Titre : L'Ami de l'enfance : journal des salles d'asile
Éditeur : Hachette (Paris)
Date d'édition : 1894-10-15
Contributeur : Cochin, Jean Denis Marie (1789-1841). Éditeur scientifique
Contributeur : Battelle (chef de bureau à l Assistance publique). Éditeur scientifique
Contributeur : Hachette, Louis (1800-1864). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32691160x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4533 Nombre total de vues : 4533
Description : 15 octobre 1894 15 octobre 1894
Description : 1894/10/15 (A14,SER5,N2)-1894/10/31. 1894/10/15 (A14,SER5,N2)-1894/10/31.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k56076866
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-2016
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
MÉTHODE FRANÇAISE D'ÉDUCATION MATERNELLE
19
enfant? Presque toujours, entraînée par le pre-
mier coup, elle en frappe un second, puis un q
troisième ; peu à peu, elle se grise de sa bruta- s
lité ; bientôt, elle ne se connaît plus ; elle con- e
tinue à frapper ; elle frappé comme une ma- e
chine à battre ; elle frappe comme une brute I r
Dans un ordre d'idées moins répulsif, écoutez c
deux personnes qui se disputent : quelle grada-
tion dans les épithètes malsonnantes ! C'est que i
celui qui ne surveille pas ses paroles exagère j
fatalement sa pensée, et que du reproche exa-
géré on descend,' sans s'en rendre compte, (
jusqu'à l'injure. Or n'est-ce pas injurier un i
enfant que de le traiter de paresseux, d'ingrat, i
de menteur? Ces mots constituent une injure et i
d'autant moins excusable qu'elle s'adresse à un
être dépendant à qui l'on refuse le droit de se
défendre, et dont l'attitude indignée serait taxée
de rébellion.
Oh oui ! l'éducateur, l'éducatrice doivent se
surveiller eux-mêmes et se maintenir dans un
état de santé où ils puissent toujours comman-
der à leurs nerfs. Les nerfs,... c'est l'ennemi en
éducation, et, je le répète encore, il faut les
combattre, il faut les vaincre ; on y parvient au
moyen d'une surveillance minutieuse, rigou-
reuse. C'est un fait.
L'éducateur doit être calme et il doit profiter
de sa pondération pour étudier son élève, car
c'est l'ignorance psychologique dans laquelle
un certain nombre se laissent endormir—■ «ma
filles, entre autres, malgré ses protestations —
qui nous fait si souvent faire fausse route. Si
nous connaissions mieux les enfants, nous sau-
rions qu'ils nous observent, qu'ils sont nos juges
aussi judicieux que sévères, nous leur épargne-
rions bien des déceptions, et à nous bien des
déboires.
L'enfant, en effet, a malgré ses détracteurs —
et ses détracteurs sont ceux qui ont dédaigné
de l'étudier et ont préféré se payer d'idées
toutes faites — l'enfant a des sentiments d'une
délicatesse exquise, sentiments innés que l'édu-
cation devrait cultiver et qu'elle émousse au
contraire, et parmi ces sentiments un qui de-
vrait nous emplir l'âme de respect : la candeur.
11 croit « que c'est arrivé », et pour lui ce qui est
arrivé, c'est surtout l'impeccabilité de ceux qui
ont à son égard charge d'âme : ses parents et
ses maîtres.
Sans s'en douter, inconsciemment il rai-
sonne : « Puisque ses parents et ses maîtres lui
prêchent toutes les vertus, c'est que, sans doute,
ils en sont, eux, les détenteurs; ces êtres qui
lui prêchent la perfection doivent être parfaits;
il s'attend à les voir parfaits ».
Or un jour cet être parfait dit à un tout petit
qui se laisse aller à un caprice : « La petite
souris est là qui te guette; sï tu n'es pas sage,
elle viendra te ronger le nez». (Gela, je T'ai
entendu, il n'y a pas un mois, et, comme j'ai vu
naître la maman qui se rendait coupable de
cette... blague,jel'ai très sérieusementgrondée.)
