Presse et revues
16 pages
Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1895-04-01
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 01 avril 1895 01 avril 1895
Description : 1895/04/01 (A14,N13,SER5)-1895/04/15. 1895/04/01 (A14,N13,SER5)-1895/04/15.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607698d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
MÉTHODE FRANÇAISE D'ÉDUCATION'.'. MATERNELLE
205
en Ta saison des fruits s'était parée de guir-
landes de cerises ; l'image qu'elle nous faisait
île la mignonne était si gracieuse que nous
nous demandâmes si les enfants avaient tort ou
raisjçmT"
Le lendemain, au Musée pédagogique, nous
eûmes la visite d'une maman, d'un papa et de
leurs deux petits enfants, un garçon de cinq
ans, une petite fille de trois ans. (
A la fin de la visite, les enfants s'étaient fort i
amusés, car nous a.vons pas mal de petits jou- <
joux;nous donnâmes quelques petits travaux.
Nous prîmes un carton de tissages et nous les
présentâmes devant les enfants, afin qu'ils
pussent choisir ceux qui leur paraîtraient les
plus beaux.
Il y avait des tissages en papier brillant,
rouge et bleu, violet et rouge, affreux à notre
idée, criards de tons, puis d'autres dans les
notes adoucies, de dessins faciles, mais signi-
ficatifs. ,
« Faites bien attention, dis-je aux. parents;
vous allez voir vos enfants choisir les tissages
les plus voyants, les moins artistiques. »
La chose ne manqua pas.
Ces enfants ne sont pas des enfants ordi-
naires; ils appartiennent à des parents remar-
quablement intelligents, distingués, ayant dans
l'esprit et dans le coeur toutes les finesses que
donne l'instruction jointe à une grande élé-
vation de sentiments et de goûts. 11 pourrait y
avoir un atavisme. Non. Ces enfants ont agi
comme agissent tous les enfants; ils ont été
comme les papillons à la lumière, à l'éclat, vers
ce qui brille, vers les notes élevées des cou-
leurs; ils n'ont pas senti de chocs entre les
nuances.
Nous nous demandons si les'enfants ont tort,
si les sauvages ont tort.
Il y a bien des manières de sentir.
Quand le ciel est gris, les couleurs perdent
leurs qualités. Avec le soleil tout devient har-
monieux, la lumière crée des teintes. Nos petits
enfants voient simplement,peut-être tout prend-
il pour euxplus de lumière que pour nous.Quand
on est heureux, le ciel paraît moins gris, tout
se colore autour de nous d'autres reflets.
11 y a pour nous une mode d'habitude qui
n'existe pas.pour les enfants. Il y a vingt ans
on aurait cru faire un crime de mêler dans une
toilette du violet et du rouge. Aujourd'hui la
chose est courante ainsi que d'autres.
Que conclure de cette étude?
C'est que nous devons laisser les enfants
suivre un peu le goût que la nature leur a
donné; elle a eu ses raisons; ils n'ont pas l'âge
d'agir artistement, ils aiment le clinquant, les
couleurs vives, heurtées. Sachons les com-
prendre et sourire. Vivent les polichinelles
éclatants, les poupées rubicondes ! Laissons les
enfants à l'état d'enfants.
M.
LEÇONS DE CHOSES PRATIQUES:
I.cs joujoux d'un sou.
LE PANIER A SALADE
Si vous n'avez pas encore ce charmant joujou
dans votre collection, prenez celui de votre
ménage; tous deux ont la même forme, c'est-à-
dire la forme des ballons d'illuminations.
Ils sont en fil de fer blanc.
Les enfants regarderont le panier attentive-
ment, ils verront au fond le fil spirale qui tourne
en élargissant les cercles, puis en les resser-
rant; ils observeront bien que ce fil est attaché
régulièrement à des fils très distants disposés
dans l'autre sens et fixés à un large cercle qui
marque l'ouverture du panier.
C'est à ce cercle que l'anse est rivée.
