Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1896-05-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 mai 1896 15 mai 1896
Description : 1896/05/15 (A15,N16,SER5)-1896/05/31. 1896/05/15 (A15,N16,SER5)-1896/05/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607738g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
2427.
L'AMI DE L'ENFANCE
Ecoles normales primaires.
INSTITUTRICES
Directrices d'école annexe.
15 avril. — Un congé de trois mois est accordé,
sur sa demande et pour raisons de santé, à M 11" Tré-
zéguet, directrice de l'école primaire annexe de
l'école normale d'Angoulême.
Mm" Robert, institutrice adjointe, pourvue du
brevet supérieur et du certificat d'aptitude pédago-
gique, est chargée de suppléer M" 0 Trézéguet, di-
rectrice de l'école primaire annexe de l'école nor-
male d'Angoulême, en .congé de trois mois pour
raisons de santé.
PÉDAGOGIE
L'entant observe ; il juge; il souffre
dans sa dignité.
Permettez-moi de vous raconter trois petits
faits, recueillis au hasard chez des amis, dans
une école; le premier date de moins de huit
jours, le second est d'hier, et nous en tirerons
des conclusions pédagogiques qui se dégagent
claires comme le jour.
1° Une fillette de trois ans et demi, la petite
Hélène, est extrêmement timide. Sa mère, souf-
frante depuis quelque temps, ne. pouvant sortir
avec elle et n'aimant pas à l'envoyer seule avec-
une jeune bonne, a accepté l'invitation d'une
de ses voisines ayant un jardin, dans lequel son
enfant, ami de la petite Hélène, joue presque
toute la journée ;
« Envoyez-la-moi quand vous voudrez. »
Mais Hélène n'a pas voulu; elle a fait une
scène, s'est accrochée aux jupes de sa mère ; Je
papa est intervenu. C'est un philosophe, il a
d'abord fait de la morale au bébé, sur qui il a
une grande influence, et, comme la morale ne
réussissait pas, il a voulu user d'autorité.
Alors, la mère :
« Que veux-tu? Laisse-la, puisqu'elle ne veut
pas ; elle y viendra toute seule. »
Le lendemain, la mère et l'enfant jouaient à
la « dame » ; on se faisait des visites.
« Vos enfants se portent-ils bien? demanda
la mère à Hélène.
— Oui, madame.
— Ils sont sages?
— Quelquefois; mais ma petite fille ne veut
pas aller jouer chez son petit ami.
.— Et que faites-vous?
HÉLÈNE, d'un, air désintéressé. — Oh! rien!
Je dis à son papa : « Laisse-la, puisqu'elle ne
« veut pas. Ï
2° Encore une petite Hélène et du même âge ;
celle-ci est la dernière d'une très nombreuse
famille, extrêmement gâtée, choyée,; adorée
par des frères et des soeurs dont l'aîné a vingt
ans. Il y a quelques jours, ses parents dînaient
en ville, un des grands frères s'était chargé
d'elle, pour le repas du soir. On lui servit sa
soupe, qu'elle mange ordinairemerit de. très bon
appétit.
Elle la refuse obstinément.
« Mais enfin, bébé, qu'est-ce que ce caprice?
lui dit son frère. Tu es très méchante, pourquoi
ne veux-tu-pas manger ta soupe?
— Bébé ne veut pas grandir.
— Et pourquoi? reprend le frère très intri-
gué.
— Bébé ne veut pas perdre ses dents! Bébé
ne veut pas ressembler a M™ X....! »
3° Un petit garçon arrive à l'école maternelle.
C'est un quasi indigent; ou bien sa mère en
fait un quasi indigent par sa paresse, son insou-
ciance et sa malpropreté. Très fréquemment, la
directrice lui fait une toilette complète et rem-
place le haillon hideux qui lui sert de chemise
propre.
Lin de ces derniers matins, l'enfant, en arri-
vant, court vers la directrice et lui dit tout bas :
« Maman m'a changé ce matin ».
Rapprochons ces trois anecdotes vécues :
1° des détails qui nous sont constamment don-
nés à haute voix et devant les enfants, dans
nos écoles; 2° de la réponse qui est faite lorsque
nous prêchons la réserve.
Les détails ne sont que trop vrais ; s Le père
dé l'enfant n° 1 est à l'hôpital. Sa mère ne peut
subvenir aux besoins de la famille; les voisins,
heureusement, sont charitables. » — « La mère
de l'enfant n° 2 est une paresseuse qui oublie tous
ses devoirs, x — « A l'enfant n° 3, on a souvent
donné des chemises et des chaussures, elles ont
été vendues. » — « L'enfant n° 5 mourrait de faim,
si la directrice ne lui donnait à manger », etc.
Chaque fois, je tire à part la maîtresse, je la
prie de ne pas dire de telles choses devant les
enfants, et, invariablement, elle me répond :
« Ils ne comprennent pas ! »
Elle en est convaincue, sans doute, puisqu'elle
parle ainsi devant eux. Mais cette conviction
décèle une méconnaissance bien regrettable
d'une faculté incontestable chez l'enfant et d'un
sentiment très profond chez quelques autres : la
faculté d'observation et le sentiment de la
pudeur morale : de la dignité. Si l'on ignore
l'une et l'autre, on s'expose à commettre les
fautes le.s plus graves contre les enfants que
l'on a la charge d'élever.
L'enfant observe et iljuge.... La petite Hélène
n° la parfaitement saisi lapetite lutte déquelques
secondes qui s'est produite entre son père et sa
mère; elle a compris que sa mère avait été la
plus forte, et elle lui a finement donné son
approbation.... C'est d'une délicatesse de touche
merveilleuse.