«Tiens! pense le frère aîné ou le camarade,
ma mère ou mon maître ne dit pas la vérité et
je suis puni lorsque je mens I »
Un autre jour, cet être parfait intervenant
dans une discussion entre frères ou camarades
renvoie avec pertes celui qui. a raison, ou bien
de la même manière celui qui a raison et celui
qui a tort.
eux la galerie, notre mère ou notre maître
n'est pas juste, et cependant ils nous disent tou-
jours qu'il faut donner à chacun son dû, qu'il
ne faut pas faire aux autres ce que nous ne vou-
lons pas qu'on nous fasse à nous-mêmes, s
Un autre jour encore, la mère ou le père
impatienté donne un coup de pied à un chien
ou bien à,un chat.
« Tiens ! pensent les enfants, mon père ou
ma mère brutalise un animal ; cependant ils
nous disent qu'il faut les traiter avec douceur.»
Un autre jour, c'est un malheureux qui s'a-
dresse en vain à la pitié, alors que presque
toutes les histoires racontées à l'école ont pour
. sujet la bienfaisance ou l'aumône; enfin c'est
une colère qui vient scandaliser les enfants aux-
quels on a dit que la colère est une sorte de
■ folie, et que l'on enferme les fous dans des
i cabanons!
Et chaque fois la désillusion est instantanée
i et rien ne la viendra plus atténuer ; le charme
est rompu. C'est ce qui est arrivé aux petits
- élèves de «ma fille», et je porte le deuil avec elle;
; je pourrais le porter avec ma petite amie qui se
3 sert des souris comme épouvantails, je pourrais
3 le porter avec quantité de mères, avec quantité
- d'institutrices.
i Résumons-nous. Il faut faire le possible pour
- se bien porter ; or se bien porter est une
. science qu'il faut acquérir si on ne la possède,
t même aux prix de certains sacrifices d'habitudes
i et de goûts.
t 11 faut avec un soin scrupuleux se surveiller
pour ne pas se laisser dominer par ses nerfs,
- qui sont des maîtres tyranniques.
i II faut savoir que les enfants sont nos juges,
:, qu'ils ont une sorte de divination de nos fai-
ti blesses.
;; Or «malheur à celui qui scandalise un de ces
petits». PAULINE KËRGOMARD.
VARIETES
Hygiène. lits de repos.
En parcourant les rues de Lyon, nous avons
trouvé une paillasse d'enfant sihygiénique et si
confortable que nous voulons l'indiquer à nos
lectrices. Il ne nous semble pas qu'excepté dans
la région lyonnaise, ce système soit très ré-
pandu.
19
enfant? Presque toujours, entraînée par le pre-
mier coup, elle en frappe un second, puis un q
troisième ; peu à peu, elle se grise de sa bruta- s
lité ; bientôt, elle ne se connaît plus ; elle con- e
tinue à frapper ; elle frappé comme une ma- e
chine à battre ; elle frappe comme une brute I r
Dans un ordre d'idées moins répulsif, écoutez c
deux personnes qui se disputent : quelle grada-
tion dans les épithètes malsonnantes ! C'est que i
celui qui ne surveille pas ses paroles exagère j
fatalement sa pensée, et que du reproche exa-
géré on descend,' sans s'en rendre compte, (
jusqu'à l'injure. Or n'est-ce pas injurier un i
enfant que de le traiter de paresseux, d'ingrat, i
de menteur? Ces mots constituent une injure et i
d'autant moins excusable qu'elle s'adresse à un
être dépendant à qui l'on refuse le droit de se
défendre, et dont l'attitude indignée serait taxée
de rébellion.
Oh oui ! l'éducateur, l'éducatrice doivent se
surveiller eux-mêmes et se maintenir dans un
état de santé où ils puissent toujours comman-
der à leurs nerfs. Les nerfs,... c'est l'ennemi en
éducation, et, je le répète encore, il faut les
combattre, il faut les vaincre ; on y parvient au
moyen d'une surveillance minutieuse, rigou-
reuse. C'est un fait.
