Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-11-23
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 23 novembre 1896 23 novembre 1896
Description : 1896/11/23 (Numéro 4652). 1896/11/23 (Numéro 4652).
Description : Note : 2ème édition. Note : 2ème édition.
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/04/2008
^i^S2" ̃ ̃ •
RÉBAtiTION De 5 li. du soir à. 6 h. da.3,jnatin.,
•̃•.• 25, RUE D'ARGENTETTE
DERNIERS TELEGRAMMES DE LA NUIT
AI»MI3*rTSTRATI©IV De 1O h. matin 6 h. soir.
.25.: RUE ,-B'ARGENTETirï,
SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
L'IDÉE ËyB-M. CALVINHÂÇ POUR
L'-EXPO.SITION DE 1900
Socialisme et aviculture Un jardin
d'hiver au Palais-Royal Ly-
rîsnied?un législateur tou-
lousain –Qui paiera
la carte ?
Et moi aussi, j'ai un clou pour l'Exposi-
tiori nous dit l'autre jour M. Calvinhac, dans
les couloirs de la Chambre..
Le député socialiste de la Haute-Garonne
nous' montrait, en parlant ainsi; le récent,
numéro àn.Malin où se trouvaient énumé-
rées un certain nombre d'attractions plu-
tôt fantaisistes ̃'dont lés projets ont été
souinis à M. Picard.'
Un clou pour l'Exposition^ mon cher
député? Les lauriers de vos collègues De--
loncle et Paschal Grousset vous empêche-*
raient-ils de dormir? Ayez-vous trouvé
mieux que la lune à-un mètre ou. que le fa-
meux « trou ». que' vous savez? Voyons,
dites vite! Votre idée, quelle est-elle?
Oh pas ici, voulez- vous ?, Ici'- et no-
tre interlocuteur eut un sourire railleur
ici. c'est .le « temple des.lois n, le « sanc-
tuairc de la politique ». Faites-moi donc
l'amitié de venir chez moi. Nous y pour-
rons càuser b'ié.ï plus à l'aise de mes petites
inventions.
Nous n'avions garde- de manquer au ren-
dez-vous et voilà comment, hier, nous
sonnions à la porte de la petite viila que'M.
Calvinhac habite à Asnières.
Les pigeons du député.
Le député de Toulouse était dans son jar-
din, au milieu de ses poules et de ses pi-
geons. Qui le croirait, on effet, ce révolu-
tionnaire est un aviculteur passionné. Et
c'est, avec une joie 'un peu orgueilleuse qu'il
nous montre ,une paire de pigeons– « de
Superbes pigeons de Kérouan, mon cher,
qu'on m'a apportés.il y a quelques jours, ét.
qui sont en train de couver ».
'J'espère, poursuit l'excellent Calvinhac
d'un ton d'indicible sollicitude, j'espère
qu'ils ne souffriront pas de la température
et, si j'ai le bonheur de réussir cette couvée,
les petits qui vont naître fin, de. ce' mois
pourront gaillardement passer l'hiver et me
donner, au mois d'avril, des produits, qui,
ceux-là, seront tout à fait acclimates. Voyez
aussi ce coq, somment le trouvez-vous,.ce
coq? Il est plus beau, savez-vous, que ceux
de la même race qui furent primés à la der-
nière exposition:
Admirable, admirable en vérité, opi-
rions -nous un peu surpris de cette buccoli-.
que. Mais-voyons ce clou, ce fameux clou?
Et une fois que nous fumes installés
Mon clou, si clou il y a, serait, si je puis
.dire, un clou extérieur a l'Exposition. Qe.à
quoi j'ai pensé, c'est à un embellissement
de Paris, embellissement qu'on ferait coïn-
cideravec l'Exposi tion, dont profiteraient
nos visiteurs d'alors et qui subsisterait
aprèsia- grande kermesse de. 1900.
En traversant le. Palais^ Roy al.
» II faut vous dire-que j'ai été conseiller
municipal de Paris eu Je n'ai guère
fait, il est vrai, que passer au conseil mais
maigre'cela,, aucune des questions qui inté-
ressent la capitale ne me trouve indifférent.
et le Bulletin- municipal n'a. pas- de lec-
tëur"pius assidu que moi. En ma qualité de
vieux: Parisien un' Parisien du Langue-
doc j'éprouve quelque tristesse avoir
délaissé chaque jour davantage le quartier
du Palais-Royal, si beau, si plein, de souve-
nirs. J'ai de bons amis qui demeurent par
là et, pour les aller voir, il me i'aut traver-
ser ce jardin presque déserte,'ces galeries
si vivantes et si peuplées naguère, et où
chaque jour amène la fermeture d'une bou-
tique nouvelle.
«Comment ramener la gaieté et-le mou-
vement en ces lieux désolés ? f me deman-
dais-je. Un 'beau jour, je me suis répondu
Pourquoi ne transformerait-on pas cette
promenade d'été. en une promenade d'hiver?
Et, tout'de suite; j'ébauche n plan. 11 s'a-
girait de lancer entre les gâteries,' à hau-
leur des corniches, une couverture vitrée.
Quel superbe jardin d'hiver on aurait ainsi
plus beau que le Palmarium et les ser-
res du Jardin d'Acclimatation Elilserait,ce
jardin d'hiver, en plein cœur de Paris. Pré-
cieux avantage, pour nos enfants, qu'un
n ose guère laisser sortir en hiver, quand
menacent la pluie et la neige, et qui trouve-
raient là un endroit bien à l'abri et tout il.
fait à souhait.
Un nouveau Paradou.
»Passons au point de vueartistique.Je rêve
d'accumuler là toutes les merveilles de la
flore tropicale. Voyez-vous d'ici ce coup
d'œil? Figurez-vous toutes ces plantes.si
merveilleusement muaicôes, découpées et
fleurie;?, ces lianes aux enroulements d'une
si capricieuse diversité, eos.. feuillages infini-
ment- variés et tonnant, de prestigieux ar-
ceaux, .ces palmiers, eus -rhododendrons, ces
cocotiers même bref,, toute cette llore
exotique au milieu de laquelle voltigeraient
des oiseaux des contrées lointaines. Ce
ne seraient qu'arabesques, festons et astra-
gales Et celte -gamme si doucement et si
plus-rareset les plusprocieusus! N'y aurait-
jl pas dans tout cela u'mcomjiarables sour-
ces d-'uirtpiratiùu pour notre art décoratif,
sncoro b;e;nmpanait tuai^ré les efforts sou-
tenus des tempo nouveaux ̃ D'ailleurs, l'as-
pect coutumie-r des .ueiloa choses relève te
goût et i'id.jalise, eu fuit, de plut, l'apanage
des pins. humbles, voire -des plus i"uo-
rants.
Ptislc; mon cher duputé, que! ie flamme,
missiez comme un passionne de l'avicul-
ture, et- voici que u;uuiie..aut vous vous ré-
vélez le poète de la uu>a,;ique!
Un peu de prose.
Oui, oui, vou- vous étonnez des rêve-
ries de ce vieux sucio de- calvinhac, qui ne
vise pourtant qu'à mettre le beau à la portée
de tous, qu'à agrandir lu somme de plaisir
dont peut jouir m grande masse populaire.
Mais puisque vous raillez nia poésie, parlons
en prose et abordons mémo le côté 10 plus
prosaïque de là question.
» Vous vous dites sans doute que laréali-
ration d'un tel projet coûterait très cher?
C'est l'araire de trois ou quatre millions, je
pense je compte quinze cent mille francs
a peu près pour la couverture du jardin et
l'achat des appareils de chauîVage, le reste
pour l'acquisition de., plantes. Notez d'ail-
leurs que les serres si riches du Muséum
et de la ville de Paris pourraient exposer là
les variétés si précieuses qu'elles recèlent
et que peu d'élus sont admis à contempler.
Peut-être aussi serait-il possible de laisser
quelques parties du ncho jardin d'hiver à
la disposition de l'industrie privée, en vue
d'une sorte d'exposition permanente des
produits de celle-ci.
» Pour ce qui est des « voies et moyens a
comme nous disons à la Chambre, je ne
crois pas que la somme nécessaire soit si
importante que l'iiiut et la ville de Paris,- ne
puissent ta fournir. Qu'on trouve, d'ailleurs,
telle ou telle combinaison pour alléger leur
charge, c'est chose. possible, sans doute.
Mais le poète,, que'vous prétendez que je
suis, n'a pas examiné. ces question. Il n'a
considéré qu'une choses A savoir qu'aucune
ville du monde ne possède -semblable pre-
menade, surtout placée comme serait celle-
ci, et que' ce serait une -chose grandiose,
vraiment digné-de Paris,' à montrer à tous
ces étrangers quivont.affluer chez nous en:
cette année d'Exposition.
Un paresseux bien occupé.
.Ainsi parla 1\1. Cafvinhac et, dans le
train: qui nous ramenait d'Asnières, nous'
songions à ce qu'a d'intéressant. et de peu
banal la personnalité de ce Méridional cor-
dial, persuasif, éloquent môme, qui a tou-
jours dans 'sa cervelle quelque nouvelle
idée et qui, bien que se proclamant pares-
seux avec délice, s occupe à la fois de vingt
choses fort dissemblables. C'est ainsi que,*
tout en.se préparant à interpeller sur les
élections municipales de sa bonne ville de
Toulouse, que tout en-écrivant des essais
politico-philosophiques (son dernier livre,
intitulé Vers la Justice contient méme.
de très belles pages), il rêve de faire -surgir
en plein Paris: quelque oasis enchantée et
trouve même, le temps d'élever des pi-
geons
électionTHïslâtive
Dans la Gironde– lre circonscription
de Bordeaux Mort su-
bite de l'élu.
Inscrits 20,237. Votants
MM. Ferret, rad. socialiste. 6.080 voix
ambassadeur; rép: mod.
Bulletins: nuls. 118
Au premier tour de scratin, les voix s'é-
taientréparttes ainsi-: JV1M. Decrais, 4,781
Eerret, 3,471 Chiche,. ancien député, bou-
langiste socialiste, sur 10,719 vo-
Entre les deux tours, M. Chiché S'était
désisté et il avait,,en outre, fait campagne
en faveur de M., Ferret.
