Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1895-02-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 février 1895 15 février 1895
Description : 1895/02/15 (A14,N10,SER5)-1895/02/28. 1895/02/15 (A14,N10,SER5)-1895/02/28.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5607694r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
MÉTHODE FRANÇAISE D'ÉDUCATION MATERNELLE.
149-
naguère encore, les commissions scolaires —
oh ! les commissions scolaires ! — paraissaient
seules compétentes pour connaître de ces ques-
tions-là. Aujourd'hui, ils sont avertis ; il s'agit
tout simplement de s'adresser à notre secré-
taire général, M. Relier, 75, rue Denfert-
Rochereaù.
II
Mais les enfants souffrent d'autres maux que
ceux qu'entraîne fatalement la misère; et l'his-
toriographe de leur martyrologe attrait bien des
titres à mettre en tête de ses différents cha-
pitres I La brutalité, la cruauté des parents lui
fourniraient une longue série d'actes honteux;
nous en connaissons assez pour en avoir l'âme
meurtrie. Les effets en sont visibles et pal-
pables; les maîtres, ne voulussent-ils pas en
être informés, sont bien forcés de les consta-
ter tous les jours, et leur devoir impérieux est
de s'intéresser aux enfants qui en sont les vic-
times. La meilleure marque d'intérêt est, sans
contredit, de les signaler à ces Sociétés de bien-
faisance que le ministère de l'instruction pu-
blique se fait un honneur de patronner.
Ici je rentre dans un ordre d'idées qui me
permet de conserver à mon article son titre de
pied dans des écoles tout récemment inspectées.
C'est à Paris, dans un quartier très populeux.
En entrant dans une classe fort bien tenue,
j'aperçois une fillette de six à sept ans (nous
sommes dans une classe enfantine) dont la face
est profondément meurtrie ; je me figure qu'elle
a fait une chute grave.... Hélas ! c'est sa mère
qui l'a mise dans cet état ! Est-ce dans un
moment de colère tout à fait exceptionnel? Est-ce
au cours d'une maladie nerveuse ou d'une gros-
sesse ? Est-ce — et cela serait plus navrant. —
habitude de brutalité ? Est-ce la manifestation
odieuse d'un tempérament cruel ?
Ce n'est pas en inspection que l'on peut
mener à bien une telle enquête; je regrettais,
moi inconnue, d'avoir été physiquement impres-
sionnée par la vue de l'odieuse ecchymose, et
d'avoir ainsi rappelé à l'enfant son. malheur.
Mais quelle différence.en ce qui concerne la
directrice ! Elle doit s'être posé les différentes,
questions que j'ai consignées plus haut, avoir
cherché à les résoudre, les avoir résolues et,
sauf dans la première hypothèse, regrettable
sans doute mais pardonnable cependant, signa-
ler l'enfant à nos Sociétés de bienfaisance qui
remédieront par une aide temporaire ou défi-
nitive, suivant le cas, à la détresse de la pauvre
fillette.
III
C'est encore à Paris, au coeur même de la
grande ville; un pauvre petit garçon de cinq
ans est atteint d'une maladie que je ne saurais
déterminer, mais qui ronge son nez et une par-
tie de la lèvre supérieure. Le malheureux est
bien laid; de plus il exhale une odeur repous-
sante.
11 faut croire que la maladie n'est pas conta-
gieuse, puisque le médecin de l'école n'a pas
exigé l'éloignement. du pauvre enfant ; mais' sa
présence me trouble, les petits camarades le
tiennent instinctivement à l'écart.
Je questionne la directrice et j'apprends des
choses lamentables. La maladie de cet enfant,
fils de restaurateurs du quarti er, gêne ses parents
dans.leur industrie; les clients ne peuvent le
souffrir auprès d'eux — et c'est bien naturel ; —
alors, dès qu'il rentre de l'école, on l'exile sur
l'escalier; sur l'escalier il mange; sur l'escalier
il attend l'heure de se coucher.
C'est un petit martyr, ou je ne m'y connais
pas; la directrice doit le signaler au Sauvetage.
La Société ne le recueillera certainement pas,
puisque ses parents peuvent payer pour lui;
mais elle les forcera moralement à le placer
dans un établissement approprié.
C'est ainsi que je comprends l'école éduca-
trice et humanitaire. Mes lectrices la com-
prennent sans doute de même ; aujourd'hui;
qu'elles sont sûres d'être aidées, elles agi-
ront certainement selon leur conscience.
PAULINE KEnGOMAnD.
VARIETES
Au Musée pédagogique.
Le département de l'Oise prépare une expo-
sition prochaine. ■ .
Déjà de nombreuses directrices sont venues
nous consulter, regarder des modèles.
Voici une observation générale que nous leur
adressons, comme à toutes les directrices
d'écoles maternelles.
Faites exécuter des travaux collectifs, il faut
que tous les enfants travaillent.
Vous êtes libres ensuite de ne pas exposer.des
essais affreux, mais l'enfant qui aura fait un
pauvre travail aura été heureux. Une autre fois,
une autre année, il réussira mieux.
Les beaux albums de Lille sont très sugges-
tifs. Chaque feuillot contient une série de tra-
vaux faits par le même enfant, pendant une
année.
Ne faites pas de longs ouvrages, ne retombez
pas dans les longues tapisseries, les travaux au
métier; les tout petits enfants ne. peuvent guère
exécuter de vêtements, peut-être un tour de
cou, ainsi que nous en donne l'école de la rue
Ruly à Paris, tels qu'on en fait chez M 1' 0 De-
poully.
