Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1894-12-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 décembre 1894 15 décembre 1894
Description : 1894/12/15 (A14,SER5,N6)-1894/12/31. 1894/12/15 (A14,SER5,N6)-1894/12/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k56076903
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
MÉTHODE FRANÇAISE D'ÉDUCATION MATERNELLE
91
gaiement, vous voilà chez votre tailleuse ; un peu :
de patience, et chacune aura son tour. »
Alors la jeune fille apporta près de la fenêtre,
pour profiter des dernières lueurs, une petite
malle où elle avait l'habitude de mettre tous les
débris d'étoffe qu'elle pouvait avoir de ses vête-
ments et de ceux de ses soeurs plus jeunes ; et
elle s'agenouilla pour faire son choix : « Voilà
du calicot qui fera au moins deux chemises. Un
peu de flanelle rouge : oh! les beaux petits
jupons! Quant à ces petits morceaux bruns,
gris, vert foncé, bleu marine, ils feront chacun
une très gentille petite'robe.... À l'ouvrage! s
Puis la jeune fille courut auprès de sa mère
qui venait d'allumer la lampe de famille au
salon et, tout en causant gaiement, elle tira si
bien l'aiguille qu'avant le souper elle avait déjà
habillé toute une poupée. A ce moment-là ses
petites soeurs rentrèrent de l'école, et,- comme
c'était jeudi le lendemain, elles s'offrirent
aussi comme ouvrières, surtout pour des jupons,
parce qu'elles n'étaient pas encore bien habiles
à coudre,.,.
Quelques jours plus tard, les cinquante pou-
pées partaient de chez leurs petites tailleuses,
ayant chacune son tablier retroussé à la taille
comme un sac,... vous ne devineriez jamais
pourquoi !
Parce que le papa des petites filles, qui n'avait
pas pu aider à fabriquer les vêlements des
poupées, avait pourtant voulufaire quelque chose
pour elles, et il avait acheté de grosses pralines
roses, dont on avait glissé une dans chaque
tablier,
II
C'était encore un soir de la fin de décembre,
dans un grand magasin de joujoux où l'on ven-
dait aussi des bonbons. Les devantures étaient
fermées depuis longtemps, car il était déjà bien
tard, et les marchands venaient d'aller se cou-
cher; toute la journée on leur avait tant fait
d'emplettes qu'il leur avait fallu veiller la
moitié de la nuit pour ficeler tous les paquets
et remettre de l'ordre, car le lendemain ils
attendaient encore plus de chalands parce que
Noël approchait de plus en plus.
Quandon n'entendit plus du tout de bruit
dans le magasin, plusieurs petites souris sor-
tirent de leur trou et se mirent à trottiner de
tous côtés pour grignoter les débris de sucre
d'orge et de pain d'épice qui avaient pu tomber
ici ou là; puis, lorsqu'elles n'eurent plus faim,
elles grimpèrent sur les piles de paquets; il y
en avait partout, par terre, sur les chaises, sur
les tables; et dans l'arrière-boutique une grande
voiture à bras en était déjà toute chargée pour
s'en aller, dès le matin, porter chaque paquet
à son adresse. Et quels paquets !
Avec leurs pattes les souris grattaient le papier
pour tâter à travers ce qu'il y avait dedans :
c. Voilà des trompettes, dit l'une, je les sens
très bien, probablement des trompettes de fer,
brillantes comme celles de la vitrine.
— Ici, ce sont plutôt des petits seaux ou des
balles, fit une autre, et quelle quantité! Je vous
assure, mes soeurs, que tout notre peuple s'y
mettrait sans pouvoir faire seulement bouger ce
ballot!
— C'est sans doute pour une école, dit une
vieille souris à moustaches presque blanches,
car j'ai remarqué que la patronne disait tou-
jours ce soir en faisant finir les paquets : « Voici
« qui est pour une école, prenez un très grand
« papier. »
— Sauve qui peut », s'écrièrent à ce moment
une douzaine de souriceaux perchés sur un
petit paquet d'une drôle "dé forme-qui avait
piqué leur curiosité et toute la bande regagna
ses trous. Mais on s'aperçut bientôt que dans le
magasin tout restait absolument tranquille.
