Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, D2-15889
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/12/2010
JOURNAL DE LA JEUNE FILLE I2D
la foi et au dévouement que rien n'ébranle et qui ne marchande pas entre Dieu et le monde.
« Et pourtant, il semble heureux ! Sa vie ne se résume qu'en deux mots : « les autres ». Mais d'où vient qu'il aimât tant ma- man et qu'il u'ait pas l'air plus affecté ; il ne me parle qu'avec un sourire et console alors qu'il a besoin d'être consolé. Pour- quoi ne me gronde-t-il pas lorsque le feu de la salle à manger ebt éteint ou que les boutonnières "de ses chemises sont en mau-- vaiS;état? Et ce soir encore, n'est-il pas sorti sans rien prendre de chaud par ce temps humide pour passer la nuit dans une chaumière infecte. »
Alors, les pensées de Blanche prirent un autre ôours. N'au- rait-elle pas dû prendre soin de lui !
N'était ce pas à elle de le consoler, de lui donner un peu du confortable qui lui manquait. C'était à elle aussi de calmer cette douleur cachée. Avait elle raison de se plaindre de l'insolence de Georges et du peu d'affection de Paul, alors qu'elle n'avait montré ni à l'un ni à l'autre la moindre marque d'attachement? En cet instant elle comprenait pourquoi son père l'embrassait si longuement, pourquoi il s'enfermait si souvent dans son cabi- net en prière ; alors elle pleura, elle cria à Dieu de la pardonner jusqu'à ce que la paix fût rentrée dans son coeur meurtri. Quand elle se releva, elle était calme, son visage était rayonnant d'un sourire paisible. Elle ouvrit sa bible et feuilleta jusqu'à ce qu'elle eût trouvé un verset souligné par sa chère mère la veille de sa mort : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ! Elle lut et relut ces paroles et pleura encore, mais ces larmes étaient bienfaisantes et n'avaient plus rien d'amer; plus elle pleurait, plus elle se sentait heureuse et consolée.
Ce fut le plus doux moment de sa vie que celui où elle entendit distinctement le Sauveur lui dire : « Ne souffre plus, je t'apporte pardon, paix et bénédiction : ma grâce te suffit ».
Tante JANE.
Louise Scxiepler
Personnalité très connue, mais qui ne le sera jamais assez. Simple servante d'Oberlin, pasteur au Ban de la Roche, — sau- vage vallée des Vosges, jadis Française, et maintenant,.. Prus- sienne, hélas !
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