Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1895-06-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 juin 1895 15 juin 1895
Description : 1895/06/15 (A14,N18,SER5)-1895/06/30. 1895/06/15 (A14,N18,SER5)-1895/06/30.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607704p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
MÉTHODE FRANÇAISE D'ÉDUCATION MATERNELLE
,275
dont ils avalent,... car le repas à l'école crée ce
devoir supplémentaire.
II
vestiaire des écoles est alimenté à très peu de
frais, quoique l'on distribue des vêtements par
centaines. -..
•Contre le froid, il y a les vêtements. Ici, le
patronage doit, ce me semble, entrer dans une
voie nouvelle. Il distribue des vêtements une s
fois par an, soit un pantalon ou un jupon, soit I
une robe ou une veste, soit une ou deux cbe- s
mises et autanj; de paires de bas, rarement il <
habille des pieds à la tète; or tout chef de <
famille sait combien de fois par année il faut 1
renouveler le vestiaire d'un enfant et nul >
n'ignore que, pour maintenir la propreté, il :
faut que le linge de corps et les bas soient
renouvelés sans cesse; enfin les enfants sont
les bourreaux de la chaussure.
Ce n'est donc pas une distribution annuelle
qui peut suffire; ce qu'il faut, c'est l'organi-
sation d'un vestiaire à l'école même; vestiaire
dont les différentes pièces seront cataloguées,
dont les entrées et les sorties seront exactement
indiquées, et dont le directeur et la directrice
auront la responsabilité. A tel enfant qui aura
besoin, clans le courant de l'année, de six che-
mises et de trois paires de chaussures, on
donnera ces chemises et ces chaussures; à tel
autre qui n'aura besoin que d'une chemise et
d'une paire de galoches, on n'en donnera pas
davantage; à celui qui n'a besoin de rien, on
ne donnera rien. Il s'agit d'organiser l'égalité
du bien-être, et non pas l'égalité des dons.
La présence du vestiaire à l'école même amé-
liorera les conditions hygiéniques de l'école.
Tel enfant, arrivant les pieds trempés, aura sa
chaussure immédiatement remplacée, pendant
que l'autre séchera; la chaussure avariée pourra
être réparée.
Ce vestiaire peut être établi à peu de frais
par le procédé suivant qui fonctionne à Bor-
deaux, où il rend de précieux services : le
patronage adresse un appel à toutes les bonnes
âmes — et vraiment ilne faut pas être un modèle
de générosité pour y répondre, — il demande
qu'on lui envoie tous les vêtements hors de
service pour une cause quelconque : usure par-
tielle, coupe surannée, etc.
Cesvêtements, préalableinentïiassés à l'étuve,
sont ensuite confiés aux grands élèves des
écoles primaires qui, sous la direction de la
maîtresse de couture, les mettent en état et les
proportionnent à la taille de ceux qui doivent
les porter. 11 est, en effet, superflu de dire
qu'un vêtement qui s'ajuste bien dure plus
longtemps, et que, si nous avons le devoir de
vêtir ceux qui sont nus, nous n'avons pas le
droit de les affubler, de les rendre grotesques.
Cette mise au point des vieux vêtements a
deux autres avantages; l'un utilitaire : il fournil
aux grandes élèves des écoles le matériel qui
manque trop souvent à la leçon de couture, il
les.rend habiles, industrieuses; l'autre, d'un
ordre très élevé : il initie les jeunes filles aux
joies de la solidarité. A Bordeaux, des réunions
de couture ont lieu le jeudi dans quelques
écoles; quelques anciennes élèves se font une
fête d'y prendre part; en ces conditions, le
III
L'école étant un milieu dans lequel doivent
se créer les bonnes habitudes, un milieu dans
lequel l'enfant doit apprendre à bien vivre parmi
ses semblables,'dans lequel il doit se saturer
d'impressions morales, il importe d'y organiser
et d'y entretenir une propreté scrupuleuse. J'ai
la persuasion que la propreté et le sentiment
de la dignité humaine sont en quelque sorte
inséparables. Or quels sentiments essayerions-
nous de cultiver dans les âmes, si nous n'y
avions pas semé d'abord celui de la dignité?