Rappelions qu'il s'agissait de remplacer
M. Labat, républicain, décédé, qui avait été
élu au premier.tour de scrutin des élections
générales de 1893 par 5,378 voix contre 5,220
a M. Chiche, alors député sortant.
Mort de M. Ferret..
Bordeaux, 22 novembre.- De notre cor-
respondant particulier. La journée
électorale a été troublée par un triste, événe-
ment, qui a produit sur. toute la population
bordelaise, sans distinction.de partis, la plus
douloureuse émotion.
A cinq heures, le bruit se répandait, dans
les sections de vote, que l'un des candidats,
M. Ferret,.venait de mourir subitement. On
crut d'abord à une manœuvre de la dernière
heure, mais la funeste nouvelle était bientôt
continuée, jetant le désarroi dans les rangs
des.radicaux socialistes. >
Des discussions ne tardaient pas à s'éle-
ver. m. uecrais, resiam, seul candidat, se-
rait-il proclamé élu ? M. Ferret étant mort
pendant le scrutin et les électeurs étant sen-
sés ignorer cet événement, son élection, s'il
obtenait la majorité, serait-elle considérée
comme acquise Les avis etaient partagés et
l'agitation allait..grandissant, quand parut
une affiche de M. Decrais déclarant qu'il
n'accepterait pas le mandat s'il lui était,
donné par une minorité, au bénéfice du bal-
lottage et. de-la mort deson concurrent.
Les esprits se calmèrent aussitôt et. le
dépouillement piat avoir lieu dans le plus
grand calme, accusant une majorité de près
de huit cents voix en faveur de M. Ferret.
En dépit de l'affiche de M.Decrais,la ques-
tion reste entière.
Le fait est unique et on ne.lui connaitau-
cun précédent, même similaire.
M. Ferret était maire du Bouscat, com-
mune Suburbaine de Bordeaux, et grand
agriculteur.
LE REHARD DE SADOWA
Un beau coup de fusil Le collier
commémoratif.
VIENNE,22 novembre. Be-notre corres-
pondant particulier. Tout. dernière-
ment un forestier do Rauen (Silésie prus-
sienne) tua d'un coup de fusil un renard qui
portait un collier, auquel était suspendue
une plaque métallique avec l'inscription
'gravée Kœniggraetz, 3 juillet
Voici quelle serait l'histoire de ce re-
nard
Le soir de la bataille de Sadowa (les. Alle-
mands et les Autrichiens la nomment Kœ-
niggraetz, comme on sait) ,.un soldat prus-
,sien lit la capture d'un jeune renard qu'il
entreprit d'apprivoiser. L'animal fût d'a-
bord nourri et gardé au camp, puis emmené
par le soldat après la itn de la campagne.
Mais l'instinct, de laliberté futlc litus f'ort.
Un an après, le renard, s'échappait dc la
ferme de sou naître et l'ou n'entendit plus
jamais parler de lui.
Tous les gens'de la région'sont convaia-
cus que le. renard tué ces .jours-ci est.lë
même que celui, du. soldat etc. ^SO'J, ce qui
serait assez .vraisemblable. si, au lieu de
douze nu treize ans, les renards en vivaient
trente. ̃ .̃.̃
Le ministre de Russie M. Poubelle
et. sa .famille.
Rome, novembre. -7- Par service spë-î
Des amis intimes de M. Tswolsky,
ministre,de du. Saint-Siège',
croient pouvoir assurer'- 'qu'il partira pro-'
pont, Pétersbourg. (Je, lait accré-
diteruitlo bruit que M. Tswolsky est candi-
dat au poste de sous-secrétaire aux alî'aires
étrangères en Iiussie.
Le Pape a reçu aujourd'hui .M.. Poubelle
en audience privée. L'audience a duré plus
d'une heure.
L'ambassadeur de France a ensuite pré-
senié sa famille, avec laquelle Léon XIII
s'est entretenu d'une matière très arable 1
pendant une demi-heure.
LE TSAR A ROME, (
Rome, novembre. Dé notre corres-
pondant particulier. Le bruit court,
une. seconde fois, que le tsar viendra pro-
chainement à Home. Au ministère des
affaires étrangères, où je me suis rendu
pour contrôler cette nouvelle, on m'a dé-
claré que le voyage était décidé en principe,
mais que ni la date. ni le. programme n'en c
étaient pas encore fixés.
LE. LIVRE VERT RETARDÉ
Rome, novembre. De noire corres-
pondant Par suite de la
conclusion du traité de paix, la publication
du .Livre vert sur l'Afrique sera retardée.
Le gouvernement fait démentir que les
prisonniers aient eu à subir de mauvais trai-
tements de la part des Ethiopiens. c
a bien fait de donner, dans le môme .nu-
méro, l'article do M. LVjean sur le clas-
sement des partis ai les bonnes feuilles
du nouveau livre Politique et,.goüver-
nement, x\ne publie M.Eugène Pierre, le
très distingué secrétaire général -de la
présidence de la Chambre.
Ces deux études se complètent et
s'éclairent l'une l'autre.
Trop souvent, dans les discussions de
presse comme dans celles de tribune, on
s'égare en de-vagues généralisations.
11 semble que, soit pour ne pas se com-
promettre, soit.pour ne pas froisser trop
durement les opinions d'autrui, on évite
avec soin de toucher au cœur des ques-
tions qui font l'objet des polémiques.
MM. Dejean et Pierre ont le mérite de
parler franc et net.. On ne saurait trop
les en féliciter.
Un des moyens les plus sûrs de dissi-
per les obscurités et les malentendus,,
c'est d'aborder franchement les- ques-
tions, de ne rien dissimuler des difficul-
tés qu'elles soulèvent et de proposer des
solutions précises..
Jamais nous n'avons eu besoin de plus
de sincérité et de clarté.
Il vaut mieux d'ailleurs, même au
point de vue de l'estime que peut avoir
de vous un adversaire, combattre vive-
ment sa doctrine, la prendre corps à"
corps, que lui livrer un assaut- où tout
se passe en saluts et en parades.
J'ai indiqué que je ne partageais pas
toutes les opinions de M. Dejean sur la
classification des .partis, et plusieurs lec-
teurs du Matin m'ont demandé sur quoi
portaient nos divergences. Je leur ré-
ponds, ici, d'un mot. Ces divergences
sont d'ordre spéculatif, et n'ont pas d'in-
térêt immédiat, sauf sur un point.
M. Dejean. croit à la disparition des
partis- anticonstitutionnels, et..je n'y
crois pas. Cette disparition est plus ap-
parente que réelle. Les espérances et les
ambitions des adversaires de la Répu-
blique vivent toujours et n'attendent
qu'une occasion pour se manifester. Les
partis politiques se transforment, mais
ne meurent pas.
Je suis d'accord avec M. Dejean sur
les origines et les dangers de la crise
actuelle, comme sur les moyens de la,
conjurer.
« On a essayé, écritle député des Lan-
des, de diviser les républicains en deux
catégories: les égoïstes d'un côté, les
hommes généreux de l'autre. Cette clas-
sification ne vaut pas mieux que celle
qui prétend faire deux groupes parmi
les républicains les conservateurs et
les progressistes.
» Refaisons la. concorde et l'union ré-
publicaines, et, pour la sceller indissolu-
blement, refaisons-les dans l'action com-
mune. »: 1
C'est la thèse que je n'ai jamais cessé
de soutenir.
M. JEugène Pierre, lui aussi, étudie le
problème parlementaire, mais sous une
autre face. M. Dejean l'a examiné en se
plaçant à un point de àùe. élevé, d'où il
a pu embrasser à la fois le pays et sa
représentation, le passé et l'avenir, les
évolutions historiques qui amènent les
périodes de développement et de gran-
deur et les périodes de recul et de déca-
dence.
M. Pierre regarde moins loin et moins
haut; son horizon, est moins étendu.
Mais son observation est plus minu-
tieuse, plus détaillée et, elt. quelque
sorte, plus intime.
Il a voulu, surtout, nous initier à la
vie parlementaire proprement dite, à
celle qui se déroule dans l'enceinte, même
du Palais-Bourbon.
Il peint ce qu'il voiteUl.no cache rien
;de ce qu'il voit.
C'est un historien savant, impartial et
indépendant qui raconte sans prendre
parti et qui laisse à l'auditeur le soin de
tirer liii-mern.o1, la. morale des faits.
La formation' et le rôle des groupes;
l'esprit, la raison d'être et les moyens de
combat des oppositions; la constitution
des cabinets; leurs luttes, leur tactique
et leurs procédés* de gouvern ement les
alliances, les coalitions la naissance et
l'évolution, des doctrines, tout cela est
décrit avec une/vérité saisissante..
-Impossible devmontrer. plus de. saga-
cité'.et de Ohessje.;£)n voit vivre le monde
'politique en 'lisait' le livre de. M. Pierre.
On est intéressé, attaché, je. n'oserais dire
.que l'on soit complètement satisfait.
Il ne se dégage pas de ces pages la phi-
losophie robuste et'réconfortantcque.l'on
était en droit/1'attendre..Et c'est un bien,
par on voit clairement les sources du mal
et on devine le remède.
On sont,, en, effet, qu'il se. dépense au
Palais-Bourbon une somme considéra-
ble de- talent, de courage, de science et
d'habileté mais on cherche les grandes
causes pour lesquelles on livre de si
beaux combats, les grands coups d'aile
qui emportent dans les hautes régions
de la pensée les esprits et les cœurs.'
Ou a le sentiment très net que la
guerre perpétuelle des partis, et pour
chacun d'eux l'obligation constante de
défendre son existence, l'âpreté des ri-
valités et l'éparpillement des forces, bri-
sent tout vaste essor et réduisent à l'im-
puissance les esprits les plus audacieux
aussi bien que les plus prudents et les
plus sages. M
« En politique, dit M. Pierre, tout est
bon pour attaquer. On peut faire tom-
ber un gouvernement avec n'importe.
quoi. »
Et,. plus loin,il fait remarquer avec .in-
finiment de raison « qu'il y a péril pu-
blic à multiplier les crises». "i
Ainsi M. Dejean et M. Pierre nous
conduisent par dés chemins différents,
l'un par la simple observation, l'autre
par le raisonnement, 'à des conclusions
identiques.
