votre mi un peu trop bas, voyons
M. Oettly, de la souplesse, roulez les yeux; M. Pas-
quali, très bien ce shimmy; MUe Clarance, levez la
jambe !.. Plus haut.
— Je ne peux pas, nous sommes à l'Odéon. Songez à
nos maîtres : Le Bargy, Mlle du Minil, à notre austère
directeur, M. Rabaud.
— Moi, je faisais partie, au Conservatoire, des classes
dramatiques et non de la classe d'opéra-comique. Na !
D'ailleurs, plus je chanterai faux, plus ce sera drôle.
■— Songez que Corneille et Racine, du foyer, nous
regardent.
— Oui, mais Molière sourit derrière le portant.
— Voyons, recommençons ce fox-trott. Ne sautez
pas, Mlle Perret.
— Voilà, j'ai chanté mon petit couplet.
— Vous chantiez, j'en suis fort aise ! Eh bien, dansez
maintenant, Mademoiselle.
— Allons, les Odeon's Girls, soignez ce corte. Tous
ensemble, en avant. Tra la la la la la, tra la la la-la la.
Et sous l'oeil attentif de MM. Bastia, Lang et Cadou,
de Mme Yvonne Régis, pendant des semaines, les masses
odéonesques évoluèrent sur le plateau aux rythmes syn-
copés du jazz.
On répétait la Revue!
« Une Revue à l'Odéon... Pourquoi pas? » C'est là
le premier tableau : disons comme lui. Est-ce que la
butte Sainte-Geneviève n'a pas été autrefois le théâtre
des farces, soties et moralités, qui ne se gênaient ni pour
brimer le pouvoir, ni pour s'esbaudir des travers
humains. N'est-ce point là que la jeunesse studieuse se
reposait des monotones travaux de la Sorbonne reli-
gieuse, par les fêtes où les « Clercs de la basoche » et les
«Enfants sans soucis » blaguaient la magistrature, l'Eglise,
la maréchaussée, ne respectant — et pour cause — que
le Roy. Serait-ce la proximité du Panthéon et du Sénat
qui chasserait la bonne humeur? Est-ce la faute des
étudiants si l'Odéon, en son cube de pierre, ressemble à
une prison? M. Gémier a pensé qu'il fallait, puisque les
étrangers et les snobs ont envahi Montmartre, rendre à
la joyeuse colline de la rive gauche, sa gaieté, sa bonne
humeur et son esprit gentiment frondeur. La tentative
a pleinement réussi. MM. Bastia et Lang ont prouvé
qu'on pouvait amuser sans dire de gros mots impu-
diques, être drôle sans être méchant et intéresser sans
installer des éventaires de nudités.
C'est vraiment une revue pour Français, écrite à la
— 219
toujours jeune de M. Messager prouve, jusqu'en ses
manifestations les plus récentes, que la musique de
>emj_caractère n'est pas fatalement condamnée aux
bassesses du music-hall et du dancing.
Mais en M. André Messager, l'artiste dépasse peut-
être encore l'oeuvre et constitue une figure de premier
clan par une extraordinaire intelligence, par une inalté-
rable jeunesse d'esprit et une exceptionnelle intuition
desnécessairestransformations ^es formes et des éléments
de la musique. Comme directeur de l'Opéra, comme
directeur de la musique à l'Opéra-Comique, comme
chef d'orchestre, comme critique, M. André Messager a
servi tour à tour de la manière la plus clairvoyante et la
plus agissante, Wagner, Debussy, Fauré, Ravel, Stra-
winsky, non pas comme tant d'autres, quand leurs
oeuvres se furent imposées et eurent triomphé de toutes
les résistances, mais au moment où elles se heurtaient
encore à l'incompréhension ou à l'indifférence. Aujour-
(j'hui — chose trop rare chez les hommes de son âge —
M.André Messager, avec la même curiosité d'esprit, ne
craint pas de mettre son autorité militante au service de
tous les jeunes artistes qui lui en semblent dignes. Et
c'est pourquoi tous les vrais, tous les clairvoyants amis
de la musique doivent se réjouir hautement de l'hon-
neur qui est fait aujourd'hui au plus Parisien de nos
compositeurs et lui adresser, à cette occasion, un res-
pectueux et reconnaissant hommage. P. B.
LA SEMAINE MUSICALE
Théâtre Mogador. — No, No, Nanette, opérette en trois
actes'de Frank MANDEL, Otto HARBACH et Irwing
CAESAR, adaptation française de Roger FERREOL et
Robert DE SIMONE, lyrics de COLLINE et MERRY; mu-
sique de Vincent YOUMANS.
