Titre : Le Matin : derniers télégrammes de la nuit
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1891-08-11
Contributeur : Edwards, Alfred (1856-1914). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 août 1891 11 août 1891
Description : 1891/08/11 (Numéro 2720). 1891/08/11 (Numéro 2720).
Description : Note : 2ème édition. Note : 2ème édition.
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/04/2008
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FA^IS, il AOUT 1891
JOURNAL ABSOLUMENT INDEPENDANT
PARIS, MARDI il AOUT 1891
PRIX D'ABONNEMENT
PEIX FOUR 1 mois 3 moil mois Un an
Paris. 4 fr. 10 fr. 20 fr. 40fr.
Départements. 4 10 i 20 »
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Le£ abonnements partent du 1a et dn 16 de chaque mois.
tes annonces sont reçues chez MSI. Lagranfre, Cerf
et Cie, 6 et 8, place de la Bourse, et aux
Bureaux du Journal.
LE monde .nègre refuse décidément la civilisa-
̃ion que nous entendons lui imposer; nous
ivons beau expliqaerauxFaris et aux Pahoùms
juc la viande de bœuf est plus succulente que
;a chair humaine, ils ne veulent point entendre
raison et repoussent à coups de fusil le' pro-
grès qui veut entrer chez eux.
Depuis quelques semaines, nous n'avons plus
ia partie belle, en Afrique; après le jeune et hé-
roïque lieutenant Quiquerez, mort d'épuise-
ment après-des luttes surhumaines, c'est Paul
uiampel qui succombe sur cette terre maudite,
3t voilà les Arabes eux-mêmes, ces conquérants
jusqu'ici respectés et redoutés, qui deviennent à
leur tour victimes d'un étrange mouvement na-
tional.
Leur chef au Congo, le légendaire Tippo-Tib,
gouverneur des Stanley-Fall's pour le compte de
tttat libre, vient d'être détrôné, comme un
simple roi û'Europeè Le nègre a repris posses-
3ion du sol qu'on lui avait ravi, et, désormais, il
appose à nos explorateurs une barrière que l'on
lit infranchissable.
Au fond, ces Arabes ne sont guère intéres-
;ants, et leurs procédés de civilisation n'étaient
pas de ceux qui préparent et assurent la con-
quête pacifique mais TippOrTib, le « grand
sultan », qui était en même temps marchand
j'esclaves et commissionnaire en marchandises,
représentait officiellement le roi Léopold à Stan-
..ey-Falls. Sa dépossession (si la nouvelle en est
ïonfirmée) est un échec pour le prestige belge.
Autrefois, lés Européens étaient à peu près
îupportés dans cette région congolaise. Mais,
iepuis que Stanley apassé par là, on nous traite,
1 l'égal des trafiquants arabes, et ce n'est pas
peu dire.
L'illustre reporter américain s'est ouvert sa
route par le fer et par le feu il a passé, et la
bute s'est refermée derrière lui.
Notre méthode française est plus pacifique et
lonne des résultats peut-être moins éclatants,
mais assurément plus durables.
Tôt ou tard, le nègre apprend que nous n'en
voulons ni à sa vie ni à ses biens il sait qu'à
Nombre du drapeau français, il est libre et peut
araver impunément tous les marchands d'es-
,laves; il prend confiance, il vient à nous; bien-
lôt, peut-être, il nous eût appelés à lui.
La Belgique et Stanley ont tout compromis et
l'œuvre est il. recommencer.
Sans doute, on occupe de vastes territoires et
l'on exploite de nombreuses forêts, mais la con-
ïuête moraleestreculée de cinquante ans nous
sommes condamnés àn'avancer dans le monde
loir que la carabine au poing.
Sir Henry Caleraft, ministre des travaux publics
sn Angleterre, vient d'arriver Paris.
Pardécision ministérielle du 8 août 1891, les élè-
ves de l'école du service de santé dc la marine, à
Bord aux, entreront en vacances le 10 août.
Notre confrère, M. Georges Brégand, vient de
faire paraître un roman psychologique, Heures
tensiceUes, dont la thèse,' osée et originale, est
traitée avec les plus grands ménagements de style.
M. Emygdiu Navarro, ministre plénipotentiaire
le Portugal à Paris, a été reçu, hier matin, par le
ministre des affaires étrangères. M. Ribot vient de
recevoir le grand cordon de l'ordre du Christ de
Portugal.
M. Carnot a reçu, hier matin, MM. le colonel Mi-
chon, le lieutenant-colonel Meert et le comman-
dant Servi ère, membres du jury d'inspection du
cours spécial de l'instruction militaire, qui lui ont
Sté présentés par leur président, le général Bru-
gére, inspecteur général du arrondissement
J'artillerie.
Epilogue du grand concours international de tir
1 Lyon. M. le baron Lazzaroni, président de la
délégation des tireurs italiens, chevalier de la Lé-
d'honneur, est nommé officier; MM. Tisogni,
iecrétairè de la délégation des tireurs italiens, et
àpfel, secrétaire chef de la direction centrale de tir,
sont nommés chevaliers de la Légion d'honneur.
D'après de nouvelles dispositions prises par le
ministre de la guerre, les et 20e bataillons de
chasseurs à pied, qui sont en ce moment au camp
de Châlons et devaient tenir garnison dans l'Est
après les grandes manœuvres auxquelles ils par-
ticiperont en septembre, reviendront dans les der-
)lors jours du mois prochain à Courbevoie et à
Versailles où ils résidaient précédemment.
On annonce de nouveau que M. Poubelle quitte-
rait la prélecture de la Seine à la fin de l'année, et
ïu'une place de président de chambre à la cour de
cassation, qui sera prochainement vacante, lui
serait gardée. Nous croyons savoir que ce bruit
est sans fondement.,Une présidence de chambre à
la cour de cassation doit, en effet, devenir vacante;
mais, selon toute vraisemblance, la vacance sera
pourvue d'après les règles de la hiérarchie, et la
FEUILLETON DU MATIN »
DU Il AOUT 1891
TERKA
A la suite; d'une malheureuse aventure d'amour
ît d'un duel qui avait fait quelque bruit, je venais
le louer un appartement isolé rue du Regard. La
naison que j'habitais se composait de plusieurs
:orps de bâtiments, capricieusement distribués, et
masqués en partie par de superbes massifs d'ar-
:Ires: Au fond du jardin, vaste et bien entretenu,
se trouvaient encore trois pavillons, formant ate-
liers, et iaués à des artistes,Ge coin de Paris m'a-
vait séduit par sa. tranquillité; l'aspect un peu më-
lancolique de ma demeure, enfouie dans la ver-
dure, reposait mes regards fatigués; je me sentais
aitre que je n'avais été jusque-là, et j'espérais me
;réer une existence nouvelle, très calme et très
studieuse. Dans les premiers temps, je sortis peu,
occupant mon esprit et mes mains à de petites
besognes intérieures. Je voulus faire une fas-
tueuse retraite de mon nouveau logis, et j'y em-
1 alovài toutes les ressources de mon imagination.
Sur le jardin s'ouvrait un hall spacieux. Les
murs, tendus de cuir de Cordoue, soutenaient tics
tableaux de prix trois Meissonicr, quelques es-
quisses de Prudhon. et de Robert Fleury de grau.»-'
4es toiles dô-Terburg, de Van'Dyck, lé plus beau
ies paysages jds Bubens deux. Paul Décroche,
Cette coSlêction* m'avait été léguée pac~n»oii .-père,
le marquis d'Arlord, et je l'avais augmenté^o de
quelques oeuvres r
jollectioaneur. Vers 183Q, les malires françaÏ!} de
nomination sera attribuée quelque membre de
la cour de cassation.
M. Gaston Carle, préfet du Cher, a présenté hier,
matin, au ministre des travaux publics, une délé-
gation qui l'a invité à assister à l'inauguration de
la nouvelle ligne de chemin de fer de La Guerche
à Château-Meîlbah. Les députés républicains du
département s'étaient joints à la délégation. M.
Yves Guyot a accepté l'invitation. L'inauguration
aura lieu le 6 septembre. Ce chemin de fer est le
premier chemin de fer d'intérêt général à voie
étroite. La délégation du Cher s'est également ren-
due au ministère de l'instruction publique.
La petite ville de Vigan inaugurera, le 20 de ce
mois, une statue élevée par souscription au ser-
gent.Triaire, du 59e régiment d'infanterie. Ce va-
leureux soldat, plutôt que de tomber entre les
mains des Turcs, lors de l'expédition de Bonaparte
en Egypte, a préféré faire sauter le fortin d'El-
Arish, sur la frontière de Syrie, ensevelissant ainsi
la petite garnison qui le défendait et les assaillants
•qur.yeriaient d'y pénétrer:- Avec là statue du ser-
gent Blandan à Beni-Mered, en Algérie, et celle du
sergent Bobillot; à Paris, c'est le troisième monu-
ment que le gouvernement de la'République ëlève
la mémoire d'un sous-officier.
Voici les; grandes lignes du- voyagé que fera
dans l'Est, au mois de septembre, le président de;
la République. Le 17, il passera la revue qui clôtu-
rera les grandeS manoeuvres.Il s'arrêtera quelques
instants a Vitry, sera à Châlons le 18, et le 19 à,
Reims. Après la réception des autorisées, M. Car-
not assistera au défilé de nombreuses sociétés,-
puis il visitera les hôpitaux. Le soir, grande ré-
ception à l'Hôtel de Ville. La municipalité de
Reims vient de voter 30,000 francs pour la récep-
tion de M. Carnot. Le 20 septembre, visite d'une
exposition des produits de la ville. Dans l'après-
midi, M. Carnot se rendra à Epernay.'
Le ministre des affaires étrangères a de nou-
veau reçu, hier matin, M. Pavie, qui lui a présenté
ceux de ses compagnons rentrés en France avec
lui MM. Lelêvre-Pontalis, attaché d'ambassade
Cupet, capitaine au 3e zouaves; Cogniard, capi-
taine au 23e de ligne; Rivière, capitaine de l'artil-
lerie de terre Friquegnon, capitaine de l'infante-
rie de marine; de Malglaive, capitaine de l'infau-
ferie de marine Dugast, sous-lieutenant de l'in-
fanterie de marine. M. Ribot s'est longuement en-
tretenu avec M. Pavie et ses compagnons, et lés a
vivement félicités des travaux si vaillamment ac-
complis par eux et des résultats obtenus.
Hier matin, a eu lieu, au ministère des affaires
étrangères, le déjeuner offert par M. Ribot au;
prince Taïeb-Bey et aux généraux Valensi et Zâcha-
ria, de la suite du prince, ainsi qu'à M. Massicault,
résident général à Tunis. A ce déjeuner, assis-
taient également MM. Pichon, député, rapporteur
du budget des affaires étrangères; Nisard, direc-
teur des affaires politiques; Hanotaux, chargé du
service des protectorats; le comte d'Ormesson, di-
recteur du protocole, introducteur du corps diplo-
matique Clavery, directeurdes affaires commercia-
les et des consulats; Crozier, chef-adjoint du cabi-
net; Michaut et Roy, chefs des services de la Tunisie.
