Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-07-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 juillet 1896 15 juillet 1896
Description : 1896/07/15 (A15,N20,SER5)-1896/07/31. 1896/07/15 (A15,N20,SER5)-1896/07/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607743s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
320
L'AMI DE L'ENFANCE
c,Encore une; toute petite histoire. Cette fois
c'est.uriei paillasse; qui me l'a racontée. Cela
vous semble: étonnant? Vous allez voir.
« Quand on;va par le chemin de 1er à notre chef-
lieu, il y a un endroit où le train passe sur les
arches-d'un viaduc (Expliquer ces mots), et l'on
voit ce qui se fait dans les chambres du troisième
étage de quelques maisons. Parun beau jour de
printemps, 1 j'ai'vû:à>unefenêtre une petite pail-
lasse, à carreaux rouges et blancs, un peu passée,
mais trèsipropre, un oreiller de berceau, une
couverture d'enfant et une couverture de grand
li.t. Je ne. connais-pas du tout les personnes qui
habitentceùe chambre, ni vous non plus ; mais
nous pouvons deviner bien des choses sur leurl
compte:. Dîabord, puisqu'il y a un berceau, c'est
qu'il y a quelqu'un à mettre dedans. Serait-ce
unpetit chien, ou'un' petit chat?
—T Non, un enfant.
—--Et cet enfant est-il grand ?
— Non.
— Pourquoi.?:
— Parce qu'il a un berceau.'
—: S'il était plus grand, il lui faudrait un lit.
. — Et le petit enfant qui dort dans ce berceau
et qui ne sait pas encore marcher, demeure-t-il
tout seul dans la chambre ?
— Oh! non.
— Qui;est avec lui?
— Sa maman.
- .—Etle soir, qui rentre à la maison?
— Son papa.
..." — Ce papa et cette maman, nous ne les avons
pas vus ; nous n'avons pas vu le poupon non
plus. Mais, comme tout est bien soigné dans la
chambré, cela montre que le papa travaille et
rapporte à sa femme l'argent qu'il gagne ; il ne
va pas le boire à l'auberge avec les tapageurs.
« La maman est soigneuse; elle met sa literie à
la fenêtre seulement quand il y a du soleil; elle
lave bien la toile de la paillasse du petit. Voilà
donc; une maison où nousne sommes jamais
entrés; mais ce que nous avons vu nous a fait
deviner qu'il y a au troisième étage, dans une
bonne chambre bien ensoleillée, un brave ou-
vrier, sobre et laborieux, avec une gentille
femme active et propre, et un petit enfant qui
fait la joie de ses parents. Je crois que ce pou-
pon n'a pas encore de frères et de soeurs;,il en
aura probablement plus'tard. Voici pourquoi je
pense que ses parents n'ont encore que lui. La
couverture du grand lit avait l'air presque
neuve; cela montre que ces braves gens n'é-
taient pas mariés depuis très longtemps.
a. Voyez que de choses on peut deviner en re-
gardant bien et en réfléchissant bien à ce qu'on
a vu ! Nous avons dit une fois que notre mé-
moire était comme un livre d'images.-Dans mon
livre d'images à moi, c'est-à-dire dans ma tête,
je vois, le soir, un ouvrier qui rentre ; il em-
brasse sa femme qui lui sourit aimablement et
tous deux s'approchent tout doucement, avec la
lumière, d'un-berceau où dort, à poings fermés,
un gentil petit garçon de six mois. C'est une
jolie image, n'est-ce pas ? Voyez tout ce que
peut raconter une paillasse dé berceau à une
dame qui passe dans un train de chemin de fer! »
(Ces anecdotes ne sont pas destinées "à être
racontées toutes à la file les unes- des autres.
Elles serviront à illustrer les explications, en
s'y intercalant au bon endroit. On peut abréger
ou amplifier et entremêler adroitement le tout
de questions appropriées. C'est à la narratrice
à juger de ce qu'elle doit dire ou ne pas dire,
suivant l'heure de la journée, l'âge des petits
auditeurs, la fatigue possible, le degré d'atten-
tion et les efforts déjà exigés de cette attention
naissante. Tout ce qu'on pourra tirer de ses
souvenirs personnels aura le mérite de l'authen-
ticité et; espérons-le du moins, de la précision).
M. MONOD.
Le Gérant : A. TEMPLIER.