MM. Isola viennent de nous présenter, avec une
magnificence incomparable, un curieux spécimen de
l'opérette anglo-saxonne, qui tient moins peut-être du
théâtre que du music-hall, mais dont le succès a été mon-
dial. Il semble devoir être aussi très vif à Paris. On ne
peut nier l'intérêt d'ordre purement musical qui s'attache
a cette oeuvre célèbre : sa gaîté, sa vigueur d'accent, sa
netteté rythmique, accentuée plastiquement par les
entrées de girls et de boys qui, avec plus ou moins d'à
propos, interviennent dans l'action à la manière du
choeur antique. Et le tout est mis en oeuvre par un ani-
mateur hors de pair, M. Mackey, chef extraordinaire,
conduisant sans baguette et en pétrissant le son, un
orchestre qui s'est incorporé tous les éléments du jazz.
Usoutient le rythme avec une vigueur irrésistible, soit
en jouant du piano, soit en tirant de sa propre mimique
une force d'impulsion à laquelle ne résistent pas les
solistes. Il leur communique même ainsi, quand il le
croit nécessaire, une sorte de dansomanie.
Tout serait parfait si les trois quarts du spectacle
jetaient malheureusement encombrés d'un dialogue
imprégné de cette ahurissante niaiserie qui caractérise
es opérettes anglaises. Pourquoi vraiment s'être donné
«peine de nous rendre intelligible ce texte qui, au fond,
^S 1 peu d'importance? Pourquoi ne pas avoir conservé
aversion originale en pratiquant simplement de som-
mes coupures? Cela eût d'ailleurs satisfait davantage la
°ule d'étrangers qui se presse à No, No, Nanette et
parmi laquelle les Français, avec leur monnaie dépré
ciée, font timidement figure de parents pauvres.
Brillante interprétation, en tête de laquelle brillent
MM. Oudart et Adrien Lamy, Mmcs Loulou Hegoburu,
Gabrielle Ristori, Fernande Albany, Jane Fusier.
Paul BERTRAND.
Le Trianon-Lyrique a représenté un petit acte à trois
personnages l'Amour conspire, de M. Raymond Genty, pour
lequel M. Maurice Pesse a écrit une musique aimable et
facile à laquelle le public de Trianon a fait le meilleur
accueil.
LA SEMAINE DRAMATIQUE
Odéon. — La Revue de l'Odéon, de MM. Jean BASTIA
et André LANG.
— MUe Mireille votre mi un peu trop bas, voyons
M. Oettly, de la souplesse, roulez les yeux; M. Pas-
quali, très bien ce shimmy; MUe Clarance, levez la
jambe !.. Plus haut.
— Je ne peux pas, nous sommes à l'Odéon. Songez à
nos maîtres : Le Bargy, Mlle du Minil, à notre austère
directeur, M. Rabaud.
— Moi, je faisais partie, au Conservatoire, des classes
dramatiques et non de la classe d'opéra-comique. Na !
D'ailleurs, plus je chanterai faux, plus ce sera drôle.
■— Songez que Corneille et Racine, du foyer, nous
regardent.
— Oui, mais Molière sourit derrière le portant.
— Voyons, recommençons ce fox-trott. Ne sautez
pas, Mlle Perret.
— Voilà, j'ai chanté mon petit couplet.
— Vous chantiez, j'en suis fort aise ! Eh bien, dansez
maintenant, Mademoiselle.
— Allons, les Odeon's Girls, soignez ce corte. Tous
ensemble, en avant. Tra la la la la la, tra la la la-la la.
Et sous l'oeil attentif de MM. Bastia, Lang et Cadou,
de Mme Yvonne Régis, pendant des semaines, les masses
odéonesques évoluèrent sur le plateau aux rythmes syn-
copés du jazz.
On répétait la Revue!
« Une Revue à l'Odéon... Pourquoi pas? » C'est là
le premier tableau : disons comme lui. Est-ce que la
butte Sainte-Geneviève n'a pas été autrefois le théâtre
des farces, soties et moralités, qui ne se gênaient ni pour
brimer le pouvoir, ni pour s'esbaudir des travers
humains. N'est-ce point là que la jeunesse studieuse se
reposait des monotones travaux de la Sorbonne reli-
gieuse, par les fêtes où les « Clercs de la basoche » et les
«Enfants sans soucis » blaguaient la magistrature, l'Eglise,
la maréchaussée, ne respectant — et pour cause — que
le Roy. Serait-ce la proximité du Panthéon et du Sénat
qui chasserait la bonne humeur? Est-ce la faute des
étudiants si l'Odéon, en son cube de pierre, ressemble à
une prison? M. Gémier a pensé qu'il fallait, puisque les
étrangers et les snobs ont envahi Montmartre, rendre à
la joyeuse colline de la rive gauche, sa gaieté, sa bonne
humeur et son esprit gentiment frondeur. La tentative
a pleinement réussi. MM. Bastia et Lang ont prouvé
qu'on pouvait amuser sans dire de gros mots impu-
diques, être drôle sans être méchant et intéresser sans
installer des éventaires de nudités.
C'est vraiment une revue pour Français, écrite à la
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