M. Massicault, résident de France à Tunis'; doit
présenter demain, au président- de. la République,
S. A. le prince Taïeb-Bey. Les voitures ue la pré-
sidence iront à la gare de Fontainebleau pour
chercher le prince. Après la réception, un déjeu-
ner sera offert par M. Carnot à M. Massiccautl, à
Taïeb-Bey, ainsi qu'aux généraux Valensi et Zac-
caro, au colonel de Labonne, attaché militaire de
,la résidence.. Des invitations viennent d'être lan-
cées par le président de la République pour un
grand dîner d'une trentaine de couverts, qui aura
lieu dimanche prochain 16 août. Les principaux
fonctionnaires civils et militaires de Seine-et-
Marne y assisteront.
LA VIE MONDAINE
On annonce le prochain mariage de M. Pierre Le
Gonidec de K-erdanier~avee Aille Hélène -de Catacazy;'
fillé de M. Michel de Catacazy, conseiller d'Etat, séna-
teur à Saint-Pétersbourg, et nièce de. M. de Catacazy,
ancien diplomate russe, et l'un dés principaux rédacr
teurs du journal le ,Nord.
Hier a été célébré, en l'église Saint-Philippe-du-
Roule, au milieu d'une' nombreuse assistance' de pa-
rents et d'amis, le mariage du comte Chartes de Ville-.
lume-Sombreuil avec Mlle Jeanne de Madec,
Les témoins du marié étaient ses amis, MM. Eu-
gène Brunet et Fernand d'Outremont.
Les témoins de la mariée le marquis de Vasselot,
son oncle, et le vicomte Jules de Madec, son frère.
Le duc de Montpensier a quitté, hier soir, Paris, se
rendant à Sainte-Adresse.
Très brillante matinée, hier, chez Mme de Brantes,
avenue Kléber, à l'occasion de la signature du contrat
de mariage de sa fille, Mite Françoise de Brantes, avec
le vicomte Abel Armand, lieutenant au 6« cuirassiers,
fils du comte Armand, ancien ministre plénipoten-
tiaire.
Les invités ont pu admirer à loisir l'exposition de la
corbeille et des nombreux et riches cadeaux offerts à la
fiancée, très belle dans sa robe de crépon,' nuance
ophélia, garnie de dentelles.
Dans la corbeille, rematqué la superbe parure,
comprenant un diadème, une rivière, une broche, un
bracelet et une étoile pour les cheveux, le tout en dia-
mants l'argenterie et le surtout argent massif donnés
par les proches parents du jeune couple enfin, dans
le. lot, de vieilles dentelles, une particulièrement. belle,
qui garnissait le berceau du roi de Rome.
Parmi les cadeaux offerts à Mlle de Brantes, citons
au hasard diadème vieil or et améthyste,comte et
comtesse de Béthune; broche saphir, brillants et rubis,
cômte et comtesse de Reinach; diadème, Diane, sur-
monté de deux croissants brillants, comtesse Odon de
Montesquiou; collier perles fines, terminé par deux su-
perbes émeraudes, duchesse de Doudeauville, etc.
Le mariage sera célébré demain, en l'église Saint-
Pierre-de-Chaillot.
A TRAVERS PpiS
Asphyxie accidentelle.
Deux sexagénaires, les époux Lefébure, concier-
ges, 15, passage Corbeau, int été trouvés as-
phyxiés dans leur lit. hier matin.
Un médecin, appelé aussitôt, n'a pu que consta-
ter le décès de Lefébure. Quant à sa femme, elle a
succombé dix minutes plus tard, malgré les soins
les plus empressés.
l'école du dix-huitième siècle n'étaient point fort à
la mode aussi,le marquis avait-il acheté à des
prix presque dérisoires des Drouais, des Greuze,
des Laucret,.des Boucher et des Watieau de toute
beauté. J'avais donc ma galerie Et ce n'était pas
mon moindre sujet Ûe gloire. '-̃•̃'̃:
Peut-êtremes maîtresses m'avaient-elles aimé en
raison de cette particularité, car ces jolies
mes ne sont indifférentes à rien de ce qui peut re-
hausser le prestige de leurs vainqueurs. L'on s'é-
tonnè parfois de ce que la beauté, la situation et
la fortune ne soient pas toujours les plus puissan-
tes parmi les considérations qui entraînent le choix
d'un amant. Pourtant, elles ne viennent- souvent
qu'en seconde et même en troisième ligne, les
femmes se laissant d'abord séduire par la douceur
etla somptuosité du nid, comme les félins qui ne'se
couchent que sur les meubles les plus moelleux et
circulent à l'aise au milieu des bibelots fragiles et
des étoffes de prix. II leur faut une retraite confor-
table pour étouffer les remords de l'adultère, qui
leur paraîtrait sans excuse dans l'horreur d'un
appartement garni, mal tenu et mal chauffé.
En combinant les couleurs des tentures et des
meubles, je pensais à cette cruelle Régine, qui
m'avait tant fait souffrir. Inconsciemment je cher-
chais ce qui aurait pu lui plaire, flatter son amour
de l'étrange, de l'inconnu, et je repoussais sans
pitié les propositions banales bien que coûteuses
de mon tapissier. Peut-être se glissait-il, dans mon
cœur, un secret espoir de réconciliation, et je sou-
haitais que le premier regard que l'inQdèle jette-
rait sur mon logig. fût agréablement surpris.
Mon hall, sorte de grand atelier éclairé par en
haia, et, beaucoup plus Joug que large, était donc
presque entièrement tapissé de tableaux de prix.
Devant les portes, se dressaient des vasques in-
diennes remplies d'orchidées rares et d'immenses
lataniers, dont les feutrages formaient de vérita-
bles dômes de ver^aro. Des meubles capricieux,
un peu partout, pour la causerie et
quels meilleurs causeurs que ces' chers' tableaux';
artistes avaient ois un peu de leur
-t^ûsulo.iir décoré à l'indienne, ;au
L'accident serait dû à unefuitede gaz. qui se se-
rait produite pendant la nuit, dans la cuisine.
Une grave affaire.
Le parquet de la Seine fait procéder actuelle-
ment à une instruction au sujet d'actes de la plus
haute gravi té, qu'on reprocherait à un fonctionnaire
du ministère du commerce.
Il s'agit, si nous en croyons ce qui nous a été
rapporté, de la dilapidation des fonds alloués, à
titre de bourses de voyages, aux élèves des écoles
supérieures de commerce.
Avant de poursuivre plus avant son enquête, le
magistrat instructeur tient à entendre M.~ Jules
Roche, ministre du commerce, en ce moment en
villégiature.
Suicide émouvant.
Un dramatique incident a profondément. émo-
tionné les promeneurs qui se trouvaient, hier soir,
à cinq heures, sur la place de la Bastille.
Un homme, dont on ne put tout d'abord établir
,:l'identité, venait de se précipiter du haut de la co-
Ionne de Juillet.
Le corps, après avoir rebondi sur la corniche du
piédestal, est venu s'écraser sur les dalles du sou-
Le cadavre horriblement mutilé de ce désespéré
a été transporté à la Morgue, où il a été reeonnu-
dans la soirée pour être celui d'un nommé Mar-
chai, journalier, demeurant rue Sainte-Margue-
rite.
Une foule nombreuse a longuement stationné
sur le théâtre de cet affreux suicide, dont des ba-
layeurs, requis d'office, ont immédiatement effacé
à grande eau les traces sanglantes.
Après boire.
La nuit dernière, vers deux heures du matin, des
agents de police ont conduit à l'hôpital Necker le
nommé Vaissière, charretier, demeurant rue d'Au-
bervilliers, 146, qui, un peu auparavant, avait été
frappé de deux coups de couteau dans le dos, rue.
des Fournaux, par un nommé Dupuis, âgé de dix-
neuf ans, ouvrier cartonnier.
Le blessé, entendu par le commissaire de po-
lice du quartier, a déclaré qu'il n'avait pas eu de
discussion avec Dupuis, contrairement aux décla-
rations de celui-ci, qui a été arrêté aussitôt.
C'est à la sortie d'un débit de vins, tenu par Mme
Fournier, que Dupuis serait tombé, sans provoca-
tion, sur Vaissière.
L'état du blessé est très grave; il a un poumon'
perforé.
Dupuis a été envoyé au Dépôt. Il prétend, main-
tenanv, qu'étant ivre, il ne se souvient pas, du tout
de ce qu'il a fait.
Arrestation d'un employé des postes.
Une lettre chargée à destination du département
de l'Eure, contenant 550 francs en billets de ban-
que, était régulièrement déposée dimanche dernier
au bureau de poste situé,, 1D5, boulevard Saint-Ger-
.main.
Le soir, le receveur du bureau, en rassemblant
les valeurs et les chargements pour le départ en
province, constata la disparition de la lettre char-
gée.
Après de vaines recherches, le receveur se de-
cida à faire prévenir M. Prélat, commissaire de po-
lice du quartier, qui vint interroger les employés.
Ceux-ci déclarèrent que leurs soupçons se por-
taient sur un de leurs camarades qui, aussitôt le
vol découvert, s'était absenté quelques instants
du bureau, sous le prétexte de satisfaire un be-
soin.
Ce qui semblerait confirmer ces soupçons, c'est
que M. Prélat, au cours de son enquête, a décou-
vert dans le sous-sol du bureau conduisant aux
water-closets, des cendres de papier brûlés qu'on
croit être celles de la lettre et de l'enveloppe qui
accompagnaient le pli chargé disparu. Quoi qu'il
en soit, le receveur du bureau de poste a déposé
une plainte contre cet employé, et M. Prélat a pro-
cédé à son arrestation. Interrogé par ce magistrat,
l'accusé a nié énergiquement être coupable du
vol. Malgré ses dénégations, il a été envoyé au
Dépôt.
Dans ce bureau, au mois de janvier dernier, un
vol.de 5,000 francs a été commis, sans qu'on ait pu
.encore en découvrir l'auteur qui doit être l'employé
arrêté hier. ̃'̃:
Entre concierge et locataire.
Un drame assez curieux s'est déroulé, là nuit
,dernière' au n» 34 de la rue du Faubourg-Poisson-
nière. •
,Un locataire de l'immeuble, M. de Salamira, d'a-
rigine brésilienne, vivait, depuis quelque temps. en
très mauvais termes avec son concierge, et avait
même, à plusieurs reprises, proféré des menaces à
son adresse.
il ne cessait, d'ailleurs, de le tracasser à tout
instant et de lui créer des ennuis de toutes
sortes.'
C'est ainsi qu'il rentrait la nuit à toute heure, en
laissant toujours grande ouverte la porte donnant
sur la rue.
Dans la nuit de dimanche à lundi, vers une
une heure et quart, 1\1. de Sàlamira ent^a, en coin,
pagnie de sa maîtresse et, naturellement, eut soin
de ne pas refermer la porte.
