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mens et amitiés à nos amis, quand vous les verrez. Je ne
compte pas très fermement sur Q. (1), mais bien sur vous.
Adieu, mon cher ami, je vous embrasse bien tendrement.
Lundi 30 juin (2).
Puisque cette lettre est d'un janséniste aussi qualifié
que Royer-Collard, il n'est pas hors de propos, quand on
s'occupe d'un janséniste tel que Racine, de s'arrêter et de
commenter un peu.
La terre dont parlait M. Royer-Collard dans cette lettre,
était bien connue de lui; c'était celle du Meix-Tiercelin.
Le Meix-Tiercelin était le pays de sa famille maternelle :
c'est un village très ancien de Champagne peu éloigné de
Sompuis (3), où est né l'illustre philosophe et où demeu-
(1) Il s'agit sans doute de Quatremère de Quincy.
(2) L'adresse est ainsi formulée : Monsieur Becquey, rue de
Tournon, n° 4, à Paris. Il y a un timbre postal : Viiry-sur-
Marne, et un autre : 4 juillet 1806.
(3) C'est dans les Mémoires pour servir à la vie de M. Collard,
placés en tête de ses Lettres spirituelles (à Avignon, chez les
sieurs Guillermont, 1784, p. 24-27), que se trouve la description
du Port-Royal agricole qu'était, au dire du rédacteur de ces
Mémoires, le village de Sompuis, le pays de Royer-Collard :
« On se privoit communément de vin dans le temps du Carême
et les jours de jeûne qui se rencontrent dans le cours de l'année;
M. Collard disoit qu'il avoit vu à Sompuis des pénitens qui
approchoient de ceux de la Thébaïde. Pendant que les bestiaux
se reposoient, les laboureurs employoient les intervalles, non à
dormir ou à tenir des discours inutiles, mais à lire le Nouveau-
Testament ou à en apprendre par coeur quelques versets. Les
plus courts momens étoient ménagés pour réciter quelque
Pseaume. Ils suivoient, autant qu'il étoit en eux l'esprit et la
conduite de l'Eglise qui a partagé la journée en différentes
heures pour les sanctifier par la prière. Les filles et les femmes
portoient toujours avec elles leur Pseautier et le Nouveau-Testa-
ment dans un petit sac, elles en avoient un autre pour la maison.
On en a vu qui avoient pratiqué à leur charrue une espèce de
pulpitre où le Nouveau Testament étoit tout ouvert, et où ils
jettoient de temps en temps les yeux pour se nourrir et s'entre-
mens et amitiés à nos amis, quand vous les verrez. Je ne
compte pas très fermement sur Q. (1), mais bien sur vous.
Adieu, mon cher ami, je vous embrasse bien tendrement.
Lundi 30 juin (2).
Puisque cette lettre est d'un janséniste aussi qualifié
que Royer-Collard, il n'est pas hors de propos, quand on
s'occupe d'un janséniste tel que Racine, de s'arrêter et de
commenter un peu.
La terre dont parlait M. Royer-Collard dans cette lettre,
était bien connue de lui; c'était celle du Meix-Tiercelin.
Le Meix-Tiercelin était le pays de sa famille maternelle :
c'est un village très ancien de Champagne peu éloigné de
Sompuis (3), où est né l'illustre philosophe et où demeu-
(1) Il s'agit sans doute de Quatremère de Quincy.
(2) L'adresse est ainsi formulée : Monsieur Becquey, rue de
Tournon, n° 4, à Paris. Il y a un timbre postal : Viiry-sur-
Marne, et un autre : 4 juillet 1806.
(3) C'est dans les Mémoires pour servir à la vie de M. Collard,
placés en tête de ses Lettres spirituelles (à Avignon, chez les
sieurs Guillermont, 1784, p. 24-27), que se trouve la description
du Port-Royal agricole qu'était, au dire du rédacteur de ces
Mémoires, le village de Sompuis, le pays de Royer-Collard :
« On se privoit communément de vin dans le temps du Carême
et les jours de jeûne qui se rencontrent dans le cours de l'année;
M. Collard disoit qu'il avoit vu à Sompuis des pénitens qui
approchoient de ceux de la Thébaïde. Pendant que les bestiaux
se reposoient, les laboureurs employoient les intervalles, non à
dormir ou à tenir des discours inutiles, mais à lire le Nouveau-
Testament ou à en apprendre par coeur quelques versets. Les
plus courts momens étoient ménagés pour réciter quelque
Pseaume. Ils suivoient, autant qu'il étoit en eux l'esprit et la
conduite de l'Eglise qui a partagé la journée en différentes
heures pour les sanctifier par la prière. Les filles et les femmes
portoient toujours avec elles leur Pseautier et le Nouveau-Testa-
ment dans un petit sac, elles en avoient un autre pour la maison.
On en a vu qui avoient pratiqué à leur charrue une espèce de
pulpitre où le Nouveau Testament étoit tout ouvert, et où ils
jettoient de temps en temps les yeux pour se nourrir et s'entre-
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