L'état d'inertie et de division où nous
vivons est sans profit et sans gloire pour
le Parlement. Il pourrait devenir dange-
l'eux: pour le pays et la République.
L'.heure est venue d'y mettre un
terme.
Or, il n'y a pas d'amélioration réalisa-
ble sans une majorité et il n'y a pas de
majorité possible sans un .rapproche-
ment et une entente des deux fractions
de l'armée républicaine.
Georges Leygues
LA BATAILLE PROCHAINE
Les élections sénatoriales du 3 jan-
vier Les résultats probables.
C'est la droite qui paiera.
Il est désormais certain que les élections
sénatoriales auront lieu. d'après la législa-
tion existante. La reforme électorale votée
par la Chambre est momentanément ajour-
née au Luxembourg et, ne parait pas devoir
venir de sitôt à l'ordre du jour.Dimanche pro-
chain, les conseils municipaux nommeront
donc leurs délégués, d'après l'ancien sys-
tème, dans les-trente-cinq départements qui
ont à élire des sénateurs, soit par l'effet du
renouvellement triennal, soit par la néces-
sité de combler certaines vacances dans leur
représentation sénatoriale, et, le 3 janvier,
les collèges électoraux de ces mômes dé-
partements procéderont à l'élection des sé-
nateurs. ̃
En fait, la période 'électorale est. dès à
présent, ouverte et, quoique les opérations
soient encore -peu avancées, on peut se ren-
dre compte dès maintenant; d'une manière
approximative, des résultats qu'aura le scru-
tin du 3 janvier.
Il y a 1)7 sénateurs à élire, dont 92 pour
des sièges soumis au renouvellement, et 5
pour des sièges des- séries non sortantes,
mais vacants par suite de décès.
Ces 97 sièges sont ou étaient occupés par
72 membres de gauche et 20 de droite..
Sur les 72 membres de gauche, il y a
radicaux et 50 républicains.
En dépit de la campagne ardente que mè-
nent les radicaux et des assurances qu'ils
allectent de prodiguer, le scrutin du 3 jan-
vier changera peu les proportions respec-
tives des partis dans le Sénat.
Disons tout de suite que, dès maintenant,
on la certitude que, dans la plupart des
départements, la représentation ne sera pas
changée.; s'il.y a quelques modifications de
personnes résultant de retraites volontaires,
d'évictions ou de décès, les remplaçants
dans ces départements seront de môme
nuance que leurs prédécesseurs. Tel est le
cas de la Gironde, de l'Hérault, du Jura,
des Landes, de Loir-et-Cher, de' la Loire, de
la Ilaute-Loire, du Loiret,.de Lot-et-Garonne,
de la Lozère, de la Manche, de la Marne, de
la Haute-Marne, de Meurthe-et-Moselle, de
la Meuse, du Nord, de l'Oise et de lt colonie
de la Martinique. Dans ces départements,
les P.t. lp.s rnrlipnn.v mnoopim.
ront leurs sièges respectifs, ce qui revient
à dire que les républicains garderont la
forte supériorité dans le nombre des sièges
qu'ils possèdent actuellement..
Les pertes des conservateurs.
La droite est assurée'de perdre environ
la moitié des sièges qu'elle possède actuel-
lement dans la série sorlante. Llle perdra
deux sièges dans le Gers,trois dans l'ille-et-
Vilaine,; un dans l'Indré, deux dans la
Mayenne et un dans la Nièvre, soit neuf sur
vingt. Il convient de dire, d'ailleurs, que
dans rille-et-Vilai.ne et la Mayenne, ce sera
une reprise de, sièges par les républicains,
car ces deux départements avaient autre-
fois une représentation républicaine qu'ils
ont perdue, à.un renouvellement précédent.
Sur les neuf sièges gagnes, six le seront par
les républicains et trois par les radicaux.
La droite, par contre, conservera les onze
sièges des départements de la Loire-Infé-
rieure, de Mainc-etrLoire et du Morbihan,
où le parti républicain n'a pas fait encore
assez de progrès pour triompher d'elle.
Les radicaux engagent la lutte contre les
républicains dans quelques départements
notamment ceux de la Haute-Garonne, de
l'Isère, du Jura, des Landes, de l'Oise
mais il y certitude qu'ils échoueront pour
la.plupart des sièges qu'ils convoitent.
En dehors des trois sièges qu'ils'ffagnc-
ou sept Sur les républicains, plus par l'effet
de situations personnelles do.s candidats et
.Les 'changements.
En résumé, lés radicaux gagneront une
dizaine de.sièges,; mais les républicains en
gagneront presque.autant. Seule, "la droite
verra son effectif diminué.
'Au point de changements- de per-
so.nnes, les résultats seront plus sensibles.
Sur les D7 sièges soumis. au.renouveljement,
recevront, .^de nouveaux .titulaires; par
de leurs titulaires si l'on y jouit les sièges
qui seront conquis sur la qroiio, pn arrive
à a2 nouveaux élus, car un des sièges de
droitedevant être gagne est au nombre de
ceux. ^.ctueliement vacants par décès.
D'autre part, il y aura une dizaine de. sor-
tants remplaces après lutte. De sorte qu'en
définitive, ,un tiers environ des sièges "sou-
mis au renouvellement triennal recevra de
nouveaux titulaires. "•'
CINQUIÈME CURIE
Le suffrape universel en Autricîie–
Le nombre des électeurs triplé
Faible empressement.
Vienne, 22 novembre. De notre cor-
respondant particulier.– En vertu de
la nouvelle loi électorale, il est institué une
nouvelle curie qui comprend, avec tous les
électeurs des quatre. curies existantes (vik
les, campagnes, grande propriété, chambres
commerciales et industrielles), tous ceux
que le cens excluait jusqu'ici du droit de
vote.
Le vote de cette curie'va donc constituer
un essai, une sorte de répétition générale
du suffrage universel en Autriche, et la
commune de Vienne a .procédé à cette occa-.
sion à un travail de recensement dont voici
les résultats:.
Jusqu'ici, Vienne comptait un peu moins
de cent mille- électeurs qui -•nommaient- et
continueront à nommer pour leur part qua-
torze députés. La ̃cinquième curie formée
de ces cent mille électeurs cI. des électeurs
soit 47
de la population masculine de la capitale.
Ces électeurs nommeront cinq
députés, soit -un député pour. 61,000 éFecr
teurs. Par conséquent, les cent mille élec-
teurs de la curie dite urbaine voteront deux
fois dans- leur. curie, et la seconde avec-tout
-le monde dans-la curie dite générale et qui
représente le contingent du suffrage. uni;
ver-sel. -̃• • •
.Chose surprenante, la masse n'a pas té-
moigné le moindre empressement .pour
l'exercicedu droit nouvellement. acquis et
que-MM:Adier 'et Ellenbogen, chefs du so-
cialisme autrichien, dépeignaient, él.oquem-
ment comme l'objet des désirs les plus im-
périeux du peuple.
Sur 305,108 citoyens-aptes a voter, c'cst-à-:
dire ayant vingt-quatre ans et remplissant
les conditions de.domïcjle. et de moralité ro-
quises. par là loi, seulement se sont.
présentées pour régler leur inscription sur
les listes. 11 y a donc un tiers des électeurs
qui ne se soucient nullement de'voter.
Or, les indifférents' ne sont certainement
pas les cent mille de la curie urbaine. Ceux-
là tiennent d'autant plus à leur droit qu'il
est diminué, puisqu'il est partagé et cesse
d'être ,'un privilège. Ils sont, au surplus,
merveilleusement disciplinés par les luttes
de ces derniers temps, et l'organisation des
partis ne laisse pas un seul traînard en ar-
riére.
C'est donc sur la masse des nouveaux ap-
pelés qu'il faut reporter les cent mille mat
quants, en sorte que Vienne' présente le
bpeeiacie ci@un peuple se désintéressant de
la vie politique avant d'y prendre part, et
manifestant, dés 'le premier jour, autant
d'indifférence pour le devoir électoral que
la France après quarante ans.
L'INSURRECTION CUBAINE
Une interview du général Weyler
Pleine confiance.
Madéid, 22 novembre. -'D'un corres-
pondant.– -Le correspondant du Libéral à
la Havane est parvenu à rejoindre, le géné-
ral Weyler, au campement qu'il occupe,
dans la province de Piriar-del-Kio il a eu
avec lui un long entretien.
Le général Weyler a.déclaré qu'Use pré-
parait à effectuer trois opérations, dont le
plan combiné permet de compter sur an
succès certain, indubitable. Il espère termi-
ner promptement la pacification de la pro-
vince,
«Attendons Noël, a-t-il dit, et je pourrai
assurer la réussite complète. A cette date,
j'aurai donné un coup mortel à l'iqsurrec-
tion dans la province de Pinar-del-Puo. Les
bandes d'insurgés, complètement dissémi-
nées, ne peuvent se reconstituer. En outre,
le pays renaît à la. confiance et se rallie
l'Espagne..
» Jene rentrerai à la Havane, a-t-il ajouté,
qu'après l'entière pacification de Pinar-del-
La situation aux Philippines.
Le général Echaluce, ancien gouverneur
en 'second des Philippines, a quitté hier
Barcelone pour Madrid. Avant de partir, il
a eu un entretien avec un journaliste au su- ]
jet de l'insurrection.
Il a dit que la première- nouvelle du sou- 1
lèvement avait provoqué Manille une pa-
nique énorme, car deux cents soldats espa- 1
gnols seulement détendaient la place. Une
catastrophé n'a été évitée que par suite de
la lâcheté des rebelles; « car, dit le général, i
s'ils avaient'eu quelque courage, ils nous
auraient mangés vifs..