Le concierge protesta du fond de sa loge. Pour
toute réponse, M. de Salamîra bi'isa d'un coup de
canne la porte vitrée de la loge, et monta l'escalier
en criant « Va donc la fermer toi-même 1 »
Le concierge, croyant à une agression, saisit
son revolver et fit feu. La balle alla se loger dans
la muraille après avoir traversé la porte et brisé
une nouvelle partie des carreaux.
A ce moment, deux agents, attirés par le bruit,
étaient devant la loge. L'un d'eux, l'agent Vorcat,
reç.utjji la hauteur de l'arcade sourcilière droite,
un éclat de verre.
Gravement blessé, il fut aussitôt transporté à
l'hôpital Lariboisière; puis reconduit à son do-
micile.
Une enquête, a été aussitôt ouverte par M. Co-
chin, commissaire de police du quartier. Ce ma-
gistrat a mis en état d'arrestation le concierge, un
sieur Alizon.
M. de Salamira n'a pas été inquité.
Nous ne pouvons assez recommander l'emploi
de l'Adcool de Menthe de Riçqlès, indispensable
contre les indigestions, les maux d'estomac, de
nerfs, de tête, la diar,rhéet cholérine, etc., se trouve
partout. ̃̃
LES ACADEMIES
Académie des sciences Séance du 10
août 1891.
M. Bertrand, secrétaire perpétuel, annonce
qu'une lettre de M. l'abbé Fortin adressée à l'Aca-
démie le 5 octobre ne parvient à sa destina-
tous sens de fines arabesques incrustées d'ivoire
et de corail. Les murailles disparaissaient sous
d'immenses panneaux de satin, brodés et rebradés
dè sujets bizarres, un peu effrayants. Tout autour,
en guise de cimaise, une suite de bas-reliefs re-
présentant des divinités grotesques ou sinistres,
en bois doré. Des portières de mousseline lamée
d'argent, de vastes divans recouverts des mêmes
étoffes, chatoyantes amplement drapées.
Ma chambre, longue et très élevée, était entiè-
rement tendue de velours de Gênes d'un gris pâle,
bordé d'une guipure d'or à cabochons de jade et
de turquoises. Le Plafond, voûté comme celui
d'une chapelle, disparaissait sous les mosaïques,
et de légères arcades, soutenues par des piliers
d'ébène sculpté, le coupaient de distance en dis-
tance. Cette pièce, qui faisait jadis partie d'un,
couvent, avait été consacrée au culte, et je m'étais
borné à cacher la nudité de ses murailles, sans lui
enlever son caractère primitif. Sur le sol, un
soyeux tapis de velours gris; des vases de por-
phyre, de bronze, de jade soutenus par des mons-
tres dont les yeux d'émeraude brillaient dans l'om-
bre. Deux énormes éléphants de bois noir le-
vaient, dé chaque côté de la porte, leurs défenses
d'ivoire cerclées de pierres précieuses. Tout le
mobilier de cette chambre était en ébène; le lit
élevé de deux marches sur un épais tapis d'ours
bleu.
J'avais cherché longtemps avant de donner à
mon logis le cachet rare et personnel que les ta-
pissiers n'inventent point, et je me flattais d'y
avoir réussi.
Je ne parlerai pas de la salle de bain eR marbre
de Portor, à garnitures d'argent cisela, ni de l'an-
tichambre ornée de mannequins be^-dés de fer sous
des auréole de kriss malais, «i^ sabres, de poi-
gnards, de zagaies et de boucliers toute une flore
tragique audacieusemery,, épanouie.
Pendant un mois, f^tte savante installation m'oc-
cupa sui'fisammerJt. pour empèc her mon cœur de
se retourner vors le passé et de crier à l'infâme ma
rage et mon, mépris. Quand tout fut eu place, qu'il
n'y eut Pis un détail qui ne m'eût coûté de Jongues
TOedî^tJons, jô me croisai les, bras, heureux de
1,'iaêt obtenir. Mon enthousiasme -dùrat^auelques
:jours? pendant lesquels, iinm'obila dans un fau-
teuil; je des regards satisfaits sur toutes lés
tion qu'aujourd'hui 10 août 1891. L'honorable aca-
démicien ne s'explique pas ce retard, ni nous non
plus, par exemple. Heureusement qu'une deuxième
lettre est venue confirmer la première et qu'une
série de bulletins contenant les prévisions du
temps relevées tous les jours, depuis cette époque,
est arrivée à l'heure à son adresse.
L'instrument qui a servi à l'abbé Fortin à relever
les observations météorologiques étant entre les;
mains de M. Mascart, l'Académia attendra, avant
de se prononcer sur sa valeur, que le directeur
du bureau météorologique ait présenté son rap-
port.
.M. de La Caze-Duthiers annonce que les essais
d'ostréiculture entrepris au laboratoire de Roscoff
pour obtenir la reproduction des huîtres, dans un'
espace clos, ont parfaitement réussi. Ce résultat
doit être considéré comme un des plus grands pro-
grès réalisés en ostréiculture. Il développe ensuite
une note de M. Guitel sur les mœurs et les cou-
tumes d'un petit poisson, le gobius mvniitis, qui
ont donné lieu à des observations les plus inté-
ressantes. ̃
M. le docteur Charcot lit une note de M. le doc-
teurDomenigo Freire sur les résultats obtenus
dans le cours des cinq dernières épidémies de
fièvre jaune. Le docteur Domenigo Freire, qui
vient d'être nommé directeur de l'institut qui
porte son nom, au Brésil, s'inspirantde la méthode
pastorienne, aurait obtenu, par des inoculations de
virus atténué, l'abaissement de la mortalité de 30
à 4 pour cent. La fièvre jaune, comme la rage, se-
rait-elle vaincue î
UN MUSÉE NATIONAL
Exposition commerciale permanente Une
intéressante proposition Paris et
la province.
L'idée des musées commerciaux. est absolument
une idée française; c'est,ae plus, et à notre époque
de commerce et d'industrie, une idée particulière-
ment utile et pratique. Eh bien selon notre no-
ble habitude, c'est la France qui l'applique encore
le moins. A peine quelques établissements de ce
genre ont-ils, été installés dans certains de nos
centres commerciaux, tandis qu'en Allemagne, eu
Autriche, en Belgique surtout, l'idée a été sérieu-
sement appliquée, sous des formes différentes,.
mais avec un réel succès.
Depuis longtemps, la chambre de commerce de
Paris avait été frappée de cet état d'infériorité, et!
avait tenté de nombreux efforts, restés jusqu'à ce
jour infructueux, pour remédiera cette situation.,
Dés 1883, elle recherchait les moyens proprets
doter notre capitale d'une institution si nécessaire.
Elle faisait des; démarches pressantes près du gou-
vernément,démàrches qui n'ont pas encore abouti.
Cependant, une%. création pareille, s'imposait de
plus en plus. La chambre de commerce a donc re-
pris, plus activement que jamais, l'étude de la
question que nous voyons exposée avec clarté et
autorité dans un remarquable rapport de son pré-
sident, M. Couste, qui a été envoyé aux membres
du Parlement et aux chambres de commerce.
Voici comment il s'exprime sur le but à poursui-
vre, tant par la fondation du musée national de Pa-
ris que par la, multiplication des musées commer-
ciaux en province.
« Ce but, dit-il, est de rendre service à nos in-
dustriels et à nos négociants, en mettant sous
leurs yeux des marchandises qui sontd'un écoule-
ment facile dans tel ou tel pays de les armer
pour la lutte contre leurs concurrents étrangers en
leur montrant que ceux-ci font ce qu'ils peuvent
faire de leur indiqueroù ils peuvent trouver, dans
les meilleures conuitions, les matières premières
qui sont nécessaires à leur fabrication.
» Renseigner sur les prix de vente des différents
articles exposés, ajoute-t-il indiquer leur pays
d'origine, leurs principaux débouchés, U'impor-
tance de leurs exportations et de leurs importa-
tions signaler les droits de douane aui les frap-
pent à l'entrée des divers pays; préciser leurs for-
mes, leurs dimensions, les conditions spéciales
d'emballage qu'ils exigent; enseigner louvoies d e
transport (fluviales, maritimes ou terrestres) le s
plus directes' et les plus économiques, tels sont le s
avantagés importants que présentent .les musées
commerciaux bien compris, bien organisés et sur--
'tout commercialement administrés, »
M. Couste insiste particulièrement sur cette:con-
dition. D'après iui,. un inusée^ç.o.muiercial.doit, être
administré, comme une maison de commerce, par
les intéressés. Foin d'une tutelle administrative
qu elconque.
Le côté pratique.
Voici maintenant ce qu'il propose à la chambre
de commerce de Paris, qui semble disposée, d'a-
près nos renseignements, à accepter, malgré les
lourdes charges qu'elle s'imposera acheter à Pa-
ris un terrain de 3,000 mètres, dans un quartier
aplnroprié, y élever une construction à trois étages
sur rez-de-chaussée, avec un sous-sol bien éclairé
pour le dépôtd'échantillons lourds et encombrants
et y installer le musée commercial.
On classera les produits exposés dans les trois
catégories suivantes produits d'importation, ma-
tières fabriquées, produits d'exportation et pro-
duits français et coloniaux.
Les échantillons seront disposés par groupes et
par classes et chaque échantillon sera pourvu
d'une étiquette renvoyant à un répertoire expli-
catit
Le musée fournira, en outre,, aux commerçants
et aux industriels, les renseignements commer-
ciaux les plus étendus et les plus Complets sur les
tarifs, les taxes, les départs maritimes, les ventes
à l'intérieur et à l'extérieur, les cours du change,
les avis d'adjudication des gouvernements, villes,
les rapports consulaires, etc., etc.
Enfin, un organe spécial sera créé pour mettre
ces renseignements à la portée de tous les inté-
ressés. Cet organe portera le titre de- Moniteur of-
ficiel du commerce.
La visite du musée sera gratuite. Les renseigne-
ments d'ordre générai seront donnés gratuite-
ment, mais les renseignements spéciaux donnant
lieu à des recherches seront soumis à une taxe.
Enfin, une bibliothèque et un laboratoire seront
attachés au futur musée. Le tout coûtera 2,085,000
francs.
M. Couste espère obtenir cette somme avec le
concours de l'Etat, de la Ville de Paris, des cham-
bres de commerce de France. Le budget annuel
du musée sera, d'après lui, de 400,000 francs, qui
seront couverts grâce aux subventions du gouver-
nement, de la Ville et des chambres de commerce
et grâce aussi au profit que le musée retirera de
la vente de son Bulletin.et des locations d'empla-
cements qu'il fera aux industriels.
choses rares et délicates qui m'entouraient. Puis,
une sensation de gène m'envahit peu à peu, un
bâillement m'échappa et je me demandai s'il ne
serait point temps de chercher autre chose une
occupation assez absorbante pour m'enlever le
sentiment' de ma solitude et de mon misérable
amour. Je ne trouvai pas. Déjà mes yeux se dé-
tournaient des merveilles si laborieusement assem-
blées, et, rêveurs, se posaient sur les grands ar-
bres du jardin. De nombreux bosquets, dépouillés
maintenant, voilaient les pavillons du fond. Cet
ancien promenoir monàcal avait tout le mystère,
toute la poésie des.pieuses méditations, qu'engen-
dre l'union intime de l'âme avec Dieu. Malheureu-
sement, cette paix si enviable des religieux ne
vient pas aux profanes qu'une amère désillusion
éloignés du monde!