Librairie^ HACHETTE & C% boulevard Saint-Germain, 79, â Paris.
s3298. — L.-Imprimerics réunies, rue Mignon, 2, Paris. — MAY et MOTTEROZ, directeurs:
L'AMI DE L'ENFANCE
c,Encore une; toute petite histoire. Cette fois
c'est.uriei paillasse; qui me l'a racontée. Cela
vous semble: étonnant? Vous allez voir.
« Quand on;va par le chemin de 1er à notre chef-
lieu, il y a un endroit où le train passe sur les
arches-d'un viaduc (Expliquer ces mots), et l'on
voit ce qui se fait dans les chambres du troisième
étage de quelques maisons. Parun beau jour de
printemps, 1 j'ai'vû:à>unefenêtre une petite pail-
lasse, à carreaux rouges et blancs, un peu passée,
mais trèsipropre, un oreiller de berceau, une
couverture d'enfant et une couverture de grand
li.t. Je ne. connais-pas du tout les personnes qui
habitentceùe chambre, ni vous non plus ; mais
nous pouvons deviner bien des choses sur leurl
compte:. Dîabord, puisqu'il y a un berceau, c'est
qu'il y a quelqu'un à mettre dedans. Serait-ce
unpetit chien, ou'un' petit chat?
—T Non, un enfant.
—--Et cet enfant est-il grand ?
— Non.
— Pourquoi.?:
— Parce qu'il a un berceau.'
—: S'il était plus grand, il lui faudrait un lit.
. — Et le petit enfant qui dort dans ce berceau
et qui ne sait pas encore marcher, demeure-t-il
tout seul dans la chambre ?
— Oh! non.
— Qui;est avec lui?
— Sa maman.
- .—Etle soir, qui rentre à la maison?
— Son papa.
..." — Ce papa et cette maman, nous ne les avons
pas vus ; nous n'avons pas vu le poupon non
plus. Mais, comme tout est bien soigné dans la
chambré, cela montre que le papa travaille et
rapporte à sa femme l'argent qu'il gagne ; il ne
va pas le boire à l'auberge avec les tapageurs.
« La maman est soigneuse; elle met sa literie à
la fenêtre seulement quand il y a du soleil; elle
lave bien la toile de la paillasse du petit. Voilà
donc; une maison où nousne sommes jamais
entrés; mais ce que nous avons vu nous a fait
deviner qu'il y a au troisième étage, dans une
bonne chambre bien ensoleillée, un brave ou-
vrier, sobre et laborieux, avec une gentille
femme active et propre, et un petit enfant qui
fait la joie de ses parents. Je crois que ce pou-
pon n'a pas encore de frères et de soeurs;,il en
aura probablement plus'tard. Voici pourquoi je
pense que ses parents n'ont encore que lui. La
couverture du grand lit avait l'air presque
neuve; cela montre que ces braves gens n'é-
taient pas mariés depuis très longtemps.
a. Voyez que de choses on peut deviner en re-
gardant bien et en réfléchissant bien à ce qu'on
a vu ! Nous avons dit une fois que notre mé-
moire était comme un livre d'images.-Dans mon
livre d'images à moi, c'est-à-dire dans ma tête,
je vois, le soir, un ouvrier qui rentre ; il em-
brasse sa femme qui lui sourit aimablement et
tous deux s'approchent tout doucement, avec la
lumière, d'un-berceau où dort, à poings fermés,
un gentil petit garçon de six mois. C'est une
jolie image, n'est-ce pas ? Voyez tout ce que
peut raconter une paillasse dé berceau à une
dame qui passe dans un train de chemin de fer! »
(Ces anecdotes ne sont pas destinées "à être
racontées toutes à la file les unes- des autres.
Elles serviront à illustrer les explications, en
s'y intercalant au bon endroit. On peut abréger
ou amplifier et entremêler adroitement le tout
de questions appropriées. C'est à la narratrice
à juger de ce qu'elle doit dire ou ne pas dire,
suivant l'heure de la journée, l'âge des petits
auditeurs, la fatigue possible, le degré d'atten-
tion et les efforts déjà exigés de cette attention
naissante. Tout ce qu'on pourra tirer de ses
souvenirs personnels aura le mérite de l'authen-
ticité et; espérons-le du moins, de la précision).
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