« Je suis étonné d'apprendre- que l'insur- c
rection se propage, mais je pense que l'en- a
voi de renforts permettra delà réprimer
promptement. » r
Le général a ajouté que, du côté du Ja- c
pon, des difficultés pouvaient être prévues
pour l'avenir. e
croit que le nombre des rebelles/ dans' c
la province de Cavité/atteint dont
10,0u0 bien armés. Il assure que la franc- r
maçonnerie a été le moyen dont se sont
servies les rebelles pour préparer le soulève-
ment. Les insurgés ont pourvu à tout, car
ils ont môme nommé un ministre des finan- t
ces pour le cas où ils triompheraient.
CONTRE LES PROTESTANTS
La campagne de M. Georges Thié-
baud. Une réunion à Privas.
Privas, 22'novembre. De notre coi*? n
respondant particulier. M.' Georges s
Thiêbaud a fait aujourd'hui au théâtre mu-
nicipal de Privas une conférence publique à s
laquelle s'étaient rendues environ huit s
cents personnes M. Tlriébaud a parlé de
l'alliance franco-russe et de la question nro- h
Malgré les passions-locales que de tels su- D
jets pouvaient mettre en jeu, la réunion
iï'a donnée !ieu à aucun tumulte et l'orateur a n
fait vuter, à l'unanimité, l'ordre du jour sui-
Les citoyens assemblés en réunion pu- n
nuque; au uieaire municipal de Privas, sous n
la présidence de M. Larochette, conseiller n
municipal, assisté dc MM. Labron, maire do 'il
Goux; Rivicre et Mallion, conseillers muni-
cipaux, émettent l'avis que l'accaparement
publique, par une minorité religieuse, est P
de nature a dans l'avenir la );
liberté de conscience par les réactions ihé-
vitables que cet abus peut engendrer et ap-
pellent la vigilance du gouvernement sur °la
les menées des Sociétés protestantes an- Jj-
glaises et allemandes, bibliques, salutistes, k.
en et aux colonies, font, jusque dans
les villages, une propagande à la fois poli- ̃}'
tique et religieuse. » p'
A LA COUR D'AUTRICHE" D
Dîner de gala en l'honneur du roi de n-
Serbie Le grand-duc Nicolas. ri
le
Vienne, 22 novembre. D'wv corres- ft
pondant. Un dîner de gala a eu lieu, à ie
cinq heures de l'après-midi, auquel ont à
pris part le roi de Serbie, le colonel Franas- iil
sovitch, ministre de la guerre, ainsi que les ql
autres personnes de la suite du roi, les ar- gi
chiducs Othon, Louis, Victor, Eugène Re-
gnier; M. Simitch, ministre de Serbie à gl
tienne, et le personnel de la légation le nI
comte de .Goluchowski, ministre des affai- cc
res.. étrangères d'Autriche-Hongrie.
Le roi de Serbie a rendu visite, dans la ni
matinée,, à NI. Lozé, ambassadeur 'de «r
Franche, et au nonce, Mgr Caliani. ve
Le grand-ddc Nicolas de Iiussie, accom- da
pagne des archiducs Othon et Eugène, a vi- de
site ce matin l'Ecole d'équitation de la cour,' pa
où il a assisté à des expériences de dres- pli
sage. Le grand-duc a déjeuné chez l'archi- gfc
duc Othon-
ries de la cour.
EX IS'TE -T-ELLE-? N'EXISTE-
T-ÇLLE PAS?
Un personnage trop fabuleux L'art
.de se faire des rentes Les trois
collaborateurs du roman
Protestation de l'un d'eux
–Alors, c'est un lapin?
Tout-lé catholicisme est éit émoi. Existe-
t:elle? N'existè-t-elle pas? Voilà la queï--
tion, la terrible question.
Ditina Vaughan, Tex-Grande Maîtresse du
tianisme, 'et -qui, depuis lors, combat ses
anciens frères, les lucifériens, en publiant
des livres contre différentes sectes de la ma-
Elle est cause que le monde catholique
s'est divisé en deux armées, qui, depuis
quelques moins, 'croisent"' fer avec une
égale impétuosité. C'est une mêlée générale
entre gens et journaux bien pensants.
Semaine religieuse d Cambrai, la Revue
catholique de Coutances, la Croix échan-
gent une grêle de projectiles. MM. Eugène
Veuillof, Tavermer, Mery, le Père Bailly, le
docteur Haçks-Bataille, Lôô.Taxil, M. Mar-
giolto, M. l'abbé de Bessonies, le chanoine
Mustel, Mgr Macdonald, le cardinal Paroc-
chi sont les généraux qui dirigent le coin-
bat.. Un en est même venu aux mains au
sein d'un congrès antimaçonnique tenu il
Trente au mois de septembre dernier.
Parcourrons le'champ de bataille et tâchons
d'y voir un peu clair; en un mot, précisons
les choses.
SelonJes uns, miss Diana Vaughan n'existe
pas. Elle est un mythe, un personnage créé
de toutes pièces, sorti vivantderimagination
de trois amis intimes: MM. Léo Taxi!; le doc-
teur Hacks-Bataille et Margiôtta. Pourquoi
ces. trois amis ont-ils inventé et lance ce
persojnage fabuleux? Pour faire prospérer
une entreprise de librairie les trois c;oim-
pères machinèrent avec un art consommé
un véritable roman, dupèrent ainsi un im-
mense public catholique et gagnèrent beau-
Que disent ceux qui pensent ainsi ? Sur
quelles raisons, ou preuves, appuient-ils
leur conviction?
Trois preuves.
Nous pensons ainsi, disent-ils, pour des
raisons qu'il importe d'énumérer avec or-
dre. Les'voici
10 C'est le docteur Hacks-Bataille qui, la
premier, présenta miss Diana Vaughan au
public français, dans un ouvrage intitulé le
Diable ctit dix-neuvième siècle, en faisant
d elle le plus séduisant des portraits.
Or, le docteur Hacks-Bataille a déclaré et
scntquo « miss Diana- Vaughan était un
nom vague ».
M. Margiotta, ex-franc-macon italien,
mcien collaborateur de M. Léo Taxil, connu
:Jour avoir été l'ami de miss Diana, adressa
récemment à la Libre Parole le télégramme
suivant.:
Paris-Grenoble,471, 29, 2/11, 2 h. 47' 5q".
Renseignements précis femme Taxil est
vaughan, Taxil complice imposturo Bataille,
)iable spéculation '-libcairie complicité Taxil-
3atailié. Vous communiquerai' copié autosxa-
)lie Taxil. Assumé responsabilité.
3» Mgr Macdonald, archevêque' d'Edim-
bourg, dont miss Diana Vaughan aurait reçu
a bénédiction et des lettres, a écrit à M, Eu-
rèno Tavèrn'i.er, dé l'Univers, que « miss
)iana Vaughan n'avait jamais été en rapport
De même, le cardinal Parocchi, qui aurait
orrespondu avec la mystérieuse Diana a
.voue qu'une personne de ce nom lui avait
ni jour-envoyé de l'argent qu'il lui avait
epondu â l'adresse indiquée « par une lettre
courtoise, comme' on les écrit dans ce ca-s,
nais que cette lettre n'est nullement une re-
onnaissançe ni de la personne ni des écrits
le' Diana Vaughan ».
Enfin, continuent les adversaires de la
nystique et mythique Diana, si elle existe
pourquoi ne se montre-t-elle pas? On ne
'assassinerait pas plus qu'on n'a assassiné
1. Taxi], un transfuge au moins aussi
iruyant de la maçonnerie ?
Au surplus, si l'on voulait découvrir sa
'etraite, rien ne serait plus aisé, puisque la
lame écrit et reçoit moult lettres.
Et son acte de naissance? Que ses amiq
ixhibent au moins son acte de naissance de
laptème ou d'abjuration!
Mais non Diana Vaughan est un person-
rage de roman. Et d'ailleurs dansTïoiï/ lioii,
le Walter Scott, on trouve une héroïne du
.bm de Diana Vernon dont le père se cache
ous le nom do Vaughan. Bien plus,
iophie Vv aider, la prétendue ennemie per-
onnello de Diana Vaughan 11: pris, à plu-
leurs reprises, le pseudonyme de Vernon
i.c voilà bien le mot de l'énigme! Là voilà
ion la clef du mystère Il Il a décidément
¡en dë neuf sous le soleil. Taxil et ses com-
eres ont pillé Waller Scott, Diana Vaughan
st un mythe, et le b'ruijt fait autour de ce
om par2 d'une « bonne fumisterie')), ainsi
a fumistérie est si bien machinée; qu'une
ersonne inconnue joue le rôle de Diana,
iiaiia s est montrée à certains quand il l'a
illu Diana écrit à l'un et à l'autre quand
le faut.
Chez i'd. Léo Taxil.
A tous ces arguments, que répondent les'
reux chevaliers de la dame ?
Nous l'avons demandé au'plus fidèle d'en»
eux, à M. Léo Taxi!. Nous avons côn-
3faé avec lui durant' une heure et dêinie-I
'est que M. Taxil est.de il ne
'un diablotin, étant petit, bronze, poilu et
irbu; et, comme un diablotin, il sautait
'un sujet à un autre, puis'revenait au pre-
rier sujet, digressait encore, tel un homme
ont la pensée se débat et s'agite dans
embarras, comme un oiseau pris dans' la
lu!
Par exception, commence l'ami de
'iana, je me laisserai interviewer.
Grand merci, monsieur 1
Alors, causons. D'autant plus que l'on
une contre moi une double campagne
aue dans la presse, l'autre au moyen de
ttres anonymes qui sont adressées à ma
imme ou à moi. Ces lettres sont aussi
;nobles les.unes que les autres et je tiens
protester contre elles. Je laisse ma femme
ore de n'être point croyante, de même
le j'entends être libre de pratiquer la reli-
on.
Arrivons à présent à miss Diana Vau-
ian. Le docteur Hacks-Bataille, qui a con-
x1'ex-Palladiste et a- contribué- la faire
nnaïtre, nie aujourd'hui son caractère ?