L'isolement me pesait maintenant, de sombres
pensées torturaient mes veilles, je me tournais et
me retournais sur mon lit brûlant,' sans pouvoir
trouver le repos. L'image de Règine, si blonde, si
frêle, si jolie et si perverse dans ses ingénieuse
toilettes m'obsédait sans relâche. L'idée d'une ré-
conciliation possible me hantait. Elle m'avait indi-
gnement menti, cette femme Elle m'avait trompé
et bafoué 1 Pourtant, je l'aimais encore Peut-être
même à cause de cette mondaine dépravation que
rien n'excusait. Bien née, riche, convenablement
mariée, elle eût pu, sans beaucoup d'efforts, res-
ter à son rang et vivre heureuse au milieu de l'es-
time générale. Au lieu de cela, elle avait gâché
son existence, ridiculisé son mari et désespéré
ses amants. Pourquoi ?. On ne sait. Certaines
femmes, remarquablement douées, sont ainsi em-
portées dans le fatal tourbillon du vice et irrémé-
diablement perdues. De chastes jeunes lîllesi dou-
ces, timides, irréprochables, se révèlent à leur
heure plus audacieusement dépravées que les
courtisanes du ruisseau
Régine, tout en sauvegardant certaines appa-
rences, avait déjà ruiné deux amants, et j'aurais,
satis doute, eu le même sort si un rival, préféré.
ne m'avait à propos dessillé yeux. En plijih
club, je le souffletai, et, le lendemain, ^e' lui-
plantai'mou épée daufî i*-s cùtsi», lui
compte pour l'été rni té!
Régine un lettre éLoquenle dans la-
quelle «aanortomeat
LA CHAISE-HAMAC
Aucun des visiteurs de l'Expo-
sition universelfe n'a perdu le
souvenir de-dette délicieuse Ha-
mac-chaisè Maertens, ou « chai-
se-hamac américaine si com-
mode au far niente, parce qu'elle
se plie à toutes les attitudes du
repos, si fraîche pendant les cha-
leurs de l'été, puisqu'elle offre
un abri de toile, si recherchée à la campagne et au
bord de la mer.
Le hamac-chaise réunit les avantages d'une tente,
d'une chaise, d'un fauteuil, d'un lit. Elle prend,
par le seul mouvement du buste, toutes les formes
du corps. Elle apporte aux-convalescents, ou seu-
lement aux paresseux, tout le confort désirable.
De grossières contrefaçons, au mécanisme com-
pliqué et dangereux, ont été tentées. C'est une
preuve de la supériorité de la « chaise-hamac
Maertens •
Pour le prix de 30 francs au lieu de 45 francs, prix
du .commerce, nos lecteurs et nos abonnés trouve-
ront dans nos bureaux la « chaise-hamac » complète.
avec coussins et tendelet.
Les frais de transport pour la province seront à
la charge des acheteurs, qui n'auront à payer que
1 franc pour la remise en gare de Paris.
Adresser les commandes, accompagnées d'un
mandat-poste, au Service des Primes du journal
le Malin, 19, rue d'Argenteuil.
o UN MONUMENT NATIONAL
Ewnal, 10 août. D'un correspondant. La
commission du monument national de Jeanne
d'Arc a choisi, à Dorrrrémy, un emplacement pour
le monument dans la propriété du département.
Elle a décidé d'accepter l'offre de l'Etat d'ediiiei
au même endroit un musée historique.
Ces décisions seront ratifiées par le conseil gé-
néral à la prochaine session. o
LA FIEVRE TYPHOÏDE-,
PERPIGNAN, 10 août. D'un correspondant.
L'épidémie de fièvre typhoïde qui a été signalé*
parmi la garnison de Perpig an augmente.
TABLETTES THEATRALES
Mme Sarah Bernhardt reparaitra devant le public
parisien en 1892, dans une pièce d'un poète italien qui
̃a écrit spécialement pour elle, en français, la Dame dé
̃ Chellante. -•
M. Antony de Choudens vient d'offrir au Conserva-
toire un portrait de Martin, le célèbre chanteur qui
fut à deux reprises professeur au Conservatoire.
M. Ambroise Thomas a remercie M. Choudeus de ce
présent.
M. Edmond de Goncourt travaille, en ce moment, i
une pièce très moderne et très gaie,^ trois person.
nages,
Il voudrait la voir interpréter par Mlle Eéjane, MM,
Baron et Dupuis.
M. Bertrand, futur directeur de l'Opéra'; et M. Cam
pocasso, directeur du théâtre de Marseille, viennent
de signer l'engagement d'un baryton, M. Heuri Gt-i
maud, qui a obtenu le premier pnx.d'opéra au dernier
concours du uonservatoire.
M. Massenet vient d'être invité, par la Société impé-
riale de musique de Saint-Pétersbourg, à venir diriger,
au mois de janvier 189v, un orchestre.qui donnera une
série de.concerts symuhoniques.
Ces concerts seront donnés il. la salle de -TAsseaibléo
de la noblesse.
La prochaine saison du Théâtre-Réaliste se compo-
sera de neuf spectacles, qui courrout d'octobre à juin
inclusivement. Ces représentations seront, absolument
privées..
Pour les jeunes gens (hommes et femmes) qui dési-
rent de débu-tei1 sur cette scène, une audition aura
lieu prochainement. On peut, dès présent, adressai
les demandes.
De Dieppe.' '̃̃̃: ̃'
Mme Jane Hading vient de faire, au théâtre du Ca.
sino de Dieppe, sa rentrée dans Je Maître, de Forges.
Lrexcellen1,e artiste a olé très acclaaice.
Mme' Hading continuera, à jouer jusqu'à la flii de la
saison théâtrale, le 15 septc.abre.
M. Coloinbey s'est fait vivement applaudir dans le
JuifpOiOnats.
Dans les Femmes nerveuses, cette spirituelle comé-
die de MM. Bium et Tocué, Mil. Romani, Nunes et
Mme .Grassot ont été particulièrement (étés et rap-
pelés.
Voici le programme do la semaine ;"le Docteur Jojo
le Député Leveau, la Dame aux Camélias:
Les concerts du Casino sont encore plu; suivi2
qu'autrefois Galipaux a été très apprécié, Martapoura
a eu un succès très vif.
Pour son début, on a fait une ovation à Mlle Bertiu
de Montalant.
M. Gibert, le chanteur à la mode,- se fera .en.tendi'4
très prochainement au Casino.
Voici la distribution d'Hélène, 'le drame de M. Pau
Delair, qui passera au Vaudeville vers le 15 sep
témbre
Hélène, Mmes Brandès; Marguerite- Fosse; Sj.mary
Silvie, Eliano; Marc Fosse, MM. Candét Sj.vi,iieh
Fosse, Laroche; le maître d'école, Mayer; le -sorcier
Michel; le garde, Deroy.
Hélène est une véritable tragédie rustique; sauf le
̃ «monsieur», tous les personnoges de la pièce sj it
des paysans, de ces rudes paysans de la Bria dont le
.pinceau de i'au,t3ur de Y Angélus à ifHiuj.LulisJ la
type.. •
Les cinq tableaux nous montrent :suoce-rsive;nent
une place de vrillage, la chambre à coucher d'une
paysanne, un cimetière, la grande salle d'une ferme
où les deux derniers se déroulent.
Un cimetière' au Vaudeville Cela sera aussi nou-
vea-u, n'est-ce pas, que de voir l'élégante Mlle Bran.
dès sous les hardes d'une paysanne.
Il y a dans Hélène une partie musicale assez impor-
tante musique de scène, musique d'eirtr'ac.e, ainsi
qu'un Noël chanté par Mlle Eliane au quatrième tua
bleau. L'exécution en a été coniièe, comme un sait,
à M. André Messager..
Nous recommandons le VIN Qt Vf AL
(quina, suc de viande et phosphate) aux personnes
soucieuses de leur s;inté. Par sa composition spéciale,
fl guérit sûrement Phtisie, Chlorose, Épuisement
nerveux, Perte des forces. C'est le meilleur et le
Bios puissant des toniaue». Toutes Pharmacies.
*\J
Pourtant, il, était facile de lire entre 1 s. lignes que
je me relevais à ses yeux,par cette, act'io.i d'éclat
et qu'il ne tiendrait qu'à moi d reprendre la place
si brillamment reconquise. Sérieusement épou-
vanté, je m'enfuis et tâchai d'oublier le monstre
charmant que j'avais si aveuglement aimé.
Pourtant, mille fils ténus et puissants me liaient
encore; son souvenir, comme un poison subtil,
pénétrait dans mes veines fibre à fibre elle me re-
prenait, et, vaincu, j'allais me rendre
C'était par une froide matinée de février; je m'é-'
tais assis près delà fenêtre, regardant les pierrots
qui, avides, picoraient la neige durcie oÙ rien ne,
vivait plus. Ces petites bêtes tristes oubliées du
ciel, m'attendrirent soudain, et, prenant du pain,
je l'émiettai pour la bande affamée. Aussitôt il en
vint de tous les arbres; comme de lourds flocons
noirs, ils se laissèrent tomber sur le .sol et seje.
tèrent en piaillant sur le régal inespéré. Depuis un
quart d'heure je m'amusais à les regarder, quand,
tout à coup, ils s'envolèrent avec un grand bruit
d'ailes, comme à l'approche d'un danger. Je levai
les yeux, et une exclamation de surprise faillit
m'échapper. Sur le tapis blanc s'avançait, sans
bruit, une femme pauvrement vêtue, mais si admi>
rablement belle que ses vêtements paraissaient
presque élégants. Son teint éclatant ne semliiaiÉ
pas altéré par le froid; ses larges yeux d'un bleu
sombre regardaient devant elle avec une expres-
sion de hautaine indifférence. Ses sourcils épais et
rapprochés, ses cheveux d'un noir roux, ondés et
tordus en lourdes masses, achevaient de lui don-
ner un air lier. Pourtant, la lèvre sinueuse avait
une courbe molle, dojicé et sensuelle. Si le front
large, le nez droit accusaient la.vploiiteVlé mentoa
d'un dessin m^xns ferme et. un peu court, corri-
geait ce qWj-Iq haut du visage avait dé hautain et
d'impériaux.