Tel être, qui ne fera pas une action mauvaise
s'il est persuadé que cette action le fera déchoir,
la commettrait en l'absence du gendarme s'il
n'avait peur que du gendarme. Pour en revenir
aux petits écoliers, s'ils prennent à l'école l'ha-
bitude de la propreté, ils seront gênés de n'être
pas propres, gênés de vivre dans la malpro-
preté, et inconsciemment d'abord, par principe
ensuite, ils modifieront les habitudes de leurs
familles.
En organisant la propreté àl'école, nous aurons
amélioré les conditions morales du peuple lui-
même.
Pour être propre, il faut se laver, ou bien être
lavé. Les enfants qui fréquentent nos écoles
maternelles, ceux pour lesquels l'école a été
créée, c'est-à-dire ceux dont les mères ne
peuvent pas s'occuper (c'est le' cas dans toutes
les villes de fabriques), arrivent à l'école ma-
ternelle sans avoir été lavés, ou après avoir été
très imparfaitement lavés. Il faut faire leur toi-
lette, et je n'entends pas par ce mot leur laver
strictement la figure et les mains. Mais où donc
est l'eau dans beaucoup d'écoles? — L'eau est
dans un seau ou dans une terrine, ou simple-
ment à la pompe ; dans le premier cas, plusieurs
enfants (quelquefois un nombre considérable
d'enfants) sont lavés dans la même eau, quel
que soit l'état de santé de quelques-uns; dans
le second cas, l'eau qui s'échappe du robinet
les éclabousse, les mouille, au grand dommage'
de leurs vêtements et de leur bien-être. Il est
donc de toute nécessité d'avoir dans chaque
école un lavabo à plusieurs cuvettes, dont le
système permettra de renouveler l'eau pour
chaque enfant.
Ces lavabos sont réglementaires, au même
chef que les murs de la classe ; malheureusement
les municipalités ont relégué cette dépense
obligatoire à la colonne des dépenses somp-
tuaires, et les enfants sont lavés comme on l'a
lu plus haut.
Le patronage, usant de son influence, obtien-
. drait, sans doute, ce qui a été refusé à l'admi-
: nistration; il pourrait, dans certains cas, parti-
i ciper à la dépensé, peut-être môme la faire tout
; entière. Et quel beau cadeau à faire à des
s enfants que de leur donner le moyen d'être
s propres!
i Mais au moins faudrait-il des serviettes indi-
! viduelles, car enfin, la serviette, c'est le véhi-
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dont ils avalent,... car le repas à l'école crée ce
devoir supplémentaire.
II
vestiaire des écoles est alimenté à très peu de
frais, quoique l'on distribue des vêtements par
centaines. -..
•Contre le froid, il y a les vêtements. Ici, le
patronage doit, ce me semble, entrer dans une
voie nouvelle. Il distribue des vêtements une s
fois par an, soit un pantalon ou un jupon, soit I
une robe ou une veste, soit une ou deux cbe- s
mises et autanj; de paires de bas, rarement il <
habille des pieds à la tète; or tout chef de <
famille sait combien de fois par année il faut 1
renouveler le vestiaire d'un enfant et nul >
n'ignore que, pour maintenir la propreté, il :
faut que le linge de corps et les bas soient
renouvelés sans cesse; enfin les enfants sont
les bourreaux de la chaussure.
Ce n'est donc pas une distribution annuelle
qui peut suffire; ce qu'il faut, c'est l'organi-
sation d'un vestiaire à l'école même; vestiaire
dont les différentes pièces seront cataloguées,
dont les entrées et les sorties seront exactement
indiquées, et dont le directeur et la directrice
auront la responsabilité. A tel enfant qui aura
besoin, clans le courant de l'année, de six che-
mises et de trois paires de chaussures, on
donnera ces chemises et ces chaussures; à tel
autre qui n'aura besoin que d'une chemise et
d'une paire de galoches, on n'en donnera pas
davantage; à celui qui n'a besoin de rien, on
ne donnera rien. Il s'agit d'organiser l'égalité
du bien-être, et non pas l'égalité des dons.
La présence du vestiaire à l'école même amé-
liorera les conditions hygiéniques de l'école.
Tel enfant, arrivant les pieds trempés, aura sa
chaussure immédiatement remplacée, pendant
que l'autre séchera; la chaussure avariée pourra
être réparée.