Par intérêt, que ne nierait-il pas ? Mais -P
e-t-il d'une manière catégorique ? Si oui,
niss» le «collera» lorsque le moment sera.
snu. En attendant, elle lui a déjà répliqué
ms le numéro de ses Mémoires qui vient
paraître. Le docteur Hàcks-Bataille a été
yë pour mentir. M. Margiôtta? Il a reçu
usieurs répliques de la part de miss Vau-
ian.- lien recevra une autre, sans doute,
li-sera décisive, celle-là i-
» Quant à Mgr Macdonald, je laisse &
RÉBAtiTION De 5 li. du soir à. 6 h. da.3,jnatin.,
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SEUL JOURNAL FRANÇAIS RECEVANT PAR FILS ET SERVICES SPÉCIAUX LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE ENTIER
L'IDÉE ËyB-M. CALVINHÂÇ POUR
L'-EXPO.SITION DE 1900
Socialisme et aviculture Un jardin
d'hiver au Palais-Royal Ly-
rîsnied?un législateur tou-
lousain –Qui paiera
la carte ?
Et moi aussi, j'ai un clou pour l'Exposi-
tiori nous dit l'autre jour M. Calvinhac, dans
les couloirs de la Chambre..
Le député socialiste de la Haute-Garonne
nous' montrait, en parlant ainsi; le récent,
numéro àn.Malin où se trouvaient énumé-
rées un certain nombre d'attractions plu-
tôt fantaisistes ̃'dont lés projets ont été
souinis à M. Picard.'
Un clou pour l'Exposition^ mon cher
député? Les lauriers de vos collègues De--
loncle et Paschal Grousset vous empêche-*
raient-ils de dormir? Ayez-vous trouvé
mieux que la lune à-un mètre ou. que le fa-
meux « trou ». que' vous savez? Voyons,
dites vite! Votre idée, quelle est-elle?
Oh pas ici, voulez- vous ?, Ici'- et no-
tre interlocuteur eut un sourire railleur
ici. c'est .le « temple des.lois n, le « sanc-
tuairc de la politique ». Faites-moi donc
l'amitié de venir chez moi. Nous y pour-
rons càuser b'ié.ï plus à l'aise de mes petites
inventions.
Nous n'avions garde- de manquer au ren-
dez-vous et voilà comment, hier, nous
sonnions à la porte de la petite viila que'M.
Calvinhac habite à Asnières.
Les pigeons du député.
Le député de Toulouse était dans son jar-
din, au milieu de ses poules et de ses pi-
geons. Qui le croirait, on effet, ce révolu-
tionnaire est un aviculteur passionné. Et
c'est, avec une joie 'un peu orgueilleuse qu'il
nous montre ,une paire de pigeons– « de
Superbes pigeons de Kérouan, mon cher,
qu'on m'a apportés.il y a quelques jours, ét.
qui sont en train de couver ».
'J'espère, poursuit l'excellent Calvinhac
d'un ton d'indicible sollicitude, j'espère
qu'ils ne souffriront pas de la température
et, si j'ai le bonheur de réussir cette couvée,
les petits qui vont naître fin, de. ce' mois
pourront gaillardement passer l'hiver et me
donner, au mois d'avril, des produits, qui,
ceux-là, seront tout à fait acclimates. Voyez
aussi ce coq, somment le trouvez-vous,.ce
coq? Il est plus beau, savez-vous, que ceux
de la même race qui furent primés à la der-
nière exposition:
Admirable, admirable en vérité, opi-
rions -nous un peu surpris de cette buccoli-.
que. Mais-voyons ce clou, ce fameux clou?
Et une fois que nous fumes installés
Mon clou, si clou il y a, serait, si je puis
.dire, un clou extérieur a l'Exposition. Qe.à
quoi j'ai pensé, c'est à un embellissement
de Paris, embellissement qu'on ferait coïn-
cideravec l'Exposi tion, dont profiteraient
nos visiteurs d'alors et qui subsisterait
aprèsia- grande kermesse de. 1900.
En traversant le. Palais^ Roy al.
» II faut vous dire-que j'ai été conseiller
municipal de Paris eu Je n'ai guère
fait, il est vrai, que passer au conseil mais
maigre'cela,, aucune des questions qui inté-
ressent la capitale ne me trouve indifférent.
et le Bulletin- municipal n'a. pas- de lec-
tëur"pius assidu que moi. En ma qualité de
vieux: Parisien un' Parisien du Langue-
doc j'éprouve quelque tristesse avoir
délaissé chaque jour davantage le quartier
du Palais-Royal, si beau, si plein, de souve-
nirs. J'ai de bons amis qui demeurent par
là et, pour les aller voir, il me i'aut traver-
ser ce jardin presque déserte,'ces galeries
si vivantes et si peuplées naguère, et où
chaque jour amène la fermeture d'une bou-
tique nouvelle.
«Comment ramener la gaieté et-le mou-
vement en ces lieux désolés ? f me deman-
dais-je. Un 'beau jour, je me suis répondu
Pourquoi ne transformerait-on pas cette
promenade d'été. en une promenade d'hiver?
Et, tout'de suite; j'ébauche n plan. 11 s'a-
girait de lancer entre les gâteries,' à hau-
leur des corniches, une couverture vitrée.
Quel superbe jardin d'hiver on aurait ainsi
plus beau que le Palmarium et les ser-
res du Jardin d'Acclimatation Elilserait,ce
jardin d'hiver, en plein cœur de Paris. Pré-
cieux avantage, pour nos enfants, qu'un
n ose guère laisser sortir en hiver, quand
menacent la pluie et la neige, et qui trouve-
raient là un endroit bien à l'abri et tout il.
fait à souhait.
Un nouveau Paradou.
»Passons au point de vueartistique.Je rêve
d'accumuler là toutes les merveilles de la
flore tropicale. Voyez-vous d'ici ce coup
d'œil? Figurez-vous toutes ces plantes.si
merveilleusement muaicôes, découpées et
fleurie;?, ces lianes aux enroulements d'une
si capricieuse diversité, eos.. feuillages infini-
ment- variés et tonnant, de prestigieux ar-
ceaux, .ces palmiers, eus -rhododendrons, ces
cocotiers même bref,, toute cette llore
exotique au milieu de laquelle voltigeraient
des oiseaux des contrées lointaines. Ce
ne seraient qu'arabesques, festons et astra-
gales Et celte -gamme si doucement et si
plus-rareset les plusprocieusus! N'y aurait-
jl pas dans tout cela u'mcomjiarables sour-
ces d-'uirtpiratiùu pour notre art décoratif,
sncoro b;e;nmpanait tuai^ré les efforts sou-
tenus des tempo nouveaux ̃ D'ailleurs, l'as-
pect coutumie-r des .ueiloa choses relève te
goût et i'id.jalise, eu fuit, de plut, l'apanage
des pins. humbles, voire -des plus i"uo-
rants.
Ptislc; mon cher duputé, que! ie flamme,
missiez comme un passionne de l'avicul-
ture, et- voici que u;uuiie..aut vous vous ré-
vélez le poète de la uu>a,;ique!
Un peu de prose.
Oui, oui, vou- vous étonnez des rêve-
ries de ce vieux sucio de- calvinhac, qui ne
vise pourtant qu'à mettre le beau à la portée
de tous, qu'à agrandir lu somme de plaisir
dont peut jouir m grande masse populaire.
Mais puisque vous raillez nia poésie, parlons
en prose et abordons mémo le côté 10 plus
prosaïque de là question.
» Vous vous dites sans doute que laréali-
ration d'un tel projet coûterait très cher?
C'est l'araire de trois ou quatre millions, je
pense je compte quinze cent mille francs
a peu près pour la couverture du jardin et
l'achat des appareils de chauîVage, le reste
pour l'acquisition de., plantes. Notez d'ail-
leurs que les serres si riches du Muséum
et de la ville de Paris pourraient exposer là
les variétés si précieuses qu'elles recèlent
et que peu d'élus sont admis à contempler.
Peut-être aussi serait-il possible de laisser
quelques parties du ncho jardin d'hiver à
la disposition de l'industrie privée, en vue
d'une sorte d'exposition permanente des
produits de celle-ci.
» Pour ce qui est des « voies et moyens a
comme nous disons à la Chambre, je ne
crois pas que la somme nécessaire soit si
importante que l'iiiut et la ville de Paris,- ne
puissent ta fournir. Qu'on trouve, d'ailleurs,
telle ou telle combinaison pour alléger leur
charge, c'est chose. possible, sans doute.
Mais le poète,, que'vous prétendez que je
suis, n'a pas examiné. ces question. Il n'a
considéré qu'une choses A savoir qu'aucune
ville du monde ne possède -semblable pre-
menade, surtout placée comme serait celle-
ci, et que' ce serait une -chose grandiose,
vraiment digné-de Paris,' à montrer à tous
ces étrangers quivont.affluer chez nous en:
cette année d'Exposition.
Un paresseux bien occupé.
.Ainsi parla 1\1. Cafvinhac et, dans le
train: qui nous ramenait d'Asnières, nous'
songions à ce qu'a d'intéressant. et de peu
banal la personnalité de ce Méridional cor-
dial, persuasif, éloquent môme, qui a tou-
jours dans 'sa cervelle quelque nouvelle
idée et qui, bien que se proclamant pares-
seux avec délice, s occupe à la fois de vingt
choses fort dissemblables. C'est ainsi que,*
tout en.se préparant à interpeller sur les
élections municipales de sa bonne ville de
Toulouse, que tout en-écrivant des essais
politico-philosophiques (son dernier livre,
intitulé Vers la Justice contient méme.
de très belles pages), il rêve de faire -surgir
en plein Paris: quelque oasis enchantée et
trouve même, le temps d'élever des pi-
geons
électionTHïslâtive
Dans la Gironde– lre circonscription
de Bordeaux Mort su-
bite de l'élu.
Inscrits 20,237. Votants
MM. Ferret, rad. socialiste. 6.080 voix
ambassadeur; rép: mod.
Bulletins: nuls. 118
Au premier tour de scratin, les voix s'é-
taientréparttes ainsi-: JV1M. Decrais, 4,781
Eerret, 3,471 Chiche,. ancien député, bou-
langiste socialiste, sur 10,719 vo-
Entre les deux tours, M. Chiché S'était
désisté et il avait,,en outre, fait campagne
en faveur de M., Ferret.
Rappelions qu'il s'agissait de remplacer
M. Labat, républicain, décédé, qui avait été
élu au premier.tour de scrutin des élections
générales de 1893 par 5,378 voix contre 5,220
a M. Chiche, alors député sortant.