En 'un instant; je vis tout cela.-Je vis, aussi, ua
DlVrfte jeune et souple que te corset n'avait jamais
comprimé, une démarche, onquleuse, et. sous la
jupe un peu relevée, un pied étroit assez bien
chaussé.
JAiNI- DE LA VAUDÉRE."
FA^IS, il AOUT 1891
JOURNAL ABSOLUMENT INDEPENDANT
PARIS, MARDI il AOUT 1891
PRIX D'ABONNEMENT
PEIX FOUR 1 mois 3 moil mois Un an
Paris. 4 fr. 10 fr. 20 fr. 40fr.
Départements. 4 10 i 20 »
E mon postale. 5 15 28 54 »
Le£ abonnements partent du 1a et dn 16 de chaque mois.
tes annonces sont reçues chez MSI. Lagranfre, Cerf
et Cie, 6 et 8, place de la Bourse, et aux
Bureaux du Journal.
LE monde .nègre refuse décidément la civilisa-
̃ion que nous entendons lui imposer; nous
ivons beau expliqaerauxFaris et aux Pahoùms
juc la viande de bœuf est plus succulente que
;a chair humaine, ils ne veulent point entendre
raison et repoussent à coups de fusil le' pro-
grès qui veut entrer chez eux.
Depuis quelques semaines, nous n'avons plus
ia partie belle, en Afrique; après le jeune et hé-
roïque lieutenant Quiquerez, mort d'épuise-
ment après-des luttes surhumaines, c'est Paul
uiampel qui succombe sur cette terre maudite,
3t voilà les Arabes eux-mêmes, ces conquérants
jusqu'ici respectés et redoutés, qui deviennent à
leur tour victimes d'un étrange mouvement na-
tional.
Leur chef au Congo, le légendaire Tippo-Tib,
gouverneur des Stanley-Fall's pour le compte de
tttat libre, vient d'être détrôné, comme un
simple roi û'Europeè Le nègre a repris posses-
3ion du sol qu'on lui avait ravi, et, désormais, il
appose à nos explorateurs une barrière que l'on
lit infranchissable.
Au fond, ces Arabes ne sont guère intéres-
;ants, et leurs procédés de civilisation n'étaient
pas de ceux qui préparent et assurent la con-
quête pacifique mais TippOrTib, le « grand
sultan », qui était en même temps marchand
j'esclaves et commissionnaire en marchandises,
représentait officiellement le roi Léopold à Stan-
..ey-Falls. Sa dépossession (si la nouvelle en est
ïonfirmée) est un échec pour le prestige belge.
Autrefois, lés Européens étaient à peu près
îupportés dans cette région congolaise. Mais,
iepuis que Stanley apassé par là, on nous traite,
1 l'égal des trafiquants arabes, et ce n'est pas
peu dire.
L'illustre reporter américain s'est ouvert sa
route par le fer et par le feu il a passé, et la
bute s'est refermée derrière lui.
Notre méthode française est plus pacifique et
lonne des résultats peut-être moins éclatants,
mais assurément plus durables.
Tôt ou tard, le nègre apprend que nous n'en
voulons ni à sa vie ni à ses biens il sait qu'à
Nombre du drapeau français, il est libre et peut
araver impunément tous les marchands d'es-
,laves; il prend confiance, il vient à nous; bien-
lôt, peut-être, il nous eût appelés à lui.
La Belgique et Stanley ont tout compromis et
l'œuvre est il. recommencer.
Sans doute, on occupe de vastes territoires et
l'on exploite de nombreuses forêts, mais la con-
ïuête moraleestreculée de cinquante ans nous
sommes condamnés àn'avancer dans le monde
loir que la carabine au poing.
Sir Henry Caleraft, ministre des travaux publics
sn Angleterre, vient d'arriver Paris.
Pardécision ministérielle du 8 août 1891, les élè-
ves de l'école du service de santé dc la marine, à
Bord aux, entreront en vacances le 10 août.
Notre confrère, M. Georges Brégand, vient de
faire paraître un roman psychologique, Heures
tensiceUes, dont la thèse,' osée et originale, est
traitée avec les plus grands ménagements de style.
M. Emygdiu Navarro, ministre plénipotentiaire
le Portugal à Paris, a été reçu, hier matin, par le
ministre des affaires étrangères. M. Ribot vient de
recevoir le grand cordon de l'ordre du Christ de
Portugal.
M. Carnot a reçu, hier matin, MM. le colonel Mi-
chon, le lieutenant-colonel Meert et le comman-
dant Servi ère, membres du jury d'inspection du
cours spécial de l'instruction militaire, qui lui ont
Sté présentés par leur président, le général Bru-
gére, inspecteur général du arrondissement
J'artillerie.
Epilogue du grand concours international de tir
1 Lyon. M. le baron Lazzaroni, président de la
délégation des tireurs italiens, chevalier de la Lé-
d'honneur, est nommé officier; MM. Tisogni,
iecrétairè de la délégation des tireurs italiens, et
àpfel, secrétaire chef de la direction centrale de tir,
sont nommés chevaliers de la Légion d'honneur.
D'après de nouvelles dispositions prises par le
ministre de la guerre, les et 20e bataillons de
chasseurs à pied, qui sont en ce moment au camp
de Châlons et devaient tenir garnison dans l'Est
après les grandes manœuvres auxquelles ils par-
ticiperont en septembre, reviendront dans les der-
)lors jours du mois prochain à Courbevoie et à
Versailles où ils résidaient précédemment.
On annonce de nouveau que M. Poubelle quitte-
rait la prélecture de la Seine à la fin de l'année, et
ïu'une place de président de chambre à la cour de
cassation, qui sera prochainement vacante, lui
serait gardée. Nous croyons savoir que ce bruit
est sans fondement.,Une présidence de chambre à
la cour de cassation doit, en effet, devenir vacante;
mais, selon toute vraisemblance, la vacance sera
pourvue d'après les règles de la hiérarchie, et la
FEUILLETON DU MATIN »
DU Il AOUT 1891
TERKA
A la suite; d'une malheureuse aventure d'amour
ît d'un duel qui avait fait quelque bruit, je venais
le louer un appartement isolé rue du Regard. La
naison que j'habitais se composait de plusieurs
:orps de bâtiments, capricieusement distribués, et
masqués en partie par de superbes massifs d'ar-
:Ires: Au fond du jardin, vaste et bien entretenu,
se trouvaient encore trois pavillons, formant ate-
liers, et iaués à des artistes,Ge coin de Paris m'a-
vait séduit par sa. tranquillité; l'aspect un peu më-
lancolique de ma demeure, enfouie dans la ver-
dure, reposait mes regards fatigués; je me sentais
aitre que je n'avais été jusque-là, et j'espérais me
;réer une existence nouvelle, très calme et très
studieuse. Dans les premiers temps, je sortis peu,
occupant mon esprit et mes mains à de petites
besognes intérieures. Je voulus faire une fas-
tueuse retraite de mon nouveau logis, et j'y em-
1 alovài toutes les ressources de mon imagination.
Sur le jardin s'ouvrait un hall spacieux. Les
murs, tendus de cuir de Cordoue, soutenaient tics
tableaux de prix trois Meissonicr, quelques es-
quisses de Prudhon. et de Robert Fleury de grau.»-'
4es toiles dô-Terburg, de Van'Dyck, lé plus beau
ies paysages jds Bubens deux. Paul Décroche,
Cette coSlêction* m'avait été léguée pac~n»oii .-père,
le marquis d'Arlord, et je l'avais augmenté^o de
quelques oeuvres r
jollectioaneur. Vers 183Q, les malires françaÏ!} de
nomination sera attribuée quelque membre de
la cour de cassation.
M. Gaston Carle, préfet du Cher, a présenté hier,
matin, au ministre des travaux publics, une délé-
gation qui l'a invité à assister à l'inauguration de
la nouvelle ligne de chemin de fer de La Guerche
à Château-Meîlbah. Les députés républicains du
département s'étaient joints à la délégation. M.
Yves Guyot a accepté l'invitation. L'inauguration
aura lieu le 6 septembre. Ce chemin de fer est le
premier chemin de fer d'intérêt général à voie
étroite. La délégation du Cher s'est également ren-
due au ministère de l'instruction publique.
La petite ville de Vigan inaugurera, le 20 de ce
mois, une statue élevée par souscription au ser-
gent.Triaire, du 59e régiment d'infanterie. Ce va-
leureux soldat, plutôt que de tomber entre les
mains des Turcs, lors de l'expédition de Bonaparte
en Egypte, a préféré faire sauter le fortin d'El-
Arish, sur la frontière de Syrie, ensevelissant ainsi
la petite garnison qui le défendait et les assaillants
•qur.yeriaient d'y pénétrer:- Avec là statue du ser-
gent Blandan à Beni-Mered, en Algérie, et celle du
sergent Bobillot; à Paris, c'est le troisième monu-
ment que le gouvernement de la'République ëlève
la mémoire d'un sous-officier.
Voici les; grandes lignes du- voyagé que fera
dans l'Est, au mois de septembre, le président de;
la République. Le 17, il passera la revue qui clôtu-
rera les grandeS manoeuvres.Il s'arrêtera quelques
instants a Vitry, sera à Châlons le 18, et le 19 à,
Reims. Après la réception des autorisées, M. Car-
not assistera au défilé de nombreuses sociétés,-
puis il visitera les hôpitaux. Le soir, grande ré-
ception à l'Hôtel de Ville. La municipalité de
Reims vient de voter 30,000 francs pour la récep-
tion de M. Carnot. Le 20 septembre, visite d'une
exposition des produits de la ville. Dans l'après-
midi, M. Carnot se rendra à Epernay.'
Le ministre des affaires étrangères a de nou-
veau reçu, hier matin, M. Pavie, qui lui a présenté
ceux de ses compagnons rentrés en France avec
lui MM. Lelêvre-Pontalis, attaché d'ambassade
Cupet, capitaine au 3e zouaves; Cogniard, capi-
taine au 23e de ligne; Rivière, capitaine de l'artil-
lerie de terre Friquegnon, capitaine de l'infante-
rie de marine; de Malglaive, capitaine de l'infau-
ferie de marine Dugast, sous-lieutenant de l'in-
fanterie de marine. M. Ribot s'est longuement en-
tretenu avec M. Pavie et ses compagnons, et lés a
vivement félicités des travaux si vaillamment ac-
complis par eux et des résultats obtenus.
Hier matin, a eu lieu, au ministère des affaires
étrangères, le déjeuner offert par M. Ribot au;
prince Taïeb-Bey et aux généraux Valensi et Zâcha-
ria, de la suite du prince, ainsi qu'à M. Massicault,
résident général à Tunis. A ce déjeuner, assis-
taient également MM. Pichon, député, rapporteur
du budget des affaires étrangères; Nisard, direc-
teur des affaires politiques; Hanotaux, chargé du
service des protectorats; le comte d'Ormesson, di-
recteur du protocole, introducteur du corps diplo-
matique Clavery, directeurdes affaires commercia-
les et des consulats; Crozier, chef-adjoint du cabi-
net; Michaut et Roy, chefs des services de la Tunisie.