Vous aurez, bien entendu, de la salade, ce
qui vous permettra de faire des questions; vous
direz les noms des salades ; vous direz qu'elles
sont formées de feuilles tendres, qu'il faut les
éplucher avec soin, enlever les feuilles malades
ou noircies par l'eau, regarder dans les replis
s'il n'y a pas de chenilles, de vers; ensuite lés
laver pour enlever la lerre, le sable et les pous-
sières.
Les enfants s'amusent beaucoup lorsqu'on leur
parle des choses qu'ils connaissent. Les salades
lavées à grande eau, quelquefois à plusieurs
reprises, doivent être égouttées, c'est-à-dire
débarrassées de l'eau qui colle les feuilles l'une
à l'autre.
C'est à ce moment qu'on met la salade dans
le panier et qu'on secoue celui-ci par un mou-
vement de va-et-vient qui jette l'eau partout,
comme un arrosoir.
Les plus petits enfants peuvent éplucher cer-
taines salades comme la mâche, la chicorée, le
pissenlit; les plus grands peuvent dégager les
feuilles des laitues, des scaroles, et même avec
leurs doigts couper les feuilles des romaines.
Ils peuvent jeter la salade épluchée dans un
seau rempli d'eau, l'agiter et la mettre dans le
panier pour la secouer.
Faites remarquer l'entrée étroite du panier,
ce qui empêche la salade de sortir, et l'élargis-
sement du ballon, ce qui permet aux feuilles
d'être remuées comme il faut.
A propos de cette leçon, il faudra bien parler
de l'accommodement des salades : de l'huile, du
vinaigre, du sel, du poivre, de la fourniture.
Que de choses à dire !
Dans une école trop nombreuse pour que tous
les enfants pussent travailler à la chose de cette
leçon, nous avons suivi avec un vif intérêt une
i sorte de petit jeu auquel tous les enfants prirent
i part.
Les dix premiers allèrent cueillir de la salade
qui avait poussé dans un pot 1, dix autres l'éplu-
chèrent, c'était de la jeuue chicorée sauvage,
dix autres la lavèrent, dix autres la sortirent de
l'eau par petites masses, et comme le panier
•1. C'était à la ville.
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en Ta saison des fruits s'était parée de guir-
landes de cerises ; l'image qu'elle nous faisait
île la mignonne était si gracieuse que nous
nous demandâmes si les enfants avaient tort ou
raisjçmT"
Le lendemain, au Musée pédagogique, nous
eûmes la visite d'une maman, d'un papa et de
leurs deux petits enfants, un garçon de cinq
ans, une petite fille de trois ans. (
A la fin de la visite, les enfants s'étaient fort i
amusés, car nous a.vons pas mal de petits jou- <
joux;nous donnâmes quelques petits travaux.
Nous prîmes un carton de tissages et nous les
présentâmes devant les enfants, afin qu'ils
pussent choisir ceux qui leur paraîtraient les
plus beaux.
Il y avait des tissages en papier brillant,
rouge et bleu, violet et rouge, affreux à notre
idée, criards de tons, puis d'autres dans les
notes adoucies, de dessins faciles, mais signi-
ficatifs. ,
« Faites bien attention, dis-je aux. parents;
vous allez voir vos enfants choisir les tissages
les plus voyants, les moins artistiques. »
La chose ne manqua pas.
Ces enfants ne sont pas des enfants ordi-
naires; ils appartiennent à des parents remar-
quablement intelligents, distingués, ayant dans
l'esprit et dans le coeur toutes les finesses que
donne l'instruction jointe à une grande élé-
vation de sentiments et de goûts. 11 pourrait y
avoir un atavisme. Non. Ces enfants ont agi
comme agissent tous les enfants; ils ont été
comme les papillons à la lumière, à l'éclat, vers
ce qui brille, vers les notes élevées des cou-
leurs; ils n'ont pas senti de chocs entre les
nuances.
Nous nous demandons si les'enfants ont tort,
si les sauvages ont tort.