Mort de M. Ferret..
Bordeaux, 22 novembre.- De notre cor-
respondant particulier. La journée
électorale a été troublée par un triste, événe-
ment, qui a produit sur. toute la population
bordelaise, sans distinction.de partis, la plus
douloureuse émotion.
A cinq heures, le bruit se répandait, dans
les sections de vote, que l'un des candidats,
M. Ferret,.venait de mourir subitement. On
crut d'abord à une manœuvre de la dernière
heure, mais la funeste nouvelle était bientôt
continuée, jetant le désarroi dans les rangs
des.radicaux socialistes. >
Des discussions ne tardaient pas à s'éle-
ver. m. uecrais, resiam, seul candidat, se-
rait-il proclamé élu ? M. Ferret étant mort
pendant le scrutin et les électeurs étant sen-
sés ignorer cet événement, son élection, s'il
obtenait la majorité, serait-elle considérée
comme acquise Les avis etaient partagés et
l'agitation allait..grandissant, quand parut
une affiche de M. Decrais déclarant qu'il
n'accepterait pas le mandat s'il lui était,
donné par une minorité, au bénéfice du bal-
lottage et. de-la mort deson concurrent.
Les esprits se calmèrent aussitôt et. le
dépouillement piat avoir lieu dans le plus
grand calme, accusant une majorité de près
de huit cents voix en faveur de M. Ferret.
En dépit de l'affiche de M.Decrais,la ques-
tion reste entière.
Le fait est unique et on ne.lui connaitau-
cun précédent, même similaire.
M. Ferret était maire du Bouscat, com-
mune Suburbaine de Bordeaux, et grand
agriculteur.
LE REHARD DE SADOWA
Un beau coup de fusil Le collier
commémoratif.
VIENNE,22 novembre. Be-notre corres-
pondant particulier. Tout. dernière-
ment un forestier do Rauen (Silésie prus-
sienne) tua d'un coup de fusil un renard qui
portait un collier, auquel était suspendue
une plaque métallique avec l'inscription
'gravée Kœniggraetz, 3 juillet
Voici quelle serait l'histoire de ce re-
nard
Le soir de la bataille de Sadowa (les. Alle-
mands et les Autrichiens la nomment Kœ-
niggraetz, comme on sait) ,.un soldat prus-
,sien lit la capture d'un jeune renard qu'il
entreprit d'apprivoiser. L'animal fût d'a-
bord nourri et gardé au camp, puis emmené
par le soldat après la itn de la campagne.
Mais l'instinct, de laliberté futlc litus f'ort.
Un an après, le renard, s'échappait dc la
ferme de sou naître et l'ou n'entendit plus
jamais parler de lui.
Tous les gens'de la région'sont convaia-
cus que le. renard tué ces .jours-ci est.lë
même que celui, du. soldat etc. ^SO'J, ce qui
serait assez .vraisemblable. si, au lieu de
douze nu treize ans, les renards en vivaient
trente. ̃ .̃.̃
Le ministre de Russie M. Poubelle
et. sa .famille.
Rome, novembre. -7- Par service spë-î
Des amis intimes de M. Tswolsky,
ministre,de du. Saint-Siège',
croient pouvoir assurer'- 'qu'il partira pro-'
pont, Pétersbourg. (Je, lait accré-
diteruitlo bruit que M. Tswolsky est candi-
dat au poste de sous-secrétaire aux alî'aires
étrangères en Iiussie.
Le Pape a reçu aujourd'hui .M.. Poubelle
en audience privée. L'audience a duré plus
d'une heure.
L'ambassadeur de France a ensuite pré-
senié sa famille, avec laquelle Léon XIII
s'est entretenu d'une matière très arable 1
pendant une demi-heure.
LE TSAR A ROME, (
Rome, novembre. Dé notre corres-
pondant particulier. Le bruit court,
une. seconde fois, que le tsar viendra pro-
chainement à Home. Au ministère des
affaires étrangères, où je me suis rendu
pour contrôler cette nouvelle, on m'a dé-
claré que le voyage était décidé en principe,
mais que ni la date. ni le. programme n'en c
étaient pas encore fixés.
LE. LIVRE VERT RETARDÉ
Rome, novembre. De noire corres-
pondant Par suite de la
conclusion du traité de paix, la publication
du .Livre vert sur l'Afrique sera retardée.
Le gouvernement fait démentir que les
prisonniers aient eu à subir de mauvais trai-
tements de la part des Ethiopiens. c
a bien fait de donner, dans le môme .nu-
méro, l'article do M. LVjean sur le clas-
sement des partis ai les bonnes feuilles
du nouveau livre Politique et,.goüver-
nement, x\ne publie M.Eugène Pierre, le
très distingué secrétaire général -de la
présidence de la Chambre.
Ces deux études se complètent et
s'éclairent l'une l'autre.
Trop souvent, dans les discussions de
presse comme dans celles de tribune, on
s'égare en de-vagues généralisations.
11 semble que, soit pour ne pas se com-
promettre, soit.pour ne pas froisser trop
durement les opinions d'autrui, on évite
avec soin de toucher au cœur des ques-
tions qui font l'objet des polémiques.
MM. Dejean et Pierre ont le mérite de
parler franc et net.. On ne saurait trop
les en féliciter.
Un des moyens les plus sûrs de dissi-
per les obscurités et les malentendus,,
c'est d'aborder franchement les- ques-
tions, de ne rien dissimuler des difficul-
tés qu'elles soulèvent et de proposer des
solutions précises..
Jamais nous n'avons eu besoin de plus
de sincérité et de clarté.
Il vaut mieux d'ailleurs, même au
point de vue de l'estime que peut avoir
de vous un adversaire, combattre vive-
ment sa doctrine, la prendre corps à"
corps, que lui livrer un assaut- où tout
se passe en saluts et en parades.
J'ai indiqué que je ne partageais pas
toutes les opinions de M. Dejean sur la
classification des .partis, et plusieurs lec-
teurs du Matin m'ont demandé sur quoi
portaient nos divergences. Je leur ré-
ponds, ici, d'un mot. Ces divergences
sont d'ordre spéculatif, et n'ont pas d'in-
térêt immédiat, sauf sur un point.
M. Dejean. croit à la disparition des
partis- anticonstitutionnels, et..je n'y
crois pas. Cette disparition est plus ap-
parente que réelle. Les espérances et les
ambitions des adversaires de la Répu-
blique vivent toujours et n'attendent
qu'une occasion pour se manifester. Les
partis politiques se transforment, mais
ne meurent pas.
Je suis d'accord avec M. Dejean sur
les origines et les dangers de la crise
actuelle, comme sur les moyens de la,
conjurer.
« On a essayé, écritle député des Lan-
des, de diviser les républicains en deux
catégories: les égoïstes d'un côté, les
hommes généreux de l'autre. Cette clas-
sification ne vaut pas mieux que celle
qui prétend faire deux groupes parmi
les républicains les conservateurs et
les progressistes.
» Refaisons la. concorde et l'union ré-
publicaines, et, pour la sceller indissolu-
blement, refaisons-les dans l'action com-
mune. »: 1
C'est la thèse que je n'ai jamais cessé
de soutenir.
M. JEugène Pierre, lui aussi, étudie le
problème parlementaire, mais sous une
autre face. M. Dejean l'a examiné en se
plaçant à un point de àùe. élevé, d'où il
a pu embrasser à la fois le pays et sa
représentation, le passé et l'avenir, les
évolutions historiques qui amènent les
périodes de développement et de gran-
deur et les périodes de recul et de déca-
dence.
M. Pierre regarde moins loin et moins
haut; son horizon, est moins étendu.
Mais son observation est plus minu-
tieuse, plus détaillée et, elt. quelque
sorte, plus intime.
Il a voulu, surtout, nous initier à la
vie parlementaire proprement dite, à
celle qui se déroule dans l'enceinte, même
du Palais-Bourbon.
Il peint ce qu'il voiteUl.no cache rien
;de ce qu'il voit.
C'est un historien savant, impartial et
indépendant qui raconte sans prendre
parti et qui laisse à l'auditeur le soin de
tirer liii-mern.o1, la. morale des faits.
La formation' et le rôle des groupes;
l'esprit, la raison d'être et les moyens de
combat des oppositions; la constitution
des cabinets; leurs luttes, leur tactique
et leurs procédés* de gouvern ement les
alliances, les coalitions la naissance et
l'évolution, des doctrines, tout cela est
décrit avec une/vérité saisissante..
-Impossible devmontrer. plus de. saga-
cité'.et de Ohessje.;£)n voit vivre le monde
'politique en 'lisait' le livre de. M. Pierre.
On est intéressé, attaché, je. n'oserais dire
.que l'on soit complètement satisfait.
Il ne se dégage pas de ces pages la phi-
losophie robuste et'réconfortantcque.l'on
était en droit/1'attendre..Et c'est un bien,
par on voit clairement les sources du mal
et on devine le remède.
On sont,, en, effet, qu'il se. dépense au
Palais-Bourbon une somme considéra-
ble de- talent, de courage, de science et
d'habileté mais on cherche les grandes
causes pour lesquelles on livre de si
beaux combats, les grands coups d'aile
qui emportent dans les hautes régions
de la pensée les esprits et les cœurs.'
Ou a le sentiment très net que la
guerre perpétuelle des partis, et pour
chacun d'eux l'obligation constante de
défendre son existence, l'âpreté des ri-
valités et l'éparpillement des forces, bri-
sent tout vaste essor et réduisent à l'im-
puissance les esprits les plus audacieux
aussi bien que les plus prudents et les
plus sages. M
« En politique, dit M. Pierre, tout est
bon pour attaquer. On peut faire tom-
ber un gouvernement avec n'importe.
quoi. »
Et,. plus loin,il fait remarquer avec .in-
finiment de raison « qu'il y a péril pu-
blic à multiplier les crises». "i
Ainsi M. Dejean et M. Pierre nous
conduisent par dés chemins différents,
l'un par la simple observation, l'autre
par le raisonnement, 'à des conclusions
identiques.