M. Massicault, résident de France à Tunis'; doit
présenter demain, au président- de. la République,
S. A. le prince Taïeb-Bey. Les voitures ue la pré-
sidence iront à la gare de Fontainebleau pour
chercher le prince. Après la réception, un déjeu-
ner sera offert par M. Carnot à M. Massiccautl, à
Taïeb-Bey, ainsi qu'aux généraux Valensi et Zac-
caro, au colonel de Labonne, attaché militaire de
,la résidence.. Des invitations viennent d'être lan-
cées par le président de la République pour un
grand dîner d'une trentaine de couverts, qui aura
lieu dimanche prochain 16 août. Les principaux
fonctionnaires civils et militaires de Seine-et-
Marne y assisteront.
LA VIE MONDAINE
On annonce le prochain mariage de M. Pierre Le
Gonidec de K-erdanier~avee Aille Hélène -de Catacazy;'
fillé de M. Michel de Catacazy, conseiller d'Etat, séna-
teur à Saint-Pétersbourg, et nièce de. M. de Catacazy,
ancien diplomate russe, et l'un dés principaux rédacr
teurs du journal le ,Nord.
Hier a été célébré, en l'église Saint-Philippe-du-
Roule, au milieu d'une' nombreuse assistance' de pa-
rents et d'amis, le mariage du comte Chartes de Ville-.
lume-Sombreuil avec Mlle Jeanne de Madec,
Les témoins du marié étaient ses amis, MM. Eu-
gène Brunet et Fernand d'Outremont.
Les témoins de la mariée le marquis de Vasselot,
son oncle, et le vicomte Jules de Madec, son frère.
Le duc de Montpensier a quitté, hier soir, Paris, se
rendant à Sainte-Adresse.
Très brillante matinée, hier, chez Mme de Brantes,
avenue Kléber, à l'occasion de la signature du contrat
de mariage de sa fille, Mite Françoise de Brantes, avec
le vicomte Abel Armand, lieutenant au 6« cuirassiers,
fils du comte Armand, ancien ministre plénipoten-
tiaire.
Les invités ont pu admirer à loisir l'exposition de la
corbeille et des nombreux et riches cadeaux offerts à la
fiancée, très belle dans sa robe de crépon,' nuance
ophélia, garnie de dentelles.
Dans la corbeille, rematqué la superbe parure,
comprenant un diadème, une rivière, une broche, un
bracelet et une étoile pour les cheveux, le tout en dia-
mants l'argenterie et le surtout argent massif donnés
par les proches parents du jeune couple enfin, dans
le. lot, de vieilles dentelles, une particulièrement. belle,
qui garnissait le berceau du roi de Rome.
Parmi les cadeaux offerts à Mlle de Brantes, citons
au hasard diadème vieil or et améthyste,comte et
comtesse de Béthune; broche saphir, brillants et rubis,
cômte et comtesse de Reinach; diadème, Diane, sur-
monté de deux croissants brillants, comtesse Odon de
Montesquiou; collier perles fines, terminé par deux su-
perbes émeraudes, duchesse de Doudeauville, etc.
Le mariage sera célébré demain, en l'église Saint-
Pierre-de-Chaillot.
A TRAVERS PpiS
Asphyxie accidentelle.
Deux sexagénaires, les époux Lefébure, concier-
ges, 15, passage Corbeau, int été trouvés as-
phyxiés dans leur lit. hier matin.
Un médecin, appelé aussitôt, n'a pu que consta-
ter le décès de Lefébure. Quant à sa femme, elle a
succombé dix minutes plus tard, malgré les soins
les plus empressés.
l'école du dix-huitième siècle n'étaient point fort à
la mode aussi,le marquis avait-il acheté à des
prix presque dérisoires des Drouais, des Greuze,
des Laucret,.des Boucher et des Watieau de toute
beauté. J'avais donc ma galerie Et ce n'était pas
mon moindre sujet Ûe gloire. '-̃•̃'̃:
Peut-êtremes maîtresses m'avaient-elles aimé en
raison de cette particularité, car ces jolies
mes ne sont indifférentes à rien de ce qui peut re-
hausser le prestige de leurs vainqueurs. L'on s'é-
tonnè parfois de ce que la beauté, la situation et
la fortune ne soient pas toujours les plus puissan-
tes parmi les considérations qui entraînent le choix
d'un amant. Pourtant, elles ne viennent- souvent
qu'en seconde et même en troisième ligne, les
femmes se laissant d'abord séduire par la douceur
etla somptuosité du nid, comme les félins qui ne'se
couchent que sur les meubles les plus moelleux et
circulent à l'aise au milieu des bibelots fragiles et
des étoffes de prix. II leur faut une retraite confor-
table pour étouffer les remords de l'adultère, qui
leur paraîtrait sans excuse dans l'horreur d'un
appartement garni, mal tenu et mal chauffé.
En combinant les couleurs des tentures et des
meubles, je pensais à cette cruelle Régine, qui
m'avait tant fait souffrir. Inconsciemment je cher-
chais ce qui aurait pu lui plaire, flatter son amour
de l'étrange, de l'inconnu, et je repoussais sans
pitié les propositions banales bien que coûteuses
de mon tapissier. Peut-être se glissait-il, dans mon
cœur, un secret espoir de réconciliation, et je sou-
haitais que le premier regard que l'inQdèle jette-
rait sur mon logig. fût agréablement surpris.
Mon hall, sorte de grand atelier éclairé par en
haia, et, beaucoup plus Joug que large, était donc
presque entièrement tapissé de tableaux de prix.
Devant les portes, se dressaient des vasques in-
diennes remplies d'orchidées rares et d'immenses
lataniers, dont les feutrages formaient de vérita-
bles dômes de ver^aro. Des meubles capricieux,
un peu partout, pour la causerie et
quels meilleurs causeurs que ces' chers' tableaux';
artistes avaient ois un peu de leur
-t^ûsulo.iir décoré à l'indienne, ;au
L'accident serait dû à unefuitede gaz. qui se se-
rait produite pendant la nuit, dans la cuisine.
Une grave affaire.
Le parquet de la Seine fait procéder actuelle-
ment à une instruction au sujet d'actes de la plus
haute gravi té, qu'on reprocherait à un fonctionnaire
du ministère du commerce.
Il s'agit, si nous en croyons ce qui nous a été
rapporté, de la dilapidation des fonds alloués, à
titre de bourses de voyages, aux élèves des écoles
supérieures de commerce.
Avant de poursuivre plus avant son enquête, le
magistrat instructeur tient à entendre M.~ Jules
Roche, ministre du commerce, en ce moment en
villégiature.
Suicide émouvant.
Un dramatique incident a profondément. émo-
tionné les promeneurs qui se trouvaient, hier soir,
à cinq heures, sur la place de la Bastille.
Un homme, dont on ne put tout d'abord établir
,:l'identité, venait de se précipiter du haut de la co-
Ionne de Juillet.
Le corps, après avoir rebondi sur la corniche du
piédestal, est venu s'écraser sur les dalles du sou-
Le cadavre horriblement mutilé de ce désespéré
a été transporté à la Morgue, où il a été reeonnu-
dans la soirée pour être celui d'un nommé Mar-
chai, journalier, demeurant rue Sainte-Margue-
rite.
Une foule nombreuse a longuement stationné
sur le théâtre de cet affreux suicide, dont des ba-
layeurs, requis d'office, ont immédiatement effacé
à grande eau les traces sanglantes.
Après boire.
La nuit dernière, vers deux heures du matin, des
agents de police ont conduit à l'hôpital Necker le
nommé Vaissière, charretier, demeurant rue d'Au-
bervilliers, 146, qui, un peu auparavant, avait été
frappé de deux coups de couteau dans le dos, rue.
des Fournaux, par un nommé Dupuis, âgé de dix-
neuf ans, ouvrier cartonnier.
Le blessé, entendu par le commissaire de po-
lice du quartier, a déclaré qu'il n'avait pas eu de
discussion avec Dupuis, contrairement aux décla-
rations de celui-ci, qui a été arrêté aussitôt.
C'est à la sortie d'un débit de vins, tenu par Mme
Fournier, que Dupuis serait tombé, sans provoca-
tion, sur Vaissière.
L'état du blessé est très grave; il a un poumon'
perforé.
Dupuis a été envoyé au Dépôt. Il prétend, main-
tenanv, qu'étant ivre, il ne se souvient pas, du tout
de ce qu'il a fait.
Arrestation d'un employé des postes.
Une lettre chargée à destination du département
de l'Eure, contenant 550 francs en billets de ban-
que, était régulièrement déposée dimanche dernier
au bureau de poste situé,, 1D5, boulevard Saint-Ger-
.main.
Le soir, le receveur du bureau, en rassemblant
les valeurs et les chargements pour le départ en
province, constata la disparition de la lettre char-
gée.
Après de vaines recherches, le receveur se de-
cida à faire prévenir M. Prélat, commissaire de po-
lice du quartier, qui vint interroger les employés.
Ceux-ci déclarèrent que leurs soupçons se por-
taient sur un de leurs camarades qui, aussitôt le
vol découvert, s'était absenté quelques instants
du bureau, sous le prétexte de satisfaire un be-
soin.
Ce qui semblerait confirmer ces soupçons, c'est
que M. Prélat, au cours de son enquête, a décou-
vert dans le sous-sol du bureau conduisant aux
water-closets, des cendres de papier brûlés qu'on
croit être celles de la lettre et de l'enveloppe qui
accompagnaient le pli chargé disparu. Quoi qu'il
en soit, le receveur du bureau de poste a déposé
une plainte contre cet employé, et M. Prélat a pro-
cédé à son arrestation. Interrogé par ce magistrat,
l'accusé a nié énergiquement être coupable du
vol. Malgré ses dénégations, il a été envoyé au
Dépôt.
Dans ce bureau, au mois de janvier dernier, un
vol.de 5,000 francs a été commis, sans qu'on ait pu
.encore en découvrir l'auteur qui doit être l'employé
arrêté hier. ̃'̃:
Entre concierge et locataire.
Un drame assez curieux s'est déroulé, là nuit
,dernière' au n» 34 de la rue du Faubourg-Poisson-
nière. •
,Un locataire de l'immeuble, M. de Salamira, d'a-
rigine brésilienne, vivait, depuis quelque temps. en
très mauvais termes avec son concierge, et avait
même, à plusieurs reprises, proféré des menaces à
son adresse.
il ne cessait, d'ailleurs, de le tracasser à tout
instant et de lui créer des ennuis de toutes
sortes.'
C'est ainsi qu'il rentrait la nuit à toute heure, en
laissant toujours grande ouverte la porte donnant
sur la rue.
Dans la nuit de dimanche à lundi, vers une
une heure et quart, 1\1. de Sàlamira ent^a, en coin,
pagnie de sa maîtresse et, naturellement, eut soin
de ne pas refermer la porte.