Il y a bien des manières de sentir.
Quand le ciel est gris, les couleurs perdent
leurs qualités. Avec le soleil tout devient har-
monieux, la lumière crée des teintes. Nos petits
enfants voient simplement,peut-être tout prend-
il pour euxplus de lumière que pour nous.Quand
on est heureux, le ciel paraît moins gris, tout
se colore autour de nous d'autres reflets.
11 y a pour nous une mode d'habitude qui
n'existe pas.pour les enfants. Il y a vingt ans
on aurait cru faire un crime de mêler dans une
toilette du violet et du rouge. Aujourd'hui la
chose est courante ainsi que d'autres.
Que conclure de cette étude?
C'est que nous devons laisser les enfants
suivre un peu le goût que la nature leur a
donné; elle a eu ses raisons; ils n'ont pas l'âge
d'agir artistement, ils aiment le clinquant, les
couleurs vives, heurtées. Sachons les com-
prendre et sourire. Vivent les polichinelles
éclatants, les poupées rubicondes ! Laissons les
enfants à l'état d'enfants.
M.
LEÇONS DE CHOSES PRATIQUES:
I.cs joujoux d'un sou.
LE PANIER A SALADE
Si vous n'avez pas encore ce charmant joujou
dans votre collection, prenez celui de votre
ménage; tous deux ont la même forme, c'est-à-
dire la forme des ballons d'illuminations.
Ils sont en fil de fer blanc.
Les enfants regarderont le panier attentive-
ment, ils verront au fond le fil spirale qui tourne
en élargissant les cercles, puis en les resser-
rant; ils observeront bien que ce fil est attaché
régulièrement à des fils très distants disposés
dans l'autre sens et fixés à un large cercle qui
marque l'ouverture du panier.
C'est à ce cercle que l'anse est rivée.
Vous aurez, bien entendu, de la salade, ce
qui vous permettra de faire des questions; vous
direz les noms des salades ; vous direz qu'elles
sont formées de feuilles tendres, qu'il faut les
éplucher avec soin, enlever les feuilles malades
ou noircies par l'eau, regarder dans les replis
s'il n'y a pas de chenilles, de vers; ensuite lés
laver pour enlever la lerre, le sable et les pous-
sières.
Les enfants s'amusent beaucoup lorsqu'on leur
parle des choses qu'ils connaissent. Les salades
lavées à grande eau, quelquefois à plusieurs
reprises, doivent être égouttées, c'est-à-dire
débarrassées de l'eau qui colle les feuilles l'une
à l'autre.
C'est à ce moment qu'on met la salade dans
le panier et qu'on secoue celui-ci par un mou-
vement de va-et-vient qui jette l'eau partout,
comme un arrosoir.
Les plus petits enfants peuvent éplucher cer-
taines salades comme la mâche, la chicorée, le
pissenlit; les plus grands peuvent dégager les
feuilles des laitues, des scaroles, et même avec
leurs doigts couper les feuilles des romaines.
Ils peuvent jeter la salade épluchée dans un
seau rempli d'eau, l'agiter et la mettre dans le
panier pour la secouer.
Faites remarquer l'entrée étroite du panier,
ce qui empêche la salade de sortir, et l'élargis-
sement du ballon, ce qui permet aux feuilles
d'être remuées comme il faut.
A propos de cette leçon, il faudra bien parler
de l'accommodement des salades : de l'huile, du
vinaigre, du sel, du poivre, de la fourniture.
Que de choses à dire !
Dans une école trop nombreuse pour que tous
les enfants pussent travailler à la chose de cette
leçon, nous avons suivi avec un vif intérêt une
i sorte de petit jeu auquel tous les enfants prirent
i part.
Les dix premiers allèrent cueillir de la salade
qui avait poussé dans un pot 1, dix autres l'éplu-
chèrent, c'était de la jeuue chicorée sauvage,
dix autres la lavèrent, dix autres la sortirent de
l'eau par petites masses, et comme le panier
•1. C'était à la ville.
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