L'état d'inertie et de division où nous
vivons est sans profit et sans gloire pour
le Parlement. Il pourrait devenir dange-
l'eux: pour le pays et la République.
L'.heure est venue d'y mettre un
terme.
Or, il n'y a pas d'amélioration réalisa-
ble sans une majorité et il n'y a pas de
majorité possible sans un .rapproche-
ment et une entente des deux fractions
de l'armée républicaine.
Georges Leygues
LA BATAILLE PROCHAINE
Les élections sénatoriales du 3 jan-
vier Les résultats probables.
C'est la droite qui paiera.
Il est désormais certain que les élections
sénatoriales auront lieu. d'après la législa-
tion existante. La reforme électorale votée
par la Chambre est momentanément ajour-
née au Luxembourg et, ne parait pas devoir
venir de sitôt à l'ordre du jour.Dimanche pro-
chain, les conseils municipaux nommeront
donc leurs délégués, d'après l'ancien sys-
tème, dans les-trente-cinq départements qui
ont à élire des sénateurs, soit par l'effet du
renouvellement triennal, soit par la néces-
sité de combler certaines vacances dans leur
représentation sénatoriale, et, le 3 janvier,
les collèges électoraux de ces mômes dé-
partements procéderont à l'élection des sé-
nateurs. ̃
En fait, la période 'électorale est. dès à
présent, ouverte et, quoique les opérations
soient encore -peu avancées, on peut se ren-
dre compte dès maintenant; d'une manière
approximative, des résultats qu'aura le scru-
tin du 3 janvier.
Il y a 1)7 sénateurs à élire, dont 92 pour
des sièges soumis au renouvellement, et 5
pour des sièges des- séries non sortantes,
mais vacants par suite de décès.
Ces 97 sièges sont ou étaient occupés par
72 membres de gauche et 20 de droite..
Sur les 72 membres de gauche, il y a
radicaux et 50 républicains.
En dépit de la campagne ardente que mè-
nent les radicaux et des assurances qu'ils
allectent de prodiguer, le scrutin du 3 jan-
vier changera peu les proportions respec-
tives des partis dans le Sénat.
Disons tout de suite que, dès maintenant,
on la certitude que, dans la plupart des
départements, la représentation ne sera pas
changée.; s'il.y a quelques modifications de
personnes résultant de retraites volontaires,
d'évictions ou de décès, les remplaçants
dans ces départements seront de môme
nuance que leurs prédécesseurs. Tel est le
cas de la Gironde, de l'Hérault, du Jura,
des Landes, de Loir-et-Cher, de' la Loire, de
la Ilaute-Loire, du Loiret,.de Lot-et-Garonne,
de la Lozère, de la Manche, de la Marne, de
la Haute-Marne, de Meurthe-et-Moselle, de
la Meuse, du Nord, de l'Oise et de lt colonie
de la Martinique. Dans ces départements,
les P.t. lp.s rnrlipnn.v mnoopim.
ront leurs sièges respectifs, ce qui revient
à dire que les républicains garderont la
forte supériorité dans le nombre des sièges
qu'ils possèdent actuellement..
Les pertes des conservateurs.
La droite est assurée'de perdre environ
la moitié des sièges qu'elle possède actuel-
lement dans la série sorlante. Llle perdra
deux sièges dans le Gers,trois dans l'ille-et-
Vilaine,; un dans l'Indré, deux dans la
Mayenne et un dans la Nièvre, soit neuf sur
vingt. Il convient de dire, d'ailleurs, que
dans rille-et-Vilai.ne et la Mayenne, ce sera
une reprise de, sièges par les républicains,
car ces deux départements avaient autre-
fois une représentation républicaine qu'ils
ont perdue, à.un renouvellement précédent.
Sur les neuf sièges gagnes, six le seront par
les républicains et trois par les radicaux.
La droite, par contre, conservera les onze
sièges des départements de la Loire-Infé-
rieure, de Mainc-etrLoire et du Morbihan,
où le parti républicain n'a pas fait encore
assez de progrès pour triompher d'elle.
Les radicaux engagent la lutte contre les
républicains dans quelques départements
notamment ceux de la Haute-Garonne, de
l'Isère, du Jura, des Landes, de l'Oise
mais il y certitude qu'ils échoueront pour
la.plupart des sièges qu'ils convoitent.
En dehors des trois sièges qu'ils'ffagnc-
ou sept Sur les républicains, plus par l'effet
de situations personnelles do.s candidats et
.Les 'changements.
En résumé, lés radicaux gagneront une
dizaine de.sièges,; mais les républicains en
gagneront presque.autant. Seule, "la droite
verra son effectif diminué.
'Au point de changements- de per-
so.nnes, les résultats seront plus sensibles.
Sur les D7 sièges soumis. au.renouveljement,
recevront, .^de nouveaux .titulaires; par
de leurs titulaires si l'on y jouit les sièges
qui seront conquis sur la qroiio, pn arrive
à a2 nouveaux élus, car un des sièges de
droitedevant être gagne est au nombre de
ceux. ^.ctueliement vacants par décès.
D'autre part, il y aura une dizaine de. sor-
tants remplaces après lutte. De sorte qu'en
définitive, ,un tiers environ des sièges "sou-
mis au renouvellement triennal recevra de
nouveaux titulaires. "•'
CINQUIÈME CURIE
Le suffrape universel en Autricîie–
Le nombre des électeurs triplé
Faible empressement.
Vienne, 22 novembre. De notre cor-
respondant particulier.– En vertu de
la nouvelle loi électorale, il est institué une
nouvelle curie qui comprend, avec tous les
électeurs des quatre. curies existantes (vik
les, campagnes, grande propriété, chambres
commerciales et industrielles), tous ceux
que le cens excluait jusqu'ici du droit de
vote.
Le vote de cette curie'va donc constituer
un essai, une sorte de répétition générale
du suffrage universel en Autriche, et la
commune de Vienne a .procédé à cette occa-.
sion à un travail de recensement dont voici
les résultats:.
Jusqu'ici, Vienne comptait un peu moins
de cent mille- électeurs qui -•nommaient- et
continueront à nommer pour leur part qua-
torze députés. La ̃cinquième curie formée
de ces cent mille électeurs cI. des électeurs
soit 47
de la population masculine de la capitale.
Ces électeurs nommeront cinq
députés, soit -un député pour. 61,000 éFecr
teurs. Par conséquent, les cent mille élec-
teurs de la curie dite urbaine voteront deux
fois dans- leur. curie, et la seconde avec-tout
-le monde dans-la curie dite générale et qui
représente le contingent du suffrage. uni;
ver-sel. -̃• • •
.Chose surprenante, la masse n'a pas té-
moigné le moindre empressement .pour
l'exercicedu droit nouvellement. acquis et
que-MM:Adier 'et Ellenbogen, chefs du so-
cialisme autrichien, dépeignaient, él.oquem-
ment comme l'objet des désirs les plus im-
périeux du peuple.
Sur 305,108 citoyens-aptes a voter, c'cst-à-:
dire ayant vingt-quatre ans et remplissant
les conditions de.domïcjle. et de moralité ro-
quises. par là loi, seulement se sont.
présentées pour régler leur inscription sur
les listes. 11 y a donc un tiers des électeurs
qui ne se soucient nullement de'voter.
Or, les indifférents' ne sont certainement
pas les cent mille de la curie urbaine. Ceux-
là tiennent d'autant plus à leur droit qu'il
est diminué, puisqu'il est partagé et cesse
d'être ,'un privilège. Ils sont, au surplus,
merveilleusement disciplinés par les luttes
de ces derniers temps, et l'organisation des
partis ne laisse pas un seul traînard en ar-
riére.
C'est donc sur la masse des nouveaux ap-
pelés qu'il faut reporter les cent mille mat
quants, en sorte que Vienne' présente le
bpeeiacie ci@un peuple se désintéressant de
la vie politique avant d'y prendre part, et
manifestant, dés 'le premier jour, autant
d'indifférence pour le devoir électoral que
la France après quarante ans.
L'INSURRECTION CUBAINE
Une interview du général Weyler
Pleine confiance.
Madéid, 22 novembre. -'D'un corres-
pondant.– -Le correspondant du Libéral à
la Havane est parvenu à rejoindre, le géné-
ral Weyler, au campement qu'il occupe,
dans la province de Piriar-del-Kio il a eu
avec lui un long entretien.
Le général Weyler a.déclaré qu'Use pré-
parait à effectuer trois opérations, dont le
plan combiné permet de compter sur an
succès certain, indubitable. Il espère termi-
ner promptement la pacification de la pro-
vince,
«Attendons Noël, a-t-il dit, et je pourrai
assurer la réussite complète. A cette date,
j'aurai donné un coup mortel à l'iqsurrec-
tion dans la province de Pinar-del-Puo. Les
bandes d'insurgés, complètement dissémi-
nées, ne peuvent se reconstituer. En outre,
le pays renaît à la. confiance et se rallie
l'Espagne..
» Jene rentrerai à la Havane, a-t-il ajouté,
qu'après l'entière pacification de Pinar-del-
La situation aux Philippines.
Le général Echaluce, ancien gouverneur
en 'second des Philippines, a quitté hier
Barcelone pour Madrid. Avant de partir, il
a eu un entretien avec un journaliste au su- ]
jet de l'insurrection.
Il a dit que la première- nouvelle du sou- 1
lèvement avait provoqué Manille une pa-
nique énorme, car deux cents soldats espa- 1
gnols seulement détendaient la place. Une
catastrophé n'a été évitée que par suite de
la lâcheté des rebelles; « car, dit le général, i
s'ils avaient'eu quelque courage, ils nous
auraient mangés vifs..
« Je suis étonné d'apprendre- que l'insur- c
rection se propage, mais je pense que l'en- a
voi de renforts permettra delà réprimer
promptement. » r
Le général a ajouté que, du côté du Ja- c
pon, des difficultés pouvaient être prévues
pour l'avenir. e
croit que le nombre des rebelles/ dans' c
la province de Cavité/atteint dont
10,0u0 bien armés. Il assure que la franc- r
maçonnerie a été le moyen dont se sont
servies les rebelles pour préparer le soulève-
ment. Les insurgés ont pourvu à tout, car
ils ont môme nommé un ministre des finan- t
ces pour le cas où ils triompheraient.