Le concierge protesta du fond de sa loge. Pour
toute réponse, M. de Salamîra bi'isa d'un coup de
canne la porte vitrée de la loge, et monta l'escalier
en criant « Va donc la fermer toi-même 1 »
Le concierge, croyant à une agression, saisit
son revolver et fit feu. La balle alla se loger dans
la muraille après avoir traversé la porte et brisé
une nouvelle partie des carreaux.
A ce moment, deux agents, attirés par le bruit,
étaient devant la loge. L'un d'eux, l'agent Vorcat,
reç.utjji la hauteur de l'arcade sourcilière droite,
un éclat de verre.
Gravement blessé, il fut aussitôt transporté à
l'hôpital Lariboisière; puis reconduit à son do-
micile.
Une enquête, a été aussitôt ouverte par M. Co-
chin, commissaire de police du quartier. Ce ma-
gistrat a mis en état d'arrestation le concierge, un
sieur Alizon.
M. de Salamira n'a pas été inquité.
Nous ne pouvons assez recommander l'emploi
de l'Adcool de Menthe de Riçqlès, indispensable
contre les indigestions, les maux d'estomac, de
nerfs, de tête, la diar,rhéet cholérine, etc., se trouve
partout. ̃̃
LES ACADEMIES
Académie des sciences Séance du 10
août 1891.
M. Bertrand, secrétaire perpétuel, annonce
qu'une lettre de M. l'abbé Fortin adressée à l'Aca-
démie le 5 octobre ne parvient à sa destina-
tous sens de fines arabesques incrustées d'ivoire
et de corail. Les murailles disparaissaient sous
d'immenses panneaux de satin, brodés et rebradés
dè sujets bizarres, un peu effrayants. Tout autour,
en guise de cimaise, une suite de bas-reliefs re-
présentant des divinités grotesques ou sinistres,
en bois doré. Des portières de mousseline lamée
d'argent, de vastes divans recouverts des mêmes
étoffes, chatoyantes amplement drapées.
Ma chambre, longue et très élevée, était entiè-
rement tendue de velours de Gênes d'un gris pâle,
bordé d'une guipure d'or à cabochons de jade et
de turquoises. Le Plafond, voûté comme celui
d'une chapelle, disparaissait sous les mosaïques,
et de légères arcades, soutenues par des piliers
d'ébène sculpté, le coupaient de distance en dis-
tance. Cette pièce, qui faisait jadis partie d'un,
couvent, avait été consacrée au culte, et je m'étais
borné à cacher la nudité de ses murailles, sans lui
enlever son caractère primitif. Sur le sol, un
soyeux tapis de velours gris; des vases de por-
phyre, de bronze, de jade soutenus par des mons-
tres dont les yeux d'émeraude brillaient dans l'om-
bre. Deux énormes éléphants de bois noir le-
vaient, dé chaque côté de la porte, leurs défenses
d'ivoire cerclées de pierres précieuses. Tout le
mobilier de cette chambre était en ébène; le lit
élevé de deux marches sur un épais tapis d'ours
bleu.
J'avais cherché longtemps avant de donner à
mon logis le cachet rare et personnel que les ta-
pissiers n'inventent point, et je me flattais d'y
avoir réussi.
Je ne parlerai pas de la salle de bain eR marbre
de Portor, à garnitures d'argent cisela, ni de l'an-
tichambre ornée de mannequins be^-dés de fer sous
des auréole de kriss malais, «i^ sabres, de poi-
gnards, de zagaies et de boucliers toute une flore
tragique audacieusemery,, épanouie.
Pendant un mois, f^tte savante installation m'oc-
cupa sui'fisammerJt. pour empèc her mon cœur de
se retourner vors le passé et de crier à l'infâme ma
rage et mon, mépris. Quand tout fut eu place, qu'il
n'y eut Pis un détail qui ne m'eût coûté de Jongues
TOedî^tJons, jô me croisai les, bras, heureux de
1,'iaêt obtenir. Mon enthousiasme -dùrat^auelques
:jours? pendant lesquels, iinm'obila dans un fau-
teuil; je des regards satisfaits sur toutes lés
tion qu'aujourd'hui 10 août 1891. L'honorable aca-
démicien ne s'explique pas ce retard, ni nous non
plus, par exemple. Heureusement qu'une deuxième
lettre est venue confirmer la première et qu'une
série de bulletins contenant les prévisions du
temps relevées tous les jours, depuis cette époque,
est arrivée à l'heure à son adresse.
L'instrument qui a servi à l'abbé Fortin à relever
les observations météorologiques étant entre les;
mains de M. Mascart, l'Académia attendra, avant
de se prononcer sur sa valeur, que le directeur
du bureau météorologique ait présenté son rap-
port.
.M. de La Caze-Duthiers annonce que les essais
d'ostréiculture entrepris au laboratoire de Roscoff
pour obtenir la reproduction des huîtres, dans un'
espace clos, ont parfaitement réussi. Ce résultat
doit être considéré comme un des plus grands pro-
grès réalisés en ostréiculture. Il développe ensuite
une note de M. Guitel sur les mœurs et les cou-
tumes d'un petit poisson, le gobius mvniitis, qui
ont donné lieu à des observations les plus inté-
ressantes. ̃
M. le docteur Charcot lit une note de M. le doc-
teurDomenigo Freire sur les résultats obtenus
dans le cours des cinq dernières épidémies de
fièvre jaune. Le docteur Domenigo Freire, qui
vient d'être nommé directeur de l'institut qui
porte son nom, au Brésil, s'inspirantde la méthode
pastorienne, aurait obtenu, par des inoculations de
virus atténué, l'abaissement de la mortalité de 30
à 4 pour cent. La fièvre jaune, comme la rage, se-
rait-elle vaincue î
UN MUSÉE NATIONAL
Exposition commerciale permanente Une
intéressante proposition Paris et
la province.
L'idée des musées commerciaux. est absolument
une idée française; c'est,ae plus, et à notre époque
de commerce et d'industrie, une idée particulière-
ment utile et pratique. Eh bien selon notre no-
ble habitude, c'est la France qui l'applique encore
le moins. A peine quelques établissements de ce
genre ont-ils, été installés dans certains de nos
centres commerciaux, tandis qu'en Allemagne, eu
Autriche, en Belgique surtout, l'idée a été sérieu-
sement appliquée, sous des formes différentes,.
mais avec un réel succès.
Depuis longtemps, la chambre de commerce de
Paris avait été frappée de cet état d'infériorité, et!
avait tenté de nombreux efforts, restés jusqu'à ce
jour infructueux, pour remédiera cette situation.,
Dés 1883, elle recherchait les moyens proprets
doter notre capitale d'une institution si nécessaire.
Elle faisait des; démarches pressantes près du gou-
vernément,démàrches qui n'ont pas encore abouti.
Cependant, une%. création pareille, s'imposait de
plus en plus. La chambre de commerce a donc re-
pris, plus activement que jamais, l'étude de la
question que nous voyons exposée avec clarté et
autorité dans un remarquable rapport de son pré-
sident, M. Couste, qui a été envoyé aux membres
du Parlement et aux chambres de commerce.
Voici comment il s'exprime sur le but à poursui-
vre, tant par la fondation du musée national de Pa-
ris que par la, multiplication des musées commer-
ciaux en province.
« Ce but, dit-il, est de rendre service à nos in-
dustriels et à nos négociants, en mettant sous
leurs yeux des marchandises qui sontd'un écoule-
ment facile dans tel ou tel pays de les armer
pour la lutte contre leurs concurrents étrangers en
leur montrant que ceux-ci font ce qu'ils peuvent
faire de leur indiqueroù ils peuvent trouver, dans
les meilleures conuitions, les matières premières
qui sont nécessaires à leur fabrication.
» Renseigner sur les prix de vente des différents
articles exposés, ajoute-t-il indiquer leur pays
d'origine, leurs principaux débouchés, U'impor-
tance de leurs exportations et de leurs importa-
tions signaler les droits de douane aui les frap-
pent à l'entrée des divers pays; préciser leurs for-
mes, leurs dimensions, les conditions spéciales
d'emballage qu'ils exigent; enseigner louvoies d e
transport (fluviales, maritimes ou terrestres) le s
plus directes' et les plus économiques, tels sont le s
avantagés importants que présentent .les musées
commerciaux bien compris, bien organisés et sur--
'tout commercialement administrés, »
M. Couste insiste particulièrement sur cette:con-
dition. D'après iui,. un inusée^ç.o.muiercial.doit, être
administré, comme une maison de commerce, par
les intéressés. Foin d'une tutelle administrative
qu elconque.
Le côté pratique.
Voici maintenant ce qu'il propose à la chambre
de commerce de Paris, qui semble disposée, d'a-
près nos renseignements, à accepter, malgré les
lourdes charges qu'elle s'imposera acheter à Pa-
ris un terrain de 3,000 mètres, dans un quartier
aplnroprié, y élever une construction à trois étages
sur rez-de-chaussée, avec un sous-sol bien éclairé
pour le dépôtd'échantillons lourds et encombrants
et y installer le musée commercial.
On classera les produits exposés dans les trois
catégories suivantes produits d'importation, ma-
tières fabriquées, produits d'exportation et pro-
duits français et coloniaux.
Les échantillons seront disposés par groupes et
par classes et chaque échantillon sera pourvu
d'une étiquette renvoyant à un répertoire expli-
catit
Le musée fournira, en outre,, aux commerçants
et aux industriels, les renseignements commer-
ciaux les plus étendus et les plus Complets sur les
tarifs, les taxes, les départs maritimes, les ventes
à l'intérieur et à l'extérieur, les cours du change,
les avis d'adjudication des gouvernements, villes,
les rapports consulaires, etc., etc.
Enfin, un organe spécial sera créé pour mettre
ces renseignements à la portée de tous les inté-
ressés. Cet organe portera le titre de- Moniteur of-
ficiel du commerce.
La visite du musée sera gratuite. Les renseigne-
ments d'ordre générai seront donnés gratuite-
ment, mais les renseignements spéciaux donnant
lieu à des recherches seront soumis à une taxe.
Enfin, une bibliothèque et un laboratoire seront
attachés au futur musée. Le tout coûtera 2,085,000
francs.
M. Couste espère obtenir cette somme avec le
concours de l'Etat, de la Ville de Paris, des cham-
bres de commerce de France. Le budget annuel
du musée sera, d'après lui, de 400,000 francs, qui
seront couverts grâce aux subventions du gouver-
nement, de la Ville et des chambres de commerce
et grâce aussi au profit que le musée retirera de
la vente de son Bulletin.et des locations d'empla-
cements qu'il fera aux industriels.
choses rares et délicates qui m'entouraient. Puis,
une sensation de gène m'envahit peu à peu, un
bâillement m'échappa et je me demandai s'il ne
serait point temps de chercher autre chose une
occupation assez absorbante pour m'enlever le
sentiment' de ma solitude et de mon misérable
amour. Je ne trouvai pas. Déjà mes yeux se dé-
tournaient des merveilles si laborieusement assem-
blées, et, rêveurs, se posaient sur les grands ar-
bres du jardin. De nombreux bosquets, dépouillés
maintenant, voilaient les pavillons du fond. Cet
ancien promenoir monàcal avait tout le mystère,
toute la poésie des.pieuses méditations, qu'engen-
dre l'union intime de l'âme avec Dieu. Malheureu-
sement, cette paix si enviable des religieux ne
vient pas aux profanes qu'une amère désillusion
éloignés du monde!