L'éducateur doit être calme et il doit profiter
de sa pondération pour étudier son élève, car
c'est l'ignorance psychologique dans laquelle
un certain nombre se laissent endormir—■ «ma
filles, entre autres, malgré ses protestations —
qui nous fait si souvent faire fausse route. Si
nous connaissions mieux les enfants, nous sau-
rions qu'ils nous observent, qu'ils sont nos juges
aussi judicieux que sévères, nous leur épargne-
rions bien des déceptions, et à nous bien des
déboires.
L'enfant, en effet, a malgré ses détracteurs —
et ses détracteurs sont ceux qui ont dédaigné
de l'étudier et ont préféré se payer d'idées
toutes faites — l'enfant a des sentiments d'une
délicatesse exquise, sentiments innés que l'édu-
cation devrait cultiver et qu'elle émousse au
contraire, et parmi ces sentiments un qui de-
vrait nous emplir l'âme de respect : la candeur.
11 croit « que c'est arrivé », et pour lui ce qui est
arrivé, c'est surtout l'impeccabilité de ceux qui
ont à son égard charge d'âme : ses parents et
ses maîtres.
Sans s'en douter, inconsciemment il rai-
sonne : « Puisque ses parents et ses maîtres lui
prêchent toutes les vertus, c'est que, sans doute,
ils en sont, eux, les détenteurs; ces êtres qui
lui prêchent la perfection doivent être parfaits;
il s'attend à les voir parfaits ».
Or un jour cet être parfait dit à un tout petit
qui se laisse aller à un caprice : « La petite
souris est là qui te guette; sï tu n'es pas sage,
elle viendra te ronger le nez». (Gela, je T'ai
entendu, il n'y a pas un mois, et, comme j'ai vu
naître la maman qui se rendait coupable de
cette... blague,jel'ai très sérieusementgrondée.)
«Tiens! pense le frère aîné ou le camarade,
ma mère ou mon maître ne dit pas la vérité et
je suis puni lorsque je mens I »
Un autre jour, cet être parfait intervenant
dans une discussion entre frères ou camarades
renvoie avec pertes celui qui. a raison, ou bien
de la même manière celui qui a raison et celui
qui a tort.
n'est pas juste, et cependant ils nous disent tou-
jours qu'il faut donner à chacun son dû, qu'il
ne faut pas faire aux autres ce que nous ne vou-
lons pas qu'on nous fasse à nous-mêmes, s
Un autre jour encore, la mère ou le père
impatienté donne un coup de pied à un chien
ou bien à,un chat.
« Tiens ! pensent les enfants, mon père ou
ma mère brutalise un animal ; cependant ils
nous disent qu'il faut les traiter avec douceur.»
Un autre jour, c'est un malheureux qui s'a-
dresse en vain à la pitié, alors que presque
toutes les histoires racontées à l'école ont pour
. sujet la bienfaisance ou l'aumône; enfin c'est
une colère qui vient scandaliser les enfants aux-
quels on a dit que la colère est une sorte de
■ folie, et que l'on enferme les fous dans des
i cabanons!
Et chaque fois la désillusion est instantanée
i et rien ne la viendra plus atténuer ; le charme
est rompu. C'est ce qui est arrivé aux petits
- élèves de «ma fille», et je porte le deuil avec elle;
; je pourrais le porter avec ma petite amie qui se
3 sert des souris comme épouvantails, je pourrais
3 le porter avec quantité de mères, avec quantité
- d'institutrices.
i Résumons-nous. Il faut faire le possible pour
- se bien porter ; or se bien porter est une
. science qu'il faut acquérir si on ne la possède,
t même aux prix de certains sacrifices d'habitudes
i et de goûts.
t 11 faut avec un soin scrupuleux se surveiller
pour ne pas se laisser dominer par ses nerfs,
- qui sont des maîtres tyranniques.
i II faut savoir que les enfants sont nos juges,
:, qu'ils ont une sorte de divination de nos fai-
ti blesses.
;; Or «malheur à celui qui scandalise un de ces
petits». PAULINE KËRGOMARD.
VARIETES
Hygiène. lits de repos.
En parcourant les rues de Lyon, nous avons
trouvé une paillasse d'enfant sihygiénique et si
confortable que nous voulons l'indiquer à nos
lectrices. Il ne nous semble pas qu'excepté dans
la région lyonnaise, ce système soit très ré-
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