« Quoi? Qu'y avait-il donc? demanda-t-on
aux souris qui avaient donné l'alarme. De quoi
avez-vous eu peur?
— Du chat, donc !
— Quel chat ?
—: Celui qui a crié lorsque nous avons touché
le petit paquet là-bas.
— Ah! ah! fit la vieille mère, je sais ce que
c'est ; je regardais justement par ma fenêtre
quand une dame a dit : « MonN petit garçon a
« envie de trouver dans son soulier de Noël un
« chat pour rire, mais qui miaule bien fort ».
Alors la marchande a plié le paquet qui vous a
fait peur, parce que vous avez touché le res-
sort, et le chat a crié, un chat pour rire, un
chat de carton, petits nigauds, seulement un
chat de carton. »
Les souriceaux eurent l'air tout penauds de
: s'être laissé ainsi attraper, et, pour montrer
leur courage, ils retournèrent vers le petit.pa-
quet et s'amusèrent longtemps à qui ferait
miauler le chat. Puis, de grand matin, plu-
sieurs ouvriers arrivèrent pour enlever les pa-
, quets et les emporter, et les souris ren-
- trèrent chez elles tout de bon en se disant :
t « Que de petits enfants qui vont être con-
i tents ! »
III
Enfin, c'était la veille de Noël, le 24 dé-
cembre ; vers la fin de l'après-midi, un très
vieux marchand de fleurs allait criant : « Roses
de Noël, roses de Noël, qui veut mon dernier
bouquet? »
Une fillette, qui passait, tout emmitouflée de
fourrure et donnant la main à une vieille dame,
s'arrêta un instant pour dire : « Oh ! comme
elles sont belles.
— Oui, tes fleurs chéries, mignonne ; eh bien,
prenons-les.
— Oh ! g-raiid'mère, maman les aime encore
plus que moi et il n'y en a qu'un bouquet; il
sera pour elle.
— Comme tu voudras.... »
Mais, comme le marchand présentait ses
fleurs, le vent souleva un papier posé dans xvn
panier qu'il tenait au bras, et l'on aperçut des^
sous un autre bouquet un peu plus petit, mais
aussi frais et rosé que l'autre:
« Ah! dit la grand'mère, voici le second bou-
quet qiie nous désirons.
— Pardon, madame, celui-ci n'est pas à vendre.
— Il est déjà vendu ?
91
gaiement, vous voilà chez votre tailleuse ; un peu :
de patience, et chacune aura son tour. »
Alors la jeune fille apporta près de la fenêtre,
pour profiter des dernières lueurs, une petite
malle où elle avait l'habitude de mettre tous les
débris d'étoffe qu'elle pouvait avoir de ses vête-
ments et de ceux de ses soeurs plus jeunes ; et
elle s'agenouilla pour faire son choix : « Voilà
du calicot qui fera au moins deux chemises. Un
peu de flanelle rouge : oh! les beaux petits
jupons! Quant à ces petits morceaux bruns,
gris, vert foncé, bleu marine, ils feront chacun
une très gentille petite'robe.... À l'ouvrage! s
Puis la jeune fille courut auprès de sa mère
qui venait d'allumer la lampe de famille au
salon et, tout en causant gaiement, elle tira si
bien l'aiguille qu'avant le souper elle avait déjà
habillé toute une poupée. A ce moment-là ses
petites soeurs rentrèrent de l'école, et,- comme
c'était jeudi le lendemain, elles s'offrirent
aussi comme ouvrières, surtout pour des jupons,
parce qu'elles n'étaient pas encore bien habiles
à coudre,.,.
Quelques jours plus tard, les cinquante pou-
pées partaient de chez leurs petites tailleuses,
ayant chacune son tablier retroussé à la taille
comme un sac,... vous ne devineriez jamais
pourquoi !
Parce que le papa des petites filles, qui n'avait
pas pu aider à fabriquer les vêlements des
poupées, avait pourtant voulufaire quelque chose
pour elles, et il avait acheté de grosses pralines
roses, dont on avait glissé une dans chaque
tablier,
II
C'était encore un soir de la fin de décembre,
dans un grand magasin de joujoux où l'on ven-
dait aussi des bonbons. Les devantures étaient
fermées depuis longtemps, car il était déjà bien
tard, et les marchands venaient d'aller se cou-
cher; toute la journée on leur avait tant fait
d'emplettes qu'il leur avait fallu veiller la
moitié de la nuit pour ficeler tous les paquets
et remettre de l'ordre, car le lendemain ils
attendaient encore plus de chalands parce que
Noël approchait de plus en plus.