L'isolement me pesait maintenant, de sombres
pensées torturaient mes veilles, je me tournais et
me retournais sur mon lit brûlant,' sans pouvoir
trouver le repos. L'image de Règine, si blonde, si
frêle, si jolie et si perverse dans ses ingénieuse
toilettes m'obsédait sans relâche. L'idée d'une ré-
conciliation possible me hantait. Elle m'avait indi-
gnement menti, cette femme Elle m'avait trompé
et bafoué 1 Pourtant, je l'aimais encore Peut-être
même à cause de cette mondaine dépravation que
rien n'excusait. Bien née, riche, convenablement
mariée, elle eût pu, sans beaucoup d'efforts, res-
ter à son rang et vivre heureuse au milieu de l'es-
time générale. Au lieu de cela, elle avait gâché
son existence, ridiculisé son mari et désespéré
ses amants. Pourquoi ?. On ne sait. Certaines
femmes, remarquablement douées, sont ainsi em-
portées dans le fatal tourbillon du vice et irrémé-
diablement perdues. De chastes jeunes lîllesi dou-
ces, timides, irréprochables, se révèlent à leur
heure plus audacieusement dépravées que les
courtisanes du ruisseau
Régine, tout en sauvegardant certaines appa-
rences, avait déjà ruiné deux amants, et j'aurais,
satis doute, eu le même sort si un rival, préféré.
ne m'avait à propos dessillé yeux. En plijih
club, je le souffletai, et, le lendemain, ^e' lui-
plantai'mou épée daufî i*-s cùtsi», lui
compte pour l'été rni té!
Régine un lettre éLoquenle dans la-
quelle «aanortomeat
LA CHAISE-HAMAC
Aucun des visiteurs de l'Expo-
sition universelfe n'a perdu le
souvenir de-dette délicieuse Ha-
mac-chaisè Maertens, ou « chai-
se-hamac américaine si com-
mode au far niente, parce qu'elle
se plie à toutes les attitudes du
repos, si fraîche pendant les cha-
leurs de l'été, puisqu'elle offre
un abri de toile, si recherchée à la campagne et au
bord de la mer.
Le hamac-chaise réunit les avantages d'une tente,
d'une chaise, d'un fauteuil, d'un lit. Elle prend,
par le seul mouvement du buste, toutes les formes
du corps. Elle apporte aux-convalescents, ou seu-
lement aux paresseux, tout le confort désirable.
De grossières contrefaçons, au mécanisme com-
pliqué et dangereux, ont été tentées. C'est une
preuve de la supériorité de la « chaise-hamac
Maertens •
Pour le prix de 30 francs au lieu de 45 francs, prix
du .commerce, nos lecteurs et nos abonnés trouve-
ront dans nos bureaux la « chaise-hamac » complète.
avec coussins et tendelet.
Les frais de transport pour la province seront à
la charge des acheteurs, qui n'auront à payer que
1 franc pour la remise en gare de Paris.
Adresser les commandes, accompagnées d'un
mandat-poste, au Service des Primes du journal
le Malin, 19, rue d'Argenteuil.
o UN MONUMENT NATIONAL
Ewnal, 10 août. D'un correspondant. La
commission du monument national de Jeanne
d'Arc a choisi, à Dorrrrémy, un emplacement pour
le monument dans la propriété du département.
Elle a décidé d'accepter l'offre de l'Etat d'ediiiei
au même endroit un musée historique.
Ces décisions seront ratifiées par le conseil gé-
néral à la prochaine session. o
LA FIEVRE TYPHOÏDE-,
PERPIGNAN, 10 août. D'un correspondant.
L'épidémie de fièvre typhoïde qui a été signalé*
parmi la garnison de Perpig an augmente.
TABLETTES THEATRALES
Mme Sarah Bernhardt reparaitra devant le public
parisien en 1892, dans une pièce d'un poète italien qui
̃a écrit spécialement pour elle, en français, la Dame dé
̃ Chellante. -•
M. Antony de Choudens vient d'offrir au Conserva-
toire un portrait de Martin, le célèbre chanteur qui
fut à deux reprises professeur au Conservatoire.
M. Ambroise Thomas a remercie M. Choudeus de ce
présent.
M. Edmond de Goncourt travaille, en ce moment, i
une pièce très moderne et très gaie,^ trois person.
nages,
Il voudrait la voir interpréter par Mlle Eéjane, MM,
Baron et Dupuis.
M. Bertrand, futur directeur de l'Opéra'; et M. Cam
pocasso, directeur du théâtre de Marseille, viennent
de signer l'engagement d'un baryton, M. Heuri Gt-i
maud, qui a obtenu le premier pnx.d'opéra au dernier
concours du uonservatoire.
M. Massenet vient d'être invité, par la Société impé-
riale de musique de Saint-Pétersbourg, à venir diriger,
au mois de janvier 189v, un orchestre.qui donnera une
série de.concerts symuhoniques.
Ces concerts seront donnés il. la salle de -TAsseaibléo
de la noblesse.
La prochaine saison du Théâtre-Réaliste se compo-
sera de neuf spectacles, qui courrout d'octobre à juin
inclusivement. Ces représentations seront, absolument
privées..
Pour les jeunes gens (hommes et femmes) qui dési-
rent de débu-tei1 sur cette scène, une audition aura
lieu prochainement. On peut, dès présent, adressai
les demandes.
De Dieppe.' '̃̃̃: ̃'
Mme Jane Hading vient de faire, au théâtre du Ca.
sino de Dieppe, sa rentrée dans Je Maître, de Forges.
Lrexcellen1,e artiste a olé très acclaaice.
Mme' Hading continuera, à jouer jusqu'à la flii de la
saison théâtrale, le 15 septc.abre.
M. Coloinbey s'est fait vivement applaudir dans le
JuifpOiOnats.
Dans les Femmes nerveuses, cette spirituelle comé-
die de MM. Bium et Tocué, Mil. Romani, Nunes et
Mme .Grassot ont été particulièrement (étés et rap-
pelés.
Voici le programme do la semaine ;"le Docteur Jojo
le Député Leveau, la Dame aux Camélias:
Les concerts du Casino sont encore plu; suivi2
qu'autrefois Galipaux a été très apprécié, Martapoura
a eu un succès très vif.
Pour son début, on a fait une ovation à Mlle Bertiu
de Montalant.
M. Gibert, le chanteur à la mode,- se fera .en.tendi'4
très prochainement au Casino.
Voici la distribution d'Hélène, 'le drame de M. Pau
Delair, qui passera au Vaudeville vers le 15 sep
témbre
Hélène, Mmes Brandès; Marguerite- Fosse; Sj.mary
Silvie, Eliano; Marc Fosse, MM. Candét Sj.vi,iieh
Fosse, Laroche; le maître d'école, Mayer; le -sorcier
Michel; le garde, Deroy.
Hélène est une véritable tragédie rustique; sauf le
̃
des paysans, de ces rudes paysans de la Bria dont le
.pinceau de i'au,t3ur de Y Angélus à ifHiuj.LulisJ la
type.. •
Les cinq tableaux nous montrent :suoce-rsive;nent
une place de vrillage, la chambre à coucher d'une
paysanne, un cimetière, la grande salle d'une ferme
où les deux derniers se déroulent.
Un cimetière' au Vaudeville Cela sera aussi nou-
vea-u, n'est-ce pas, que de voir l'élégante Mlle Bran.
dès sous les hardes d'une paysanne.
Il y a dans Hélène une partie musicale assez impor-
tante musique de scène, musique d'eirtr'ac.e, ainsi
qu'un Noël chanté par Mlle Eliane au quatrième tua
bleau. L'exécution en a été coniièe, comme un sait,
à M. André Messager..
Nous recommandons le VIN Qt Vf AL
(quina, suc de viande et phosphate) aux personnes
soucieuses de leur s;inté. Par sa composition spéciale,
fl guérit sûrement Phtisie, Chlorose, Épuisement
nerveux, Perte des forces. C'est le meilleur et le
Bios puissant des toniaue». Toutes Pharmacies.
*\J
Pourtant, il, était facile de lire entre 1 s. lignes que
je me relevais à ses yeux,par cette, act'io.i d'éclat
et qu'il ne tiendrait qu'à moi d reprendre la place
si brillamment reconquise. Sérieusement épou-
vanté, je m'enfuis et tâchai d'oublier le monstre
charmant que j'avais si aveuglement aimé.
Pourtant, mille fils ténus et puissants me liaient
encore; son souvenir, comme un poison subtil,
pénétrait dans mes veines fibre à fibre elle me re-
prenait, et, vaincu, j'allais me rendre
C'était par une froide matinée de février; je m'é-'
tais assis près delà fenêtre, regardant les pierrots
qui, avides, picoraient la neige durcie oÙ rien ne,
vivait plus. Ces petites bêtes tristes oubliées du
ciel, m'attendrirent soudain, et, prenant du pain,
je l'émiettai pour la bande affamée. Aussitôt il en
vint de tous les arbres; comme de lourds flocons
noirs, ils se laissèrent tomber sur le .sol et seje.
tèrent en piaillant sur le régal inespéré. Depuis un
quart d'heure je m'amusais à les regarder, quand,
tout à coup, ils s'envolèrent avec un grand bruit
d'ailes, comme à l'approche d'un danger. Je levai
les yeux, et une exclamation de surprise faillit
m'échapper. Sur le tapis blanc s'avançait, sans
bruit, une femme pauvrement vêtue, mais si admi>
rablement belle que ses vêtements paraissaient
presque élégants. Son teint éclatant ne semliiaiÉ
pas altéré par le froid; ses larges yeux d'un bleu
sombre regardaient devant elle avec une expres-
sion de hautaine indifférence. Ses sourcils épais et
rapprochés, ses cheveux d'un noir roux, ondés et
tordus en lourdes masses, achevaient de lui don-
ner un air lier. Pourtant, la lèvre sinueuse avait
une courbe molle, dojicé et sensuelle. Si le front
large, le nez droit accusaient la.vploiiteVlé mentoa
d'un dessin m^xns ferme et. un peu court, corri-
geait ce qWj-Iq haut du visage avait dé hautain et
d'impériaux.
En 'un instant; je vis tout cela.-Je vis, aussi, ua
DlVrfte jeune et souple que te corset n'avait jamais
comprimé, une démarche, onquleuse, et. sous la
jupe un peu relevée, un pied étroit assez bien
chaussé.
JAiNI- DE LA VAUDÉRE."
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