CONTRE LES PROTESTANTS
La campagne de M. Georges Thié-
baud. Une réunion à Privas.
Privas, 22'novembre. De notre coi*? n
respondant particulier. M.' Georges s
Thiêbaud a fait aujourd'hui au théâtre mu-
nicipal de Privas une conférence publique à s
laquelle s'étaient rendues environ huit s
cents personnes M. Tlriébaud a parlé de
l'alliance franco-russe et de la question nro- h
Malgré les passions-locales que de tels su- D
jets pouvaient mettre en jeu, la réunion
iï'a donnée !ieu à aucun tumulte et l'orateur a n
fait vuter, à l'unanimité, l'ordre du jour sui-
Les citoyens assemblés en réunion pu- n
nuque; au uieaire municipal de Privas, sous n
la présidence de M. Larochette, conseiller n
municipal, assisté dc MM. Labron, maire do 'il
Goux; Rivicre et Mallion, conseillers muni-
cipaux, émettent l'avis que l'accaparement
publique, par une minorité religieuse, est P
de nature a dans l'avenir la );
liberté de conscience par les réactions ihé-
vitables que cet abus peut engendrer et ap-
pellent la vigilance du gouvernement sur °la
les menées des Sociétés protestantes an- Jj-
glaises et allemandes, bibliques, salutistes, k.
en et aux colonies, font, jusque dans
les villages, une propagande à la fois poli- ̃}'
tique et religieuse. » p'
A LA COUR D'AUTRICHE" D
Dîner de gala en l'honneur du roi de n-
Serbie Le grand-duc Nicolas. ri
le
Vienne, 22 novembre. D'wv corres- ft
pondant. Un dîner de gala a eu lieu, à ie
cinq heures de l'après-midi, auquel ont à
pris part le roi de Serbie, le colonel Franas- iil
sovitch, ministre de la guerre, ainsi que les ql
autres personnes de la suite du roi, les ar- gi
chiducs Othon, Louis, Victor, Eugène Re-
gnier; M. Simitch, ministre de Serbie à gl
tienne, et le personnel de la légation le nI
comte de .Goluchowski, ministre des affai- cc
res.. étrangères d'Autriche-Hongrie.
Le roi de Serbie a rendu visite, dans la ni
matinée,, à NI. Lozé, ambassadeur 'de «r
Franche, et au nonce, Mgr Caliani. ve
Le grand-ddc Nicolas de Iiussie, accom- da
pagne des archiducs Othon et Eugène, a vi- de
site ce matin l'Ecole d'équitation de la cour,' pa
où il a assisté à des expériences de dres- pli
sage. Le grand-duc a déjeuné chez l'archi- gfc
duc Othon-
ries de la cour.
EX IS'TE -T-ELLE-? N'EXISTE-
T-ÇLLE PAS?
Un personnage trop fabuleux L'art
.de se faire des rentes Les trois
collaborateurs du roman
Protestation de l'un d'eux
–Alors, c'est un lapin?
Tout-lé catholicisme est éit émoi. Existe-
t:elle? N'existè-t-elle pas? Voilà la queï--
tion, la terrible question.
Ditina Vaughan, Tex-Grande Maîtresse du
tianisme, 'et -qui, depuis lors, combat ses
anciens frères, les lucifériens, en publiant
des livres contre différentes sectes de la ma-
Elle est cause que le monde catholique
s'est divisé en deux armées, qui, depuis
quelques moins, 'croisent"' fer avec une
égale impétuosité. C'est une mêlée générale
entre gens et journaux bien pensants.
Semaine religieuse d Cambrai, la Revue
catholique de Coutances, la Croix échan-
gent une grêle de projectiles. MM. Eugène
Veuillof, Tavermer, Mery, le Père Bailly, le
docteur Haçks-Bataille, Lôô.Taxil, M. Mar-
giolto, M. l'abbé de Bessonies, le chanoine
Mustel, Mgr Macdonald, le cardinal Paroc-
chi sont les généraux qui dirigent le coin-
bat.. Un en est même venu aux mains au
sein d'un congrès antimaçonnique tenu il
Trente au mois de septembre dernier.
Parcourrons le'champ de bataille et tâchons
d'y voir un peu clair; en un mot, précisons
les choses.
SelonJes uns, miss Diana Vaughan n'existe
pas. Elle est un mythe, un personnage créé
de toutes pièces, sorti vivantderimagination
de trois amis intimes: MM. Léo Taxi!; le doc-
teur Hacks-Bataille et Margiôtta. Pourquoi
ces. trois amis ont-ils inventé et lance ce
persojnage fabuleux? Pour faire prospérer
une entreprise de librairie les trois c;oim-
pères machinèrent avec un art consommé
un véritable roman, dupèrent ainsi un im-
mense public catholique et gagnèrent beau-
Que disent ceux qui pensent ainsi ? Sur
quelles raisons, ou preuves, appuient-ils
leur conviction?
Trois preuves.
Nous pensons ainsi, disent-ils, pour des
raisons qu'il importe d'énumérer avec or-
dre. Les'voici
10 C'est le docteur Hacks-Bataille qui, la
premier, présenta miss Diana Vaughan au
public français, dans un ouvrage intitulé le
Diable ctit dix-neuvième siècle, en faisant
d elle le plus séduisant des portraits.
Or, le docteur Hacks-Bataille a déclaré et
scntquo « miss Diana- Vaughan était un
nom vague ».
M. Margiotta, ex-franc-macon italien,
mcien collaborateur de M. Léo Taxil, connu
:Jour avoir été l'ami de miss Diana, adressa
récemment à la Libre Parole le télégramme
suivant.:
Paris-Grenoble,471, 29, 2/11, 2 h. 47' 5q".
Renseignements précis femme Taxil est
vaughan, Taxil complice imposturo Bataille,
)iable spéculation '-libcairie complicité Taxil-
3atailié. Vous communiquerai' copié autosxa-
)lie Taxil. Assumé responsabilité.
3» Mgr Macdonald, archevêque' d'Edim-
bourg, dont miss Diana Vaughan aurait reçu
a bénédiction et des lettres, a écrit à M, Eu-
rèno Tavèrn'i.er, dé l'Univers, que « miss
)iana Vaughan n'avait jamais été en rapport
De même, le cardinal Parocchi, qui aurait
orrespondu avec la mystérieuse Diana a
.voue qu'une personne de ce nom lui avait
ni jour-envoyé de l'argent qu'il lui avait
epondu â l'adresse indiquée « par une lettre
courtoise, comme' on les écrit dans ce ca-s,
nais que cette lettre n'est nullement une re-
onnaissançe ni de la personne ni des écrits
le' Diana Vaughan ».
Enfin, continuent les adversaires de la
nystique et mythique Diana, si elle existe
pourquoi ne se montre-t-elle pas? On ne
'assassinerait pas plus qu'on n'a assassiné
1. Taxi], un transfuge au moins aussi
iruyant de la maçonnerie ?
Au surplus, si l'on voulait découvrir sa
'etraite, rien ne serait plus aisé, puisque la
lame écrit et reçoit moult lettres.
Et son acte de naissance? Que ses amiq
ixhibent au moins son acte de naissance de
laptème ou d'abjuration!
Mais non Diana Vaughan est un person-
rage de roman. Et d'ailleurs dansTïoiï/ lioii,
le Walter Scott, on trouve une héroïne du
.bm de Diana Vernon dont le père se cache
ous le nom do Vaughan. Bien plus,
iophie Vv aider, la prétendue ennemie per-
onnello de Diana Vaughan 11: pris, à plu-
leurs reprises, le pseudonyme de Vernon
i.c voilà bien le mot de l'énigme! Là voilà
ion la clef du mystère Il Il a décidément
¡en dë neuf sous le soleil. Taxil et ses com-
eres ont pillé Waller Scott, Diana Vaughan
st un mythe, et le b'ruijt fait autour de ce
om par2 d'une « bonne fumisterie')), ainsi
a fumistérie est si bien machinée; qu'une
ersonne inconnue joue le rôle de Diana,
iiaiia s est montrée à certains quand il l'a
illu Diana écrit à l'un et à l'autre quand
le faut.
Chez i'd. Léo Taxil.
A tous ces arguments, que répondent les'
reux chevaliers de la dame ?
Nous l'avons demandé au'plus fidèle d'en»
eux, à M. Léo Taxi!. Nous avons côn-
3faé avec lui durant' une heure et dêinie-I
'est que M. Taxil est.de il ne
'un diablotin, étant petit, bronze, poilu et
irbu; et, comme un diablotin, il sautait
'un sujet à un autre, puis'revenait au pre-
rier sujet, digressait encore, tel un homme
ont la pensée se débat et s'agite dans
embarras, comme un oiseau pris dans' la
lu!
Par exception, commence l'ami de
'iana, je me laisserai interviewer.
Grand merci, monsieur 1
Alors, causons. D'autant plus que l'on
une contre moi une double campagne
aue dans la presse, l'autre au moyen de
ttres anonymes qui sont adressées à ma
imme ou à moi. Ces lettres sont aussi
;nobles les.unes que les autres et je tiens
protester contre elles. Je laisse ma femme
ore de n'être point croyante, de même
le j'entends être libre de pratiquer la reli-
on.
Arrivons à présent à miss Diana Vau-
ian. Le docteur Hacks-Bataille, qui a con-
x1'ex-Palladiste et a- contribué- la faire
nnaïtre, nie aujourd'hui son caractère ?
Par intérêt, que ne nierait-il pas ? Mais -P
e-t-il d'une manière catégorique ? Si oui,
niss» le «collera» lorsque le moment sera.
snu. En attendant, elle lui a déjà répliqué
ms le numéro de ses Mémoires qui vient
paraître. Le docteur Hàcks-Bataille a été
yë pour mentir. M. Margiôtta? Il a reçu
usieurs répliques de la part de miss Vau-
ian.- lien recevra une autre, sans doute,
li-sera décisive, celle-là i-
» Quant à Mgr Macdonald, je laisse &
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