Quandon n'entendit plus du tout de bruit
dans le magasin, plusieurs petites souris sor-
tirent de leur trou et se mirent à trottiner de
tous côtés pour grignoter les débris de sucre
d'orge et de pain d'épice qui avaient pu tomber
ici ou là; puis, lorsqu'elles n'eurent plus faim,
elles grimpèrent sur les piles de paquets; il y
en avait partout, par terre, sur les chaises, sur
les tables; et dans l'arrière-boutique une grande
voiture à bras en était déjà toute chargée pour
s'en aller, dès le matin, porter chaque paquet
à son adresse. Et quels paquets !
Avec leurs pattes les souris grattaient le papier
pour tâter à travers ce qu'il y avait dedans :
c. Voilà des trompettes, dit l'une, je les sens
très bien, probablement des trompettes de fer,
brillantes comme celles de la vitrine.
— Ici, ce sont plutôt des petits seaux ou des
balles, fit une autre, et quelle quantité! Je vous
assure, mes soeurs, que tout notre peuple s'y
mettrait sans pouvoir faire seulement bouger ce
ballot!
— C'est sans doute pour une école, dit une
vieille souris à moustaches presque blanches,
car j'ai remarqué que la patronne disait tou-
jours ce soir en faisant finir les paquets : « Voici
« qui est pour une école, prenez un très grand
« papier. »
— Sauve qui peut », s'écrièrent à ce moment
une douzaine de souriceaux perchés sur un
petit paquet d'une drôle "dé forme-qui avait
piqué leur curiosité et toute la bande regagna
ses trous. Mais on s'aperçut bientôt que dans le
magasin tout restait absolument tranquille.
« Quoi? Qu'y avait-il donc? demanda-t-on
aux souris qui avaient donné l'alarme. De quoi
avez-vous eu peur?
— Du chat, donc !
— Quel chat ?
—: Celui qui a crié lorsque nous avons touché
le petit paquet là-bas.
— Ah! ah! fit la vieille mère, je sais ce que
c'est ; je regardais justement par ma fenêtre
quand une dame a dit : « MonN petit garçon a
« envie de trouver dans son soulier de Noël un
« chat pour rire, mais qui miaule bien fort ».
Alors la marchande a plié le paquet qui vous a
fait peur, parce que vous avez touché le res-
sort, et le chat a crié, un chat pour rire, un
chat de carton, petits nigauds, seulement un
chat de carton. »
Les souriceaux eurent l'air tout penauds de
: s'être laissé ainsi attraper, et, pour montrer
leur courage, ils retournèrent vers le petit.pa-
quet et s'amusèrent longtemps à qui ferait
miauler le chat. Puis, de grand matin, plu-
sieurs ouvriers arrivèrent pour enlever les pa-
, quets et les emporter, et les souris ren-
- trèrent chez elles tout de bon en se disant :
t « Que de petits enfants qui vont être con-
i tents ! »
III
Enfin, c'était la veille de Noël, le 24 dé-
cembre ; vers la fin de l'après-midi, un très
vieux marchand de fleurs allait criant : « Roses
de Noël, roses de Noël, qui veut mon dernier
bouquet? »
Une fillette, qui passait, tout emmitouflée de
fourrure et donnant la main à une vieille dame,
s'arrêta un instant pour dire : « Oh ! comme
elles sont belles.
— Oui, tes fleurs chéries, mignonne ; eh bien,
prenons-les.
— Oh ! g-raiid'mère, maman les aime encore
plus que moi et il n'y en a qu'un bouquet; il
sera pour elle.
— Comme tu voudras.... »
Mais, comme le marchand présentait ses
fleurs, le vent souleva un papier posé dans xvn
panier qu'il tenait au bras, et l'on aperçut des^
sous un autre bouquet un peu plus petit, mais
aussi frais et rosé que l'autre:
« Ah! dit la grand'mère, voici le second bou-
quet qiie nous désirons.
— Pardon, madame, celui-ci n'est pas à vendre.
— Il est déjà vendu ?
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