Hélène n° 2 avait vu Mme X... dans la journée,
et M™ X... a perdu quelques dents. Hélène a
L'AMI DE L'ENFANCE
Ecoles normales primaires.
INSTITUTRICES
Directrices d'école annexe.
15 avril. — Un congé de trois mois est accordé,
sur sa demande et pour raisons de santé, à M 11" Tré-
zéguet, directrice de l'école primaire annexe de
l'école normale d'Angoulême.
Mm" Robert, institutrice adjointe, pourvue du
brevet supérieur et du certificat d'aptitude pédago-
gique, est chargée de suppléer M" 0 Trézéguet, di-
rectrice de l'école primaire annexe de l'école nor-
male d'Angoulême, en .congé de trois mois pour
raisons de santé.
PÉDAGOGIE
L'entant observe ; il juge; il souffre
dans sa dignité.
Permettez-moi de vous raconter trois petits
faits, recueillis au hasard chez des amis, dans
une école; le premier date de moins de huit
jours, le second est d'hier, et nous en tirerons
des conclusions pédagogiques qui se dégagent
claires comme le jour.
1° Une fillette de trois ans et demi, la petite
Hélène, est extrêmement timide. Sa mère, souf-
frante depuis quelque temps, ne. pouvant sortir
avec elle et n'aimant pas à l'envoyer seule avec-
une jeune bonne, a accepté l'invitation d'une
de ses voisines ayant un jardin, dans lequel son
enfant, ami de la petite Hélène, joue presque
toute la journée ;
« Envoyez-la-moi quand vous voudrez. »
Mais Hélène n'a pas voulu; elle a fait une
scène, s'est accrochée aux jupes de sa mère ; Je
papa est intervenu. C'est un philosophe, il a
d'abord fait de la morale au bébé, sur qui il a
une grande influence, et, comme la morale ne
réussissait pas, il a voulu user d'autorité.
Alors, la mère :
« Que veux-tu? Laisse-la, puisqu'elle ne veut
pas ; elle y viendra toute seule. »
Le lendemain, la mère et l'enfant jouaient à
la « dame » ; on se faisait des visites.
« Vos enfants se portent-ils bien? demanda
la mère à Hélène.
— Oui, madame.
— Ils sont sages?
— Quelquefois; mais ma petite fille ne veut
pas aller jouer chez son petit ami.
.— Et que faites-vous?
HÉLÈNE, d'un, air désintéressé. — Oh! rien!
Je dis à son papa : « Laisse-la, puisqu'elle ne
« veut pas. Ï
2° Encore une petite Hélène et du même âge ;
celle-ci est la dernière d'une très nombreuse
famille, extrêmement gâtée, choyée,; adorée
par des frères et des soeurs dont l'aîné a vingt
ans. Il y a quelques jours, ses parents dînaient
en ville, un des grands frères s'était chargé
d'elle, pour le repas du soir. On lui servit sa
soupe, qu'elle mange ordinairemerit de. très bon
appétit.
Elle la refuse obstinément.
« Mais enfin, bébé, qu'est-ce que ce caprice?
lui dit son frère. Tu es très méchante, pourquoi
ne veux-tu-pas manger ta soupe?
— Bébé ne veut pas grandir.
— Et pourquoi? reprend le frère très intri-
gué.
— Bébé ne veut pas perdre ses dents! Bébé
ne veut pas ressembler a M™ X....! »
3° Un petit garçon arrive à l'école maternelle.
C'est un quasi indigent; ou bien sa mère en
fait un quasi indigent par sa paresse, son insou-
ciance et sa malpropreté. Très fréquemment, la
directrice lui fait une toilette complète et rem-
place le haillon hideux qui lui sert de chemise
propre.
Lin de ces derniers matins, l'enfant, en arri-
vant, court vers la directrice et lui dit tout bas :
« Maman m'a changé ce matin ».
Rapprochons ces trois anecdotes vécues :
1° des détails qui nous sont constamment don-
nés à haute voix et devant les enfants, dans
nos écoles; 2° de la réponse qui est faite lorsque
nous prêchons la réserve.
Les détails ne sont que trop vrais ; s Le père
dé l'enfant n° 1 est à l'hôpital. Sa mère ne peut
subvenir aux besoins de la famille; les voisins,
heureusement, sont charitables. » — « La mère
de l'enfant n° 2 est une paresseuse qui oublie tous
ses devoirs, x — « A l'enfant n° 3, on a souvent
donné des chemises et des chaussures, elles ont
été vendues. » — « L'enfant n° 5 mourrait de faim,
si la directrice ne lui donnait à manger », etc.
Chaque fois, je tire à part la maîtresse, je la
prie de ne pas dire de telles choses devant les
enfants, et, invariablement, elle me répond :
« Ils ne comprennent pas ! »
Elle en est convaincue, sans doute, puisqu'elle
parle ainsi devant eux. Mais cette conviction
décèle une méconnaissance bien regrettable
d'une faculté incontestable chez l'enfant et d'un
sentiment très profond chez quelques autres : la
faculté d'observation et le sentiment de la
pudeur morale : de la dignité. Si l'on ignore
l'une et l'autre, on s'expose à commettre les
fautes le.s plus graves contre les enfants que
l'on a la charge d'élever.
L'enfant observe et iljuge.... La petite Hélène
n° la parfaitement saisi lapetite lutte déquelques
secondes qui s'est produite entre son père et sa
mère; elle a compris que sa mère avait été la
plus forte, et elle lui a finement donné son
approbation.... C'est d'une délicatesse de touche
merveilleuse.
Hélène n° 2 avait vu Mme X... dans la journée,
et M™ X... a perdu quelques dents. Hélène a
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