Quelques petites filles de six ans sont déjà
très adroites, mais c'est l'exception. L'école ne
vit pas d'exceptions.
i Tous les enfants d'une école, aidés encore,
149-
naguère encore, les commissions scolaires —
oh ! les commissions scolaires ! — paraissaient
seules compétentes pour connaître de ces ques-
tions-là. Aujourd'hui, ils sont avertis ; il s'agit
tout simplement de s'adresser à notre secré-
taire général, M. Relier, 75, rue Denfert-
Rochereaù.
II
Mais les enfants souffrent d'autres maux que
ceux qu'entraîne fatalement la misère; et l'his-
toriographe de leur martyrologe attrait bien des
titres à mettre en tête de ses différents cha-
pitres I La brutalité, la cruauté des parents lui
fourniraient une longue série d'actes honteux;
nous en connaissons assez pour en avoir l'âme
meurtrie. Les effets en sont visibles et pal-
pables; les maîtres, ne voulussent-ils pas en
être informés, sont bien forcés de les consta-
ter tous les jours, et leur devoir impérieux est
de s'intéresser aux enfants qui en sont les vic-
times. La meilleure marque d'intérêt est, sans
contredit, de les signaler à ces Sociétés de bien-
faisance que le ministère de l'instruction pu-
blique se fait un honneur de patronner.
Ici je rentre dans un ordre d'idées qui me
permet de conserver à mon article son titre de
C'est à Paris, dans un quartier très populeux.
En entrant dans une classe fort bien tenue,
j'aperçois une fillette de six à sept ans (nous
sommes dans une classe enfantine) dont la face
est profondément meurtrie ; je me figure qu'elle
a fait une chute grave.... Hélas ! c'est sa mère
qui l'a mise dans cet état ! Est-ce dans un
moment de colère tout à fait exceptionnel? Est-ce
au cours d'une maladie nerveuse ou d'une gros-
sesse ? Est-ce — et cela serait plus navrant. —
habitude de brutalité ? Est-ce la manifestation
odieuse d'un tempérament cruel ?
Ce n'est pas en inspection que l'on peut
mener à bien une telle enquête; je regrettais,
moi inconnue, d'avoir été physiquement impres-
sionnée par la vue de l'odieuse ecchymose, et
d'avoir ainsi rappelé à l'enfant son. malheur.
Mais quelle différence.en ce qui concerne la
directrice ! Elle doit s'être posé les différentes,
questions que j'ai consignées plus haut, avoir
cherché à les résoudre, les avoir résolues et,
sauf dans la première hypothèse, regrettable
sans doute mais pardonnable cependant, signa-
ler l'enfant à nos Sociétés de bienfaisance qui
remédieront par une aide temporaire ou défi-
nitive, suivant le cas, à la détresse de la pauvre
fillette.
III
C'est encore à Paris, au coeur même de la
grande ville; un pauvre petit garçon de cinq
ans est atteint d'une maladie que je ne saurais
déterminer, mais qui ronge son nez et une par-
tie de la lèvre supérieure. Le malheureux est
bien laid; de plus il exhale une odeur repous-
sante.
11 faut croire que la maladie n'est pas conta-
gieuse, puisque le médecin de l'école n'a pas
exigé l'éloignement. du pauvre enfant ; mais' sa
présence me trouble, les petits camarades le
tiennent instinctivement à l'écart.
Je questionne la directrice et j'apprends des
choses lamentables. La maladie de cet enfant,
fils de restaurateurs du quarti er, gêne ses parents
dans.leur industrie; les clients ne peuvent le
souffrir auprès d'eux — et c'est bien naturel ; —
alors, dès qu'il rentre de l'école, on l'exile sur
l'escalier; sur l'escalier il mange; sur l'escalier
il attend l'heure de se coucher.
C'est un petit martyr, ou je ne m'y connais
pas; la directrice doit le signaler au Sauvetage.
La Société ne le recueillera certainement pas,
puisque ses parents peuvent payer pour lui;
mais elle les forcera moralement à le placer
dans un établissement approprié.
C'est ainsi que je comprends l'école éduca-
trice et humanitaire. Mes lectrices la com-
prennent sans doute de même ; aujourd'hui;
qu'elles sont sûres d'être aidées, elles agi-
ront certainement selon leur conscience.
PAULINE KEnGOMAnD.
VARIETES
Au Musée pédagogique.
Le département de l'Oise prépare une expo-
sition prochaine. ■ .
Déjà de nombreuses directrices sont venues
nous consulter, regarder des modèles.
Voici une observation générale que nous leur
adressons, comme à toutes les directrices
d'écoles maternelles.
Faites exécuter des travaux collectifs, il faut
que tous les enfants travaillent.
Vous êtes libres ensuite de ne pas exposer.des
essais affreux, mais l'enfant qui aura fait un
pauvre travail aura été heureux. Une autre fois,
une autre année, il réussira mieux.
Les beaux albums de Lille sont très sugges-
tifs. Chaque feuillot contient une série de tra-
vaux faits par le même enfant, pendant une
année.
Ne faites pas de longs ouvrages, ne retombez
pas dans les longues tapisseries, les travaux au
métier; les tout petits enfants ne. peuvent guère
exécuter de vêtements, peut-être un tour de
cou, ainsi que nous en donne l'école de la rue
Ruly à Paris, tels qu'on en fait chez M 1' 0 De-
poully.
Quelques petites filles de six ans sont déjà
très adroites, mais c'est l'exception. L'école ne
vit pas d'exceptions.
i Tous les enfants d'une école, aidés encore,
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