Ce vestiaire peut être établi à peu de frais
par le procédé suivant qui fonctionne à Bor-
deaux, où il rend de précieux services : le
patronage adresse un appel à toutes les bonnes
âmes — et vraiment ilne faut pas être un modèle
de générosité pour y répondre, — il demande
qu'on lui envoie tous les vêtements hors de
service pour une cause quelconque : usure par-
tielle, coupe surannée, etc.
Cesvêtements, préalableinentïiassés à l'étuve,
sont ensuite confiés aux grands élèves des
écoles primaires qui, sous la direction de la
maîtresse de couture, les mettent en état et les
proportionnent à la taille de ceux qui doivent
les porter. 11 est, en effet, superflu de dire
qu'un vêtement qui s'ajuste bien dure plus
longtemps, et que, si nous avons le devoir de
vêtir ceux qui sont nus, nous n'avons pas le
droit de les affubler, de les rendre grotesques.
Cette mise au point des vieux vêtements a
deux autres avantages; l'un utilitaire : il fournil
aux grandes élèves des écoles le matériel qui
manque trop souvent à la leçon de couture, il
les.rend habiles, industrieuses; l'autre, d'un
ordre très élevé : il initie les jeunes filles aux
joies de la solidarité. A Bordeaux, des réunions
de couture ont lieu le jeudi dans quelques
écoles; quelques anciennes élèves se font une
fête d'y prendre part; en ces conditions, le
III
L'école étant un milieu dans lequel doivent
se créer les bonnes habitudes, un milieu dans
lequel l'enfant doit apprendre à bien vivre parmi
ses semblables,'dans lequel il doit se saturer
d'impressions morales, il importe d'y organiser
et d'y entretenir une propreté scrupuleuse. J'ai
la persuasion que la propreté et le sentiment
de la dignité humaine sont en quelque sorte
inséparables. Or quels sentiments essayerions-
nous de cultiver dans les âmes, si nous n'y
avions pas semé d'abord celui de la dignité?
Tel être, qui ne fera pas une action mauvaise
s'il est persuadé que cette action le fera déchoir,
la commettrait en l'absence du gendarme s'il
n'avait peur que du gendarme. Pour en revenir
aux petits écoliers, s'ils prennent à l'école l'ha-
bitude de la propreté, ils seront gênés de n'être
pas propres, gênés de vivre dans la malpro-
preté, et inconsciemment d'abord, par principe
ensuite, ils modifieront les habitudes de leurs
familles.
En organisant la propreté àl'école, nous aurons
amélioré les conditions morales du peuple lui-
même.
Pour être propre, il faut se laver, ou bien être
lavé. Les enfants qui fréquentent nos écoles
maternelles, ceux pour lesquels l'école a été
créée, c'est-à-dire ceux dont les mères ne
peuvent pas s'occuper (c'est le' cas dans toutes
les villes de fabriques), arrivent à l'école ma-
ternelle sans avoir été lavés, ou après avoir été
très imparfaitement lavés. Il faut faire leur toi-
lette, et je n'entends pas par ce mot leur laver
strictement la figure et les mains. Mais où donc
est l'eau dans beaucoup d'écoles? — L'eau est
dans un seau ou dans une terrine, ou simple-
ment à la pompe ; dans le premier cas, plusieurs
enfants (quelquefois un nombre considérable
d'enfants) sont lavés dans la même eau, quel
que soit l'état de santé de quelques-uns; dans
le second cas, l'eau qui s'échappe du robinet
les éclabousse, les mouille, au grand dommage'
de leurs vêtements et de leur bien-être. Il est
donc de toute nécessité d'avoir dans chaque
école un lavabo à plusieurs cuvettes, dont le
système permettra de renouveler l'eau pour
chaque enfant.
Ces lavabos sont réglementaires, au même
chef que les murs de la classe ; malheureusement
les municipalités ont relégué cette dépense
obligatoire à la colonne des dépenses somp-
tuaires, et les enfants sont lavés comme on l'a
lu plus haut.
Le patronage, usant de son influence, obtien-
. drait, sans doute, ce qui a été refusé à l'admi-
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i ciper à la dépensé, peut-être môme la faire tout
; entière. Et quel beau cadeau à faire à des
s enfants que de leur donner le moyen d'être
s propres!
i Mais au moins faudrait-il des serviettes indi-
! viduelles, car enfin, la serviette, c'est le véhi-
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